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Au Rythme Des Vagues (HyunIn)

Style: Romance, UA Années 1980, Amour perdu


Pairing: HyunIn

9 412 mots

Pour: fairygyugyu qui a gagné le tirage au sort du mois de mars!


Résumé:

Hyunjin aimait le bruissement des vagues. Celui qui s'écrasait sur les rochers, qui emportait le sel et tous les sentiments qu'il pouvait ressentir. Perdre son amour de jeunesse avait broyé son cœur jour après jour...

Jusqu'à ce qu'il revienne.


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N'importe qui lui aurait arraché le cœur à mains nues, Hyunjin était persuadé que la douleur aurait été plus tolérable.

Il n'avait pas pu entendre tout, il avait fuit avant. Comme si la douleur n'était pas déjà assez vive, il avait vraiment besoin d'en rajouter ? C'était un monstre. Il avait prit son âme et l'avait bercé d'illusions avant de la lui lacérer sans aucune pitié. Partir ? Et puis quoi encore... Il avait déjà bafoué tout ce qu'il ressentait, tout ce qu'il représentait. Pourquoi enfoncer le clou ? Pourquoi devait-il s'afficher avec ce sourire si heureux alors que Hyunjin voyait l'éclat du doute dans son regard ?

Jeongin avait toujours douté, pour tout. C'était à cause de ça qu'ils en étaient là.

Alors Hyunjin avait fuit. Pendant que Jeongin serrait contre lui Gyuri en annonçant leur départ pour Séoul, lui avait simplement tourné les talons pour s'en aller. Il avait ignoré les interpellations, les questions, tout ça pour prendre son vélo et filer à travers les ruelles sombres de Geoje. Il n'avait retrouvé ses esprits qu'en arrivant à la plage qu'il affectionnait tant. Elle n'était pas loin de la maison de sa grand-mère et pouvait y rester des heures à écouter le roulement des vagues et à regarder les étoiles. Son cœur tambourinait contre ses côtes, son souffle erratique à force de pédaler sans se retourner. Après avoir déposé son vélo contre un des arbres bordant la plage, il avait alors traversé celle-ci sans un regard en arrière. La lune brillait assez pour éclairer les landes de sable fin, les habitations étaient à peine visible le long de la côte et dans la nuit naissante.

Ce ne fut que lorsqu'il eu de l'eau jusqu'aux genoux qu'il s'arrêta d'avancer.

Chaque aller-retour de l'eau salée contre sa peau était glacial. Le début de l'été était à peine là, et Hyunjin sentait presque chaque goutte pénétrer ses vieilles baskets à force de rester dans l'eau. Ça n'avait aucune importance. Tout ceci n'avait aucune importance. Il avait été stupide. L'air frais s'engouffrait dans ses cheveux trop longs pour un homme d'après sa grand-mère. Ça aussi, ça n'avait aucune importance.

Jeongin l'abandonnait.

Ils avaient grandit ici tous les deux, entourés d'autres amis. Mais ça avait toujours été le monde contre eux. Hyunjin avait protégé Jeongin malgré les moqueries à son égard. Trop fin, trop délicat, trop efféminé. Ça ne lui avait jamais empêché de donner des coups de poings pour se défendre. Il n'y avait alors que Jeongin pour panser ses mains meurtries, trop honteux de revenir vers sa grand-mère dans cet état. Ils étaient adolescents lorsque Hyunjin avait compris que c'était quelque chose de plus fort qu'il l'unissait à Jeongin. Ce n'était pas simplement un ami à ses yeux. Il voulait le serrer si fort dans ses bras qu'il l'aurait fait prisonnier à vie. Il voulait goûter ses lèvres chargées de sel après s'être baignés ensemble dans la mer. Il voulait s'endormir à ses côtés lorsque la nuit tombait et poser sa tête sur son torse pour écouter son cœur battre. Il l'aimait sincèrement.

Et Jeongin lui avait dit que Gyuri était sa petite amie.

Une fille adorable, au regard pétillant et au rire communicatif. Elle était jolie avec ses grands yeux bruns et ses cheveux ébouriffés. Elle portait toujours des hauts courts et était coiffée comme le personnage de Sandy dans Grease, mais avec un quelque chose qui la rendait différente des autres filles qui copiaient cette actrice à la mode. Hyunjin l'avait trouvé gentille lorsqu'il l'avait rencontré au lycée et qu'ils se croisaient occasionnellement dans les couloirs. Bien entendu, il voyait bien Jeongin et Gyuri parler ensemble très souvent.

Mais ça ne devait pas se passer comme ça.

Et Hyunjin n'avait rien dit en voyant le couple ensemble. Ils étaient mignons, presque populaires dans leur petit lycée de campagne. Lui passait pour l'ami bienveillant auprès de ses camarades en couple, toujours à veiller sur eux et à les accompagner lorsqu'il le pouvait. Alors qu'au fond, Hyunjin était venimeux et était consumé par une rage dévorante. Il était jaloux de Gyuri. Terriblement jaloux qu'elle ait le droit de tenir la main de Jeongin sans se soucier du regard des autres. Et quand il les voyait rire tous les deux, lui sentait la bile remonter le long de sa gorge en riant avec eux. Jeongin l'observait toujours avec cet éclat étrange.

Il avait fait son choix.

Et il quittait Geoje pour Séoul, pour y faire ses études et s'installer avec Gyuri.

Tout ce qui restait à Hyunjin, c'était l'eau glaciale de la mer qui berçait sa peau. Le regard perdu à l'horizon sur la plage où il avait passé des heures à jouer avec Jeongin et à observer le ciel de nuit, il n'y avait rien de plus. C'était trop tard. Sa grand-mère disait toujours que le premier amour était le plus beau et le plus cruel. Et pour une fois, il était terriblement d'accord avec elle.

« Je dois m'en aller, ça va aller ? »

Hyunjin se tourna dans les draps de son lit pour faire face à l'homme à ses côtés. Kibum était son amant occasionnel. Un pêcheur d'une dizaine d'années de plus que lui, que la femme avait quitté car il était plus marié à la mer qu'à elle. Il sentait le sel et ses mains étaient toujours rêches sur la peau de Hyunjin, mais ça lui suffisait. Kibum était discret, rarement là, et lorsqu'ils couchaient ensemble il lui faisait ressentir assez de plaisir pour vider sa tête. Bien sûr, ses voisins se demandaient pourquoi il n'était toujours pas marié à plus de trente ans passés. Et Kibum était assez peu là pour ne pas révéler son homosexualité aux yeux de tous.

« Oui, vas-y. » répondit-il d'une voix encore endormie. Il était tôt ce matin là mais son amant partait toujours aux aurores pour son métier.

« Je reviens dans trois semaines si ça te va. » reprit Kibum en se levant du lit, sans un regard pour lui. Il s'habilla de sa tenue propre de travail alors que Hyunjin s'enroulait dans les draps souillés de la veille. « Je peux te poser une question ?

Hyunjin se tendit légèrement. Il n'aimait pas les questions, mais les gens en posaient toujours trop. Il restait alors évasif, incapable de donner une réponse précise si le sujet était trop délicat pour lui. D'un simple « oui », il acquiesça cependant pour répondre à la question de son aîné.

« Tu n'as jamais eu envie de partir ? Découvrir un peu les alentours ? » demanda le pêcheur en se tournant vers lui. Dans la pénombre de la chambre, ses yeux brillaient. « Tu sais que je peux t'emmener une semaine au large si tu as envie. »

Peut-être aurait-ce été une bonne idée. Mais Hyunjin était ancré à Geoje. Comme un souvenir vivant d'une époque qu'il chérissait. Après son lycée, il avait aidé à la petite épicerie de sa grand-mère avant de la reprendre au décès de celle-ci. Il était un fantôme, une ombre d'une époque révolue et s'en contentait. Kibum lui apportait le plaisir dont il avait besoin, mais rien au niveau de ses sentiments. Ils étaient morts en même temps que Jeongin avait disparu de sa vie.

« Pour quoi faire ? » répondit Hyunjin sans quitter son amant des yeux.

Kibum resta quelques secondes immobiles avant de secouer la tête. Il aurait pu être fâché, Hyunjin l'aurait compris. Mais à la place, son aîné enfila ses bottes et quitta la maison sans un mot de plus.

Le seul plaisir dans la vie que Hyunjin avait trouvé, c'était la peinture.

Lorsqu'il fermait son épicerie assez tôt, il prenait sa besace sentant l'huile et tâchée de multiples couleurs ainsi que son chevalet de fortune pour longer la plage. Il trouvait alors son endroit préféré, celui où les arbres offraient assez d'ombre pour le cacher du soleil de ce début d'été et déposait une toile vierge. Il laissait alors ses mains s'exprimer, capturer la beauté des vagues et les pics des montagnes alentours. Le soleil se reflétait dans le sable blanc, faisant presque mal aux yeux tant Hyunjin les plissait pour se concentrer sur le paysage devant lui. L'iode noyait ses poumons, le sel se cristallisait dans ses cheveux. Et il ne pensait à rien d'autre qu'à la toile devant lui.

Parfois, il exposait ses toiles dans son épicerie. Parfois il les vendait. En de très rares occasions il les offrait.

Quand il était seul dans son appartement, il tentait parfois de dessiner les traits du seul homme qu'il avait jamais aimé et qu'il aimait encore. Mais ses traits étaient incertains. Comme tout le reste, le souvenir de Jeongin semblait s'effacer de sa mémoire. Hyunjin ne se souvenait que de son sourire et de ses yeux. Mais surtout de l'amour vil qu'il ressentait pour lui.

C'était un jour comme les autres.

Après avoir fermé son épicerie, Hyunjin avait prit son matériel de peinture et avait longé la plage qu'il préférait pour s'y installer. Presque par habitude, il avait peint les longues bandes de sable, donné les couleurs au ciel. Et lorsqu'il allait commencer à dessiner la côte, un sentiment étrange le prit au ventre. Il était observé.

Hyunjin se tourna et son cœur fit une chute libre dans sa poitrine.

Devant lui, un vestige d'une vie passée qu'il ne pensait jamais retrouver un jour. Jeongin se tenait debout, habillé dans un costume propre sur lui. Les mains dans les poches et des lunettes chassées sur son nez, il l'observait comme s'il avait vu un fantôme. Et c'était le cas. Hyunjin portait juste un short et des tongs, avec un tee-shirt trop grand pour lui. Ses cheveux étaient longs désormais, il n'avait rien à voir avec la bienséance de Jeongin. Son cadet se tenait droit et ne le quittait pas des yeux.

Hyunjin sentit les larmes monter à ses yeux et un sanglot se coincer dans sa gorge.

Jeongin était devant lui et ne lâchait pas du regard. Il aurait pu tourner le dos pour partir, le peintre n'était pas certain d'avoir la force de se lever pour lui courir après. Pourtant il était là, vivant, bien présent devant lui. Et seul. Le goût d'une question amère pointa sur le bout de sa langue mais il hésita à la lancer. Il n'avait pas envie de briser ces secondes en suspens. Il en profita d'ailleurs pour détailler le visage de Jeongin, ses traits qu'il avait presque oublié. Il était trop loin cependant pour sentir son odeur.

« Hyunjin ? C'est bien toi ? »

Même sa voix avait changé. Hyunjin le reconnaissait à peine, mais il savait que c'était lui. Son cœur le sentait au plus profond de lui. Son pinceau tomba au sol dans un cliquetis de bois et de métal, le bruit aussitôt emporté par le roulement des vagues non loin d'eux. Le peintre n'eut la force que d'hocher la tête avant de revoir de nouveau ce sourire. Un grand sourire qu'il aimait tant et qu'il croyait ne jamais revoir de sa vie. Ce fut comme si ses poumons s'étaient vidés d'un coup sec.

« Jeongin... Qu'est ce que tu fais là ? » demanda t-il en se levant de son tabouret pliant. Il faillit tomber en se prenant les pieds dedans.

Jeongin ne le quittait pas du regard, comme s'il le découvrait pour la première fois. Hyunjin avait honte de se présenter si négligé à son cadet, mais que pouvait-il y faire ? Des années sans le voir, ni même sans nouvelle... C'était si soudain qu'il perdait ses moyens. Jeongin ne répondait d'ailleurs pas, se contentant de détourner le regard pour observer la mer. Quelque chose s'était passé, c'était certain. Personne ne revenait ouvrir une cicatrise fraîche sans raison.

« Tu es seul ? » reprit Hyunjin en jetant un coup d'œil aux alentours.

« Oui. » répondit Jeongin, sans détourner les yeux des vagues devant eux. Le peintre sentit sa poitrine se tordre légèrement.

« Tu veux venir à la maison ? »

Hyunjin ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Son cadet hocha la tête et pour la première fois depuis des années, il sentit son cœur se mettre à battre dans sa poitrine. C'était une sensation effacée, qu'il gardait sous le bout de sa langue depuis bien longtemps. Et pourtant, la saveur en revenait de plus belle. Le peintre plia donc son matériel, ignorant la peinture fraîche sur la toile tendue pour finalement tout porter devant son ancien ami. Ce dernier se proposa de lui même pour porter le tabouret et le chevalet. Ils échangèrent alors un regard avant de se mettre silencieusement en route.

A force de marcher seul pendant des années, être à côté de quelqu'un dans la rue était très étrange pour Hyunjin. Il ne pouvait pas s'empêcher de jeter des coups d'œil à l'homme qui était à ses côtés. Jeongin avait vieillit, tout autant que lui. Ses joues étaient plus creuses, son regard plus acéré, mais il était évident qu'il était le même qu'auparavant. Un torrent d'émotions qu'il ne connaissait plus l'envahissait alors. La nervosité, l'excitation, la curiosité. Il avait beau vivre à Geoje et y savourer le paysage merveilleux de la mer chaque jour, plus rien n'avait de saveur. Tout était fade depuis bien longtemps.

La maison de sa grand-mère était presque au bord de la plage. Il l'entretenait bien, mais elle était trop grande pour lui. Trop de chambres vides, trop de place pour un seul homme. Même en reconvertissant une des pièces principales en atelier de peinture, Hyunjin savait qu'il y avait trop de place. Il sortit ses clefs et ouvrit la porte d'entrée afin d'y laisser entrer Jeongin. Ce dernier ôta poliment ses chaussures avant de le suivre dans la demeure, passant les portes d'une maison qu'il ne connaissait que trop bien.

« La salle à manger est devenue ton atelier ? » demanda t-il en posant le chevalet et le tabouret le long d'un mur. Partout au sol se trouvaient des coupures de journaux pour protéger le parquet, des toiles s'entassaient et restaient inachevées la plupart du temps. Seule la grande fenêtre donnant sur la baie était dégagée, ouverte sur la lumière resplendissante de l'été.

« Oui. » répondit Hyunjin en déposant à son tour son matériel. « Je n'accueille jamais personne ici. »

Ils échangèrent un regard entendu. Il n'avait jamais été très populaire au sein des habitants encore paysans de Geoje. Il était l'étrange, l'homme non marié qui vivait seul au milieu de ses peintures. Très correct soit dit en passant, son épicerie était utile à la petite ville. Mais étrange tout de même.

« On a beaucoup de choses à se raconter, n'est ce pas ? » demanda Jeongin avec un vague sourire aux lèvres.

« Je ne sais pas. » soupira le peinture sans vraiment le regarder. « C'est à toi de me le dire. »

Ils s'installèrent alors dans le petit salon. La télévision cathodique était toujours éteinte, mais pour une fois Hyunjin l'alluma pour mettre un fond sonore. Sa chaîne hi-fi ne captait pas bien la radio locale et il préférait ne pas entendre des grésillements continus le temps de cette conversation. Il proposa un verre d'eau à Jeongin qui accepta, le peintre alla donc chercher à boire et s'assit à côté de son cadet dans le canapé, face à la fenêtre donnant sur la mer.

Ne pas forcément parler entre eux n'était pas mauvais signe. D'aussi loin qu'il se souvenait, Hyunjin savait qu'ils devaient se donner le temps. Un silence était parfois plus significatif que des mots. Il prit le temps de boire une gorgée avant de s'installer en tailleur sur le canapé. Pour la première fois il sentit l'odeur de Jeongin, sa nouvelle identité. Un mélange d'eau de Cologne bon marché, de cuir et de transpiration. Hyunjin l'adorait déjà.

« Alors... » commença Jeongin en joignant ses longues mains sur son ventre. « Qu'est ce que tu es devenu ? »

« Je gère l'épicerie de ma grand-mère. » répondit aussitôt le peinture en se détendant. C'était tellement étrange. Comme vivre un souvenir éveillé. « Je l'ai récupéré. »

« Comment va Madame Hwang ? » demanda son cadet.

« Elle est morte il y a huit ans. » un battement de silence étouffa Hyunjin. « Tu es parti pendant longtemps. »

« Je sais. »

Ce n'était pas normal. Une conversation pareille n'avait pas lieu d'être. Bien que la blessure n'avait jamais réellement cicatrisé, Hyunjin continuait de vivre au jour le jour. La vie était paisible mais mélancolique et il s'en contentait. Il n'avait rien d'autre.

« J'ai repris l'épicerie et je vis ici seul. » reprit le peintre sans oser regarder l'homme à côté de lui. Il passa nerveusement sa main dans ses longs cheveux pour les recoiffer.

« Pas de femme ? » continua Jeongin avec cette fois-ci un tremblement dans la voix.

« Je n'aime pas les femmes. »

Grandir dans la campagne coréenne dans ces années là en étant homosexuel n'était pas chose aisée. Le puritanisme était présent, les yeux perfides espionnaient les voisins. Hyunjin n'aurait jamais pu sortir dans la rue en assumant qui il était, ç'aurait été du suicide. Pour autant, il n'avait jamais eu l'envie de trouver quiconque qui puisse servir de couverture. Bien évidemment, il avait couché avec des femmes. Mais ce n'était pas ce dont il avait envie ni besoin. Sans que leurs corps ne le dégoûte, il ne les désirait pas. Et hormis quelques amants de passage, personne ne savait pour lui. Sauf Jeongin.

Mais lui le savait depuis longtemps.

En repensant à ses longues soirées d'été entre eux, lorsqu'ils étaient encore adolescents, Hyunjin sentit un frisson dans son dos. Jeongin savait car lui non plus n'aimait pas les femmes. Mais lui avait trouvé la force de faire semblant. Allongés tous les deux dans le sable de la plage, main dans la main à compter les étoiles, ils s'étaient longuement observés les yeux dans les yeux. Hyunjin avait voulu le garder après de lui, toujours plus près de lui. Mais Jeongin était incertain. Mal à l'aise. Le garçon voyait à travers les yeux de son cadet ce désir de liberté mais aussi la peur de décevoir. Alors il avait fait un choix.

« Comment va Gyuri ? » demanda t-il plus faiblement qu'il ne l'aurait espéré.

« Elle a demandé le divorce la semaine dernière. » répondit Jeongin sans aucune émotion dans la voix. « Elle ne comprends pas pourquoi je refuse d'avoir des enfants. Ce n'est pas très viril et responsable de ma part d'après elle. »

Hyunjin sentit une chape de plomb s'enlever de sa poitrine. Une libération à la saveur douce-amère, comme lorsqu'ils partageaient des pamplemousses gorgés de sucre à la fin de journée d'été. Il n'avait pas d'enfant. Pas de famille.

« Et ton travail ? »

« J'ai démissionné il y a trois jours. » reprit son cadet sans le regarder. Ses doigts jouaient nerveusement l'un avec l'autre.

« Une vraie crise de la quarantaine. » plaisanta le peintre en retenant un sourire. « Tu as quelques années d'avance, je suis censé l'avoir avant toi. »

« J'ai toujours été celui le plus en avance entre nous deux. » rétorqua Jeongin, cette fois-ci en osant lui jeter un coup d'œil.

« ça dépend pour quoi. »

La pique n'était pas nécessaire mais elle soulagea légèrement Hyunjin. D'ailleurs, son cadet ne soutint pas son regard, préférant de nouveau regarder la mer devant lui. Revenir des années en arrière était un rêve inaccessible et pourtant il en rêvait. Il aurait aimé pouvoir dire tout ce qu'il pensait à Jeongin avant qu'il ne parte pour Séoul et ne l'abandonne ici. Mais c'était trop tard, leurs vies avaient déjà commencé à être écrites et ils n'y pouvaient plus rien.

« Tu comptes rester longtemps ici ? » demanda Hyunjin, une pointe d'anxiété au creux de son ventre.

« Je ne sais pas. » répondit son cadet. « Je pensais louer une chambre d'hôtel le temps de mon séjour. »

« Tu peux rester ici si tu veux. » lança le peintre avant même de pouvoir se réfréner de lui proposer. « Il y a beaucoup de chambres inhabitées, ça serait avec plaisir. »

De nouveau cette sensation étrange. Le cœur qui battait dans la gorge, l'incertitude, le doute. Hyunjin n'était plus habitué à ressentir tant d'émotions dans son cœur depuis bien longtemps. Les échanges avec d'autres personnes se limitaient à son travail, à ses quelques amants. Parler à une personne qui le connaissait si bien, c'était déroutant.

« D'accord. »

Jeongin n'avait pas prit beaucoup d'affaires avec lui. Dans deux valises qu'il avait mit dans le coffre de sa vieille Hyundai se trouvaient des vêtements, des bijoux et quelques paires de chaussures. Il avait aussi prit ses économies, celles qu'il mettait de côté depuis plus de deux ans pour fêter leur anniversaire de mariage avec Gyuri. Il avait simplement prit l'enveloppe qui reposait sous le matelas conjugal et était parti le même jour où son épouse allait demander le divorce. Ce ne fut donc pas compliqué de monter les deux valises dans une des chambres vides de la maison. Hyunjin aéra la pièce et la nettoya, mettant des draps propres sur le matelas encore en bon état avant de laisser son ami s'installer.

Les premiers jours furent saugrenus. Hyunjin ne savait pas pourquoi son cadet était revenu à Geoje. Peut-être était-ce sur un coup de tête, sur un appel de nostalgie impossible à réfréner. Lui n'était allé qu'une fois à Séoul et il avait eu mal au cou à force de lever la tête pour contempler le haut des buildings. L'effervescence de la capitale lui avait donné le tournis et il était rapidement rentré dans sa campagne, heureux de retrouver le bruit des vagues se fracassant contre les rochers. Ils déjeunaient ensemble, parlant de souvenirs d'enfance et de la région, avant que Hyunjin ne doive s'absenter pour travailler à l'épicerie. Quelques personnes âgées lui demandaient s'ils avaient bien vu Jeongin revenir et le peintre ne pouvait qu'acquiescer.

Probablement avait-il besoin de retrouver ses racines, de faire le bilan sur sa vie. Hyunjin avait plaisanté en parlant de la quarantaine, mais ils en étaient plus proches que de leur vingt ans. C'était naturel de se poser des questions, surtout en traversant un divorce.

Et lui dans tout ça ?

Hyunjin l'aimait toujours, du plus profond de son cœur. Il adorait passer la moindre seconde en compagnie de son cadet, même si ce n'était que manger avec lui ou bien faire le jardin. Jeongin était souriant même s'il parlait peu, comme si une force enfouie en lui l'empêchait de parler librement. Hyunjin aurait aimé en savoir plus, mais il respectait Jeongin plus que tout au monde. S'il voulait attendre pour parler, alors il prendrait tout son temps.

A peine au bout d'une semaine, Jeongin avait prit l'habitude de venir le chercher à la sortie de son travail. Ils déambulaient ensemble dans les rues, couvant dans un sac en plastique une bouteille de soju à vider le soir même. L'été était de plus en plus présent au fil des jours, et désormais ils passaient des soirées sur le petit balcon de l'ancienne maison, à boire des verres et en plaisantant sur les différents habitants de la ville.

« Tu veux aller sur la plage ? » demanda un soir Jeongin après un verre de trop.

Hyunjin accepta et ils abandonnèrent la maison pour filer dans les ruelles sombres. La plage était désertique à cette heure du soir, la plupart des habitants étaient chez eux déjà couchés ou encore entrain de regarder une des rares chaînes de télévision. Il frissonna en sentant le sable sous ses pieds et entre ses orteils. Avec Jeongin, ils marchèrent un moment avant de finir par s'allonger dans le sable côte à côte. Ils parlèrent des étoiles, s'amusèrent sur le fait de confondre un avion avec une comète, savouraient la fraîcheur de la nuit sur leur peau.

« Je suis content que tu sois revenu. » murmura Hyunjin, à peine assez fort pour se faire entendre par dessus le roulement des vagues.

« C'est certainement la meilleure décision de ces quinze dernières années, je te l'accorde. » répondit Jeongin en se retenant de rire. « Accepter le divorce n'arrive que en deuxième. »

« ça en dit long. » rétorqua le peintre avant de se mettre à rire à son tour. L'alcool lui montait à la tête, et une étrange fleur semblait s'épanouir dans sa poitrine. Une étincelle de quelque chose qu'il pensait éteint depuis longtemps.

De la joie.

« Moi aussi je suis content d'être revenu. » continua son ami. « Je craignais de ne pas te retrouver en revenant ici. C'était tellement inespéré. »

Le cœur battant dans sa poitrine, Hyunjin sentit les doigts chauds de Jeongin caresser les siens. C'était doux. Comme s'il caressait son âme délicatement. C'était peut être trop facile mais il ne pouvait pas lutter. Tous les souvenirs semblaient se condenser dans son esprit, revenir le bercer comme il se berçait lui même d'illusions des années durant. Morne, Hyunjin pensait que Jeongin l'avait définitivement oublié. Mais ce n'était pas le cas. Les regards échangés lors de l'adolescence avaient un sens et il était soulagé de ne pas avoir été le seul à s'en rendre compte.

Laissant ses doigts s'entremêler à ceux de son cadet, Hyunjin reprit le compte de ses étoiles. Ils ne parlèrent plus beaucoup ce soir là, se contentant d'échanger des phrases courtes. Lorsqu'il se mit à frissonner à cause de l'air frais de la mer, Jeongin lui proposa de rentrer à la maison. Ils dénouèrent alors leurs doigts pour retourner dans la maison, et se couchèrent dans leurs chambres sans un mot.

« C'est qui lui ? »

Hyunjin vivait dans une bulle, à tel point qu'il en avait oublié la présence de Kibum dans sa vie. Le pêcheur se tenait sur son pallier de maison, encore habillé de son grand tablier ciré jaune et de ses bottes gorgées d'eau de mer. Il désignait du pouce Jeongin, occupé à nettoyer le potager en fin de journée et à arroser les plantes. Il s'était d'ailleurs arrêté en voyant cet homme entrer dans le jardin pour venir cogner à la porte de la maison.

« Un ami d'enfance. » répondit-il sans quitter des yeux Kibum. Son aîné avait l'air sévère, ses sourcils étaient froncés et il n'avait pas l'air d'avoir envie de se calmer.

« Arrête de me prendre pour un con. » souffla le pêcheur en se tournant vers Jeongin, qui s'approchait d'eux pour les entendre discuter. « Alors je m'absente quelques semaines et tu me remplaces ? Ça t'avait jamais posé souci avant. »

« Je n'ai pas à me justifier auprès de toi. » le coupa Hyunjin, plus tendu qu'il ne l'aurait imaginé face à cet homme. Il avait l'impression de s'apprêter à traverser une tempête alors qu'il vivait au calme depuis des jours entiers.

« Te justifier ? Bien sûr que si... »

« Qu'est ce qu'il se passe ? »

L'arrivée de Jeongin dans la conversation mit Kibum très mal à l'aise. Le pêcheur observait le nouveau venu des pieds à la tête, détaillant son air propre sur lui et ses lunettes en bon état. Dans le ventre de Hyunjin, la tension se fit plus grande. Kibum n'était qu'un homme avec qui il s'amusait, et ils avaient toujours été d'accord sur ce point. Ce n'était rien de pour se détendre et coucher ensemble en toute discrétion, sans avoir à crier sur les toits leurs propres préférences. Le peintre soupira légèrement.

« Rien du tout, Kibum allait partir... »

« Alors c'est toi son nouveau jouet ? » cracha le pêcheur en se tournant vers Jeongin, enfonçant un doigt dans son torse d'un air provocateur. « Tu crois que tu peux me remplacer ? »

« Je te conseille vivement de partir. » rétorqua alors Jeongin sans hésiter. Ses yeux, d'habitude si calmes et si doux, étaient devenus terriblement sombres. Hyunjin sentit son ventre se tordre devant la scène et il jeta un coup d'œil à Kibum. Ce dernier hésita quelques secondes avant de tiquer.

« Sale traînée. » balança t-il par dessus son épaule avant de faire volte-face et de quitter le jardin.

Ces quelques mots auraient pu blesser la fierté de Hyunjin, mais il n'en était rien. Il ne pouvait pas le nier. Il avait eu plusieurs aventures avec des hommes différents, incapable de ressentir la moindre émotion pour eux, il se contentait de coucher avec pour apaiser sa souffrance. Quand ses amants commençaient à sentir qu'il se moquait éperdument d'eux, ils se vexaient et finissaient tous par partir. Ce n'était qu'un cycle de plus et ça ne le dérangeait pas. Hyunjin n'était heureux qu'en présence de Jeongin. Depuis son retour à Geoje, il faisait autre chose de son temps libre que contempler la mer et de peindre.

Jeongin le dévisagea quelques instants avant de le faire rentrer dans la maison. Il ferma la porte de l'entrée à clef et le guida jusque dans le salon donnant sur la mer. Hyunjin se laissait faire, plus ou moins attentif à ce qu'il se passait. Mais il avait chaud et il se sentait épuisé. Ce n'était pourtant rien, ce n'était rien de plus que sa vie et ça ne l'affectait même plus. Il était plus gêné dans le fait que Jeongin avait assisté à cette scène pitoyable qu'autre chose.

« Quelle brute, où tu l'as rencontré ? » lui demanda t-il alors qu'il s'asseyait dans le canapé à côté de lui.

« Dans un bar, l'année dernière. » répondit Hyunjin, les yeux perdus dans le vague. « J'avais trop bu. Il m'a ramené chez moi, et quand il m'a mit la main aux fesses, je l'ai laissé faire. »

Hyunjin ne se souvenait que trop bien de cette haleine de cigarettes et d'alcool sur son corps. Il l'avait laissé faire car il n'avait rien de mieux à faire. Ce n'était qu'un homme parmi tant d'autre. Il n'avait aucune importance à ses yeux, son cœur était ailleurs. Jeongin ne semblait pas très à l'aise à côté de lui. Au fond, à quoi s'attendait-il ? Hyunjin n'avait rien construit pendant toutes ces années car il n'en avait aucune envie. Il n'y avait que le quotidien de l'épicerie, la peinture et la plage qui le tenait en vie.

« Tu voulais peut-être le revoir ? » demanda Jeongin, incertain.

« Non, pourquoi cette question ? » reprit le peintre, décontenancé d'entendre une chose pareille. Pourquoi l'aurait-il voulu ?

« C'est ton... Enfin ton amant j'imagine. »

Jeongin ne semblait pas savoir où regarder. Et Hyunjin ne pouvait pas lui en vouloir. Il comprenait son questionnement, et de toute façon il était trop tard pour reculer. Ça lui convenait très bien ainsi. Il secoua la tête et retint un rire nerveux.

« Non, il n'est rien d'important. »

Hyunjin hésita quelques instants après avoir prononcé ces mots avant de venir poser sa main sur celle de son cadet. Il voulait le remercier d'avoir chassé Kibum, lui qui ne méritait pas de venir ici. Ce n'était que quelques mots, de la reconnaissance, et il voulait simplement que Jeongin comprenne. Ce dernier ne bougea d'ailleurs pas sa main, la laissant contre celle de Hyunjin sans dire un seul mot. Le passé le retenait comme une ancre solidement plongée au fond de l'océan. Il avait toujours aimé Jeongin, et le fait que l'inverse soit vraie était la seule chose qui lui donnait de l'espoir jour après jour.

« Je vais finir de faire le potager. » déclara son cadet en se levant, abandonnant sa main sur le canapé.

Hyunjin s'enferma dans son atelier de peinture le reste de la journée.

Des années durant, il n'avait jamais eu de réel intérêt à quitter la ville de Geoje même pour s'aventurer dans la campagne environnante. Mais pourtant, lorsque Jeongin lui proposa d'aller faire un tour en voiture au sud de l'île, Hyunjin accepta avec plaisir.

L'épicerie fut fermée en ce jour exceptionnel. Le peintre avait préparé un panier avec des en-cas à manger sur la route et des thermos de thé à boire dans la journée. En compagnie de Jeongin, ils avaient grimpé dans sa vieille Hyundai pour parcourir les routes chaotiques de l'île afin de descendre plus au sud. Au son de la dernière chanson de Sting qui passait à la radio, ils roulaient sans s'arrêter, ignorant les paysages merveilleux de la côte coréenne juste pour filer au sud, toujours plus au sud. Hyunjin laissait sa fenêtre baissée, savourant le vent dans ses cheveux et sa peau.

Ils s'arrêtèrent une longue demi-heure plus tard, au milieu de la nature sauvage du sud de l'île. Jeongin gara la voiture sur un petit parking de randonnée et ils descendirent ensemble du véhicule pour savourer la vue aux alentours. Les pics rocheux plongeaient à même dans l'eau le long de la côte, sauf en quelques endroits de sable fin qui délimitaient des plages sauvages. Le temps était assez clair pour voir les minuscules îles à quelques centaines de mètres des côtés, encore vierges de toute population et perdue dans l'immensité de la mer. La végétation était dense, avec quelques conifères et beaucoup de broussailles dont le bruit des insectes grouillants ne cessait de bourdonner. Hyunjin prit son panier et ils descendirent tous les deux le long d'un sentier de fortune pour rejoindre le bord de la mer.

Ce n'était en soi pas si différent de lorsqu'ils étaient à Geoje, à la différence qu'ici, on ne les reconnaissait pas à tout bout de champ. Jeongin avait été contraint de parler à quelques anciens de la ville qui l'avait reconnu et Hyunjin ne savait pas où son cadet trouvait tant de patience avec eux. Ils étaient seuls, tous les deux dans la nature sauvage de l'île de leur enfance et rien de plus ne comptait à ses yeux en ce moment même.

« J'aurais dû emporter mon matériel de peinture. » lança t-il alors qu'ils arrivaient en bas de la longue butte pour descendre sur la plage. « Les paysages sont magnifiques ici. »

« Je peux faire un aller-retour si tu veux ? » demanda Jeongin , occupé à porter les sacs où se trouvaient leurs serviettes de bain et leurs livres.

« Non, reste. Ce n'est rien. »

Graver des paysages dans sa mémoire était facile. Hyunjin voulait juste se souvenir du passage de Jeongin avec lui, des années après avoir disparu de sa vie. Certains matins, quand il voyait son cadet cuisiner leur petit déjeuner dans la cuisine, il avait l'impression de vivre un rêve. Pourtant c'était réel. Jeongin était là, de retour dans sa ville d'enfance et partageait son quotidien. C'était une bulle presque sacrée à ses yeux et ne sachant pas combien de temps ce plaisir allait durer, il voulait en savourer la moindre part. Car son cadet serait bien obligé de repartir un jour.

Ils jetèrent leur dévolu sur un coin de plage à l'abri d'un piton rocheux légèrement incliné. Une fois assis sur sa serviette de plage, Hyunjin se rendit compte qu'ils n'étaient visibles que par de potentiels bateaux. Mais il n'y avait rien sur l'horizon, rien que les silhouettes d'oiseaux marins et les ondulations de l'eau sous le vent chaud de l'été. Être loin de tout le détendait bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Depuis le retour de Jeongin, il aurait aimé ne pas faire de ragots sur son cadet et lui éviter l'embarras. Mais ce dernier ne semblait en avoir rien à faire. En soupirant d'aise, il ôta ses sandales et s'allongea sur le dos, appuyé sur ses coudes pour observer l'horizon. Jeongin en fit de même à ses côtés.

« On est déjà venu là. » lança t-il en se tournant vers son aîné. « Tu t'en souviens ? »

« Non. » répondit Hyunjin, perplexe. Il ne se souvenait pas d'avoir déjà vu de ses propres yeux ces paysages côtiers.

« On devait avoir quoi, quatorze ou quinze ans. » reprit Jeongin, les yeux perdus dans la contemplation des vagues. « Ma mère nous avait emmené ici tous les deux et nous avaient laissé toute la journée ensemble. Je m'étais baigné et un crabe m'avait pincé un orteil. »

A l'évocation de ce souvenir, le visage de Hyunjin s'illumina d'un sourire. Il s'en souvenait en effet, maintenant que son cadet lui racontait cette anecdote. Ça avait été une journée absolument caniculaire en plein début d'août. Ils avaient été déposé le matin pour profiter de la plage et d'un marchand de granité qui tenait autrefois un baraquement en haut d'un des piton rocheux. Il avait soigné de son mieux la blessure de son cadet, maniant sa cheville et son pied du mieux qu'il pouvait malgré son manque d'expérience. C'était aussi à cet instant qu'il avait sentit le regard de Jeongin le dévisager intensément pour la première fois.

Il s'en souvenait comme si cette histoire datait de la veille.

« Ton pauvre orteil était violet, je m'en souviens très bien ! » s'exclama t-il en riant avant d'observer Jeongin. Ce dernier souriait aussi et le cœur de Hyunjin manqua un battement.

« Le vendeur de glaces nous avaient offert des granités au citron pour me remonter le moral, mais il n'avait pas mis assez de sucre. J'aurais pu tout désinfecter avec cette glace. »

« Je m'en souviens oui ! » éclata Hyunjin en se remémorant la tête désabusée de son ami, à l'orteil gonflé et à la glace trop acide. « C'est gentil de sa part mais il ne t'avait pas vraiment rendu service ! »

Au lieu du roulement des vagues ils éclatèrent de rire tous les deux. C'était du bonheur à l'état pur, un temps d'insouciance pendant lequel ils avaient apprit à grandir ensemble. Hyunjin se souvenait très bien de la grimace de son cadet à l'époque, mais aussi de la façon dont il l'observait. Quelque chose chez lui avait changé ce jour là, il en était persuadé. Retrouver cette ancienne complicité faisait rêver Hyunjin. Que pouvait-il se passer si sa vie se résumait à ça désormais ? Jeongin n'allait peut être pas partir cette fois. Il était bien trop poète pour se dire que ce n'était qu'un coup du destin pour lui donner espoir sans rien en retour. Son cadet avait fini par revenir à ses côtés car il en avait besoin. Malgré les années, il ne l'avait pas oublié. Et son cœur se crispait à cette simple constatation. Jeongin était là avec lui. Et le temps passé n'y changeait rien.

Hyunjin finit par sortir un livre qu'il n'avait pas touché depuis des mois et s'installa sur le ventre pour commencer à lire. Son cadet en fit de même à ses côtés, retombant ainsi dans un silence agréable. Cependant, l'ambiance avait changé. Au fil des jours, une mélancolie lancinante les entourait, comme si elle jaugeait leur capacité à se parler, à se toucher et à se comprendre. Les regrets noyaient l'air et Hyunjin traversait ce brouillard à tâtons. Mais se retrouver à rire avec Jeongin semblait avoir dissipé cette appréhension. Ce n'était que eux, rien de plus.

Après avoir mangé des framboises du jardin qu'ils avaient emmené avec eux, Jeongin enleva ses vêtements et ses lunettes pour rester en simple maillot de bain. Hyunjin ne pouvait pas s'empêcher de rouler sur le dos pour l'observer, détaillant son corps par dessus son livre. Bien évidemment, son cadet avait bien changé depuis l'adolescence. C'était un homme, il était en bonne forme physique, et Hyunjin savait apprécier les belles choses. Gravant cette image dans sa mémoire, il se sentit rougir en croisant le regard de Jeongin. Ce dernier haussa les sourcils d'un air surpris et le peintre fourra son nez dans son livre, niant le flagrant délit. Son cadet se mit à rire légèrement avant de l'abandonner sur la plage et de filer dans l'eau.

Hyunjin perdit le fil du temps. Tout ce qui comptait, c'était observer Jeongin nager le long de la plage. A l'ombre du piton rocheux, il savourait la brise sur sa peau. L'odeur de la mer rappelait ses meilleurs souvenirs, la vision de son cadet également. Ils étaient à l'abri du monde. Personne n'était dans les parages. Que pouvait-il demander de plus ?

« Allez viens te baigner ! » lui cria Jeongin au bout d'un long moment. « Elle est bonne, ça va te faire du bien ! »

C'était difficile de lutter contre l'appel de son cadet. Hyunjin abandonna son livre sur le côté sans prendre la peine d'y mettre un marque page et se releva. Après avoir enlevé ses vêtements, il attacha ses longs cheveux en queue de cheval pour ne pas être gêné et s'approcha du bord de l'eau. Jeongin s'était arrêté de nager pour le regarder faire. C'était de bonne guerre, qui aurait-il été s'il s'était plaint ? Hyunjin longea la plage, exposant sa peau de miel au soleil et entra dans l'eau jusqu'à hauteur de cuisse. Elle était fraîche et avec le vent marin, c'était terriblement appréciable. Après s'être mouillé la nuque et les bras, le peintre s'immergea jusqu'au torse pour rejoindre son cadet qui l'attendait patiemment.

« ça t'a manqué de ne pas nager dans la mer ? » demanda t-il en se mettant à sa hauteur.

« Oui, plus que tout. Nager dans une piscine ce n'est vraiment pas la même chose, je déteste le goût du chlore. » répondit Jeongin avant de s'éloigner légèrement pour nager. « On va jusqu'au piton là bas ? »

Il désigna du doigt un léger pic de roche qui dépassait de la crique où ils se trouvaient. Hyunjin accepta et ils se mirent alors à nager le long de la côte. Ignorant la piqûre du sel sur son visage, le peintre savourait le roulis de l'eau sur sa peau, sa fraîcheur et la façon dont il se sentait couper du monde dès que ses oreilles passaient sous l'eau. Arrivé au piton, ils firent demi-tour en s'appuyant contre la roche pour revenir plus proche de la plage. L'un et l'autre connaissait les risques de la mer et ils savaient être prudents. Lorsqu'ils retrouvèrent pied, Hyunjin chassa l'eau de son visage ainsi que les cheveux rebelles avant de sentir deux bras brûlants s'enrouler autour de sa taille.

Surpris, il se tourna par réflexe vers Jeongin. Ce dernier avait les yeux brillants à cause de l'eau de mer et ses joues étaient rouges. Par réflexe, Hyunjin posa ses mains sur les épaules de son cadet pendant que celui-ci l'attirait à lui. Rien que eux, dans leur bulle d'été et de soleil. Le cœur du peintre s'emballa.

« J'ai un peu menti. » confessa t-il du bout des lèvres. Ses yeux détaillaient avec patience le moindre trait de Hyunjin, comme s'il le découvrait pour la première fois.

« A quel propos ? » murmura le peintre. Il sentait ses mains trembler lorsqu'elles se crispèrent sur la peau nue de son cadet.

« Ce n'est pas nager dans la mer qui m'a manqué plus que tout. » chuchota Jeongin, comme s'il s'agissait d'une confidence. « C'est toi. »

Hyunjin sentit un souffle passer ses lèvres, et Jeongin s'en empara sans attendre. Il avait le goût de sel et de soleil, d'une bulle de bonheur et d'explosion intense de sentiments. Soupirant d'aise à travers le baiser, les mains du peintre remontèrent jusque dans la nuque de son cadet pour le maintenir contre lui, l'embrasser toujours plus. Plus rien n'avait d'importance, que ça soit le clapotis de l'eau ou sa tête qui s'embrumait au fur et à mesure que les lèvres de Jeongin caressait les siennes. Il existait. Tout simplement.

Ils s'embrassèrent sous le soleil d'été comme ils auraient dû le faire des années auparavant. Dévorant leurs lèvres de leur amour, caressant leurs peaux flétries par l'eau salée. Il n'y avait qu'eux deux coupés du monde.

Alors à bout de souffle, Hyunjin se sépara de son cadet. Ses yeux papillonnèrent, les cils encore humides. Ses joues étaient rouges et le regard de Jeongin le faisait brûler de l'intérieur. C'était tout ce dont il avait rêvé pendant des années, se désespérant de recevoir le moindre signe de la part de son ami pour qu'il comprenne qu'ils avaient le droit. Que malgré les interdits et les regards des autres, cet amour était légitime et valait la peine d'être vécu. Au lieu de ça, ils avaient attendus et perdus des années entières.

Lorsque les larmes vinrent inonder les yeux de Hyunjin, Jeongin le serra étroitement contre lui. Il lui murmurait que tout irait bien et que le plus dur était derrière eux. Qu'ils ne risquaient plus rien désormais et que tout était finit. Était ce réellement possible ? Le peintre se sentait vidé de toute émotion, il était fébrile et ses ongles griffèrent la peau de son cadet quand celui-ci voulu le porter pour le ramener sur la plage. Hyunjin s'agrippa à lui de toutes ses forces, incapable de réfréner ses sanglots. La tête appuyée contre l'épaule de Jeongin, il trouva la force de marcher jusqu'à ce que le sable chaud ne vienne de nouveau coller à ses pieds et que l'homme tout contre lui essuyait maladroitement ses larmes.

« Je suis désolé d'avoir mis si longtemps à revenir. » reprit Jeongin alors qu'il l'enveloppait dans une serviette de bain comme s'il était fait de verre. « J'ai douté pendant trop longtemps. »

« Mais tu le savais, non ? » demanda t-il en essuyant maladroitement son nez dans sa serviette. « Je... »

« Je le savais, je n'avais juste pas le courage. » répondit son cadet, posant son front contre le sien pour qu'il le regarde dans les yeux. « Je suis désolé... Si désolé... »

Hyunjin aurait dû se sentir amer. Il savait qu'il aurait dû regarder Jeongin de haut et lui dire que lui avait tourné la page et que s'il l'accueillait chez lui ce n'était qu'en souvenir de ces bonnes et longues années à grandir ensemble. Mais ce n'était pas le cas. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Il aimait cet homme depuis tant de temps qu'il avait oublié même ce que l'amour était réellement. Et son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu'il craignait qu'il n'en sorte. Jeongin avait été son premier et son unique amour. Depuis son départ, il n'était qu'une coquille vide de sens qui attendait qu'on daigne s'occuper de lui. Malgré toutes les tentatives infructueuses, il n'y avait jamais eu que Jeongin dans son cœur. Et personne d'autre.

Au fond, qui était-il pour juger quand quelqu'un était prêt à franchir le pas ? Lui ne s'était jamais caché à lui même qu'il n'aimait pas les femmes. Mais peut-être Jeongin avait il voulu se convaincre qu'il n'était pas comme lui et qu'il voulait se le prouver. Il avait perdu du temps. Mais il n'avait pas perdu Hyunjin. Il aurait été capable de l'attendre encore des années.

Au lieu de répondre, le peintre attrapa les mains de Jeongin et s'approcha de nouveau de lui. Ils s'embrassèrent tendrement, presque du bout des lèvres, avant d'au final retourner s'installer sur les draps de bain étalés dans le sable. Collés l'un à l'autre, la peau humide à cause du sel qui collait à leurs peaux, ils restèrent longuement enlacés à l'abri de tout.

Ils déjeunèrent ensemble, Jeongin complimenta sa cuisine et Hyunjin fut incapable de retenir ses sourires. A travers les baisers, son cadet lui avait donné une nouvelle force qu'il ne soupçonnait même pas. Son âme avait prit feu et brûlait en lui. Pour la première fois depuis bien longtemps, il arrivait à penser au lendemain sans n'y voir qu'un trou noir. Il arrivait à se réjouir. La perspective d'un lever de soleil ne lui était plus si difficile.

Après avoir passé l'après-midi entière à s'embrasser à l'ombre du pic rocheux, découvrant la saveur de leurs lèvres, ils finirent par rentrer à Geoje. La chaleur était étouffante dans la Hyundai restée en plein soleil toute la journée. Pendant toute la première partie du voyage, Jeongin laissa sa main posée sur la cuisse de son aîné. Ce dernier sentait l'air chaud balayer les mèches folles de ses cheveux par la fenêtre de la voiture, et il n'avait qu'une envie c'était de retourner chez lui pour savourer la présence de Jeongin à ses côtés.

En arrivant à la ville, son cadet ôta sa main de sa jambe et Hyunjin resserra ses cuisses l'une contre l'autre. Jeongin ne posa un doigt sur lui qu'une fois la porte de la maison refermée derrière eux, dans l'intimité de leur abri.

L'air frais balayait la peau de Hyunjin à tel point qu'il frissonna dans son sommeil. Malgré la chaleur étouffante de l'été au petit matin, le corps pressé contre le sien était addictif. Il aimait cette odeur. Celle du sel et de Jeongin. Même avec les yeux fermés, il sentait le puissant bras enroulé autour de sa taille, pour le presser contre l'homme nu à ses côtés. La tête posée contre le torse de son cadet, Hyunjin entendait les battements apaisés de son cœur. Le rythme était régulier, rassurant, comme celui d'un métronome qui nous dictait le rythme à suivre.

Le peintre finit par ouvrir les yeux. Devant lui, la peau marquée de baisers de Jeongin et l'aurore qui pointait au dessus de la mer. A travers la fenêtre de sa chambre, il manquait jour après jour ce spectacle pourtant fabuleux. Et là il pouvait le contempler de nouveau.

Ça faisait plusieurs semaines maintenant que Jeongin était là. Chaque nouveau jour était encore meilleur que le précédent. Et Hyunjin s'accrochait à cette réalité. Il voulait qu'elle soit tangible, qu'elle soit sienne. Tant que Jeongin était sous ses doigts, tout irait bien.

Il essaya de se rendormir un peu, mais sans succès. Le peintre finit par se redresser, balayant ses longs cheveux pour tenter de les recoiffer. Mais la poigne de Jeongin autour de lui se durcit et il fut de nouveau projeté dans le lit. Entre deux rires, son cadet fondit sur lui pour l'embrasser tendrement. Ses mains étaient douces sur sa peau lorsqu'il en glissa une le long de sa cuisse pour la replier. Hyunjin se coula dans l'étreinte et dans le baiser, adorant le regard encore chargé de sommeil de Jeongin qui ne cessait de lui sourire.

« Je t'aime. Je t'ai toujours aimé. » lui murmura t-il dans le creux de son oreille tout en lui écartant doucement les cuisses.

« Moi aussi. » répondit Hyunjin, alors qu'une simple larme s'échappa de son œil tant l'émotion le submergeait.

« Je vais chercher un travail. » déclara un jour Jeongin, alors que les orages grondaient au loin pour annoncer la fin d'une canicule.

Ils étaient tous les deux installés dans l'atelier de peinture. Hyunjin était occupé depuis longtemps à peindre et son modèle était simplement là devant ses yeux. Jeongin lisait un de ses nombreux livres, adossé à la porte coulissante de la cuisine, et le peintre voulait l'immortaliser. Il n'avait plus de problème pour se souvenir des traits de cet amour de toujours. Il était là devant ses yeux. Habillé d'une chemise brune et d'un pantalon en toile, Jeongin l'observait au dessus de ses lunettes d'un air interrogateur.

« Qu'est ce que tu as dis ? » s'étonna Hyunjin en posant le pinceau qu'il tenait dans sa main.

« Je vais chercher un travail. » répéta son cadet, avec un léger sourire en coin. « Tu te fais déjà sourd ? »

« Je suis simplement surpris. » répondit le peintre en levant les yeux au ciel d'un air faussement agacé. Il se sentait léger. Peut être même euphorique. C'était étrange mais agréable.

« Pourquoi ? Tu m'entretiens depuis assez longtemps comme ça. Je divorce, je ne suis pas non plus handicapé. » reprit Jeongin. « Je vais chercher un petit travail dans le coin, je pense que madame Lee aura besoin de main d'œuvre pour récolter son champs d'ici peu. »

Depuis le baiser au sud de l'île, Hyunjin avait l'impression d'avoir ouvert une boite depuis bien trop longtemps fermée dans sa poitrine. Toutes les émotions qui lui donnaient du baume au cœur se diffusaient constamment dans son cœur et il ne pouvait pas s'empêcher de sourire en présence de Jeongin. Il aimait l'écouter parler, il aimait sentir ses baisers et le comprendre jour après jour.

« Tu veux rester alors ? » demanda t-il, la voix légèrement tremblante.

Bien qu'une infime partie de lui craigne la réponse, Hyunjin faisait confiance à son cadet. Il savait ce qu'il allait répondre. Car si pour lui, le retour de Jeongin sonnait comme une véritable libération, l'inverse était également vrai. Ils avaient parlé ensemble de sa vie à Séoul, des apparences et du savoir vivre. Il fallait beaucoup de force pour faire semblant et ne pas s'exposer au quotidien lorsqu'on mentait sur sa nature même. Jeongin avait fait bonne figure pendant des années avant de finir par craquer et tout abandonner. Il n'avait besoin de rien de plus que de revenir ici, sur la côte de Geoje au sein du pays de son enfance. Et Hyunjin l'avait bien compris.

« Je veux rester avec toi. » corrigea Jeongin en reprenant son livre, un sourire en coin. « Partout où tu irais, je te suivrais. Et si tu veux rester à Geoje, ça me va. »

Peut-être qu'au fond, Hyunjin n'avait jamais voulu quitter la ville de leur enfance car il savait au plus profond de son cœur que Jeongin finirait par revenir un jour. C'était leur destinée. Jamais ils n'auraient dû se séparer mais le destin avait réussit à les faire se retrouver et c'était tout ce qui comptait. Le peintre avait refusé de faire sa vie car il savait que sans Jeongin, elle n'en valait pas la peine. Alors inconsciemment, il l'avait attendu encore et encore. Tant que l'aube se levait matin après matin, il savait que tout finirait par s'arranger.

Hyunjin reprit sa peinture sans un mot, un œil sur le côté du chevalet pour surveiller son modèle. Ses mains se souvenaient sans peine du visage de Jeongin désormais. Il se sentait capable de reproduire son visage des milliers de fois.

Le roulement des vagues berçait Hyunjin. Allongé sur la plage de son enfance, il contemplait le ciel étoilé et essayait de retrouver les constellations qu'il avait apprit lorsqu'il était plus jeune aux côtés de sa grand-mère. L'été touchait à sa fin, le vent de l'automne revenait et les soirées étaient plus courtes. Impossible de rester trop longtemps dans le sable sans avoir le nez qui grattait et qui donnait envie d'éternuer.

Dans sa main, celle de Jeongin. Chaude, rassurante. Son cadet caressait sa peau de son pouce dans une délicate attention. Celle qui disait qu'il était là désormais, qu'il ne risquait plus rien. Ils parlaient peu. Mais ce n'était pas nécessaire. Il n'y avait personne dans les rues ou sur la plage à cette heure-ci, il n'y avait rien qu'eux et le reste du monde autour. Et au fond, Hyunjin s'en moquait pas mal désormais. Si on les pointait du doigt, il pouvait simplement hausser des épaules. Ça ne changeait rien pour lui. Vivre avec Jeongin était sa source de bonheur et rien ne pouvait l'entacher désormais.

Alors qu'il détaillait la constellation qu'il pensait être celle d'Andromède, Hyunjin n'en crut pas ses yeux en voyant une étoile filante foncer au travers de la nuit noire. Il sut aussitôt que Jeongin l'avait vu aussi, car il serra sa main plus fort dans la sienne face à ce spectacle. Lorsqu'ils étaient encore adolescents, c'était commun pour eux de voir ces étoiles voyageuses à travers la toile qu'était le ciel. Depuis leurs retrouvailles, c'était la première fois qu'ils pouvaient en contempler une ensemble.

« Tu as fais un vœu ? » demanda Jeongin en tournant la tête vers lui.

Hyunjin en fit de même. Ignorant le sable dans ses longs cheveux, il contempla le visage de son cadet dans la pénombre. Simplement illuminé par les étoiles, son amour de toujours avaient des yeux qui brillaient d'excitation. Il lui était si précieux que le peintre savait qu'il n'arriverait jamais à immortaliser à la perfection les traits de son visage sur une toile. Un sourire sur les lèvres, Hyunjin sentit son cœur s'emballer.

« Non. » répondit-il avant de tourner de nouveau les yeux vers le ciel étoilé. « J'ai déjà tout ce qu'il me faut désormais. »


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