Bonjour ~ 

J'ai écrit cette scène en écoutant la musique qui porte le même nom que ce chapitre. ( de KREAM). La mélodie est aussi magnifique que triste et le chapitre n'est pas plus joyeux. J'espère tout de même qu'il vous plaira. 

*****

- Haha quoi ? tu vas te mettre à pleurer ? T'es si faible que ça ?

Mes larmes sont prêtes à déborder mais je ne lui donnerai pas le privilège de les voir couler. Il a gagné. Je suis au bout. Je ne peux rien faire pour lui, au lieu de le soigner, il m'embarque avec lui dans sa folie. Je suis désolé... J'ai fait une promesse à ses parents que je suis incapable de tenir.

- T'es pitoyable.

- Stop.

- Quoi ?

- J'arrête. Tu as gagné.

Ses sourcils se froncent, son visage devient presque féroce.

- Comment ça ?

- Tu voulais être libre Jimin, qu'on te laisse tranquille, qu'on t'enlève ce « connard de médecin », tu as gagné. Je vais résilier le contrat, je te laisse continuer ta vie, je n'en peux plus.

Je ne parviens même pas à le regarder dans les yeux. Il doit se sentir puissant, fier, il me méprisait maintenant je suis à la merci de ses sarcasmes. Je quitte la pièce sans un regard derrière moi et file dans ma chambre pour remplir ma valise et la boucler. Je ne veux pas dormir ici cette nuit, je voyagerai de nuit, je prendrais n'importe quel train, je suis même prêt à faire du stop. Je ne veux plus le voir, plus jamais. Il lit en moi comme dans un livre ouvert et va puiser dans mes faiblesses les plus dissimulées au fond de mon être. Je ne suis pas assez fort. Je l'entends ricaner dans la pièce d'à côté et mon cœur se serre. De la première à la dernière seconde nous nous serons détestés. Cette mission est un échec sur toute la ligne. Et moi, je me sens misérable d'abandonner au milieu et d'être rendu si faible mais lui a été brisé et est devenu ce qu'il est, je ne veux pas me briser à mon tour.

Je compose le numéro d'Hoseok et patiente durant les quelques sonneries qui retentissent dans le vide.

- Allo ?

Lorsque j'entends sa voix, ses mots, son ton si doux, j'éclate en sanglots.

- Hoseok, je rentre ce soir...

- Quoi ? Mais tu ne devais pas rester jusqu'à la fin de la semaine ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

- Je n'en peux plus, je n'en peux plus, il me tue... Je veux te voir, je ne veux plus jamais m'occuper de lui... Hoseok tu me manque, tu me manque tellement !

- Calme toi Yoongi, s'il te plait, explique moi, arrête de pleurer.

Je renifle comme un enfant et respire profondément.

- Il appuis sur d'anciennes plaies qu'il sait douloureuse. Il creuse dans ma vie, dans mes sentiments pour les utiliser contre moi. Il me déteste, il me méprise, il me fait sentir tellement con, tellement laid, tellement inutile. Je ne peux pas continuer comme ça, je vais finir par faire une connerie !

- Calme-toi. Tu es l'homme le plus cultivé et intelligent que je n'ai jamais rencontré, tu es magnifique, tu es plus patient et doux qu'une mère envers son enfant unique. Yoongi tu es une merveilleuse personne et si ce gosse n'est pas capable de s'en rendre compte c'est qu'il est aveugle. Reviens-moi mon ange, je te ferais oublier ce gars.

- Mmh... Je prends le premier train, je t'enverrai un message pour te donner mon heure d'arrivée.

- Je viendrai te chercher.

Un bruit fracassant se fait entendre dans la pièce voisine et je lâche mon portable sous la surprise. Je le récupère.

- Yoongi ? ça va ? c'était quoi ce bruit ?

- Je ne sais pas...

Inquiet j'abaisse la poignée de la chambre et longe le couloir pour atteindre la porte de celle de Jimin. Cette fois mon portable s'écrase sur le sol et y reste...

- Yoongi ?! YOONGI ?! Tu m'entends ?

Non... Je ne t'entends pas Hoseok.

Je n'entends que ma propre voix horrifiée, criant le nom de Jimin. Il y a du sang partout, les draps clairs sont écarlates, les lames sont éparpillées sur le sol et son corps est étendu sur le parquet. Jimin qu'as-tu fais ?!

Je me précipite vers lui et utilise son drap pour entourer ses poignets tailladés. Je défais les lacets de mes chaussures pour faire un garrot sur ses deux bras. Il s'est entaillé si profondément ! Pourquoi ? Lui qui rêve de liberté et se fiche de tout !

- Jimin ! JIMIN regarde-moi ! Ouvre tes putains d'yeux sale gosse !

Je le secoue entre mes doigts qui tremblent légèrement et il plisse les yeux pour me chercher dans l'obscurité de sa souffrance.

- Yoon...gi ?

- Imbécile ! Mais pourquoi tu as fait ça ?!

Je perds complètement mon sang froid et les larmes que j'avais retenues face à lui jusqu'ici, se mettent à dévaler mes joues.

- Tu... pleurs ... comme un... gosse...Ca... te vas pas...

J'appelle une ambulance pendant qui déblatère des paroles insensées et je nage dans l'incompréhension totale. Je ne comprends pas la motivation d'un tel acte.

- Jimin... Mais pourquoi ?

- Tu m'abandonne... comme tous les autres avant toi...t'es...qu'un lâche... t'es...t'es faible...

- Mais tu n'as pas arrêté de me demander de dégager ! Je le fais ! Je te laisse enfin tranquille et toi tu.... Oh Jimin je ne comprends plus rien !

- Sauve-moi... Yoongi... Ne pars pas...

- Jimin pourquoi tu me pousse à bout ? Pourquoi tu me fais tant de mal si tu veux que je reste à tes côtés ?!

- Je ... Je veux que tu me voies...

- Quoi ?

- Je veux que tu ne voies que moi... Que toute ton attention soit à moi...

Je reste muet de stupeur face à cette révélation. Et ce n'est que là que mon cerveau perçoit la sonnerie de mon téléphone qui sonne incessamment depuis que je l'ai laissé tomber. Je l'attrape d'une main encore couverte du sang de Jimin et décroche. Tremblant.

- Yoongi !! Bon sang ! Est-ce que tout va bien ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

- Hoseok...

- Oui ?

- Je ne rentre pas ce soir finalement.

- Que... Quoi ? Pourquoi ?

- Hoseok, s'il te plait écoute-moi...

- Je t'écoute.

- Jimin... il vient de s'ouvrir les veines et...

- Est-ce que ça va ?!

- Oui, oui ça devrait aller, l'ambulance est là, ils sont en train de s'occuper de lui. Hoseok... Il vient de me demander de rester auprès de lui, de ne pas l'abandonner. Il m'a dit qu'il me poussait au bout parce que...

- Parce qu'il voulait toute ton attention.

Mes yeux s'agrandissent.

- Oui...

- J'y ai pensé.

- Hoseok...

- Yoongi, je te fais confiance. Je sais que quoique tu décides de faire, ce sera pour son bien. Et si pour le rassurer tu lui donne ce qu'il attend, je ne t'en voudrais pas. Si tu veux rester avec lui, si tu veux réellement rester à ses côtés, je comprendrais.

- Non... non, je reviendrais. Je te le promets.

- Je t'attendrai Yoongi. Aide-le.

- Je t'aime.

- Moi aussi mon cœur. Une dernière chose... Quoique tu fasses, quoiqu'il fasse, ne te brise pas Yoongi. J'attendrais le temps qu'il faudra, mais je veux être sûr de te retrouver, de retrouver l'homme que j'aime à son retour.

- Je te le promets.

- Au revoir Yoongi.

Les larmes obstruent ma gorge et ce n'est qu'un gémissement plaintif que je parviens à lui rendre avant qu'il ne raccroche. Je regarde la civière dans l'ambulance, le corps de Jimin étendu au milieu des mains gantées qui le maintiennent en vie. Et ses yeux qui percent mon être. Il sait. Il connait la personne à l'autre bout du fil et il me demande de choisir ici et maintenant.

Je ferme les yeux et inspire un grand coup. Je croise de nouveau son regard et mes yeux son déterminés. Je monte dans l'ambulance et les portes se referment. Je suis assis à côté de lui, sa main dans la mienne, je ne suis plus vraiment sûr de ce que je fais. De ce qu'il faut faire.

****

- Viens ce soir.

- D'accord.

****

La panne de courant s'éternise et la rue est plongée dans la nuit, dehors des sirènes hurlent, des gyrophares teintent le ciel de bleu et rouge. La lune est pleine.

Elle n'est plus que la seule source de lumière qui illumine cette chambre et nos deux corps qui s'emmêlent.

Son toucher est brusque puis tendre, il cherche, frôle, et découvre. Ses yeux me consument et ses doigts parcours ma peau qu'il a qualifié plusieurs fois de duvet, de coton. Jimin a changé. J'ai trouvé en lui un côté enfantin que sa colère et sa solitude avaient engloutit. Une confiance en lui plus seine aussi, plus sincère. Il a appris à être doux, gentil, respectueux.

Et cela au prix d'une relation basée sur des fondations bancales, certainement un mirage. J'attends qu'un jour il ouvre les yeux pour voir l'absurdité de cet amour charnel.

Jimin m'a embrassé.

Je lui ai rendu son baiser.

Nous avons couché ensemble.

Je n'ai jamais rappelé Hoseok.

****

Le monde, mon monde, tourne à l'envers. Dans les draps ce soir-là, sous la lune aveuglante, c'est pourtant la dernière fois que Jimin marque mon corps. La dernière fois que je caresse ces cicatrices dissimulées aux yeux de tous. Ce soir-là, Jimin a fini pas ouvrir les yeux.

Jimin entre dans la cuisine et regarde par-dessus mon épaule, ce que je suis en train de préparer. Il pose son menton sur mon épaule et ferme les yeux. Son souffle s'échoue dans mon cou et sa voix souffle à mes oreilles.

- Ça fait trois mois Yoongi...

Je ne réponds pas. Mes doigts se sont serrés autour du plat.

- Trois moi que tu te forces et que tu fais semblant. Que tu te sacrifie, que tu sacrifie ton corps.

- Je ne me force pas Jimin. Je ne fais pas semblant. Et je ne me sacrifie pas. Je l'ai accepté, tu n'as rien à te reprocher.

Ses bras glissent sur mes côtes et viennent se serrer autour de ma taille. Il enfoui son nez dans mes mèches et hume le parfum de mon shampoing appliqué le matin même. Il embrasse ma nuque et je ferme les yeux, arrêtant un instant ce que je suis en train de faire.

- Yoongi, ce soir... m'accepteras-tu une dernière fois dans tes bras ?

- Oui.

- Je l'ai vu dans le métro aujourd'hui. On s'est regardé. Il m'a souri. C'est quelqu'un de bien.

- Je sais... murmurais-je le souffle coupé.

Je me retourne face à lui et caresse sa joue.

- Mais que deviendras-tu Jimin ?

- Cesse de t'inquiéter pour moi... Juste une fois fais-moi confiance.

- Ne te mets pas en danger.

Il hoche la tête docile et m'embrasse.

****

La première chose que je vois lorsque je sonne à la porte, ce sont ses yeux. D'un noir profond qui se mettent à briller plus intensément.

- Yoongi... souffle-t-il d'une voix basse, presque étouffée, à peine audible.

- Je suis rentré.

Et la première chose dont je me nourris après trois mois de sevrage, c'est son odeur, son toucher, sa douceur, sa voix, son amour, sa beauté.

Hoseok me tire à l'intérieur de l'appartement et referme la porte d'un coup de pied, il m'emprisonne entre ses bras et me serre contre son cœur. Je retrouve la mélodie de son être qui m'avait tant manqué. Et je l'embrasse encore et encore sans me lasser, pour rattraper trois mois sans gouter à ces lèvres. Je me sens vivant.

Et au même moment, Jimin monte dans un avion sans en connaitre la destination. Il a laissé dans une enveloppe les clés de chez lui, sa carte d'identité et son portable. Cette enveloppe, il la posté, à notre adresse et le facteur me l'apportera demain.

Mais ce sera trop tard.

Il se sera évaporé.

Jimin ne sera plus.

Cherchant au milieu de ce monde un nouveau nom, une nouvelle apparence, un nouveau lui, un anonyme parmi huit milliard.