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E1 | DÉFI N-7 ● Gagnant { 2 }●


Et voici le texte de monnalune ! C'est si mignon, j'ai adoré xD 


*** 

Nom d'une peluche 


« C'est une journée idéale pour ne rien faire. J'ai travaillé toute la semaine comme un forcené et autant vous le dire tout de suite : je n'en peux plus ! Je me lève tôt, je me couche tard, mais comme je passe mon temps fixé à ma chaise, tel un vieux chewing-gum oublié par un étudiant (est-ce que vous aussi, vous avez déjà eu le malheur de passer votre main sous le siège de votre chaise au lycée ? si ce n'est pas le cas, peut-être n'aurez-vous pas cette référence, grand bien vous en fasse), je ne trouve jamais le sommeil. Ô sommeil ! Pourquoi faut-il que tu me gagnes au beau milieu de la journée, lorsque j'ai besoin de me concentrer, et que tu m'abandonnes lâchement la nuit lorsque j'ai besoin de dormir ? C'est toujours comme ça, me direz-vous, mais j'avoue en être las. » 

Je contemple tristement le bout de tissu défraichi auquel je m'adresse. Un éclair de mélancolie foudroie mon pauvre cœur. Suis-je ému de l'avoir retrouvé ? Nostalgique de nos souvenirs partagés ? Ou est-ce simplement dû à la pitié que j'éprouve pour moi-même en cet instant ?

Il faut avouer que vu de l'extérieur, sans contexte, cette scène me ferait passer pour un fou. Un jeune trentenaire, grande perche maigrichonne aux petits yeux noirs, assis en tailleur seul en haut d'une colline vierge et en train de vouvoyer... Quoi d'ailleurs ? Un mouchoir usé ? Un vieux torchon ? Une guenille sale ?

Je soupire. Je m'en veux d'avoir pensé ça de lui. Lui, mon confident, mon meilleur ami, mon fidèle acolyte.

Fut un temps où cette pièce de tissus marronnasse informe était un joli carré de coton blanc, brodé de motif floraux et surmonté d'une adorable tête d'ours en peluche. Cette dernière est toujours existante mais son doux visage joviale s'est clairement amaigri.

« Doudou... »

Je pars en fou-rire. Je n'avais plus l'habitude d'entendre ce nom sortir de ma bouche et il vient de prendre une dimension particulièrement ridicule.

« Oh pardonnez-moi, m'esclaffé-je en tentant de reprendre mon souffle. Ne vous sentez-pas insulté, vous savez que j'ai le plus grand respect pour vous Doudou. »

Je parviens enfin à me ressaisir. Ça faisait vraiment longtemps que je ne lui avais pas rendu visite.

Lorsque j'avais quinze ans et que la santé physique de Doudou était devenue particulièrement critique, j'avais pris la décision, pour le préserver, de lui confectionner une petite maison de retraite en carton ; maison que j'avais ensuite déposée dans un vieux chêne creux derrière chez moi. Je lui avais fait la promesse de venir lui rendre visite tous les ans pour lui parler de ma vie. Mais en grandissant, mes visites se sont espacées. La dernière remonte à il y a bien plus de cinq ans.

« Pardonnez-moi, murmuré-je, mon sérieux enfin revenu. Je vous ai abandonné toutes ces années et lorsque je reviens, tout ce que j'arrive à faire c'est vous insulter. Vous savez, je n'ai pas vraiment la vie dont je rêvais. Pourtant, la dernière fois que nous nous sommes vus, j'étais bien parti. J'avais un beau diplôme, le travail idéal et une femme merveilleuse à mes côtés. J'ai clairement régressé. Tandis que mes amis gravissaient les échelons dans leur profession ou fondaient des familles, moi je faisais tout l'inverse. J'ai quitté mon travail pendant un an, dans l'espoir d'en trouver un meilleur ailleurs, et finalement je me retrouve tout en bas de l'échelle. J'ai fait une pause avec ma fiancée pour reconsolider notre couple et ça lui a permis de se rendre compte que je ne lui manquais pas. Je suis seul, malheureux et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. »

Un sourire triste se peint sur mon visage mais la vérité, c'est que je n'ai même plus de larmes pour pleurer sur mon sort.

« Ce n'est pas le pire. Car oui, crois-moi, il y a toujours pire ! Je suis aussi devenu amer et haineux. J'en veux au monde entier d'être heureux sans moi. J'en veux à mes amis de rire, j'en veux aux passants de s'aimer, j'en veux aux oiseaux de chanter, j'en veux même au Soleil de briller. » 

Et comme pour achever mon humeur massacrante, le seul nuage blanc qui couvrait l'astre du jour se déplace pour le laisser inonder mon visage de sa lumière aveuglante.

« Franchement ! Qu'est-ce que je te disais toujours quand tu étais petit ?

- De ne jamais m'apitoyer sur mon propre sort...

- Et pourquoi ?

- Parce que c'est inutile ?

- Exactement ! »

Je sursaute brusquement. Cette petite voix aigüe qui vient de me répondre, elle n'était pas dans ma tête.

Après une poignée de seconde figé dans la stupeur, mon organisme se réactive brusquement. Dans un cri strident, je lâche Doudou et fait un bond en arrière. Emporté par mon élan, je pars à la renverse et dégringole la petite colline verdoyante sur laquelle je me trouve en faisant de splendides galipettes arrières. Lorsqu'enfin ma chute s'achève, j'ai un mal de crâne terrible et probablement un bon torticolis.

Je me redresse avec mauvaise humeur. Voilà ce qu'il se passe lorsque l'on troque le sommeil par des litres de café : on délire. Je remonte la bute et me dirige vers mon vieil ami qui choie en boule entre deux pâquerettes. Le pauvre... Comme s'il n'avait pas été assez jeté au sol lorsque j'étais enfant.

« Vous savez Doudou, je sais que je vous parle comme si vous étiez un vieillard respectable. Mais je suis encore assez lucide pour savoir que vous n'êtes pas vraiment vivant.

- Ah oui ? Voyez-vous ça ! »

Nouveau cri et sursaut de ma part.

« Oh non mon ami, tu vas te calmer tout de suite ! Je t'interdis de me rebalancer comme tu l'as fait tout à l'heure ! me lance avec autorité la petite tête d'ourson usée de Doudou.

- Je... je... bredouillé-je sans parvenir à savoir comment régir.

- Assieds-toi, tu es tout pâle. »

J'obéis docilement. Alors ça y est ? Je suis vraiment fou ?

« Mais pourquoi donc fais-tu cette tête d'enterrement mon enfant ? demande Doudou d'une voix douce mais teintée d'autorité.

- Parce que je vois votre petite bouche cousue s'agiter tandis que je vous entends parler !

- Et alors ? siffle-t-il d'un air outré. Ça ne te gênait guère lorsque tu étais enfant !

- Mais c'était normal !! C'était mon imagination !

- Ton imagination ? Laisse-moi rire ! Le chêne qui me sert de maison depuis toutes ces années est bien plus créatif que toi !

- Vous êtes vexant...

- Je sais ! Tu n'es plus un enfant, je n'ai plus à prendre mes petits airs mielleux et mes grands yeux compatissants avec toi. »

Je fixe Doudou droit dans ses pupilles de fils noirs et des brides de souvenirs de mon enfance me reviennent. C'est vrai que ce n'était pas qu'une petite voix dans ma tête. Je l'ai toujours imaginé bougeant ses lèvres et me parlant avec cet adorable accent.

« Bon, et si tu me parlais de cette vie foirée, hein ? »

En tout cas une chose est sûre, Doudou n'était pas aussi cassant lorsque j'étais petit. Je soupire et me résigne, face à son air crispé, à lui raconter toute l'histoire des dernières années de ma vie. Je lui raconte comment j'ai quitté mon travail avec panache, comment j'ai déménagé des rêves pleins la tête et comment je me suis retrouvé à travailler dans un placard à balais (littéralement ; sauf que contrairement à Harry Potter, jamais une chouette ne se pointera avec l'offre d'emploi de même rêve dans son bec). Je lui raconte aussi comment ma copine (ou plutôt mon ex-copine) et moi avons emménagé avec enthousiasme dans un charmant appartement, comment nous nous sommes disputés pour une boîte de petit pois en conserve qui n'était pas de la bonne marque, comment nous avons décidé de faire une pause et enfin comment elle m'a largué avec ce superbe « ce n'est pas toi, c'est moi » aisément traduisible en « je ne ressens plus rien pour toi, désolé ».

« Et depuis ?

- Et depuis quoi ? lâché-je avec mauvaise humeur.

- Qu'est-ce que tu as fait ? Tu as cherché un nouveau travail ? Fais de nouvelles rencontres ? Changé d'appartement ?

- Non.

- Non ? Et tu oses te plaindre ? dit-il d'un ton sec.

- Parce que vous croyez que c'est facile peut-être ? Ça demande du temps, de l'énergie et je n'ai clairement pas la tête à ça !

- Pourtant, nous sommes d'accord pour dire que cette situation ne te plait guère ? Si tu veux mon avis, tu as été bien trop gâté et chanceux dans ta jeunesse. Vie sociale épanouie, facilités dans les études, carrière professionnelle sans embûche,... Les choses te réussissaient sans que tu es trop d'efforts à faire. Tu as fini par devenir insolent avec le bonheur. Que dis-je ! Présomptueux, outrecuidant !

- Oh je vous en prie, avec votre grand vocabulaire !

- Il n'empêche que ce sont les mots justes mon ami ! Lorsque tout vous réussit, que tout est facile, vous perdez la notion de préciosité du bonheur. On oublie qu'il n'est pas inné, qu'il est infime et volage. Le bonheur ça s'entretient, telle une fleur fragile. Ta fleur se fane ? Prends soin d'elle jusqu'à ce qu'elle refleurisse à nouveau ! Ça sera peut-être long mais plus tu attends, plus il lui faudra de temps pour retrouver sa beauté d'antan. Si tu es dans cette situation qui, je te l'accorde, est malheureuse, ce n'est pas de ta faute. Mais ça le devient si tu l'entretiens. Il n'y a que toi qui peut t'en sortir. Ça ne sert à rien d'en vouloir à la Terre entière. Et ce n'est pas plus efficace de te haïr toi-même. Va de l'avant, observe le bonheur dans les petites choses du quotidien et sourit, non d'une peluche ! »

Un rire, aussi spontané qu'incontrôlable, me submerge soudain. Et avec lui, un torrent de larmes. Voir ce petit être de tissu, avec sa minuscule voix adorable, me sermonner avec tant de vigueur, me secouer avec fermeté et affection, ça transperce mon cœur. Ce n'est pas un rire nerveux, ce ne sont pas des larmes de tristesse. C'est tout simplement... de la joie. Une émotion que j'avais décidé d'oublier depuis trop longtemps. Je me sens inexplicablement bien. J'ai l'impression que tout devient clair. Tous les mots de soutien de mes amis lorsque je leur ai parlé de mon nouveau travail, toutes leurs invitations lorsque j'ai été célibataire, les bonjours chaleureux de mes nouveaux collègues, les sourires de ma vieille voisine, les oiseaux qui chantent, l'odeur de l'herbe fraiche au soleil. Tout ça c'est du bonheur. Du bonheur quotidien, du bonheur ordinaire, du bonheur presque banal. Tellement banal, qu'on en oublierait qu'il est là. Que j'ai oublié qu'il était là. Je sèche mes larmes. Je me sens tout simplement heureux.

« Oh Doudou, vous avez tellement raison. Je ne saurais jamais assez vous remercier pour cette gifle que vous venez de me donner. Je crois que j'en avais grand besoin. »

Pas de réponse. Je le regarde avec tendresse. Il s'est endormi, immobile et paisible entre mes grosses mains d'homme. Je le couche délicatement dans sa maison de carton que je replace dans le chêne. Promis, la prochaine fois, je viendrais le voir pour lui raconter de bonnes nouvelles.


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