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Peinture sur Cœur (HyunIn, Partie 2 TW: Mature)

Style: Romance, UA Non Idoles, Two-Shot

Pairing: HyunIn

11 040 mots (2ème partie)

Résumé:

L'étrange attraction que ressent Hyunjin pour Jeongin dépasse largement celle d'un simple artiste envers son possible modèle. Il en a conscience, mais est-ce vraiment grave?


( NdA: Contenu Mature, merci d'en être conscient lors de votre lecture!)


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Le chemin jusqu'à l'hôtel fut bien plus calme que la sortie du restaurant.

Étrangement, Hyunjin se sentait apaisé. Il venait pourtant d'affronter une horde de curieux, prêts à tout pour attirer son attention et obtenir une photo de lui exclusive. Pourtant, il ne paniquait pas. D'ordinaire il aurait senti une pointe d'inquiétude. Savoir son nom révélé, savoir qu'on contactait ses proches ou sa famille, tout ça lui paraissait bien gênant pour sa tranquillité...

Peut-être était ce grâce à la main de Jeongin dans la sienne ?

Depuis qu'ils avaient quitté le restaurant et ôté leurs masques, leurs mains s'étaient de nouveau jointes dans la voiture. Le barman avait été surpris et arrivait à relativiser. Il avait été sidéré d'apprendre la réelle identité de Hyunjin, mais il était composé et ne s'était nullement rué sur son téléphone pour prendre une photo et en parler à ses amis. Jeongin était resté lui même, avec son grand sourire et son air parfois mélancolique. C'était quelque chose que l'artiste ressentait bien trop souvent à son goût et dont il était hélas familier : les prémices de lorsqu'il tombait sous le charme de quelqu'un, de ses habitudes et de ses mots. Jeongin était un garçon de son âge, à la vie difficile et aux responsabilités trop grandes pour ses épaules. Mais il restait joyeux. Constamment.

« Pourquoi souris-tu autant ? » demanda t-il alors que leur voiture ralentissait à l'approche de l'hôtel. Il n'y avait que peu de monde à cette heure ci sur le parvis du bâtiment. Le barman semblait se figer l'espace de quelques secondes, avant que son sourire finisse par décroître lentement. « Tu as toujours l'air si joyeux alors que tu subis tellement de chose... »

« Il paraît que je suis intimidant si je ne souris pas. » répondit Jeongin sans le quitter des yeux. Sa beauté juvénile criait lorsque son visage n'était plus figé dans un sourire éternel. Tel un adonis, il pouvait sembler vénéneux ou dangereux. Mais en rien il perdait cet attrait qu'éprouvait Hyunjin pour lui.

« Probablement. » murmura l'aîné des deux en esquissant un sourire pour une fois. « Mais ça te va bien aussi. »

Jeongin était étonné, Hyunjin pouvait le deviner rien qu'en voyant ses sourcils se soulever. Pourtant, ses doigts se refermèrent sur ceux de l'artiste sans hésitation, caressant avec tendresse la chair de sa main pour le rassurer de sa présence.

Une fois la voiture arrêtée, le cœur tambourinant dans sa poitrine, Hyunjin hésita quelques secondes. Laissant ses yeux naviguer sur le visage anguleux de son cadet, il fut pris en flagrant délit par un sourire amusé de Jeongin quand ses yeux s'attardèrent sur les lèvres de ce dernier. Il aurait aimé trouver la force de glisser un baiser sur la joue du barman, de lui dire qu'il avait hâte de le retrouver. A la place, il serra une dernière fois les doigts de Jeongin dans les siens avant de reprendre la parole :

« Merci pour cette soirée. Je te contacte demain pour le contrat. Et je vais dire au chauffeur de te ramener chez toi, d'accord ? »

« Tu n'es pas obligé Hyunjin. » répondit le jeune homme en se mordillant la joue. « Je peux prendre le métro, tout va bien, tu m'as déjà offert le meilleur restaurant de toute ma vie, je... »

« ça me fait plaisir. »

Coupé court, Jeongin ne put qu'accepter la proposition. Ils finirent par relâcher leurs mains et Hyunjin donna ses instructions au chauffeur avant de quitter le véhicule. A travers les fenêtres teintées, il ne pouvait même pas voir la silhouette de Jeongin, mais il espérait sincèrement que ce dernier rentre bien chez lui et profite de sa soirée en compagnie de son petit frère. Accompagné de son garde du corps, de l'excitation de ce nouveau projet qui commençait à mûrir et de la joie de la soirée en tête à tête avec Jeongin, l'artiste avait le cœur léger. Éternel romantique, il savait que ce n'était pas sérieux de s'approcher de ses modèles, mais quelque chose lui murmurait à l'oreille que tout pouvait être différent. Il entra dans le hall de l'hôtel et grimpa dans l'ascenseur avant de sentir son téléphone portable vibrer dans sa poche. Impatient à l'idée de voir un message de la part de Jeongin, il sentit cependant son cœur se dégonfler dans sa poitrine en voyant le nom de son manager barrer la fenêtre d'appel. Après quelques secondes d'hésitation, il se décida à décrocher.

« Hyun, bon dieu tu peux m'expliquer qu'est ce que c'est ce merdier ?! » entendit-il vociférer à l'autre bout du téléphone la voix rauque de son manager. Le pauvre trentenaire avait déjà plus qu'un cheveux blanc à force de s'occuper du dossier de Hyunjin vu la quantité de controverse à travers laquelle l'artiste se retrouvait régulièrement. Mais pour une fois, le jeune homme n'avait aucune idée de quoi son manager parlait.

« Qu'est ce qu'il t'arrive Seulong ? » demanda t-il en même temps qu'il sortait de l'ascenseur pour arriver à ses appartements privés. Il ne rêvait que d'un bon bain.

« Ce qu'il m'arrive ? Ce qu'il m'arrive Hyun ? Ce qu'il m'arrive c'est que je ne pensais pas que cette réservation dans un restaurant était fait pour toi et ton petit ami ? »

Surpris, Hyunjin s'arrêta en plein milieu du couloir. Conciliant, son garde du corps le guida pour qu'il aille dans sa chambre et soit ainsi à l'abri des regards indiscrets. Le jeune homme ne trouva rien à redire : son esprit était complètement vide et il peinait à croire ce que son manager disait. Quand la porte de sa chambre claqua dans son dos, il reprit pied.

« Je n'ai pas de petit ami. » déclara t-il simplement à Seulong, qui soupira longuement.

« Écoute, il y a des dizaines de photos de toi qui circulent avec un garçon qui te tient par la main à la sortie du restaurant. Je ne sais pas par quelle présence d'esprit vous deux portiez un masque, mais les spéculations vont bon train. C'est la folie sur les réseaux, et j'ai les communautés LGBT qui commencent déjà à m'envoyer des mails pour des interviews et... »

« Seulong, calme toi tu vas faire un arrêt cardiaque. » l'interrompit Hyunjin en soupirant. Il se moquait de l'image personnelle qu'il pouvait faire véhiculer pourvu qu'on respecte son travail d'artiste. Mais impliquer Jeongin dans cette histoire était un défi qu'il n'avait pas envie de relever. Le jeune homme n'avait pas besoin de ça. « Laisse tomber ces histoires, la rumeur va s'essouffler d'elle même dans quelques jours. »

« J'ai besoin de te rappeler qu'on est en Corée du Sud ou pas ? » demanda le manager d'une voix épuisée. « Tu vas avoir toutes les associations conservatrices sur le dos. »

« Comme si ça changeait par rapport à d'habitude. » rétorqua Hyunjin qui s'assit sur son lit lourdement. « Établis plutôt un contrat, j'ai trouvé mon modèle pour Kumiho. »

Le silence qui accueillit la déclaration de Hyunjin en disant long. Seulong n'approuvait pas, mais il ne pouvait pas aller contre sa volonté. Ce manager était le seul de confiance qui était là depuis les débuts de l'artiste dans les hautes sphères, et même s'il était un enfant terrible, Hyunjin appréciait le travail qu'effectuait son manager jour après jour. Après un très long soupir, il entendit de nouveau son aîné prendre la parole :

« C'est lui ton modèle ? Tu as parlé de la rémunération ou bien des tenants et aboutissants ? »

« Mets la plus haute rémunération possible. » déclara Hyunjin sans hésiter. « Et ajoute toutes les clauses. »

« Je ne suis pas d'accord avec ça, tu en as conscience ? » demanda Seulong d'une voix défaitiste.

« Il s'appelle Yang Jeongin. » continua l'artiste en préférant ignorer la remarque de son manager. « Transmet moi ça par mail dès que possible, je voudrais qu'il signe demain au plus tard. »

Conscient de ne pas être très tendre avec Seulong, il se promit de se faire pardonner dès que possible. Il lui souhaita tout de même une bonne soirée avant de raccrocher avec lui. Se retrouvant avec lui même dans sa chambre d'hôtel, Hyunjin crut que son cœur allait se décrocher de sa poitrine en voyant une notification de message sur son téléphone.

정인 (21h34)

Ce restaurant était incroyable, merci beaucoup pour l'invitation ! La prochaine fois, c'est moi qui t'invite.

Sans pouvoir lutter, le sourire de Hyunjin s'étira sur son visage. Jeongin était tout de même quelque chose. Au delà de tout, il semblait comprendre le besoin viscéral de l'artiste à avoir un semblant de normalité. Les actes de Hyunjin dépassaient bien souvent ses prévisions et il voulait aider ceux qu'il pouvait, à sa manière. Mais parfois, l'appel d'être un jeune homme de son âge était bien trop fort. Avec Jeongin, il avait eu un instant de répit. C'était court, mais agréable.

Abandonnant son téléphone, l'artiste se déshabilla pour prendre un long bain dans sa salle de bain. Il prit le temps de répondre au message de son cadet une fois couché dans son lit et laissa la notification active de son manager qui lui avait envoyé le contrat qu'il comptait passer avec Jeongin.

Il espérait sincèrement qu'il allait accepter.

Le lendemain, Hyunjin se réveilla et prit le temps de déjeuner dans sa chambre. Il reçu un message du barman dans le milieu de la matinée lui demandant s'il était possible de le voir avant son service car il terminait tard ce jour là. L'artiste appela donc son manager pour décaler un rendez-vous avec un client privé qu'il devait rencontrer sur l'heure du déjeuner avant d'accepter la demande de Jeongin. Après avoir laissé sa chambre au bon soin du personnel de l'hôtel, Hyunjin envoya son garde du corps aller chercher son cadet pour le faire monter dans son salon privé, armé de son contrat fraîchement imprimé et d'un stylo.

A l'intérieur de lui, l'artiste sentait deux émotions contradictoires. D'un côté l'appréhension de la réponse de Jeongin, savoir si oui ou non il voulait s'embarquer dans un projet pareil. De l'autre, la joie simple de retrouver le jeune homme. Depuis qu'il l'avait interpelé et qu'ils passaient du temps ensemble, Hyunjin se sentait différent dans le bon sens du terme. Il partageait quelque chose d'important avec quelqu'un de son âge, un lien étrange qui s'était soudé entre eux en quelques jours. L'artiste savait qu'il était faible et qu'il tombait facilement pour les gens, mais Jeongin était un garçon trop plaisant et trop touchant pour faire l'impasse. Il en voulait plus.

Alors assis dans un des fauteuils de son salon privé, à la vue imprenable sur Séoul, Hyunjin sursauta en entendant la porte de la pièce s'ouvrir. En tournant la tête, il découvrit Jeongin, habillé encore de ses vêtements de ville. Le jeune homme portait encore un masque avant de l'enlever, dévoilant un grand sourire à l'artiste qui sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.

« Salut, désolé de venir aussi tôt, tu devais avoir déjà quelque chose de prévu j'imagine. » lança le jeune homme en s'avançant tout en observant la pièce autour de lui. Le fait de travailler dans l'établissement devait être moins impressionnant pour lui que la veille, à aller dans un restaurant de luxe.

« Ne t'en fais pas, rien d'important. J'ai décalé sans aucun problème. » répondit Hyunjin en invitant son cadet à s'asseoir. Lorsque ce dernier s'exécuta, il posa son sac sur le sol et observa d'un œil curieux le contrat déjà sur la table, ainsi que l'ordinateur portable que l'artiste avait déjà préparé. « Merci à toi surtout de considérer la proposition, j'ai conscience que c'est quelque chose de difficile quand on est pas dans le milieu. »

Jeongin semblait plutôt détendu en réalité. Pourtant, Hyunjin nota une légère différence par rapport à la veille. Le jeune homme ne semblait plus se forcer à sourire sans cesse. Il était certes plus intimidant, mais il ne perdait en rien de sa douceur. En posant ses yeux sur les mains du barman, il pouvait tout de même voir que le garçon jouait avec les ongles de ses pouces.

« Si quoi que ce soit te gêne dans le contrat ou dans le projet, je ne t'en voudrais pas de refuser. On peut continuer à se voir comme on le fait actuellement si l'envie t'en dis. » continua Hyunjin pour tenter d'apaiser son cadet.

« Tu fais toujours ça pour tes modèles ? » demanda abruptement Jeongin en déglutissant. L'aîné sentait sa nervosité aussi il comprenait cette réaction.

« Qu'est ce que tu sous-entends par « ça » ? » questionna alors l'artiste, une légère boule dans le ventre.

Encore une façade. Jeongin laissa tomber le voile de l'assurance assez longtemps pour que Hyunjin puisse capter sa nervosité et ses doutes. Parfois, il oubliait à quel point les sentiments humains pouvaient être fragiles. Il pouvait se perdre dans la contemplation d'œuvres d'art des heures durant sans se poser de question et faire abstraction de la moindre émotion. Mais face au visage plein de doute de Jeongin, le cœur de l'artiste se fendit légèrement dans sa poitrine.

« Tout « ça »... » murmura alors le barman en observant tout autour de lui. « La parlotte, le numéro de téléphone, le restaurant... Est ce que... »

« Je t'arrête tout de suite, ce n'est pas le cas. » répondit Hyunjin avec une envie irrépressible de prendre les mains de son cadet dans les siennes. « Mes modèles sont recrutés d'ordinaire par des castings et je t'entretiens que peu de rapport personnel avec eux. »

« Alors pourquoi moi ? » demanda Jeongin d'une voix presque étranglée par l'émotion. « Pourquoi me proposer à moi une chose pareille ? Tout ça me semble si inaccessible et lointain comme monde, je n'ai pas ma place dedans. Ni à côté de toi. »

Même s'il ne connaissait pas bien Jeongin, il était facile pour l'aîné des deux de comprendre ce qu'il pouvait ressentir. Sans connaître sa réelle identité, peut être le barman s'était il laissé prendre aux jeux. Quel risque que de flirter avec un garçon à peine plus âgé que soit et riche à ne plus en pouvoir ? Mais lorsque ce dernier était une figure emblématique de luttes sociales et qu'il était connu comme une célébrité à travers le monde, alors comment réagir ?

« Dès que j'ai posé mes yeux sur toi, j'étais intrigué. » reprit l'artiste de la voix la plus ferme qu'il pouvait. « Quelque chose en toi résonnait et je voulais savoir quoi. Quand j'ai appris la situation dans laquelle tu te trouvais je voulais t'aider toi et ton frère. Et du peu que je connaissais de toi, je savais que te proposer un don purement altruiste n'allait pas être accepté. »

Rien qu'à la moue boudeuse des lèvres du barman, Hyunjin savait qu'il avait touché juste. Si ça n'avait été qu'une question d'argent, l'histoire aurait pu se régler en un clin d'œil. Mais Jeongin avait sa fierté.

« Je veux te peindre depuis que je t'ai vu, et tu as besoin de gagner de l'argent. Le compromis est tout trouvé pour moi, à condition que le projet te convienne. » reprit Hyunjin avant de se pencher en avant. Il présenta sa main ouverte, la paume vers le haut pour accueillir celle de son cadet s'il le désirait. « Je ne te force en rien Jeongin, libre à toi d'accepter ou non. Ça ne changera rien en l'intérêt que je te porte. »

Ces mots semblèrent enfin toucher le cœur de Jeongin, car il détourna les yeux pour ne plus avoir à affronter le regard de son aîné. Celui ci voulait que le jeune homme se sente en confiance : il ne lui voulait aucun mal et ne voulait pas qu'il pense que tout était motivé par l'envie de réaliser son œuvre. Des modèles, il y en avait des centaines. Mais Hyunjin voulait que son cadet accepte ce projet. Le Kumiho était une créature légendaire qui allait bien à Jeongin. Et il voulait le prouver à la face du monde. Aussi, lorsqu'il vit le barman lever la main timidement pour glisser sa main dans la sienne, le cœur de l'artiste se fit moins lourd dans sa poitrine.

« En quoi consiste ton projet ? » demanda t-il d'une voix faible, les yeux rivés sur l'écran d'ordinateur de Hyunjin.

Ce dernier prit alors le temps de lui expliquer. Sans pour autant dénouer sa main de celle de son cadet, l'artiste ouvrit les documents concernant les projets de Chollima et d'Ungnyeo. Avec patience, il expliqua son processus de création, les choix de ses modèles, le contrat avec le musée d'art moderne et aussi sa façon de travailler. Il louait un studio en ville dédié à son travail et cette fois-ci ne ferait pas exception à la règle. Après la présentation du projet faite, il lui montra des illustrations historiques du Kumiho. Le grand renard blanc à neufs queues et aux peintures de guerre rouges avaient des dizaines de représentations dans la culture populaire, aussi Hyunjin perdait déjà son regard dans le pelage de l'animal mystique, essayant de mémoriser les traits de peinture sur le corps de la bête pour tout reproduire sur un corps humain.

Jeongin était attentif, posait des questions et semblait intéressé par le projet. Aussi, il prit son temps pour lire le contrat ligne après ligne après avoir lâché la main de Hyunjin pour se rassurer. Concentré sur le document officiel, l'artiste pouvait détailler ce visage encore et encore, savourant de loin le grain de la peau du jeune homme, imaginant à quel point ce pouvait être satisfaisant d'y faire glisser un pinceau chargé de peinture.

« J'ai une question sur une clause. » lança brusquement le jeune homme avant de faire glisser le contrat dans les mains de Hyunjin tout en désignant une des lignes du bout du doigt. « Qu'est ce que ça signifie « Si Yang Jeongin s'estime être en confiance vis à vis de Hwang Hyunjin, il n'exclut pas la possibilité d'être peint à mains nues » ? »

A la question, les joues de Hyunjin s'empourprèrent violemment. Il avait dit à son manager de mettre toutes les clauses possibles et imaginables pour que le contrat soit en faveur de Jeongin. Sur le coup, l'artiste pensait principalement aux clauses de rétractations ou de droit au retrait du projet dans un délai de deux semaines après la réalisation de la peinture. Pas à cette clause précise qu'il avait fait mettre dans un ancien contrat qui s'était consacré à la lutte contre la violence faite aux femmes. Il avait alors laissé des marques de mains à même la peau de son modèle pour dénoncer les attouchements dans les transports en commun.

« D-désolé, je vais demander à mon manager d'enlever ça tout de suite, je vais t'imprimer un exemplaire sans et... » commença t-il avant de se faire couper dans son élan par Jeongin lui même qui secoua la tête.

« Si ça fait parti de ton processus artistique, je... je veux dire, je te fais confiance. Je sais que tu ne me feras aucun mal. »

Pris de cours, Hyunjin fit de son mieux pour ignorer le feu qui inondait les joues du barman lorsqu'il passa à la clause suivante. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, il contempla Jeongin signer les trois exemplaires du contrat après avoir finit de le lire et lui rendit deux des exemplaires sans oser croiser son regard.

Le barman acceptait sa proposition. Jeongin acceptait de se faire peindre en Kumiho pour son projet tant chéri et adoré. S'il n'avait aucune retenue et qu'il avait été moins introverti, Hyunjin aurait probablement embrassé les mains de Jeongin pour le remercier de tout son cœur.

« Je te transmettrais mon emploi du temps, pour qu'on fixe un jour de rendez-vous. » reprit enfin le cadet lorsqu'il sentit Hyunjin prendre les contrats de ses mains. « Je veux faire ce projet, et je te fais confiance. Je ne suis pas habitué à tout ça et... »

« Je sais. » le coupa l'artiste en tendant sa main pour la poser délicatement sur le genou de Jeongin. Ce dernier daigna enfin tourner la tête vers lui pour l'observer, les yeux plein de doute et d'incertitude. Mais Hyunjin hocha doucement la tête. « On va à ton rythme, et ce n'est que moi. Je suis le même que l'homme que tu as rencontré au bar pour boire un Singapore Sling. »

A ces mots, Jeongin leva les yeux au ciel et se mit de nouveau à sourire. C'était étrange, mais l'artiste avait l'impression qu'en sa présence, son cadet se permettait d'être lui même.

« C'est un peu pour ça je pense que je suis autant gêné. » murmura le barman avait de rougir et de se relever pour aller travailler. Avant même que Hyunjin ne comprenne l'implication de ces mots, le jeune homme enchaîna : « Je dois filer. Envoie moi un message quand tu veux, je répondrais dès que possible. »

Avant d'avoir pu retenir une fois encore le jeune homme, l'artiste se contenta de le voir filer hors de son salon en serrant le contrat contre son torse. Hyunjin prit alors une profonde inspiration, savourant le parfum de son cadet dans l'air avant de se détendre dans son fauteuil. La nervosité et l'appréhension que Jeongin puisse refuser son offre quittait enfin son corps. Il se sentait étrangement calme. Un nouveau projet s'offrait à lui, et comme à chaque fois son esprit fut envahit de centaines de visions des jours à venir. La préparation du studio, bâcher chaque surface de la pièce, préparer les peintures, s'enivrer de leurs odeurs tout en les diluant, découvrir un corps presque nu en face de lui pour le sublimer et faire ressentir toute la force d'un message et d'une idée à travers ses pinceaux et sa folie créatrice. Le cœur battant la chamade dans sa poitrine, Hyunjin ouvrit les yeux pour contempler le plafond.

Le sourire de Jeongin le hantait. Il avait autant envie de l'embrasser que de le barder de peinture rouge. Il voulait sentir les muscles du jeune homme sous la caresse de son pinceau, savourer ses courbes et voir la prise de conscience dans les yeux de son cadet qu'il pouvait devenir fort, un symbole et se découvrir ainsi une puissance cachée. Jeongin doutait de lui, c'était normal. Et à défaut de pouvoir le tenir contre lui et lui faire comprendre qu'il était une personne courageuse, Hyunjin voulait lui faire comprendre qu'il n'était pas si faible qu'il l'imaginait.

Les jours suivants, Jeongin et lui échangèrent des messages de plus en plus souvent. L'artiste ne descendait plus au bar, s'enfermant dans une bulle de processus créatif qui le coupait du monde. Il ne voyait que son garde du corps régulièrement et avait des contacts avec Seulong. Hormis eux deux, la seule personne avec qui il échangeait était le barman. Même s'ils ne se voyaient pas, ils parlaient aussi bien du projet à venir que de tonnes d'autres choses qui continuaient inlassablement à faire tomber Hyunjin de plus en plus bas pour son cadet.

Son agent organisait la mise en place du studio, recevait les colis que l'artiste commandait de façon frénétique pour la séance de peinture. Pendant tout un après-midi, Hyunjin s'était contenté d'observer des gravures imprimées du renard blanc mystique pour s'imprégner de l'épaisseur de sa fourrure et de sa courbe animale. Ses rêves étaient peuplés de légendes coréennes où Jeongin tenait sa main à travers les animaux sauvages. Au beau milieu de la nuit, Hyunjin s'était retrouvé en tailleur sur son lit à nettoyer de fond en comble son appareil photo professionnel afin d'immortaliser son futur chef d'œuvre.

Et lorsque le jour tant attendu arriva, il fut incapable de manger quoi que ce soit.

L'estomac noué, il quitta sa chambre d'hôtel pour la première fois en plusieurs jours en compagnie de son garde du corps. Son sac contenant son appareil photo sur un bras, le masque fixé sur son visage, Hyunjin engouffra rapidement dans la voiture assignée à son déplacement du jour. Dans sa tête tournait en rond encore et encore l'image de Jeongin offert à lui l'espace de quelques heures pour sublimer son corps et faire de lui une œuvre vivante.

Pourtant, lorsque son téléphone notifia l'arrivée d'un message, Hyunjin sortit un instant de son tourbillon incessant pour reprendre pied dans la réalité.

정인 (9h10)

Je stresse. Je suis bientôt sur place. On sera que tous les deux tu es sûr ?

Le cœur serré, il se décida à répondre :

현진 (9h11) :

Oui, rien que toi et moi. Tu pourras partir dès que tu voudras, je ne t'en tiendrais pas rigueur.

Il voulait que son modèle se sente en sécurité plus que tout au monde. En remontant la conversation, il fut soulagé de voir que rien n'avait spécialement changé entre eux au fil des jours, si ce n'était l'appréhension grandissante au moins autant que la curiosité. Jeongin lu son message mais ne répondit pas.

Ce ne fut qu'une fois arrivé au studio loué que Hyunjin se permit de souffler en voyant la silhouette de son cadet attendre à l'entrée du bâtiment. Il s'agissait qu'un simple immeuble en pleine ville, où se trouvaient de multiples logements pour une ou deux personnes. Lorsqu'il venait à la capitale et qu'il avait besoin de travailler, le jeune homme investissait toujours les lieux pour y laisser son génie créatif creuser son trou pour s'y déployer. Le cœur erratique dans sa poitrine, l'artiste se précipita hors de la voiture dès que celle ci s'arrêta pour atterrir devant son cadet.

Jeongin triturait nerveusement la bandoulière de son sac lorsque son aîné arriva devant lui. Ses yeux bruns marqués semblaient hurler son anxiété, aussi Hyunjin mourait d'envie de le calmer. Pour se faire, il attrapa de sa main libre une de celles du barman pour la serrer entre ses doigts.

« Tout va bien se passer, d'accord ? » murmura t-il avant que le garde du corps ne les rejoignent. Comme à chaque fois, ce dernier lui donna la clef de l'appartement, lui rappela qu'il avait l'interdiction d'en sortir s'il était absent et qu'il devait absolument le prévenir s'il avait besoin de quoi que ce soit. Il lui tendit également des en-cas préparés par les cuisines de l'hôtel où il résidait avant de partir.

Abandonnant la main de Jeongin, le jeune homme attrapa le sac où se trouvait boisson et nourriture avant de faire signe à son cadet d'entrer dans le bâtiment. Sans un regard en arrière, les deux jeunes hommes se retrouvèrent seul à seul en montant au premier étage jusqu'à arriver au bon palier. L'immeuble était plutôt récent et bien entretenu, Hyunjin avait demandé à faire installer une ligne d'eau et d'électricité pour avoir tout le confort, quant bien même cet appartement ne servait qu'à ses activités artistiques.

Le jeune homme prit une profonde inspiration en poussant la porte de l'appartement. Celui ci était plongé dans l'agréable lumière du matin : son manager devait être déjà passé tôt pour venir déposer tout son matériel et aérer les pièces. De l'entrée, Hyunjin devinait au bout du couloir principal le séjour, entièrement dégagé à l'exception d'un canapé pour se reposer au pied duquel se trouvait une grande quantité de cartons. Les murs étaient dénués de toute décoration, simplement peint d'une couleur beige clair pour donner une sensation de chaleur sans pour autant être trop clinquant. En refermant la porte derrière lui, Hyunjin ferma celle-ci à clef et confia cette dernière à Jeongin en souriant.

« Quand tu veux, tu pourras partir. Il suffira de le dire. »

Le jeune homme avait les joues rouges mais se contenta de hocher la tête en posant son sac au sol. Pour le laisser respirer, l'artiste en fit de même. Il posa le sac transportant son appareil photo dans l'entrée avant de filer dans la salle de bain. Hormis la décoration inexistante, la pièce était propre et bien éclairée : la cabine de douche était grande ouverte et il fut soulagé de voir que son manager avait bien pensé à apporter du savon, une bouteille neuve de démaquillant ainsi que des lots de serviettes de bain propres. Il fila ensuite vers dans la cuisine, ouverte sur la pièce à vivre, afin d'y déposer les en-cas fournis par son hôtel avant de se tourner vers le grand salon.

L'appartement était en réalité un studio. L'unique pièce à vivre avait été aménagé d'un côté en un coin peinture, l'autre était arrangé en studio de photographie. Les projecteurs sur pieds étaient rangés sagement le long d'un des murs, alors que le fond blanc était encore déroulé pour servir de fond neutre pour les photos.

« Je peux faire quelque chose pour t'aider ? » demanda doucement Jeongin dans son dos. En se tournant, l'artiste pouvait facilement voir la nervosité de son cadet, ses mains ne cessaient de bouger l'une contre l'autre frénétiquement.

« Je vais aménager la place pour commencer à te peindre. » lança t-il en désignant l'endroit de la pièce à vivre non occupée pour le moment. « Tu peux te mettre à l'aise si tu veux en attendant que je prépare tout. »

« Je ne peux rien faire du tout ? » reprit le jeune homme en se mordillant les lèvres. « Je suis désolé, je ne veux pas paraître insistant ou autre. Je suis très nerveux. »

« Qu'est ce qui te rend nerveux, dis moi ? » demanda Hyunjin en se tournant complètement vers lui. « Ce n'est que moi. »

« Justement. » lança le jeune homme en se mettant à rire nerveusement.

Ne sachant pas comment interpréter les paroles de Jeongin, l'aîné préférait attendre que le barman reprenne la parole. Le regard fuyant, les joues rouges, ce fut après plusieurs secondes d'hésitation qu'il reprit :

« D'accord je vais être transparent. Je t'apprécie beaucoup Hyunjin, tu me plaît. » éructa presque le jeune homme en regardant le bout de ses baskets. « C'est gênant, on est pas du même monde, on est des étrangers, mais... Je ferais mieux de partir, c'est ridicule. »

Avant même d'avoir le temps de faire demi-tour, Jeongin fut stoppé par la main de Hyunjin qui agrippait son coude. Ce dernier ne savait pas pourquoi ni comment il allait fait, il avait attrapé le jeune homme sans réfléchir. Croyant à peine ce qu'il venait d'entendre, l'artiste sentait son cœur serré dans sa poitrine. Les yeux de Jeongin étaient rivés sur le sol, malgré sa carrure plus large que la sienne, il semblait presque tremblant. L'aîné spiralait : les émotions fortes de sa préparation pour le projet et la brusque déclaration du barman le mettait à nu.

« Qui... qui te dit que tu ne m'intéresses pas ? » finit-il par dire d'une voix mal assurée, le ventre grondant son anxiété. « Ne te dénigres pas, tu es un être humain toi aussi... »

« Tu es un artiste incroyable Hyunjin. » répondit le cadet sans relever la tête mais sans se dégager de la poigne de son aîné. « Je ne t'arrive pas à la cheville, je... »

« Écoute moi s'il te plaît. »

Ce fut naturel, lorsque Hyunjin relâcha le jeune homme pour s'approcher de lui et glisser lentement ses mains fines le long du visage de Jeongin pour lui faire relever la tête. Les yeux du barman étincelaient en croisant ceux de son aîné, ce dernier ne voulait pas le lâcher. Auprès de lui, il trouvait un semblant de normalité, il aimait ce côté pince sans rire de Jeongin et il voulait en apprendre plus sur lui. Était ce si difficile à comprendre ?

« Je veux te peindre, c'est vrai. » chuchota t-il en se mordillant la lèvre. « Tu es le modèle parfait pour ça. Mais ce n'est pas tout. Je vois l'humain en toi Jeongin, et crois moi qu'il m'intéresse. Si tu veux arrêter ce projet, je le respecterais et je ne t'en voudrais pas. »

« Je veux que tu me peignes. » répondit le cadet, les joues écarlates. « Je veux que tu me peignes de tes mains. »

Le corps de Hyunjin réagissait sans que le jeune homme s'en rende compte. Son cœur s'emballa dans sa poitrine, la chaleur dans son ventre se diffusait comme un poison délicieux. Malgré ses paroles brutes et sans filtre, le barman semblait plus gêné que tout au monde. Mais l'artiste le sentait au plus profond de lui : il n'y avait que Jeongin qui serait son modèle idéal pour incarner le Kumiho. Et le seul capable de devenir sa muse.

L'aîné laissa ses pouces caresser tendrement les pommettes du barman, bien dessinées , presque coupantes, avant de venir poser son front contre celui de Jeongin. Enivré par sa chaleur et son souffle sur ses lèvres, Hyunjin lutta de toute son âme pour ne pas embrasser ce garçon si éprit entre ses mains.

« Je vais te peindre. Tu seras mon œuvre, d'accord ? » chuchota t-il en souriant au jeune homme devant lui. Celui ci hocha doucement la tête avant de se séparer de lui.

Manquant la présence de Jeongin à l'instant où il le relâcha, l'artiste fit volte face pour aller attraper le sac posé à côté des cartons de peinture pour le corps et le tendit à son cadet. Il s'agissait du sous-vêtement sans couture que le jeune homme devait porter pour la séance, afin de limiter les marques sur son corps et au niveau de son entrejambe. C'était étrange pour quiconque de se dénuder à ce point devant quelqu'un de presque inconnu, Hyunjin pouvait en convenir, mais c'était nécessaire pour l'art de la peinture sur corps.

« Je te laisse te changer, je m'occupe d'aménager le salon. » lança l'artiste avant de sourire à peine lorsque Jeongin prit le sac entre ses mains, les joues plus rouges que jamais.

Le jeune homme s'éclipsa dans la salle de bain, laissant le champs libre à Hyunjin d'aménager la pièce principale. Avant toute chose, il prit soin de fermer les rideaux brise-vue pour éviter aux curieux de jeter des coups d'œil dans le studio. Il s'occupa d'aligner les éclairages et de placer le fond blanc sur lequel il prenait habituellement ses photos. A force de faire ses shootings dans ce studio, il savait où tout placer au centimètre près dans cet appartement. Des cartons, il en sortit de grandes bâches en plastique pour ne pas tâcher le sol qu'il étala sur la moitié de la pièce principale. Dans la cuisine, il récupéra deux grands saladiers pour les remplir d'eau et les posa dans le salon : il en avait besoin pour rincer ses pinceaux entre chaque coloris.

Ensuite, il déballa les différentes palettes de peinture sur corps qu'il avait acheté pour l'occasion. Les mains presque tremblantes, il découvrit le dégradé de blanc cassé, crème et moka qui s'étalait sous ses yeux. C'était une marque en laquelle il avait confiance, il achetait toutes ses fournitures chez eux. Avec application, il désossa plusieurs palettes pour rassembler les couleurs dans des bacs bien distincts. Peindre un corps entier prenait beaucoup de matière première, et Hyunjin pouvait passer des heures avant d'obtenir un résultat concluant et qui satisfaisait son perfectionnisme. Une fois les couleurs de base préparées, il se concentra sur le nouveau coloris qu'il voulait s'approprier : le rouge Bismark.

Cette teinte était tout simplement fascinante. Il aimait sa chaleur sans pour autant être éclatante. Presque orangée, ocre, un ton délicat qui se voulait animal et sensuel. Hyunjin adorait cette couleur, il aurait pu en barder des œuvres entières. Mais c'était Jeongin le premier à découvrir cette nuance avec lui et il voulait que cette image de Kumiho soit mémorable.

Alors concentré sur les palettes de couleur rouge Bismark, il entendit à peine le parquet du studio craquer sous les pieds de son modèle. Pourtant, lorsqu'il tourna la tête pour l'observer, son souffle se coupa net.

Jeongin était un éphèbe parfait. Jeune adulte, la peau légèrement tannée, les muscles du torse dessinés par la courbe de sa chair. Ses jambes étaient puissantes, ses bras vigoureux. Ses clavicules étaient visibles sous sa peau fine et sans imperfection, la délicate courbe de ses hanches et la naissance de son bassin laissait deviner à peine son intimité derrière le sous vêtement qu'il portait.

Ses joues étaient brûlantes et malgré la beauté de son corps absolument incroyable, Jeongin essayait de garder les bras devant lui pour cacher son ventre et son torse. Hyunjin peinait à respirer tant il était subjugué par la perfection qui respirait devant ses yeux.

L'air était lourd et chaud, l'artiste craignait de cligner des yeux de peur de perdre une seconde de ce spectacle merveilleux. Sa créativité se mit à éclore telle une rose brûlante dans son ventre : il voulait peindre Jeongin. Enduire sa peau de peinture et l'immortaliser pour l'éternité.

Alors, l'artiste se leva. Doucement, comme pour ne pas effrayer un animal sauvage. En quelques pas, il arriva devant le jeune homme et tendit ses mains devant lui, offrant comme d'habitude ses paumes à son cadet pour lui laisser le choix ou non de le rejoindre. Sa poitrine se compressa en voyant les yeux luisants de Jeongin glisser jusqu'aux siens. Ils criaient son manque de confiance en lui même. Pourtant, le barman prit une profonde inspiration et décroisa ses bras avec lenteur, avant de glisser ses mains dans celles de Hyunjin. Ce dernier soupira de soulagement en souriant au jeune homme à ses côtés.

Guidant le modèle au milieu de la pièce sans relâcher ses mains, l'artiste caressait ces dernières avec tendresse. Il voulait absolument que le jeune homme se sente bien. C'était sa priorité.

« A n'importe quel moment, arrête-moi d'accord ? » chuchota t-il avant de relâcher les mains de Jeongin. Mais le jeune homme refusait de le laisser partir, les yeux rivés sur le sol. Curieux, il attendit que son cadet prenne la parole.

« J-je... »

En voyant Jeongin relever la tête avec les yeux à moitié clos, l'artiste comprit aussitôt ce que le jeune homme voulait. Et lui aussi en avait envie. Embrasser cette muse devait être divin pour lui et son cœur battait un rythme infernal dans sa poitrine rien qu'à l'idée. Hyunjin serra plus fort les mains de son cadet entre les siennes, savourant l'écarlate de ses joues et son odeur. Le souffle de Jeongin brûlait sur ses lèvres. Pourtant, l'aîné prit une profonde inspiration pour se retenir.

« Si je t'embrasse maintenant. » murmura t-il doucement. « Je ne pourrais pas m'arrêter. »

« Dépêche-toi de me peindre alors. » répondit Jeongin dans un tremblement, le regard brillant de défi.

Hyunjin se retint de sourire pour ne pas trahir son impatience avant de finalement relâcher les mains de son cadet. Bien entendu qu'il voulait l'embrasser, découvrir le goût de ses lèvres et son souffle chaud sur les siennes. Mais il fallait avant tout réaliser ce projet. La tension entre eux n'allait qu'être exacerbée, et Hyunjin crevait d'envie de peindre, prendre ses photos, et enfin laisser cours à ses propres pulsions.

Après avoir trempé un des pinceaux dans le bac d'eau qu'il avait préparé, l'artiste le plongea dans la peinture couleur crème à sa disposition. Tout semblait crépiter autour de lui : l'air, le regard de Jeongin, la pression sur son ventre. Hyunjin voulait engloutir ce modèle, se l'approprier et le sublimer. Le jeune homme s'agenouilla alors devant son cadet comme dans une prière, avant de caresser le corps de Jeongin de son pinceau pour gommer sa couleur naturelle.

C'était toujours fascinant de voir les frissons sur la peau de ses modèles au premier coup de pinceau. La texture rêche des poils enduits de peinture était unique en son genre et les sensations l'étaient tout autant. Même s'il n'avait peint qu'une bande de couleur sur le mollet de Jeongin, ce dernier serrait les poings pour se forcer à ne pas réagir. En relevant la tête vers son modèle, Hyunjin esquissa un sourire tout en laissant le pinceau remonter tout du long de la jambe de son cadet.

« Je vais déjà peindre les zones moins à risque. » murmura t-il avant de reprendre de la peinture crème dans son bac. « Je m'occuperais de tes mains et de son visage en dernier, si tu veux manger ou boire... »

« C'est tellement étrange. » répondit Jeongin alors qu'un deuxième trait de pinceau courait le long de sa jambe. « J'ai la sensation de devenir quelque chose d'autre. »

« Tu deviendras Kumiho. » reprit l'artiste en reprenant de la peinture pour continuer de travailler la base de la peau de son modèle. « Tu deviendras ma vision de cette légende en tout cas. »

Ils échangèrent un dernier regard avant que Hyunjin ne doive se relever pour s'occuper de l'arrière du corps du jeune homme. C'était terriblement dur pour lui de voir ce garçon qui lui plaisait autant si proche de lui et pourtant si inaccessible. Il voulait caresser cette peau nue de ses lèvres, pas de son pinceau. Sur cette chair, c'était de ses dents dont il voulait peindre des marques rouges. Pourtant, il luttait. Avec application, il étalait la base de son œuvre, tâchant d'ignorer au mieux les muscles qui se contractaient devant lui et les soupirs de Jeongin lorsqu'il peignit l'intérieur de ses cuisses.

L'artiste reprit son travail, remontant le long des fesses de son modèle, luttant pour ne pas s'y attarder. Le sous-vêtement était à peine assez épais pour cacher les formes de Jeongin, et si Hyunjin avait écouté ses propres pulsions, il se serait ruer sur le corps de ce jeune homme. La fascination qu'il avait pour les corps était habituelle pour lui, mais jamais il n'avait eu d'envie sexuelle liée à ça. Au contraire, d'ordinaire il était hypnotisé par cette chair devant lui et la façon dont il pouvait la sublimer.

Avec Jeongin, c'était une lutte contre son propre désir. Lorsqu'il glissa un large coup de pinceau tout le long de la colonne vertébrale du jeune homme, laissant les muscles rouler sous la peau au contact poisseux de la brosse, Hyunjin ne pouvait pas s'empêcher de savourer le spectacle. Un souffle s'échappa de ses lèvres : il espérait sincèrement que son cadet le laisserait le peindre de ses propres mains.

« Est-que tout va bien ? » demanda t-il une fois que le dos de Jeongin fut entièrement peint. « Tu n'as pas froid ? »

« Non ça va. » répondit le barman d'une voix éraillée. « Continue s'il te plaît... »

Hyunjin le contourna pour continuer de le peindre de sa couleur de base. Il essaya de se dépêcher pour peindre l'entrejambe de Jeongin, pour ne pas l'embarrasser plus que nécessaire, avant de laisser son pinceau glisser le long du ventre de son cadet. Il observa avec un plaisir mal dissimulé les muscles onduler sous sa brosse.

« Tu es tellement beau... » murmura t-il en se mordant les lèvres. « C'est incroyable de voir une perfection pareille... »

« Tu racontes n'importe quoi. » répondit le barman alors que le pinceau caressait ses côtes jusqu'à la naissance de son torse. « Ou alors tu ne te regardes pas tous les jours dans un miroir. »

Conscient de sa propre beauté, Hyunjin n'en avait jamais profité outre mesure. Il avait conscience de l'attraction qu'il pouvait faire ressentir aux gens autour de lui, il était magnétique. Cependant, cette beauté lui empêchait de voir la sincérité des gens : voulant croire à la bonté de chacun, il s'était trop souvent fait avoir par des gens mal intentionnés.

« L'un n'empêche pas l'autre. » reprit l'artiste en remontant lentement le pinceau le long de la poitrine de Jeongin, tout le long de son torse. Il se délectait du frisson devant lui, faisant granuler la peau de son cadet, durcissant les tétons et faisant presque grelotter le jeune homme. En relevant les yeux vers lui, Hyunjin pouvait savourer les lèvres entrouvertes de son modèle ainsi que ses joues écarlates.

« Tu es certain de ne pas faire ça à tous tes modèles... ? » murmura t-il alors que le pinceau dessinait un arc de cercle sur sa poitrine, le faisant soupirer d'aise à la caresse.

« Tu es le seul. » répondit Hyunjin, l'air terriblement sérieux.

Il était prêt à rassurer Jeongin autant qu'il le fallait, qu'il comprenne qu'il était le seul avec qui cette attirance le poussait presque à tout abandonner pour lui voler ne serait-ce qu'un baiser. Mais le jeune homme finit par hocher la tête, laissant l'artiste faire son œuvre.

Les minutes, puis les heures défilaient comme si le monde s'était arrêté. Après avoir appliqué la base sur une grande partie du corps de Jeongin ainsi que ses cheveux, l'artiste prit une éponge afin de lisser l'aspect de la peinture avant de passer à la couleur suivante : le sable. Soulignant chaque muscle de son modèle avec application, les images vives de la légende du Kumiho passaient sous ses yeux. Jeongin était patient, bougeait peu, même si Hyunjin arrivait à comprendre facilement la moindre de ses réactions en le voyant serrer le poing lorsqu'il frôlait un endroit sensible de son pinceau ou ses éponges sur sa peau nue.

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis qu'ils avaient commencé ce projet. Seul le visage de Jeongin ainsi que ses mains étaient encore vierges de toute peinture. Masque de chair perdue dans les arabesques sables sur fond blanc, le jeune homme contemplait sa propre peau immaculée avec un air étrangement amusé.

« Je me souviens seulement de mes années à l'école. » répondit Jeongin lorsque son aîné lui demandait ce qu'il se passait. « ça me paraît tellement étrange tout ce que tu me dis, cette façon que tu as de me regarder... On ne m'a jamais décrit de cette manière avant. »

Les cheveux plaqués en arrière par la peinture, Jeongin avait ainsi son visage encore plus dégagé que d'ordinaire. Hyunjin pouvait en capter le moindre angle, la moindre cicatrice. La rondeur de son nez, les lèvres charnues, les yeux monolides et les pommettes saillantes, le barman n'était pas dans les standards de beauté actuels. Il était de ceux qui marquaient.

« Pourtant c'est le cas. » reprit Hyunjin. Ce dernier tendit la main pour venir déposer un de ses doigts sur la joue de son cadet, celui ci se figeant aussitôt au contact. « Tu es ma perfection. »

Lorsqu'il lui proposa de manger ou de boire, Jeongin refusa aussitôt. L'artiste non plus n'avait ni faim ni soif, il voulait juste se délecter de la peinture sous ses doigts et contempler la transformation du jeune homme en créature mythique.

Alors, avec toute la délicatesse du monde, il peignit les mains de son cadet. A coup d'éponge trempée, il caressa la paume, les phalanges une à une, dissimulant la couleur naturelle de la peau de Jeongin sous la crème du Kumiho. Tout aussi délicatement, il s'occupa du visage de son modèle, pression après pression, le souffle tremblant lorsqu'il estompa la peinture sur les lèvres de Jeongin de son pouce.

Il enchaîna avec la couleur sable pour donner du relief au corps de sa muse, soulignant ses muscles et ses courbes, marquant ses pommettes tendrement. Ainsi peinte, la peau de Jeongin était à peine reconnaissable. Le grain de la peinture était parfait, sublimant le corps du modèle à la perfection.

Lorsque Hyunjin posa ses yeux sur le bac de la dernière couleur, le rouge Bismark, un frisson parcouru son échine. Cette carnation était le symbole du renard à neuf queues, et il allait peindre lui même les peintures de guerre de Jeongin de ses propres mains.

Le regard de son cadet était lourd sur ses épaules quand il plongea ses doigts à même la peinture, sans prendre la peine de prendre pinceau ou éponge. La texture était poisseuse entre ses doigts, l'odeur lui faisait presque tourner la tête alors qu'il se redressait en contemplant son modèle. Hyunjin sentait les gouttes de peinture couler le long de ses doigts pour aller s'écraser sur les plastiques de protection, dans un rythme paresseux et hypnotique.

« Si tu me demandes si je suis encore sûr de moi... » murmura le barman sans le quitter des yeux. « Je te jure que je t'embrasse tout de suite. »

Hyunjin retint à peine son rire avant de poser ses mains enduites de peinture sur les hanches de son cadet. Ce dernier se figea au contact, les yeux écarquillés et le souffle court. L'artiste lutta de toutes ses forces lorsqu'il s'accroupit lentement devant son modèle, les mains caressant la peau de ses cuisses pour dessiner les peintures de guerre du renard de la légende. Sous ses doigts, les muscles étaient forts et contractés. En voyant le torse de Jeongin se soulever plus fort à la caresse, Hyunjin se mordit les lèvres. La tension entre eux l'aurait fait trembler.

En se relevant, il laissa ses doigts tracer des arabesques le long des jambes de son modèle avant de reprendre de la peinture sur ses mains. Cette fois ci, il posa ses doigts sur le torse de Jeongin, se laissant le loisir de caresser la peau si sensible pour y déposer ses ébauches de rouge. Le barman avait le souffle court, les yeux rivés sur le visage de Hyunjin qui devait s'efforcer de se concentrer sur sa tâche plutôt qu'admirer les réactions du jeune homme. Pourtant, il se permit un regard, un simple coup d'œil lorsqu'il passa lentement ses pouces sur les mamelons de son modèle. Savourant sa mise extatique et son souffle saccadé, l'artiste se forçait à taire son désir galopant.

Après avoir reprit de la peinture sur ses mains, Hyunjin se concentra sur le cou de son cadet, enserrant ses doigts autour pour y apposer sa marque. La marque des hommes vils sur Kumiho, leur volonté de l'annihiler même s'il pouvait être une créature bénéfique. Il s'attarda sur le contour des yeux de Jeongin, traçant des courbes gracieuses du bout des doigts avant de strier ses cheveux de rouges. Il appliqua sur son front le losange traditionnel du Kumiho, orné de griffures fines.

En reculant d'un pas, l'artiste eu le frisson de la découverte. Le visage anguleux de Jeongin était parfait pour le renard légendaire, ses yeux criant un mélange de désir et de désespoir était somptueux. Sans attendre, Hyunjin attrapa l'un des pinceaux les plus fins pour faire les détails de son œuvre sur le visage de sa muse. Il voulait garder un aspect brut, plein de hargne et de violence pour le corps. Mais avec un maquillage délicat pour le visage. Avec attention, l'artiste traça encore et toujours des courbes sur la peau de son cadet, sublimant sa créature mythique par des détails innombrables.

Les mains encore tachées de peinture, Hyunjin ne croisa le regard de sa muse qu'à la toute fin. En reculant de deux pas, laissant son pinceau tomber au sol sans aucune attention pour ce dernier tant il se perdit dans la contemplation de Jeongin.

Les yeux luisants et les lèvres pincées, le jeune homme avait son grain de peau hérissé de frissons. Il semblait être à bout de sa patience, son souffle était rapide et il jouait nerveusement avec une de ses mains. Hyunjin sentait ses jambes faibles : il s'était nourri d'envie pour le jeune homme toute la journée, souhaitant voir ce projet accompli pour enfin s'approcher de l'humain qu'était Jeongin et briser ce qu'il y avait entre eux.

Avec toute la conscience qui lui restait, il fila se laver les mains dans la cuisine le plus sommairement possible avant de se ruer sur son appareil photo dans l'entrée du studio. Il ignorait les quelques tâches de peinture dont il bardait sa sacoche et ses vêtements, tout ce qu'il voulait c'était prendre des milliers de photos et savourer les lèvres du barman sur les siennes.

Hyunjin ajusta son objectif avant de se relever et de retourner dans la pièce principale. Il alluma les éclairages sans hésiter alors que sa muse se dirigeait d'elle même entre les lumières éblouissantes des projecteurs. Éclairé par plusieurs spots puissants, Jeongin ne quittait pourtant pas l'artiste des yeux. Hyunjin le sentait bouillir de l'intérieur : le barman n'était plus vraiment lui-même. Il était une œuvre, son œuvre, il débordait de confiance en lui et ses yeux perçants en disait long sur son désir. Sans un mot, l'aîné s'approcha de lui, savourant les traits barbares et sanguins sur la peau de sa muse.

En levant son appareil photo, Hyunjin sentait déjà qu'il avait sous ses yeux sa prochaine controverse mais aussi son prochain succès. L'envie dans les yeux de Jeongin le tétanisait et l'incandescence de son regard le faisait frissonner des pieds à la tête.

A travers l'objectif, il capturait l'essence éphémère de son Kumiho. Le cliquetis de son appareil photo était le seul bruit notable de la pièce, encore et encore. Jeongin ne le quittait pas des yeux, et bientôt il se permit de poser sans que Hyunjin lui demande quoi que ce soit. Le barman se laissa guider par ses envies, glissant ses mains le long de ses hanches, de son torse, enserrant lui même son cou de ses mains. L'artiste sentait son souffle lui manquer : il aurait tout donné pour que ça soit ses propres mains à la place de celles de Jeongin.

Il s'approcha du visage de sa muse, figeant pour l'éternité son visage sur sa pellicule. Il captait l'éclat de désespoir dans son regard, savourait les traits tribaux qui ornaient sa peau et soulignaient ses expressions. Lorsque Jeongin eu l'air profondément affecté de chaque déclic de l'appareil, ses mains se crispèrent sur ses joues.

« Hyunjin... » murmura t-il, se retenant de toutes ses forces pour ne pas faire un pas en avant au risque de gâcher la prise de vue de l'artiste.

C'était le cliché parfait. La luxure à son paroxysme et l'envie. Lorsque Hyunjin décala son objectif pour voir de ses propres yeux son cadet, il se rendit compte à quel point le moindre frottement de vêtement sur sa peau était insupportable tant il était sensible.

Sans aucune considération, il balança l'appareil photo sur le canapé à côté de lui avant de franchir la frontière qui le séparait de Jeongin. Ne perdant aucune seconde, il leva les mains pour empoigner le visage de sa muse et débarbouilla de ses pouces les lèvres de celle-ci pour enfin s'en emparer.

A travers le goût de la peinture, il sentait enfin le baiser du barman sur ses lèvres. Le jeune homme contre lui étouffa un soupir de soulagement avant de tourner la tête par instinct. Sans se soucier de ses vêtements, Hyunjin laissa ses mains courir dans la nuque de son cadet, l'attirant à lui, entrouvrant la bouche pour venir sentir sa langue sur la sienne. Jeongin fondait dans ses bras, le garçon s'accrochait à ses vêtement désespérément pour le tenir proche de lui, pour encore et toujours plus sentir cette langue contre la sienne.

Les mains de Jeongin passèrent sans peine sous le tee-shirt tâché de peinture que portait son aîné, courant sur sa peau, lui faisant tourner la tête et électrisant son corps et sa passion. Hyunjin voulait le sentir plus proche, toujours plus proche. Alors qu'il se débarrassait fébrilement de son haut, les mains de Jeongin se débattait avec la boucle de sa ceinture dans un tintement métallique.

Ils déambulèrent maladroitement, dans un concert de gémissements et de soupirs jusque dans la salle de bain. Hyunjin se débarrassait de ses vêtements sans hésitation, un à un, s'exposant nu aux yeux de Jeongin. Ce dernier se glissa en premier dans la cabine de douche sous le jet d'eau chaude pour se débarrasser de la peinture qui ornait son corps. Dans un déluge de caresses, l'artiste malaxait son corps, le contrôlait et en prenait possession autant pour le laver que pour prodiguer du plaisir. Son cadet tremblait contre lui, geignant son nom , le priant comme un mantra au rythme de ses attentions.

Enserrant le corps de Jeongin dans ses bras, le torse collé au dos de son cadet, Hyunjin avait la tête qui tournait. Le jeune homme s'abandonnait à lui, au fur et à mesure qu'il retrouvait son apparence humaine et qu'il redevenait lui, l'artiste se sentait submergé par la tendresse. Lorsque le plaisir les transcenda assez fort pour les faire tomber à genoux, les deux jeunes hommes s'enroulèrent l'un contre l'autre dans une étreinte intime où même l'eau brûlante de leur douche ne pouvait s'infiltrer.

Pantelant, ils mirent du temps avant de sortir de la cabine de douche. Avec douceur, Hyunjin enveloppa son cadet dans une serviette de bain moelleuse, sécha ses cheveux sans cesser d'embrasser encore et encore les lèvres rosées qui lui étaient offertes. Jeongin était telle une poupée dans ses bras, affable et délicieusement offerte. Après s'être séché, l'artiste emmena le jeune homme pour qu'ils s'asseyent tous les deux dans le couloir donnant accès au salon. Ainsi entrelacés sur le sol, ils contemplèrent la pièce principale tâchée de peinture et de traces de pas. Hyunjin avait le cœur engourdi. Sa muse était blottie contre lui et il avait la sensation d'avoir accompli quelque chose qui le dépassait, qui était plus fort que lui.

Ils restèrent ainsi sur le sol dur pendant de longues minutes, les cheveux encore trempés et les peaux rougies des marques d'ongles et de dents qu'ils s'étaient offerts mutuellement. Dans sa poitrine, le cœur de l'artiste était étrangement complet. Il se sentait bien, entier, et il aurait donné cher pour ressentir ça longtemps.

« Est-ce que... » murmura doucement Jeongin, brisant pour la première fois le silence instauré entre eux. « Est-ce que ce n'était qu'une fois ou... »

Le jeune homme se mit à grelotter tout contre lui et l'aîné sentit son cœur se contracter. Il serra plus fort le barman dans ses bras, venant enfouir son visage dans les cheveux propres de son cadet. Il ne voulait pas que ça s'arrête, c'était de la folie. Il connaissait peu Jeongin, mais en quelques heures il avait su qui il était. Un jeune homme déterminé, courageux et fier. Et il adorait ça. Tout en déposant un baiser sur la tempe de sa muse, Hyunjin prit à son tour la parole :

« C'est tout ce que tu voudras. » répondit il en embrassant délicatement la joue de son cadet. « Reste à mes côtés, je serais à toi si tu le veux. »

Au fond de lui, le jeune homme redoutait la réponse. Il craignait que sa muse se mette à rire sans le prendre au sérieux et lui disait que bien évidemment, c'était beau pour une fois mais qu'il ne voulait pas plus. Le temps semblait devenir infini, s'étirer encore et toujours au rythme de leurs respirations. Mais le soulagement vint bien rapidement, plus qu'il ne l'aurait imaginé.

« J'accepte alors. » chuchota Jeongin avant de se laisser embrasser de nouveau.

Ils quittèrent l'appartement après l'avoir sommairement rangé. Les vêtements tâchés de peinture, Hyunjin préférait ignorer son garde du corps en bas de l'immeuble et filer dans la voiture avec Jeongin. Son manager allait très certainement l'appeler pour se plaindre de l'état dans lequel il avait laissé l'appartement, mais ça faisait parti de son travail aussi. L'artiste n'avait prit avec lui que son sac contenant son appareil photo et n'avait pas encore osé regarder le résultat. Le trajet en voiture fut terriblement calme, les deux jeunes hommes se contentant de se tenir par la main jusqu'à arriver jusque chez le barman. Après un dernier baiser et la promesse d'un appel, Hyunjin laissa le jeune homme retrouver le cours normal de sa vie.

Pour un certain temps.

Débordé par des interviews et l'exploitation des clichés de son projet Kumiho, l'artiste eu bien du mal à trouver une seconde à accorder à sa muse. Mais son séjour à la capitale touchait à sa fin, et le jour de son départ avait sonné plus rapidement qu'il ne l'aurait voulu. Ils échangeaient quotidiennement avec Jeongin, parlant de tout, de rien, de leur avenir et de leur passion. Le jour de son retour chez lui, Hyunjin proposa au jeune homme de le rejoindre à la fin de la semaine suivante. Jeongin accepta la proposition pour profiter de ses jours de congés dans la demeure à la campagne de son aîné ainsi qu'une intimité dont ils étaient assoiffés.

Hyunjin attendait avec impatience la venue de sa muse. Le jour de l'arrivée de cette dernière, il avait tout préparé. Le grand salon donnant sur une forêt privée était éclairé de mille feux, le repas qu'il avait confectionné cuisait à la perfection dans son four. Toute la journée, son manager l'avait harcelé, lui disant bien de prendre les chaînes d'informations en direct pour 21h le soir même. Fébrile, le jeune homme sursauta presque au plafond en entendant la sonnette de sa maison retentir.

En ouvrant sa porte d'entrée, son cœur se mit à battre la chamade. Devant lui se trouvait bien Jeongin, le fruit de son inspiration et de toutes ses envies. Le jeune homme l'observait avec des yeux pétillants et un sourire malicieux, et Hyunjin lutta pour ne pas le prendre dans ses bras immédiatement.

« Bonjour, tu as fais bon voyage ? » demanda aussitôt l'artiste en attrapant le sac que son cadet avait ramené pour le week-end et l'aider à le porter.

« ça ne pouvait être que bien en taxi Hyunjin. » répondit le jeune homme en se mettant à rire. Après être entré à la suite de son aîné dans la maison, il referma la porte derrière lui. « Merci d'ailleurs, ça m'a évité de prendre le train j'aurais mis bien plus de temps. »

« Il ne fallait pas que tu rates ça de toute façon. » reprit Hyunjin, un sourire accroché aux lèvres. Devant l'air perplexe de Jeongin, il lui tendit la main. « Viens, je te fais visiter et je dois te montrer quelque chose après. »

Après avoir entrecroisé leurs doigts, Hyunjin lui fit faire le tour du propriétaire. La maison était grande, spacieuse, aérée et donnant sur la nature. Le jeune homme avait aménagé son studio de travail à la place du garage et avait reconverti une chambre en bureau. Mais la décoration moderne, toute de blanche et de noir, contrastait avec les divers clichés de ses propres œuvres accrochées derrière le canapé de son salon. Pourtant, un des cadres demeurait encore vide et cela semblait intriguer Jeongin, pour le plus grand plaisir de l'artiste. C'était l'emplacement réservé pour sa muse.

« Qu'est ce que tu veux me montrer ? » demanda le barman en s'asseyant dans le canapé, l'air perplexe.

« ça devrait bientôt commencer. » répondit Hyunjin en allumant la télévision et en la mettant directement sur une chaîne d'informations en direct.

Après s'être assis à côté de Jeongin, ce dernier s'approcha de lui pour se blottir dans ses bras. La présence de son cadet avait terriblement manqué à Hyunjin, il inspira son odeur, savoura son corps sous ses mains avant de sentir l'envie irrépressible d'embrasser le jeune homme monter en lui. Sa muse semblait être du même avis que lui. Les yeux mi-clos rivés sur les lèvres de son aîné, Jeongin semblait en avoir tout autant envie que lui.

Mais à la télévision, le bruit d'alerte d'un flash spécial se fit entendre. Alors qu'il allait embrasser le barman, Hyunjin rouvrit les yeux en esquissa un sourire. Dans sa poitrine, son cœur battait un rythme infernal et un torrent d'émotions se glissait en lui.

« Regarde, s'il te plaît. » murmura t-il sur les lèvres de Jeongin avant d'y picorer un chaste baiser, pour que son cadet regarde la télévision.

Sur l'écran de celle-ci, le musée d'art moderne était présenté sous d'immenses spot de lumières. Sur la grande façade stylisée, une affiche titanesque masquait les quelques étages du bâtiment pour afficher la nouvelle œuvre de monsieur H.

Le Kumiho, le corps bardé de peintures de guerre d'un ton rouge Bismark, enserrait son épaule et sa taille de ses propres mains. La peau parsemée de frissons, les lèvres entrouvertes, le regard si désespéré et plein de luxure, la bête mystique dévisageait le photographe avec tant d'envie que la présentatrice à la télévision peinait à trouver ses mots. Les muscles dessinés par les couleurs sables, la beauté de son corps sublimée dans un déluge de chaleur et de marques de mains rouges, le Kumiho désirait l'homme qui l'immortalisait plus que tout au monde.

Dans ses bras, Hyunjin sentit sa muse se tendre. Elle contemplait l'écran de la télévision, l'air surpris et perdu. L'artiste guettait la moindre de ses réactions, l'émotion et la sincérité qui pouvait se dégager d'elle. Lorsque l'annonce prit fin, Jeongin tourna son regard vers son aîné. Abasourdi, le jeune homme semblait à peine croire ce qui venait de se passer sous ses yeux. Hyunjin le savait, au-delà de lui avoir offert un banal contrat lui permettant de vivre mieux, il avait provoqué quelque chose en Jeongin. Une force brute, une prise de conscience de sa propre puissance et de sa beauté. Alors que la télévision tournait encore pour annoncer l'exposition concernant le Kumiho au musée d'art moderne, Hyunjin sentit son cadet venir s'installer à califourchon sur lui sans hésitation. L'artiste l'attrapa à l'arrière des cuisses, un sourire gravé sur le coin de ses lèvres.

« C'est comme ça que tu me vois ? » murmura le jeune homme en se penchant, déposant un baiser sur la joue de Hyunjin. Son souffle était déjà court.

« C'est comme ça que je te vois. » répondit l'artiste sur le même ton. Il laissa ses mains glisser le long de la nuque du barman, caressant cette peau qu'il avait aimé peindre autant que mordre.

« Monsieur H n'a donc pas fini sa conquête du monde ? » plaisanta alors Jeongin en se penchant pour venir réclamer un baiser sur les lèvres cette fois ci.

Évidemment, que tout était loin d'être fini. Hyunjin avait des tonnes de projets, des tonnes de modèles à faire travailler, des tonnes d'idées à faire véhiculer. Ignorant son téléphone qui se mit à vibrer, probablement des appels de son manager ou de grands journaux qui lui demandaient un entretien, le jeune homme préféra embrasser profondément Jeongin. De nouveau, il savoura ces lèvres tendres et demandeuses sur les siennes, cette caresse brûlante qui électrisait sa peau, qui lui donnait autant envie de peindre que de faire l'amour. Le barman s'appuya contre lui en soupirant d'aise, les joues écarlates et les lèvres entrouvertes.

« Monsieur H partira à la conquête du monde, si monsieur J décide de venir à ses côtés. » murmura t-il entre deux baisers. Jeongin se mit à frissonner dans ses bras, agrippant avec force ses épaules pour les caresser.

Lorsque le jeune homme s'abandonna à son amour cette nuit là, Hyunjin eu la profonde conviction qu'il n'avait pas peint que le corps de Jeongin. Il avait aussi peint son âme et gravé son cœur avec sa signature, devenant son œuvre, sa muse et son tout.


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