Bâillon rouge
La lumière de ma lampe torche grésille et je prie le ciel pour qu'elle ne s'éteigne pas au beau milieu de ce labyrinthe. Je suis complètement perdue dans ce bâtiment plongé dans le noir. Mais qu'est-ce qui m'a pris de mener mon enquête seule ? Me voilà ici, à déambuler dans les couloirs d'un ancien hôpital désaffecté depuis maintenant cinq ans. Il y a trop d'étages, trop de portes, trop d'escaliers, je ne sais même plus par où je suis entrée. Namjoon m'a dit de ne pas y aller seule mais évidemment il fallait que je choisisse d'ignorer ce précieux conseil. La voix de la sagesse avait parlé et comme d'habitude je ne l'avais pas écouté.
Pourtant je suis persuadée d'avoir raison. Un groupe criminel à des activités suspectes dans ce bâtiment, j'en suis certaine. J'ai plusieurs fois vu des véhicules garés devant et des faisceaux lumineux à l'intérieur. Mon équipe s'entête à dire que c'est un groupe de jeune qui doit squatter, fumer et boire mais je suis sûre qu'ils se trompent. Ils n'avaient pas l'air de jeunes délinquants lorsque je les ai vu sortir au beau milieu de la nuit quelques semaines auparavant. L'un d'eux a croisé mon regard une seconde et mon corps s'est cristallisé sur place. Ses yeux m'ont un instant terrifiée jusqu'à la moelle mais ils ne m'ont rien fait. Ils n'ont certainement pas dû se dire que j'étais policière. C'est donc deux semaines après cet échange de regards glaçant et après avoir observé de loin leurs vas et viens douteux que je me suis décidé à entrer dans le bâtiment armée d'une lampe torche, d'un taser et de mon courage. J'ai attendu de les voir quitter les lieux dans leurs jeep aux vitres teintées avant de crocheter la serrure et de m'engouffrer dans le hall. Ils arrivent toujours à la même heure et repartent toujours à la même heure. Il y a toujours le même nombre de personnes qui entrent et qui sortent, je sais que je suis seule et ça me rassure un peu.
Je cherche depuis une heure je ne sais quoi. Peut-être une preuve que je ne me fais pas de films en imaginant un scénario à dormir debout. J'aimerai découvrir une affaire énorme et prouver à mes collègues que je ne suis pas simplement bonne pour l'administratif qui commence sérieusement à m'ennuyer.
J'ouvre peut-être une trentième porte à en ruminant contre mes supérieurs avant que mon corps ne se crispe de toute sa hauteur. Mon cœur rate un battement et je manque de lâcher ma lampe.
Sur le carrelage devant moi un homme est étendu. Ses poignets et chevilles sont liées par des cordages qui marquent sa peau et un bâillon entrave sa bouche, déchirant les commissures de ses lèvres. Le tissu est aussi rouge que le sang qui colore sa tempe gauche et son nez à priori brisé. Il est nu, recroquevillé sur lui-même et inconscient. Des tâches et des éclaboussures écarlates souillent le carrelage autour de lui salissant son corps exposé.
- Merde... Dans quoi est-ce que je viens de m'embarquer ?
Je n'ai rien pour couper ses liens mais je peux au moins le couvrir. Je retire mon manteau et l'enveloppe dedans prudemment. Je ne sais s'il a d'autres os cassés et je ne veux surtout pas empirer son état. Le carrelage est glacial, il doit être frigorifié. Et il a l'air si jeune...
Sortie de ma contemplation, je compose le numéro des urgences en leur expliquant calmement la situation puis je contacte mon boss.
- Allo?
- Nam c'est moi, faut que tu viennes avec une équipe scientifique à l'ancien hôpital.
- Tu es sérieuse ?! Je t'ai dit de ne pas y aller seule !
- Si je n'y étais pas allé on n'y serait jamais allé et cet homme serait mort !
- De quoi tu parles ?
- J'ai trouvé un homme bâillonné et attaché. Il a été frappé je pense, il est mal en point, je ne sais pas depuis combien de temps il est ici mais quelque chose me dit que ses ravisseurs ne sont pas là simplement pour boire des bières et fumer des joins.
- Ok je ramène une équipe mais la prochaine fois tu préviens quelqu'un de ton départ! Imagine qu'ils te soient tombés dessus tu aurais fait quoi ?!
- Ce n'est pas le cas alors on parlera de ça une autre fois ! Magne-toi! Et prends de quoi couper ses liens.
Namjoon comprend l'urgence et arrive en même temps que les secours. Il est venu avec du matériel, une pince coupante entre autre, avec laquelle il sectionne les cordes enroulées autour des poignets et chevilles de la victime. Les ambulanciers se charge de le hisser sur une civière et de le prendre en charge jusqu'à l'hôpital. Je reste avec l'équipe scientifique pour inspecter les lieux. La scène devient bientôt une scène de crime avec des barrières de sécurité, de gros spots lumineux pour compenser l'absence de courant électrique et des policiers avec appareils photos, poches en plastique et gants sillonnent l'espace à la recherche d'indices et d'explications. Il y a beaucoup de taches de sang séchées datant de plusieurs jours ou plusieurs semaines. Je n'ai aucune idée du temps pendant lequel cet homme est resté à leur merci mais j'espère que tout ce sang n'est pas le sien. Je n'ose pas imaginer un instant la douleur qu'il a dû endurer. Mais j'en doute, mise à part son visage, son corps semblait intact. Ce qui signifie peut-être qu'il y a, ou qu'il y a eu d'autres victimes. Nous fouillons le bâtiment de fond en comble à la recherche d'éventuels autres prisonniers mais les lieux sont vides. Les sous-sols également. Malgré la venues quotidienne de ce groupe criminel, sûrement auteurs de cette scène, ils n'ont laissé aucune traces, aucun indices, ce sont des professionnels et plus nous avançons plus Namjoon se range de mon côté. Il commence à trouver cette affaire plus qu'intéressante.
Nous ne restons qu'une trentaine de minutes avant de laisser l'équipe scientifique terminer leur enquête et nous remontons dans la voiture direction le commissariat.
- Bon... Puisque tu as commencé sur cette affaire je vais te laisser continuer, tu iras avec Jimin interroger la victime quand il se réveillera.
J'hoche la tête heureuse de voir que Namjoon me fais confiance. Jimin rentre de sa dernière patrouille vers 22h et je lui explique rapidement la situation pendant que nous mangeons. Il accepte intrigué et c'est un soulagement de travailler avec un ami de longue date.
Nous rentrons chez nous après avoir salué l'équipe de nuit et je raccompagne Jimin en voiture. Je le prends en pitié lorsqu'il enfile son casque de moto en regardant dépité la pluie battante qui rugit dehors.
- Pose ça poil de carotte, je te ramène tu vas attraper la crève.
- Déjà tu ne m'appelle plus jamais comme ça et ensuite c'est trop aimable de ta part de me ramener. Dit-il d'un ton mielleux.
- Allez ramène toi.
Il me suit jusqu'au parking, trop heureux de rentrer au sec. Il habite à presqu'une demi-heure du QG et comme d'habitude nous roulons sous le rythme effréné de nos musiques préférés. J'ai passé et réussi le concours de police grâce à lui, il a pris en charge mon entraînement et m'a fait réviser la partie théorique, c'était une période particulièrement stressante mais je le remercie aujourd'hui.
- T'as une idée de qui peut être la victime?
- Non... Et je doute que ce soit la seule victime.
- Il était beaucoup amoché ? Demande Jimin en baissant le volume de la musique.
- Bien assez... je ne sais pas ce qu'ils lui ont fait mais il était nu... j'espère simplement qu'ils n'aient rien fait de pire que des coups.
- Les médecins pourront certainement nous éclairer la dessus demain.
- Mmh...
- Quoiqu'il en soit, pour ta première affaire importante tu te rince l'œil.
- T'es con ! Je m'exclame en pinçant sa côte.
Nous rions de bon cœur.
- Il était très bien foutu ! c'est sûr qu'avec toi je ne suis pas gâtée.
Faussement vexé il me donne un coup dans l'épaule.
- Arrête sale gamin, je conduis !
- Mieux foutu que moi ça m'étonnerai.
- Oh il est vexé le petit Jiminie ?
- Tsss...
- Non par contre, il était vraiment bien proportionné et très musclé pour un simple étudiant...
- Tu crois qu'il ne l'est pas ?
- J'en sais rien. Je dis juste que ce serait étrange qu'un groupe si professionnel et organisé qu'eux s'en prenne à un simple étudiant...
- Nous verrons demain ce qu'il nous dit...
- Oui.
Je me gare devant la maison de Jimin et attend qu'il soit entré à l'intérieur avant de faire demi-tour jusqu'à chez moi. Je me couche tôt, trop impatiente d'être le lendemain pour éclairer cette histoire.
****
Lorsque le soleil se lève, nous prévenons les médecins de notre arrivée vers 10h du matin. Et nous nous retrouvons devant l'hôpital avec Jimin.
- Prête ?
- Oui.
Il hoche la tête et nous saluons les médecins qui nous reçoivent.
- Il ne s'est réveillé qu'une seconde, nous n'avons pas encore eu le temps de lui parler mais ses signes vitaux sont stables.
- Que donnent les examens?
- Il est déshydraté et très affaibli mais son corps a subit peu de dommages.
- A-t-il subit des agressions sexuelles?
- Non, il n'y a aucune marque ni aucune substance qui laisse à penser cela.
- Bien. Merci docteur. Pouvons-nous le rencontrer ?
- Vous pouvez attendre son réveil mais soyez patient, il est très faible.
- Bien entendu.
Le médecin nous mena jusqu'à la chambre de la victime. Il nous laissa entrer en apportant deux chaises puis quitta la salle.
- Il a l'air jeune.... Souffla Jimin.
- Oui.
J'observe son visage encore abîmé de ses récentes plaies. Oui significativement trop jeune pour être mêlé à un quelconque trafic.
- Il se réveille.
Je regarde Jimin sont la voix vient de me sortir de mes pensées et repose mes yeux sur le visage du jeune homme dont les paupières frémissement. Il ouvre lentement les yeux, les referme, ébloui par la lumière puis les rouvre tentant de poser son regard sur un élément fixe. Ses pupilles dilatées semblent chercher un moindre point de repère qu'il ne trouve pas. Puis ses prunelles brillantes se posent sur l'être le plus proche de lui : Jimin.
Il se redresse d'un coup, son regard se rempli de terreur et il recule vers le mur. Il se met à crier. De longues plaintes de peur.
- Calmez-vous! Nous ne sommes pas là pour vous faire du mal !
Mais les paroles de Jimin ne font qu'envenimer la situation. Il attrape tout ce qui se trouve à sa portée pour le lancer sur mon coéquipier. Il ne contrôle si la trajectoire ni sa force et les objets s'écrasent contre les murs autour de nous.
- Jimin sort d'ici! Je m'en charge!
- Je ne te laisse pas seule avec lui !
- Il a peur de toi ! Sors!
Poussé par cette évidence Jimin quitte la salle précipitamment et le jeune homme se calme à l'instant même où la porte se referme. Je soupire un grand coup et m'approche doucement de lui. Il tremble.
- Allonge toi, tu n'es pas en état de te lever... ça va aller. Je ne suis pas là pour te faire de mal, je veux simplement comprendre ce qu'il t'est arrivé.
Docilement il se recouche et je remonte la couverture jusqu'à ses épaules. Il se laisse faire et me regarde intrigué.
- Est-ce que tu te sens mieux ? Tu as soif? Faim?
Il ne répond rien, se contentant de me regarder de ses grands yeux sombres. Le médecin a raison, je vais devoir être patiente...
- Comment tu t'appelles?
Il fronce les sourcils
- Tu me comprends ? Est-ce que tu as un nom ?
- Je... Je ne sais plus...
Amnésie.
Classique. Souvent résultat d'un traumatisme mais un vrai nœud à problèmes pour nous. S'il ne se souvient de rien il sera bien plus difficile de remonter jusqu'à ses ravisseurs.
- Je ne sais plus... répète le jeune homme une lueur de panique dans les yeux.
- Ce n'est pas grave, ça te reviendra, tu es encore un peu chamboulé, tu viens de te réveiller.
- Où... Où...
Il tente de formuler une phrase et la réflexion l'épuise.
- A l'hôpital. Tu as été pris en charge hier soir, tu es en sécurité ici.
- Non...
- Ne t'inquiète pas, le bâtiment est surveillé par caméra et nous viendrons te rendre visite pendant quelques temps. Nous allons t'aider à te rappeler.
Il secoue la tête de droite à gauche frénétiquement. Il semble perdu et me fait de la peine. Il va me falloir beaucoup plus de temps que prévu pour comprendre sa présence dans ce bâtiment abandonné.
- Tu devrais te reposer aujourd'hui, je reviendrais demain, nous irons doucement d'accord?
- Il y a des... Psychologues... Souffle-t-il.
Je suis surprise.
- C'est vrai. Est-ce que tu préfères parler à un psychologue?
- Non...
- Ça te vas si je reviens demain?
- Non.
A mon tour d'être perdue. Je ne sais pas ce qu'il veut.
- Je dois te poser quelques questions.
- Je n'ai rien à dire.
Je fronce les sourcils. Il a retrouvé une parole nette et claire, une voix plus grave et confiante. Il n'a plus tant l'air d'une victime lorsqu'il s'assied sur le lit découvrant un corps bien mieux bâti que celui d'un étudiant. Même un étudiant en sport études...
- Tu ne peux pas me répondre, ou tu ne veux pas me répondre ?
- Les deux.
- Es-tu amnésique ou est-ce que tu me fais marcher depuis un quart d'heure ?
- Je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé, ni de mon nom mais je sais une chose, je ne veux pas discuter avec des policiers...
- Pourquoi as-tu eu peur de mon collègue tout à l'heure ?
Il hausse un sourcil sans comprendre. A-t-il oublié ça aussi ? J'envoie un message à Jimin lui disant de rentrer de nouveau et il arrive quelques minutes plus tard. Je pensais qu'après avoir repris ses esprits le jeune homme resterait calme, je me trompe. A peine Jimin entre-t-il dans son champ de vision que la terreur passe de nouveau dans son regard et le même scénario se répète jusqu'à ce que Jimin sorte de la salle et cette fois ci je sors avec lui.
- Je ne comprends pas... souffle Jimin troublé par la violence de sa réaction.
- Ce sont tes cheveux qui lui font peur. Dis-je en ébouriffant ses mèches orange.
- Haha hilarant...
Je ris mais mon sourire disparaît vite sous le poids des questions sans réponses qui s'accumulent.
- Son comportement est dénué de sens. Il refuse de parler et d'un côté je pense qu'il a véritablement oublié certaines choses. Après je ne saurais faire la différence entre ce qu'il a oublié et ce qu'il fait semblant d'avoir oublié.
- Ça fait beaucoup pour une simple victime...
- Oui je trouve aussi.
- On rentre ? Namjoon va adorer notre rapport sur le "jeune étudiant amnésique et violent"
- Jimin... Soufflais-je en levant les yeux au ciel.
Nous reprenons la route et comme prévu notre rapport intéresse bien notre supérieur qui commence sérieusement à vouloir éclaircir ce mystère. D'un côté ça m'enchante de pouvoir participer à une mission sur terrain, de l'autre je sens que nous nous aventurons sur un terrain dangereux qui serait plus cohérent avec le travail de la gendarmerie ou l'armée plutôt que le celui de la police civile.
AUTRE SCÈNE
- Jungkook?
Il relève la tête visiblement troublé. Bien... Ce nom semble lui rappeler quelque chose.
- Bonjour Jungkook.
- Est-ce que c'est mon nom...?
- Il semblerait oui. Nous n'avons retrouvé qu'un pantalon à ta taille et un portable était dans la poche arrière. Il n'y a pas de photos et très peu de contacts mais le prénom "Jungkook" s'est affiché lorsque nous l'avons allumé. Est-ce que ce nom te rappelle quelque chose ?
- Oui... Je l'ai déjà entendu.
- Ça te convient si je t'appelle Jungkook désormais?
Il ne fait qu'hocher doucement la tête.
- Bon... Je ne suis pas là simplement pour ça. Nous avons retracé quelques appels et des échanges de sms, il semblerait que tu aies été impliqué dans quelques affaires illégales.
Il ne réagit pas. Il se contente de me regarder dans les yeux avec une lueur étrange dans ses prunelles sombres, un voile de méfiance ou de défiance.
- Ils savent que c'est toi...
- Pardon?
- Tous les soirs ils répétaient "elle est là"
- Tu te souviens?
- De certaines choses seulement, chaque nuit je récupère quelques éléments.
- Jungkook, parle-moi de ce que tu as vu ?
Il hésite.
- Tu es sous protection médicale pour l'instant, quoique tu me dises, je ne peux rien faire.
Il ne me fait aucunement confiance.
- Ils m'ont frappé...
- Pourquoi ? Qui "ils"?
- Je ne sais pas... Je ne me souviens pas de leurs visages. Mais je me laissais faire.
- Tu étais attaché, tu ne pouvais pas te défendre.
- Non... C'était une sanction.
- Une sanction ?
- J'ai fait une faute, ils me le faisaient regretter.
- Tu es en train de me dire que tu fais partie de ce groupe ?
- Je ne sais pas...
- Quoi d'autre ?
- C'était une humiliation.
L'écouter parler est presque douloureux tant il parle de cet événement comme si c'était normal et comme si ça ne l'atteignait pas.
- Il n'y en a qu'un qui parlait et qui me frappait. Les autres regardaient.
- Est-ce que tu as eu mal ?
Ma question est loin d'être professionnelle mais je connais déjà la réponse et lui m'as déjà cerné depuis longtemps. Avec la même férocité dans le regard il répond d'une voix calme.
- Non.
Je m'en doutais. Plus les jours passent mois il semble être une victime.
- Je reviendrais demain Jungkook.
Il ne dit rien comme d'habitude. Je range la chaise et m'apprête à sortir.
- Ne sors pas seule. Ils savent qui tu es. Souffle Jungkook juste avant que je ne sorte de la salle.
Namjoon m'attend derrière la porte.
- Alors ?
- D'après lui je suis en danger.
- Ça ne m'étonne pas, avec tes conneries...
- J'ai de bonnes raisons de penser que ce jeune est aussi criminel que ceux qui s'en sont pris à lui. Il n'a pas du tout l'attitude d'une victime traumatisée et je cherche encore à savoir si son amnésie n'est pas un mensonge.
- Nous verrons comment ça évolue. Tu te déplaceras avec Jimin désormais.
- D'accord.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit de plus ?
- Pas grand-chose, il me donne les informations au compte-goutte et je suis persuadée qu'il en sait beaucoup plus.
LE LENDEMAIN
C'est le sixième jour que je viens lui rendre visite mais ça ne fait que trois jours qu'il a accepté de me parler.
Je croise un médecin qui me salue.
- Un collègue à vous est passé ce matin.
- Un collègue ?
- Un policier est venu lui parler vers 9h.
- Aucun policier autre que les agents Kim Namjoon, Park Jimin et moi-même ne sont responsables de ce jeune homme.
Le médecin ne cache pas son incompréhension lorsqu'il me mène jusqu'à la salle de contrôle et demande à voir la caméra de surveillance du couloir donnant sur la chambre de Jungkook.
- La. C'est lui.
L'image se fige. L'homme a revêtu un uniforme de police mais je ne connais pas son visage. Ce n'est pas l'un de nos agents. Nous le voyons effectivement entrer dans la chambre de Jungkook et il y reste près de quinze minutes. Il est entré avec un sac qu'il ne porte plus lorsqu'il ressort.
Je quitte précipitamment la salle de surveillance et entre dans la chambre de Jungkook sans frapper. Il est torse nu en train de revêtir un t-shirt. Il porte un jean clair, déchiré aux genoux et j'aperçois une paire de Timberland à côté du lit.
- D'où viennent ses vêtements?
Il prend le temps d'enfiler son haut et une veste qu'il sort d'un sac posé sur le lit. Le sac que l'homme portait sur la caméra de surveillance.
Il se tourne lentement vers moi et c'est la première fois qu'il se retrouve debout face à moi. Il est grand, bien plus que moi et de puissantes veines ponctuent son cou tendu.
- Qui est cet homme ?
Il ne répond rien et enfile ses chaussures. Il ne me calcule pas et à l'instant où il pose sa main sur le sac je lui agrippe le bras pour le retourner vers moi.
- Jungkook, qui est cet homme ?
- Je sors aujourd'hui.
- Comment ça ? On n'en a pas terminé avec toi et tu n'as nulle part où aller.
- Lâche-moi.
- Jungkook ne m'oblige pas à appeler mes collègues.
Le silence qui suit me fait frissonner et je n'ai pas le temps d'anticiper la vive douleur qui s'abat sur ma nuque...
Avec une vitesse surprenante, Jungkook étend son bras pour attraper brusquement le mien et le retourné dans mon dos. Cette prise m'arrache un cri de douleur il peut me déboîter l'épaule au moindre instant. Mais il ne s'arrête pas là. Posté derrière mois il fait plier mes genoux et attrape mes cheveux d'une main. Il me maintient devant lui et frappe violemment ma nuque avec la tranche de sa main.
La douleur est vive mais rapide et des bourdonnements informent étouffent bientôt sa voix avant qu'un noir abyssal ne m'engloutisse.
****
Je sens des secousses plus ou moins violentes et j'entends bientôt des voix qui brisent le silence angoissant dans lequel je me trouve depuis presque 10 minutes. J'ouvre les yeux lentement et reconnais la chevelure enflammée de Jimin penché sur moi.
-
Qu'est-ce qu'il s'est passé?! Ça va ? Tu m'entends?
- Calme-toi, je vais bien.
Jimin soupire un grand coup.
- Ou est-il ?
- Il est parti, un homme lui a apporté des vêtements ce matin avant qu'on arrive et il a sûrement signé je ne sais quoi pour autoriser sa sortie.
- Merde...
- C'est un pro Jimin.
- Comment ça?
- Il connaît des techniques de combat au corps à corps qu'il ne devrait même pas connaître. Il est extrêmement rapide et qu'elle force... Soufflais-je en massant mon poignet encore marqué de la trace de ses doigts.
AUTRE SCÈNE
la porte s'ouvre sur Jungkook immédiatement stupéfait de me voir face à lui.
- Qu'est-ce que tu fais là?! Comment tu m'as retrouvé ?
- Tu n'as même pas tenté d'être discret...
- Non non non mais comment t'es entrée?! Mais c'est pas vrai, dégage, faut pas que tu restes là ! Ils arrivent !
- Mais de qui tu parles?
A peine ai-je fini ma phrase que la porte du hall d'entrée claque et nous entendons une série de pas rapide dans les escaliers. L'angoisse électrise le regard de Jungkook qui me tire à l'intérieur de l'appartement.
- Cache-toi! Tu ne sors d'ici sous aucun prétexte et ne fais pas de bruit ! Merde mais qu'est-ce qui t'a pris ! Siffle-t-il en refermant la porte du placard dans lequel il vient de me pousser.
Quelques secondes à peine après ça, la porte s'ouvre et j'entends plusieurs voix.
- Jungkook.
- Bonjour...
- Tu es de nouveau opérationnel ?
- Oui
- Bien. Tiens, tes armes, un plan, un talkie les clés de ta bagnole, trois convois sont en transit tu n'as pas le droit à l'erreur. Je t'attendrais sur le dernier site. Comme prévu tu récupère 5% à condition que tout se passe dans les règles.
- Oui.
- Et je te préviens gamin tu n'as pas intérêt à nous refaire le même coup que la dernière fois.
- C'était une erreur.
- Une erreur qui a failli tous nous faire tuer !
- Je ferai attention.
- Je te le souhaite. Tiens.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Des médicaments. Je te veux en forme. T'es un bon élément Jungkook, ça me ferait chier que tu nous trahisses ou que tu crève.
- Merci...
- Je te passe un coup de fil dans la soirée ne sors pas d'ici là.
- Bien.
- À demain.
- Oui.
La porte se referme.
Le silence revient.
J'entends un long soupire faire écho dans le salon et me décide à sortir de ma cachette.
- Qui sont-ils ?
Jungkook sursaute et retrouve son habituel regard sombre.
- Pourquoi t'es là ?
- Je venais confirmer mes doutes. Tu agis avec eux.
Il hausse les épaules.
- Pourquoi tu fais ça ?
Un rictus abject fend son visage.
- Pour l'argent.
Je fronce les sourcils.
- Quoi ? T'es déçue? Ouai je fais ça pour le fric.
- Je ne suis pas conne Jungkook. Pourquoi tu m'as caché? C'aurait été très simple de me tuer.
- Comment t'es entrée?
- Par la porte.
- Putain...
- Pourquoi?
- Tu ne peux pas sortir d'ici.
- Comment ça?
- Ils savent que tu es là.
- Non je ne pense pas.
- Ce n'était pas une question. Je suis sur écoute et sous caméra, ils t'ont vu entrer. Ils t'attendent dehors, ils vont te tirer comme un lapin.
- Et tu crois que c'est normal d'être sur écoute 24h sur 24? Tu peux bénéficier d'une protection juridique s'ils t'obligent à faire tout ça Jungkook.
Il rit jaune.
- Non... Je l'ai choisi.
- Pourquoi as-tu besoin de cet argent ?
- Pour m'acheter des bagnoles et des fringues.
- Ça m'étonnerait.
- Tu me mets dans la merde à fouiner partout! Tu ne pouvais pas rester sagement à ton bureau merde ! Tu vas tout foirer...
- Foirer quoi ? C'est quoi ces trois convois dont il parlait?
- Rien qui te concerne.
- Répond moi.
- Non! Non je ne vais pas te répondre, t'as rien à m'ordonner ici ! Tu n'es même pas en uniforme et tu n'as pas ton badge je suppose.
- Détrompe-toi.
Je sors mon badge de ma poche et il me l'arrache des mains.
- Hey! Rend le moi!
Il me pousse dans la cuisine et ferme la porte.
- Jungkook laisse-moi sortir!
Il ne répond pas.
- Jungkook !
La porte s'ouvre enfin et j'en sors en colère.
- Ou est-ce que tu l'as mis?!
Il montre un cendrier sur la table où brûlent les restes de mon badge, noircissant la partie métallique.
- Mais tu te fous de moi ?!
- Donc je disais, tu n'as ni badge, ni uniforme donc tu n'as rien à m'ordonner. Susurre-t-il en nettoyant consciencieusement un révolver chargé.
Ce geste est évidemment une mise en garde vu que son arme est déjà luisante de propreté.
- Y a une chambre au fond du couloir, tu peux dormir là-bas pour ce soir...
La nuit est déjà tombée depuis quelques heures. Et je regarde l'heure sur mon portable, 22h. J'hésite un instant à appeler des renforts mais c'est inutile, Jungkook me tirerai une balle entre les deux yeux et mes coéquipiers se feraient cribler par les tireurs postés sur les toits. Jungkook n'était pas seulement sous écoute et surveillé par caméra. Ils le gardaient en joue 24h sur 24...quelle abominable situation. Je l'observe se faire du thé et il doit sentir mon regard dans son dos puisqu'il me demande si je veux une tasse.
- Non merci.
- T'as faim?
- Non.
Le silence se réinstalle et je le brise de nouveau.
- Comment tu fais ?
- Comment je fais quoi ?
- Vivre comme ça alors que tu as des snipers braqués sur toi en permanence ?
- On s'habitue...
- Ils ont peur de quoi.
- Que je fasse des conneries comme inviter une policière chez moi. Raille-t-il énervé.
Je m'apprête à poser une autre question lorsqu'il reçoit un coup de fil.
- Allo ?
Je le laisse tranquille et disparaît dans la salle qui me servira de chambre cette nuit.
Dans le salon, les doigts de Jungkook sont douloureusement crispés sur son portable.
- Pourquoi elle est là?
- Elle est têtue, elle veut absolument me poser des questions.
- Attention Jungkook cet argent nous pouvons aussi le récupérer
- Non. Je vais faire mon boulot.
- Alors je te rajoute une mission.
- Laquelle?
- Demain, à l'aube, je veux que cette policière soit morte tu m'as compris?
Le jeune homme sent son cœur accélérer.
- Jungkook ?
- C'est compris.
- Bien. Que je ne la revois pas fouiner dans nos affaires...
- Oui.
- N'oublie pas ce que nous détenons Jungkook, tu as intérêt à ne faire aucune erreur.
- Je n'en ferais pas.
- Bien.
Il raccroche.
Il met son revolver dans sa ceinture et attend. Il attend que les heures passent et que la lumière sous ma porte ne s'éteingne. Il attend que le silence s'épaississe de façon à n'entendre plus que sa propre respiration. Il est 2h du matin lorsqu'il quitte son siège et avance à la manière d'un fauve vers ma chambre. La salle est plongée dans le noir et il resserre ses doigts sur son arme. Il s'approche du lit et pointe le canon métallique sur l'inhabituelle présence enroulée dans les draps.
J'entends sa respiration calme et basse. Je me demande s'il en est capable. Il sait que je ne dors pas.
- Pourquoi tu ne te défends pas...?
- Pourquoi n'a tu pas encore tiré ? Pourquoi tu ne l'a pas fait dans l'hôpital l'autre jour ? Soufflais-je.
- Pourquoi tu n'as contacté personne? Répond Jungkook
- Pourquoi tu m'as caché alors que tu savais qu'ils m'avaient vu entrer?
- Pourquoi es-tu si têtue ?
- La liste est encore longue Jungkook. Est-ce que tu vas tirer ou non ?
- Non.
Il baisse son arme d'un bras faible.
- Des convois de quoi Jungkook?
- De femmes, de filles, de prostituées... crois-moi tu préfères mourir que d'être dans l'un de ses convois.
- Pourquoi tu travailles pour eux?
- Ma sœur est une de leurs cibles. En échange de mon boulot, ils l'a garde saine et sauve et ils la garde dans le pays. J'ai besoin d'argent pour la faire sortir, la récupérer et quitter ce merdier.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit ça dès le début ? Nous aurions pu organiser son sauvetage.
- Non... Je ne sais pas où ils la gardent et au moindre faux pas ils la mettent dans l'un des convois direction je ne sais où. Je me prends des sanctions, des coups parce que je les supplie de s'en prendre à moi plutôt qu'à elle...
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