La vie c'est le coup du bouquet de fleurs. On te l'offre sans que tu puisses le décliner et sans que tu puisses non plus le retourner ou l'échanger, ou bien alors, uniquement contre un autre bouquet, mais avec d'autres fleurs en tout point identiques aux premières. Tu te dois ensuite de trouver pour lui un vase qui lui corresponde parfaitement, sans quoi, il pourrait être trop à l'étroit, et ses tiges ne parviendrait plus à s'épanouir, pour tout simplement finir par mourir. Ou bien alors, il pourrait aussi tomber au fond d'un vase qui soit trop grand pour lui et finirait par se noyer dans l'eau qui le maintenait jusqu'ici en vie. Il faut aussi l'arroser régulièrement, et même bien souvent tous les jours, pour ne rien recevoir en retour que la beauté éphémère si singulière de ses multiples pétales colorés. Il ne te nourrit point et ne t'es utile que dans la décoration, ce qui est un bien maigre service en échange des nombreux efforts à lui accorder. Puis quand, enfin, il termine sa floraison complète, sa beauté n'est alors parfaite que pour un si bref instant qu'il fane aussitôt le lendemain, et tout est alors terminé.

On peut tomber sur des bouquets déjà fanés, des bouquets bien garnies aussi, d'autres presque complètement dépouillés, dénudés, vides. On peut aussi trouver des bouquets accompagnés par des accessoires, par des rubans ou des emballages. Certains même se trouvent être composés uniquement par des fleurs trouvées sur le bord de la route, pendant une promenade, le long d'une ramée.

Mais, à chaque fois, inlassablement, à la fin, il ne nous reste plus à chacun de nous que l'emballage entre les mains. Un morceau de plastique superficiel sans intérêt aucun.

La femme à la cigarette.