Style: Flashfic, Maladie Mentale

Pairing: ø

1 542 mots

Pour: Quoi pas?

Disclamer: Il ne s'agit absolument pas de la romantisation d'une affliction mentale qui existe. L'ambiance de la flashfic dans son ensemble est malsain. Si vous ne vous sentez pas à l'aise face à ce genre de sujet, n'hésitez pas à passer votre chemin. Prenez soin de vous!

Résumé:

Hyunjin le savait. Il ne pouvait pas se passer de lui.

Et l'inverse était vraie.

La sensation du papier glacé sous ses doigts était enivrante. Exquise, glaciale, aussi froide que tout ce qui le cernait constamment. Dans la lumière rouge du local puant le blix et le stabilisateur, Hyunjin laissa un souffle tremblant s'échapper de ses lèvres.

Le cliché était parfait.

Il gratta nerveusement sa tête à cause de la démangeaison, sans faire attention à son chignon saturé de saletés depuis plusieurs jours. Ignorant les bacs et les bassines se gênant les uns les autres sur son plan de travail saturé par les produits chimiques, le jeune homme attrapa ses pinces les plus fines pour sortir la photo de son bac de stabilisateur. Tout était magnifique. Ses yeux habitués à l'obscurité de son local de développement connaissaient par cœur les nuances de chaque couleur dans la réalité.

De toute façon, il se souvenait de cet instant comme s'il l'avait vécu une heure auparavant encore. Alors que plusieurs jours s'étaient déjà écoulés.

C'était un jour magnifique, à l'odeur de printemps et de soleil, où sa chaleur délicate réchauffait les cœurs les plus froids. Les fleurs commençaient à éclore, les oiseaux chantaient les naissances, et Hyunjin avait trouvé le courage de sortir de chez lui. Armé de son meilleur appareil et objectif, il s'était installé là où il avait qu'Il allait passer. C'était prévu, c'était un shooting comme un autre, ce n'était rien de plus que la banalité pour Lui...

Mais chacune de Ses apparitions était un miracle pour Hyunjin.

Quand quelques fanatiques sans importance étaient venus dans l'espoir de Le croiser, il n'avait rien dit. Aucun de ces rats n'avait une chance, personne ne pouvait lui arriver à la cheville. Lui était là depuis le début. Lorsqu'Il était apparu pour la première fois dans sa vie, Hyunjin le savait. Personne ne pourrait L'aimer plus fort que lui l'avait aimé en un instant. C'était son épiphanie, sa révélation. Son tout.

Les portes du bâtiment s'étaient ouvertes dans un fracas, et quelques gardes du corps en étaient sortis. Braquant son appareil photo sur la délégation, ignorant les êtres souillés autour de lui, Hyunjin sentit son cœur chuter dans sa poitrine. C'était l'instant ou jamais, à chaque fois ce pic d'adrénaline, à chaque fois cette pulsion qui le poussait à arrêter de respirer le temps qu'Il partageait le même air que lui. C'était addictif. Grisant. Une extase pure.

Au milieu de sa propre odeur de cigarettes et de café froid, le jeune homme appuya sur le déclencheur de son appareil. Le cliché serait immortel. Il était là, devant lui, baignant d'un parfum de roses aussi rouges que le sang et sensuelles que ses lèvres. Ses cheveux blonds tombaient à peine sur ses grands yeux bruns qui couvraient la petite foule d'un amour infini. La peau diaphane était couverte de ses tâches de rousseurs que Hyunjin avait compté des milliers de fois, encore et encore, dans son local de développement pour être certain d'en connaître le chiffre exact. Son nez en bouton, minuscule, adorable, décorait son visage comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art.

Lee Félix était son chef d'œuvre.

Hyunjin osait à peine prononcer son nom pour attirer son attention alors qu'il voulait le hurler à plein poumons. Qu'Il pose les yeux sur lui. Félix était là, devant lui, à quelques mètres. Son blazer rouge mettait plus que jamais en valeur le teint laiteux de sa peau, ses yeux bruns caressaient la foule avec cet amour inconditionnel. Angélique, délicat, le trésor même d'une vie entière. Hyunjin l'avait vu, encore adolescent pour une campagne publicitaire misérable, mais il avait senti ce potentiel, ce pouvoir. Cette beauté pure.

Et Son regard croisa celui de Hyunjin à travers l'objectif.

Par réflexe, il appuya sur le déclencheur, mais ses lèvres étaient entrouvertes. Il aurait presque pu sentir sa tête tourner comme un manège. Félix le regardait lui, par son objectif, droit dans les yeux. Son chef d'œuvre esquissa un sourire et lui fit un signe de la main, délicat et tendre. Perfection.

Hyunjin tremblait.

Il s'était gratté nerveusement la jambe, incapable de se retenir, jusqu'à ce que Félix ne monte dans son taxi pour l'emmener à l'abri des regards. Des fanatiques s'étaient pressés contre la voiture, engluant les vitres de leur souffle putride. Ils ne savaient rien. Ils n'étaient que des cloportes, incapables de voir la réalité des choses. Félix le connaissait, Félix lui avait fait un signe. Félix l'aimait tout autant que l'inverse était vraie.

Des années à le mettre en valeur, car Il le méritait. Et désormais Hyunjin méritait son amour.

Dans les ténèbres de son local de développement, il souleva le cliché parfait pour le contempler à la lumière rouge. Il était splendide, incommensurablement beau. Les mots manquaient à Hyunjin tant il aimait cette photo. Elle était sienne, personne d'autre au monde ne pouvait la contempler sauf lui, il était méritant. Aussi délicatement que lui permettait ses doigts tremblants, il accrocha la photo à l'un des longs fils accroché au mur. Au milieu de la centaine de clichés, elle y prit son trône de reine. Elle est dominait toutes.

A ses côtés se trouvaient des centaines de photos de Félix.

Certaines étaient prises lors de déplacement officiels, lors de tournages de publicités, de films ou de shooting photos. Hyunjin n'avait pas aimé la collaboration avec Valentino. Les coupes italiennes n'avaient jamais réussi à mettre en valeur le corps d'éphèbe de sa muse. Depuis qu'Yves Saint Laurent avait jeté son dévolu sur lui, le jeune photographe était soulagé. Félix se mariait si bien à ces modèles, il portait enfin des vêtements dignes de lui. Il était toujours resplendissant sur ces photos. Charismatique. Enivrant.

Et il y avait les autres clichés.

Les autres, lorsque Hyunjin avait réussi à obtenir une géolocalisation payée une fortune à un revendeur, lorsqu'il avait acheté des informations d'un membre du staff avant qu'elle ne se fasse virer pour son manque de professionnalisme, lorsqu'il avait trouvé « par hasard » un moyen de pirater les plannings du manager de Félix pour connaître ses déplacements...

Des photos où on voyait sa muse au naturel, le visage fatigué et l'air parfois boudeur. Entrain de manger ou d'attendre comme chaque être humain pour aller aux toilettes d'un restaurant. Perdu dans ses pensées lorsqu'il prenait le temps de courir dans un parc tôt le matin ou encore étrangement concentré lors d'une conversation téléphonique alors qu'il était allongé sur son lit, à l'abri des regards des indignes.

Son numéro était même enregistré sur son propre téléphone. Mais il n'avait jamais osé L'appeler.

Hyunjin laissa son regard caresser les innombrables photos ornant les murs de son local. Les odeurs chimiques firent tourner sa tête à force d'y être exposé. La faim lui tordait le ventre, le manque de nicotine faisait picoter ses doigts. Il dû se résoudre à quitter la pièce pour respirer, avant de trop perdre l'équilibre. La seule fois où ça lui était arrivé, il avait faillit abîmer la précieuse photo où Félix souriait face à une coccinelle, sur le balcon de son ancien appartement.

En poussant la porte de sa chambre miteuse, Hyunjin découvrit son studio. Des vêtements traînaient au sol, des cadavres de bouteilles roulaient jusque sous le canapé, les volets étaient tirés et l'odeur de transpiration était omniprésente. Infecte. Le jeune homme se mordilla nerveusement la peau bien trop sèche de ses lèvres. Dès qu'il avait emménagé ici, il avait changé sa chambre en local photo. Il devait bien ça à Félix, pour lui prouver ton son amour.

Grattant sa barbe naissante, Hyunjin repoussa du pied une boite de plat tout prêt déjà dévorée pour s'asseoir sur son canapé. Il alluma une cigarette, savourant tout le plaisir qu'il ressentait à cette seconde. Presque orgasmique. Son regard avait croisé celui de Félix, un bref instant, son Chef d'œuvre avait été conscient de son existence. Parfois, Hyunjin se demandait s'il ne rêvait pas. Mais le plus souvent, il savait qu'il l'aimait en retour, d'un sentiment si pur et brûlant qu'il sentait son âme s'y consumer. Personne ne pouvait le lui voler.

Prêtant peu attention au goût rance dans sa bouche, Hyunjin laissa ses mains caresser ses cheveux gras, savourant la caresse sur la peau de son visage meurtri par la négligence. Rien n'avait d'importance. Son regard avait croisé celui de Félix. Rien ne plus de comptait au monde. Ce n'était que eux, face au reste misérable de l'existence humaine. Rien que leur amour, rien de plus.

Hyunjin souffla un épais filet de fumée grise, encombrant l'odeur pestilentielle de son propre corps répugnant et sale. Une vibration se fit entendre quelque part dans son appartement. Probablement un message d'un revendeur d'informations, un nouvel article, quelque chose qui lui permettrait de voir sa muse et de la contempler encore. Pour qu'Elle sente son amour indéfectible et irrationnel. Partagé entre l'excitation de voir la nouvelle et l'envie de savourer encore la perfection du cliché qu'il venait d'obtenir, Hyunjin se détendit encore quelques secondes dans son canapé. Ça ne risquait rien de toute façon.

Félix l'aimait, il n'était pas près de s'envoler loin de lui.