Perdu

Je déambulais non loin de la cathédrale gothique de Barcelone lorsque mon attention fut attirée par un groupe de touristes étranges. Quand je revins à moi, je voulus partager mes émotions avec Raphaël, mon ami. Je me retournai vivement mais le groupe avait disparu. Seul, j'étais seul!

Je restais là, un moment, sans vraiment comprendre ma situation. Je regardais la grande flèche de quatre-vingts mètres couronnée de la statue de St-Hélène. Puis je me mis à marcher mais mes pieds me tiraient en arrière. Je ralentissais, j'avais la boule au ventre et les mains moites. J'arrivai devant la porte d'un cabaret ouvert en 1897 qui servait aussi de brasserie où certains artistes catalans dont Pablo Picasso se rendaient. Cela me rappela que j'avais faim et soif. A supposé que je me retrouve, ça aller barder pour mon matricule.

Ensuite, je descendis vers la nécropole romaine, un ensemble de quatre-vingt-quinze tombeaux datant des années 300 à 400 abritant un trésor. Là, je repris mon souffle, je mourais de fatigue.

Je décidai alors de me diriger vers l'endroit où je m'étais perdu pour voir si le groupe était venu m'y chercher, je tournai donc deux fois à droite mais le groupe ne revint pas et je me faisais du mauvais sang pour mes parents qui devaient s'inquiéter. La chair de poule envahissait mes pieds et montait le long de mon corps. Je glissai dans l'humidité d'une ruelle sombre en cette heure tardive. Là, j'aperçus une porte en arc de cercle murée, deux grilles l'entouraient sur ce mur de pierre. C'était la maison de l'alchimiste qui avait tué sa fille. Aussitôt,ma gorge se noua. Mon cœur devait s'entendre à dix kilomètres à la ronde.

Je m'assis. J'examinais la situation sous tous les angles. J'étais perdu dans une ville inconnue dans le quartier gothique et je n'avais pas beaucoup d'argent. Je me relevai et marchai. Je boitai à présent. Je ne savais plus quoi penser. Allais-je finir le reste de mes jours ici avec les pauvres? Allais-je retrouver mes parents, ma famille, mon groupe? Pour le savoir, il fallait que j'avance.

J'arrivai sur la place Réal sur laquelle est installée une fontaine centrale appelée les Trois Graces. Les deux luminaires qui l'entourent étaient signés Antoni Gaudi. Ensuite j'arrivai à un carrefour.

Maintenant, sur la Rambla, j'étais pétrifié ! Je tremblais de peur! Je hurlais de terreur! Je bousculai les gens dans la foule.

Et soudain, c'est là que je les vis, ils étaient là à cinquante mètres, me faisant des signes de main en souriant, devant le monument à Colomb, qui me les montrait du doigt de sa grande tour de soixante mètres, ses lions rugissant, mais eux aussi partagaient ma joie. Je pleurais de bonheur, je me sentais plus léger. J'essayais de ne plus penser à ça mais le groupe me harcelait de questions. Sain et sauf, j'étais sain et sauf!