28. 22 août 2016
Nico se réveille en sursaut à neuf heures avec des cloches dans la tête, et la première chose à laquelle il pense est qu'il doit passer chercher Tobio à son hôtel à dix heures et manger chez ses parents à midi.
Bon. Je n'ai plus qu'à emmener Tobio chez mes parents. Super solution, Nicolas.
Il se rend compte qu'il n'est pas chez lui mais chez Lucas, et qu'ils sont en tas dans un clic-clac qui n'est absolument pas fait pour des joueurs qui avoisinent tous les deux mètres. Il se faufile hors du canapé en essayant de ne réveiller personne, ôtant sa tête du torse de Bruno et se défaisant des bras de Lipe ; et Nicolas compte rejoindre la salle de bains sur la pointe des pieds, mais il tombe sur l'âme sœur de Lucas dans la cuisine :
-Bonjour, Nico, l'accueille-t-elle. Tu t'en vas déjà ?
-Salut, Biela, répond Romero en frottant son crâne endolori. Figure-toi que j'ai un rencard dans une heure.
-Tiens donc, sourit-elle. Avec ton chéri japonais, c'est ça ?
-Je vois que ça a parlé de moi...
Elle lui adresse un clin d'œil :
-Il y a de l'aspirine dans le tiroir du bas de la salle de bains.
Nico la remercie, puis se glisse dans la salle de bains, s'enfilant deux des cachets promis avant de prendre une douche rapide ; il se regarde dans le miroir, constate ses yeux explosés de la veille et opte pour des lunettes de soleil. Biela lui tend un mug isotherme de café et ses clefs quand il sort, et il découvre avec plaisir que quelqu'un –probablement un coéquipier sobre- a ramené et garé sa voiture juste devant chez Lucas.
Il n'aurait jamais cru être à l'hôtel à dix heures, mais il y parvient tout de même, et s'adosse contre les colonnes tout fier d'être dans les temps. Il sort à peine son téléphone pour prévenir Tobio qu'il est arrivé que Kageyama apparaît, tout aussi ponctuel, et ne proteste pas quand Nico déclare qu'il l'emmène voir sa famille.
Tobio ne parle pas beaucoup pendant le trajet, et Nico appréhende un peu : si ça se trouve, Rafael va l'embêter, et puis ses parents parlent à peine anglais, finalement, ce n'est peut-être pas une si bonne idée de les confronter. Trop tard, ils sont arrivés ; il entre, Tobio sur les talons, et Rafa se jette dans ses bras avec bonheur pendant que ses parents les accueillent avec un sourire de curiosité.
-Qui c'est, Nico ? demande sa mère.
-C'est Tobio, c'est-
-Bonjour, déclare tout à coup Tobio. Enchanté de vous rencontrer, je suis le petit-ami de Nicolas.
Tout se fige –son sourire sur ses lèvres, son cerveau qui ne répond plus et le monde autour de lui, Rafael qui blottit son petit visage dans son épaule et ses parents qui ouvrent des yeux démesurés.
Quoi ? quoi quoi quoi ?
La tête de Nico tourne, et il se demande s'il a envoyé des messages de confession cette nuit avec deux grammes dans le sang. Ce n'est pas le moment de demander. Tobio sait parler anglais, il sait ce qu'il dit –et s'il subsistait un doute, celui-ci s'envole quand leurs regards se croisent.
-O-Ouais, c'est ça, confirme-t-il donc en sentant ses joues cuire une fois de plus.
Okay. J'ai dû faire un coma éthylique et là, je suis en train de délirer. Et pourtant il est bien attablé dans la maison de ses parents, sa mère sert à tout le monde une part de galinhada pendant qu'il explique à son père que le garçon assis en face de lui est son petit-ami et qu'il joue dans la sélection japonaise ; le tout pendant que le petit-ami en question écoute poliment Rafael déballer toute sa vie en portugais sans oser dire qu'il ne comprend rien.
-Il ne ressemble pas du tout à Joana, constate son père.
Malgré les années, Nico a toujours l'impression qu'une petite épine se fiche dans son cœur chaque fois qu'on évoque si ouvertement son âme sœur. Mais en même temps, il ne peut pas nier –physiquement ou mentalement, Tobio n'a rien à voir avec Jô. Et finalement, ce n'est pas plus mal.
-Il n'a pas d'âme sœur ? demande sa mère à voix basse. Il est trop jeune, Nico, elle n'est peut-être pas encore apparue... Comment tu feras, quand il l'aura trouvée ?
Romero n'en sait rien. Il a toujours autant d'incertitudes à ce sujet et Kageyama n'en dira pas plus. Alors il se contente de hausser les épaules :
-On avisera à ce moment-là.
-Et là, Paulo a dit que c'était moi que j'avais gagné la course ! s'écria Rafael en agitant les mains. Et comme c'était lui l'arbitre, bah, plus personne a rien dit, et du coup j'ai gagné une barre de chocolat. Mamie veut pas que je mange quand c'est pas l'heure du repas alors je l'ai cachée sous mon oreiller, mais elle a fondu. Sinon, je l'aurais partagée avec toi.
Il adresse un grand sourire à Tobio, qui ne doit toujours pas avoir la moindre idée de ce qu'il raconte, mais dont l'expression s'adoucit un peu.
-C'est fou comme il te ressemble, commente-t-il en anglais.
La journée se passe à merveille, même si Nico n'arrive pas vraiment à concevoir que Tobio et lui sont officiellement ensemble –et il y réfléchit activement tandis qu'il le ramène à son hôtel. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Il y a cette question d'âme sœur, bien sûr ; leur écart d'âge, leur différence de nationalité, de langue et de culture, la réaction de leurs proches, de leur équipe, la médiatisation, tout.
Comme il s'y attend, Tobio s'en fiche éperdument.
Et Nico cède. Il cède, parce qu'il a besoin de Kageyama dans sa vie. Parce qu'il a besoin de ce sentiment de faire de nouveau partie d'une paire ; parce qu'il s'est attaché à Tobio si fort qu'il a presque l'impression d'un second lien. Il cède, parce qu'il est tombé amoureux de ce garçon, parce que c'est avec lui qu'il se sent vivant, qu'il se sent bien, qu'il se sent mieux.
C'est lui qui l'a sauvé.
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