[AU sans Tuerie] - Oneshot : Quand les temps changent
La sonnerie retentit dans toute l'école, tandis que tout le monde se prépare à sortir. Il n'y a aucun doute, c'est bien la pause déjeuner. La professeure semble ravie de cette pause déjeuner, malgré son dégoût envers certains élèves qui sortent instantanément, ayant rangé leurs affaires quelques minutes avant la sonnerie. Je ne les comprendrais jamais, je pense. Est-ce que gagner quelques minutes vaut vraiment le coup ? Font-ils quelque chose d'utile de ces quelques minutes, au moins ? Ou s'en servent-ils juste pour remplir leur paresse quotidienne doublée à de l'inuti-oh, pardon, je crois que je vais trop loin, là. J'essaye de bien moins parler aux gens de cette façon depuis peu. Et quand je dis "peu", je veux dire "depuis deux ans", ce qui est...plus qu'un peu au final. En même temps, cela fait deux ans que ma vie a pris un virage à 90° et devient...appréciable ? Je pense que c'est le bon mot, même si il ne représente pas à quel point je me sens mieux maintenant. J'imagine qu'aux yeux de certains élèves d'Hope's Peak, cela fasse un choc, surtout chez ceux qui m'ont connu à mon arrivée en 2018, mais j'imagine que ce changement ne pouvait être que bénéfique. Ou bien neutre car ils préféraient m'ignorer, choisissez la version que vous préférez, cela m'importe peu.
Pendant ce temps, je finis de ranger mes affaires, en prenant mon temps. Je ne suis pas particulièrement pressée aujourd'hui, car je mange seule. Mes deux trésors sont soit occupés par des activités, soit en train de manger avec d'autres amies à elles. Je ne leur en veux pas, ne vous en faites pas. J'avais envie de manger seule, pour une fois, donc je suis satisfaite. Finalement, je suis la dernière personne à sortir de la salle, juste avant la prof. Cela ne me dérange pas, et de toute façon, que je sorte dernière ou première, rien ne change. Je déambule dans les couloirs pour finir par sortir dehors et regarder un coup le ciel. Il fait plutôt frais, mais assez beau, et il n'a pas l'air d'y avoir d'averses prévues. Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas météorologue, hein.
Je décide donc de me mettre à la recherche d'un endroit pour m'installer et manger mon repas. Oui, je sais faire à manger, c'est si surprenant que ça? Certes, je vivais avec la nourriture de servants, mais j'admets que je n'ai jamais aimé cela. Donc je me faisais, de temps en temps, mes propres repas. Mon frère ne comprenait jamais cela et me traitait d'idiote, mais au final, je pense plus que c'est lui l'idiot dans l'histoire. Et ma famille...ne savait rien de cela, car j'ordonnais aux servants qui me surveillent de ne rien dire sous peine d'être viré. Cela fait sûrement un peu abus de pouvoir pour certains, mais c'était nécessaire. Enfin bref, il faut que j'arrête de divaguer comme cela. Les quelques lieux que je connaissais ont malheureusement l'air d'être pris, même mon second préféré. C'est assez énervant, mais j'imagine qu'il ne me reste plus que mon lieu préféré à aller vérifier. Je me dirige donc à pied vers le parc le plus proche du lycée. Le trajet ne prend que quelques minutes, pendant lesquelles je profite pour observer la vie prendre cours de façon normale. Cela peut paraître anodin, mais avoir conscience qu'un monde entier tourne autour de nous, et que nous ne sommes qu'un rouage, cela peut paraître déprimant, mais je trouve cela passionnant. Se dire que des milliards de rouages peuvent former une machine aussi complexe que l'humanité est en soi un miracle. Certes, il a d'énormes défauts, mais un miracle est un miracle.
Je finis enfin par arriver au parc, et je remarque qu'aucun élève ne semble présent. Parfait, c'est exactement ce qu'il me fallait. J'entre alors sans rien dire et commence à avancer tout en profitant du vent qui souffle sur ma peau. Cette petite brise... est très agréable, je dois l'admettre. Au fur et à mesure que je marche, je profite pour admirer les environs. J'ai beau venir ici plusieurs fois par mois, le charme de ce lieu reste intact, comme si je l'oubliais à chaque fois pour le redécouvrir. Cette sensation très agréable fait que ma relation avec ce lieu n'est que positive, et elle le restera pendant un long moment. Après quelques minutes, je finis par remarquer que le banc où je m'asseyais d'habitude est occupé. Et pas par n'importe qui, car il s'agit de... Chesu...Shirokuro.
Évidemment. Sur tous les élèves possibles d'Hope's Peak, il fallait que cela tombe sur celui que j'apprécie le moins. Celui qui a eu cette idée, va bien te faire voir chez les grecs. Enfin bref... désolé pour les grecs, hein. Ouais, ma relation avec Chesu est... compliquée. Dès le début, j'ai senti qu'il avait tout pour que je le déteste, mais pour que d'autres l'apprécient, et ça, c'était la Lucie d'il y a 2 ans, ce qui fait que...j'ai été un peu violente avec lui... ? Un peu trop, même... Au point que je pense que même maintenant, Chesu doit faire partie des seuls élèves qui peuvent encore me détester. Mais je ne lui en veux pas, je sais que j'ai merdé, et je sais que son avis doit être figé dans la roche, à présent. Je vais donc aller à un autre banc, manger mon repas, et tout ira très bien-ah non, il vient de lever la tête et de me remarquer. Génial, je vais devoir parler avec lui.
- Oh, L-Lucie ...
- Oui, c'est moi, Chesu.
- T-Tu cherchais un banc pour t'asseoir... ?
- Un peu, mais tu es déjà là, donc je vais chercher une autre place. Ne t'inquiète pas pour moi.
Pourquoi je dis ça ? Bien sûr qu'il n'en a rien à faire de moi, vu qu'il me déteste sûrement. Je tente de faire quoi, là ?
- N-Non, s-si tu veux, je peux te faire un peu de place...
- Ne te force pas. Je sais que tu me détestes sûrement, alors ne fais pas semblant de l'oublier pour passer pour une bonne personne.
- J-Je n'essaye rien ! J-Je veux juste te laisser un peu de place...
Alala, ce qu'il y a de passionnant chez Chesu, c'est sa capacité proche du néant à mentir. Quoi que...non, il est tellement visible lorsqu'il ment que c'est trop facile de voir quand il dit la vérité, et c'est le cas actuellement. Alors monsieur veut-il vraiment me laisser de la place ? Je m'avoue surprise, surtout venant de sa part, mais je ne m'attends à rien de plus.
- Bien. Puisque tu insistes.
Je m'assois donc sur le banc tandis que le Joueur d'Échecs s'écarte un peu avant de reprendre son repas. Je sors alors le mien et commence à manger après avoir sorti les couverts et la serviette. Pendant plusieurs minutes, aucun son ne se fait entendre, et le repas continue comme si rien d'anormal ne se passait. Je veux dire, on profite de notre repas, et tout se passe bien pour le moment. Enfin, "bien", c'est plutôt "bien pour un repas avec Chesu". Je ne suis pas vraiment d'humeur à parler, pour être honnête, mais j'imagine qu'actuellement, la situation est assez exceptionnelle pour que je m'autorise cela.
- Comment vas-tu, ces derniers temps ?
Évidemment, cette question le surprend, et il me regarde comme si je venais de révolutionner la science. Ou bien c'est son regard habituel face à ses partenaires... Après réflexion, ouais, c'est ce regard qu'il fait avec les autres.
- O-Oui...assez bien, pour être honnête...ça m'étonne que tu me le demandes...
- Et ça m'étonne que tu aies l'honnêteté d'avouer que ma question te surprend. Pour ma part, je vais bien, même si tu n'as pas posé la question.
- T-Tant mieux, dans ce cas... m-mais, pourquoi me parler autant...
- Car j'ai envie ? Et aussi car je sens qu'il faut que je clarifie quelque chose.
- Q-Quoi d-donc... ?
Aïe, le moment qui gêne. Je sais ce que je veux dire, mais le dire à haute voix me fait toujours bizarre. Car oui, si je pensais qu'il n'était pas de confiance, qu'il représentait tout ce que je déteste en un être humain, et qu'il devait mourir, mon point de vue sur lui a pas mal changé. Je ne sais pas comment j'ai pu penser quelque chose d'aussi négatif à propos de quelqu'un, mais c'était bien le cas. Au final, ces deux années m'ont fait comprendre que certes, il n'avait pas la lumière à tous les étages dans certains domaines, mais il n'avait rien d'une mauvaise personne. En tout cas, c'est comme ça que je le vois. Après, c'est peut-être car ma relation avec Mashiro et Lisa m'a amené à voir les autres d'un point de vue plus subjectif et moins basé sur une pseudo-objectivité qui était bien plus subjective qu'un point de vue qui assumait de ne pas être objectif. Mais je m'égare encore une fois. Je vois bien qu'il attend une réponse de ma part, et je soupire avant de commencer à parler.
- Je sais que tu me détestes. C'est compréhensible, et je ne t'en veux pas pour cela. Je sais que je n'ai jamais été tendre avec toi, et que je ne le suis toujours pas actuellement. Mais... après deux ans, mon point de vue sur toi a quelque peu changé. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai développé des sentiments, je ne suis pas de ce type. Mais, j'admets que ta présence n'est plus si perturbante que cela. Alors, je sais que ton point de vue sur moi ne changera sûrement pas du jour ou lendemain, je tenais à clarifier notre situation pour que tu comprennes que ce status quo a changé, et continuera à changer pendant un moment. Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire.
Bon, j'ai peut-être été trop hésitante sur mes mots, mais j'espère bien que le message est passé. Je vois Chesu détourner le regard, trembler légèrement et bégayer un début de réponse, mais rien de concret ne sort de sa bouche. Je peux le comprendre, ce que je lui ai dit a dû changer pas mal d'à priori. Mais je m'en fiche, il fallait bien que cela sorte un jour.
- Si ton point de vue sur moi ne change pas, je ne t'en veux-
- J-Je ne te déteste pas...?
- Quoi?
Wait, what? Alors celle-là, je ne m'y attendais pas. Je me doutais qu'il pouvait être un peu idiot, mais à ce point-là, je suis surprise. Comment peut-il, après deux ans de remarques blessantes, il peut encore ne rien ressentir de négatif envers moi ?
- J-Je n'ai jamais d-dit que je te détestais...t-tu me fais peur, certes... mais jamais je ne t'ai détesté...
- Eh bien, c'est surprenant. Mais qu'essayes-tu de me dire ?
- Q-Que...j-je suis content...que ton avis sur moi ait changé... e-et que j'attends de voir ce que... ça va changer à l'avenir...
- Compréhensible. Pour le moment, je te considère comme une personne neutre, pour éviter de retomber dans mes à prioris. Mais, à l'avenir...est-ce je pourrais te considérer comme un ami?
- J-Je verrai s-selon le moment, mais...o-oui, bien sûr ! Et ça sera réciproque.
- J-Je vois...m-merci, Chesu...
- De rien ! I-Il va falloir qu'on retourne en cours, par contre...
- Oui, allons-y.
C'est sur ces mots que nous retournons au lycée, sans nous presser. Nous allons clairement revenir en retard en cours, mais cela ne me dérange pas tant que cela. Cette discussion va rester dans ma mémoire pendant un certain temps, nul ne sait si ça sera dans un bon ou dans un mauvais sens. Quoi qu'il en soit, je suis ravie que ça se soit si bien passé. Chesu, un ami... ça pourrait paraître étrange pour la Lucie de 2022, mais maintenant c'est une possibilité bien plausible.
Ça va juste prendre un peu de temps.
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