29. 27 août 2016
-Quelle surprise. Je suis tellement étonné. Super scoop, Nico.
Nico ne savait pas quoi espérer en annonçant à ses coéquipiers qu'il sort officiellement avec Tobio, mais il aurait pu s'attendre à ce genre de réaction –après tout, il s'est fait griller depuis longtemps.
-Tu me déçois, commente Felipe. Même pas de premier baiser humide à raconter.
-C'est bon, je lui ai fait un câlin, proteste Nico.
-Le retour des collégiennes et de leurs premiers émois, soupire Bruno. C'est pas ton genre, Niquito. Des câlins, t'en fais tout le temps. T'as flippé ou quoi ?
-C'était pas le même genre de câlin. Et je –je le sentais pas, c'est tout.
-Pourtant ça te posait pas de problème, quand t'avais des plans cul.
Romero détourne les yeux. Il se repasse la scène en boucle depuis quelques jours, son visage à quelques centimètres de celui de Tobio et l'attente dans les yeux de celui-ci, mais... Mais ce n'était pas pareil. Ce n'était comparable à rien qu'il avait déjà connu. Avec Jô, ça avait été naturel, logique, ils ne s'étaient même pas posé de questions et avaient brûlé les étapes dans l'enthousiasme de s'être trouvés ; et ses plans cul n'avaient rien eu de sentimental, que dalle, c'était complètement vide, purement charnel.
Mais Tobio... Tobio, c'est autre chose. Il ne sait pas à quoi l'attribuer lui-même, s'il veut ménager leur relation parce qu'elle lui est infiniment précieuse et il ne veut pas la ruiner en allant trop vite ; s'il a l'impression de trahir Joana en développant des sentiments pour Tobio, et qu'un baiser concrétiserait cela ; s'il pense encore à ce que lui a dit sa mère, que peut-être qu'un jour Kageyama trouvera son âme sœur et qu'il ferait mieux de ne pas s'attacher.
Un peu tard, songe-t-il en faisant la moue. Mais prendre leur temps ne leur fera pas de mal, bien au contraire. Ils ont encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre.
Rafael semble aussi tracassé que lui ce soir-là, d'ailleurs. Nico passe la soirée avec lui, ils regardent les dessins animés tous les deux dans le canapé, puis il lui lit son histoire favorite, celle de Curupira, et le borde avec soin ; mais la petite bouille de Rafa reste contrariée, et Nicolas ne le force pas à parler. C'est finalement juste quand il s'apprête à quitter la chambre que son fils le retient :
-Papa.
-Oui ?
Rafa mâchonne ses mots un moment avant de demander, ses grands yeux ambrés bordés d'interrogation :
-Est-ce que Tobio est ma nouvelle maman ?
Nico refoule un sourire amusé, et en même temps, un sentiment d'appréhension le saisit tandis qu'il s'assied au bord du matelas et passe ses doigts dans les cheveux de son fils, aussi rebelles que les siens.
-Non, mon cœur. Tu n'as qu'une seule maman.
-Et elle est au ciel.
-Oui.
-Est-ce que... Est-ce que... maman était ton âme sœur ?
-Oui.
Ça lui fait encore mal au cœur. Vraiment. Poser ses yeux sur le visage de Rafael et se dire que Jô ne peut pas le voir –ou peut-être que si, mais rien ne le prouve-, ça lui fait vraiment mal. De même que se dire que tout ce qu'en a Rafa, ce sont les anecdotes que racontent ses grands-parents et une photo posée sur son bureau.
-Mais Tobio n'est pas ton âme sœur, déduit Rafael.
-Non. Mais ce n'est pas grave.
-Nan, c'est pas grave. Tobio est très gentil, papa. Il a joué au volley avec moi, t'as vu ? Et en plus, il est super fort au volley. J'ai pas compris ce qu'il disait, mais ça se voyait qu'il essayait d'être gentil avec moi. Alors j'ai essayé d'être gentil avec lui aussi...
-Il t'a trouvé très gentil, mon trésor. Je suis fier de toi.
Le petit ne sourit toujours pas, et si Nico le connaît aussi bien que lui-même, c'est que tout n'est pas résolu. C'est lui qui insiste, cette fois :
-Il y a autre chose que tu voulais me demander ?
-Oui. Dis... Est-ce que tu aimes Tobio autant que moi ?
-Je ne vous aime pas de la même façon. Tu es mon fils, et c'est mon petit-ami.
-Mais... Mais est-ce que tu vas m'aimer moins maintenant qu'il y a Tobio ?
Ses yeux deviennent tout humides, et Nico sait qu'il a touché la clef du problème. Rafael ne l'a jamais partagé. Il n'a jamais connu ses parents ensemble, il n'a jamais vu son père dans une relation amoureuse, et il a peur que le peu de temps que Nicolas puisse passer avec lui, il choisisse désormais de le consacrer à Tobio.
-Bien sûr que non, mon cœur. Je t'aimerai toujours autant. Toujours.
Rafa passe ses bras autour de son cou, et Nico le serre contre lui, sentant son petit corps frémir quelques instants avant de se détendre.
Il se sent toujours coupable envers son fils. Coupable d'avoir pensé qu'il est arrivé trop tôt, coupable de ne pas l'élever lui-même, coupable de ne pas lui consacrer assez de temps, sûrement. Mais c'est sa chair. C'est son sang. C'est tout ce qui lui reste de Jô. Et c'est la seule personne sur cette Terre qu'il est certain de ne jamais cesser d'aimer.
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