Chapitre 16
Une seconde semaine avait filé depuis le départ des garçons. Daeyeon continuait de m'adresser des messages, bien que plus espacés à cause de son agenda hyper chargé, ce qui me laissait le temps de répliquer entre chaque. Il me racontait ses journées, m'envoyait des photos de ce qu'il mangeait ou des lieux magnifiques où le groupe filmait, se plaignait du plus jeune qui le taquinait. Ce dernier avait adopté la méthode offensive. Minjae prit également de mes nouvelles, à ma plus grande surprise. Touché par cette attention, j'avais réagi dans la foulée, ce qui déclencha une avalanche de reproches et de ronchonnages de la part de Daeyeon. D'après ses dires, je mettais des semaines à lui répondre contrairement à son ainé. Pas du tout dans l'abus, celui-là. Bref, rien de nouveau, la routine, métro/boulot/textos. Aujourd'hui, j'avais bossé à l'agence et rentrais en bus. Étonnement, j'avais réussi à choper le dernier. Êtes-vous fière de moi ? J'avais opté pour programmer des alarmes sur mon téléphone. Comme je travaillais seule, je pouvais partir quand je le voulais. Souvent l'esprit concentré sur ma tâche, je ne voyais pas l'heure passer. Je m'étais loupée une ou deux fois. Maintenant, mon smartphone me rappelait à l'ordre quinze minutes avant de décoller. Le paysage de la nuit défilait sous mes yeux, la dernière playlist de mon compère musical dans les oreilles. Quand mon téléphone sonna, je répondis avec le kit mains libres, mes mains trop congelées pour les sortir de mes gants et déverrouiller mon appareil dans ma poche.
— Bonjour Mark,
Cette voix calme, sèche, un tantinet agressive que je connaissais par cœur me retourna l'estomac en une fraction de seconde. Par réflexe, j'arrachais les écouteurs de mes oreilles pour m'éloigner de la source de ce malaise. Je lâchais un cri de douleur, m'étant agrippée l'un de mes piercings dans le processus. La respiration saccadée, je mis cinq minutes à reprendre mes esprits et à réaliser les événements précédents. Comment s'était-elle procuré mon numéro ? Était-ce ma sœur qui le lui avait donné ? Pourquoi me contacter maintenant ? Dans quel but ? Est-ce que tout allait recommencer ? J'aperçus mon arrêt, me précipitais sur le bouton pour signaler que je voulais descendre et me ruais sur la porte. J'eus à peine le temps de poser un pied à terre qu'un haut-le-cœur m'envahit. Je fonçais vers la poubelle la plus proche. La bile me brûla la gorge, me reprochant mon jeune de la journée. Heureusement, aucun passant ne profitait de la fraicheur de la nuit, sinon je pense que j'aurais choqué toute la Corée.
Le souffle court, pliée en deux, les mains agrippées à mes genoux, je m'efforçais de reprendre mes esprits. Ma tête me lancinait. Je devais me calmer. Mon téléphone vibra à nouveau. Je n'avais même pas remarqué que le précédent appel était terminé. Je laissais sonner dans le vide. Visiblement, mon correspondant en avait décidé différemment, puisqu'il recommença une seconde fois, une troisième et une quatrième. Je finis par attraper mon appareil resté dans ma poche tout ce temps et consulter le nom qui s'affichait à l'écran. Daeyeon. Je décrochais.
— Mark ! Mark ? Tout va bien ? paniqua-t-il.
Pourquoi s'inquiétait-il, ce n'était pas la première fois que je ne répondais pas à ces appels. J'expirais lentement pour me calmer avant d'affirmer.
— Mmh, merci. Et toi ?
— Qu'est-ce qui se passe ? T'es où ?
— Euh, dans la rue, je rentre chez moi. Pourquoi ?
Ma voix paraissait rauque, à cause de ma trachée brûlée et mon cœur battait à tout rompre. Bordel, j'avais soif. Je tentais de me racler la gorge discrètement.
— Tout va bien ? redemanda-t-il.
— Je survis difficilement à ton absence, je dois bien l'avouer, mais bon, que veux-tu ?
Je racontais des conneries pour le rassurer, mais il ne rit pas du tout, contrairement à d'ordinaire.
— Me mens pas, je te l'ai déjà dit !
Comment savait-il ? C'était chelou. Ma voix se montrait certes peu convaincante, mais comment expliquer son appel pile à ce moment-là ? Je croirais presque qu'il avait conscience que quelque chose s'était passé. Je soupirais et repris ma route, le froid me paralysait sur place.
— Bon d'accord. Tu me manques carrément et j'ai hâte que tu rentres.
Je niais l'affaire. Ce n'était pas comme si je pouvais tout lui balancer de toute façon. Finalement, je l'entendis ricaner à l'autre bout du fil.
— Inutile de me le dire. Mais je me réjouis que tu te l'avoues enfin. Tu étais bien la seule à pas en être convaincue. Tout le monde sait que tu es folle de moi.
— Ça se voit tant que ça ? Mince, moi qui espérais rester discrète.
Je lui étais reconnaissante de m'avoir appelée.
— Tu plaisantes ? Tu fangirlises tellement, je pari que tu as disposé de ma photo en fond d'écran !
— Non Hyung, c'est la mienne qu'elle a mise ! N'espère pas trop, c'est moi son préféré, retenti la voix d'Insook.
— Mais n'importe quoi ! Elle fait pas dans les animaux de compagnie, je te signale.
— Tu t'es regardé ? Vieux renard ma léché !
— Je te signale que les renards bouffent les lapins !
J'étais presque arrivée chez moi et les deux chanteurs continuaient de se disputer la place du plus beau à mes yeux.
— Tu rentres tôt, ma jolie ! m'interpella une voix.
— Mark ? C'est qui ?
Daeyeon avait instantanément interrompu ses chamailleries avec le plus jeune.
— Hein ? Qui ?
Merde, il avait dû l'entendre. Je pressais le pas pour regagner mon immeuble.
— Bah alors, tu fais ta timide ? Tu veux venir manger des ramyeons avec nous ?
— MARK !
Daeyeon ne plaisantait plus du tout et était sur le point d'exploser.
— T'es où, qu'est ce qui se passe ?
Je courais dans les escaliers, trop essoufflée pour répliquer alors que le chanteur continuait de crier mon prénom à l'autre bout du fil.
— Hyung, qu'est ce qu'il y a ?
Insook commençait à s'inquiéter lui aussi, suite aux hurlements du plus âgé.
— Rien. Rien, tout va bien, répondis-je finalement à bout de souffle.
J'avais réussi à atteindre mon appart, m'étais empressée de rentrer et de refermer la porte derrière moi. Je m'appuyais contre celle-ci, m'efforçant de respirer de façon plus calme.
— Je suis chez moi.
— C'était qui ce mec ?
— Hein ? Oh rien, un gars bourré.
En réalité, il m'emmerdait depuis deux, trois semaines avec ses potes. Rien de bien méchant, quelques insultes et propositions indécentes. C'était la première fois qu'il tentait un mouvement dans ma direction, alors je m'étais mise à courir et l'avais semé dans la cage d'escalier. Putain, ce n'était pas ma journée.
— Bon, je vous laisse, je suis crevée.
— Attends ! Je te tiens compagnie jusqu'à ce que tu dormes.
— Dae, je vais me débarbouiller et me coucher.
— Discute pas, je reste avec toi.
— Je ne t'emmène pas avec moi sous la douche voyons ! m'énervais-je.
Je songeais à raccrocher, mais il rappellerait jusqu'à ce que je réponde à nouveau. J'étais tentée d'éteindre mon téléphone, sauf qu'il s'inquiéterait davantage. Il désirait juste me réconforter.
— Va te laver. Je te reprends dans quinze minutes.
Il mit fin à la conversation. Je soupirais, abandonnais mes affaires et me traînais vers la salle de bain après avoir bu un grand verre d'eau. Dix minutes plus tard, j'en ressortais. La douche chaude avait détendu mes muscles, contractés à cause du froid et du malaise ressenti en cette fin de soirée. Mon esprit, lui, était toujours tourmenté.
Comme convenu, mon téléphone sonna quelques instants après.
— C'est bon, t'es couchée ? me questionna cette voix rauque que j'aimais tant.
— Quasi.
J'activais le haut-parleur pour terminer de ranger mon bazar. Il s'affairait lui aussi de son côté et passa dans ce qui devait être un couloir au vu de la réverbération de l'endroit. Minjae lui demanda où il partait, sans obtenir de réponse. Une porte claqua et plus aucun son extérieur ne me parvint. Il avait dû s'isoler dans une loge. Je me glissais dans mon lit, posai le téléphone à côté de ma tête sur le coussin.
— C'est bon ?
— Oui. Merci, tu peux y aller maintenant.
— Je raccrocherais quand tu te seras assoupie.
Je soupirais face à cette tête de mule sans lutter, c'était peine perdue. Je m'enfonçais plus confortablement dans mes couvertures quand sa voix douce et grave chantonna au creux de mes oreilles. Qu'est-ce qu'elle m'apaisait. Je fermais les yeux, profitais de cette mélodie inconnue et finis par m'endormir.
***
Nous étions le 21 novembre. Cela impliquait deux choses : premièrement, le groupe rentrait aujourd'hui après trois semaines aux US. Deuxièmement, l'exposition aurait lieu demain. Voilà pourquoi je ne dormais pas depuis trois jours. Tout devait être bouclé avant midi. L'imprimeur avec qui l'agence collaborait m'avait envoyé les photos en début de huitaine et elles étaient magnifiques. Ils réalisaient un travail impeccable. La qualité du papier, le respect des couleurs et leur rapidité d'exécution. Rien à redire. Les décors étaient terminés et j'œuvrais sur le lieu de l'exhibition pour les disposer. Les portraits devaient non seulement fonctionner ensemble, mais ma partie devait aussi demeurer cohérente avec celles présentes dans toute l'exposition, pour obtenir un sentiment d'unité. Je travaillais en relation avec tout le monde sur les derniers préparatifs.
— Mark ! Tu aurais du rab de la peinture utilisée pour ton fond ?
— Il m'en reste. De quelle quantité as-tu besoin ? demandais-je après avoir vérifié mon stock.
— La moitié de ce pan de mur, me montra la collègue qui m'avait interpellée. Je me suis dit que si on exploitait le mélange que tu avais fabriqué, ça ferait un rappel et mettrait en valeur les dessins d'Insook.
— Ils ressortiraient, ça va rendre trop bien. Il doit y en avoir assez. Au pire, je peux t'en re préparer.
Pour l'exposition, le Maknae avait accepté de partager certaines de ses esquisses. Ils illustraient sa vision du groupe dans un style de croquis. J'aimais travailler sur cette exposition, mes partenaires me sollicitaient, j'échangeais beaucoup et participais à leurs projets. C'était hyper enrichissant et l'entente demeurait agréable. J'avais le sentiment d'être utile et leurs retours me rassuraient quant à ma partie.
— Super, merci !
— Je t'en prie.
Je repris l'installation de mes panneaux alors que ma collègue répondait à son téléphone. Elle revint à petites foulées vers moi, les traits tirés, ses ongles attaqués par ses dents.
— Mark, je suis désolée, tu pourrais te charger de peindre le mur à ma place s'il te plaît ? Il y a eu un cafouillage à l'aéroport. Je dois aller chercher une partie des garçons, il manque une voiture.
— Oh ! Oui, bien sûr, pas de problème. Je termine de fixer ce côté et je m'en occupe.
— Génial merci beaucoup ! me lança-t-elle depuis le fond de la pièce, son manteau déjà sur le dos.
Elle attrapa son sac et disparut en un éclair. Je finis ma tâche en cours, avant de me diriger, peinture et rouleau en main, vers le mur indiqué.
— À nous deux !
***
Je terminais tout juste, quand les échos de voix se dirigèrent vers nous dans le couloir. La première voiture devait être arrivée. La porte s'ouvrit sur deux des membres du groupe.
— Eh bien ! Tu t'es fait attaquer par un pot de peinture ?
Shin souriait, sans chercher à dissimuler le fait qu'il se moquait de moi.
— Ouais, méfie-toi, il y en a un juste derrière toi prêt à te sauter dessus ! prétendais-je avoir peur, le doigt pointé sur un monstre imaginaire dans son dos.
— Au secours Hyung ! Protège-moi !
Le danseur rentra dans mon jeu et se cacha derrière Eunji qui rigolait.
— Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous ne deviez pas regagner directement le dortoir ?
— On voulait voir l'exposition, m'expliqua Shin.
Malgré son air taquin, il paraissait exténué et je ne pouvais m'ôter l'idée que quelque chose le tracassait. J'avais eu cette impression, le jour de leur départ.
— Les autres ne vont pas tarder à nous rejoindre, m'informa le danseur. On a laissé Minjae avec les deux monstres, histoire de les canaliser.
Je levais un sourcil amusé de cette explication.
— Vous n'avez pas peur de l'effet inverse et qu'ils l'entraînent avec eux ?
Eunji qui s'exprimait pour la première fois depuis leur arrivée ricana discrètement. Pas assez pour que je ne l'entende pas. Quand il réalisa que je l'avais rodé, il ancra ses yeux dans les miens. Comme vous pouvez l'imaginer, je détournais rapidement le regard.
— Noooonnnnaaaaaaa !
— Tiens, quand on parle du loup. Méfie-toi, il est en forme, me prévint Shin.
Punaise. Étais-je d'attaque à affronter la tornade Daeyeon ? Il débarqua aux côtés de Minjae et d'Insook, les deux morts de rire. Quand il me repéra, il accéléra le pas dans ma direction.
— Cours, murmura Eunji.
Avec un air de déjà vu, dans des positions inversées, je me précipitais dans le sens opposé, sous les ricanements de toutes les personnes présentes dans la pièce. S'en suivit une course-poursuite dans tout l'étage, blablabla, vous connaissez la chanson.
***
Point de vue d'Eunji
Mark n'avait pas échappée au renard, malgré toute la bonne volonté du monde. Il était insupportable. Nous les avions perdus de vue depuis un moment. Nous observions l'exposition dont l'installation était quasiment terminée, avant de regagner la maison. J'avais hâte. Une seule idée me trottait en tête : me vautrer dans mon lit. Je partis avec Sookie, à la recherche de notre spécimen pour que l'on puisse rentrer. Nous les retrouvâmes étalés sur un matelas de gym, dans la salle de danse. Ils dormaient tous les deux, Mark sur le dos dans les bras de Daeyeon, comme s'il tenait une peluche. À côté de moi, Insook grinçait des dents. Je m'étonnais qu'elle se laisse envahir, au vu de son aversion pour le contact physique. Dae avait été aussi proche d'elle par deux fois, à ma connaissance. Sans parler des moments où il lui empoignait la main, lui touchait la tête ou autres marques d'affection moins prononcées que présentement. Il était le seul à y parvenir. Elle rejetait toute forme de connexion, de façon inconsciente ou agressive.
— Les gars, qu'est-ce qui vous prend tant de temps ? nous interpella Minjae.
Arrivé à notre hauteur, il constata par lui-même l'étendue de la situation.
— Hyung, on fait quoi ? On les réveille ? demanda notre Maknae.
Sa voix reflétait le dilemme intérieur qui était en train de se jouer. Se venger de leur rapprochement, ou incarner le mec détaché qui s'en fiche.
— Ils ont l'air crevés et dorment profondément, répondit notre leader.
En effet, Daeyeon gisait, comme nous tous, sur les rotules après ces trois semaines intenses, en plein décalage horaire. Et j'imaginais aisément le nombre de nuits blanches encaissées par Mark ces derniers jours.
— Laissons-les, au pire, si Dae veut rentrer, il appellera un taxi.
Sur ces mots, nous prîmes la direction du parking, complètement explosés, avec un lapin qui rongeait son frein.
***
Point de vue de Mark
Je me réveillais avec la sensation d'être passée sous un rouleau compresseur. Au bout de quelques minutes, mes idées se remirent en place, je me rendis compte que ce n'était pas qu'une impression. J'étais ensevelie sous une masse lourde qui diffusait énormément de chaleur. Il me fallut encore un peu de temps pour réaliser où j'étais et pour comprendre que le rouleau compresseur n'était autre que Daeyeon. Je tentais de me dégager sans le réveiller, mais quand il grogna, je pigeais bien vite que c'était peine perdue.
— Daeyeon.
Aucune réponse.
— Daeyeon !
Toujours rien. Son visage était enfoui dans mon cou et sa respiration contre ma peau me chatouillait. Son bras gauche était passé sur mon ventre et une de ses jambes par-dessus les miennes.
— Dae, chuchotais-je dans son oreille.
Mes doigts caressaient ses cheveux à la base de sa nuque. Cette fois, j'eus un semblant de réaction. Je réitérais l'opération. Il releva enfin la tête et ses yeux en amande tout somnolents se posèrent sur moi, un grand sourire se dessina sur ses lèvres.
— Noona. Tu as bien dormi ? me demanda-t-il d'une intonation encore plus rauque que d'habitude.
La bonne vieille voix du matin qui, de mon point de vue, sonnait magnifiquement bien. J'acquiesçais pour lui signifier que oui et, étrangement, c'était vrai. Après notre course-poursuite, nous nous étions installés sur les matelas pour discuter. Il s'était efforcé de me tirer les vers du nez. Il s'inquiétait toujours à propos de l'identité du gars qu'il avait entendue lors de son appel. J'avais tenté de le rassurer et de lui préciser que c'était un mec bourré qui faisait le malin. J'ignorais s'il avait gobé mon histoire, il n'avait pas insisté. Je lui avais demandé les raisons de sa préoccupation ce jour-là. Il ne trouva aucune réelle explication à me donner. Il avait juste senti que quelque chose n'allait pas. De la pure intuition. Finalement, il m'avait raconté en détail les tournages, les shootings photo et les magnifiques endroits qu'il avait visités. Il m'avait même ramené un cadeau. Un bracelet composé d'un fil noir avec une perle accrochée au milieu. C'était ma pierre de naissance. Je l'avais bien sûr remercié, lui assurais que ce n'était pas nécessaire et il m'avait montré le sien, où trônait sa propre gemme, un grenat. Il en avait offert un à tous les membres du groupe. J'étais énormément touchée qu'il pense à moi. Nous nous étions assoupis, tous les deux sur le dos, pendant notre conversation, la fatigue avait eu raison de nous.
— Tant mieux ! m'avoua-t-il toujours le sourire aux lèvres. Depuis quand t'avais pas dormi ?
— Trois jours, et toi ?
— Quatre. Ton sommeil s'agitait. Tu pleurais.
Il me regardait droit dans les yeux, l'air inquiet.
— Je... J'ai le réflexe de dormir avec un truc dans les bras et... et comme tu avais besoin de réconfort... Enfin... Désolé, si j'ai dépassé les bornes, s'excusa-t-il.
— Ne t'en fais pas. Ça va. Moi aussi, j'enlace un coussin.
Je m'étais habituée à sa présence et j'acceptais les contacts de sa part. Uniquement de sa part. Il n'y avait aucune ambiguïté entre nous, c'était purement fraternel. Avec le recul, c'était étrange de s'être rapproché si vite, surtout avec de telles différences culturelles. Daeyeon était quelqu'un d'ouvert d'esprit et de bienveillant, alors ça ne me choquait pas plus que ça. Il avait réussi à m'apprivoiser, comme il disait.
— Café ?
Il souriait de toutes ses dents.
— J'aime quand tu me parles ainsi !
— Haha, tu n'es pas compliquée à contenter.
Il ébouriffa mes cheveux, se releva, me libérant enfin.
— Dans dix minutes devant l'ascenseur ?
— Le dernier invite l'autre ?
— Je sens que je vais me faire péter le bide pour le petit-déj !
— Haha ! On verra.
Nous partîmes tous les deux en direction des douches.
***
Le jour J était arrivé. L'exposition avait lieu dans quelques heures. Nous petit-déjeunions avec Daeyeon, dans ma chaîne de café préférée et c'est lui qui m'invita. Je le soupçonnais d'avoir fait exprès de perdre. Quand j'avais émis cette hypothèse, il avait nié et affirmé qu'un corps aussi beau que le sien demandait de l'entretien et fatalement plus de temps que la moyenne dans la salle de bain.
Nous y étions ! Je vérifiais pour la énième fois si tout était en place. L'ambiance que l'on avait créée apparaissait mystique avec son aspect de cascade, réalisé avec des LED. Une espèce de brouillard planait et donnait l'impression de se promener dans un bois enchanté. Des lucioles et des plumes noires ou blanches flottaient dans l'air par-ci par-là. Ma partie de l'exposition serait la première que le spectateur rencontrerait. Elle expliquait le concept de l'album, et menait le public à l'entrée de la forêt. Je m'imposais une pression énorme. Les photos de chaque membre trônaient au mur, le côté Shadow en face de son homonyme Persona. Tout en haut, en blanc sur fond sombre apparaissait en anglais : « Dans ce monde, il n'y a pas d'un côté le mal et autre le bien ; une part d'ombre et de lumière existe en chacun de nous. Ce qui compte, c'est celle que l'on incarne dans nos actes. » De la même façon, sur le pan de mur suivant, était inscrit : « Ce qu'une personne dit de nous ne détermine pas qui nous sommes. » Ces mots conduisaient à la suite de l'exposition, comme pour montrer le sentier, le chemin vers son propre soi, telle une carte. Celle pour apprendre à se connaître. J'avais volontairement écrit ces phrases en anglais pour que les fans à l'international les comprennent et l'équipe m'avait approuvée.
Les dés étaient jetés. Je ne pouvais plus rien y faire maintenant. Je partis dans les vestiaires me changer. L'agence m'avait demandé de réaliser un minimum d'effort, sans rien imposer. Je pouvais garder mon style. Dans tous les cas, je resterai dans un coin. Le chef du service marketing ainsi que les garçons se chargeraient d'expliciter le concept aux journalistes et aux visiteurs. Je ne serais pas prise à partie et cela m'arrangeait. Phobie sociale, tout ça, tout ça. Vous vous souvenez ? Ils m'avaient demandé les idées que je désirais transmettre afin qu'ils les retranscrivent au mieux et j'avais apprécié le geste. J'avais réexpliqué à Minjae, en anglais, toute ma théorie, pour m'assurer de sa parfaite compréhension à cause de mon coréen bancal. En tant que leader, il prendrait la parole pour le groupe. Bien sûr, les autres pouvaient intervenir s'ils le souhaitaient. Pour la tenue, j'avais opté pour un jean bleu, troué au niveau des genoux, un tee-shirt blanc avec des graffitis foncés. Une veste de costume noire, dont j'avais retroussé les manches, laissait apparaître les tatouages sur mes avant-bras. Pour compléter mon look, je portais mes éternelles Dr Martens, que j'affectionnais particulièrement. J'avais fourni l'effort de mettre un peu de maquillage et de relever mes cheveux en un pseudo-chignon, exhibant les dessins sur ma nuque. Je n'arrivais à rien faire de ma tignasse de toute façon. Autant ne pas me prendre la tête.
Je checkais tout une dernière fois au cas où. Oui, j'étais perfectionniste, un problème avec quelqu'un ?
— Ne t'inquiète pas, tout est parfait !
La voix douce de Daeyeon m'avait surprise.
— Mmmh, marmonnais-je, tournée vers lui.
Ou devrais-je dire, vers eux ? Je n'avais pas entendu qu'Eunji auprès de lui.
— Oh wow, Noona ! Magnifique.
— Moui. Tu n'es pas mal non plus, répondis-je le rouge aux joues.
Je le détaillais de la tête aux pieds. Il paraissait tout bonnement splendide, comme d'habitude.
— Tu as dû passer la journée dans la salle de bain !
— Haha ! Même pas. C'est mon charme naturel, se vanta-t-il alors qu'Eunji levait les yeux au ciel derrière lui. Sérieusement, j'adore ton style ! Et tes yeux sont tellement mis en valeur. Pas vrai Hyung ? Tu avais remarqué qu'ils étaient aussi verts ?
— ...
Eunji ne répondit pas. Par contre, il avait plongé ses iris dans les miens et je soutenais difficilement son regard, mes pommettes chauffaient encore plus, si c'était possible.
— Tout le monde en place, les portes vont ouvrir. La voix du PDG nous ramena à la réalité, et le stress monta d'un coup. Mes mains devinrent moites et mon cœur voulait sortir de ma cage thoracique.
— Rassure-toi, tu as fait un travail incroyable, on adore tous les cinq et je parie que le public aimera aussi, chuchota Minjae à côté de moi.
Puis les portes s'ouvrirent et la pièce commença à se remplir.
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Bonjour/Bonsoir,
Et voila ! Le jour de l'expo est enfin arrivé.
Petite précision, j'ai écrit cette histoire à peu près à la sortie de Map of the soul 7 et j'ai donc imaginé cette exposition avant la sortie de l'album. Je voulais juste faire une expo sur comment j'imaginais leur nouveau concept. Je faisais partie de ceux qui pensaient qu'il y aurai 3 albums pour cette era. Un pour Persona, un pour Shadow et donc un pour Ego... Voilà voilà... ça ne s'est pas du tout passé comme ça ^^
Du coup on retrouve certaines choses, ce qui est fatalement normal quand on connait un peu le concept et les théories de Young ainsi que l'univers des garçons et certaines choses sont complètement différentes.
Après ce n'est pas énormément détaillé car je laisse volontairement une part à votre imagination et comment vous, vous auriez envisagé cet album.
Je suis curieuse de savoir d'ailleurs, n'hésitez pas à me dire.
Et sinon dans les photos que je met en média, j'essaye d'illustrer des points clés du chapitre histoire de vous plonger dans l'ambiance. Je suis aussi curieuse d'avoir votre retour. Est-ce que ça vous aide? Est ce que vous aimez? Est ce que vous ne les regardez même pas? Pour petit rappel, celles taguées à mon pseudo sont des photos que j'ai pris moi même lors de mon voyage. Ça fait un an déjà que je suis rentrée.... que ça passe vite.
Bref avant de devenir beaucoup trop nostalgique je vous souhaite une bonne fin de journée et vous dis à la prochaine.
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