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Chapitre 20


Mon sang ne fit qu'un tour ! Je sentis mes joues s'empourprer quand la silhouette d'Eunji apparut derrière le Maknae. Je venais clairement de subir l'humiliation la plus monumentale de ma vie. J'imagine qu'il était inutile de demander où se trouvait le trou le plus proche, hein ? De toute façon, vous ne me répondez jamais. Bref, vous pensiez que j'avais honte d'être tombée sur les fesses, d'avoir foutu de la peinture partout, notamment dans mes cheveux et d'avoir hurlé comme un chat à qui on marchait sur la queue ? Vous étiez loin du compte. Bon, si, aussi. Pas que. Les deux artistes eurent un aperçu de mes talents de chanteuses puisque je reprenais, à tue-tête, mesdames et messieurs, la musique dans mes oreilles. À savoir, la composition du producteur ici présent et qui avait tout entendu. Quand je m'imprégnais d'un album, je le réalisais entièrement. Et comme si cet étalage de mes capacités ne suffisait pas, ils purent admirer une vue panoramique sur mon postérieur. À quatre pattes au sol, dos à eux, je peignais sur un panneau de deux fois ma taille. Estime de soi sur l'échelle de la crédibilité ? Zéro. Eunji était maintenant mort de rire. OK, finalement, moins cinq. Je pourrais difficilement faire pire. Quoique, avec moi, rien n'était sûr.

— Noona, pourquoi tu écoutes de la musique si fort une ouïe aussi excellente ? C'est super bizarre ! me questionna Insook.

— Ah ?! Euh, c'est pour ne pas m'entendre penser, répondis-je comme si je parlais d'un truc évident.

— Hein ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Il se tourna vers son aîné qui haussait les épaules. Apparemment, ce n'était pas naturel pour tout le monde.

— Parfois, j'ai du mal à me concentrer et à empêcher mon cerveau de partir dans tous les sens. Du coup, je mets la musique tellement fort que je ne m'entends pas penser. Ni quelqu'un qui arrive dans mon dos visiblement, expliquais-je, levée pour admirer l'étendue des dégâts.

Cela avait eu le mérite de les faire rire à nouveau. Voir le rappeur ainsi était inhabituel. À tel point que lorsqu'il prit la parole, je me rendis compte que je le dévisageais depuis plusieurs minutes.

— Je sais que tu me trouves à tomber, mais si tu pouvais arrêter de me mater, c'est gênant, balança-t-il, un rictus en coin.

— Que veux-tu Hyung, tu lui fais de l'effet !

OK, je pouvais faire pire ! Échelle de crédibilité à moins mille.

Je cachais comme je le pouvais mon embarras et commençais à nettoyer mes dégâts. Ne vous méprenez pas, je ne matais absolument pas ! Son expression — que je découvrais pour la première fois sur son visage et qui, je devais l'avouer, refusait de sortir de mon esprit — m'avait surprise. D'ailleurs, à y repenser, sa punchline également, sonnait inhabituelle chez lui. Ça promettait pour la suite.

— Hum, et sinon, vous me voulez quoi ? essayais-je de retrouver un semblant de contenance tout en rangeant mes pinceaux.

— Te proposer de venir avec nous. On va manger avec Alice. Elle attend dans le hall.

Le Maknae paraissait excité. Comme chaque fois qu'il s'agissait de se nourrir, en réalité.

— Alice ? Mais elle n'était pas avec Daeyeon ?

— Si ! Mais je les ai rejoints dans l'après-midi et on a décidé d'aller au resto tous ensemble. Même Eunji Hyung a accepté !

Je n'osais plus regarder le susmentionné après sa remarque. Daeyeon apparaîtrait présent, la réponse était toute trouvée.

— Impossible, désolée.

— Quoi ?! Mais pourquoi ? s'enflamma le plus jeune.

— Déjà, parce que j'ai de la peinture partout, et puis j'ai du boulot.

Surtout parce qu'il y aura Daeyeon.

— Du boulot ? Si tu parles d'un karaoké avec la mixtape de Hyung, ça peut s'arranger ! On verra, après le repas. Et puis c'est pas bizarre qu'on aille avec ton amie sans toi ?

Le sale petit léporidé ! J'allais lui refaire le portrait !

— Al peut très bien sortir manger entre amis, sans moi. Elle n'a pas besoin d'une baby-sitter.

Je choisissais d'ignorer la première partie de sa phrase, il valait mieux.

— Mais Noo...

— C'est à cause de Daeyeon ? coupa Eunji.

Il m'énervait celui-là à être aussi perspicace.

— Daeyeon ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Bon, le lapin n'était pas au courant et contrairement au sournois petit personnage à côté de lui, il n'avait pas deviné.

— Rien, laisse tomber. Si vous voulez bien m'excuser, je vais continuer mon karaoké sous ma douche, au moins là-bas, personne ne m'accusera de fangirlisme. Bonne soirée,

Sans même jeter un œil à leur réaction, je fuis en direction des vestiaires.

***

Cette douche m'avait fait du bien, mais ne suffit pas à arrêter le flux de pensées dans ma tête. Depuis deux heures, je passais la mixtape du producteur en boucle à mon bureau et réfléchissais aux idées que je lui soumettrais. Je prenais des notes au fil des différentes écoutes, quand mon téléphone sonna. Alice. Elle n'avait pas mis longtemps à m'appeler après leur repas. J'imaginais déjà le sujet de la conversation. Persuadée que ça ne servirait à rien de faire trainer la confrontation, à par empirer la situation, je décrochais sans un mot.

— Tu m'expliques ?

Sa voix n'avait rien d'amical.

— T'expliquer quoi ? soupirais-je, pertinemment consciente du problème.

Je pariais sur Insook pour avoir vendu la mèche. Eunji ne s'en serait sûrement pas mêlé.

— Ce qu'il s'est passé avec Daeyeon !

Tiens, elle arrivait à le prononcer correctement maintenant ?

— Et surtout, pourquoi tu n'en as pas parlé ce midi ? Et lui non plus d'ailleurs ?

— Peut-être parce qu'il n'y a rien à en dire.

— Tu plaisantes, j'espère ? La personne la plus proche de toi dans ce pays s'est disputée avec toi et tu trouves qu'il n'y a rien à en dire ?

— On ne devait pas être si proche, visiblement.

— Explique !

— Écoute Alice, on s'est pris la tête, on s'est balancé des choses qu'on n'aurait probablement pas dû, mais ce qui est fait est fait.

— Mais pourquoi ? Vous étiez tellement complices ! Tu progressais socialement. Il arrivait même à être tactile avec toi, alors que moi, je ne peux toujours pas, ce que j'ai du mal à encaisser si tu veux mon avis.

Mon cœur se serra. Il était vrai qu'il me sortait de ma zone de confort, que je m'étais énormément ouverte. Je n'avais jamais laissé cette place à ma meilleure pote, et je culpabilisais de la faire souffrir.

— Oui bah, en attendant, toi, tu es encore mon amie et pas lui.

— Tu ne peux pas dire ça ! C'est toujours ton ami !

— Il ne veut plus me parler. Lâche l'affaire.

— Tu aurais vu sa tête quand Sook est revenu en trombe du studio pour dire que tu ne venais pas et que c'était sûrement sa faute !

Alice appelait le plus jeune Sook, à la demande de ce dernier, elle éprouvait énormément de difficultés à prononcer leurs prénoms.

— J'ai cru qu'il allait se mettre à pleurer. Il a été mal toute la soirée et il a refusé d'aller au karaoké après le resto. Il a prétendu être fatigué, mais j'ai compris qu'il déprimait.

Wow, Daeyeon qui recale un karaoké.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

— Vous vous êtes disputé au sujet de quoi ?

— De mes parents.

— Ah.

— Ouais.

Silence au bout du fil. Ça avait eu le mérite de lui couper la chique. Elle savait que c'était un sujet tendu. Elle ignorait juste à quel point, inconsciente de tout mon passé. Elle hésitait à ajouter quelque chose et sembla peser ses mots.

— Écoute, je suis sûre qu'il a réagi ainsi parce qu'il ne connaît pas ton histoire.

— Oui, c'est le cas. Justement, parce qu'il ne connaît pas mon histoire, il ne devrait pas me juger, mais au contraire, me soutenir.

— Mark. Il ne te juge pas. Il est maladroit et ne s'exprime pas comme il le devrait, tu es bien placée pour le comprendre. Et quand bien même, c'est ton ami, ça ne veut pas dire qu'il doit être d'accord avec toi. Il a le droit de te donner son opinion.

— Me donner son opinion, oui. M'imposer sa vision des choses, non.

— Je n'étais pas là et aucun de vous deux ne me confie ce que vous vous êtes dit. Je peux le comprendre, ça vous regarde. Mais sache qu'il est malheureux.

Alors elle l'avait cuisiné avant moi et il n'avait rien lâché ? Le lapin aussi avait dû lui tirer les verres du nez.

— Il s'en remettra.

— Sûrement, mais je me préoccupe de toi. Je vois bien que tu commences déjà à te renfermer. Je repars bientôt et je ne veux pas t'abandonner dans cet état.

— Ne t'inquiète pas pour moi. Je le vis bien, mentis-je.

— J'ai beaucoup de boulot. Je n'aurais pas le temps d'y penser de toute façon.

— Ah oui ! Le fameux Eunji ! J'ai pu le découvrir un peu plus pendant le repas. Vous vous ressemblez beaucoup.

Elle détournait la conversation pour me changer les idées, mais je ne pouvais pas laisser passer. Surtout après l'épisode de ce soir, au studio.

— Quoi ?! Mais pas du tout !

— Mais bien sûr que si. Il observe tout dans son coin et quand il prend la parole, c'est pour lâcher une bombe.

— Ouais, bon.

— Et le reste du temps, on dirait un ours. Il a l'air hermétique à tout, mais, en vrai, ça l'affecte.

— Haha, tu l'as carrément cerné.

— Évidemment, puisqu'il est comme toi.

— Arrête avec ça !

— Comment tu le trouves ?

— C'est-à-dire ?

— Bah, qu'est-ce que tu penses de lui ?

Je réfléchis un instant, installée confortablement dans mon fauteuil de bureau.

— Mmmm, c'est un excellent producteur, un super pianiste, rappeur, musicien.

— Oui, mais en dehors du travail ?

— Bah, je ne le connais que dans le cadre du boulot.

Qu'est-ce qu'elle avait ce soir à chercher la petite bête pour tout ?

— Meuf ! Tu as réalisé toute une exposition sur leurs personnalités à chacun et tu les as pris en photo en long large et en travers, tu vas pas me faire croire que t'as pas un autre avis !

Elle marquait un point. Elle était chiante quand elle avait raison.

— Physiquement, tu en penses quoi ? précisa-t-elle.

— Je mentirais si j'affirmais qu'il est moche. Mais en même temps, regarde-les, ils sont tous très beaux. Après, l'aspect physique ne résume pas une personne.

— C'est vrai. Mais si tu devais le comparer aux autres ?

— Mais c'est quoi ces questions ? Tu cherches à me faire dire quoi à la fin ? Oui, il est canon. Et alors ? ronchonnais-je tandis qu'elle se bidonnait. Pourquoi tu te marres ?

— Pardon. Haha, mais c'est la première fois que tu avoues trouver un mec, ou une fille d'ailleurs, à ton gout.

— Et ? soupirais-je.

— Bah rien, je me demandais juste si tu ressentais des émotions à ce sujet.

— T'abuses !

— Vous iriez bien ensemble.

— Mais t'es pas bien toi ! Si c'est pour entendre des conneries, je raccroche.

— Haha pardon. Bref, t'es dispos demain soir ?

— Seulement si tu me promets de ne pas remettre le sujet sur le tapis, la menaçais-je.

— Haha. OK. Tu passes me prendre à dix-huit heures trente ?

— Ça marche, à demain.

— À demain, et ne travaille pas trop tard ! Bisous.

— Ouais, bonne nuit.

Je raccrochais rapidement avant qu'elle ne me demande de lui dire que je l'aimais. Mes yeux se posèrent sur l'écran où une photo d'Eunji s'affichait, alors que je repensais aux paroles de mon amie. L'expression qu'avait eue le rappeur dans la soirée me revint en mémoire, comme un flash. Pourquoi n'arrivais-je pas à me l'enlever de la tête ?

***

Bientôt deux semaines que Daeyeon et moi étions fâchés. Nous n'avions pas eu l'occasion de nous rencontrer et encore moins de discuter. Je l'avais croisé lors de l'anniversaire de Minjae. Nous n'avions pas échangé un seul mot. Il avait été de toute façon occupé avec la promotion de leur nouvel album qui cartonnait. Celui-ci avait reçu d'excellentes critiques, le visuel avait plu, j'étais ravie. De mon côté, je ne m'étais pas ennuyée. J'avais bossé sur la mixtape d'Eunji. Lui aussi, en pleine activité avec le reste du groupe, je n'avais pas pu le voir souvent. Nous échangions par messages. Comme convenu, deux jours après avoir écouté sa maquette, je lui avais suggéré mes idées. Il en avait accepté certaines, refusé d'autres et nous devions encore définir plusieurs points, notamment le lieu du tournage des clips.

Alice, repartie en France, n'avait plus abordé le sujet Daeyeon. Elle m'avait fait promettre de rester en contact avec elle, cette fois-ci, et nous prévoyions de nous retrouver en début d'année prochaine, lorsqu'elle reviendrait en Corée pour son guide. Même si mon amie ne m'avait pas reparlé du chanteur, il ne quittait pas mes pensées. Il me manquait terriblement, et ça me faisait chier de l'avouer. Je me surprenais à rire face à des situations ou il aurait blagué, à regarder si je le voyais quand j'allais au café. J'écoutais ses chansons en boucle depuis deux jours. Sa voix me manquait, son humeur joviale me manquait, ses moqueries et ses surnoms débiles me manquaient. J'étais à cran et je redevenais la personne renfermée

qui ne parlait à aucun autre être humain. Pour ne pas y penser, j'enchaînais les heures à bosser sur la mixtape. Je connaissais les morceaux sur le bout des doigts, j'avais décrypté toutes les paroles, parfois avec l'aide de l'auteur et une grosse partie du scénario des deux clips était écrite. Je ne rentrais chez moi que pour changer de vêtements et laver mon linge.

Vingt et une heures et mon dos ressemblait à de la compote à force de passer la journée à mon bureau. Je me dégourdissais les pattes dans les couloirs et mes pas me menèrent à la salle du piano sans que j'y prête attention. Le réalisant, je m'installais derrière le clavier, après avoir vérifié l'absence de quiconque aux alentours. J'étais tellement à fleur de peau que lorsque mes doigts effleurèrent les touches, une larme coula sur ma joue. Instinctivement, je me mis à jouer la chanson que Daeyeon avait écrite pendant son séjour aux USA, pour l'OST d'un Drama.

Au milieu de celle-ci, mon téléphone sonna. Je me stoppais pour consulter qui pouvait me contacter à cette heure-là. Bah ouais, j'avais fini par apprendre de mes erreurs. Comme quoi, tout arrivait. Rassurée de découvrir le nom d'Alice, je décrochais.

— Al, je sais que je te manque, mais on s'est parlé hier.

— Mark...

— Je t'ai déjà formulé de ne pas t'inquiéter pour moi.

Elle stressait pour moi à cause de ma dispute avec Daeyeon. Elle flippait que je reste à vivre recluse derrière mon écran — ce qui était le cas —, je ne voulais pas qu'elle se tourmente par ma faute.

— Tu sais ce qu'on dit, un de perdu, dix de retrouver !

— Mark.

À sa voix sonnait triste, je compris que quelque chose clochait.

— Écoutes, j'ai pas mal de boulot donc je vais te...

— Mark ! me coupa-t-elle. Il est arrivé quelque chose... à ta mère. Peut-être que tu devrais rentrer en France.

Mon cerveau cessa de fonctionner et probablement que mon cœur aussi. Ma main lâcha le téléphone qui s'explosa par terre et je m'écroulai à sa suite. Dans ma course, j'appuyais sur le clavier du piano ce qui provoqua une cacophonie qui ne suffit pas à me ramener à la réalité. La pièce était devenue grise et glaciale, un filtre défilait devant mes yeux. Le contour des objets autour de moi se floutait. Je me vis toucher le sol, les sensations de mon corps semblaient extérieures à moi-même. Je les percevais avec l'impression que quelqu'un d'autre les ressentait. Mes oreilles bourdonnaient et un sifflement strident m'arracha un cri, que je n'entendis pas. Pourtant, ma gorge me grattait, signe que mes cordes vocales forçaient. Je commençais à trembler et je ramenais mes genoux vers ma poitrine pour les entourer de mes bras, ce qui n'arrêta pas mes convulsions, de plus en plus violentes. Tout d'un coup, plus rien, l'obscurité totale. Je ne comprenais plus rien, ne ressentait plus rien, ne percevais que du noir à perte de vue.

Point de vue de Daeyeon

Deux semaines que Mark et moi étions fâchés. Je l'avais croisée à l'anniversaire de Minjae Hyung. On avait pas échangé un seul mot. Elle bossait sur la mixtape d'Eunji Hyung. Je comprenais toujours pas pourquoi ils travaillaient que tous les deux sur ce projet. En général, on s'entourait d'une équipe complète, la quantité de boulot atteignait des sommets. Alors à deux... De mon côté, j'avais pas une minute à moi à cause de la promo du nouvel album. Je gardais contact avec Alice, repartie en France, quand mon emploi du temps le permettait. Elle abordait plus le sujet de la dispute avec Mark lors de nos rares échanges de messages. Même si elle m'avait pas reparlé de la photographe, cette dernière quittait pas mes pensées. Elle me manquait affreusement. Je m'inquiétais pour elle et demandais régulièrement des nouvelles à Hyung qui m'avait envoyé bouler, argumentant que j'avais qu'à aller la voir pour qu'on s'explique. Il avait raison, mais je savais pas quoi lui dire. Je m'en étais voulu dès la seconde où mes mots avaient franchi la barrière de mes lèvres. Depuis deux jours, je regardais en boucle la vidéo que j'avais filmée d'elle au piano. Sa voix me manquait, discuter de choses qui me passaient par la tête et qu'elle seule semblait comprendre me manquait. Boire un chocolat avec elle me manquait. Son côté ronchon et ses pics quand je la tournais en bourrique me manquaient. Elle s'enfermait dans le travail, pas besoin de demander à mon aîné de faire l'espion pour moi pour le savoir. Je la connaissais. Je réalisais bien qu'elle communiquait plus avec grand monde sur les shootings et, vu la tronche de ses cernes, elle dormait pas. On était tous occupés, on mettait ça sur le compte du boulot, pourtant elle s'isolait. J'avais rodé Eunji Hyung lui apporter la fameuse couverture plusieurs fois dans la semaine. Il gardait un œil sur elle, même de loin. Sook était présent pour moi. Il avait senti ma déprime et avait respecté mon choix de pas en parler jusqu'à ce que je sois prêt à le faire. J'avais pas tenu bien longtemps avant de lui raconter notre dispute au parc. Il s'était contenté de m'écouter, de m'apaiser, de me prendre dans ses bras. Je lui étais reconnaissant de pas me brusquer. Il avait pas eu besoin de me dire sa pensée, je l'avais comprise à son regard. Je devais aller voir Mark pour m'expliquer. Je continuais de dormir avec lui à cause de mon sommeil compliqué, il avait le don de me calmer. On avait toujours pas eu l'occasion de parler tous les deux, ça arriverait et très vite. Il voulait me laisser améliorer ma relation avec Mark avant, je sentais que c'était de plus en plus dur pour lui de repousser cette confrontation. Il fallait que je me bouge et que j'arrange les choses.

Vingt et une heures. J'avais la ferme intention d'aller voir mon amie — car oui, malgré mes mots, je la considérais comme telle — pour m'excuser et discuter. Je prenais la route vers son bureau et me demandais si elle avait pas fusionné avec son fauteuil tellement elle passait d'heures là-bas à bosser. En chemin, je croisais Eunji Hyung, au détour du couloir qui rejoignait la salle du piano. Le temps qu'on échange des banalités, une mélodie nous interpella et je reconnus immédiatement mon morceau. Ça pouvait être qu'elle, c'était la seule personne avec Sookie à avoir entendu ma composition. On s'approcha discrètement de la pièce, quand j'identifiai la chanson de rock coréen qui lui servait de sonnerie de téléphone. Je fis signe à mon Hyung de pas faire de bruit et celui-ci leva les yeux au ciel — son activité préférée — m'intiment que c'était mal d'écouter aux portes.

— Al, je sais que je te manque déjà, mais on s'est parlé hier, déclara-t-elle d'un air taquin.

Je pus m'empêcher de sourire. C'était moi qui lui sortais ce genre de phrase d'habitude. Je comprenais un petit peu ce qu'elle racontait, au moins les mots-clés, Alice avait commencé à m'enseigner le français en secret. Ma très bonne mémoire me permettait d'avancer super vite. Mes nombreux voyages dans le monde avaient habitué mon oreille à entendre différentes langues et à les apprendre. Le plus dur, c'était l'oral.

— Je t'ai déjà formulé de ne pas t'inquiéter pour moi. Tu sais ce qu'on dit, un de perdu, dix de retrouver !

De qui parlait-elle ? J'avais compris ? Elle avait un petit ami ? Ils s'étaient disputés ? Elle avait eu le temps de rencontrer quelqu'un ? Mon regard se posa sur mon aîné, à mes côtés, qui pigeait rien à la conversation.

Attendez. Eunji Hyung ? Ils s'étaient rapprochés à ce point ? J'avais vu comment ils se dévoraient ces deux-là, je pensais pas qu'ils concluraient aussi vite. Remarque, ils échangeaient beaucoup par messages ces derniers temps. Si vous voulez mon avis, ils parlaient pas que de la mixtape !

Il me toisait avec incompréhension.

— Écoute, j'ai pas mal de boulot donc je vais te...

Mark avait été coupé dans sa phrase. Un bruit sec nous fit sursauter. L'instant d'après, on entendit un truc appuyer aléatoirement sur les touches, s'écraser au sol. Le hurlement de Mark me glaça le sang et me sortit de ma surprise. Je me ruais dans la pièce avec Hyung, pour la retrouver en train de convulser sous le piano. Par terre, son téléphone était toujours en ligne avec Alice qui s'époumonait à crier le prénom de son amie.

— Alice ! C'est Daeyeon !

— Oh putain, Dae, qu'est-ce qu'il se passe ?

— Mark fait une crise de panique. Je m'en occupe, je te rappelle.

Sans lui laisser le temps de répliquer, je raccrochais et me précipitais vers mon amie. Hyung, qui avait jamais assisté à une crise violente de sa part, resta en retrait.

— Mark, Mark ! Tu m'entends ?

Elle eut aucune réaction.

Maintenant, elle acceptait mon contact physique, j'avançais une main, — délicatement tout de même pour pas la brusquer — et la posait sur son bras pour lui faire comprendre que j'étais avec elle. Au contact de mes doigts sur sa peau, elle se mit à convulser encore plus. Je me retirais précipitamment, mon cœur se serra. Tous les progrès qu'on avait faits étaient balayés. Des larmes dévalaient ses joues en torrents. Elle était plus blanche que d'habitude, mais ses spasmes revinrent à leur état initial. Je chantais, je savais que ma voix réussissait à la calmer. Toutefois, ça semblait pas marcher. Je percevais aucune évolution et j'avais peur que son corps lâche. J'allumais la musique sur son téléphone, que j'avais gardé dans une main, et priais pour que ça fonctionne.

— Mark ! Mark, bon sang, revient ! Accroche-toi !

Aucune amélioration et je commençais à paniquer.

— Bordel, Mark !

Je me retournais affolé vers mon aîné.

— Hyung ! Fais quelque chose, vite ! Mark, crise ! Dépêche-toi ! Je sais plus quoi faire, j'ai tout essayé, ça marche pas et là...

Il restait figé, il avait du mal à comprendre la situation. Pourquoi il réagissait pas ?

Point de vue d'Eunji

— Hyung ! Je sais plus quoi faire ! La musique fonctionne pas, j'ai chanté, mais ça marche pas non plus, je l'appelle, mais rien, m'expliqua Dae complètement bouleversé. J'ai essayé de la prendre dans mes bras pour la rassurer, mais c'est pire.

Sa panique m'intima de bouger. D'un rapide coup d'œil, j'évaluais l'ampleur des dégâts. Sa crise semblait, en effet, beaucoup plus violente que celle à laquelle j'avais déjà assisté. Est-ce qu'elle en avait eu beaucoup depuis ? Qu'est-ce qui avait pu la mettre dans cet état ? Je poserais les questions plus tard, il fallait agir.

— Hyung ! Je t'en supplie, fais un truc ! Vite !

Il était marrant lui ! Je voulais bien, mais quoi ? Appeler les pompiers ? Logique. Je me souvins que Dae m'avait raconté qu'il avait testé une fois et que l'optique d'aller à l'hôpital avait empiré sa crise. Mauvaise idée. Réfléchis, Eunji ! Qu'est-ce qu'elle aime ? Qu'est-ce qui la calme ? La musique, oui, sauf qu'elle ne fonctionnait pas. La voix de Dae non plus. Je doutais que le café représente une bonne solution. Je la regardais, recroquevillée sous ce piano, comme le coup précédent et... le piano... Pourquoi partait-elle se planquer dessous chaque fois ? Putain le piano ! Je me jetais sur le clavier et je commençais à jouer. Je me rappelais son expression le premier jour où je l'avais rencontrée dans cette salle alors qu'elle découvrait l'instrument.

J'enfonçais aléatoirement n'importe quelle note qui me passait par la tête. Puis, au souvenir de l'air apaisé qu'elle avait sur la vidéo que Dae avait filmée à son insu, je décidais de reproduire de mémoire, celui qu'elle y interprétait.

— Continue ! Elle respire plus doucement !

Je persévérais. À la fin du morceau, je recommençais.

— Elle revient toujours pas ! gémissait-il.

Je lâchais le piano et vins m'accroupir auprès d'eux. Les tremblements cessèrent, les pleurs perdurèrent. Les yeux fermés et serrés comme si elle souhaitait s'extraire à ce qui l'entourait. J'ignorais ce qu'il se jouait dans sa tête ni même si elle demeurait consciente. Elle semblait souffrir au vu de l'expression inscrite sur le visage.

— On devrait appeler les pompiers, non ? demandais-je.

— Recommence !

— Hein ?

— Répète ! Dis n'importe quoi !

— Quoi ? Mais pourquoi ?

J'étais perdu.

— Quand tu parles, elle réagit, me confia-t-il.

— Hein ? Euh, OK. Mais je lui dis quoi moi ?

— On s'en fout, n'importe quoi ! Regarde ses yeux se desserrent quand elle t'entend.

— Mais quel rapport avec moi ? C'est ta voix qui l'apaise. Je subodore que tu as dé...

— Eun...

Je me figeais d'un coup. Je rêvais ou j'avais compris mon prénom ? C'était faible, mais j'étais certain de l'avoir discerné.

— Mark ?

— Eunji...

C'était à peine murmuré, le son provenait bien d'elle.

— Mark ! Mark, tu m'entends ? Accroche-toi, je suis là.

Je perçus un mouvement. Elle réagissait. Je perpétuais mes appels.

— Mark, ça va aller, respire !

Sa main bougea dans ma direction. Sans réfléchir, je l'attrapai sous le sursaut de Daeyeon.

— Hyung ! Pas de touché ! couina-t-il, calmé.

Ses larmes continuaient de couler sur ses joues.

Au contact de mes doigts, elle ne me rejeta pas. Au contraire, elle s'accrocha encore plus. Je nouais nos phalanges entre elles tout en lui murmurant n'importe quoi pour l'apaiser. Sa peau était gelée.

— Dae va récupérer la couverture dans mon studio, elle est frigorifiée.

Sans se faire prier, le chanteur déguerpit comme une balle en direction de la sortie. Je me concentrais sur la jeune fille en face de moi.

— Mark, tout va bien, Dae est parti te chercher de quoi te réchauffer, tiens bon.

Elle se calmait et son visage commençait à se détendre.

— Eunji.

Une goutte s'échappa du coin de son œil.

— Oui, c'est moi, je suis là. Ça va aller.

J'hésitais quelques instants puis passais ma main sur sa pommette pour sécher ses larmes. Je la sentis frémir, sans se crisper. Je voulus approfondir le contact. Je pris soin à chaque instant d'examiner sa réaction et posais ma paume contre sa joue. D'un geste réconfortant, je réalisais de petits ronds avec mon pouce. Je continuais de lui répéter que tout irait bien. Elle frissonna, la respiration calme à présent. Ses yeux papillonnèrent et s'entrouvrirent comme pour vérifier ma présence.

— Hé, je suis là. Je ne te lâche pas.

Une esquisse de sourire pointa au coin de ses lèvres. Je sentis son corps tenter de bouger dans ma direction. Sans trop savoir pourquoi, je la pris dans mes bras. Sur la défensive, je m'attendais à me faire repousser. Contre toute attente, elle m'enlaça à son tour. Je m'installais plus confortablement au sol, en tailleur, et vins la caler contre moi, sur mes jambes entrecroisées. Elle se lova contre mon torse, probablement à la recherche d'un peu de chaleur. Tout son corps était congelé. Je la serrais contre moi comme si je voulais la protéger de potentielles attaques extérieures.

Des pas résonnèrent dans le couloir et Daeyeon arriva en trombe avec ma couverture. Lorsqu'il nous trouva ainsi, il se figea sur place, choqué.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? m'interrogea-t-il.

— Elle est revenue à elle et s'est endormie. Mais elle est gelée.

Réalisant qu'il s'était stoppé dans son élan, il reprit ses esprits et la recouvrit du duvet.

— Merci, Hyung, heureusement que tu étais là.

— Dae, ce n'est pas ta faute. Ne commence pas à culpabiliser.

Je le connaissais par cœur, il s'en voulait de ne pas l'avoir calmée.

— Tu as fait ce que tu as pu et le principal, c'est que nous y soyons parvenus.

— Elle a plus confiance en moi, murmura-t-il abattu.

— Ne dis pas ça. Ce genre de crise reste imprévisible. Et puis si tu n'avais pas vu que ma voix l'apaisait, on n'aurait pas réussi. Tu as été là pour elle et c'est tout ce qui compte. Mark représente une bombe, elle souffre et elle galère elle-même à se comprendre. Alors comment veux-tu le faire à sa place ? Tu as fait comme tu as pu et heureusement que tu m'as guidé.

Il hocha la tête et la regarda tendrement. Je voyais qu'il mourait d'envie de la câliner et se retenait. Il devait mal le vivre.

Après quelques minutes, je commençais à ne plus sentir mes jambes.

— Aide-moi à me relever, on va l'installer sur le canap.

Je passais un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos pour la porter. Avec le concours de Daeyeon, je me redressai et me dirigeai vers le fond de la pièce. Je déposais Mark délicatement sur le canapé et mon compagnon nous rejoignit avec la couverture tombée dans le processus. Au moment de m'éloigner, je me rendis compte qu'elle avait agrippé mon tee-shirt et refusait de me lâcher. Je tentais de défaire sa main du tissu, elle grogna dans son sommeil. Je me tournais vers Dae impuissant. Il haussa les épaules, lui aussi, ignorait comment réagir.

— Bon... Rentre dormir, je vais rester avec elle cette nuit, soupirais-je.

— Merci. Je veux pas qu'elle se réveille toute seule. J'informe Alice sur le chemin du retour, elle doit s'inquiéter.

— Alice ?

Quel rapport ?

— Elle téléphonait avec elle. Je lui ai promis de la tenir au courant, m'expliqua-t-il.

C'était donc ce qu'il avait braillé un peu plus tôt.

— Préviens-moi quand tu arrives. Et ne te prends pas trop la tête Daeyeon.

— Merci Hyung. Je t'appelle.

Il nous quitta, son portable à la main. Je me retournais vers la Française, toujours endormie. Dire qu'elle le faisait paisiblement serait abusé, mais le pire paraissait derrière nous. Je m'installais à côté d'elle et quand elle sentit ma présence, elle se blottit contre moi. Un soupir — de soulagement ? — s'échappa de ses lèvres. Je clôturais mes bras autour de son corps, repositionnais la couverture. Après quelques minutes à pianoter sur mon téléphone, mes yeux commençaient à se fermer. J'étais épuisé. Je reçus un message de Dae m'informant qu'il était rentré. Il quémandait des nouvelles de la jeune femme. Je lui répondis rapidement, lâchais mon portable à côté de moi, sur le divan et je m'endormis, ce petit corps fragile serré contre moi.

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Sifflote... bonsoir!

Je n'ai pas grand chose à raconter alors je vous pose ça là et vous laisse avec vos réactions ^^
(autrement dit je prend la fuite ^^)

Bon courage et à mardi pour la suite (qui devrait vous plaire...)

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