71. 16 mars 2019
Nico a la confirmation que le destin le hait quand Oikawa et ses amis entrent dans le bar où il vient de s'installer avec Tobio.
Kageyama l'a senti, pourtant. Il a supplié Nico de lui faire des suçons pour affirmer son territoire, comme si lui-même avait besoin de montrer qu'il était déjà engagé, comme s'il voulait se revendiquer comme possession de Romero. Ça plaît à Nicolas, et s'il écoutait son côté bestial, il n'y aurait pas songé à deux fois avant de marquer Tobio de larges marques violacées sur le cou et les épaules ; mais non.
Non, parce que Tobio doit faire attention à son image : c'est encore un jeune joueur et il part faire ses essais pour un gros club, y aller avec de tels témoignages charnels ne serait pas bien vu. Et non, parce que Nicolas essaie justement de se convaincre que Kageyama n'est pas à lui, que la nature a choisi de l'associer à quelqu'un d'autre, et qu'il doit d'y plier, commencer à renoncer, et cesser peu à peu de considérer Tobio comme sien.
-Tu es libre, lui a-t-il murmuré tendrement. Pas à moi.
Mais cette résolution de pensée est mise à rude épreuve quand Oikawa s'installe à leur table et entame la discussion. Nico est un peu ennuyé, mais se laisse bientôt prendre au jeu, sans cesser de guetter Oikawa et Tobio du coin de l'œil ; les amis de Tooru, Makki et Mattsun, sont distrayants, et racontent toutes sortes d'anecdotes. Il s'autorise à lâcher un peu de leste et ils rient tous ensemble comme une bande d'amis ; mais Romero voit bien qu'il y a quelque chose de plus entre Tooru et Tobio. Que leurs regards se croisent sans cesse, qu'ils se cherchent des yeux.
Ça fait mal.
Il le cache. Il rit aux éclats quand Mattsun imite Wakatoshi et laisse Oikawa l'affubler d'un surnom –Nico-chan, après tout, pourquoi pas, il n'a rien contre le fait de devenir son ami, il veut juste s'épargner un maximum de douleur. Mais il finit par vouloir partir, invoquant le prétexte de leur réservation au restaurant, en portugais dans l'espoir de recréer un peu d'intimité entre Kageyama et lui, comme si parler dans une langue étrangère était aussi personnel qu'un lien d'âmes sœurs.
Tobio prend tout le même le temps de dire à Tooru qu'il part en Italie, évoquant ouvertement le lien –nouveau coup ; et Nico regarde Oikawa faire une petite crise d'émerveillement en disant que c'est le pays de ses rêves.
Super, ils pourront partir à deux.
C'est sûrement comme ça que ça va se passer, réfléchit-il assez tristement tandis qu'ils marchent vers le restaurant. Il ne se voit pas inventer et dire à Tobio qu'il n'a plus de sentiments, ce serait faux, ce serait du mensonge. Ils partiront plus probablement chacun de leur côté, et mettront sur leur pure raison le choix de se séparer, pas sur leur volonté. Ce sera déchirant, mais ça leur laissera quelque chose à conserver de l'autre, la pensée qu'ils s'aimaient encore en se quittant.
Il n'arrive pas vraiment à retrouver sa bonne humeur en dépit du temps passé avec Tobio, sentant qu'il est en train de lui glisser entre les doigts –et l'avoir constaté de ses yeux achève de lui miner le moral.
Je ne veux pas qu'il parte. Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas.
Il embrasse Tobio en sortant du restaurant. Ils sont en plein milieu de la rue, mais il s'en fiche, il en a besoin –besoin de se rappeler que ces lèvres sont encore un peu à lui, besoin de les savourer comme si c'était la dernière fois, parce que peut-être que c'est la dernière fois, l'avenir est trop incertain. Il plaque ses lèvres contre celles de Kageyama et ferme les yeux. Les doigts de Tobio s'égarent dans ses cheveux. Leurs langues se touchent. Il n'y a rien d'autre qui compte.
Ils s'écartent, et il trouve Tobio est magnifique sous les lueurs de la ville, des néons et des lampions multicolores. Ses yeux sont pleins de reflets irisés, ses cheveux d'un noir d'encre font ressortir l'ovale de son visage pâle dont les joues rougissent. Un léger sourire orne ses lèvres humides, confèrent à ses traits habituellement renfermés une douceur qui lui sied à merveille.
-Pourquoi est-ce que je t'aime autant, Tobio Kageyama ? murmure-t-il.
Pourquoi est-ce que le destin m'a fait tomber amoureux de toi si c'est pour nous séparer ensuite ? Pourquoi est-il possible de s'aimer dans ce monde en sachant que c'est voué à l'échec ? Pourquoi si fort, pourquoi si intensément ?
Il sait qu'il doit être raisonnable. Qu'il doit arrêter de garder Tobio pour lui comme un enfant en plein caprice, qu'il doit accepter de se confronter au monde extérieur, à la réalité de la société dans laquelle ils vivent.
Tooru aime Tobio. Tobio aime Tooru. Il le sait, il le voit. Il sait qu'il n'a pas cette place dans l'équation des âmes sœurs. Alors pourquoi s'accrocher ?
-Je me sens entier avec toi, déclare Tobio dans un portugais soigné en se lovant dans ses bras ce soir-là.
Você me completa. Nico sourit. Kageyama l'a probablement choppé sur un site de traduction –ou bien c'est Ninja qui lui a donné quelques cours particuliers. Il apprécie particulièrement l'attention, mais le plaisir se double de tristesse, encore, toujours.
Le sentiment de plénitude, c'est réservé aux âmes sœurs. Les deux êtres liés représentent chacun la moitié d'un tout. C'est Oikawa qui fera sentir Kageyama complet, entier..., pas Nicolas. Ce n'est pas possible.
-J'ai un autre mot à t'apprendre en brésilien, si tu veux, chuchote Nico en le serrant contre lui. Saudade. C'est ce que je vais ressentir quand tu seras loin de moi.
-Le manque ?
-Pire que ça. C'est de savoir que ce qui me rend heureux est loin de moi.
-Mais je vais revenir, dit Tobio en s'allongeant sur lui pour le fixer de son air boudeur.
Nicolas préfère ne pas répondre, se contente de sourire.
-Et puis, murmure Kageyama, je ne suis pas encore parti.
Il lui lance un regard espiègle, parcourant de ses doigts agiles le torse de Nico avant d'entreprendre d'y poser sa langue.
-Ooh, toi, souffle Romero en inversant leurs positions, laissant son sourire prendre un tour plus affamé.
-Oui ? le provoque Tobio.
Il croise ses jambes autour de sa taille, Nico les passe autour de son cou à la place.
-Tu sais quoi ? Je vais te les faire, ces suçons... Je vais te les faire là où personne ne peut les voir.
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