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Reaper x Passive!Nightmare

Salut ! Ça fait un bail- *tousse*

Ceci est le premier personnage x personnage de ce recueil. Il y avait un event sur le serveur Discord de artzii_child's (instagram) pour le fun où il fallait écrire une histoire avec la phrase : "Peut-être dans une autre vie."

J'ai voulu faire un xReader mais j'ai eu un éclair d'inspiration et voilà !

Fandom : Undertale

Rappel :
Le récit est à la troisième personne du singulier : Elle/Il/On/Iel.
Reaper!Sans de Reapertale appartient à Renrink (Tumblr).
Passive!Nightmare de Dreamtale appartient à Jokublog (Tumblr).
Il y a des headcanons de ma part.

La musique : Brother - Kodaline

Artiste de l'image en media : skelle_core (instagram)

Ce sera une fiction longue. Même si cette histoire peut se lire toute seule sans problème !

Trigger Warning : Mort, arme, sang, mention de harcèlement et suicide, mot grossier, blessures, santé mentale(?)

Bonne lecture !

P.S. : Je rappelle que Passive!Nightmare a 6 ans initialement et que Reaper est immortel. Il n'y a donc PAS de romance !

*

Peut-être dans une autre vie

Sans, plus connu sous le triste surnom de « Reaper », détestait son travail. Et cela, pour plusieurs raisons.

Premièrement, il était un Dieu de la Mort. Néanmoins, comme cela ne semblait pas suffisant de lui assigner ce travail horrible dès sa création, il devait forcément être différent de son frère. Papyrus était un Dieu de la Mort également... Mais de la mort sans souffrance : il n'apparaissait qu'auprès des êtres purs ou acceptant leur destinée dès le départ. Ceux qui mouraient paisiblement, l'esprit tranquille et le cœur léger.
Sans, lui, devait faucher les âmes de personnes ayant commis des crimes atroces, qu'elles soient repenties, qu'elles regrettent... ou non. Dans tous les cas, elles refusaient toutes leur mort. Et étaient vraiment malpolies, espiègles ou méprisantes.

Ne vous méprenez pas, il adorait son frère. D'ailleurs, il lui souhaitait de ne jamais connaître l'aspect agonisant de leur domaine. Enfin... de ne jamais l'expérimenter.

Deuxièmement, la mort ne connaît aucun repos. Il fallait toujours se rendre à tels endroits, à tels instants, auprès de telles personnes. Il fallait écouter les dernières prières, les derniers mots, les pleurs, les hurlements déchirants du mourant ou de son entourage. La preuve en est que, même le plus corrompu des êtres vivants pouvait avoir une famille, des gens qui tiennent à lui.

Ainsi, Reaper accomplissait sa tâche ingrate. Et au fur et à mesure des jours, des mois, des années, il vécut des situations simples, complexes, des vertes et des pas mûres, saugrenues ou frustrantes... Il en préférait certaines à d'autres, sans pour autant commencer à véritablement aimer son devoir morbide.

Il préférait faucher avec précision ce fragile lien reliant l'âme au corps, sans une once d'amertume. Il accordait rarement cinq minutes de vie en plus à ceux qu'il appelait « patients ». Après tout, les siens ne le méritaient clairement pas.
Cette situation était supportable, il la gérait bien et elle rendait son travail plus facile, puisque l'âme était transférée dans l'au-delà sans problème. Ironiquement, c'était aussi celle qui arrivait le moins.

Bien évidemment, il y avait toujours d'autres moments plus... problématiques. Plus récurrents.
S'il n'avait pu être présent à temps pour faucher lui-même le fil de la vie, celui-ci se brisait alors de lui-même. Et les complications commençaient car il fallait persuader l'âme de le suivre ou réussir à la coincer. La tranquillité une fois mort, quelle blague !

Tout un plan de négociation se mettait alors en place, composé de paroles doucereuses et de colère contenue d'un côté ; et de fureur, de peur et de désespoir de l'autre. Reaper devait faire appel à tout son self-control pour convaincre l'âme d'enfin abandonner. Plusieurs fois, il faillit s'emporter puisqu'une seconde de perdue à essayer d'attraper une seule personne, laissait les autres mourants du Multivers se faucher d'eux-mêmes et répéter la même scène.

Il devait littéralement poursuivre, courir après ces esprits parfois fuyant ou se cachant de lui. Cependant, jamais pour très longtemps : Reaper pouvait ressentir leur présence. Il était la Mort elle-même, après tout.

Et il y avait d'autres situations plus rares mais plus ardues encore... Comme ces personnes qui, même après la fauche, ne réalisaient pas qu'elles étaient désormais intangibles à jamais. Celles-ci étaient les plus enclines à devenir des Doppelgänger, Poltergeist ou tout autre entité surnaturelle dangereuse sous le coup de fortes émotions négatives. Surtout lorsqu'elles prenaient enfin conscience de leur état. Et Reaper refusait cela, il ne voulait plus avoir affaire à ce genre de chose.

Il ne voulait même pas penser aux âmes de Détermination ou tout autre type étrange qui le faisait se déplacer pour rien : elles refusaient la mort et même lui, ne pouvait rien y faire tant que leur véritable heure n'avait pas sonné. Il pourrait les ignorer, or ce qui était rageant, était qu'il ne savait justement pas différencier ces « fausses » morts avec les « vraies ». Ces fichues âmes décédaient bel et bien mais refusaient ce fait... et revenaient à la vie.

Hélas, si son instinct de faucheur lui indiquait un Univers où il était requis, il s'y rendait donc. Ne sait-on jamais.
C'étaient ces cas particuliers qu'il rencontrait de temps à autre.

Tout cela le fatiguait continuellement. Et même si, en tant que créature divine, il ne ressentait ni douleur physique ni fatigue, son moral qui n'était déjà pas au beau fixe, en prenait toujours un coup. Rares étaient ceux qui acceptaient enfin leur destin au bout d'une parole, le suivant docilement sans broncher, acceptant sa faux sur leur être ou le toucher de sa main. Geno l'avait même attaqué à plusieurs reprises.

Voilà le genre de plaintes qui passaient dans le crâne de Reaper, alors qu'il pourchassait pour la énième fois un esprit. Ses pensées sombres tournoyaient, l'assaillaient et l'énervaient tandis qu'il laissait son corps gérer l'énergumène.
Il soupira de soulagement lorsqu'il attrapa enfin l'enfant par la main, scellant à jamais celui-ci dans l'au-delà. Cette version alternative de Chara lui en aura fait voir de toutes les couleurs...
Décidément, se dit-il, les Frisk et les Chara étaient définitivement les pires à faucher.

Il fronça les arcades sourcilières et se pinça l'arête du nez, sentant la migraine se pointer. Il se téléporta chez son prochain patient, censé venir à lui dans deux minutes. Profitant de son court temps de répit, le squelette passa dans la cuisine et remplit discrètement sa tasse de café noir encore tiède. Engloutissant le liquide en deux temps trois mouvements, il se sentit beaucoup mieux.
Heureusement, le café l'aidait à tenir. Même s'il savait qu'il en abusait beaucoup trop, le goût amer lui procurait une sensation d'un semblant de vie. Mais ce qu'il appréciait était la chaleur du breuvage qui lui donnait une vague impression de mélancolie. Un sentiment de plénitude nostalgique se propageait alors dans tout son être pendant quelques précieuses secondes.

Reaper lava son récipient et la rangea sous sa tunique, faisant apparaître son outil de travail. Une porte s'ouvrit à la volée, la balle partit et son client s'effondra au sol. Sa faux s'abattit sans aucune hésitation tandis que ses ailes se déployaient, prêtes à l'emmener à sa prochaine destination...

*

Reaper croisait rarement son frère.

Chacun ressentait la présence de l'autre et savait exactement où celui-ci se trouvait dans le Multivers. Cela était dû à un lien magique dont la raison de son existence leur demeurait flou. Peut-être à cause de leur statut de Dieu ? Ou bien une caractéristique de frère que Gaster a voulu leur donner ? Ils ne s'en préoccupaient pas trop, cela leur était bien pratique.
La solitude et l'horreur de leur travail les auraient déjà rendu fous.

De toute façon, leurs retrouvailles ne signifiaient qu'une seule chose : plusieurs personnes avec différents états d'esprit se trouvaient aux portes de la mort, ou avaient déjà trépassé. Plusieurs raisons pouvaient en être la cause : une guerre, un accident, un événement météorologique désastreux, de la malchance...
Généralement, les deux squelettes ne se lançaient qu'un regard consterné ou encourageant. Tout dépendait de la situation, qui pouvait être horrible, insupportable à observer.

Quelquefois, les Dieux de la Mort se retrouvaient tous les deux devant un cas déroutant. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils se rendirent compte qu'il existait des personnes dont la mort ne pouvait prendre part à leur destin. Tel cet étrange enfant gris.
Ink et Geno faisaient également partie de ces immortels. Ils n'étaient pas des Dieux. Mais c'était tout comme. Ils étaient les seuls êtres vivants que Reaper pouvait toucher sans les faire devenir poussière.

Il arrivait aussi que, de temps en temps, Core se joigne à lui ou Papyrus pour leur tenir compagnie. Même si ce mystère ambulant ne restait jamais bien longtemps. Le dernier soupir, le plus doux soit-il, n'a rien d'amusant à observer même pour un être omnipotent. Surtout de près.

C'était ironique. La mort qui se retrouvait dans une impasse. Où elle n'était même plus le point de non-retour. Devenant juste une formalité, parfois inconcevable, parfois oubliée ou même déjouée.

Alors, lorsque Reaper s'aperçut qu'il devait se rendre à Dreamtale, ce même endroit où il ressentait actuellement la présence de son frère, il poussa un profond soupir. Qu'est-ce que ça allait être cette fois-ci ? L'agacement commençait déjà à l'envahir.
Il n'aimait déjà pas ce qu'il faisait, pourquoi lui rendre la tâche plus compliquée encore ?

Haut les cœurs ! Peut-être qu'ils seront tout simplement dans le même Univers Alternatif mais à des localisations complètement opposées. De plus, il se rappelait que ce monde était plutôt plaisant et gentillet. Enfin... tout n'était pas rose non plus. Il n'avait pas pu visiter grand-chose pour réellement s'en faire une idée, seulement les quelques habitations où il avait fauché quelques vies. Mais il se souvenait néanmoins parfaitement de Dream.

L'enfant qui arrivait presque toujours à temps avec ses pommes couleur or pour empêcher le trépas d'une personne ; celle-ci lui hurlant dessus, avec impétuosité et méchanceté.
Il était clair que le pauvre garçon se faisait exploiter par ces ingrats de par sa qualité de Gardien. Son frère Nightmare n'était pas en reste. Aussi victime de harcèlement sans que Dream n'en sache rien, cela allait jusqu'aux menaces de mort.

Reaper grinça des dents en fauchant sa dernière âme du monde où il se trouvait, ses pensées revenant à la charge. Maintenant qu'il y pensait... et si c'était pour eux qu'il devait aller à Dreamtale ? Ces petits étaient entourés de crapules depuis leur création. La probabilité était beaucoup trop forte, leur courte vie avait été un enfer...

Même en tant qu'entité en principe omniprésente, Reaper ne pouvait voir ou anticiper la façon dont ses patients quittaient le monde des vivants. Il savait qu'ils le faisaient, il venait et c'était tout. Cependant, cette fois, il n'y avait nul doute pour lui. Tout coïncidait trop et il n'était pas idiot.

L'un mettait fin à ses jours, acceptant donc la venue de Papyrus. La vie de l'autre ne tenait plus qu'à un fil, priant certainement pour que Reaper n'apparaissent jamais.

Secouant la tête pour éviter d'imaginer cela avant l'heure, le faucheur se téléporta en un claquement de doigts, prêt à encaisser la fin misérable et injuste de deux enfants innocents.

*

Reaper avait toujours eu l'habitude de prévoir le pire. Qu'il ait raison ou tort, cela importait peu. L'issue restait toujours la même.

Pourtant, lorsqu'il apparut près de ce pommier aux fruits bicolores, ses orbites s'assombrirent. Il ressentait une atmosphère pesante autour de lui. Elle avait tout d'une guerre impitoyable. Le ciel azuré avait fait place à un rouge sang oppressant, les nuages rougeoyants assombrissant la terre. L'air semblait s'être refroidi... un froid mordant le cœur, le transperçant telles des milliers d'épines. Qu'était-il advenu du bonheur ? Disparu. Il n'y avait plus rien qu'une ambiance donnant la nausée, procurant douleur et furie à en perdre la tête.

De l'Arbre des Sentiments, il ne restait qu'un tronc et des branches asséchés, les pommes entièrement noires pendouillant malheureusement. La négativité régnait désormais en maîtresse, s'étant emparé de ce trône de bois l'accueillant froidement ; cette nouvelle reine renversant l'équilibre et la paix avec la positivité. Intentions meurtrières, paranoïa, dépression devinrent ses mercenaires. Silence, manipulation, méchanceté devinrent ses sbires.
Et à ses pieds, l'initiateur involontaire de ce coup d'État. Un squelette de six ans, horrifié, tenant une pomme maculée d'ébène dans sa main.

Sans sentit son âme cogner dans sa cage thoracique. Il se crispa, une main venant agripper sa robe à l'emplacement du point culminant de tout son être. Ah... Qu'il se sentait mal. Il se sentait défaillir...
Sa vision s'obscurcit, il pouvait presque voir un voile lui bander les yeux, ses pupilles s'effaçant. Ses pensées se laissèrent submergée par un noir infernal semblable à un cumulonimbus effroyable. La tornade dans son esprit prenait de l'ampleur, broyant chaque parcelle de sa raison, renversant toute capacité de jugement. Sa tristesse se métamorphosa en chagrin, sa colère mua en rage, son mépris se transforma en dégoût. Son corps se mit à trembler violemment, sa tête foudroyée par une douleur lancinante. L'orage l'habitant grandissait, cherchait à devenir ouragan.

Le Dieu de la Mort était prêt à exploser. Trop, c'était beaucoup trop ! Mordant sa langue, il saisit sa tête de ses deux mains. La respiration erratique, les battements de son âme allant de plus en plus vite... Tout n'était plus que brouillard et ténèbres. Il devait se libérer, il devait laisser cet enfer sortir ! Il se sentirait si bien, si mieux !

L'un des effrayants pouvoirs de Reaper était la formation de trous noirs. Il s'en servait uniquement pour attraper les âmes le fuyant. Mais il arrivait qu'en pleine fureur, la noirceur l'engloutisse. Alors, l'attraction inexorable du corps céleste détruisait tout sur son passage. Et c'était exactement ce qui était en train de se passer.
Une aura obscure commença à l'entourer. Et toutes ces voix résonnant de plus en plus fort dans son esprit ne cessaient de lui murmurer de manière pateline la même phrase : À quoi bon essayer de lutter... ?

L'ange de la mort tombait dans les affres du désespoir et rien ni personne ne pouvait l'en empêcher.

- Sans ! Sans ! Tu m'entends, Sans ? Concentre-toi sur ma voix !

Le squelette à capuche sentit deux chaudes mains lui attraper les joues, le forçant à relever la tête. Ses orbites vides rencontrèrent les pupilles inquiètes de son frère. Sans pouvait entendre les cris de personnes agonisant autour de lui, distinguant des mouvements flous derrière Papyrus qui le forçait à ne porter son attention que sur lui. Le chaos vociférait toujours à l'intérieur de lui, essayant de l'arracher à ce contact salvateur.
Dans tout ce capharnaüm, Reaper en avait presque oublié la personne qui comptait le plus pour lui, la seule capable de l'arrêter.

- Voilà, c'est bien... Regarde-moi, Sans. Respire doucement. Ça va aller, ça arrive à tout le monde de se sentir dépassé, continuait Papyrus d'une voix calme. Tu le ressens toi aussi. Il reste une lueur d'espoir quelque part. Tout n'est pas perdu, ne t'inquiètes pas. Concentre-toi sur cette infime positivité. Je suis là.

Sans empoigna soudainement les poignets de celui-ci, les serrant fortement comme essayant de trouver un point d'ancrage quelque part dans le monde physique. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait cessé de respirer, submergé par les vagues de négativité. Il ferma ses yeux, exécutant ce que l'autre dieu lui demandait.
Lentement, sa poigne se desserra, ses propres pupilles réapparurent. Comme si une lumière irradiant de Papyrus perçait à travers ses nuages d'états d'âme, dissipant ses pensées intrusives.

L'être divin recouvra tout à fait ses esprits, frappé par la réalité tel un soufflet au visage. Ce fut à ce moment-là qu'il réalisa le silence pesant tombé sur Dreamtale. Tout semblait dévasté, abandonné, en deuil. L'odeur ferreuse du sang se mélangeait à des relents nauséabonds capables de retourner n'importe quel estomac. Le sol s'imprégnait d'un liquide aussi noir que les abysses et exhalant des effluves infects. Le sang écarlate gouttait encore des corps tranchés en deux d'une netteté macabrement impressionnante. Une statue ressemblant à Dream se trouvait au sol, près d'un tronc pourri.

Un frisson parcourut son échine en voyant ce brusque changement de cet Univers Alternatif pacifique en monde postapocalyptique. Plus d'êtres vivants, seulement des cadavres jonchant le sol et des zombies errant sans but. L'unique émanation de vie qu'il pouvait ressentir se trouvait au creux de ce Dream de pierre.
Les âmes hurlaient à qui mieux mieux, fuyant, pleurant, essayant de tenir leurs êtres aimés dans leurs bras sans succès. Cette vision lui pinça le cœur. Un mélange d'agacement et de résignation s'empara de son cœur. Reaper haïssait son travail.

- Que s'est-il passé ? murmura-t-il, toujours perturbé par ce qu'il venait de vivre.

Papyrus lui raconta tout.
Comment Nightmare avait contaminé toutes les pommes de négativité, lui expliquant pourquoi Reaper avait été affecté aussi durement par cette transformation qui supprima toute émotion positive de ce monde. Comment Dream avait été bousculé et piétiné sans merci. Comment Nightmare avait été prêt à se laisser mourir roué de coup par les habitants. Comment le Dieu de la Mort s'était tenu prêt à lui tendre la main pour le rassurer une fois cela fait.

Pourtant, le squelette habillé de violet s'était raccroché à la vie. Et ce changement interdit définitivement à Papyrus de faucher sa vie à son plus grand dam. Il s'était senti impuissant, il n'avait pu collecter qu'une seule âme de cet endroit : une dame en stade terminal que Dream était censé sauver avec la dernière pomme dorée.

Le frère de ce dernier avait croqué dans une pomme noire, avant de manger toutes les autres. Cela, tout en supportant une souffrance incomparable alors que la corruption dégoulinait de son corps. Alors que ses os se brisaient ne pouvant contenir tout ce mal qui s'y engouffrait. Il lui répéta mot pour mot la dernière volonté d'un être brisé.

Il lui narra tout, sans rien omettre, le visage affligé. Papyrus était la personnification de la Mort. Mais il restait Papyrus. Il ne pouvait supporter la souffrance d'autrui.
Bientôt, l'enfant disparut, englouti par cette masse noirâtre à l'odeur fétide et aux tentacules meurtrières. Les cris, les meurtres, la désolation... En l'espace de quelques minutes seulement, tout un monde avait été condamné. En l'espace de quelques secondes, une âme pure avait été souillée de péchés.

Sans demeura silencieux pendant ce temps, son visage arborant une expression indescriptible. Papyrus avait relâché son visage, restant à ses côtés mais n'osant plus regarder la scène qui lui donnait des haut-le-cœur. Et une fois son récit terminé, il attendit une quelconque réaction de la part du plus petit des squelettes.

Soufflant du nez de manière sarcastique, celui-ci esquissa un sourire abscons. Au loin, il pouvait deviner les âmes des malheureux, lentement prendre conscience de leur état ou être contaminé par la négativité, se changeant en entités fantomatiques et esprits mauvais. S'il s'y mettait maintenant, il pouvait empêcher que les choses ne se corsent.
Ah, la vie... Quelle blague de mauvais goût ! Lui qui s'attendait à découvrir deux cadavres près de l'Arbre des Sentiments, se retrouvait à chasser monstres spectraux. Il ouvrit finalement la bouche, regardant son frère dans les yeux.

- He... Comme quoi, il suffit d'une pomme pourrie pour gâter tout le tas, dit-il d'un air nonchalant.

Papyrus resta figé à sa phrase en lui faisant les gros yeux, son esprit essayant de bien assimiler ce qu'il venait d'entendre. Le temps qu'il réagisse, Sans avait déjà sorti sa faux, prêt à se mettre au travail, ricanant légèrement à la tête de son frère.
Cela lui faisait du bien de plaisanter ou de parler de la pluie ou du beau temps avec lui. Il avait l'impression que ses soucis s'envolaient juste pour un court instant.

- Sans ! s'écria enfin le grand squelette outré, croisant ses bras telle une mère grondant son enfant. Sérieusement ?!

Bien sûr, ce commentaire était déplacé dans cette situation. Mais le dieu connaissait bien Reaper. Lorsqu'il se comportait ainsi, c'était pour cacher son mal-être. Une manière d'annoncer que son frangin n'en avait rien affaire... quand c'était absolument l'inverse.
Jamais Sans ne lui parlait de ce qu'il se passait dans sa tête. Jamais il ne se confiait. Ils avaient toute l'éternité devant eux mais Papyrus savait que rien ne changerait.

Ce dernier soupira avant de reprendre un air soucieux, décidant de changer de sujet pour ne pas braquer le faucheur. Il jeta un coup d'œil aux apparitions grondant et sifflant à travers Dreamtale, errant comme des âmes en peine, crachant un liquide visqueux et répugnant.
Et soudain, il sentit le besoin vital -façon de parler- de se rendre dans un autre Univers. Le voilà de nouveau en connexion avec une âme. Cela tombait mal mais la mort ne prenait jamais de vacances.

- Le devoir m'appelle. Ça ira tout seul ? voulut s'assurer Papyrus, un peu coupable de devoir laisser Sans gérer les conséquences des actes d'une seule âme infortunée.

Oh, il savait qu'il n'aurait aucun problème à les vaincre. Mais la mort n'attend rien ni personne et chaque seconde perdue compte. Ce désordre avait déjà probablement retardé la collecte d'âme de son frère.

- T'inquiètes, frangin. Ce n'est pas la mort. Ils sont en compote, je les aurais facilement ! répondit Reaper en lui faisant un clin d'œil.

Le concerné n'afficha qu'une expression impassible avant de lever les yeux au ciel, contenant son agacement face à ces blagues qu'il appréciait peu. Le second degré, le malheur des autres, l'autodérision, les sujets polémiques... très peu pour lui !
Il salua une dernière fois son homologue en lui souhaitant bonne chance ; puis, il ouvrit un portail et le traversa, l'emmenant ailleurs.

Sans se retrouvait désormais seul, dans cette immensité rougeâtre et glauque. Haussant les épaules, il fixa son regard sur une créature paranormale dont la puissance s'était décuplée à force de s'exposer au mal enveloppant le monde. Cette concentration de matière gluante était d'une telle puissance... cela pourrait ravager tout un Multivers.
En un claquement de doigt, il fit apparaître un Gaster Blaster et tira sans une once de remords sur ce qui fut autrefois un être vivant ordinaire. La déflagration et le rayon lumineux attirèrent l'attention des autres monstres, poussant des cris stridents avant de s'élancer sur l'homme à la faux, sentant le danger qui en émanait.

- Je meurs d'envie de boire une tasse de café, grinça la Mort entre ses dents, son œil droit brillant d'une magie ardente.

Ses yeux froids toisèrent ses ennemis. Prenant son élan, les ailes déployées telle une ombre au-dessus d'eux, il était prêt à mener la danse, sa tunique virevoltant à chacun de ses mouvements. Sa lame affûtée s'éleva, marquant le tempo d'une longue partition. Ses Gaster Blaster constitueront l'orchestre, ses trous noirs feront résonner la dernière note.

De nouveau, l'ange de la mort jouera cette mélodie silencieuse qu'était le repos éternel.

*

Un soupir se fit entendre lorsque son arme trancha la viscosité du dernier esprit malin. Sa faux se volatilisa et ses ailes se replièrent alors qu'il s'étirait, sa tête penchant en arrière pour observer le ciel carmin. Reaper était légèrement fatigué et essoufflé. Sa cage thoracique montait et descendait au rythme de sa respiration irrégulière, sa bouche happant des goulées d'air inutiles à son corps. S'il pouvait ressentir la chaleur, il aurait tous les symptômes d'un effort physique passé. Un rire sardonique lui échappa à cette constatation.

Il était un Dieu de la Mort, un être immortel et invincible. Le temps n'avait aucune incidence sur lui, il défiait même les lois de celui-ci. Il n'avait en réalité besoin ni de manger, ni de boire, ni de dormir. Son toucher était mortel, ses armes impitoyables et la fin, inéluctable.
Or à la moindre utilisation de sa magie, il faiblissait et devait se reposer ? Quelle ironie du sort !

Son instinct de faucheur le rappela à l'ordre. Encore. Il devait continuer son voyage infini. Poursuivre des âmes, faucher, visiter les enfers de temps en temps. Il devait oublier cet Univers Alternatif comme tant d'autres.
Sa mâchoire se contracta. Il en avait assez. Mais les fils du destin le maintenaient bien sagement sous sa coupe, telle une marionnette. Il devait obéir ou ce serait le chaos. Et tout serait de sa faute. Encore.

Il secoua la tête. Le village lugubre se dressait devant lui, le silence angoissant du lieu le rendait fou. Pas un souffle de vent, pas un chant d'oiseau. Il sentait qu'il ne restait que deux survivants. L'un, changé en pierre ; l'autre, à plusieurs kilomètres du village. Ce qui était étonnant. Peut-être cette personne était-elle immunisée contre cette corruption.
Se sentant mal à l'aise, Sans s'apprêta à dire adieu à Dreamtale et se téléporter ailleurs.

Ce fut là qu'il l'entendit.

Des sanglots, des hoquets, une petite voix fluette et étouffée qui gémissait plaintivement. Était-ce Dream ? S'était-il libéré du sort ?
Non. Sa nouvelle âme était dans un état léthargique. Mais alors qui ? Un fantôme qu'il aurait vraisemblablement oublié ? Si c'était le cas, pourquoi ne pouvait-il pas le détecter ?

Se retournant pour faire face à la colline où se trouvait autrefois le majestueux arbre, Sans remit sa capuche en place, commençant à marcher d'un pas lent vers l'origine des bruits. Une fois arrivé en haut, il ne put s'empêcher d'avoir un mouvement de surprise.
Allongé sur le sol près des racines en décomposition, la statue de Dream, face contre terre, était couverte de poussière et faisait peine à voir. Les quelques flaques de négativité restante avaient fondu et séché autour de lui. Cependant, ce n'était pas ce que Reaper regardait.

Nightmare.

À genoux, pleurant à chaudes larmes sur son frère statufié.
Il l'enlaçait, les perles d'eau venant inonder la roche. Ses joues blanches étaient désormais bouffies, laissant couler sans fin ses larmes, qui allaient détremper ses jolis vêtements mauves. Le diadème sur sa tête auparavant d'un or éclatant, était dorénavant bien morose, presque ocre. Ses petites mains agrippaient tant bien que mal le seul qui avait toujours compté pour lui. Il essayait de se blottir contre le dos froid et inconfortable du Gardien de la Positivité, essayant de trouver le réconfort qu'il avait perdu par sa propre faute...

- Pardon ! Dream, je te demande pardon ! Je suis désolé ! Pardonne-moi ! sanglotait-il, s'excusant encore et encore, la respiration saccadée.

Il était évident que la culpabilité rongeait le petit squelette. Il n'avait jamais voulu tout ça.
Et cette vision déchirante laissa un goût amer au Dieu de la Mort. Il ne connaîtra jamais cette cruelle douleur lors de la perte d'un être cher. En revanche, rien que la pensée de perdre Papyrus faisait battre son cœur violemment. Il comprenait cet attachement et tout le malheur et le bonheur qu'il pouvait engendrer.

- Réveille-toi ! S'il-te-plait, ne me laisse pas ! s'époumonait Nightmare, suppliant. Je jouerai avec toi ! Je te lirai des histoires, je continuerai de t'apprendre à lire ! Je ferai tout pour toi, alors réveille-toi !

Ce garçon subissait la pire des tortures, même après avoir trépassé. La souffrance psychologique et physique qu'il devait endurer depuis sa naissance était de loin, l'une des pires que Reaper n'ait jamais vu pendant ses fauches. Bon sang, qu'est-ce que le destin lui voulait ? Ne pouvait-il pas laisser ces pauvres enfants tranquilles ?!

Sans réfléchir, sur une pensée impulsive de vouloir consoler l'enfant, Sans fit un pas en avant. Il s'arrêta immédiatement, baissant la tête, fixant son pied comme s'il ne lui appartenait pas. Mais à quoi pensait-il, au juste ? Sa mission était d'envoyer les décédés dans l'au-delà, pas de les aider à guérir de leurs tourments !
Au moindre contact, cette âme tourmentée périrait et serait enfin libérée. Oui, voilà ce qu'il devait discrètement faire.

Il releva la tête.
Son regard croisa les yeux écarquillés de Nightmare, figé sur place, complètement effrayé. Le corps de celui-ci tremblait de part en part, ses mains ne cessant jamais d'étreindre son frère de façon protective.

- Et merde... marmonna le dieu.

- Q-Qui êtes-vous ?! cria désespérément l'enfant aux habits violets, s'accrochant un peu plus à Dream.

Reaper hésitait rarement sur sa manière de procéder. Les fois où il l'avait fait, cela ne s'était pas bien terminé. Mais à ce moment, il était perdu. De plus, bien que l'enfant ait l'air tangible, son corps translucide laissait penser qu'il n'était plus qu'un esprit. Donc, il devait en toute logique, rejoindre le royaume des morts. Mais si c'était le cas, où était son corps ? Il avait comme... disparu.

Si seulement il n'avait pas fait une crise de nerfs pendant les événements précédents, Papyrus ou lui-même auraient pu voir ce qu'il se tramait derrière eux ! Le voilà maintenant, devant un fantôme chagriné dont l'âme et le corps étaient introuvables et la présence imperceptible ! Il se retrouvait avec un nouveau cas particulier sur les bras ! Reaper était agacé par son propre comportement.

Il se perdit dans ses pensées, son expression crispée et son regard vide effarant un peu plus Nightmare.
Tout d'un coup, il sentit son âme établir une connexion avec ce dernier. Le Gardien de la Négativité avait son essence retenue quelque part dans le Multivers. Ce que Sans voyait n'était qu'une illusion instable et meurtrie, éjectée de son propre corps. L'ombre d'un spectre. Son instinct lui hurlait désormais qu'il avait un patient de plus. Il devait donc accomplir son devoir mortuaire.

Il serra les poings. En un seul saut, un seul coup, cela pouvait être fait. Pas de complications, pas de temps perdu. Sans n'aimait pas l'empathie. C'était une sensation gênante et blessante.
S'il en avait été dépourvu, il aurait pu jouer de sa faux sans jamais éprouver quoi que ce soit pour les défunts.

Malgré cela, l'ange de la mort ne voulait pas que la véritable fin du petit soit réalisée de manière aussi brutale. Celui-ci avait eu bien assez de rudesse dans sa courte vie. Lui en rajouter jusqu'au bout serait juste intolérable.
Il devait l'effleurer ou mieux, le convaincre de lui prendre la main.

La personnification de la Mort avança vers son patient.

- N'approchez pas ! hurla l'apparition en se levant d'un bon pour se poster devant Dream.

Les bras écartés pour protéger son être cher, Nightmare fixait farouchement Reaper. Il était évident qu'il était tétanisé par la peur. Son corps tremblait et pourtant, il puisait dans les tréfonds de son courage pour maintenir son regard, reniflant de temps en temps. Les traces de larmes n'avaient pas encore séché.
Savait-il seulement à qui il avait affaire ? Non, bien sûr que non. Il n'avait que six ans. Et même les livres qu'il avait lus n'avaient été que des contes pour bébés. Mais il était intelligent. Il devait avoir compris, au fond de lui.

- Relax. Je ne toucherai pas ton frère, le rassura Reaper avec un sourire placide.

Pour éviter de le provoquer, l'encapuchonné s'arrêta à une bonne distance de l'enfant squelette ; qui ne baissa pas sa garde pour autant. Argh... Comment faisait Papyrus pour trouver la patience et les bons mots aussi facilement ? Il n'avait absolument rien qui lui venait en tête pour apaiser le garçon au diadème de lune.
Ses orbites noires ne devaient probablement pas lui inspirer confiance. Peut-être, avait-il aussi vu son « nettoyage de masse » datant d'à peine quelques secondes. Dans tous les cas, il ne pouvait que saluer sa bravoure. Quel dommage qu'il ne la montrait uniquement que lorsque la sécurité de Dream était compromise, et non la sienne.

- Tu es quelque part entre la vie et la mort, un genre d'entre-deux, commença Reaper d'une voix qui se voulait douce. Ton frère ira bien, il fait une petite somme. Il se réveillera. Mais toi, si tu restes... tu souffriras. Ce monde te consumera. Viens avec moi. Là où je t'emmène, la paix t'attend enfin, finit-il en tendant sa main en un geste bienveillant.

- Je ne veux pas. Je veux rester ! protesta Nightmare en secouant la tête.

- J'ai bien peur que ça ne soit pas possible, gamin, répliqua Sans d'un ton doux-amer, se retenant tant bien que mal d'être sarcastique.

Il n'échappait jamais à la règle. Après tout, c'était le fameux point commun entre tous ses patients. Ils refusaient tous d'accepter leur mort. Ce qui était d'autant plus naturel pour une personne n'ayant survécu que six ans. Le petit garçon n'avait même pas commencé à vivre, qu'il devait déjà partir, se séparer de son jumeau.
Cela lui fendait le cœur mais il ne pouvait pas se permettre de laisser un esprit vagabonder, surtout dans un Univers condamné. Il fit un pas en avant, ses ailes parcourues d'un frisson désagréable.

- Je ne peux pas partir ! S-S'il-vous-plait, laissez-nous tranquille ! Je recommencerai plus, c'est promis ! cria Nightmare, les larmes aux yeux. Je dois veiller sur mon frère ! Je dois rester avec lui !

Les pleurs coulaient de nouveau sur son visage et son nez coulait. Il ne pouvait retenir ses émotions, lui qui avait tant dû dissimuler auparavant. Dream était tout ce qui lui restait. Même les villageois n'avaient pu le lui enlever.
Le Dieu de la Mort fit un clappement de langue, son regard fuyant l'être devant lui. Il était partagé entre l'affliction et l'obligation d'en finir. Le poids de ces nouveaux remords allait se rajouter aux autres et le hanter pour toujours.

- S'il-vous-plait ! Je veux rester avec Dream !

D'un air sombre et contrit, le dieu échappa aux yeux de Nightmare. Il ne lui fallut qu'une demi-seconde pour réapparaître à côté du petit garçon. Ses ailes de corbeau s'étaient majestueusement déployées, les plumes irisées cachant le sinistre éther cinabre. Leur ombre avait singulièrement une aura apaisante, telle une chaude couverture venant envelopper les deux frères. Le regard de Sans s'adoucit, son sourire devenant mélancolique.

En une seule seconde, le voilà à portée de main.
La mort n'attend jamais.

L'enfant squelette commença à tourner la tête, ses pupilles exprimant la stupéfaction et le désespoir. Mais il n'eut pas le temps de réagir.

La mort ne laisse jamais aucune chance.

- Désolé, gamin. Peut-être dans une autre vie... murmura l'adulte, sa main s'apposant délicatement sur le haut de la tête de l'enfant.

La mort est à jamais inévitable.

Et pour toujours et à jamais, Reaper exécrera son travail.

*

Franchement, j'ai adoré l'écrire. J'ai travaillé une semaine entière dessus.

Merci d'avoir lu !

Prochaine histoire : Le prochain OS sera affiché ici

À plus !

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