Bonne lecture ! 

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Qu'est-ce que je fous là ?

Il est 8h, la sonnerie stridente m'agresse les tympans comme chaque matin depuis maintenant six mois. Six mois que je revêts le même uniforme pour me fondre dans la masse et six mois ou je ne vois le soleil qu'à travers les barreaux de ma cellule ou le filet qui recouvre les espaces extérieurs.

Oui.

Je suis en taule.

Pourquoi ?

Je n'en ai pas la moindre idée mais j'y suis et j'y reste. J'ai tenté de faire valoir mes droits, demander un avocat, et même des explications sur ma présence ici, que dalle. J'ai été jeté dans ce trou sans un mot ni un regard et je ne sais pas non plus pourquoi mon visage de gamin est encore entier entre ces murs. Les nouveaux sont pris pour souffre douleurs et il y a au moins un gars de défiguré chaque matin. Pourtant je suis là, personne ne me parle, personne ne me touche, personne ne me regarde. Je suis intacte, j'ai une cellule prévue pour trois mais je suis seul à l'intérieur et même les gardiens me parlent en évitant mon regard. Pourquoi une telle distance et tant de privilèges ? Pourtant je sais que mon surnom parmi les prisonniers c'est « gueule d'ange ».

Je suis assez solitaire comme gars, ça ne me dérange pas plus que ça. Et je suis assez sombre aussi, il est difficile de me soutirer un rire. J'ai peut-être commis quelque chose dont je ne suis pas au courant. J'ai des moments d'absence certains jours et lorsque je me réveille je n'ai aucune idée de ce que j'ai fait. Alors je creuse à la recherche d'indices. Mais s'il y a bien un gars qui n'a rien à faire ici, c'est le mec de la cellule 12. Lui partage la sienne avec quatre gars énormes, des mastodontes, des masses de muscles mais ils ne l'ont jamais frappé lui non plus. Et franchement si moi je suis « gueule d'ange » lui ça doit être « dieu sur terre ».

Ici les gens ne rient pas, ils ricanent.

Ici les gens ne sourient pas, ils affichent des rictus figés qui y ressemble.

Ici... les gens ne s'aident pas, ils se détruisent.

Et au milieu de ce chaos il y a Park Jimin. Lui il rit, lui il sourit, lui il aide, répare et soigne. Son rire a quelque chose de musical, le genre de son qui transcende ton être. Son sourire éclaire le monde. Si les autres m'évitent, baissent la tête et tracent leur route, lui s'est arrêté sur la mienne et m'a parlé. Le seul et le premier à m'avoir adressé ne serait-ce qu'un mot. Et cette image restera à jamais gravée en moi. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Il était dans la cour nord et moi dans la sud, le grillage nous séparait et lorsqu'il s'est approché je l'ai à peine remarqué. Il a enroulé ses doigts de poupon autour des tiges de fer tressées et m'a souri. Oui à moi. Je me suis retourné pour voir s'il ne souriait pas à quelqu'un d'autre mais il n'y avait que moi près de la clôture. Alors je l'ai fixé, longtemps, sans un mot. Son sourire m'a réchauffé de l'intérieur comme une boule incandescente.

Il s'est présenté même si je connaissais déjà son nom et qu'il connaissait le mien. Et sa voix était d'une innocence certaine. Et j'ai arrêté de le lamenter sur mon sort deux secondes. Comment cette boule de chaleur et de bonne humeur avait-elle atterri ici? Je le lui ai demandé. Et il a souri encore une fois. Il m'a dit

« Comme toi Jungkook »

Mon cœur a fait un bond, une bouffée d'espoir à envahit mes poumons. Peut-être que lui avait les réponses à mes questions !

- Qu'est-ce que j'ai fait ?

- Je ne sais pas.

- Mais tu viens de dire que tu étais ici à cause de la même chose.

- Oui... mais je n'en sais pas plus que toi. Je suis là c'est tout.

- « C'est tout ». Je répète incrédule.

Peut-être qu'en fin de compte ce magnifique sourire est niais et stupide. Je l'ai pensé quelques temps. Juste avant de comprendre pourquoi personne ne le touchait lui non plus. Pourquoi il souriait alors que les murs se refermaient un peu plus chaque jour autour de nous.