Je fais partie d'un atelier écriture où, à chaque session, nous avons deux propositions d'exercice thématique ou technique. J'en partage ici le résultat. Attention, nous nous prenons rarement au sérieux.

Thème : La Fuite

Proposition : Écrire un texte avec la liste de mots suivants : fuite, cuite, cuire, caire, faire, foire, voire, voile, toile, toise, torse, morse, morte, porte, poste. Les mots doivent apparaitre dans l'ordre, mais le thème et la forme sont totalement libres.

- Elle prend la fuite !

Courir à en perdre haleine après une belle cuite, ce n'était pas l'idée la plus lumineuse que j'ai pu avoir. Mais certaines circonstances atténuantes jouaient en ma défaveur. Déjà, je n'étais pas une dure à cuire. Secundo, je connaissais mal Le Caire et je devais semer les gros bras. Tout ce que j'avais à faire c'était : foncer vers la foule et espérer que la foire m'engloutisse.

Artisans, artistes de rue et surtout, touristes. Je m'enfonçai dans les épaules, poussai des côtes et trébuchai sur des pieds flâneurs, ou errants, voire douteux. Anticiper chaque mouvement était comme lire une partition : lire les corps et jouer le bon tempo.

J'évitai une main, levée par la frustration d'une négociation, quand je fus déviée par le vendeur de bateaux miniatures. La voile de la felouque me couvrit les yeux et je basculai dans la terre battue. J'avalais la toile avec une poignée de graviers.

D'ordinaire, en société, j'ai déjà peur que l'on me regarde trop longtemps. Pour couronner l'angoisse, il ne manquait plus que l'un des costauds me rattrape.

Bien qu'il mesurât une toise et qu'il eût le torse d'un dieu grec, son sourire était aussi avenant que celui d'un morse.

Ah, oui, j'aurais voulu jouer la morte ! C'était sans compter sur mon instinct de survie, qui pensait toujours à une nouvelle porte de sortie.

Tandis que l'autre me soulevait par le col, dans l'objectif de me réduire à la taille d'un timbre-poste, je souriais.