La soirée avait bien commencé, pas qu'elle se soir mal terminée, mais elle a un peu -beaucoup- dérapé. Disons qu'après avoir mangé, les garçons ont sortis les cartes et les bouteilles, get, whisky et vodka. Ça promettait. La grande question était qui allait être malade en premier, et qui se souviendrait de toute la soirée. J'espérai être dans la deuxième catégorie mais manifestement Alexis voulait me rangeait dans la première à en juger par le premier verre qu'il m'a servi.

Une carte tournée, une gorgée, encore et encore. Le principe et simple, parier sur une carte, pari gagner et quelqu'un bois. Pari perdu et c'est toi qui boit. Faire parier à quelqu'un que tu as la carte tournée et il boit -un peu ou beaucoup suivant le stade de la partie- si tu mens et qu'il le découvre, tu doubles, s'il pense que tu bluffes et qu'il se trompe c'est lui qui double. Une carte tournée, une gorgée, encore ... 

" Anastasia, bois
- Tu mens
- Sûre de toi ? J'en ai deux regarde
- Tu me saoules Alexis
- Allez bois quatre gorgées"

L'alcool me brûle la bouche dès la deuxième gorgée mais je suis une fille de parole, il vérifie que je ne triche pas, compte même. Je prendrai ma revanche. Je n'aime vraiment pas perdre. Je voudrais bien ne pas trop boire, éviter d'être malade ou d'oublier une partie de la soirée, alors je parle peu, je les regarde jouer et boire. Erwan me met au défit sur quatre gorgées, il bluffe c'est sur.

" Tu mens
- Ça fait huit, désolé
- Vas-y Anastasia, tu bois pas là ! Ton verre il descend pas ! Râle Alexis
- Bien sur que si je bois !"

Je commence les huit gorgées demandées, au bout de trois je tousse. Je sais que je n'ai pas l'habitude, il faut vraiment que je fasse attention. Au bout de six, ma tête me tourne mais Alexis en rajoute.

" C'est pas des gorgées ça Anastasia ! "

Tant pis pour les paroles, les deux dernières resteront dans mon verre, personne ne s'en est rendu compte. Une carte tournée, une autre, Erwan tourne maintenant un cinq. J'ai celui de trèfle, je le sais. C'est la troisième carte posée devant moi. Après un dix et une dame, c'est l'heure de ma vengeance. Alexis tu n'es pas prêt.

" Alexis, j'ai un cinq, bois
- Tu mens Anastasia "

Sans quitter ses yeux bleus délavés, je tourne ma carte? Je ne la regarde même pas. C'est le cinq de trèfle. Un sourire taquin sur les lèvres je reponds à son "merde" chuchoté.

" Dix Alexis "

Après avoir avalé la moitié de son verre, il toussote et crachouille. 

" Neuf et dix, grimace-t-il sans me quitter des yeux, pourquoi c'est moi que vous faites boire comme ça?
- C'est toi qui nous invite " répond Dimitri

Plus personne n'ose vraiment défier qui que se soit, une trop grande quantité d'alcool est en jeu sur chaque carte. Dernier tour, annoncer nos cartes cachées. Le cinq, le dix et la dame, j'en suis sûre, mais c'est quoi la dernière... un sept ou un huit ? C'est déjà à moi, un sept je pense. J'annonce

" Dame, je tourne la carte de droite, pas d'erreurs, c'est un sept je pense, dix, je tourne la voisine de la dame, toujours bon, non un huit, cinq, le cinq d'Alexis, effectivement, oui c'est un huit j'en suis sure, dernière carte, huit"

Ouf, j'arrête de boire maintenant.

" On va à la piscine ? " demande l'un des garçons. Piscine, maintenant ? Je crois que c'est une mauvaise idée, j'ai la tête qui tourne et il est même pas minuit, ça promet pour la suite. Je ne suis pas la seule à ne pas vouloir me baigner, Alexis rigole.

" Si je plonge je remonte pas " Belle métaphore. Je les suis tout de même jusqu'à la terrasse. Mais pourquoi le sol tangue comme ça dans la nuit noire... Il faut que je m'assoie.

Alexis "danse" en face de moi, plus moins en rythme avec la musique -plutôt moins-. Les baigneurs sortent de l'eau quand une voiture arrive, le dernier invité peut-être. 

" Erwan ! C'est mes parents ! Je suis pas bourré hein !
- T'inquiète Alex' !" 

Je me lève quand les deux garçons éclatent de rire, il faut que je dise bonsoir. Ne pas tanguer surtout, marcher droit, le sol est plat car il l'a toujours était.

" Donc c'est Dimitri et là c'est Anastasia, d'ailleurs tu devais pas venir avec une amie ? me demande une voix féminine dans l'obscurité, sa mère oui. Une amie, ah oui, c'est vrai qu'Alexis avait proposé ça.
- Elle a pas pu venir, elle avait un rendez-vous professionnel ce soir trop loin d'ici "

Je me rassois sur la terrasse et Alexis me ramène mon verre plein

" T'as pas bu Anastasia !
- Mais si j'ai bu ! Tu me saoules !"

Je bois une ou deux petites gorgées sous ses yeux. Les autres garçons sont allés faire chauffer les charbons, ils veulent faire une chicha je crois. C'était pas prévu ça ! Alexis m'avait fait venir pour me faire boire pas pour fumer. Pas grave, je ne fumerai pas.

Quand je retourne à table, le monde vacille moins, volontairement j'ai laissé mon verre au bord de la piscine, je ne veux plus boire et je ne veux pas fumer non plus. Je regarde les garçons boire surtout Alexis. Avec son frère et Dimitri, ils jouent à celui qui ne laissera rien paraître, ils viennent de finir une bouteille.

" Anastasia ! T'abuses, t'as toujours pas fini !
- Mais c'est pas bon ça ! "

Pourquoi Alexis me ramène-t-il mon verre encore et encore ? Ils fument chacun leurs tours. La musique fait battre mon cœur jusque dans mes temps. Une taffe pour l'un et au voisin. Après plusieurs tours, la curiosité me gagne, je cède et essais pour goûter.

Je respire le tabac sans tousser, ça n'a pas vraiment de goût. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, cracher mes poumons ou trouver ça hyper enivrant mais là... ni l'un ni l'autre.

" C'est pas top quand même hein
- C'est ta première? Demande Erwan, elle est pas très bonne celle-là c'est vrai, on changera après
- Oui
- Moi aussi c'est ma première, j'avais jamais fait, mais c'est grave cool " renchérit Dimitri

Une taffe ici, une taffe par là, la frénésie de l'alcool est retombée à la fin de la partie de cartes mais le monde tourne toujours, plus lentement, au rythme de la fumée que l'on respire. Finalement, je regoûte et on s'y habitue, bonne ou pas bonne. Moi qui avait juré de pas fumer il y a une heure.

" Il est où Dimitri ?
- Il crache ses poumons là-bas je crois" Je tends la main en direction du jardin

Lumière allumée, nous le retrouvons en train de s'endormir, allongé dans l'herbe humide. Je pense que je suis la plus lucide. Si je ne bouge pas trop, rien ne bouge autour de moi.

" Alexis, amène un duvet pour le couvrir ou une couverture et mettez le en pls au cas où"

Si je bouge, je tombe mais je leur tiens la lumière, c'est déjà ça.

" Alexis, je le regarde sérieuse quand il revient un duvet dans les mains, on peut pas le laisser dans l'herbe mouillée comme ça, il va attraper la mort et il faut le rapprocher de nous"

Mon ami se baisse et lui prend le poul, les autres reviennent, il me répond :

" On peut pas faire un dégagement d'urgence
- Alors vous pouvez le porter non ? Moi je peux pas avec mes petits bras
- Tes petits bras " Erwan sourit à côté de moi.

A trois, ils le soulèvent et le portent jusqu'au cellier où nous avons laissé nos affaires. Je traverse le jardin sans trop de difficultés, le téléphone allumé et les rejoins. Alexis m'aide à installer Dimitri sur le tapis alors qu'il y a dix minutes il n'étais plus conscient de rien, il est maintenant très lucide

" J'ai les réflexes qui remontent là ! Je pensais pas à ce point, commence-t-il, il faut rester avec lui, on fait des quarts
- Je commence si tu veux "

Je me baisse, pose mon index et mon majeur sur la gorge de Dimitri et m'assois à côté de lui. Alexis m'arrête :

" Non fait pas comme ça "

Sa main tiède vient attraper la mienne et la poser sur le ventre de son ami.

" Tu sens sa respiration comme ça et aussi son cœur battre là. Tu sens ?
- Oui " Je réponds dans un souffle. Quelques instants encore, il laisse sa main contre la mienne puis l'enlève et s'affale contre le meuble à côté de lui.

" Alexis t'es sur que ça va ?
- Oui, oui, tu peux rester toi ? T'es sûre ?
- Oui t'inquiète pas "

Péniblement il se relève, passe sa main dans ses cheveux bruns puis m'annonce en vacillant.

" Je reviens dans un quart d'heure, à deux heures donc
- Pas de problème "

Ainsi, moi aussi je récupère, me demandant ce que je fais ici, est-ce que je m'amuse au mois? Oui, je pense bien, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en arrivant, ni de cette soirée, ni de moi-même, de mes relations avec Alexis qui est le seul que je connais vraiment. Qu'est-ce que j'attends vraiment de lui, de moi, de nous ? Je ne sais pas, je me laisse porter, comme j'ai toujours su faire. Je ne prendrai pas de décision enfin pas ce soir, je ne pense pas. Alexis revient à deux heures pile et s'installe en face de moi, de l'autre côté de son ami.

" Il va toujours bien ? me demande-t-il
- Oui, il dort, tu es sur que tu es en état toi ? Je peux rester si tu veux
- Non c'est bon
- Alexis, t'es sur ?
- Anastasia, vas-y je te dis "

Doucement, je me relève et rejoins les autres qui demandent aussitôt des nouvelles. Oui, Dimitri va bien, Alexis reste ce quart d'heure. Erwan décide qu'il fera les quinze minutes suivantes. J'attrape une bouteille de bière, mon gobelet est couché sur la table, tant mieux, je ne veux plus boire quelque chose que je n'aime pas. Alexis nous rejoint à table après son tour auprès de Dimitri qui dort toujours profondément. Lentement, il fait le tour de la table en vacillant. Il s'appuie contre mon épaule pour s'installer en face de moi. Encore une fois, il se plaint du fait que je ne boive que très peu. Mais maintenant que ma tête ne tourne plus ou du moins presque plus je ne veux pas recommencer, pas ce soir en tout cas.

~

La musique bat moins vite dans mes oreilles, je peux maintenant me déplacer sans menacer de m'effondrer. Je décide donc de les rejoindre à côté du barbecue où ils font chauffer du charbon. Une autre chicha et donc prévue. Erwan nous rejoins aussi, nous discutons de film et de séries comme la plupart des jeunes de notre age. Je ne sais pas si c'est l'alcool qui n'a pas fini de redescendre ou juste l'ambiance de la soirée mais je suis d'humeur taquine.

" Alexis ? Tu dois pas me mettre à l'eau toi ?
- Pas ce soir Anastasia
- Ça fait un an et demi que tu dis ça, je t'attends moi
- Si tu me cherches, je vais t'y mettre "

Un instant, je le crois, je réfléchis aux affaires que j'ai apportées. J'ai un sweat et un jean et dans mon sac juste un top plus court que celui que je porte sous mon pull ainsi qu'un short. Il faut que je me change si je ne veux pas mourir de froid.

"Laisse moi cinq minutes pour me mettre en maillot, histoire d'avoir quelque chose de sec à mettre après "

Je me dirige donc vers le cellier, enfile rapidement la tenue adéquate et je m'enroule dans ma grande serviette. Quand je rejoins les garçons autour de la table, ils fument déjà. Je cherche mon ami du regard, il s'est installé dans le hamac. Erwan rigole, peut-être car je suis assez naïve pour avoir cru Alexis capable de me pousser à la piscine dans son état. Peut-être parce qu'il trouve ce défi puéril ou juste parce qu'Alexis annonce :

" Si tu me fais tomber du hamac je te mets à l'eau
- T'es drôle toi ! T'as vu mes bras ? "

Pourtant je suis une fille de parole, ça fait assez longtemps que j'attends ça. Mais le faire tomber, je risque de galérer pas mal... Erwan de l'autre côté du hamac rigole de plus belle. Je tire une taffe pour me donner du courage et attrape sans conviction le bord du drap tendu entre les arbres. Erwan fait basculer Alexis, ce coup de pouce est le bienvenu. Je lui souris et termine de le faire tomber.

Je m'écarte un peu, attends qu'il se relève. Il me surprend par sa rapidité, nous bataillons quelques secondes, attrapant les bras de l'autre, nous défendant. Malgré son état, il est plus fort que moi et me déséquilibre trop facilement. Il attrape ma cuisse et me fait tomber dans l'herbe une première fois. Je me relève le plus dignement possible et pose mais mains sur mes hanches, provocante, encore.
De nouveau, j'essaie de le faire tomber mais encore une fois, il me fait basculer dans l'herbe, sa main effleure ma cuisse. Devant le salon de jardin, au bord de la piscine, je le pousse pour me défendre, il vacille et tombe sur une des chaises en bois. Ma tête me tourne et je lui tombe dessus. Un instant, je m'appuie contre son torse, puis, gênée, je me relève au plus vite.

J'espère que ses amis n'ont rien vu. Moi, en maillot de bain, presque à califourchon sur lui. Je n'avouerai jamais que mon embarras n'est pas du qu'à notre position compromettante mais aussi à note proximité. Je m'approche de l'eau tandis qu'il se relève et le laisse me pousser sans même tenter de l'entraîner dans ma chute.

Enroulée dans ma serviette, je les rejoins autour de la table en m'essorant les cheveux, évitant le plus possible le regard délavé d'Alexis. J'écoute les discutions plus que je n'y participe et je fume plus que je ne les regarde fumer et que je l'imaginais en arrivant. La fumée et le tabac me réchauffe de l'intérieur et je reste un long moment en maillot de bain. Quand ils décident de faire rougir de nouveaux charbons, je m'éclipse pour me changer. Je renfile mon jean et mon sweat à manches longues car le froid commence à piquer ma peau comme un millier d'aiguilles. Dimitri dort toujours par terre, ses respirations longues et profondes.

Lorsque je suis de retour, Erwan m'annonce qu'ils ont changé le parfum du tabac, alors, je goûte.

" Wah ! Il arrache celui-là !
- Vas-y Anastasia tu crachotes là ! "

Se moque Alexis tandis que je tousse. Doucement, je recommence pour m'habituer à ce tabac qui appuie sur mes bronches. Une fois, une deuxième, avant la troisième, Alexis me regarde et annonce :

" Je parie que tu tousse
- Ton verre cul sec, renchérit Erwan
- Ok, mon ami ne laisse rien paraître
- Tire une petite, sourit Erwan en me faisant un clin d'œil
- T'inquiète "

Lentement, je respire le plus profondément possible et m'arrête lorsque je sens mes bronches me piquer. Tout aussi lentement, je recrache la fumée sans même me racler la gorge. Erwan sourit de nouveau à côté d'Alexis qui râle une fois encore avant d'avaler son verre.

Tranquillement, jusqu'à ce que le jour se lève, nous partageons un bon moment, fumant chacun notre tour. Lorsqu'il n'y a plus rien à fumer, nous rangeons les restes de la soirée, débris de bouteilles et gobelets vide. Dimitri dort toujours à point fermé. Le jour se lève et la fraîcheur avec. Je tire les manche de mon sweat sur mes mains et resserre les cordons de ma capuches sur mes cheveux humides. Erwan à côté de moi le remarque et me frictionne le dos. Gênée, je regarde Alexis qui n'a rien remarqué. Je m'éloigne avec un sourire embarrassé.

Oui, Erwan est surement un des plus beaux garçons du groupe, il est plutôt gentil mais c'est un ami d'Alexis. Et rien que pour ça, je ne veux rien tenter, et je ne veux pas le faire espérer quoique ce soit.

Maintenant que le jour est levé et le jardin rangé, Erwan et ses amis rentrent chez eux. Dimitri dort toujours dans le cellier. Je me retrouve en tête à tête avec Alexis dans sa cuisine. Il a renfilé son tee-shirt plus ou moins blanc et me propose de boire un café. J'accepte volontiers, il est presque 6h30, un café ne fera pas de mal. Lui préfère boire un bol de lait. J'ai l'impression d'être sa maman avec mon café noir.

Il doit au final se passer presqu'une demi heure où nous sommes là, assis face à face, attablé à la cuisine. Nous ne discutons pas vraiment mais le silence n'est pas un silence embarrassant pour autant. Je repense à nos taquineries autour des verres pleins, de la chicha puis au bord de la piscine. J'étais venue pour qu'il me fasse boire, il a réussit, même à me faire fumer mais je me souviens encore de tout.

Alexis se lève, annonçant qu'il veut dormir. Bêtement, je le suis jusqu'au salon où je m'installe sur le canapé à bonne distance - à l'opposé - de lui. Je n'ai pas vraiment sommeil mais j'appuie tout de même ma tête sur le dossier du canapé. Mon ami se tortille de l'autre côté du sofa, il râle de la lumière et se retourne. Taquine, je lui pique ses coussins et les lui renvoi au visage.

" Anastasia t'es chiante ! En plus t'as pas bu !
- Change de disque Alexis
- Mais la lumière fait mal aux yeux
- Bah ferme-les "

Brusquement, il se retourne et tombe du canapé. J'éclate de rire tout en tentant de l'aider à se relever.

" Alexis, s'il te plait lève-toi
- Non je suis bien par terre
- Alexis dis pas n'importe quoi !"

Cette scène a quelque chose de pathétique, jamais je pensais qu'il se passerai tout ça en prenant la voiture hier soir. Il rampe jusqu'à mon pied et je le tire pour qu'il se relève. Il se rallonge sur le canapé et à force de gigoter, il vient se coller à moi. Alexis pose sa tête sur mes genoux et finit par s'endormir.

Quelque peu embarrassée par sa position, j'hésite à le déplacer, puis je renonce et appuie ma tête sur le canapé. Fatiguée par cette soirée inattendue, je m'endors également.

~

Des pas dans le couloir me tire de mon sommeil et j'ouvre les yeux au moment où la maman d'Alexis passe la tête au salon. Elle observe son fils et m'interroge sur son état du regard. Je me rends compte gênée que j'ai ma main dans ses mèches bruns clairs, précipitamment, je la retire et réponds à la maîtresse de maison.

" Ne vous inquiétez pas il dort "

Elle s'approche de lui et lui caresse tendrement le le visage tandis qu'il grogne. Alexis se retourne et s'appuit de nouveau contre moi. Je me sens de plus en plus mal, du fait qu'il se tourne vers moi et non vers sa mère mais surtout car il n'a jamais été aussi proche de moi, autant physiquement que dans ses propos tout le long de la soirée.
Sa maman me questionne sur la soirée d'hier, me propose de déjeuner tandis qu'Alexis dort toujours. Je décline poliment alors qu'elle s'éloigne. Quand mon ami commence à émerger en ronchonnant, je décide de l'embêter pour finir de le réveiller. Enfin, nous allons à la cuisine pour notamment expliquer le mieux possible pourquoi Dimitri dort par terre dans le cellier et non sur un canapé. Nous sommes complices dans cette explication, nous ne voulons pas que les adultes sachent réellement ce qu'il s'est passé.

Le papa d'Alexis me propose une fois de plus de déjeuner, je refuse gentiment mais j'accepte tout de même le café qu'il me tend. Nous discutons des études surtout car j'évite toutes allusions à la soirée, tout comme j'évite le plus possible le regard d'Alexis mais je ne peux échapper plus longtemps à ses yeux délavés.

Nous nous dévisageons en silence, lui taquin, et moi gênée. Reflet de notre soirée, de notre relation. Nous nous cherchons sans savoir si nous allons nous trouver.

© Victoire

23.06.20