24. 5 août 2016
-On en fait quoi, du foulard ?
-Chais pas, essaie de le bouffer pour voir.
-J'ai bien une suggestion de là où tu pourrais te le mettre, mais ça va pas te plaire.
-T'as le temps d'y penser, on passe en dernier, commente distraitement Nico.
Lui se tient debout devant le miroir, se demandant s'il devrait laisser sa veste ouverte ou plutôt la fermer, s'il devrait rentrer sa chemise dans son pantalon, et s'il n'aurait pas dû se raser ou se couper les cheveux en sachant qu'il défilerait devant le monde entier ce soir. Lipe décide finalement de mettre le foulard par-dessus la veste, et pousse Nico d'un air amusé :
-T'as fini de t'admirer ? Je te rassure, t'es charmant –je suis presque prêt à plaquer mon âme sœur pour toi.
-Alors aucun doute que Tobinho va te tomber dans les bras, ajoute Lucas.
Romero lève les yeux au ciel, mais ne relève pas. Il a l'habitude. Et nier qu'il a hâte de revoir Tobio après trois mois d'absence serait du mensonge pur et simple. Il se demande à quoi ressemble l'uniforme national de ses coéquipiers nippons –sûrement un truc rouge et blanc très formel.
-On y va dans deux minutes, annonce le coach une fois qu'ils se sont tous regroupés. Ne vous égarez pas après, d'accord ?
-Compris, répondent les joueurs dans un bel ensemble.
Ils mettent le feu au défilé, en bonne et due forme –le Brésil n'est pas seulement le pays organisateur, c'est aussi une terre de festivités. Nico profite du moment où ses coéquipiers sont trop occupés à bondir devant les caméras pour accélérer le pas et se fondre dans un groupe de basketteurs, de sorte à sortir un peu avant eux et à se glisser dans les coulisses du Maracanã ni vu ni connu.
Trouver Kageyama là-dedans ne sera pas aisé, il s'en doute bien, et il sait aussi qu'il a peu de temps. Mais savoir que Tobio se trouve enfin là, si près et après des mois, le fait frémir comme sous adrénaline ; et soudain quelqu'un hurle son prénom dans le lointain. Nico reconnaît tout de suite à qui appartient cette voix stridente –à son coéquipier, Kourai Hoshiumi, et la meilleure personne sur qui il pouvait tomber.
-Hey, Kourai ! l'accueille-t-il avec un grand sourire, offrant quelques banalités rapides avant d'aller droit au but : tu ne sais pas où est Tobio ?
-Ah, il doit être avec Ushijima, répond Hoshiumi.
Bien sûr. Nico aurait dû s'y attendre.
-Je crois qu'ils sont partis par là, ils cherchaient un distributeur.
Nico le remercie avant de suivre leur trace, guettant du coin de l'œil tout signe que ses coéquipiers le retrouveraient avant que lui ne retrouve Tobio ; et finalement, après quelques minutes à détailler tout le monde en cherchant l'uniforme qu'il a vu sur Kourai, la chance lui sourit. Il reconnaît Kageyama assis sur un banc au milieu d'un hall, penché sur son téléphone avec cette expression boudeuse qui ne peut appartenir qu'à lui ; et Romero décide de faire un crochet pour le surprendre.
Ce n'est pas si différent de quand il faisait la surprise à Jô, à l'époque. Il oublie cette pensée aussitôt formulée, et s'approche à pas de loup, se penchant légèrement par-dessus l'épaule de Tobio pour murmurer :
-Je t'ai trouvé.
Kageyama sursaute violemment, mais il n'y a aucun reproche dans ses yeux, et un moment, Nico a même l'impression qu'il va se jeter à son cou. Il n'est pas contre, mais est trop occupé à le détailler, un sourire joueur sur les lèvres –entre la veste rouge intense soigneusement boutonnée, la chemise blanche et la cravate, Tobio a l'air d'une poupée tout juste sortie de son emballage.
-Regarde-toi ! s'exclame Nico. T'es adorable comme ça !
Tobio nie, bien sûr, mais finit par articuler :
-Je suis tellement heureux de te voir.
Romero ne résiste pas au plaisir de glisser ses doigts entre ses mèches noires et soyeuses. Il se demande ce qui se passerait, s'il exerçait une infime pression derrière la tête de Tobio pour que leurs visages se rapprochent, et préfère se recentrer sur le volley :
-Je regarderai tes matchs. Mais on ne pourra pas passer trop de temps ensemble. Faut qu'on reste avec nos équipes.
Et justement, j'ai pas vraiment envie que tu rencontres la mienne, parce que-
-Eh, Nico ! Tu fais quoi ? s'écrie alors la voix de Lucas, et Romero grince des dents.
Toute son équipe se trouve là, et ses coéquipiers sourient jusqu'aux oreilles, sachant parfaitement qui est le garçon face à lui.
-Il drague, glousse Felipe qui ne détache pas ses yeux de Tobio.
-Laissez-moi deux minutes, les supplie Romero en portugais, espérant que Kageyama n'ait pas compris. J'arrive.
-Faut qu'on y aille, coupe Bruno. Le coach te cherche, tu verras ton chéri plus tard.
Nico soupire. Il s'en doutait un peu, mais espérait tout de même avoir plus de temps ; et il dénoue le foulard toujours autour de son cou pour le poser sur les épaules de Tobio à la place, espérant intérieurement que Kageyama pensera à lui à travers la compétition. Les joues de celui-ci flambent, et Nico entend ses coéquipiers ricaner.
-Bats toutes les autres équipes, et rejoins-moi en finale, d'accord ? susurre-t-il.
-D'a-d'accord, bégaye Tobio, et Nico a l'impression de le revoir à leur première rencontre.
Il s'éloigne, restant sur cet effet et peu désireux de contrarier le coach. Lui aussi aurait bien voulu avoir quelque chose de Tobio pour raviver un peu sa présence tout au long des Jeux, mais trop tard, il fera sans.
-C'est vrai qu'il est mignon ! s'enthousiasme Lucas, insouciant de savoir si Tobio peut le comprendre ou pas.
-Il a l'air si pur ! Tu vas nous le pervertir un peu, non, Nico ? plaisante Lipe en lui assénant des tapes dans le dos.
-Je –c'est trop tôt !
-Et toi, Bruninho ? T'en dis quoi ?
Bruno croise le regard de Nico, et s'il sourit de toutes ses dents d'un air amusé, ses yeux restent sérieux :
-J'en dis qu'il a intérêt à te rendre heureux.
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