Petite histoire écrite pour un ancien tag de MiladyCoulter et qui est également disponible dans mon Fourre-tout. Bonne lecture !

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   C'était un jour d'automne, qui au premier regard, avait l'air normal pour quiconque commençait à lire cette histoire. La jeune fille était partie chasser, comme à son habitude, dans la forêt qui entourait sa petite maison. Elle vivait aujourd'hui de cette passion que son père lui avait transmise quand elle était plus jeune.

   Alors qu'elle courait à travers racines et arbres avec agilité, elle aperçut un faon apparaître dans son champ de vision. Aussitôt, elle s'arrêta pour se cacher derrière un arbre de façon à ce que l'animal ne la voit pas. Elle se pencha légèrement pour le voir, mais quelque chose interpella la jeune fille. Le faon semblait chercher quelque chose... Il secouait sa tête d'un air paniqué, tout en fouillant du regard les environ. Elle comprit alors qu'il cherchait sa mère. Soudain, il se prit les pâtes dans une plante et s'affala sur le sol, près de l'arbre où se cachait la jeune fille. Heureusement, il n'avait pas eu l'air de la remarquer. La chasseuse ressentit alors une brise de compassion pour l'animal, et laissa couler une larme sur sa joue.

   Elle s'extirpa lentement du tronc de l'arbre pour se placer devant le faon. Celui-ci leva les yeux vers elle, et s'affolant, il voulut se relever, mais retomba dans sa précipitation. La jeune fille en profita pour placer son pied sur sa patte avant pour qu'il ne se relève pas. Le faon la regarda avec pitié, comme pour demander sa grâce. Mais elle n'eut aucune pitié et prit une lame, accrochée à sa ceinture. Elle leva son bras pour prendre de l'élan, mais alors qu'elle allait achever l'animal, un rugissement effroyable se fit entendre. Il lui brisa les tympans et elle recula sans le vouloir, puis jeta son arme pour placer ses mains sur ses oreilles. Le faon se releva, profitant de l'état de la jeune fille pour aller se réfugier dans la pénombre de la forêt. Le son perdura encore quelques secondes, avant de s'éteindre.

   L'humaine ne savait pas ce que c'était, mais ce rugissement lui avait glacé le sang. Heureusement, en retirant ses mains, elle pouvait de nouveau entendre les sons de la nature. Elle récupéra sa lame et la rangea de façon à avoir les mains libres. Elle se remit alors en route, en se frayant un chemin à travers les arbres. La forêt semblait s'être calmée : les oiseaux s'étaient tu et seul le bruit du vent faisant s'agiter les feuilles des arbres persistait. La jeune fille marchait alors, n'écoutant que le hasard du destin.

   Mais soudain, alors qu'elle arrivait dans une grande et luxuriante clairière vide, elle entendit un bourdonnement dans ses oreilles. Elle se retourna, mais rien n'y fût. Elle fit donc volte-face, pour se retrouver nez-à-nez avec un museau gigantesque. Surprise, elle fit un bond en arrière pour replacer une distance de sécurité. Elle leva les yeux vers la bête gigantesque qui se dressait devant elle. Deux puissantes ailes, des écailles rouges et des grandes cornes... Un dragon !

   La jeune fille se retourna et voulu s'enfuir, mais quand elle atteignit le fond de la clairière, le dragon cracha un jet de flammes puissant. Fort heureusement, elle l'esquiva par une roulade sur le côté. Elle comprit alors qu'il lui serait impossible de s'enfuir, la bête ne la laisserait pas partir. Elle se remit face au dragon, et ils se dévisagèrent mutuellement. La bête était immense, avec des écailles écarlates qui s'éclaircissaient sous ses ailes. Ses griffes crochues ne symbolisaient qu'une petite partie de la puissance de la bête. Mais si tout semblait sauvage chez l'animal, ses yeux flamboyants de lumière révélaient cependant un air d'intelligence.

  La jeune s'avança avec prudence et dit :

— Salut... Je m'appelle Kana...

   Mais la bête ne répondit que par un grognement bruyant. Kana ne se dégonfla pas, et s'avança un peu plus.

— S'il-te-plait, ne me tue pas, ou ne carbonise pas... Je veux juste parler... Tu as l'air d'être un dragon intelligent, tu sais parler ?

   Le dragon semblait toujours aussi agressif, malgré les tentatives de la jeune fille de le calmer. Kana soupira, désirant juste partir de cette clairière...

— Écoute, je suis sûrement en train de rêver, car après tout, les dragons n'existent pas. Mais je t'en prie, gentil dragounet, laisse-moi alors partir si tu ne réponds pas...

   Le terme « dragounet » dut lui déplaire, car le dragon commença à s'agiter de nouveau. Kana essaya de reprendre la parole, mais il ne lui en laissa pas le temps. D'un mouvement vif, le dragon envoya voltiger la jeune fille. Son corps roula sur plusieurs mètres jusqu'à cogner un arbre. Elle se leva en gémissant et en déclarant qu'elle dompterait ce dragon maudit !

   Toutefois, bien qu'elle ait dit ça, elle en était actuellement incapable. Son vol plané l'avait bien amoché, et elle sa jambe lui faisait mal. Kana essaya de retenter une tentative d'évasion, en marchant à reculer pour s'enfoncer dans la forêt et quitter cette fichue clairière. A sa grande surprise, le dragon ne semblait pas réagir à elle. Voilà qu'il l'ignorait royalement désormais ! Bien que cela contrariait la jeune chasseuse que l'on ignore ainsi, elle était obligée de partir telle une lâche.

*****

   Trois années étaient passées, et chaque jour, Kana était venue rendre visite au dragon. Depuis leur rencontre, leur relation s'était bien améliorée et la bête s'était habituée à la présence de la jeune fille. Elle avait récemment réussi à poser sa main sur son museau, mais ça n'avait duré qu'un instant. Le dragon avait aussitôt secoué la tête et essayer de mordre Kana. Elle avait aussi d'autres tentatives de rapprochement, comme se mettre face au dragon avec une couverture trempée comme bouclier contre le feu... Résultat : des cendres et des brûlures aux mains... Plusieurs fois, Kana avait même rapporté de la nourriture pour l'animal, comme des sacs de poisson ou du gibier, mais à chaque fois le dragon avait tout brûlé. Une vraie tête de mule celui-là !

   Aujourd'hui, la jeune fille fêtait l'anniversaire de ces trois années avec le dragon. Leur rencontre avait eu lieu, trente-six mois plutôt, ici, le même jour, à la même heure. Pour l'occasion, Kana avait ramené des brochettes. Ça lui avait pris du temps à les confectionner seule, mais ainsi le dragon allait bien se régaler !

   Elle approcha la nourriture de la gueule de dragon, mais celui-ci lâcha un grognement. Il n'aimait donc rien ? Kana força la bête à manger, mais rien n'y faisait. Impossible de lui faire avaler le moindre gramme. Elle soupira... Elle avait fait tout cela pour rien donc... Elle marcha jusqu'à un arbre et s'adossa à ce dernier. Quelques pommes tapissaient le sol et elle tendit la main pour en récupérer une. Elle vérifia qu'elle son état, avant de la nettoya et commença à croquer.

   Alors qu'elle dégustait sa pomme, Kana remarqua que le dragon la regardait avec insistance.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en soupirant.

   Le dragon désigna avec sa tête la pomme qu'elle tenait dans sa pomme.

— Tu veux une pomme, c'est ça ?

   Il hocha la tête timidement.

— Alors comme ça, tu ne veux rien de ce que je te ramène, mais tu veux bien d'une pomme pourrie ?

   Elle lut une lueur d'amusement dans les yeux de la bête en guise de réponse. Agacée, elle décida de lui jeter le trognon de la pomme qu'elle venait de terminer. L'animal laissa échapper quelques flammes de son museau. Lui aussi était agacé...

— Si tu en veux t'en que ça, tu n'as qu'à venir les chercher ! le provoqua Kana.

   Le dragon rugit alors, afin de montrer son mécontentement.

— Allez, viens ! Tu n'en auras pas sinon...

   Résolu, il commença à soulever sa patte, mais un bruit de métal interrompit son geste lorsqu'il essaya de marcher. Il agita alors sa patte antérieure à l'intention de Kana, répétant ainsi le même bruit sonore.

  Intriguée, la jeune fille se leva, tout en prenant au passage une pomme qu'elle rangea dans sa poche. Elle se dirigea vers le dragon qui l'attendait.

— Bah qu'est-ce qu'il y a, mon grand ? demanda-t-elle gentiment.

   Le dragon lui montra alors son imposante patte, et ce que vit la jeune fille la choqua. Une chaîne en acier emprisonnait la patte de la bête. Mais qui avait bien pu faire ça ? Kana essaya de retirer la chaîne, mais sa force était insuffisante... Elle regarda alors autour d'elle et aperçu une branche d'arbre. Elle testa sa solidité en tentant de casser la branche, mais elle paraissait bien résistante. Kana plaça le grand bout de bois dans le faible espace entre la chaîne et la patte du dragon, mais lorsque la jeune fille essaya de briser la chaîne, ce fût la branche qui se brisa...

   Déçue, elle s'affala sur le sol, près de la bête qui la regardait avec peine. Kana s'excusa, et commença à fouiller dans son imagination. De l'acier... Comment détruire de l'acier ? Elle se souvint alors de ce que lui avait répondu son père lorsqu'elle lui avait demandé comment il fabriquait ses flèches pour la chasse. Il lui avait dit qu'il faisait fondre le métal avant de le mouler...

   Mais la jeune fille n'avait rien sous la main qui atteignait une tension suffisante pour faire fondre la chaîne. Rien... A part du feu ! Elle regarda le dragon, qui la dévisagea à son tour. Elle lui indiqua la chaîne en faisant de grand mouvement avec sa bouche et ses mains. La bête due comprendre, car elle fit un signe de tête pour demander à Kana de se décaler. Cette dernière se plaça donc à plusieurs mètres, à l'abri derrière un arbre.

   Du feu commença alors à émerger de la gueule du dragon jusqu'à sa patte. Les flammes devenaient de plus chaudes et l'air commençait à se réchauffer rapidement. Kana aperçu à travers l'intensité des flammes le métal se liquéfier lentement. Elle jeta un coup d'œil au dragon. La souffrance de la chaleur devait être vraiment intense pour lui car quelques gémissements s'échapper de lui. Elle détourna les yeux, ne supportant pas de voir la bête souffrir ainsi.

   Kana eut l'impression que ce moment dura éternellement, jusqu'à ce que la bête s'arrête. La jeune fille transpirait suite à toute cette chaleur émise par les flammes. L'air repris de la fraîcheur, et alors elle pu respirer normalement. Elle regarda la patte du dragon et lâcha un cri. La chaîne s'était totalement liquéfiée ! Le dragon se débarrassa alors du métal et se dirigea vers la jeune fille. Cette dernière lui sourit et lui tendit la pomme qu'elle avait ramassée.

— Tu l'as bien mérité, mon grand.

   Il dévora le fruit d'un air joyeux. Kana se rapprocha alors du dragon, et posa sa main sur son museau. Il ne réagit pas. Elle commença donc à le caresser doucement, tandis que la bête la laissait faire. La jeune s'avança à côté du dragon, et tenta de grimper sur son dos. Il ne réagissait toujours pas. Une fois sur lui, elle se déplaça vers son garrot en s'agrippant aux pointes alignées sur du dragon. Quand elle fut installée, Kana se pencha vers la tête du dragon et chuchota :

— Vole.

   Et le dragon vola, déployant ses ailes éminentes. Ensemble, ils décollèrent et s'envolèrent vers le ciel. La jeune fille hurlait à travers les courants aériens, sentant le vent fouetter son visage. Elle ferma les yeux pour ne ressentir que la pureté du moment. Les deux êtres étaient en osmose parfaite. Kana parvenait même à ressentir les pensées et les sentiments du dragon. Un nom lui traversa alors l'esprit :

"BAHAMUT"