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Chapitre 3 - Edelweiss

Son expression passa d'une petite mine étonnée à un visage effaré, mais il ne parla pas et n'expliqua rien pendant une dizaine de secondes ; Anthémis ne comprenait pas ce que le garçon avait bien pu voir. Elle n'émit aucun mot, elle ne s'en sentait pas le courage, un peu comme si parler lui brûlait la gorge pour une raison qu'elle ignorait. Restant de marbre devant le jeune garçon, elle attendit que celui-ci se décide à lui souffler une autre phrase que ce stupide « n'aie pas peur » qui était d'une inefficacité déconcertante pour une personne venant de voir sa sœur mourir devant ses yeux. Mais Ambroisie était-elle réellement morte ? Avait-elle disparu, s'était-elle volatilisée ? De toute évidence, oui ; du moins, cette immonde créature qui l'avait remplacée n'était pas sa sœur, elle n'était pas même humaine.

Le jeune garçon se décida enfin à parler :

- Ton ... ton truc à l'œil, c'est quoi ?

Anthémis haussa un sourcil dans l'incompréhension. Son œil ?

Voyant qu'elle ne comprenait pas, il fouilla quelques temps sur une table de travail, avant d'y trouver un miroir de poche, et de le présenter à la jeune fille. Celle-ci fixa l'objet sans bouger.

- Vois par toi-même, si tu ne sais pas de quoi je parle, lui déclara son présumé sauveur.

Elle prit délicatement le miroir entre ses mains, et admira le reflet de la flamme qui ondulait gracieusement au bout de la bougie.

- Non, regarde ton visage, par la bougie ...

Anthémis lui jeta un regard fatigué, l'air de dire qu'elle savait très bien ce qu'elle faisait sans qu'il n'ait à lui dire quoi regarder. Elle dégagea une mèche qui lui barrait la vue, et contempla son reflet. Au début, elle n'y vit qu'un visage fatigué et impassible, qui n'exprimait aucune émotion malgré tous les sentiments qui devaient le traverser de l'intérieur ; mais, bien vite, l'évidence la frappa, et voyant cet œil qui n'était pas le sien, elle laissa le miroir s'échapper de ses mains et se briser au sol.

- Tu vois ? émit le garçon.

Oh que oui, elle avait vu ; elle comprenait aussi que cette étrange douleur qu'elle ressentait depuis qu'elle s'était réveillée provenait de ce même œil. La couleur qu'il avait prise était la même que celle des silhouettes d'ébène. Et c'était ce qui inquiétait le plus Anthémis.

Le garçon se baissa et ramassa ce que la jeune fille avait fait tomber, pièce par pièce, avant de déclarer :

- Là où j'habitais avant, on disait que briser un miroir causait sept ans de malheur.

Il se leva et, posant sur la table voisine les bouts de verre, continua :

- Tu es muette ou tu comptes m'expliquer ce qui s'est passé ?

Mais Anthémis ne répondit toujours pas, trop occupée à se poser dix millions de questions à propos de cette moitié d'iris qui avait soudainement changé de couleur, pour passer à un jaune similaire aux yeux des créatures qui lui avaient volé Ambroisie. De son côté, le jeune garçon soupira face à cette absence de réponse ; peut-être qu'elle était réellement muette, après tout.

- Ecoute, si tu ne peux pas parler, écris. Si tu ne sais pas écrire, dessine. Mais explique-moi. Je ne peux pas te laisser vivre ici encore très longtemps, les autres sont contre le fait qu'on t'héberge sans que tu n'aies à payer. Et en plus, tu as un œil bizarre. Ça ne va décidément pas plaire à Igor, et ne parlons même pas de Berbéris ... ! Ils se méfient trop, je le sais, mais je n'ai pas les pleins pouvoirs, s'ils ne te veulent pas ici je ne peux pas te retenir. Tu comprends ? Alors est-ce que tu pourrais faire quelque chose, n'importe quoi, pour m'expliquer un peu plus clairement ?

Anthémis avait le regard dans le vague, perdue dans ses dix millions de questions. Le garçon songea alors qu'elle était sourde ; il alla chercher du papier et un crayon, puis encra sur la feuille d'une écriture soignée et lisible : explique-moi par des gestes. Quand elle le vit, Anthémis roula des yeux ; ce garçon était insistant. Elle comptait lui adresser un mot, ne serait-ce que court, mais quand elle ouvrit la bouche, aucun son ne sortit, ou du moins il n'était pas assez fort pour être entendu. Que lui arrivait-elle ? Pourquoi sa voix lui brûlait tant l'intérieur de la gorge ?

Le jeune garçon finit par abandonner, voyant que l'inconnue n'était pas prête à lui parler de suite.

- Bon, émit-il. Laisse-moi juste vérifier tes bandages dans ce cas. Tu avais une sacrée griffure à l'abdomen, j'espère que tu t'en es remise ?

Il fit asseoir la blessée sur le lit et lui demanda de lever les bras ; elle obéit et regarda avec méfiance le garçon remonter légèrement son chemisier, juste de quoi apercevoir la zone bandée. Cette situation gêna quelque peu le jeune homme, car il n'avait jamais eu à s'occuper d'une fille de son âge. Il se contenta de regarder brièvement le bandage, puis de baisser le chemisier et de déclarer que tout allait bien.

- Vu comment tu tenais debout, tu t'es vite rétablie. Tu as un tempérament de battante, à ce que je vois, plaisanta-t-il.

Anthémis n'en rigola pas et resta impassible devant lui. Elle se demandait ce qu'elle pourrait bien faire ici, et elle n'arrivait même pas à prononcer les mots pour demander où elle se trouvait.

Le jeune garçon s'accroupit à ses côtés et ne dit rien pendant quelques temps ; le silence s'installa dans la pièce, pendant que les deux adolescents réfléchissaient chacun de leur côté à ce qui pouvait bien expliquer le jaune de l'iris d'Anthémis.

- Au fait ...

Le garçon prit le papier et le crayon qu'il avait laissés de côté, et y griffonna quelques lettres avant de les montrer à l'inconnue. Anthémis y lu facilement un simple « Edel ».

- Je m'appelle Edelweiss, mais la plupart des gens me nomment Edel. Et toi ? Est-ce que tu peux me dire ou écrire ton prénom ?

Il lui tendit le papier puis le crayon, qu'Anthémis prit dans ses mains et observa quelques instants, avant d'y noter non pas son prénom, mais une des questions qui lui trottaient dans la tête depuis plusieurs minutes déjà : où est-ce qu'on est ?

Ledit Edel soupira face à la résignation de la jeune fille à ignorer ses questions, mais répondit calmement :

- C'est chez moi, ici. Je tiens une infirmerie avec ma famille depuis deux ans, mais le reste de la maison se trouve dans le deuxième bâtiment qu'on partage avec d'autres habitants de Lunaria.

Anthémis hocha doucement la tête, songeuse. Elle se trouvait donc à Lunaria, et les silhouettes d'ébène d'Ibai ne se situaient pas très loin. Allaient-elles surgir ici, ou comptaient-elles rester là où elles étaient apparues ?

- Tu te sens prête à aller marcher un peu ? demanda Edel. Je pense qu'un grand coup d'air frais te ferait du bien, et puis ça sent le renfermé, ici. Tu voudrais visiter les alentours ?

Anthémis haussa les épaules. Peu lui importait. Ce qui était sûr, c'est ce que ce n'était pas une petite balade qui allait lui rendre Ambroisie.

Edel se releva et tendit sa main à la jeune fille pour l'aider à se redresser, mais celle-ci se leva d'elle-même tout en l'ignorant. Il se dit que cette inconnue, blessée et muette, avait un bien mauvais caractère ; mais il ne lui en voulut pas, se disant qu'elle avait certainement été traumatisée par les précédents évènements, et qu'il ne fallait pas trop lui en demander. Le jeune garçon fouilla quelques instants dans un bac avant d'en sortir un cache-œil étrangement décoré, et de le tendre à la blessée.

- Porte-le sur ton œil jaune. Ça vaut mieux.

Anthémis savait que son œil ne plairait pas à de simples habitants de Lunaria qui n'avaient probablement encore aucune idée de ce qui se tramait du côté d'Ibai ; voir une couleur si vive se dégager de son iris ne pourrait que les intriguer, voire les apeurer, et l'idée du cache-œil était bonne. Elle prit entre ses mains le bout de tissu et en observa les motifs. Il était rond, épousant parfaitement la forme de ses orbites oculaires ; son centre était décoré d'un cercle orangé, rappelant le soleil, et entouré du côté gauche par quatre rayons rougeâtres. Ce motif lui fit directement penser au drapeau d'Hodei, dont le symbole, aussi appelé le Temporel, était un rond cerclé par trois rayons de soleil du côté gauche et séparé d'un croissant de lune du côté droit.

Anthémis porta à son visage le cache-œil, passa le cordon cousu par-dessus autour de son oreille gauche et replaça correctement l'extrémité sur le haut de son nez, comme des lunettes. Elle n'était pas sûre que cet accessoire passe inaperçu, mais après tout, les habitants de Lunaria ne pouvaient pas se douter de ce qui se cachait réellement sous son cache-œil.

Après quoi, elle suivit Edel dans un étroit couloir négligé, où la poussière et les toiles d'araignées se confondaient avec la couleur grisâtre du mur. Quelques minces fenêtres laissaient, à son passage, Anthémis apercevoir un petit bout de Lunaria, mais elle n'en vit pas beaucoup et fut contrainte de continuer la route jusqu'à ce qu'elle jugea être la porte d'entrée menant au deuxième bâtiment dont lui avait parlé Edel. Ce dernier ouvrit et laissa Anthémis passer, avant d'entrer à son tour et de fermer la porte derrière lui. La pièce dans laquelle ils se trouvaient était bien plus éclairée et bruyante que ce que la jeune fille avait l'habitude de voir. Deux longues tables s'étendaient sur pratiquement toute la largeur de la salle, et une bonne dizaine de personnes, pour la plupart d'âge moyen, étaient assises sur de petits tabourets et discutaient joyeusement autour d'un pourtant maigre repas. Des ampoules, maintenues au plafond par quelques fils électriques, permettaient d'éclairer suffisamment la pièce, bien que la luminosité fût d'un jaune assez déplaisant.

- Ici, c'est la pièce commune, qu'on partage avec les autres habitants du bâtiment, expliqua Edel. Tu as faim ? On doit bien avoir un petit quelque chose en rab.

La jeune fille se contenta d'observer les gens l'entourant sans rien dire. Pourtant, Edel remarqua qu'elle s'était rapprochée de lui et que son œil exprimait l'inquiétude, comme si elle se méfiait de tous ces inconnus dont les discussions parallèles provoquaient un véritable brouhaha dans l'enceinte de la pièce.

- Ne t'inquiète pas, ils ne te feront pas de mal, essaya-t-il de la rassurer.

Il la prit par le bras et la mena jusque dans ce qui sembla être à Anthémis une cuisine. Sur une table, Edel trouva une miche de pain, un fond d'eau dans une carafe de verre et quelques fruits. La jeune fille continuait de se méfier, mais la faim l'obligea à s'emparer d'une pomme et d'en croquer la chair avec avidité. Le goût sucré et acide vint lui régaler les papilles, le jus coula le long de sa gorge qui jusqu'à présent était sèche ; cela sembla lui débloquer quelque chose, et elle se demanda si elle n'avait pas retrouvé la voix, mais ne préféra pas parler pour l'instant. Elle savoura chaque bouchée jusqu'à la dernière avant de mordre dans la miche de pain et de tout manger en un temps record ; elle avait eu le ventre creusé par toute cette agitation. Ce petit en-cas fini, Edel lui demanda :

- Tu as réfléchi à ce que tu comptais faire, maintenant que tu es réveillée ?

Anthémis marqua une pause, se rendant compte qu'elle n'avait nulle part où aller maintenant qu'Ibai était devenu dangereux. Elle baissa le regard, et le jeune garçon en conclut qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle pourrait se réfugier.

- Tu peux rester quelques temps à l'infirmerie, jusqu'à ce que tu saches où aller.

Elle hocha la tête doucement, tout de même inquiète. Il y eut un petit moment de silence, jusqu'à ce qu'Edel le coupe en déclarant :

- Viens, je vais te faire visiter Lunaria. Tu es déjà venue ici ?

Anthémis fit « non » de la tête ; le garçon sourit doucement mais la prévint qu'il devrait partir au travail juste après, et qu'elle avait tout intérêt à essayer de retenir le chemin de l'infirmerie jusqu'au centre de Lunaria si elle ne voulait pas se perdre quand il devrait la quitter. Elle hocha de la tête une seconde fois, même si elle n'avait aucunement envie de retourner dans cet endroit sinistre infesté d'inconnus qui ne lui inspiraient pas la moindre once de confiance.

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