41. 4 février 2019, 7h
Oikawa Tooru.
Le nom dit quelque chose à Nico, de loin. Il ne sait plus où il l'a entendu.
Oikawa Tooru.
Les policiers ont immédiatement enchaîné avec leurs propres coups de téléphone, l'un appelant un spécialiste des âmes sœurs, l'autre contactant leur poste pour récupérer l'adresse de cet Oikawa.
Oikawa Tooru. L'âme sœur de Tobio. L'homme à qui il est lié.
Nico en a profité pour aller faire un tour dans la chambre de Tobio et récupérer son téléphone, toujours branché et posé sur le matelas. Le temps qu'il revienne dans le salon, des milliers de théories se sont déjà échafaudées dans sa tête, et l'anxiété ne descend pas.
Oikawa Tooru est toujours lié à Tobio. Je suis presque sûr qu'il est revenu au Japon récemment. Et si c'était lui qui l'avait enlevé ? Si le lien ne s'est jamais coupé de son côté, peut-être qu'il est toujours intéressé par Tobio. Ou l'inverse, peut-être qu'il veut mettre un terme au lien pour toujours. Et s'il était revenu seulement pour ça ?
-Wakatoshi, appelle-t-il d'une voix faible. Tu... tu le connais, cet homme ?
Ushijima fronce légèrement les sourcils :
-Oikawa Tooru. C'est un joueur de volley, un passeur particulièrement doué. Nous sommes de la même année, je l'ai affronté au collège et au lycée... Kageyama est son cadet. Il est parti jouer à San Juan en Argentine après le lycée, mais j'ai entendu dire qu'il était revenu au Japon cet été.
Les infos s'accumulent, et Nico a du mal à faire le tri. Un volleyeur, le passeur de San Juan. Il l'a sûrement croisé, à l'époque où il jouait avec Belo Horizonte, c'est pour ça que son nom lui est familier. Il doit avoir vingt-quatre ans, comme Ushijima... Et il a joué avec Tobio. Au collège ? Au lycée ? Combien de temps se sont-ils fréquentés malgré le lien rejeté ?
Et j'avais raison sur toute la ligne. Il était bien en Amérique du Sud. Et il est revenu.
Si ça se trouve, Tobio est chez lui.
-J'ai son adresse ! s'écrie soudain un des policiers. Hayashi nous y rejoindra. Allons-y tout de suite.
Ushijima et Romero montent sur la banquette arrière de la voiture de police ; le paysage devient vite familier à Nico –et quand la voiture se gare, il n'arrive pas à y croire.
L'âme sœur de mon copain habite à cinq minutes de chez moi.
Un cinquième homme est déjà là, et se présente rapidement comme un spécialiste des âmes sœurs avant d'ouvrir la voie ; Nicolas ne sait pas à quoi s'attendre tandis qu'ils gravissent les escaliers. Ça lui paraissait inconcevable deux heures plus tôt, mais il va rencontrer l'âme sœur de Tobio en chair et en os. Il n'a aucune idée de ce à quoi il ressemble, il ne s'en souvient pas. Des volleyeurs, il en a croisé plein.
La panique est toujours bien présente, à peine assourdie, tapie sous sa peau et distillée dans son cœur, prête à rejaillir à la moindre nouvelle. Mais la méfiance s'éveille de plus en plus alors qu'ils se rapprochent de chez Oikawa Tooru –cet homme qui a rejeté Tobio, mais qui est resté lié à lui, qui semble avoir essayé de revenir dans sa vie... Comment le cerner rapidement ? Comment savoir quel type de personne il est réellement ?
Nico a une idée de ce qui pourrait être révélateur. Quelque chose qui pourrait vite en dire très long.
Faire semblant de ne pas comprendre. Jouer l'idiot, ou du moins l'étranger.
Il a passé plusieurs années au Japon, il comprend à peu près tout ce qui se dit autour de lui –mais ça, Oikawa n'a pas besoin de le savoir. Et il se montrera sûrement d'autant plus sincère en étant convaincu que le copain de son âme sœur ne peut pas saisir ce qu'il raconte.
Ils arrivent devant la porte, et la tension est à son paroxysme. Le policier frappe une première fois ; pas de réponse. Une seconde, et une voix impatiente répond depuis l'autre côté :
-Ouais, je suis là.
La porte s'ouvre, mais Nico ne distingue rien d'abord, laissant les policiers faire première impression. Il ne peut qu'entendre sa voix –un peu ennuyée, rapidement inquiète.
-C'est votre âme sœur ? demande un des policiers en présentant une photo de Kageyama.
Nico a envie qu'il réponde non. Que c'est une erreur. Que Tobio n'a pas d'âme sœur. Que Tobio n'est pas en danger. Que tout ceci n'est qu'un long rêve dont il va sortir.
-Oui.
-Il est porté disparu, et la piste criminelle est privilégiée. Nous avons besoin de vous pour le retrouver avant qu'il ne soit trop tard. Nous vous expliquerons tout à l'intérieur, si vous nous permettez d'entrer –chaque heure compte.
Oikawa s'écarte, probablement, car les policiers entrent, et il est temps de les suivre. Il est temps d'avancer.
Et Nico peut le voir.
C'est un volleyeur professionnel, ça se voit tout de suite ; une haute stature et des épaules larges. Il a un beau visage, les traits anguleux mais fins, de larges yeux d'un brun chocolat, un peu plus foncés que ceux de Nico et particulièrement perçants ; ses cheveux sont châtains, ébouriffés et agencés sur le côté. Il porte un simple T-shirt à longues manches gris, qui met en valeur le bronzage qu'il a dû acquérir en Argentine.
-Bonjour, Oikawa, déclare Ushijima.
-Ushiwaka, répond Oikawa, et à leurs tons respectifs, Romero ne doute pas qu'ils se connaissent depuis des années.
Lui aussi pourrait se présenter. Il sait le faire depuis longtemps. Mais il est décidé à tenter sa stratégie, et incline simplement la tête en guise de salut ; Oikawa lui rend le signe, l'accompagnant d'un drôle de regard, ses yeux sombres emplis d'une curiosité confuse et méfiante.
Ils sont tous les deux attachés à Kageyama, tous les deux de manière différente. Et Nico a l'impression qu'une rivalité naît entre eux dès que leurs yeux se croisent.
Je m'en fiche. On n'est pas là pour faire ami-ami. Je veux juste qu'il retrouve mon copain le plus vite possible... et puis qu'il retourne dans l'oubli d'où il est sorti.
Sauf qu'ils ne se sont jamais oubliés, souffle une petite voix dans sa conscience tandis qu'il s'installe à côté des autres, dans une large cuisine. L'homme que tu as en face de toi, c'est celui qui est destiné à Tobio. Celui qui est fait pour lui.
Celui qui pourrait te le voler.
Oikawa Tooru.
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