Style : Flashfic, Canon compliant, Romance, Recherche de soi

Pairing : Jeonglix

2 069 mots

Résumé :

La justesse n'était pas toujours facile à comprendre, ou même facile à aborder, surtout en amour.

Surtout pour Jeongin.

—

C'était simplement juste.

Ce n'était pas forcément bien, ni forcément mieux que tout le reste, mais cette sensation était juste.

Jeongin n'aimait pas les démonstrations d'affection. Il les fuyait. Depuis qu'il était enfant il trouvait le moyen de fuir chaque contact. Chaque embrassade, chaque étreinte, il se sentait emprisonné. C'était comme si on lui imposait cet amour, cette tendresse. Quelque chose résonnait en lui à chaque fois. Ce n'était pas juste.

Le fait que sa mère le couvait d'amour et que son père ne montrait jamais rien jouait peut-être. Il avait grandit au bord de la mer, dans une ville éloignée de la capitale où on prouvait plus souvent son amour en cueillant une fleur qu'avec des mots ou des gestes. Alors en arrivant dans une boîte de production comme la JYPe, il pouvait passer pour quelqu'un de froid. Tout le monde s'y connaissait depuis bien longtemps.

Lorsque Chan lui avait proposé de rejoindre son groupe, il n'avait pas réfléchi une seconde et il avait accepté. Il n'était que le deuxième choisi pour rejoindre le projet de ce trainee aux nombreuses années d'entraînement mais Jeongin était déjà le plus jeune. Il était jeune, mais déjà couvé par un Jisung aux joues trop grosses pour son âge et à la mentalité plus dégourdie que la sienne. Quand il l'avait prit dans ses bras pour la première fois, il avait simplement grimacé. Ce n'était pas détestable, mais ce n'était pas juste.

Une fois le groupe constitué, il était le benjamin. Ce rôle, il l'avait toujours exécré, même dans sa famille. Être le deuxième né entre lui et son jumeau lui avait toujours posé un souci. Il ne voulait pas être le plus jeune. Même pour quelques mois, on pouvait toujours le considérer comme un enfant pour n'importe quelle raison au sein de son groupe. Il n'avait que quelques mois d'écart avec la moitié des membres, et pourtant ils le considéraient tous comme un enfant.

Tous sauf un.

Dès qu'il avait connu Félix il l'avait trouvé étrange. Venu l'Australie, il n'avait jamais rien connu de la culture coréenne traditionnelle. Les contacts physiques, cette forme de retenue qui leur était propre, cette politesse à l'extrême... Dès le départ, Félix n'était en rien comme cela. Jeongin était jeune, mais c'était impossible pour lui de manquer les regards énamourés de l'australien vers Changbin, sa façon de gonfler ses joues rondes pour attendrir les gens, ses contacts physiques...

Au début, Jeongin avait eu du mal à s'y faire.

Le survival show du début avait brisé la candeur qui lui restait. Il avait souffert, il avait peiné. Il avait aussi trouvé en la personne de Minho un véritable mentor. Un garçon plus âgé, qui ne l'infantilisait pas et qui voulait le pousser à se surpasser pour continuer l'aventure. Jeongin avait conscience de ses lacunes. Il n'était pas le meilleur vocaliste, son rap était médiocre et il était souvent le dernier à réussir à assimiler les mouvements de chorégraphie. Il n'était pas le seul à prendre Minho comme mentor, il y avait aussi Félix. Ce garçon maladroit qui parlait mal le coréen et qu'il peinait à comprendre. Il rayonnait pourtant, rien que son visage bardé de tâches de rousseur et un simple regard de sa part apaisait Jeongin. Nerveusement, ne voulant pas trop accaparer Minho pour qu'il l'aide, il laissa sa place à Félix avec leur aîné. A la place, il décida de s'accrocher à Hyunjin. Ce dernier était peut-être un des moins expérimentés mais il était naturellement doué pour la danse. Alors Jeongin décida de s'en faire un modèle à suivre.

Chan lui avait dit un jour qu'il était un canevas vierge à broder, et qu'il voulait planter le premier point mais que ça serait à lui de piquer l'anguille encore et encore pour s'affirmer et devenir qui il était réellement.

Il avait accompagné son discours d'une étreinte à laquelle Jeongin grimaça, mais il ne le repoussa pas.

Voir Minho fondre en larmes dans les bras de Chan à l'annonce de son élimination lui avait fendu le cœur et sa carapace. Ce fut encore pire lorsque ce fut le tour de Félix. Étroitement enlacé à Changbin, l'australien avait sangloté longuement des excuses pour avoir échoué. Et Jeongin avait serré les poings. Ce n'était pas juste. Leur évaluateur était trop dur. Félix avait du potentiel, Félix pouvait réussir. Et pour la première fois de sa vie, Jeongin aurait aimé trouvé le courage de s'approcher de quelqu'un pour le prendre dans ses bras et lui dire que tout irait bien.

Puis, Minho et Félix étaient revenus.

Au fil des jours, il avait sympathisé avec Seungmin. C'était avec lui avec qui il avait le moins d'écart d'âge et pourtant, Jeongin se sentait considéré comme un enfant à côté de lui. Ce n'était pas méchant de la part de Seungmin, il voulait simplement le protéger surtout qu'ils étaient tous les deux les principaux chanteurs du groupe. Mais ce n'était pas juste, c'était simplement étrange. Même avec Hyunjin pour qui il vouait une grande admiration, il avait du mal à témoigner une quelconque affection physique. Ça ne résonnait pas bien.

Lorsqu'ils avaient enfin pu débuter tous ensembles, Jeongin avait concédé à être prit dans des bras. Il n'avait pas trouvé ça juste.

Sauf avec une personne.

Mais ça, il l'avait gardé pour lui.

Les semaines passaient, puis les mois. Le survival show avait été une véritable épreuve mais aussi une façon de leur prouver qu'ils étaient capables de tout traverser ensemble. Passer du temps dans un dortoir avec plusieurs autres hommes était difficile au début. Puis Jeongin avait fini par s'y faire en grande partie. Ce qui le dérangeait encore c'était de tomber sur un des membres du groupe avec les fesses à l'air en sortant de la salle de bain ou de devoir gérer une intimité physique quand certains se brossaient les dents pendant qu'un autre prenait sa douche. Il était pudique, il n'aimait pas qu'on le touche. Ses aînés ne le faisaient avec aucune méchanceté, pensant qu'il les repoussait par pur esprit de contradiction et pour pouvoir s'affirmer en tant que cadet rebelle.

Il n'y avait qu'avec Félix que ça sonnait différemment.

Pourtant, malgré les années, il continuait de faire mine que ça le dégoûtait. Il continuait de grimacer et de supplier qu'on le lâche même si c'était Félix qui le serrait dans ses bras. Son aîné souriait toujours, se blottissait contre tout le monde. Son adoration pour Changbin, ce petit coup de cœur d'adolescent, avait fini par laisser place à un amour platonique puissant. Jeongin le savait. C'était lui qui avait fini par récupérer un Félix sans sourire un soir, qui refusait de parler. Et quand il avait insisté pour savoir ce qu'il se passait, son aîné lui avait simplement dit qu'il avait comprit que Changbin ne l'aimerait jamais comme lui l'aimait. Alors il avait décidé de se forger une carapace.

Malgré le pincement autour de son cœur, Jeongin avait écarté les bras pour serrer Félix contre lui. Son aîné n'avait pas pleuré, ses larmes avaient déjà probablement toutes coulées. Il s'était simplement blottit contre lui. C'était quelques semaines avant la séparation des dortoirs.

Jeongin avait beau adorer chaque membre du groupe, il était soulagé de savoir qu'il n'était pas dans celui de Changbin et que Félix allait être avec lui. Il avait suffisamment prit de confiance en lui ces derniers mois pour s'affirmer et réussir à repousser les autres quand il n'avait pas envie d'une étreinte et ses aînés avaient finis par comprendre. Sauf Félix.

Dans la pénombre de leur dortoir, il n'était pas rare que Jeongin vienne de lui même s'approcher de son aîné pour le prendre dans ses bras alors qu'il sortait de sa chambre ou qu'il partait à son cours de danse. Félix ne disait jamais rien, appuyant simplement sa tête contre son épaule en souriant, presque comme le chat qu'il était. Jeongin ne répondait par rien d'autre qu'un sourire.

Et ça, ça sonnait juste.

Ce n'était rien mais pour lui ça signifiait beaucoup.

Les jours passaient dans ce nouveau dortoir. Jeongin appréciait le fait d'avoir sa chambre pour lui seul, même si Jisung n'était pas le colocataire le plus dérangeant du monde. Ce qui l'ennuyait était encore ses insomnies et le fait qu'il rentre à des heures improbables de la nuit à cause de son travail de compositeur avec Chan et Changbin. Mais il appréciait aussi le calme qui s'en découlait. Si Minho était l'aîné en charge de leur dortoir, et aussi une personne très bruyante en temps normal, il se révélait être plus calme en sa présence et celle de Félix et de Seungmin. Surtout comparé aux autres.

Ce qu'il aimait encore plus, c'était lorsque Minho et Seungmin étaient absents, et qu'il pouvait partager des instants de calme en présence de Félix.

Ils ne parlaient pas forcément beaucoup. Souvent ils regardaient un film ou jouaient quelques parties en ligne sur un jeu quelconque. Jeongin n'était pas très bon, son aîné était encore pire. Et lorsqu'ils cuisinaient ensemble, il adorait bouger doucement Félix en posant ses mains sur ses hanches, sentir son odeur dans le creux de son cou, avant de manger leur repas devant la télévision et se blottir l'un contre l'autre devant elle.

C'était juste.

Aussi, lorsqu'ils étaient sur scène lors de leur grande tournée, Félix s'était tourné vers lui. Un immense sourire sur les lèvres et les yeux luisants d'un éclat d'adoration. Les fans étaient en délire, les acclamaient et riaient avec eux. C'était le moment des discours, ce n'était pas leur tour, et son aîné s'était approché de lui pour se pencher à son oreille. Jeongin avait enlevé son oreillette pour l'écouter.

« J'ai tellement le trac de prendre la parole. » lança t-il bien loin du micro pour ne pas se faire entendre par la foule en adoration.

L'adrénaline pulsait dans les veines, la voix éraillée de Félix tremblait légèrement. Jeongin avait fait simplement ce qui lui avait semblé juste. Il avait posé sa main dans la nuque de son aîné, l'avait fait se pencher vers lui pour qu'il tende son oreille.

« Tout ira bien Lix. » répondit-il avant d'embrasser sa tempe pour l'apaiser.

Aussitôt, Félix se mit à rougir et un grand sourire envahissait ses lèvres. En guise de réponse, son aîné s'inclina à son tour, et l'embrassa sur la joue.

Naturellement, devant tout le monde, sans que personne ne semble leur prêter attention.

Certes, le soir venu, Changbin l'avait regardé de travers, avec un air interrogateur. Mais Jeongin n'y avait pas prêté attention. Il avait profité de la soirée post-concert, avait bu un verre ou deux avant de partir dans sa chambre d'hôtel. Il mourait d'envie de prendre une bonne douche, d'enlever la sueur et la fatigue. Pour autant, il n'avait pas envie d'effacer l'empreinte des lèvres de Félix sur sa peau. L'esprit ailleurs, il caressa là où son aîné l'avait embrassé. Il avait aimé ce baiser, contrairement à tout ceux qu'on lui avait jamais offert.

Alors qu'il se séchait dans sa salle de bain, Jeongin sursauta en entendant quelqu'un frapper à sa porte. Il n'attendait personne, n'avait commandé aucun plat du room-service, mais il enfila un peignoir pour tout de même vérifier de qui il s'agissait. Dans le judas de la porte, il reconnaissait sans peine la silhouette de Félix.

En ouvrant sur son aîné, il constatait la tenue de ce dernier. Il portait déjà son pyjama, ses cheveux encore légèrement humides de sa douche et son visage ne portait aucune trace de maquillage. Félix lui souriait, l'air gêné avec les joues rougissantes.

« E-est ce que je peux venir avec toi cette nuit ? » demanda t-il de sa voix grave et douce.

Jeongin l'observa encore, détaillant la délicatesse de son visage et la profondeur de ses yeux noirs. Le cadet n'avait pas besoin d'y réfléchir. C'était tout naturel. Il s'approcha de Félix pour empoigner sa main tendrement et l'attirer dans sa chambre. Son aîné avança de quelques pas avant que Jeongin puisse presque le sentir dans ses bras. Il le trouvait beau. Et sa proximité lui faisait du bien.

Le jeune homme se pencha alors pour embrasser Félix, cette fois-ci sur le coin des lèvres. Son aîné avait les paupières paresseuses, un sourire dessiné sur son visage. Jeongin sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine et ses joues s'enflammer lorsque Félix déposa un autre baiser à l'exact même endroit.

En fermant la porte, Jeongin se sentait libre.

Pour lui, tout ça, c'était juste.