1 - My clumsy man [MinSung]
Une délicieuse odeur exotique fit frémir les narines de Jisung, alors qu'un soupir appréciateur s'échappait d'entre ses lèvres. Les effluves de coco, de gingembre, de tomates, de coriandre et d'oignons se propageaient dans la cuisine tandis qu'il mélangeait la base de son curry à l'aide d'une spatule en bois. Il s'agissait de son plat signature comme il aimait l'appeler, même si dans la réalité il s'agissait surtout du seul qu'il réussissait sans difficultés, et il savait que Minho serait très heureux de le manger en rentrant du travail. Les morceaux de poulet, grossièrement taillés, attendaient dans un bol posé sur le plan de travail et il les ajouta une fois que sa préparation commença à épaissir. Il profita du temps de cuisson pour sortir les assiettes et couverts dont ils se serviraient un peu plus tard et découpa quelques feuilles de coriandre qui serviraient pour la décoration. Vingt minutes plus tard, un sourire satisfait faisant remonter ses pommettes, il arrêta le feu. Le curry était prêt.
Jisung se lava les mains en sifflotant, heureux du travail abattu, et profita d'avoir les mains propres pour changer la musique diffusée depuis son téléphone. Il s'attaqua ensuite à la vaisselle, désireux qu'aucune casserole sale ne vienne entacher son repas en amoureux. Il préparait cette soirée depuis des jours et voulait que tout soit absolument parfait. Il avait profité de la matinée pour abattre une quantité de ménage dont il ne se savait pas capable, avait révisé ses leçons en début d'après-midi, avant de s'atteler à la préparation du repas. Il ne lui restait plus que le dessert à réaliser.
Le jeune homme détacha l'élastique à son poignet pour réunir ses mèches brunes en une amusante houppette. Ses hanches bougeant au rythme de la mélodie, Jisung récupéra les ingrédients nécessaires dans les différents placards ; farine - œufs - sucre - levure - beurre. Que de bonnes choses nécessaires à la réalisation de son layer cake pécan. Son meilleur ami, Felix, avait accepté de lui en délivrer la recette après des heures de supplication et Jisung espérait lui faire honneur ce soir en réussissant cette recette. Il relisait une dernière fois la liste d'ingrédients quand l'horreur le frappa. Il n'avait pas acheté de noix de pécan.
Incapable d'accepter cet oubli dramatique, Jisung vérifia dans le moindre recoin de la cuisine, mais rien. Il n'avait pas l'ingrédient principal pour sa préparation sucrée. Il attrapa son téléphone et jeta un rapide regard à l'heure. Seize heures, Minho terminait le travail à dix-huit heures. S'il se dépêchait, il pouvait encore se rendre à la supérette la plus proche et finir son gâteau. Jisung abandonna son plan de travail tel quel et fila dans l'entrée pour mettre ses chaussures. Il nouait la seconde quand trois petites têtes poilues se manifestèrent en miaulant.
- Je sais, je sais, je suis stupide, geignit Jisung, pas la peine de me le rappeler.
Dori et Soonie le regardèrent, satisfaits de son aveu, et repartirent se coucher. Doongie resta, son regard jugeur fixé sur l'étudiant qui grimaça comme un enfant. Cette boule de poils et lui avaient une relation compliquée, un mélange d'amour-haine et ils ne faisaient de réels compromis qu'en présence de Minho. Doongie lui cracha dessus, puis s'en alla en direction de la cuisine, la queue haute.
- Ne faites pas de bêtises, je reviens vite !
Son habituelle sacoche en bandoulière, sa casquette vissée sur le crâne et son skate à la main, Jisung dévala les quelques escaliers qui le séparaient du hall de l'immeuble. Il s'agissait d'un bâtiment à quatre étages, un peu vieillot, dans un quartier calme et agréable, dans lequel lui et Minho avaient emménagé en début d'année. Jisung adorait son ambiance rétro qui collait si bien à la grand-mère du premier qui passait son temps à les gaver de biscuits dès qu'elle les voyait.
Le bitume défilait à toute allure sous les roues de la planche colorée et il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour rejoindre l'épicerie la plus proche. Stressé par le temps qui s'enfuyait sans qu'il ne puisse le retenir, Jisung s'engouffra dans le magasin. Seize heures et quinze minutes. L'horaire équivalent à l'enfer sur terre quand l'épicerie en question se trouvait juste à côté d'une école primaire et d'un collège. Le jeune homme vit tous ses espoirs d'un passage en caisse rapide fondre comme neige au soleil en avisant le nombre d'enfants et de parents devant lui.
Quelques gloussements et regards insistants interloquèrent Jisung qui tenta discrètement d'apercevoir son reflet dans les vitres de surgelés. Le feu lui monta aux joues et il s'empressa de retirer l'élastique de ses cheveux. Ceux-ci retombèrent sur son front aléatoirement et il passa sa main dedans dans l'espoir de leur donner un aspect correct. Il était tellement dans l'urgence qu'il avait complètement oublié sa coiffure type palmier. Son sachet de noix de pécan dans une main, le skate dans l'autre, Jisung s'impatientait. La file devant lui ne désemplissait pas et personne n'avait l'air de vouloir le laisser passer. Sa jambe s'agita. Il n'avait que ces maudites noix, un seul article, il n'en avait que pour quelques secondes !
Pourtant, ses regards insistants n'émurent pas suffisamment les parents présents et il se retrouva à devoir attendre patiemment son tour. Il salua précipitamment le caissier lorsque ce fut son tour, passa sa carte bancaire à la vitesse de l'éclair sur le terminal de paiement et souhaita une bonne journée en même temps qu'il sortait de la boutique.
Presque dix-sept heures. Un geignement plaintif lui échappa, comment avait-il pu passer quarante-cinq minutes juste pour quelques centaines de grammes de fruits à coque ? Son pied tapa le sol pour propulser le skate et alors que de son regard il foudroyait les pauvres noix, il entendit un cri strident derrière lui.
Un bruit puissant le fit sursauter, écorcha ses tympans et il s'arrêta par réflexe. Ses yeux n'eurent que le temps de voir la voiture qui fonçait sur lui à toute vitesse et dont le conducteur martyrisait le klaxon. Jisung cria et se jeta en arrière pour éviter l'impact. Un craquement sonore, des hurlements de chaque côté de la rue, et il n'entendit plus que le bruit de son propre cœur qui palpitait comme un fou. Haletant, il geignit de douleur, allongé sur le sol froid du bitume.
~.~*~.~*~.~*~.~
Minho apposa le point final à la déclaration administrative qu'il avait rédigée pour Madame Kim, une très gentille octogénaire qui ne s'en sortait plus avec les démarches auprès des différentes administrations. En tant qu'écrivain public, Minho lui venait en aide depuis deux ans et une sorte de lien s'était créé entre eux. La brave dame lui offrait toujours un petit quelque chose pour le remercier de son temps et de sa gentillesse, quand bien même le jeune homme lui répétait à chaque fois qu'il s'agissait de son métier et qu'elle le payait pour ça, et de son côté il traitait ses demandes en priorité, quand bien même il devait faire des heures supplémentaires pour ça. Jisung connaissait leur relation et il lui pardonnait toujours quand Minho lui expliquait rentrer tard pour venir en aide à Madame Kim.
Le jeune homme remonta ses lunettes ayant glissé sur son nez et relut une dernière fois le mail avant de l'envoyer. Tout était en ordre, les références bien lisibles, la signature faite et aucune faute d'orthographe. Minho envoya un SMS à sa cliente pour l'informer de l'envoi du courriel et elle lui répondit à grand renfort d'images de chats. Un sourire attendri s'installa sur les lèvres du jeune homme, puis il ferma le dossier en question.
Son regard chocolat glissa par-delà l'open space pour regarder à l'intérieur du bureau de son superviseur. Hyunjin manageait une équipe de six écrivains publics avec justesse et rigueur, et était le seul d'entre eux à posséder un bureau isolé des autres. Un détail surtout pratique pour recevoir de gros clients comme il le leur avait révélé, sans quoi il serait resté avec eux pour profiter de l'ambiance amicale qui régnait.
Minho attendit que Seungmin, un de ses collègues, quitte l'antre du manager pour y aller à son tour. Hyunjin tenait à ce que son équipe lui fasse un rapport journalier avant de partir, ce qui permettait de régler les problèmes avant même qu'ils n'en deviennent réellement un.
- Tu ne devrais pas être parti depuis vingt minutes ? demanda Hyunjin. Tu as fait des heures en début de semaine.
- Je sais, mais je ne pouvais pas résister à la demande de Madame Kim. Il y a un souci avec sa retraite et elle n'arrivait pas à les contacter alors j'ai voulu traiter sa demande avant de partir.
- Tu as de la chance que ton petit ami accepte de te partager avec une gentille mamie gâteau.
Minho rendit son sourire à son manager. Il avait parfaitement conscience de la chance qu'il avait d'avoir Jisung dans sa vie. Il fit rapidement son rapport, impatient de rentrer chez lui, récupéra un nouveau dossier que Hyunjin souhaitait lui confier, avant de pouvoir retourner à son bureau pour reprendre ses affaires. Il laissa son trench vert sapin ouvert, glissa sa sacoche brune sur son épaule et salua les deux personnes encore présentes dans les locaux.
Son téléphone vibra alors qu'il était dans l'ascenseur et il soupira en voyant le numéro inconnu. Cela venait par période, pendant plusieurs jours il était harcelé par tous les démarcheurs possibles et imaginables avant d'avoir la paix pendant un certain temps. Il laissa sonner dans le vide et fourra le mobile dans sa poche. Minho capitula à la troisième tentative. Il décrocha, le front plissé et ses doigts pianotant d'agacement sur le volant de sa voiture.
- Bonjour, vous êtes bien Lee Minho ?
- Lui-même. Permettez-moi de vous prévenir que si vous souhaitez me vendre une rénovation énergétique, me faire changer mes fenêtres ou me proposer un crédit à un taux concurrentiel, il est probable que je devienne très impoli, mit en garde Minho d'une voix froide.
- Ce n'est pas du démarchage, monsieur, c'est l'hôpital central de Séoul. Nous vous appelons car vous êtes la personne à contacter dans le dossier médical de Han Jisung.
Les mains soudain moites et la bouche sèche, Minho cessa de pianoter. Il demanda à la femme de répéter, le timbre vacillant.
- Han Jisung a été admis aux urgences il y a deux heures, il vient de sortir du bloc opératoire.
L'angoisse enserra les tripes de Minho comme un serpent. Il étouffait.
- Comment va-t-il ? Est-ce qu'il...
Le jeune homme maudit sa voix tremblante, si différente de ses habitudes. Dans sa tête défilaient les pires scénarios possibles et les larmes lui montèrent aux yeux. Il n'imaginait pas sa vie sans Jisung.
- Il est réveillé et va bien, le médecin pourra vous en parler avec plus de précisions. Est-ce que vous avez une possibilité de venir ?
Minho marmonna, ses doigts cherchant l'adresse sur son GPS.
- Monsieur ?
- Donnez-moi vingt minutes, j'arrive tout de suite.
- Bien, entrez par la porte principale et dirigez-vous vers le guichet de gauche. Vous pouvez demander Jihyo, je vous accueillerai.
Minho remercia la jeune femme maladroitement et raccrocha. Les battements de son cœur tapaient trop fort, il avait la nausée. Il appuya son front contre le volant, ferma les yeux, et se répéta mentalement que Jisung allait bien. Il était vivant et réveillé.
Il se gara affreusement mal en arrivant sur le parking dédié aux visiteurs et il remercia sa bonne étoile de ne pas avoir mis un contrôle de police sur chemin. Il n'avait pas été très respectueux du Code de la route et il n'en était pas très fier, mais il n'avait pas pu refréner son besoin d'aller vite. Il suivit les indications données et se présenta au guichet de gauche, les mains humides et le teint pâle.
- Bonsoir, je suis Lee Minho. J'aurais besoin de parler à Jihyo.
La jeune femme devant lui releva ses grands yeux noirs dans sa direction et lui sourit avec douceur.
- Je suis Jihyo, suivez-moi. Sana, tu peux assurer à ma place le temps que j'accompagne Monsieur ?
La fille à côté d'elle, le téléphone à l'oreille accepta silencieusement. Minho emboita le pas à la secrétaire médicale et ils pénétrèrent dans un grand couloir vide aux tristes teintes vert pâle et blanc.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Minho que l'ignorance rongeait.
- Un accident de la route, mais rassurez-vous il n'est pas gravement blessé. La voiture ne l'a pas touché, c'est en se jetant au sol qu'il est retombé sur son coude et s'est cassé le bras. Il a eu de la chance que l'hôpital soit calme aujourd'hui, le chirurgien a pu l'opérer de suite. Il est encore un peu dans les vapes, mais vous pouvez aller le voir et il pourra même rentrer chez lui ce soir.
Le jeune homme souffla de soulagement et sa gorge se dénoua. Jihyo l'abandonna devant la porte de Jisung en prévenant que le médecin allait passer dans peu de temps. Minho coulissa le battant dont la peinture commençait à s'écailler et glissa sa tête à l'intérieur. Jisung était allongé dans le lit, le visage un peu verdâtre et les yeux rivés sur un dessin animé.
- Toi alors, souffla Minho. Tu vas toutes me les faire, pas vrai ?
Son petit ami tourna vivement la tête dans sa direction, un grand sourire barrant son visage. Il ouvrit son bras valide et Minho s'empressa de l'étreindre. Jisung sentait le désinfectant et l'hôpital. Attentif à ne pas appuyer sur son membre blessé, Minho se recula un déposa un baiser sur les mèches de Jisung. Ce dernier esquissa une petite moue triste et Minho s'assit sur le rebord du lit, leurs doigts entrelacés.
- Comment est-ce que tu te sens ? chuchota l'écrivain en caressant le dos de la main de l'étudiant à l'aide de son pouce.
- J'ai envie de vomir, mais c'est à cause de la morphine qu'il a dit le médecin, geignit Jisung.
Minho jeta un rapide regard dans la pièce et remarqua le haricot en carton qui attendait sagement sur la petite table mobile. Si Jisung avait besoin, il y avait de quoi faire. Minho resta un instant silencieux, juste à admirer les traits de son petit ami pour se rassurer pleinement.
- J'ai eu tellement peur quand l'hôpital a appelé. J'aurais dû décrocher la première fois, je suis désolé mon ange.
- Mais tu es là maintenant, pis c'est un peu de ma faute aussi. Si j'avais regardé avant de traverser, il n'y aurait pas eu besoin de venir me chercher ici, soupira Jisung. Je suis dégoûté, j'attendais tellement cette soirée, mais elle est fichue maintenant.
La surprise s'inscrivit sur le visage de l'écrivain et Jisung se sentit obligé de développer, les joues rouges.
- Je voulais qu'on se fasse une soirée en amoureux, juste nous deux, des trucs ridiculement romantiques et une comédie nulle à la télé. J'ai même fait le ménage et la cuisine, mais il me manquait un ingrédient alors je suis sorti l'acheter en vitesse. Sauf que c'était la sortie des cours et il y avait tellement de monde à la caisse que ça m'a mis en retard. J'ai voulu aller vite pour rentrer et j'ai traversé alors que le feu était rouge pour moi. C'est de ma faute...
Minho ferma les yeux une demi-seconde, le temps d'assimiler les informations. Dès qu'il les rouvrit, il dut faire face à la mine désolée de Jisung et les larmes qui menaçaient de déborder sur ses joues. Immédiatement, toute la colère qui commençait à bouillonner en lui s'évapora. Il la mit sous cloche et encadra le visage de son petit ami de ses mains. Il l'embrassa avec douceur, sur la bouche, au coin des lèvres, sur les joues, le front et le menton.
- Le plus important, c'est que tu vas bien, murmura Minho.
- Ça, et le fait que j'ai sauvé les noix de pécan, gloussa Jisung en attrapant fièrement un petit sachet et en l'agitant.
L'écrivain grommela, récupéra le petit sac et le mit hors de portée.
- Tu es privé de noix de pécan, interdit de t'en approcher jusqu'à ce que ce plâtre ne soit plus là.
Minho sourit face aux plaintes offusquées du plus jeune dont le visage avait repris une teinte plus naturelle. Le médecin entra alors qu'ils se chamaillaient gentiment. Minho s'éloigna d'un pas, le temps de l'auscultation et écouta attentivement tous les conseils donnés. Jisung dut évaluer sa propre douleur, le médecin leur apprit que l'opération s'était très bien passée et qu'ils pouvaient repartir s'ils le souhaitaient. Ils devaient juste revenir sous dix jours pour une première évaluation de la reconstruction de l'os.
Jisung tenta de sauter hors du lit dès la porte refermée et Minho dut le canaliser pour ne pas qu'il tombe. Il comprenait son envie de sortir, lui-même n'était pas un amateur des lieux, mais il ne fallait pas empirer la situation. Il couvrit Jisung de sa veste, le haut de ce dernier ayant été découpé pour l'opération. Ils remplirent un peu de paperasse et Minho attendit que Jihyo finisse avec un patient pour la remercier, après quoi ils purent partir.
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Dire qu'il se sentait bête était un euphémisme, Jisung se sentait terriblement stupide. Il n'arrivait pas à croire que son moment romantique si soigneusement préparé, avec du temps et de l'amour, était parti en fumée à cause de sa maladresse. Les yeux fixés sur le dos large de Minho, il attendait que celui-ci retrouve ses clés pour ouvrir la porte de leur appartement. Jisung resserra les pans de la veste de son petit ami de sa main valide, il se demandait si Minho n'était pas un peu en colère.
- Tu viens ?
Jisung cligna des yeux. Il n'avait pas vu que la porte était ouverte et que son petit ami l'attendait dans leur entrée, ses trois démons s'enroulant autour de ses jambes en miaulant. L'étudiant fronça le nez et plissa les yeux. Il entra comme une furie et se baissa pour être à la hauteur de Doongie qui se léchait une patte, des traces orangées sur la truffe. Jisung poussa une exclamation offusquée.
- Min ! Ton démon sent les épices !
Minho haussa un sourcil tout en l'aidant à se débarrasser du trench. Il l'embrassa sur la joue en pouffant.
- On dirait que la morphine fait des ravages mon ange.
Jisung fit claquer sa langue contre son palais et déboula dans la cuisine. La colère monta en lui en même temps que les larmes. Il pointa un doigt accusateur en direction de la créature poilue et odorante.
- Toi ! Espèce de sale bête !
Minho le prit dans ses bras pour le calmer et Jisung éclata en sanglots. Il avait passé toute la journée à préparer ce repas, il comptait tellement à ses yeux, mais Doongie avait ravagé la cuisine. Le curry renversé sur le plan de travail avait dégouliné jusqu'au sol, tâchant le parquet et les meubles alentour et tous les morceaux de poulet semblaient s'être volatilisés. Il y avait même des traces de pattes orangées dans les assiettes que Jisung avait préparées en avance et il fondit davantage en sanglots.
Son petit ami le serra plus fort tout en veillant à ne pas compresser son bras et Jisung se blottit contre lui en s'excusant. Il avait tout raté, de A à Z, et il culpabilisait.
- C'est rien, Jisung, c'est rien du tout, souffla Minho contre sa peau. Tu sais ce qu'on va faire ?
Le jeune homme secoua la tête en ravalant ses larmes. Minho lui essuya les joues avec douceur et déposa un léger baiser sur le bout de son nez.
- Tu vas aller te poser dans le canapé et terminer de regarder le dessin animé que tu avais commencé à l'hôpital, d'accord ? Pendant ce temps-là, tu vas réfléchir à ce que tu aimerais manger ce soir et on va commander, puis on se mettra une comédie romantique clichée à souhait qu'on va critiquer toute la nuit en se câlinant, ça te dit ?
- Et toi ? renifla Jisung.
- Je vais nettoyer Doongie avant qu'il n'y ait du curry jusque dans notre lit et je vais tenter de sauver notre cuisine, je te rejoins juste après.
Les épaules basses, rattrapé par une fatigue artificielle, l'étudiant accepta la proposition, reconnaissant. Minho réparait tout sur son passage. Il s'installa dans le canapé alors que l'écrivain allumait la télé, puis le recouvrait d'un plaid tout doux. Dori et Soonie miaulèrent et se posèrent de chaque côté de ses pieds, comme des petites bouillottes poilues.
- Tu vois, tu ne seras pas tout seul, sourit Minho en lui embrassant le haut des cheveux.
Somnolent, Jisung ne vit pas spécialement le temps passer jusqu'à ce que son compagnon lui caresse la joue. Minho avait changé de vêtements pour quelque chose de plus confortable et tenait un gilet supplémentaire à la main. Il s'accroupit devant Jisung qui bâilla.
- Tu veux aller te coucher ?
Le jeune homme nia et se laissa faire comme une poupée pour enfiler le gilet, son bras le gênant plus qu'il ne l'avait d'abord cru. Ils se mirent d'accord sur une enseigne qui proposait à la fois du poulet et de la pizza où ils prirent un peu de tout et craquèrent en supplément pour deux grosses parts de gâteaux. Une tout chocolat, l'autre avec de la menthe. Jisung retint une grimace quand Minho la sélectionna. Il avait beau l'aimer de tout son cœur, cette association de saveurs restait une abomination à ses yeux.
Jisung se tortilla en prenant soin de ne pas mettre de coup de pied aux chats à ses pieds pour faire une place à son petit ami. Minho se glissa près de lui et l'entoura de ses bras. Un soupir de contentement filtra entre les lèvres du plus jeune qui laissa retomber sa tête sur l'épaule solide. Ils critiquaient tranquillement une série actuelle quand le repas arriva et ils le dévorèrent en poursuivant leurs commentaires.
- Oh, ils ont ajouté un pot de sauce chocolat avec le gâteau, s'extasia Jisung.
Il se passa la langue sur les lèvres, ravi par la surprise. Le ravissement sur son visage fit sourire Minho qui ne résista pas à l'envie de tremper le bout de son doigt dans le récipient plastique pour étaler une traînée chocolatée sur le nez du plus jeune.
- T'as de la chance que je ne puisse pas me défendre.
- Évidemment, gloussa Minho.
Jisung plissa les yeux et Minho sourit de toutes ses dents. Il se fichait clairement de lui. L'étudiant lui mit un petit coup d'épaule qui suffit à se répercuter dans son bras blessé et il grimaça.
- Puisque c'est comme ça, c'est moi qui choisis le film de ce soir et tu n'as pas ton mot à dire.
L'écrivain mit les mains en l'air en guise de capitulation et Jisung en profita pour lancer Dirty Dancing. C'était kitsch, c'était vieux, c'était niais et affreusement romantique. C'était son film doudou, celui qu'il regardait quand il était malade ou triste, mais surtout il savait que Minho allait ronchonner tout le long car il le détestait. Mais parce qu'il l'aimait, il allait faire semblant au moins les trente premières minutes de ne pas passer un trop mauvais moment. Seulement à ce moment-là, l'étudiant comptait proposer de regarder autre chose.
- Tu dis que mon chat est un démon, mais tu n'es pas mieux, souffla Minho à son oreille.
- Il faut croire que tu as un genre, rit Jisung en se blottissant davantage contre lui.
Le bras de Minho l'entoura comme une couverture bien chaude et réconfortante alors que son rire le secouait doucement. Il pouvait sentir l'odeur de son gel douche et la douceur de sa peau contre sa joue, là où le tee-shirt ne la couvrait pas. Jisung posa un baiser sur l'épiderme à sa disposition puis ferma les yeux. Le nez tâché de chocolat, leurs doigts liés, collé l'un à l'autre, cette soirée était parfaite.
Nda :
Voici le premier OS de ce recueil, j'ose espérer que vous avez apprécié le lire et si c'est le cas (ou pas), vous pouvez me le dire en commentaire, ça me ferait très plaisir ! Même s'il y a des choses qui ne vont pas, vous êtes parfaitement libres de me le dire :)
Dalion~ Kiss :3
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