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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑 - 𝐅𝐨𝐮𝐭𝐮e𝐬 𝐝𝐫𝐚𝐠é𝐞𝐬

Si on m'avait dit un jour que je trierais des dragées avec mes pires ennemis, je ne l'aurais certainement pas cru. Et pourtant...Nous étions arrivés depuis à peine trois heures dans la résidence secondaire des Castellacs, que déjà je me sentais exploitée.

Assis dans ce salon où tout, jusqu'aux lambrissures étaient exagérés, nous étions forcés de coopérer pour trier une montagne de bonbons colorées - un des rares choix que ma mère avait pu faire concernant son mariage. Tout le reste, jusqu'à la couleur du glaçage du gâteau avait été choisi par Castellac Père - à croire qu'il avait géré ce genre de cérémonies toute sa vie.  Au moins, maintenant, j'en étais sûre : ce petit séjour n'était rien d'autre qu'un prétexte pour me faire accepter leur union, ou pire, m'y faire prendre part contre mon gré.

— Putain de bonbec, gronda Alexandre, à bout de patience, je comprends même pas pourquoi on est obligés de se taper le sale boulot ! Papa a qu'à le faire lui, tiens !

Nash leva les yeux au ciel. Il avait ce calme apparent qui avait le don de me perturber, la même sérénité que ce soir-là, face au canal. Ce type était capable de regarder quelqu'un mourir sans sourciller et je ferai bien de m'en rappeler parce que dans quelques semaines, il deviendra mon demi-frère. Je déglutis difficilement et ses iris croisèrent les miennes. Froides, glaciales, elles me perforèrent de l'intérieur. Il esquissa un de ses fameux petits sourires narquois et je me reconcentrais sur mes sachets de soie.

— J'me casse, j'en ai marre de ces conneries ! ragea Alexandre en reculant sa chaise violemment pour se lever.

La porte-fenêtre claqua derrière nous, mais Nash ne cilla pas. Il resta là, imperturbable, à me fixer alors que je faisais tout pour l'ignorer. 

— Tu pourrais essayer de faire un effort, tu sais, lança-t-il d'une voix tranchante. 

Je levai les yeux vers lui, furieuse. Qu'est-ce qu'il en savait de mes efforts ? Ce n'était pas lui qui se voyait dépossédée de sa mère et de sa vie en une seule décision.

— Pourquoi t'irais pas faire chier ton frère dehors, hein ?    

Il haussa les épaules, indifférent à ma provocation avant de reprendre son offensive. 

— Je pensais pas que t'accepterais de passer tes vacances avec nous.

J'abandonnais le sachet de dragées que j'étais en train de martyriser pour poser mes mains à plat sur la table en chêne. J'avais besoin de savoir que je pouvais m'accrocher à quelque chose de solide dans le cas où cette discussion tournerait mal. Et par ça, j'entendais que les bonbecs risquaient bien de finir en projectiles. Ou pire. 

— J'ai pas vraiment eu le choix en fait, répondis-je en roulant des yeux. 

A en croire l'étincelle malicieuse qui dansait dans ses iris, il le savait déjà. Il inclina la tête, satisfait de ma réponse.

— Tu devrais essayer de te détendre un peu... Ça pourrait être pire que ça... Je sais pas, on pourrait être en train de préparer un enterrement...

L'enfoiré ! Je serrais les dents pendant que l'orage continuait de gronder dans mon cœur. Aller sur ce terrain-là alors qu'il savait que ça me détruirait était vraiment bas, mais j'en aurais pas attendu moins de lui. 

— Est-ce qu'on pourrait juste se contenter de finir de trier ces trucs ? 

Je le vis sourire, sans réussir à déchiffrer la nouvelle émotion qui s'était invitée dans les traits de son visage. 

— Bien sûr, murmura-t-il, les mains levées en signe de trêve. Après tout, on peut faire tout ce que tu veux, Amélie. 

Tout. Il s'humidifia les lèvres et je ne pouvais pas m'empêcher de suivre le mouvement de sa langue. Mon cœur s'emballa alors que je réalisais que cet échange prenait une tournure que je n'avais pas anticipée. Il s'approcha assez de moi pour que je puisse sentir son parfum, un mélange de bois et d'agrumes qui me fit perdre un instant mes esprits. 

— Fais gaffe, t'as un peu de bave là, souffla-t-il en essuyant le coin de ma bouche.  

Je reculais d'un bond sur ma chaise, animée par la confusion et la colère. Comment osait-il me toucher ? Je le détestais et, en même temps, je ne pouvais pas ignorer les picotements qui dansaient sous ma peau, là où il avait posé ses doigts. Je secouais la tête. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? C'était exactement ce qu'il voulait, me déstabiliser, me prendre pour proie. 

La porte d'entrée s'ouvrit alors que j'essayais de reprendre contenance. Maman et Stefan entrèrent dans le salon, les bras chargés de victuailles et le temps que je tourne la tête pour les saluer, Nash s'était éloigné à l'autre bout du salon, indifférent à ce qui venait de se passer. 

— Oh, vous avez bien avancé avec les dragées ! constata maman. Nous on a fait des courses pour un régiment et on est passé voir l'avancée des guirlandes de fleurs comestibles pour le mariage.

J'observais la scène, incapable de réagir face à tant de niaiseries et cela n'échappa pas à Nash qui se dirigea vers ma mère pour la débarrasser de ses sacs Kraft, un sourire à faire fondre les cœurs scotché aux lèvres. Qu'est-ce qu'il pouvait m'énerver à faire le beau-fils modèle ! Il avait ce don pour transformer chaque instant en un spectacle de faux-semblants. Spectacle que j'étais forcée de regarder et qui soulignait encore un peu plus à quel point je n'étais qu'un accessoire dans cet arrangement. 

Mes yeux se posèrent sur la pile de bonbons qui attendaient encore devant moi. Si seulement j'avais pu trier mes émotions aussi facilement, les ranger dans des petits sachets, les oublier au fond d'un tiroir... Un sourire sarcastique creusa mes joues à cette pensée et se fana à la minute où maman s'adressa à moi.  

— On va préparer le dîner, tu viens nous aider ? Stefan a quelques recettes secrètes dans ses tiroirs et il aimerait les partager avec nous. Oh, poursuivit-elle rêveuse en sautillant sur place, qu'est-ce que j'aime cet endroit, ça me rappelle les vacances de mon enfance !

Nash, qui entre temps avait rangé les courses, pouffa de rire, sans doute amusé par mes grimaces que je pensais discrètes. Entre jouer aux apprentis cuistos ou me le coltiner une seconde de plus, le choix était vite fait. Je me levais, sans un regard dans sa direction et me dirigeais vers la cuisine où Stefan s'affairait déjà autour du plan de travail, une toque de chef perchée sur la tête et un tablier blanc noué autour de la taille. Bon sang, pourquoi est-ce que tout dans cette famille devait être théâtral ! 

— Ah, Amélie ! Parfait, viens ici et aide-moi, lança-t-il en me désignant une planche à découper. J'ai besoin de ton aide pour couper les légumes.

Je m'approchais de la table sans broncher et suivis ses instructions. Après quelques minutes, mes gestes répétitifs et le bruit de la lame contre le bois apaisèrent le chaos dans ma tête. Je ne savais pas ce qu'on préparait et je me fichais bien de le savoir, mais alors que j'essayais de rester concentrée sur ma tâche, Stefan se mit à me parler de ses expériences passées en cuisine et de la manière dont chaque plat avait une histoire. J'étais à la fois fascinée et agacée par son enthousiasme. A l'entendre, ce type avait vécu quinze vies en une. Il savait tout faire et avait tout vu du monde. 

— T'es efficace ! fit-il remarquer par-dessus mon épaule à un des rares moments de son monologue où il se rappelait de respirer. 

Je fronçais les sourcils. Était-ce encore une tactique pour m'amadouer ?  Leur mariage était prévu dans deux semaines et ma présence ici était clairement un moyen pour eux de prouver que nous étions une famille unie. Mais rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. Nous n'avions rien d'une famille assortie et rien de ce que nous allions vivre dans ce palais de privilégiés se rapprocherait un tant soit peu du mot "vacances". 

Stefan avait dû remarquer mon inquiétude parce qu'il posa sa main sur mon épaule. Je frissonnais. Décidemment, c'était un truc de famille chez eux de créer des malaises !

— Tout va bien ? demanda-t-il avec une douceur sincère.

Je me contentais de hocher la tête, même si l'espace d'un instant, je m'étais imaginée tout lui déballer, là, au beau milieu de cette comédie culinaire qui me dépassait. 

— Oui, ça va, c'est les oignons. Ils piquent.

Il éclata de rire, ce qui rameuta aussitôt maman dans la cuisine et comme pour m'épargner, il changea de sujet de conversation, passant alors à des anecdotes amusantes de son enfance. J'écoutais distraitement, toujours occupée avec mes légumes pendant que la cuisine se remplissait de l'arôme des plats mijotés. 

— Quand elle était plus jeune, Amélie mangeait ses tubes de colle à l'école jusqu'au jour où la maîtresse m'a téléphoné pour me raconter qu'elle avait attaqué ceux de la réserve et que son "addiction" devenait un problème... 

L'évocation de mon prénom dans la conversation changea la donne. Je relevais la tête, les joues rosies par la honte. Comment osait-elle partager un truc aussi embarrassant avec eux ! 

— Dis donc, t'étais déjà pleine de créativité en fait ! commenta Stefan, hilare. 

Où juste une gamine qui savait pas quoi faire de ses nerfs après avoir entendu ses parents se disputer toute la nuit dans la chambre d'à côté. 

Je n'arrivais même plus à faire semblant de sourire bêtement pour me fondre dans leur bulle de bonheur. J'avais l'impression que tout le monde ici se payait ma tête et me prenait pour une petite fille stupide. La voix masculine qui s'éleva ensuite dans la pièce acheva de me retourner l'estomac. Depuis combien de temps était-il là ? 

— Ah ouais, alors comme ça, tu suçais des pots de colle ?

Son corps longiligne et athlétique était adossé avec une nonchalance calculée contre la chambranle de la porte. Il me transperçait de ses yeux noir et l'éclat qui brillait en leur centre était sans équivoque. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes tempes, pulsant à l'unisson avec le silence, presque magnétique qui régnait maintenant dans la pièce. Je secouais la tête. Je ne le laisserais pas capturer mes pensées de la sorte. Je ne le laisserais pas être le centre de mon monde.

Je plantais le couteau que j'avais en main dans la planche à découper avec une rage sans nom et quittait la cuisine pour aller me réfugier sur la terrasse. La fraîcheur de la fin de journée me dévora de l'intérieur et je regrettais d'être sortie sans veste. Mais surtout, je regrettais d'être passé devant lui sans avoir pu lui balancer mon poing dans la figure. Je pris de petites bouffées d'air en espérant que ça m'aide à calmer ce sentiment d'insatisfaction et de rage qui bouillonnait dans mes veines, mais mes tentatives furent vaines. Je n'arrêtais pas de revoir cette expression de plaisir s'étirer sur joues. Je n'arrêtais pas de le revoir prendre l'avantage sur moi. Il gagnait, à chaque fois. 

La porte-fenêtre s'ouvrit dans un grincement derrière moi et je sursautais. Je me retournais juste assez pour apercevoir la chemise à carreaux de Stefan. 

— Tiens, enfile ça, tu vas tomber malade, m'ordonna-t-il en me tendant ce qui me sembla être un de ses sweats. Tu permets que je m'assois avec toi ?

Sa ténacité m'étonnait. Je n'avais jamais été correcte avec lui, pourtant, il s'adressait toujours à moi avec le plus grand respect. Mieux, il me parlait comme à une adulte. Et c'était quelque chose à propos de lui que j'appréciais. Au moins une chose, pensais-je tout bas.

— Tu devrais pas trop te vexer pour Noah... Lui aussi il en a fait des belles quand il était gosse, tu sais ! Lui plus que n'importe qui d'ailleurs...

Je tournais la tête vers lui en remarquant que son regard s'était perdu au loin. Je me demandais ce que tout ça sous-entendait. Il prenait toujours cet air mystérieux quand il s'agissait de son aîné.

— Ah ouais ? J'imagine que ça a quelque chose à voir avec la cure dont vous parliez la dernière fois ?

Il se frotta les mains.

— Oui... J'ai pas pu l'empêcher de mettre son nez là où il fallait pas... Quand on est jeune, on ne réfléchit pas, on pense à l'argent facile, aux opportunités et puis, du jour au lendemain, on se retrouve accroc et avec des problèmes que même les adultes les plus chevronnés ne voudraient pas avoir à gérer.

Je pinçais mes lèvres. J'avais terriblement froid d'un coup.

— J'imagine que ça devait pas être facile pour...votre famille... Surtout avec le départ de votre ex-femme.

Son regard douloureux se perdit de nouveau au-delà du petit bosquet qui entourait la propriété et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'il avait vraiment l'air malheureux.

— C'est sûr que ça non plus ça n'a pas arrangé les choses... Nos relations n'étaient plus les mêmes après cet incident... C'est peut-être pour ça qu'elle est partie cette nuit-là...

— Vous ne l'avez plus jamais revu ensuite ? Je veux dire, elle est partie et...c'est tout ? demandais-je en trébuchant sur mes mots.

Il ne sembla pas contrarié par mon insistance, au contraire.

— Elle n'a rien laissé derrière elle, pas même une ombre... C'est ce qui se passe parfois dans un couple... On ne peut pas vraiment expliquer pourquoi une personne décide de partir. Un jour elle est là et le lendemain, elle s'évanouit, sans laisser la moindre trace de son passage.

Le silence s'installa entre nous, seulement interrompu par le doux bruissement des feuilles dans le vent. Je pouvais sentir la tristesse et la perte dans les paroles de Stefan. Il avait vécu une expérience similaire à la nôtre. Mon cœur se serra en pensant à mon père.

— Je... je suis désolée, murmurais-je dans un souffle. Je sais ce que c'est de voir quelqu'un partir sans explications.

— C'est gentil de ta part, Amélie et ça me touche beaucoup, mais je ne tiens pas à ce qu'on continue de pleurer sur le passé... Je vais tourner cette page, avec ta mère et rien ne me ferait plus plaisir que de te savoir heureuse pour nous, même si je sais que c'est peut-être beaucoup demandé et que je ne remplacerai jamais ton père.

— Ce n'était pas ce que j'attendais. Tout ce que je veux, c'est que maman se sente bien...

Il fronça les sourcils.

— Et tu ne crois pas que pour qu'elle se sente totalement bien, toi aussi, tu dois te sentir bien ? Elle me parle beaucoup de toi et ça lui fait mal...Cette distance que tu mets entre toi et elle...entre nous. Je sais que mes fils peuvent être peu...enfin, ils sont comme ils sont, mais, eux aussi, ils cherchent une famille. Et on peut en devenir une, ensemble.

L'incertitude coula en moi. Je ne savais pas comment réagir à ses paroles, à cette proposition. Une partie de moi voulait y croire, voulait retrouver cette chaleur familiale que j'avais perdue depuis la disparition de mon père. Mais une autre partie de moi avait peur. Stefan avait beau avoir l'air sincère, il n'arriverait pas à me faire gober que ses fils l'étaient aussi. Une boule d'angoisse se forma alors dans mon ventre.

— Je crois juste que...qu'il me faut du temps.

Un nouveau silence s'installa, comme si nous avions tous les deux reconnu l'importance de cette conversation. 

— Je respecte ça, dit-il finalement. On ne peut pas forcer les choses, et je ne veux pas te mettre mal à l'aise, mais tu ne peux pas rester toute ta vie en colère contre nous... 

Pourtant, j'avais toutes les raisons du monde de leur en vouloir, mais il y avait un point sur lequel il n'avait pas tort : je ne pouvais pas rester éternellement braquée et encore moins contre les mauvaises personnes. Si je voulais trouver un moyen d'aider Zayn et Niall, j'allais devoir coopérer un minimum avec mes deux ennemis jurés et ce mariage, bien que détestable, allait m'en donner l'occasion rêvée. 

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