27. 21-22 août 2016
Il n'est pas encore minuit, mais Nico a déjà perdu le compte de ses verres.
En même temps, songe-t-il pendant que le champagne coule à flots, un titre de champion olympique, ça se célèbre dignement.
Ils ont gagné contre l'Italie trois sets à zéro, proprement, sans pression ; écouté l'hymne du Brésil sur le podium, reçu leurs médailles d'or, soulevé le trophée, fait des tas de photos, répondu à quelques interviews, et ont signé des autographes à tout va avant, enfin, de pouvoir fêter ça comme il se doit. Le bar où ils se trouvent est en ébullition, tout le monde veut voir les champions, les auriverdes qui ont gagné à domicile ; les shots et les coupes défilent, Nico ne sait même pas qui paye, il se contente de profiter du moment –de ses coéquipiers qui, dans une brusque réalisation de leur exploit, lui sautent dessus et lui crient dans les oreilles qu'ils sont champions, ils sont champions.
Jô aurait dû voir ça, songe Romero en s'appuyant contre Bruno. Peut-être qu'elle l'a vu, après tout, il n'en sait rien de ce qu'il y a après la mort. Il veut bien croire qu'elle continue à veiller sur lui et sur leur famille. Peut-être même que c'est elle qui a placé Tobio sur sa route.
Tobio, tiens. Nico déverrouille son téléphone pour lui envoyer la photo qu'il a prise plus tôt, dans le bus, en train de mordre sa médaille olympique, espérant susciter une réaction.
Moi : on sort avec l'équipe pour fêter ça
Moi : tu veux venir avec nous ?
Techniquement, ils sont déjà en soirée, mais Tobio peut tout à fait les rejoindre. L'idée est plaisante. Avec l'euphorie et l'alcool, tout devient possible.
Tobio : désolé, il est trop tard
Nico fait la moue. Il a l'impression d'être un gosse privé de sa peluche, et répond impulsivement :
Moi : je veux te voir
Tobio : je suis libre demain
Moi : des projets ?
Tobio : être avec toi
-Lâche un peu ton tel, Nico, proteste Lipe. C'est Tobinho pour t'aies un sourire aussi débile ?
-A ton avis ? répond Lucas avant de balancer : tu sais qu'il a été le voir avant le match ? Qu'il s'est arrêté en plein échauffement pour aller retrouver son amoureux ?
Moi : où est ton hôtel ?
-Whoa, attends, quoi ? Nicolas Romero, donner la priorité à autre chose qu'au volley ?
-Peut-être bien, répond enfin Nico en levant les yeux vers Lipe.
Il a l'impression qu'il peut défier le monde entier, et sourit largement :
-En plus, Tobio m'a embrassé. Sur la joue. Mais quand même.
-Sérieux ? commente Bruno. C'est pour ça que t'étais aussi à fond dans le match ?
-T'imagines s'il t'avait sucé ? On aurait tout gagné 25 – 0.
-Ta gueule, Lipe.
Son téléphone s'allume : Tobio vient de lui envoyer sa localisation. Ce qui n'échappe à personne.
-Tu veux que je t'y conduise ? sourit Bruno. Tu pourras escalader la façade de l'hôtel et te glisser dans sa chambre.
Comme je faisais avec Jô, quand on avait quinze ans. Nico secoue la tête :
-T'as aussi bu que moi. Laisse tomber, j'irai demain.
Moi : demain à dix heures
Romero range son téléphone tandis que Lucas lui fourre un nouveau verre entre les mains, et profite de sa soirée. Il n'a jamais eu un sourire si sincère ; mais en même temps, il est champion olympique, Tobio l'a embrassé et a dit qu'il voulait être avec lui. Son taux d'alcoolémie grimpe au fur et à mesure que les heures passent, et il a la vague impression qu'il ne fait que parler de Kageyama à tout le monde.
-Tobio, déclare-t-il en s'appuyant au comptoir pour rester debout et agitant un doigt pour affirmer sa thèse, c'est un prodige, les gars. Je vous jure. Dans quelques années, ce sera monstrueux. C'est un passeur... un passeur, vous savez...
-Meilleur que Bruno ? le taquine Lucas.
-Nan. Pas meilleur que Bruninho, pas encore, peut-être un jour mais pas encore.
-C'est pour ça que je t'aime, Niquito, larmoie Bruno lui ébouriffant les cheveux d'une main ivre.
-Et c'est qui le plus mignon ? lance Lipe. Vas-y, répond à ça, Nico.
Romero lance un sourire mutin à l'assemblée, et répond sans une once de doute :
-Tobio. C'est le passeur le plus mignon que j'aie jamais rencontré.
Bruno retire sa main d'un air outré et tout le monde éclate de rire.
-Comment t'oses dire ça, Nicolas ? s'indigne-t-il.
-T'as le talent, mais pas les yeux bleus, tente de le consoler Romero.
-Mais va te faire foutre !
-Puis toi, t'as déjà une âme sœur, Bruninho, se justifie Nico en s'agrippant à sa chemise. Toi, t'es pas mon crush –t'es mon frère...
-Oh, Niquito...
Bruno le serre contre lui, et Nico aperçoit Lipe en train de taper à toute vitesse sur son téléphone, mais il est incapable de donner du sens à ce qu'il voit, et c'est à peu près la dernière chose dont il se souvient.
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