L'Après (Partie 1, JeongLix)
Style: UA Non idoles, Romance, Explicite, Drame
Pairing: JeongLix
9 559 mots (partie 1)
Résumé:
Étant enfant, Jeongin passait tous ses étés chez son cousin Changbin dans une ville de province. Son voisin de l'époque, un garçon répondant au nom de Félix, les accompagnait partout, jouait avec eux, passait des soirées entières accrochées aux cousins et tous les trois s'amusaient comme les gosses qu'ils étaient.
Et Jeongin avait grandit.
Félix était devenu quelque chose d'autre à ses yeux qu'il n'arrivait pas à comprendre. Alors il avait cessé de venir tous les étés... Jusqu'à ce que Changbin lui propose de revenir des années plus tard.
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Ça aurait dû être un été comme tous les autres.
Depuis qu'il était enfant, les parents de Jeongin partaient dans leur Busan natale lors de leurs vacances d'été pour y retrouver leurs parents et la famille étendue. Et chaque année, Jeongin trouvait le moyen de s'y soustraire en allant chez un de ses cousins avec qui il s'entendait le mieux : Changbin. Ce dernier habitait dans un petit coin reculé, une ville de quelques milliers d'habitants loin de l'agitation de Séoul, des néons et de la vie de fourmi que les gens y menaient.
Là-bas, Jeongin pouvait courir dans un grand jardin, plonger tête la première dans la piscine gonflable de Changbin, chasser les insectes et dévorer des glaces au citron maison de sa tante. Là-bas, il retrouvait aussi année après année la personne qui avait cristallisé son adolescence.
Félix.
Un petit garçon légèrement plus âgé que lui, aux cheveux noirs comme la suie et au visage constellé de tâches de rousseurs. Félix venait d'Australie, ses parents avaient déménagé lorsqu'il était encore petit pour s'installer dans la maison à côté de celle de Changbin. Les deux étaient devenus amis avec le temps, et lorsque Jeongin venait l'été il passait tout son temps avec son cousin et son meilleur ami. Ils faisaient du vélo tous les trois jusqu'à s'en écorcher les pieds, piquaient des paquets de gâteaux et du soda pour filer à travers les ruelles de la ville et faire des goûters après le repas du soir où ils avaient boudé leurs légumes, se racontaient des histoires qui faisaient peur dans la tente installée au fond du jardin quand ils jouaient aux aventuriers...
Jeongin avait vieillit, et bientôt ses étés d'enfance prirent la note douce amère de l'adolescence. Les cours plus difficiles, la pression de ses parents pour prendre des cours supplémentaires l'été ou bien un petit boulot pour mettre de côté, l'ennui de se retrouver loin de ses amis de tous les jours le temps de quelques semaines chez une tante qu'il appréciait moins...
Il adorait toujours Changbin. Et Félix. Mais c'était différent.
Félix était devenu à ses yeux étrangement chétif. Même s'il était plus grand que lui au début, Jeongin avait grandit plus vite que lui. L'année de ses seize ans, il l'avait dépassé en taille et il s'était rendu compte à quel point son aîné était frêle, maigre, fragile à côté de lui. L'envie crépitait dans le fond de ses paumes de main. Jeongin avait envie d'attraper une de ses mains effilées pour la serrer fort dans la sienne, il voulait le tenir contre lui en dormant.
Il aurait aimé qu'il soit son premier baiser.
Alors l'année suivante, il n'était pas venu.
L'année d'après non plus.
Cinq ans avaient passé comme ça, dans le souffle du vent et des études supérieures.
Jusqu'à ce que Changbin lui envoie un mail, expliquant qu'il avait prit un appartement en colocation avec Félix dans sa ville natale, et que s'il voulait il pouvait revenir chez lui le temps de quelques semaines pour passer l'été en leur compagnie.
Pourquoi avait-il accepté ?
Jeongin n'avait pas spécialement réfléchit dans le fond. Il avait bouclé sa valise et annoncé à ses parents qu'il n'allait pas travailler cet été là, qu'il avait besoin de décompresser de ses études pour devenir professeur et que cette dernière année lui pesait beaucoup sur les épaules. Ses parents n'avaient pas fait les difficiles, ils semblaient juste surpris de voir ressurgir Changbin dans la vie de leur fils. Depuis les années, ils avaient imaginé qu'ils s'étaient simplement chamaillés comme des cousins pouvaient le faire dans une grande famille.
S'ils savaient.
Il avait prit le train un matin pour échouer dans la petite ville où habitait Changbin depuis ses jeunes années. Là-bas, il avait été accueillit par son cousin qui s'était métamorphosé. Le garçon plutôt fin et au regard sombre avait cédé à une montagne de muscles qui faisait une tête de moins que lui. Jeongin n'était plus un frêle gringalet non plus depuis le temps, mais ça n'avait rien à voir avec Changbin. Son cousin était un véritable bulldozer.
Ils s'étaient étreint maladroitement sur le quai de la gare, l'odeur du parfum de Changbin était prononcée avec la chaleur ambiante et l'air chaud qui balayait leurs peaux. Son cousin l'avait aidé à charger sa valise dans le coffre de sa voiture, un vieux modèle qui semblait dater du siècle dernier, avant de s'enfermer dans la fournaise à l'intérieur. Aussitôt, les cheveux décolorés de Jeongin collèrent à sa nuque et l'arrière de ses genoux se mit à fondre sur les sièges de la voiture.
« ça fait tellement longtemps, t'es devenu super grand. » lança Changbin alors qu'ils sortaient du parking de la gare sous le soleil du zénith. « Je t'avoue que je ne pensais pas que t'allais venir. »
« Tu veux que je fasse demi-tour ? » répondit Jeongin sur un ton sarcastique.
« Le prochain train n'est pas avant ce soir, tu as le temps de venir moisir chez moi si tu n'as que ça à faire. »
Ils échangèrent un sourire complice avant que le jeune homme ne reporte son regard sur le paysage à travers la fenêtre de la voiture. Autour de lui, la petite ville semblait tout aussi morne que dans ses souvenirs. Enfant, il y avait toujours quelque chose à faire. Jouer, s'amuser, se promener... devenir adolescent ici devait être une véritable torture, Jeongin en était persuadé. Les rues étaient vides, les quelques magasins ouverts étaient ceux de première nécessité, c'était le calme plat. Tout le monde avait préféré abandonner son foyer pour découvrir les joies de la plage ou de la montagne le temps de quelques semaines.
« Comment va Félix ? » osa-t-il demander, une légère gêne dans la gorge. Même s'il essayait d'en être détaché, les souvenirs du garçon fragile aux tâches de soleil le hantaient comme un fantôme du passé. Il était, et resterait à jamais, l'objet de ses désirs d'adolescent.
« Oh toujours pareil, tu le connais. » répondit Changbin en se mettant à rire. « Toujours aussi doux, toujours aussi attentionné. Il était si heureux quand je lui ai dis que tu acceptais de venir chez nous, j'ai sincèrement cru que c'était Noël avant l'heure pour lui. »
Jeongin sentit son cœur chuter dans sa poitrine. Tout ce qu'il gardait de Félix, c'était des souvenirs si puissants qu'ils étaient capables de faire imploser ses émotions. Que ça soit la fois où ils avaient regardé longuement un papillon éclore dans les mains de Félix, ou lorsque Jeongin s'était demandé pendant de longues minutes si boire au même goulot de bouteille que son aîné c'était une forme de baiser indirect, tout ça restait si profondément ancré en lui que ça le brûlait de l'intérieur.
Il avait connu des femmes, il avait connu des hommes, mais rien n'était jamais arrivé à la cheville de ce qu'il avait ressentit pour Félix avant.
Une infime portion de lui espérait sincèrement qu'il soit déçu en le retrouvant. Ça serait peut être assez fort pour effacer les souvenirs et enfin passer à autre chose.
« Il devient quoi ? » continua Jeongin, plus nerveux qu'il ne l'aurait espérer. L'idée de retrouver Félix le stressait. « Je sais que t'es devenu coach sportif mais lui... »
« Félix n'a pas fait beaucoup d'études, ça ne l'a jamais vraiment intéressé. » reprit son aîné tout en conduisant. « Il a juste passé une équivalence pour bosser avec les enfants, il bosse dans un centre de loisir l'après-midi jusqu'au soir. Mais t'en fais pas il est en vacances, il sera là pendant toute la durée de ton séjour. »
Parfait, faillit gronder Jeongin, partagé entre le dépit et la curiosité. Félix qui travaillait entouré d'enfants, ce n'était pas vraiment une surprise. Son aîné avait toujours été la douceur incarnée. Il était délicat, attentif, et d'une tendresse qui défiait l'entendement. Perdu dans ses pensées, le jeune homme continua d'échanger avec son cousin. Il apprit les changements dans la ville au fil de leur voyage et Jeongin ne reconnu aucune des rues qu'ils traversaient. Ils finirent par s'arrêter dans un quartier en périphérie du centre, là où quelques parcs résidentiels d'immeubles à trois étages donnaient sur des cours intérieures. Changbin gara sa vieille voiture sur une place de parking en plein soleil, une des rares disponibles malgré le vide des rues, avant d'en sortir.
Jeongin cru qu'il allait se décoller la peau de ses cuisses en se relevant du siège passager. Il avait opté pour un short et des sandales vu la température caniculaire de la journée, mais il regrettait déjà. Autour de lui, il détailla les quelques immeubles à portée de vue. Ce n'était rien de bien luxueux, mais les rues étaient calmes et il y avait de grands balcons à chaque porte-fenêtre. Le jeune homme récupéra sa valise avant d'emboîter le pas de son cousin.
« Félix est parti faire des courses pour tenir quelques jours. » lança Changbin en le guidant à travers un portail entrouvert. « Tu as de la chance, notre clim' est presque neuve et fonctionne plutôt bien à condition qu'on laisse les portes fermées. »
« Je vais dormir où ? » demanda t-il, soudain préoccupé par des questions d'organisation bien plus sommaire. Le fait de repousser légèrement ses retrouvailles avec Félix le soulageait.
« Tu as le choix, on a de grands lits avec Félix si jamais tu as envie de compagnie comme quand on était gosse, sinon on a un matelas gonflable qu'on peut installer dans une des deux chambres, ou encore le canapé du salon. Il est dépliable et assez confortable. »
L'idée même de partager un lit avec qui que ce soit fit frémir d'embarras Jeongin. Ce dernier préférait ne rien dire lorsque Changbin passa sa carte magnétique pour ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble. L'intérieur était fait de lino blanc et de crépis beige, l'odeur de produits de nettoyage était encore fraîche malgré l'heure de la journée et il faisait bien meilleur dans ce petit couloir d'accès. Jeongin sentit à quel point il était trempé par sa propre sueur, ses cheveux blonds collaient désagréablement dans sa nuque et sur ses tempes, tout comme son sous vêtement et les lanières de ses sandales sur ses chevilles.
« En tout cas, fais comme chez toi. » continua Changbin alors qu'ils prenaient l'ascenseur pour le second étage. « On a largement de quoi manger pour trois ici, et ça va te faire du bien de déconnecter un peu. »
« Oui, sans doute. » répondit Jeongin, la tête ailleurs.
Il ne rêvait que d'une chose : une douche fraîche, d'une grande rasade d'eau ainsi que se reposer au frais. Depuis quand il faisait si chaud en dehors de la capitale ? Peut-être qu'être enfant lui permettait de mieux tolérer la chaleur, il n'en avait aucune idée. Mais la nervosité crépitait le long de son dos et de ses mains. Si au début, l'idée de revoir Félix ne lui faisait aucun effet, il devait admettre qu'être mis au pied du mur le rendait nerveux.
Changbin ouvrit son appartement sur une délicieuse odeur de gâteau au chocolat et une douce température. Jeongin découvrit de ses propres yeux l'appartement qui donnait directement sur une grande salle à vivre et son balcon. Les volets baissés, la lumière était tamisée dans la pièce principale et laissait un coin d'ombre agréable dans le salon où le canapé trois places et quelques fauteuils semblaient sentir bon le propre. Une petite salle à manger était séparée de la cuisine par une bibliothèque fournie, et avait l'air donner sur la salle d'eau de l'appartement. Jeongin était étonné, jamais il ne se serait attendu à un milieu aussi cosy et propre pour deux jeunes hommes habitant ensemble. Son regard fut attiré par la pâtisserie qui refroidissait sur le comptoir de la cuisine. Un joli gâteau au chocolat, encore tout frais.
« Rah, j'avais dis à Félix de ne pas le faire ! » se mit à gronder Changbin en fermant la porte derrière lui. « Je ne voulais pas qu'il allume le four avec cette température mais il tenait vraiment à te cuisiner quelque chose... »
La gorge toujours aussi nouée, Jeongin ne trouva rien à redire. Il acquiesça d'un geste de la tête avant de laisser sa valise dans l'entrée le temps d'enlever ses chaussures. Une envie lancinante de se faire propre le taraudait. Au fond de lui, il sentait qu'il avait envie de se rendre présentable pour la première fois qu'il retrouvait Félix. Et ça le mettait un peu en colère. Il aurait aimé s'en moquer, mais ça le travaillait.
« Il y a moyen que je fasse une douche ? » demanda t-il en essayant d'avoir l'air détaché de tout.
« Oui bien sûr. » répondit aussitôt Changbin avant de désigner la porte dans la cuisine entre le réfrigérateur et un comptoir libre. « Je vais déposer ta valise dans la chambre de Félix, il a libéré une étagère pour toi dans son armoire. »
Jeongin aurait aimé pouvoir maudire la bienveillance de son ancien ami, mais c'était difficile. Félix était toujours serviable et attentionné, c'était difficile de lutter contre ce rayon de soleil. Le jeune homme récupéra donc sa trousse de toilette et sa serviette de bain dans sa valise avant de laisser Changbin la déposer dans la bonne pièce. Le cœur serré et un nœud à la gorge, il fila dans la salle de bain sans demander son reste.
Il ne trouva le moyen de se relaxer que lorsqu'il claqua la porte derrière lui. La salle de bain était petite, il n'y avait qu'une cabine de douche, des toilettes et un lavabo sommaire à côté d'un meuble de rangement débordant de produits. Jeongin prit le temps de déposer ses affaires pour se contempler dans le miroir un instant. Ses cheveux blonds décolorés étaient secs, et malgré sa transpiration on voyait sans peine leur raideur naturelle. Il passa nerveusement ses longues mains le long de ses joues et de ses pommettes hautes. Lui aussi avait grandit. Félix n'était qu'un coup de cœur de jeunesse, rien ne disait qu'il avait quelconque effet sur lui depuis les années. Il allait passer quelques semaines au calme loin de ses études et de ses parents, ça ne pouvait que lui faire du bien.
Le jeune homme se déshabilla pour se laver, savourant l'eau tiède sur sa peau collante avant de sortir dans un nuage de vapeur. Il tenta de se sécher du mieux qu'il le pouvait malgré la chaleur ambiante : il n'arrêtait pas de transpirer. Descendre une bouteille d'eau ne lui ferait que du bien.
Habillé par ses vêtements sales, Jeongin finit par sortir de cette fournaise dans un soupir de soulagement. Dans l'appartement, il entendait quelques bruits dans le fond et rien d'autre. Probablement Changbin qui était dans sa chambre. Le jeune homme déambula dans la cuisine avant de se tourner vers le réfrigérateur. Il rêvait d'une boisson fraîche, peut-être que...
« Oh Jeongin, tu es là ! »
Le jeune homme se figea sur place en entendant cette voix si grave. L'été faisait grésiller l'air, épais et incandescent, et un filet de sueur coula lentement le long de la tempe de Jeongin. Il ne portait qu'un short et son tee-shirt dans la petite cuisine de son cousin, et pourtant il crevait de chaud. La tête à moitié dans le réfrigérateur, il espérait trouver une bouteille d'eau fraîche pour respirer un peu.
Pas de l'entendre déjà.
Jeongin se redressa maladroitement pour refermer le réfrigérateur et son cœur s'arrêta dans sa poitrine.
Félix était là, à l'entrée de la cuisine de cet appartement dans lequel il allait passer de longues journées. Son aîné n'avait pas grandit d'un pouce, il faisait facilement une tête de moins que lui. Son sourire non plus n'avait pas changé. Le visage était toujours aussi tendre et doux, ses cheveux étaient légèrement décolorés dans un châtain qui rehaussait le brun de ses tâches de rousseur. Habillé d'un tee-shirt trop grand et d'un pantalon de jogging, sa peau tannée enrobait des muscles à peine dessinés ainsi que des clavicules saillantes visibles par son col. Félix portait à bout de bras ses sacs de courses, qu'il posa dans un grand soupir de soulagement.
« Comme tu as grandis !! » continua son aîné en s'approchant de lui. Le cœur de Jeongin manqua un battement en même temps qu'il baissait la tête pour continuer de regarder Félix. « Je suis vraiment content que tu sois là, Changbin était surpris mais je n'ai pas douté une seule seconde que tu reviennes nous voir ! »
Jeongin était muet comme une tombe. Il avait la désagréable sensation que son corps et son esprit n'étaient plus en accord. Au fond de son ventre, un instinct primaire grondait face à Félix. Dans sa tête, les tonnes de souvenirs de ses étés d'enfance l'envahissait. Panser les genoux écorchés de son aîné, effacer ses quelques larmes d'un revers de pouce, contempler son sourire lorsqu'il lui apportait une glace à son parfum préféré.
Et son odeur.
Ce fut encore pire lorsque le jeune homme réussi à prendre une inspiration. D'aussi loin qu'il s'en souvenait, l'odeur que portait Félix sur lui était celle des gâteaux chauds et de la lavande. Il n'avait pas changé. C'était le même.
« Salut Félix. » trouva t-il le courage d'articuler après deux longues secondes de silence qui lui avaient semblé être une éternité. « T'as pas changé. »
« J'ai pris tout de même en carrure voyons ! » lança son aîné en brandissant ses bras minces et fermes, un grand sourire aux lèvres. « Si on était encore gamins je te prendrais dans mes bras... »
Aussitôt les sens de Jeongin se mirent en alerte. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et il déglutit péniblement. L'idée même que Félix s'approche de lui pour se tenir proche aurait pu le faire se replier sur lui même. C'était comme appuyer sur une plaie béante qui s'était suspendue dans le temps et qui n'avait jamais voulu cicatriser. Encore à vif, brûlée au fer rouge par les souvenirs plus vivants les uns que les autres.
« Excuse-moi mais j'ai très chaud. » répondit Jeongin : dans le fond c'était vrai, il sortait de sa douche et transpirait à grosses gouttes. « Et j'aime moins les contacts physiques depuis l'adolescence. »
Le jeune homme ne pu que constater la légère expression de déception de son aîné. Le sourire de Félix se figea une fraction de seconde, avant de reprendre de plus belle. Il était si fin, Jeongin craignait qu'au moindre contact, l'homme face à lui ne vole en éclat.
« Pas de problème, c'est tout naturel ! » lança t-il, les mains en avant comme pour s'en défendre. « C'est à moi de m'excuser ! »
Incapable de détacher son regard de Félix, le jeune homme resta pantois devant son aîné. Il détaillait encore ses traits, impossible pour lui de faire autrement. C'était comme contempler son passé et son présent en même temps pour lui. Il voulait juste pouvoir s'asseoir sur le sol froid de la cuisine et regarder Félix jusqu'à ce qu'il ne le supporte plus.
« J'ai fait de la place dans mon armoire si tu veux y déposer tes affaires. » reprit son aîné avant de faire volte-face pour reprendre les sacs de courses qu'il avait apporté. « Tu peux t'installer aussi où tu veux pour la nuit, ma chambre est plus petite que celle de Changbin mais ça serait avec plaisir que tu peux t'installer chez moi si l'envie t'en dis... »
« Ah Félix t'es rentré !! »
Ce fut la voix tonitruante de Changbin qui sortit Jeongin de ses pensées. En voyant son cousin entrer dans la cuisine pour prendre un sac de courses, le jeune homme détourna le regard pour contempler ses pieds sur le carrelage de la cuisine.
« Ah t'as pensé à reprendre du radis jaune, bonne idée. » continua Changbin en ouvrant le sac à sa portée. « Tu peux aller déballer tes affaires si tu veux Jeongin, on va ranger les courses avec Félix. »
L'invité hocha la tête mécaniquement avant de prendre le chemin de la chambre de son hôte. Il tenta de ne pas respirer l'odeur de lavande qui tournait autour de Félix en passant à ses côtés, de crainte de voir son cœur s'emballer de nouveau.
Ce n'était pas ce qui était censé se passer.
Il voulait un été comme les autres, un été banal au repos chez son cousin, juste pour prendre du temps pour lui loin de la capitale et de ses obligations scolaires ou familiales. Et le voilà replongé dans une foule de sentiments et de culpabilité qu'il n'aurait jamais espérer retrouver. C'était frustrant. Félix aurait dû changer, il aurait dû évoluer comme tout le monde, grandir, se forger une personnalité différente, juste être une autre personne...
Mais il était le même. De la petitesse de ses mains à la bienveillance de son regard, rien n'avait changé. Aux yeux de Jeongin, il était un faon tremblant sur ses pattes, si fragile d'un brin d'air l'aurait fait se coucher dans l'herbe. Félix était un homme désormais, mais un homme de porcelaine, délicat et doux dont Jeongin n'aurait jamais osé imaginer l'existence.
Ces quelques semaines allaient être terriblement longues, il en était convaincu désormais.
Il rassembla ses idées du mieux qu'il pu avant d'approcher de la chambre de Félix. La porte était ouverte sur une pièce lumineuse, aux murs couleur coquille d'œuf recouverts de photos et de posters. En passant le palier, Jeongin fut nullement surpris de sentir cette odeur de lavande flotter dans l'air.
La chambre était comme à l'image de son propriétaire. Dans les tons doux, mélange de jaune pâle et de rose, avec un bois clair pour les meubles. Les rideaux cachaient le vis à vis de la fenêtre juste au dessus du lit. Un ordinateur de gaming, avec un système de watercooling, trônait fièrement sur le grand bureau dans l'angle, juste à côté d'une armoire où reposait sa valise. Il y avait quelques vêtements qui traînaient ci et là, sur les quelques étagères se trouvaient des rangées de jeux vidéos rétro ainsi que des figurines de mangas plutôt célèbres que Jeongin reconnut facilement. Jeongin se sentait étrangement bien dans cette pièce. En sécurité, quelque part où il savait qu'il ne risquait rien. Ses yeux se posèrent sur le lit deux places et aussitôt la chaleur se mit à crépiter le long de ses joues. C'était là où Félix dormait, se reposait... Mais aussi pouvait avoir sa propre intimité. Avant que son esprit ne s'emballe, Jeongin secoua la tête et se dirigea vers sa valise pour la vider.
Comme promis, Félix avait dégagé toute une étagère rien que pour lui. Le jeune homme lutta de toutes ses forces pour ne pas regarder les vêtements de son aîné, ni pour inspirer davantage son odeur qui était encore plus forte ici. Il vida sa valise avant de la fermer et de la glisser dans l'interstice entre l'armoire et le bureau pour qu'elle n'encombre pas le chemin. Jeongin se sentait fébrile. Ses émotions le prenait encore par vague et il fallait qu'il se calme. Jamais il ne s'était attendu à un tel choc en venant ici, il avait besoin de récupérer.
Néanmoins, il ne s'attarda pas dans la chambre de son ancien ami. A la place, il décida de retourner dans la pièce à vivre pour y retrouver son cousin et Félix. Ces deux derniers semblaient être entrain de régler leurs comptes pour les courses. Jeongin fut incapable de se retenir, son regard caressa les épaules de son aîné aux cheveux châtains sans pouvoir s'en empêcher.
Il était certain qu'elles tenaient entre ses mains sans difficulté.
« Est ce que tu as faim ? » lança Changbin en se tournant vers lui, le faisait détourner le regard de la silhouette fluette de son aîné.
« Pas spécialement, j'ai grignoté dans le train. » répondit-il en faisant l'effort d'avoir l'air le plus décontracté possible.
« Super ! Si t'as envie on peut aller se balader ou se faire une fin de journée devant la télé, ça nous laissera le temps de rattraper les années. »
Malgré tout, Jeongin était fatigué que ça soit physiquement ou émotionnellement. Revoir Félix le chamboulait, et ce fut pire lorsque son regard glissa sur son aîné pour le voir souriant en attendant sa réponse. Il n'avait pas vraiment le choix.
Ils s'installèrent donc dans le salon de l'appartement, armés de verres de thé glacé maison qu'avait préparé Félix ainsi que son délicieux gâteau au chocolat. Changbin choisit délibérément un film qu'ils avaient déjà vu des dizaines de fois ensembles, histoire d'être sûr de pouvoir parler sans rien manquer de l'intrigue.
Ce fut mine de rien une épreuve pour Jeongin. Assis dans le canapé, à côté de son cousin alors que Félix se prélassait dans un des fauteuils, le jeune homme raconta les dernières années de sa vie sans être revenu voir les deux amis. Il détailla ses études dans l'éducation pour devenir professeur des écoles, mais aussi la vie à la faculté, les rencontres qu'il avait faites, la façon dont ses parents l'étouffaient... Malgré toute la tension qu'il ressentait en présence de Félix, il devait admettre qu'il se sentait étrangement bien dans ce salon qu'il connaissait pourtant si peu. Changbin avait toujours été son cousin préféré. Un grand protecteur, à la mine sévère et pourtant si doux avec tout le monde. Jeongin se libéra de ses soucis le temps de quelques minutes, se déconnectant de son quotidien morose. Il appréciait les quelques amis qu'il s'était fait au fil de ses années, notamment Seungmin et Jisung, deux crétins qu'il affectionnait même s'il ne préférait pas leur montrer.
C'était étrangement nostalgique d'être ici, comme si la présence de Félix l'ancrait dans un passé lointain et encore bien vivant.
« Le thé est vraiment bon. » lança t-il sans réfléchir en terminant son verre. Rafraîchissant, gorgé de menthe fraîche, une telle boisson était vraiment bienvenue même si la climatisation entretenait une température décente dans le salon.
« Oh merci ! » répondit Félix en lui souriant, illuminant ainsi son visage. « Je te montrerais comment faire, ce n'est pas compliqué et vraiment ça vaut le coût ! »
Ce fut ensuite au tour de Changbin de raconter ce qu'était devenu sa vie en cinq ans. Il raconta son départ du foyer familial, son installation avec Félix qui coulait de source, ses études, ses quelques voyages au Japon en compagnie de son ancienne petite amie... Jeongin essayait de se concentrer sur lui, mais son regard déviait bien trop souvent sur Félix en arrière plan. C'était plus fort que lui. Même s'il voulait lutter de toutes ses forces, c'était trop difficile. C'était comme si son âme était appelée à lui constamment.
Ce fut plus facile lorsque son aîné prit la parole. Il resta étrangement évasif, Changbin ayant déjà partagé une bonne quantité de choses qu'ils avaient vécu ensemble. Le jeune homme avait les pieds qui touchaient à peine le sol tant il était enfoncé dans son fauteuil, à tenir à deux mains un verre qui semblait trop grand pour lui. Jeongin sentait son ventre gronder, sombre et rampant, quelque chose tiraillait ses instincts...
Et la situation n'allait faire qu'empirer.
L'après-midi fila à toute vitesse, si bien qu'ils mangèrent leur dîner devant la télévision en fin de soirée. Félix ouvrit les fenêtres dès que le soleil daigna enfin disparaître du ciel, laissant un air tiède et encore humide envahir l'appartement. Le jeune homme fila se doucher, laissant Jeongin perdu dans ses pensées avec Changbin dans le salon, la gorge nouée.
« Tu vas vouloir dormir où ? » lança son cousin en s'étirant après avoir rangé la vaisselle sale dans le lave vaisselle de la cuisine.
« C'est possible de prendre le canapé ? » demanda Jeongin en se relevant du dit meuble.
« Oui bien sûr, par contre le matin je sors tôt pour faire mon jogging, ça ira pour toi ? Je risque de faire du bruit. »
Malgré ses démons intérieurs qui lui ordonnaient de prendre le matelas gonflable pour dormir à côté de Félix, dans la chambre même de ce dernier, pour pouvoir veiller sur lui, Jeongin accepta la proposition de son cousin. Tant pis s'il se réveillait tôt, il pouvait toujours se rendormir après. Ce n'était rien de catastrophique. Le jeune homme alla chercher son change pour la nuit dans la chambre de son aîné pendant que Changbin dépliait le lit dans le salon.
Lorsque Félix sortit de la salle de bain, Jeongin ne fut nullement surpris de sentir l'odeur de lavande sur son chemin. Le jeune homme se sentit rougir lorsque son aîné lui souhaita bonne nuit et s'excusant d'avance du bruit qu'il allait faire en jouant quelques parties sur son ordinateur. Changbin prit son tour dans la salle de bain et Jeongin s'assit dans le canapé lit dans un soupir de soulagement. Ses émotions se bousculaient sans cesse dans sa tête et dans sa poitrine. Jamais il n'aurait pensé que revoir Félix allait provoquer un torrent pareil en lui. C'était stupide, les souvenirs dataient de plus de cinq ans, ils n'étaient que des adolescents à cette époque et pourtant, tout semblait encore si vif.
Le jeune homme profita d'être seul dans le salon pour se changer et mettre ses vêtements de nuit. Il se sentait étrangement mélancolique. Tout ce dont il se souvenait de ses étés revenait avec une force qu'il n'arrivait pas à réfréner. Année après année, son adoration pour Félix n'avait fait que croître. Au début perplexe face à ce garçon qui était né et avait passé les premières années de sa vie ailleurs, Jeongin avait finit par s'attacher à lui. Plus d'une fois il s'était surpris à compter ses tâches de rousseurs, à appuyer sur son nez en bouton pour le faire loucher et rire... Et chaque année c'était un déchirement lorsque ses parents revenaient le chercher chez sa tante pour repartir à la capitale. Ils avaient toujours mis cette crise de larmes sur le dos de la rentrée scolaire, mais Jeongin ne leur avait jamais avoué que c'était sa vie avec son cousin et Félix qui allait lui manquer pendant presque une année...
Lors de sa dernière venue, il avait osé tenir la main de son aîné lors de promenade tard le soir, alors qu'ils allaient acheter des glaces à l'épicerie du coin pendant que Changbin était accompagné d'une fille. Le cœur battant à tout rompre, Jeongin se souvenait qu'il avait entrecroisé ses doigts à ceux de Félix, que ce dernier avait fait de même sans cesser de sourire. Ces quelques pas dans la nuit, sans oser se parler, avait incendié l'envie de Jeongin. Adolescent, il n'avait pas osé aller plus loin. Et avait prit peur.
Cinq ans plus tard, il pensait avoir grandit et changé mais il n'en était rien.
En entendant la porte de la salle de bain s'ouvrir, Jeongin s'installa dans le canapé lit et fit semblant de déjà dormir. Changbin passa à côté de lui sur la pointe des pieds pour rejoindre sa propre chambre, et ce ne fut qu'une fois la porte fermée derrière lui que le jeune homme sortit son téléphone de la poche de son short. Dans la pénombre du salon, dont seule la lumière de la lune éclairait la pièce, Jeongin décida de fouiller sur les réseaux sociaux de Changbin. Il y trouva sans peine le profil de Félix et passa de longues minutes, bercé par le bruit du cliquetis du clavier dans la pièce voisine, à l'écumer. Il y avait quelques photos de lui seul, souvent en selfie ou de plat mangé en extérieur, de ses réalisations culinaires... Hormis son cousin, il n'y avait que très peu d'autres personnes. Quelques garçons qu'il ne connaissait pas et une grande jeune femme filiforme, aux longs cheveux blonds décolorés et à l'expression accusatrice. Un léger nœud se forma dans le ventre de Jeongin. Le profil identifié était celui d'une dénommée Hyunnie, et elle était régulièrement affichée avec Félix sur plusieurs clichés récents.
Jeongin abandonna son enquête de fortune. Il attrapa le léger drap fourni par son cousin pour s'enrouler dedans en contemplant son écran de téléphone. Qui était cette Hyunnie ? Il n'en avait aucune idée. Elle avait l'air proche de Félix mais paradoxalement elle n'avait jamais été évoqué au cours de la soirée. Vu sa personnalité solaire, Jeongin ne douta pas un seul instant que s'il s'agissait de sa copine, Félix en aurait parlé avec emphase...
A quoi il pensait bon sang ?
Ce n'était pas comme si la vie romantique de Félix le regardait de toute façon. Son aîné avait toujours été bienveillant avec tout le monde, le comportement qu'il avait envers lui n'était pas différent de celui qu'il avait avec d'autres personnes. Jeongin en était persuadé. Exaspéré par son esprit qui galopait encore et toujours dans des scenarii sans but, le jeune homme reposa son téléphone et s'enroula de nouveau dans le drap pour tenter de trouver le sommeil. Malgré sa nervosité, le bruit du clavier dans la pièce voisine finit par le bercer jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Comme prévu, il se réveilla le lendemain matin au bruit de Changbin qui quittait l'appartement pour sa course à pieds. Encore plongé dans les méandres de son sommeil, Jeongin savoura le brin d'air frais qui passait par la fenêtre. Il soupira d'aise, s'étirant et baillant avant de se figer en entendant du bruit dans la chambre de Félix.
La simple idée de se retrouver seul dans le même appartement que lui mit tous ses sens en alerte.
Jeongin se retourna dans son drap en même temps que la porte de la chambre de Félix s'ouvrit. Il ferma les yeux, se coupant de la moindre vision autour de lui en entendant les légers pas sur le parquet du salon. Dans le sillage de son aîné, cette odeur de lavande et de transpiration entremêlées fit manquer un battement à son cœur. Il se permet d'entrouvrir les paupières pour apercevoir la silhouette du jeune homme en face de lui se glisser dans la salle de bain, probablement pour se rafraîchir.
Il était nerveux. C'était impossible qu'il tienne autant de temps sans devenir fou.
Après un soupir, Jeongin roula sur le dos pour fixer le plafond. Ce n'était rien qu'un coup de cœur de jeunesse. Rien de catastrophique, ça arrivait à tout le monde. Bien évidemment il ne s'était pas attendu à prendre une telle gifle en revenant ici... Mais il allait devoir faire avec. Peut-être qu'au fil des jours, la bulle d'idolâtrie qu'il entretenait pour Félix allait finir par éclater et tout allait pouvoir reprendre un chemin normal.
Son aîné sortit de la salle de bain quelques minutes plus tard. Jeongin tenta de faire semblant de dormir, laissant ses yeux entrouverts pour juste surveiller où allait Félix. Ce dernier portait un tee-shirt bien trop grand pour lui, baillant sur une de ses épaules sur un short qui dépassait à peine la moitié de ses cuisses. Le jeune homme déglutit péniblement. En effet, malgré tout, son aîné avait grandit mais il avait gardé cette fraîcheur et fragilité juvénile et mettait les nerfs de Jeongin à rude épreuve.
Félix s'attarda dans la cuisine où il commença à préparer du café et du thé en faisant le moins de bruit possible. Jeongin ne pouvait que l'entendre, malgré la distance, il se rendit compte que son aîné commençait à cuisiner le petit déjeuner. Un pincement au cœur, le jeune homme se résigna. Il ne pouvait pas faire semblant de dormir plus longtemps, pas quand Félix allait s'échiner à lui faire plaisir. Jeongin prit son courage à deux mains et se leva du canapé pour s'approcher à pas de loup de la cuisine.
Au détour de la bibliothèque qui servait de séparation, il ne fut nullement surpris de trouver son aîné devant la plaque de cuisson. Ignorant le jus de bruit et le thé sur le comptoir, le regard de Jeongin glissa de lui même le long des épaules de Félix, détaillant son épaule nue grâce à tee-shirt béant qu'il portait. Sa peau était comme le miel, dorée et chaude, et Jeongin était certain d'y voir quelques tâches de rousseur malgré la distance. Son aîné chantonnait à peine alors qu'il était entrain de faire chauffer des pancakes avec une pâte qu'il venait de réaliser.
Son instinct parla pour lui. Malgré sa gorge serrée, Jeongin s'avança de quelques pas pour s'approcher. Ça aurait été si facile de glisser ses bras autour de la taille de Félix, de presser ce dos si frêle contre son torse pour l'englober et le tenir contre lui. Il était certain que son aîné pesait le poids d'une plume. Il était si fin par rapport à lui que ses doigts brûlaient d'envie d'attraper son aîné par les hanches. Dans la cuisine, l'odeur de café, de thé, de lavande et bientôt de pâtisserie chaude se mélangeaient entre elles, réveillant davantage Jeongin.
Ce dernier cru s'évaporer en voyant Félix se tourner vers lui. Le jeune homme l'observa d'un air surpris par dessus son épaule, comme s'il s'était senti observé alors qu'il était plongé en pleine préparation. Il avait encore de petits yeux, mais un immense sourire envahit ses lèvres aussitôt.
« Oh désolé, je ne voulais pas te réveiller. » lança t-il aussitôt avant de se tourner entièrement vers son cadet. « Tu as bien dormi ? »
ça aurait été si facile d'attraper sa taille pour le plaquer contre un comptoir de la cuisine et de le prendre dans ses bras. Il n'aurait opposé aucune résistance.
« Très bien, ça a été. » répondit Jeongin, la gorge nouée. « Tu n'as pas à t'excuser, Changbin m'avait déjà réveillé en claquant la porte. Et toi ? »
« Oui aussi, j'ai mis un temps pas possible à trouver le sommeil, ma dernière partie s'est si mal passée c'était une horreur ! » geignit Félix en faisant une moue que Jeongin eu envie de balayer du pouce.
« Tu joues à quoi en ce moment ? »
Ce fut étrange. La conversation était fluide et facile à suivre, même pour quelqu'un qui venait de se réveiller. Jeongin écoutait attentivement son aîné, mais il savait que ses yeux dévoraient Félix constamment. Ce dernier ne semblait pas forcément le remarquer, occupé à cuisiner ses pancakes tout en refusant l'aide de son invité. Alors Jeongin ne pouvait pas mentir : il en profitait pour détailler le grain de peau du jeune homme, savourer ses tâches de rousseur, la rondeur de sa voix et la délicatesse de son rire. C'était un goût de trop peu. C'était frustrant. Pour autant, il était facile d'échanger avec Félix. Lui qui pensait que l'absence de Changbin allait être difficile à gérer à cause de cette attirance indéniable, il se sentait au final à l'aise à côté de son aîné.
Attiré à en perdre la tête oui, mais il se sentait bien.
Ce fut presque avec déception que Jeongin entendit la porte d'entrée de l'appartement s'ouvrir. Changbin venait de rentrer, transpirant plus que jamais à cause de sa course matinale. Il salua son cousin et son colocataire dans la cuisine avant de se rendre dans la salle de bain, pendant que les deux autres aménageaient la table pour le petit déjeuner.
Après la douche de Changbin, ils mangèrent tous les trois les pancakes encore chauds préparés par Félix. Encore une fois, Jeongin le complimenta sur sa cuisine et il sentit son cœur se tordre en voyant son aîné rougir et détourner le regard face à ses louanges. C'était trop tentant.
« Bon, je dois sortir aujourd'hui. » annonça Changbin en fin de déjeuner. « Tu voudrais faire quelque chose de particulier ? »
« ça fait longtemps qu'il n'est pas venu, je peux l'emmener en balade. » lança Félix en souriant à son invité qui sentit ses joues rougir.
« Plutôt ce matin alors, cet après-midi il risque de faire chaud. »
Ce fut ainsi qu'après s'être préparé, Jeongin se retrouva en compagnie de Félix dans les rues de cette ville de province. Le soleil était déjà haut et commençait à chauffer alors qu'ils se mirent en route pour se promener dans le centre ville. Même s'il ne portait qu'un short et un tee-shirt, le jeune homme avait une seule envie et c'était de plonger dans de l'eau fraîche. De plus, il devait lutter constamment pour ne pas se tourner et regarder Félix.
« Tu voudrais aller voir ta tante à l'occasion ? » demanda ce dernier alors qu'ils débouchaient dans une rue plus commerçante : ils n'étaient vraiment pas loin à pied du petit centre ville.
« Je n'y ai pas vraiment pensé je dois avouer. » répondit-il en tâchant de se concentrer sur les quelques touristes et passants autour d'eux. C'était une ville de province peu fréquentée, il n'y avait pas grand-chose à faire hormis savourer la vie calme. « Elle ne m'a pas vraiment manqué à vrai dire. »
« Je pense que Changbin en a pour la journée. » continua Félix en lui jetant un coup d'œil. « On peut rentrer tôt et aller au cinéma en fin d'après-midi si tu as envie, il y fera bon ! »
C'était étrange. La sensation d'avoir quitté son aîné la veille tiraillait son ventre, alors que ça faisait de longues années qu'ils s'étaient pourtant perdus de vue. Jeongin accepta la proposition, ignorant le poignet de son aîné qui frôlait le sien en marchant à ses côtés. La tentation était là, mais il se pensait assez fort pour y résister et faire comme si de rien n'était.
Et c'était difficile.
Les jours passaient et une forme de routine s'installait. Changbin était très carré dans son emploi du temps : il faisait sa course à pieds tous les matins avant de déjeuner et faisait une séance à la salle en fin de journée. La plupart du temps, il était à l'extérieur et Jeongin fut réellement surpris de voir à quel point Félix devait se sentir isolé s'il n'était pas là. Son aîné ne se plaignait jamais de rien, mais il le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'il détestait être seul. Félix avait besoin des autres, et voir que son cousin s'absentait tous les jours pour ses affaires personnelles sans se justifier l'exaspérait légèrement.
Quant à sa relation avec Félix...
C'était comme s'ils ne s'étaient jamais vraiment quitté.
Jeongin finit par se détendre au bout de plusieurs jours. Oui, l'envie de presser le corps frêle de son aîné contre le sien l'étouffait constamment. Oui, il voulait toujours passer un doigt sous son menton pour qu'il tourne la tête vers lui et le regarde. Oui, le simple fait de sentir son odeur lui faisait tourner la tête. Au fond rien n'avait changé. Il était un homme et son attirance d'adolescent était toujours là, tatouée dans sa chair. Mais lorsque Félix tournait ses yeux si pétillants vers lui, il pouvait tout laisser passer. Ce n'était pas grave. Du moment que son aîné souriait, c'était suffisant.
« Tes cheveux ont l'air d'être secs. » lança un jour Félix alors qu'ils cuisinaient ensemble pour le midi, Changbin s'étant encore absenté pour un prétexte quelconque. « Tu les entretiens comment ? »
« Il faut les entretenir ? » demanda t-il avec un sourire en coin. Il ne faisait que les décolorer chez son coiffeur régulièrement et s'occupait des racines seuls lorsque la repousse était rapide.
« Mais oui bien sûr ! » s'étonna son aîné avec un air surpris. « J'ai de quoi faire si tu veux. »
« Je ne suis pas très doué pour ce genre de chose. » concéda Jeongin en attrapant un torchon pour se sécher les mains.
« Et bien laisse moi m'en occuper ! »
Le jeune homme était surpris, mais cela faisait déjà une semaine qu'il était arrivé et la chaleur de l'été les empêchait de profiter réellement des journées. Ils passaient de bonnes soirées, à l'appartement ou dans des petits restaurants des alentours parfois avec Changbin, parfois sans lui s'il rentrait tard. Chaque instant avec Félix était précieux, même s'il ne faisait que lui montrer les jeux auxquels il jouait ou qu'ils regardaient des films ensembles, tout ça comptait.
« Je suis partant. » céda Jeongin en esquissant un sourire. « Montre-moi ça. »
Félix semblait ravi de la réponse. Ils abandonnèrent sans vergogne leur préparation dans la cuisine pour se glisser ensemble dans la salle de bain. Jeongin attendait patiemment sur le palier, curieux de voir comment son aîné voulait s'organiser. La salle d'eau était si petite qu'on ne pouvait pas y tenir à deux, c'était certain. Mais en voyant Félix fouiller dans ses placards, le jeune homme fut surpris de le voir désigner les toilettes à côté de lui.
« Assieds toi ici, j'arrive. »
Jeongin sentit de nouveau son cœur manquer un battement. Être sans cesse avec Félix était une chose, être proche physiquement de lui était une autre. Après une seconde d'hésitation, le jeune homme se glissa à côté de son aîné, faisant attention de ne pas le frôler un seul instant, avant de s'installer assis sur le couvercle des toilettes. Il continuait d'observer Félix, incapable d'en détacher son regard, lorsque ce dernier sortit un pot de couleur violette avec un air ravi sur le visage.
« J'ai retrouvé mon produit pour cheveux blonds ! » lança t-il en posant le pot sur le rebord du lavabo et de l'ouvrir. « C'est fait exprès pour entretenir la couleur, tu vas voir ça va faire du bien à tes cheveux. »
Pas le temps de paniquer pour Jeongin. Lorsque Félix s'approcha de lui avec un peigne à la main, il écarta les jambes pour que son aîné s'approche de lui davantage. Félix le remercia d'un sourire avant de délicatement prendre une mèche de cheveux entre ses doigts pour les démêler. Le jeune homme sentait son cœur battre si rapidement dans sa poitrine que son sang tapait dans ses tempes à chaque battement. Félix était terriblement proche. Quelques centimètres tout au plus, son odeur l'enveloppait totalement et même en regardant désespérément devant lui, Jeongin pouvait deviner la minceur des hanches de son aîné à travers son tee-shirt.
« Je sais que tu n'aimes pas la promiscuité. » lança Félix au bout de plusieurs secondes à le peigner avec douceur. « Si jamais je peux simplement te montrer comment étaler le produit et... »
« Non. » répondit trop rapidement Jeongin à son propre goût. Il n'osa pas relever la tête. « Je te fais confiance. Et avec toi ça ne me dérange pas. »
Le moindre mot lui écorchait les lèvres comme du papier de verre. Il voulait redevenir téméraire comme l'adolescent qu'il était. Il voulait retrouver ce courage qui avait envahit son ventre lors de sa dernière année ici et qu'il avait prit la main de Félix dans la sienne lors de cette promenade nocturne. Mais Jeongin se tétanisa en sentant les mains de son aîné sur ses joues pour qu'il relève le menton. Il était si proche que le jeune homme sentit ses lèvres s'entrouvrir en contemplant le visage de Félix.
« Merci alors. » murmura ce dernier d'une voix grave et profonde qui résonna au plus profond de lui.
Les joues écarlates, Jeongin reprit une inspiration lorsque son aîné se détourna de lui pour attraper le pot violet. Son cœur allait finir par sortir par sa gorge, il ne voyait aucune autre façon de passer les prochaines minutes. Il finit par détourner le regard lorsque Félix se tourna de nouveau vers lui, les doigts enduits de produit capillaire.
« Allez c'est parti ! » lança son aîné en commençant à étaler la matière mèche par mèche.
« Pourquoi tu as un truc pareil qui traîne dans tes placards ? » trouva la force de demander Jeongin alors qu'il sentait avec quelle précision les doigts de Félix s'entortillaient autour de ses cheveux décolorés.
« J'ai été blond cet hiver. » répondit ce dernier avec une pointe de nostalgie. « J'aimais beaucoup cette couleur, mais mes cheveux sont fins alors ils s'abîment vite. J'ai dû les décolorer moins fort cet été pour les laisser se reposer. »
« Je suis certain que ça t'allait très bien. » reprit le jeune homme, la gorge sèche. « Si tu as des photos, tu veux bien me les montrer ? »
Même s'il essayait d'ignorer la promiscuité qu'il avait avec Félix, Jeongin avait bien du mal à se concentrer. Les jambes de son aîné effleuraient les siennes au moindre mouvement, son odeur l'entêtait, sans parler du fait qu'il était obligé de crisper ses doigts dans son propre short pour s'empêcher d'attraper Félix par la taille et le rapprocher davantage de lui. C'était une torture.
« Bien évidemment ! » s'exclama son aîné en se détournant de lui pour reprendre du produit, entrechoquant leurs genoux nus les uns contre les autres. Jeongin faillit l'attraper aussitôt. « Je ne m'attendais pas à te voir blond, ça te va bien aussi. »
« J'avais envie d'en profiter avant de devoir passer ma dernière année pour être professeur. » répondit le jeune homme, fermant les yeux pour savourer les doigts de Félix dans ses cheveux. « Je devrais rentrer dans le moule les premières années. »
« C'est dommage, mais tu pourras te les re-décolorer ensuite si tu veux. »
Jeongin inspira l'odeur de son aîné, hochant imperceptiblement la tête. Il se sentait tendu, car la proximité avec Félix embrasait la moindre parcelle de sa peau, mais il se sentait bien. Il voulait le toucher, il voulait le sentir, malgré la chaleur ambiante il ne rêvait que de ça.
Alors que Félix lui annonçait que le masque était posé et qu'il allait se laver les mains, Jeongin le vit perdre légèrement l'équilibre. Et cette fois-ci il ne pu s'en empêcher. Il attrapa aussitôt son aîné par la taille, encadrant celle-ci de ses larges mains pour le maintenir en place. Le jeune homme sentit son cœur faire un bond dans la poitrine lorsque Félix agrippa ses épaules à travers son tee-shirt pour se rattraper. Par réflexe, il releva la tête et contempla le garçon face à lui. Les joues écarlates et l'air hagard, son aîné ne semblait pas savoir où regarder.
Depuis quand l'air était si lourd ?
Jeongin aurait dû le relâcher, Félix ne craignait plus de tomber. Il se tenait droit, appuyé sur lui certes, mais il ne risquait plus de se faire mal. Pourtant, ses mains se mirent à serrer davantage la taille de son aîné. Il sentait la chaleur de sa peau à travers les vêtements, la courbe de ses os, et le jeune homme pensait halluciner en voyant les lèvres de Félix s'entrouvrir face à la pression. Il voulait le dévorer tout entier.
« J-je suis désolé, je suis maladroit... » murmura l'aîné des deux en ne reculant pas d'un pouce. « J'ai tâché ton tee-shirt, je suis... »
« Ce n'est rien. » gronda Jeongin d'une voix si lourde qu'il ne se reconnut pas. Ça aurait été si facile de s'approcher, de crisper ses doigts nus sur la chair de Félix pour le faire venir plus proche...
« Je suis rentré !! »
La voix de Changbin fit sursauter le jeune homme. Par réflexe, il relâcha aussitôt Félix, qui s'écarta de lui dans la foulée pour détourner le regard. A travers ses cheveux châtains, Jeongin voyait bien à quel point ses oreilles étaient rouges. Maudissant son cousin, il se referma ses jambes et se releva des toilettes. D'un coup d'œil, il vit en effet son tee-shirt tâché au niveau des épaules par le produit capillaire. Il s'en moquait éperdument.
« Ah vous êtes là ! » continua Changbin en entrant dans la cuisine et en les voyant dans l'embrasure de la porte de la salle de bain. « Finalement mon repas de ce midi est annulé, donc... »
Jeongin sentait un léger goût d'amertume sur sa langue. Que se serait-il passé sans que son cousin ne revienne à ce moment là ? Il n'en avait aucune idée. Mais la silhouette de Félix à côté de lui semblait nerveuse, presque fébrile.
« Pourquoi tu t'absentes si souvent ? » lança t-il sans même réfléchir. « T'as accepté que je vienne mais les deux tiers du temps tu es dehors. »
Il adorait passer du temps seul avec Félix, c'était un fait. Mais il le connaissait aussi par cœur. Félix détestait l'abandon, il craignait plus que tout de se retrouver seul. Et le fait que Changbin parte constamment de l'appartement le mettait mal à l'aise pour son aîné. Il méritait d'avoir quelqu'un même simplement un ami, constamment à ses côtés. La question semblait surprendre Changbin, avant qu'il réagisse d'une façon que Jeongin n'aurait jamais imaginé.
Il se mit à glousser.
Perplexe, le jeune homme jeta un coup d'œil à Félix qui regardait Changbin d'un air dépité. Jeongin soupira, avant de croiser les bras.
« Parce que ma copine veut qu'on se voit. » répondit alors son cousin d'un air amusé. « Hyunnie part dans une nouvelle université à la rentrée et on veut juste profiter du temps ensemble c'est tout. »
Jeongin papillonna des yeux.
Hyunnie, la fille qu'il avait vu sur les photos avec Félix, le premier soir où il était arrivé. Cette fille filiforme aux longs cheveux blonds, probablement plus grande que Changbin, était la petite amie de ce dernier. Ça expliquait beaucoup de choses, et malgré la tension qui parcourait son corps depuis de longues minutes, une vague intense de soulagement l'envahit. Hyunnie était la copine de Changbin. Elle semblait être amie avec Félix. Ce n'était rien d'alarmant.
« Hyunnie est ma meilleure amie. » lança son aîné aux cheveux châtains, daignant enfin le regarder dans les yeux après les secondes de battement précédant l'arrivée de Changbin. « Autant te dire que c'est l'amour fou entre ces deux là, je suis content que tu sois venu parce que j'en ai assez de leur tenir la chandelle. »
« Roh tout de suite ! » se mit à râler Changbin, le rouge aux joues.
Le soulagement de Jeongin le détendit aussitôt. C'était juste une fille de l'entourage de son amour de jeunesse. Rien de plus. C'était terriblement rassurant, le jeune homme se devait de l'admettre. Pour donner le change, il se mit à rire. Il n'avait pas envie de passer pour l'aigri de service.
« Tu aurais pu me dire que tu avais une copine quand même. »
Au final, il sortit de la salle de bain avec Félix et Changbin se permit de lui expliquer la situation pendant que son masque pour cheveux posait. Hyunnie était une amie de longue date de Félix, et lors de soirée ensemble, elle avait fini par rencontrer Changbin. Ce dernier était tombé fou amoureux d'elle et mit un temps infini avant de se lancer et de lui proposer un rendez-vous. Hyunnie hésita mais finit par accepter. Elle craignait manifestement de poser des soucis entre Félix et Changbin si jamais l'histoire ne se passait pas si bien que ça. Mais cela faisait plusieurs mois, et son cousin semblait sur un vrai nuage en parlant de la demoiselle.
Pourtant, Jeongin fut incapable de manquer le regard dépité de Félix lors du récit de Changbin. Un léger pincement au cœur, le jeune homme s'excusa pour aller rincer le masque qu'il avait sur les cheveux, laissant les deux amis finir de préparer le repas du midi. Une fois les cheveux lavés, il apprécia leur douceur sous ses doigts et rejoignit le duo dans la cuisine, une serviette sur les épaules.
L'air morose de Félix était difficile à manquer et même si Changbin ne semblait pas y prêter attention ou s'en rendre compte, Jeongin ne voyait que ça. Il attendit que son cousin ne s'éclipse dans la salle de bain pour se rafraîchir avant le repas pour s'approcher de son aîné, inquiet. Alors qu'il allait probablement poser une question bien trop indiscrète sur la fameuse Hyunnie, le jeune homme se rendit compte que les doigts de Félix étaient complètement tâchés de produit.
Sans réfléchir, Jeongin tendit la main pour attraper celle de son aîné doucement. Sa peau était légèrement fraîche, sûrement parce qu'il venait de se laver les mains, mais elle était terriblement douce. Son cœur se mit à vibrer en voyant les doigts de Félix disparaître derrière les siens tant ils étaient minuscules par rapport à lui. En sentant son aîné se figer à côté de lui, Jeongin sentit presque son corps se mettre à trembler.
« Tu t'es tâché les mains. » murmura t-il simplement, avant de relâcher à contre cœur Félix.
« C-ce n'est rien. » bredouilla ce dernier sans oser le regarder dans les yeux. A la place, il contempla son œuvre d'un air curieux. « Ils ont l'air d'aller mieux déjà. »
« Mhm, probablement. »
Impossible de rester plus proche, surtout avec Changbin dans la pièce d'à côté. Jeongin contourna son aîné et commença à installer la table afin de pouvoir y déjeuner en paix. Il ne sut pas si c'était un effet de son imagination ou non, mais il sentait bien souvent la brûlure du regard de son aîné sur lui au cours du repas. Et son cœur s'emballait à chaque fois.
Au moins, il n'avait aucun problème à laisser partir Changbin toutes les journées désormais.
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