7. Le jour et la nuit
Coucou !
Je vous propose une véritable fanfiction aujourd'hui, avec pour personnages principaux Viktor et Jayce, pour changer xD
Je me suis inspirée du contexte de la saison 1 donc vous pouvez imaginer que la scène se situe quelque part dans cette saison, avant que Viktor utilise le Shimmer et l'Hextech... J'avais envie d'écrire une discussion entre Jayce et Viktor, de me plonger dans les pensées de Viktor et d'explorer la relation de ces deux personnages à ma manière. C'est un peu vague, je sais, mais vous verrez bien xD
Bonne lecture !
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Seule la respiration régulière de Viktor troublait le silence.
Le laboratoire était à moitié plongé dans l'obscurité. La lueur vacillante du Cœur Hextech se dessinait sur les murs et enveloppait la pièce ainsi que son occupant ; lueur magique, scientifique, presque mystique, à laquelle il était difficile de ne pas rester indifférent.
Le corps de Viktor était penché sur son bureau. Le dos courbé, les yeux plissés, les muscles crispés, il déchiffrait ses notes de la veille et griffonnait de nouvelles hypothèses, de nouvelles idées, de nouvelles réflexions sur les nombreuses feuilles de papier éparpillées devant lui.
Le Cœur Hextech, face à lui, brillait, vibrait, se mouvait. Chaque rune qui le composait, chaque morceau de métal qui donnait corps à cette entité, tournait sur elle-même, s'emboîtait, reprenait sa place. Lorsqu'il écoutait ses pensées, Viktor se surprenait à se perdre dans la contemplation de ce Cœur plein de vie, parfois inconcevable, même pour lui. Mais il devait se rendre à l'évidence : cette entité existait, elle était devant lui, et elle l'éclairait de sa lumière bleutée, inspirante, vaporeuse ; elle existait, et ce n'était pas un rêve ni l'hallucination d'un chercheur désespéré.
Le Cœur Hextech existait bel et bien.
La réalité allait finir par prendre le dessus, Viktor en était persuadé. Il lui fallait encore un temps d'adaptation. Un temps de réflexion. La méfiance se liait à la fascination, comme la science et la magie s'étaient liées pour faire naître l'entité. Tout comme les chemins de Jayce et de Viktor s'étaient liés à travers leur travail commun.
Viktor lâcha rageusement son crayon et laissa échapper un grognement de frustration. Les rouages de son esprit fonctionnaient à toute allure et il n'arrivait pas à les arrêter. Mais ils n'avaient pas de quoi satisfaire leur soif de savoir. Ses recherches ne donnaient rien. Il n'avançait pas. Rien n'avançait.
Pour l'instant, le Cœur Hextech n'était que le Cœur Hextech. C'était encore un être inconnu, une créature à apprivoiser, qui paraissait vivre, oui, et suivre ses propres règles. L'Hextech était stabilisé et pouvait être utilisé sans risque, mais le champ des possibilités ne faisait que s'agrandir au fil des jours.
L'excitation emplissait chacune des cellules de Viktor. Il la sentait en lui. Cette envie de comprendre, de faire des expériences, de découvrir. Au plus profond de lui, il savait qu'il pouvait aller encore plus loin. Il voulait percer tous les secrets de l'Hextech.
Jayce et Viktor étaient devenus des chercheurs reconnus. Leur invention était révolutionnaire. Les Hexgates avaient changé le monde. L'Hextech recelait de promesses rutilantes qui, loin de les aveugler, les poussaient à imaginer, à tester, à prendre à cœur leur rôle d'inventeurs, d'hommes de demain.
Mais ces derniers temps, le laboratoire n'accueillait qu'une seule personne en son sein. Viktor y passait ses journées. Ses nuits. Toutes ses heures étaient consacrées à la recherche.
Il aimait cela. Il aimait cette stimulation, cette curiosité, ces questionnements incessants. Et il aimait la fierté qui naissait en lui quand il s'imaginait être à l'origine de multiples inventions qui permettraient de changer la vie de toute la population.
Ce Viktor n'était pas si différent du petit garçon qui était arrivé à Piltover, des années auparavant. Il avait grandi, il avait vieilli, mais son cœur était resté le même, à l'instar de ses convictions profondément ancrées en lui. Il avait toujours voulu se battre pour améliorer la condition des habitants de Zaun. De tous les habitants, même. Il avait cette volonté, cette détermination, ce désir de ne pas être qu'un passager dans ce monde, dans cette vie.
Il voulait agir. Jouer un rôle. Devenir quelqu'un.
Alors, Viktor travaillait. Il ne comptait pas les heures, les minutes, les secondes. Il se donnait corps et âme. Il n'avait pas le luxe de pouvoir attendre plus longtemps. Il n'avait pas le luxe de pouvoir prendre son temps.
La porte grinça soudainement, mais Viktor ne cilla pas. Il avait repris son crayon et réfléchissait silencieusement à une façon de transférer l'énergie de l'Hextech dans des outils pour les rendre plus légers et maniables.
— Viktor ? Qu'est-ce que tu fais encore là ?
Le scientifique perçut un sourire dans le ton de Jayce, un sourire qui s'effaça au milieu de sa deuxième question, lorsqu'il pénétra complètement dans la pièce. Viktor ne se retourna pas, mais il put aisément imaginer les traits plissés de Jayce et les interrogations silencieuses qui naissaient sur son visage. Il pouvait presque prévoir ce qu'il allait dire, les reproches qu'il allait lui faire. Il retint un soupir et répondit simplement :
— Je n'ai pas fini mon travail.
Jayce lâcha un rire étranglé.
— Tu te moques de moi ? Tu as vu l'heure ? Tu continueras demain.
Son flegme si naturel participa à renforcer l'agacement irrépressible qui ne cessait de grandir chez Viktor. Ses doigts se cramponnèrent à son crayon, sa mâchoire se crispa. Le tempérament décontracté de Jayce l'irritait depuis quelque temps. Depuis qu'il avait cessé de venir travailler dans le laboratoire, plus exactement.
Les pas de Jayce résonnèrent à ses oreilles. Il avança jusqu'au bureau, et Viktor put sentir sa présence dans son dos. Avoir un regard extérieur posé sur lui l'empêchait de réfléchir. Les rouages s'étaient coincés, et il avait besoin de les remettre en marche pour ne pas imploser.
— Viktor ? répéta Jayce.
L'interpellé leva les yeux au ciel et entrouvrit les lèvres :
— Tu es réveillé aussi, Jayce.
Ce n'était qu'une constatation. Une affirmation. Mais une pointe d'irritation avait, malgré lui, percé dans ses mots.
— Euh... Oui, je sais...
Jayce sembla décontenancé un instant, puis il se racla la gorge pour reprendre contenance.
— C'est parce que je rentre de...
— Laisse-moi deviner... D'une soirée mondaine ? l'interrompit Viktor avec un soupir amusé.
— Euh, oui.
Le silence se fit, alors Viktor replongea dans son travail. Il tenta d'ignorer l'ombre de Jayce derrière lui. Mais il pensa tout de même à un moyen de le faire sortir du laboratoire pour retrouver de nouveau la compagnie réconfortante de la solitude.
— Tu t'es amusé ? finit-il par demander.
— Oui, beaucoup ! Même si, je dois l'avouer, c'est assez fatiguant d'être au centre de l'attention.
Viktor l'imagina hausser les épaules. Pauvre Jayce... Sa plainte fit presque naître un sourire moqueur sur ses lèvres, mais il se retint, car elle lui offrait surtout la porte de sortie dont il avait besoin.
— Alors, va te reposer, Homme du Progrès.
Jayce pouffa mais n'amorça aucun geste vers la sortie. Au contraire, il répliqua :
— Tu te moques de moi ?
— Va te coucher, Jayce.
Viktor barra une équation. Sa feuille était tellement noircie qu'il était difficile de décrypter les lettres qui s'y mélangeaient.
— Et toi ?
Un soupir d'exaspération frôla les lèvres de Viktor. Jayce ne paraissait pas vouloir s'en aller... Il ne paraissait pas vouloir le laisser. Pour une fois.
— Je suis occupé, répondit-il d'un ton sec.
— C'est pour ça que tu n'es pas venu ?
Viktor fronça les sourcils et se redressa, perplexe.
— Venu ?
— À la soirée...
Jayce semblait gêné. Viktor restait interdit.
— Pourquoi serais-je venu à cette soirée ? lança-t-il, détaché.
— Parce que je te l'ai demandé ?
Viktor secoua la tête avec assurance.
— Non, je ne crois pas.
Il essaya de retrouver dans sa mémoire une trace de la mention de cet événement, mais rien ne vint.
— Si, je te l'ai demandé. Tu n'as pas eu mon message ?
Viktor s'empressa de répondre par la négative, mais le mot se bloqua au fond de sa gorge lorsque, dans son esprit, s'imposa l'image d'un morceau de papier plié en quatre qu'il avait retrouvé un matin sur le bureau. Il pinça les lèvres.
— Apparemment, non.
Le mensonge sortit tout seul. Viktor avait bien trouvé un mot de Jayce l'invitant à venir à la soirée, mais il l'avait aussitôt balayé de la main et jeté au milieu des feuilles froissées. L'intention était louable, mais Viktor n'avait pas le temps de s'adonner aux activités mondaines. Il n'avait pas non plus sa place dans ce milieu. Et même s'il avait apprécié percevoir chez Jayce la volonté de renouer les liens qui s'étaient distendus entre eux en raison de leurs emplois du temps discordants, il n'avait pas pu se résoudre à quitter le laboratoire, ne serait-ce que pour quelques heures.
— D'accord.
Viktor fut propulsé hors de ses pensées. Il se souvint que Jayce était toujours là, comme ancré dans le sol. Pourquoi ne partait-il tout simplement pas ? Cela faisait des jours qu'ils ne s'adressaient plus la parole, qu'ils n'échangeaient que de simples mouvements de tête lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs. Jayce était submergé par ses responsabilités au Conseil, et Viktor, lui... Viktor avait un monde à changer. Un travail à effectuer.
— Tu serais venu si tu avais eu mon message ?
Viktor passa une main sur son visage, exaspéré par l'insistance de Jayce, mais il garda un ton mesuré lorsqu'il répondit :
— Je ne sais pas, Jayce.
Il tenta d'être sec, de lui faire comprendre que la discussion était close.
— Je sais que tu n'es pas forcément à l'aise dans ce genre d'événements, mais nous aurions pu passer un bon moment...
Apparemment, Jayce avait l'esprit trop embrumé pour s'apercevoir que Viktor ne désirait pas parler et qu'il était absorbé par ses travaux.
— La fête est terminée, de toute façon, Jayce.
Il est temps d'aller se coucher et de laisser les autres travailler, Jayce.
Ses chaussures crissèrent une seconde sur le sol avant de se figer. Viktor n'y prêta pas attention, il se persuada même que la porte avait claqué et qu'il était de nouveau seul avec ses pensées.
Mais l'illusion fut de courte durée. Une main se posa sur son épaule et le força à se retourner. Le tabouret sur lequel il était assis tourna et Viktor se retrouva face à Jayce, qui le surplombait de toute sa hauteur. Le visage de Viktor se déforma en une grimace de contrariété. Sa bouche s'ouvrit pour laisser échapper une exclamation silencieuse.
— Oh, Viktor, arrête ! s'écria Jayce.
Viktor fronça les sourcils et repoussa d'un geste sec la main de son collègue.
— Je travaille, Jayce.
Son interlocuteur afficha une expression presque outrée. Une multitude d'émotions traversa son visage. Une faible lueur brillait dans ses prunelles, une lueur qui vacillait. Viktor pouvait sentir son haleine légèrement alcoolisée. Il portait sa veste blanche, immaculée, décorée de broderies d'or. Son front était encore recouvert d'une fine couche de sueur, en raison des multiples danses dans lesquelles il avait sûrement été emporté. Viktor perçut l'interrogation dans son regard mais il ne répondit pas. Il garda ses yeux rivés dans les siens, comme pour le provoquer, pour le mettre au défi de prononcer les mots qui paraissaient le démanger.
Si Jayce était encore là, c'était pour une raison particulière. C'était forcément parce qu'il avait quelque chose à annoncer à Viktor. Ce ne pouvait pas être pour autre chose.
— Tu es épuisé, je le vois. Pourquoi tu fais ça ?
Il laissa retomber son bras le long de son corps. Il ne décrocha pas son regard de celui de Viktor.
— Pourquoi je fais quoi ? répéta le scientifique, dont l'exaspération commençait à émerger dans son intonation.
— Pourquoi tu te fais du mal, comme ça ?
La question fusa comme une flèche. Viktor l'esquiva.
— Je travaille. J'aime travailler, répondit-il lentement, en articulant chaque syllabe.
Leur discussion tournait en rond et faisait perdre du temps à Viktor. Dans sa tête, il entendait les minutes s'écouler et disparaître à jamais. Le temps qu'il perdait ne pouvait pas être récupéré.
— Tu crois que je suis aveugle ?
Jayce s'emporta. Son cri se répercuta sur les murs et résonna dans l'immensité du laboratoire. La lueur bleutée du Cœur Hextech s'échoua sur son visage un instant, avant de se retirer comme une vague calme et tranquille. Viktor aperçut alors l'inquiétude qui perçait dans les plis sur son front et ses lèvres qui tremblaient légèrement.
— Je vois la lumière allumée jusqu'à l'aube. Je vois tes cernes. Je t'entends tousser. Je sais que tu ne vas pas bien. Que tu as besoin de repos. Je sais...
Viktor se leva brusquement et saisit machinalement sa canne qu'il avait posée à ses côtés.
— Tu sais que je me meurs, c'est ça ? C'est ça, Jayce ?
Sa voix monta en intensité. Il leva les yeux au ciel. Son irritation explosait enfin, elle se libérait de ses chaînes.
— C'est ça que tu veux que je te dise ? Que j'exprime à voix haute ? Tu veux que je te dise que, oui, je suis en train de mourir, que chaque jour qui passe m'enlève un peu plus de force, que je sens mon cœur ralentir chaque soir dans ma poitrine et que je suis terrifié à l'idée de quitter ce monde ?
Il agita la main, il fit quelques pas vers Jayce qui recula, par réflexe.
— Je ne veux pas mourir, Jayce. Je ne vais pas mourir. Je ne peux pas mourir sans avoir rien accompli.
Sa voix se brisa malgré lui. Son agacement se changea soudainement en un profond sentiment de lassitude. Un poids lui encombrait la poitrine. Sa maladie. Les jours qu'il lui restait à vivre. Le temps qu'il n'avait pas.
Le temps lui coulait entre les doigts mais il ne pouvait pas le retenir. Il n'allait pas mourir. Il n'allait pas mourir prochainement. Il allait mourir après avoir accompli ce pour quoi il était venu au monde. Il le savait. Il le fallait.
L'expression de Jayce devint compatissante. Ses traits s'adoucirent.
— Viktor...
Sa voix dégoulinait de pitié. Viktor ne voulait pas de sa pitié.
Il tourna difficilement les talons, se traîna jusqu'à son tabouret en boitant et s'affala dessus, toute son attention aussitôt retenue par ses schémas encore hésitants et les équations qui attendaient d'être résolues.
— Laisse-moi.
Voix comme une porte qui claque. Viktor se calfeutrait. Il se protégeait. La pitié ne l'aiderait pas. Les émotions étaient un obstacle. Il n'y avait que la science. La science et la magie.
La science et la magie pour oublier la douleur dans sa poitrine. Dans ses poumons. La douleur qui dévorait, qui détruisait, et qui tuait.
— Viktor, s'il te plaît.
— Je t'ai demandé de partir, Jayce. Tu as sûrement des choses plus intéressantes à faire. Tu dois te reposer pour les réunions et les bals qui t'attendent dans la semaine. Tout le monde attend un homme fort, au meilleur de sa forme, un homme lumineux qui représente l'avenir de Piltover.
Il ne laissa transparaître aucune pointe d'ironie ni de moquerie dans sa voix. Il n'y avait que les faits, une constatation neutre et froide, un ton vide en écho avec le gouffre abyssal qui se creusait au fond de Viktor. Il l'ignorait. Il essayait de l'ignorer. Se concentrer. Oublier. Travailler.
— Tu sais très bien que ce n'est pas de ma faute, Viktor. Je n'ai jamais voulu ça.
De dos, Viktor ne pouvait pas voir l'expression sur le visage de Jayce. Mais à nouveau, il l'imaginait. Il se la représentait dans son esprit fatigué, surmené, las. Son esprit qui ne le lâchait pourtant pas, qui tenait bon. Il n'avait plus que ça, de toute manière. Alors il s'accrochait. Avec l'énergie du désespoir.
Jayce avait été propulsé si haut en si peu de temps. Il avait été aveuglé par la lumière, par le savoir, par le pouvoir, par la reconnaissance. Il avait été aveuglé, et il n'avait pas réussi à fermer les paupières assez tôt. Il s'était agrippé à cette place chez les grands, était resté sur ce piédestal sur lequel il avait été placé. Il était l'Enfant Chéri de Piltover. L'Homme du Progrès. Jayce Talis.
Viktor comprenait ses obligations, ses responsabilités, ses réunions. Mais il ne comprenait pas ses intérêts changeants, ses convictions vacillantes, ses décisions. Jayce voulait changer le monde avec lui, au départ. Lorsque tout avait commencé. Il n'avait jamais voulu devenir Conseiller, oui, Viktor le savait.
Mais il l'était, à présent. Il était devenu quelqu'un d'autre.
Tout comme Viktor.
— Si, tu l'as voulu. Et tu es très heureux comme ça. Nous sommes très heureux comme ça.
Il marqua une pause.
— Tous les deux à notre place.
Une minute de silence s'écoula avant que Viktor entende la porte se refermer en un claquement sec mais sonore. Il grimaça, se massa les tempes, et soupira.
Jayce était dans la lumière, lui était dans l'ombre. Ils avaient construit l'avenir ensemble, mais leurs futurs respectifs prenaient des chemins différents. Chacun avait un rôle, chacun suivait la route qui se dessinait devant lui. Jayce restait aveuglé, alors que Viktor voyait de plus en plus clair. Il ne s'arrêterait pas avant de terminer son travail. Il ne s'arrêterait pas avant que son corps ne le force à le faire.
Le Cœur Hextech déversa sa lumière magnétique sur son visage. Il cligna des yeux et sembla se rappeler de l'existence de l'artéfact. L'existence de ce qui pouvait changer le monde, et peut-être sa vie. Mais la montagne qu'il devait gravir lui paraissait infranchissable.
Viktor secoua la tête, tenta de reprendre ses esprits. Il ne doutait pas, pourquoi doutait-il soudainement ? La fatigue l'embrumait. Peut-être devait-il se reposer, suivre les conseils de Jayce ?
Il baissa les yeux sur son corps maigre, fragile, malade. Sa béquille qui semblait le provoquer, se moquer de ses faiblesses. D'un geste de la main, il l'envoya s'écraser sur le sol. Il se recroquevilla sur son tabouret. La lueur du Cœur révélait chaque imperfection sur sa peau. Chacun des os qui saillait sous ses vêtements presque étouffants.
Son cœur accéléra sa course dans sa poitrine. Sa respiration devint rapidement haletante, son souffle se cogna contre les murs et résonna douloureusement à ses oreilles. Une toux brûlante le secoua. Un spasme. Puis deux. Trois.
Sa vision se troubla. Sa main trouva le bord du bureau et s'y cramponna avec toutes les forces qu'il possédait encore. Il toussa à en cracher ses poumons, pendant ce qui lui sembla durer une éternité.
Quand le calme revint, sa respiration était sifflante, son corps tressaillait. Il se redressa, s'accouda au bureau, et chassa ses larmes de douleur d'un mouvement des cils. Avec horreur, il aperçut le sang sur les feuilles de papier. Il leva sa paume et vit les éclaboussures d'hémoglobine sur celle-ci aussi.
Un gémissement étranglé lui échappa. Non, non, non.
Viktor n'avait plus le temps. Il devait terminer ses recherches. Il devait aider ceux qui avaient besoin de son aide. Il devait trouver un moyen de survivre.
Vite.
Si Jayce était le jour, le soleil éclatant de Piltover qui baignait la population de ses rayons bienfaisants, qui guidait le peuple et qui représentait l'avenir chatoyant de la ville, Viktor était la nuit, enfermé dans l'obscurité, destiné à disparaître, à s'effacer pour laisser place au jour. Il était celui que personne ne voyait, dissimulé dans l'ombre, discret mais rayonnant à sa manière, aussi flamboyant que le jour, que le soleil, que l'Homme du Progrès.
Viktor n'allait pas laisser le jour l'emporter sur la nuit. Il allait se battre jusqu'au bout. Jusqu'à ce que son objectif soit atteint. Plus de temps pour les doutes, pour la souffrance, pour les émotions. S'il voulait vivre, il devait d'abord tout faire pour survivre.
Alors Viktor se remit au travail. Déterminé. Animé par une énergie nouvelle.
Celle d'un homme qui n'avait plus rien à perdre.
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