5. 24 août 2005
Nico inspire. Il est nerveux. Il passe une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière, ou tout du moins les aplatir un peu, sans succès. Dans un quart d'heure, il jouera son premier match sous les couleurs de l'équipe juniore du Brésil.
Il tire légèrement sur son maillot jaune vif, toujours un peu trop large –la masse qu'il a prise depuis qu'il est au centre de formation a été compensée par sa poussée de croissance, et il reste encore un ado plutôt longiligne. Il aimerait bien avoir l'air plus adulte, mais c'est encore à peine s'il a de la barbe, et il se demande à quoi il va ressembler quand il sera sur le terrain et que les caméras seront braquées sur lui. Même si ce n'est pas un timide, songer que le monde entier va le regarder lui fait une drôle d'impression.
-Calme-toi, Niquito, lui souffle Bruno en lui tapant dans le dos. Ça va bien se passer.
Lui est confiant. Il a dix-neuf ans, l'âge maximal, et a déjà eu l'occasion de jouer dans des championnats et des coupes du même genre –l'année suivante, il passera en sélection U21, et même dans l'équipe masculine officielle, s'il est assez bon ; et Nico ne doute pas qu'il le soit. Mais il n'est pas si sûr de son propre cas. Deux ans plus tôt à peine, il jouait sur un terrain à moitié en état à côté d'une favela –et le voilà à Alger, prêt à jouer un championnat du monde.
Il se demande si Joana et ses parents sont devant un écran de télé, s'ils ont trouvé la chaîne sur laquelle il passe. S'ils sont fiers de lui. S'ils peuvent lui envoyer un peu de courage depuis là-bas, depuis la banlieue de Rio, parce qu'il en aurait bien besoin.
Il doit vraiment être tout pâle, parce que Bruno lui passe un bras rassurant autour des épaules :
-C'est l'Argentine. On n'a jamais perdu contre eux. Ce match, on va le gagner.
Il a raison. Ils gagnent le match trois sets à zéro.
Nico marque tous ses points, se laisse prendre au jeu, oublie la pression. Finalement, presque trop tôt, le coup de sifflet final retentit, ses coéquipiers se réunissent pour célébrer, il est pris dans leur cercle, pris au milieu de leurs cris de joie et d'euphorie, et Bruno s'exclame je te l'avais dit en lui ébouriffant les cheveux.
Nico éclate de rire, et quand il aperçoit une caméra, il lui adresse un signe de victoire.
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