76. 16 avril 2019, 1h
Tobio ne danse pas souvent. Il n'aime pas quand la musique est trop forte, il ne se sent pas d'exposer son corps autrement qu'en faisant du volley-ball. Il n'est pas à l'aise avec ça. Nico est tout l'inverse, mais il peut concevoir le point de vue de son petit-ami et ne l'a jamais forcé à l'accompagner.
Parfois, tout de même, Kageyama veut lui faire plaisir et accepte la danse qu'il lui offre. En général, ce sont des slows. Quelque chose de lent, de doux, de romantique, où c'est plus une étreinte qu'une véritable danse. Ce n'est pas vraiment une démonstration sur du rythme, c'est plutôt de l'ordre de la preuve d'amour.
Le premier qu'ils ont dansé, croit se rappeler Nico, était le jour où il a présenté Tobio à ses coéquipiers. Il s'en souvient plutôt nettement en dépit de l'état dans lequel il était ce jour-là. Il faisait une chaleur d'enfer sur la piste improvisée au milieu du salon, ils avaient mis la musique à fond, Lucas avait sorti un jeu de projecteurs multicolores pour créer l'ambiance. Nico avait un gobelet de bière dans la main et les doigts collants. Il ne voyait autour de lui que des sourires, des cheveux qui volaient, des bras, des épaules, des ventres nus. Il avait abandonné son T-shirt dans un coin, il ne se souvenait plus où, il l'avait jeté. Il voulait juste danser et boire toute la soirée.
Les doigts fins et froids de Tobio s'étaient refermés autour de son poignet, et il avait vu dans les yeux de Kageyama une mer bien plus attrayante où se noyer. Ça l'avait stoppé net dans son élan. Ça avait remplacé l'ivresse par de la tendresse et le besoin de s'amuser en besoin d'affection. Il l'avait pris dans ses bras sans attendre, collant sa joue contre les cheveux de Tobio en lui disant qu'il lui avait manqué, même s'ils n'avaient été séparés que depuis une ou deux heures.
Il ne sait même plus si la musique était appropriée pour un slow, mais il lui semble que oui, que c'était tombé au bon moment. Il se souvient qu'il tenait Tobio par la taille et que les bras de Kageyama étaient passés autour de son cou. Ils ne s'étaient pas quittés des yeux une seconde tandis qu'ils tournaient lentement sur place, leurs visages à quelques centimètres à peine l'un de l'autre, une tentation à la limite du résistible à cette époque où ils ne pouvaient pas s'embrasser.
Ils en ont fait une habitude, et attendent tacitement ce moment dans toutes les soirées auxquelles ils assistent. C'est un geste plus intime, plus ouvertement romantique qu'un simple câlin. Ce sont quelques minutes où ils peuvent se recentrer l'un sur l'autre au milieu de la fête et partager un moment qui leur est propre. Se toucher, se regarder, savourer l'instant à deux.
Le mariage de Hinata ne fait pas exception, même si Nico a le cœur un peu lourd en se demandant si ce sera leur dernier. Il regarde les couples se diriger vers la piste, et prend quelques secondes de réflexion avant de se décider à y aller à son tour, effleurant les doigts de Tobio pour l'y inviter. Ils n'ont plus besoin de mots après tant de temps passé ensemble.
Comme d'habitude, les doigts de Tobio se posent délicatement sur sa nuque, effleurent les petits cheveux que Miwa a raccourcis. Nico pose ses mains sur sa taille en retour, se permettant de les glisser sous le gilet que porte toujours Tobio, fermement, trouvant aisément où les placer à force de parcourir son corps. Ils se mettent à danser, et les reflets des lumières tamisées dansent en même temps dans les yeux grand ouverts de Kageyama, dans leurs orbes attentifs qui ne dévient pas du visage de Nico. Ses lèvres sont entrouvertes, et Romero se dit que c'est la première fois qu'ils dansent ensemble depuis que leur relation a cessé d'être platonique.
Il lui vole un baiser, ils en profitent pour se rapprocher ; tous deux sont impossiblement près pour le reste du slow. Nico peut sentir la chaleur irradier des joues de Tobio et son souffle contre ses lèvres. Il voit chaque détail de son visage, il pourrait compter ses cils, mais il ne s'en lasse pas ; et ils valsent paisiblement sur place, illuminés par les lueurs mouvantes des projecteurs, mais captés l'un par l'autre comme s'ils étaient leurs seules sources de lumière réciproques.
Romero songe que c'est leur moment privilégié. Que c'est à eux et à personne d'autre.
Alors quand il voit Tobio dans les bras d'Oikawa, avec sur le visage l'exacte même expression que celle qu'il a vue dirigée vers lui quelques minutes plus tôt, il sent son cœur se fendre, et ne peut le soutenir –adressant son meilleur faux sourire à sa partenaire avant de se dérober et de quitter la salle.
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