— Al, planquez-vous, ils arrivent, avisais-je mon amie et sa fille.

Elles m'avaient rejoint une semaine plus tôt. Il avait été compliqué de garder leur venue secrète, et comme je ne pouvais rien lui cacher, Eunji l'avait compris. Il m'avait promis de ne rien dévoiler aux garçons. Si j'avais invité le groupe au café en ce jour de fermeture, c'était pour leur annoncer une nouvelle importante et finalement, inclure mon amant dans la combine se révélait plus que pratique. Déjà, pour trouver une date où tout le monde se rendrait disponible, ensuite, parce qu'ils les avaient tenus éloignés pendant que nous préparions les festivités et enfin, car qu'il s'était dégagé du temps pour nous aider. Notre duo fonctionnait à merveille. Évidemment, je me sentais encore frustrée parfois de ne pas avoir l'occasion de le voir comme je le voulais, toutefois nous allions beaucoup mieux. Ce n'était pas comparable. Qu'est-ce qui avait changé ? Pour commencer : nous. Notre rapport à nous-mêmes et à l'autre. Nous étions plus soudés que jamais, avions confiance l'un en l'autre et surtout, communiquions au maximum. Je crois que c'était ce qui faisait la plus grande différence : la communication. Même si je l'avais estimé présente dès la première fois, aujourd'hui, nous communiquions vraiment. De façon verbale, physique et silencieuse. Les trois types de langage avaient leur dimension. Nos conversations ne demeuraient plus les mêmes. Nous prenions le temps de discuter des choses importantes, de notre cœur, de nos émotions, de nos ressentis, qu'ils concernent notre couple ou non. Les moments où nous ne pouvions pas nous voir, nous nous appelions plus souvent, même pour cinq minutes. Nous ne laissions jamais notre partenaire dans l'ignorance. Nous ne nous abritions plus derrière une stratégie de défense. Je créais pour m'exprimer, sentir, j'osais partager mon travail avec lui, lui demander son avis. Je ne le lui cachais pas quand je refaisais des crises, le tranquillisais si j'avais réussi à les gérer. Je l'écoutais lorsqu'il me rassurait les fois où c'était plus compliqué. Lui, de son côté, ne se réfugiait plus dans le boulot. Il s'imposait des limites, rentrait le soir pour dormir ensemble, chez moi ou chez lui. Il ne me tenait plus à l'écart de ses problèmes et me demandait même conseil parfois. Nous avions trouvé notre rythme. Le second grand changement, c'était l'annonce de notre couple à toute l'agence et pas seulement au groupe. Ceux-ci avaient été enchantés, et même si Daeyeon n'en avait pas parlé, je savais qu'il avait œuvré pour que ce point se réalise. J'avais conscience que ce carnet à dessin, acheté avec lui un jour en France, n'y était pas pour rien. Le fait de l'officialiser à tout le staff nous permettait de ne plus nous cacher. Bien sûr, le public l'ignorait, mais au moins, à l'agence ou au dortoir, nous n'avions plus besoin de faire semblant. Nous nous retrouvions dans la même situation que Dae et Sookie, ce qui lui évitait d'avoir à chercher des excuses pour que l'on se voie. Le PDG était venu me rendre visite au café. Pour me saluer, me féliciter, et me proposer de travailler ponctuellement pour eux, en tant que consultante artistique, ou pour organiser des événements en partenariat officiel avec le café. Cette offre me permettait de faire de la pub pour mon établissement et de promouvoir ses nouveaux interprètes. Nous y gagnions tous et tant que l'art prévalait, moi, ça me convenait. Je continuais de fréquenter les garçons régulièrement. J'avais créé des liens solides avec Shin, qui avait appris à se reposer un peu plus sur ses camarades et j'étais heureuse de les compter parmi mes amis. Je ne les voyais plus comme des stars, pareillement au premier jour. Plutôt des amis. Des humains. Avec leurs défauts et leurs qualités et non tel des objets que l'on idéalise, parfaits, lisses et appréciés de tous. Je leur souhaitais sincèrement de s'épanouir dans leur travail, de continuer de faire la musique qu'ils aimaient et non pas une œuvre commerciale imposée pour réaliser des ventes et du profit.

— Noona ! On est là !

Au timbre de Daeyeon, je sortis de la cuisine, l'air de rien, le regard d'Eunji croisé en chemin. Je pouvais voir dans ses yeux la fierté qu'il me portait, de l'amusement et bien sûr de l'amour.

— Parfait ! Vous êtes ponctuels, les accueillis-je.

— Ouais. C'était pas gagné ! Sookie a... Aïe !

Daeyeon ne put finir sa phrase que le plus jeune le fit taire d'un coup sur la tête. Quand je repensais à la timidité de ce dernier et à son manque de confiance en lui. Il en avait parcouru du chemin le lapinou.

— Noona, je suis un homme battu, pleura mon ami, dans mes bras, des sanglots simulés, sous les rires de ses compères.

— Bah oui, au moins. Mon pauvre, incarnais-je mon rôle d'une caresse dans le dos.

— File de là ! Tu l'as voulu, tu l'as eu, ronchonna faussement Eunji.

Il repoussa Daeyeon pour prendre sa place et m'embrasser. Insook accorda un câlin à Daeyeon pour le consoler et tout le monde s'implanta autour de la table que nous avions préparée.

— Mark, pourquoi des couverts sont dressés en plus ? On attend quelqu'un ? demanda Minjae, toujours aussi perspicace.

— Ouais, je vais vous expliquer.

Je m'installais à mon tour à côté d'Eunji, leur fit passer de quoi se servir un verre, et me raclais la gorge.

— Bien, comme vous le savez tous, le café marche bien. Très bien même. Entre les habitués, mon partenariat avec votre compagnie et les artistes qui ont eu vent du projet, j'ai dû engager une nouvelle personne en plus des deux baristas déjà.

— Oh, mais c'est génial, s'exclama Shin. Mais pourquoi deux couverts ?

— J'y viens.

Je marquais une pause, histoire de faire durer le suspens.

— L'individu que j'embauche va surtout s'occuper de la paperasse, des contrats et des relations avec les stars et l'agence. Cela me donnera plus de temps pour créer. Aussi bien pour de nouveaux desserts, que pour la photo et les dessins pour le café ou votre entreprise. Cette personne, vous la connaissez, c'est pourquoi vous êtes les premiers à qui je le dévoile.

Je pus voir de la surprise sur leur visage, certains essayaient déjà de deviner leur identité, d'autres ne comprenaient toujours pas pourquoi deux couverts.

— Cette employée proposera également aux artistes de les éditer, leur créera un photobook ou un artbook, regroupant leurs œuvres. J'en profite d'ailleurs pour vous annoncer que mon premier livre photo se trouve en cours d'impression et sera publié d'ici le mois prochain.

Tout le monde me félicita réellement content pour moi et je sentis la main d'Eunji se poser sur ma cuisse, ce qui recentra mon attention sur lui. J'avais réussi à lui garder la surprise.

— Je suis tellement fier de toi, mon ange, me murmura-t-il à l'oreille, avant de m'embrasser ce qui, comme chaque fois, provoqua des frissons tout le long de mon dos.

— Cette personne est accompagnée, continuais-je. Je sais que certains vont se battre pour être assis à table à côté d'elles.

J'entendis Eunji rire à ma dernière phrase et je vis que Shin avait compris, et n'osait y croire.

— Les filles, vous pouvez venir ! criais-je en direction de la cuisine, où mes deux comparses s'étaient planquées.

— Shiiiinnn ! hurla Zoé en courant dans les bras du danseur qui s'était déjà levé.

— Ma puce ! Il l'attrapa au vol et la serra fort contre lui.

Je les regardais attendrie, tandis qu'Al se posta à côté de moi, les yeux pleins d'amour.

— Ça veut dire que vous restez là définitivement ? demanda-t-il incrédule, la petite sur les épaules.

— Oui, tant que notre visa nous le permet, confirma ma meilleure amie.

— On fera en sorte que ça soit le cas, ajouta Eunji.

J'étais heureuse de voir que tout le monde était plus que ravi de cette nouvelle. Les garçons félicitaient Alice un par un, Daeyeon essayait de câliner la fillette qui n'avait d'yeux que pour Shin. Lui n'avait d'yeux que pour Alice.

— Shinny ! lâcha Zoé, soudainement toute timide, les doigts triturés.

— Oui ma puce ?

Il la redescendit à terre et s'accroupit à sa hauteur.

— Tu veux bien être mon papa ?

À cette demande, tout le monde se figea. Un silence religieux attendait une réponse.

— Bien sûr ! J'adorerais, avoua le danseur.

Une larme s'échappa au coin de ses yeux.

— Uniquement si ta maman est d'accord, hasarda-t-il

Il regardait ma meilleure amie qui pleurait elle aussi. Sous le coup de l'émotion, elle ne réussit pas à articuler quoi que ce soit alors, se contenta d'acquiescer de la tête. Il ne lui en fallut pas plus pour se lever avec la petite dans les bras et avancer vers elle, toujours à côté de moi. Il l'attrapa par la taille de sa main libre et l'embrassa avec toute la tendresse possible, sous les acclamations du reste du groupe. Eunji, lui, m'avait lové contre lui et je pus lire dans ses yeux la joie qu'il éprouvait au bonheur de son cadet. Il m'avait plusieurs fois confié être persuadé que le danseur n'avait jamais réussi à oublier mon amie et qu'il n'arrivait pas à construire une relation avec quelqu'un d'autre. Quand la sonnette du café retenti et mis fin à cette euphorie, je fronçais les sourcils. Tout le monde se tourna vers moi, dans l'attente d'explications.

— Tu attends encore des gens ? questionna Daeyeon.

— Non, assurais-je.

Je me levais pour vérifier, mais Eunji prit les devants et me coupa dans mon élan.

— En fait, moi aussi j'ai une surprise pour toi.

Lorsqu'il ouvrit la porte, je ne pus m'empêcher de sourire, consciente d'à quel point il m'avait manqué. Avant même que je ne l'assimile pleinement, la copie miniature de mon amant s'était jetée dans mes bras.

— Noona !

— Yoonho ! m'exclamais-je.

— Il me tanne pour venir te voir depuis des semaines, m'avoua son grand frère.

— Tu m'as trop manqué !

— Toi aussi tu m'as manqué bonhomme.

— C'est qui ? demanda Zoé qui ne le connaissait pas.

Quand le mini producteur se retira et qu'il posa les yeux sur la progéniture d'Al, il se figea et me lança un regard incrédule.

— Zoé, je te présente le petit frère d'Eunji, lui expliquais-je. Yoonho, je te présente la fille de ma meilleure amie.

— Et de Shin ! Ajouta-t-elle, toute fière, ce qui décrocha le rire de tous.

— Wow, elle est belle, admis le plus jeune.

Il ne leur en fallut pas plus pour aller jouer tous les deux, nous ignorant complètement.

— Hyung ! Je te jure que si ton frangin la fait souffrir, je l'étripe, râla le danseur d'un ton protecteur, ce qui déclencha encore une fois, l'hilarité générale.

— Et dire qu'il y a quelques mois, il voulait demander en mariage, soupirais-je.

— Tu regrettes ? s'enquit la version adulte.

— Bah... simulais-je, ce qui me valut un pincement dans les côtes et une explosion de rires du groupe.

Notre soirée se termina ainsi, en famille, parmi les gens que j'aimais le plus au monde, l'avenir plein de projets, sereins et surtout loin de ses réflexions.

FIN

----------------------------------------------------------------------------------------

Tada !

Bonjour, bonsoir,

On se retrouve donc avec la fin de Réflexions. Snif, ça fait trop bizarre... 
1 an pour l'écrire lors de mon voyage, encore un peu plus d'1 an pour me décider à la publier...

J'espère que cette histoire vous aura plus, vous aura procuré des émotions, vous aura occupé ou tout simplement fait du bien. Peut-être que vous aurez ri auprès de Mark, ou pleuré avec elle, râler aussi parfois, détesté certains personnages, adorés d'autres...
Ça a été mon cas. Elle m'a permis d'extérioriser beaucoup de choses, de créer, de rêver, et de mettre en mots mes ressentis, mes réflexions...

Une page se tourne, mais ça ne veut pas forcément dire que c'est une fin. Je préfère dire que c'est le début d'autre chose ^^.

Je ne m'attarde pas plus, je vous remercie de m'avoir lu. On se retrouve pour les remerciements et pour la liste de musiques qui m'ont inspirée.

Prenez soin de vous ^^