Kirishima Eijiro × Dragon!Reader (1/2)
Voici une autre commande de rubyana25 qui date de plusieurs mois ! 😅
Après ce Two-Shots (donc la deuxième partie de cette histoire), je ne reprends plus les commandes : Veuillez bien lire les consignes en résumé ou deuxième partie de ce livre, merci !
Anime : My Hero Academia
Rappel :
Le récit est à la troisième personne du singulier : Elle/Il/On/Iel
La Reader est une femme
L'histoire se déroule dans un UA médiéval fantastique
(C/C) : Couleur des cheveux
(C/Y) : Couleur des yeux
Ce qui est obligatoire :
Couleur écailles : Bleues
Musique : Freedom - Thomas Bergersen
Artiste de l'image en media : en cours de recherche
⚠️ Présence de sujets sensibles et de grossièretés.
Ici, "alter.s" est une monnaie. Comptez ça comme un alter = un euro. Les centimes n'existent pas.
Possibilité de fiction longue.
Bonne lecture !
*
Le peuple décimé
Katsuki et Eijiro se reposaient aux abords d'un petit village situé non loin d'une rivière bordant une sombre forêt.
Le blond était de mauvais poil, ne trouvant aucun monstre à abattre ou quête intéressante à achever. Depuis qu'il avait aidé Deku avec l'attaque des monstres, il ne se passait rien dans leur région. Alors, ils avaient volé jusqu'au pays voisin mais pour son plus grand malheur... rien à l'horizon.
Kirishima se contentait de supporter les insultes et les jérémiades de son compagnon de route en souriant. De son coté, ne rien avoir à faire ne le dérangeait pas plus que cela.
Cramer des fesses ne l'attirait plus.
- Putain ! On se fait chier ! répéta pour la millième fois le hérisson.
- Tu veux pas simplement te poser dans l'herbe et profiter du calme ? répondit le rouge.
Katsuki faisait rageusement les cents pas, donnant des coups de pieds dans de pauvres petites mottes d'herbe qui s'arrachaient et allaient voler plus loin.
Eijiro, quant à lui, était allongé sur la pelouse, les bras croisés sous sa tête et regardant le ciel.
- Va crever, fit simplement Bakugo.
Le dragon haussa les épaules en lâchant un ricanement moqueur.
Alors qu'il allait encore le taquiner, il se releva soudainement sous le regard intrigué de l'explosif. Ses oreilles de reptile se dressèrent sans qu'il ne le contrôle et elle se tournèrent vers la route en contre-bas de la colline où ils se trouvaient.
- Oï... Il t'arrive quoi ? Range tes trucs, tu vas te faire griller ! On sait pas ce qu'ils font aux dragons, ici ! tenta de chuchoter Katsuki.
Une cariole bâchée passa soudainement à vive allure sur le gravier en laissant un épais nuage de poussière se soulever derrière elle.
Le cocher souriait à pleine dent, les yeux exorbités en fouettant les chevaux. En criant "Hue ! Hue !" et à chaque coup donné, le véhicule bringuebalant gagnait en vitesse, faisant souffrir les essieux des roues.
Kirishima se leva et le fixa passer le porche du village avant de freiner brusquement pour s'engouffrer dans les rues. Les gardes l'avaient laissé passer sans vérifier le contenu, se contentant d'hocher la tête.
- Vu la bâche, ça vient du désert ça. T'as senti quelque chose ? demanda son maître.
Eijiro se tourna vers lui. Il avait la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés. Il mit du temps avant de pouvoir organiser ses pensées.
Enfin, il put sortir une unique phrase peu compréhensible. Mais son ami l'assimila parfaitement.
- J'en ai trouvé un...
*
Ni une ni deux, ils se précipitèrent en direction des habitations.
C'était un village ayant une architecture à peu près similaire à celle qu'ils trouvaient dans leur pays d'origine. Cependant, les couleurs étaient plus flamboyantes au fur et à mesure que les étages se succédaient, des luminaires entouraient les rues qui semblaient comporter des égouts, chose rare dans des petites bourgades.
D'ailleurs, tout paraissait luxueux pour une campagne plutôt isolée.
C'était suspect. De bonnes récoltes ne suffisaient pas à faire prospérer une communauté avec les dîmes et les inégalités entre les serfs et les vilains, puisque ceux-ci pouvaient posséder plus de terre en fonction de leur qualité à graisser la patte au maire. Il n'y avait aucune route commerciale et le port le plus proche se trouvait à plus de quatre lieues.
À moins que cette province ne soit une exception où bourgeois et paysans jouissaient des mêmes droits, quelque chose ne tournait pas rond. Quelques affaires frauduleuses et le tour était joué.
- Bon jour, damoiseaux ! Le feudataire doit merveilleusement s'occuper de son domaine pour que vos paysans soient si bien lotis ? s'enquit Kirishima, s'efforçant de ne pas parler familièrement.
Il avait parfaitement conscience que certains humains primaient le respect.
Les dragons n'usaient de politesse que lorsque les plus précieuses des lignées daignaient leur adresser la parole, sinon c'était la bagarre pour prouver sa virilité. Reconnaître un Roi était donc compliqué pour ce peuple qui n'avait pas inculqué les mêmes sens du mot « puissance », et ce fut d'ailleurs l'une des raisons qui le fit apprécier de Bakugo.
Ce n'était pas la quantité de la richesse, mais sa rareté qui faisait le souverain.
Tandis que le clan de Katsuki... avait un dialecte peu enjôleur. Celui-ci fulminait dans son coin, se mordant la langue pour éviter de leur exploser la figure vu qu'il s'impatientait.
Et les regards inquisiteurs des gardes sur sa tenue n'aidaient en rien à la situation.
- Que nenni, voyageurs. Ici, c'est le marché annuel qui fait la gloire et la richesse de notre terre.
Bakugo tiqua. Un marché ? Qui paierait cher pour de la viande et du poisson hormis les nobles ? Une fois par an ?
Les deux compagnons comprirent dans l'instant.
Un marché noir certainement dissimulé quelque part dans le cœur des ruelles.
Kirishima se retint d'exposer la moindre contrariété. Il savait ce qu'était ces endroits et il n'osait imaginer le restant de sa vie à les parcourir si Bakugo ne l'avait pas sorti de là.
Infâmes, abjectes. Les hommes y deviennent des monstres et les bêtes y deviennent des jouets. Le moindre objet rare menait à duels et assassinats. Les êtres tels que lui combattaient pour survivre et la moindre empathie montrée était lâchement tuée.
Tout était sale et pourri, aussi bien au sens figuré qu'au sens propre. N'importe quel trafic y trouvait son étal, sans aucun scrupule ni aucune inquiétude.
L'image d'une jeune fille rose aux yeux noirs se glissa dans ses souvenirs. Sa poitrine se serrant, il la balaya instantanément et se concentra sur l'instant présent.
Si le chariot s'y était rendu, il devait à tout prix le retrouver.
- Que transportez-vous, voyageurs ? questionna le deuxième garde d'un ton bourru en les menaçant de sa lance. La barrière magique ne vous aurait pas laissé passer et nous voir si vous n'aviez pas un artefact quelconque.
Cela se voyait qu'il n'était gardien que le jour du marché. Et si Kirishima n'avait pas réussi à sentir qu'ils passaient une barrière enchantée en entrant dans leurs terres, c'était qu'elle était constituée de magie noire : le seul pouvoir qu'un dragon ne pouvait pas ressentir car inoffensive sur eux.
Il fallait qu'il trouve le moyen d'obtenir l'emplacement de ces affreuses ventes. Aucun doute, il devait être couvert par de la magie noire, également.
Le rouge se triturait les méninges, mais il ne voyait pas quoi répondre sans paraître suspect.
- Nous voulions confirmer l'endroit. Nous avons exactement de quoi marchander, lança tout d'un coup Katsuki.
Il arborait un rictus empli de malice, contenant sa fureur derrière ses actes mielleux. Détachant une petite bourse de sa cape de fourrure, il s'avança et de manière à rester discret, l'ouvrit légèrement devant eux.
Les hommes y jetèrent un œil, et leurs têtes devant l'héritier du clan Bakugo parut être une tentation trop grande pour ne pas être exécutée. Un coup de poings et il serait déjà plus serein.
Mais il n'en fit rien et, même si jamais il ne l'avouerait, il le faisait par amitié. Eijiro avait besoin que tout se passe bien.
Leurs yeux méfiants s'écarquillèrent, puis devinrent avides. Immédiatement, ils leur laissèrent le champ libre, rangeant leurs lances dans un cliquetis et un empressement qui rebutèrent les voyageurs.
Bakugo rangea son sac et fit un pas en avant, pressé de ne plus voir ces affreux sacs de sable sur pattes.
Eijiro ne bougea pas, les fixant, paralysé. Les humains devant eux dégageaient une aura bien trop familière. L'impression qu'ils étaient plus dangereux que n'importe quel hybride, capables de le faire plier et de le rendre esclave de leur orgueil.
Il n'arrivait pas à se débarrasser de cet effroi qui le collait à la peau à chaque regard semblable croisé. Ce n'était pas viril, il le savait : pour une race censée être supérieure aux humains, c'était d'un ridicule d'être sous leurs ordres et torturé.
Mais, il ne pouvait empêcher son passé de revenir le hanter.
Ces gens inférieurs ne le restaient jamais longtemps.
C'est ce qui était terrible chez eux : l'adaptation.
- Allez à la taverne au cœur de la ville. On vous renseignera, s'exclama l'un d'eux alors que le blond les dépassait.
- Tenez, fit le deuxième en lui lançant une pierre ébène. Votre laissez-passer.
Bakugo souffla d'un air méprisant et il passa le porche, malheureusement non suivi de son ami dragon complètement ahuri. Il dut le tirer par le bras pour le faire avancer et éviter un interrogatoire plus poussé.
Lorsqu'ils furent hors de vue et enfin mêlés à la foule civile, la tête brûlée qui avait parfaitement compris ce qui glaçait son compagnon de route, lui dit d'un ton ferme sans toutefois le regarder :
- T'es libre. Je crèverai tous ceux qui voudront le contraire.
Kirishima n'écoutant que d'une oreille distraite, retrouva ses marques dans le monde réel. Il était touché par sa considération mais il ne le taquina pas sur le sujet "affection". Midoriya appelait cela un "tsundere", bien qu'il n'ait pas compris la langue employée.
- Qu'est-ce que tu leur as montré ?
- Les scories, répondit son ami sur le même ton. J'ai envie de les exploser. J'aurais dû, enragea-t-il.
Le rouge hocha la tête, se rappelant qu'il gardait ses écailles à chaque fois pour deux raisons. La première était de ne pas révéler au monde son existence et voyager de nuit faisait aussi partie du règlement. Si jamais quelqu'un tombait par hasard sur le reste de ses mues, qui sait ce qui se produirait ?
Et la deuxième le fit sourire d'un air moqueur : Izuku, alchimiste et ami d'enfance de l'explosif. Même s'il savait pertinemment qu'il y avait plus.
Le rouge avait d'ailleurs été méfiant au premier abord, ayant mal vécu ses rencontres avec les faiseurs de miracles. Mais Izuku était comme un dragon de soie. Doux et pacifiste.
Néanmoins, les alchimistes étaient les hommes les plus cupides au monde et seraient prêts à tout pour ces bouts de peaux. Ces comportements lui faisaient comprendre les raisons de l'extinction de sa race.
Izuku lui avait d'ailleurs dévoilé vouloir cesser par tous les moyens, une pratique initiée par des magiciens, sorciers et autres malintentionnés.
La chasse aux gemmes frontales des dragons nobles.
Un dragon noble n'offrait que très rarement sa gemme, même en sachant qu'elle repoussait après plusieurs années : leur puissance était au-delà de toute espérance et encore plus, si donnée avec volonté. Il y eut donc une solution alternative.
Il n'en connaissait pas les détails car il avait vécu caché toute cette période par son père, mais il était persuadé que c'était l'origine principale de la disparition de presque tous les dragons.
Une époque lointaine en temps humain. Cela remontait à environ deux siècles, où les élevages de dragons de toutes sortes se comptaient par dizaines puisqu'il fallait en tuer un pour lui arracher sa raison de vivre. Ou le mutiler pour obtenir les écailles se transformant en objet de valeur selon les dragons.
Au bout d'un siècle, ces fermes faisaient faillite et toutes pour la même raison : impossible de faire reproduire les dragons. Et la cause était d'une simplicité qui leur avait échappée...
Enfin, n'étant qu'un dragon de pierre, plus précisément de scorie volcanique rouge, il n'avait rien à offrir pour ce qui était des gemmes, ce qui lui avait conféré une tranquillité un peu plus conséquente que les haut-placés. Il n'avait pas de pierre précieuse sur son front et ses écailles se transformant en scories ne servaient pas à grand-chose hormis gagner une peau aussi dure que la roche et résistante aux flammes, si concassées dans une potion.
Lui, se trouvait dans les derniers rangs sociaux de ces êtres cracheurs de feu. De plus, provenir d'un volcan effusif était moins impressionnant que de venir d'un volcan explosif. Et ce niveau l'avait gardé en vie et libre dans ses souterrains pendant milles années.
Même sa capture, il y a cinquante ans, avait été fortuite et particulièrement cruelle...
En tout cas, les écailles de dragons avaient d'autres vertus qui lui échappaient. Après tout, il n'avait jamais eu besoin de les utiliser sur lui-même. À part lui donner une cuirasse, il avait du mal à leur trouver une autre utilité.
Les humains espéraient-ils pouvoir se métamorphoser en dragon tout comme les dragons se changeaient en humain pour se protéger ?
- Oï, on est arrivé.
Kirishima releva la tête pour poser ses pupilles rouges sur la devanture peu amène d'une taverne d'un gris délavé, qui sentait étrangement et fortement l'alcool.
Trop fort pour juste être des émanations de quelques balourds saouls et attablés au bar.
Il fronça le nez -son odorat plus développé que le blond à ses côtés- et activa ses yeux de dragons pour percer les murs épais de ses pupilles. Sa seule particularité en tant que dragon des montagnes volcaniques.
Eijiro prit alors une mine surprise.
- Quoi ? s'enquit Bakugo, étrangement passif.
Il sentait d'étranges présences derrière la grande porte en bois. Et les pierres, les volets, les vitres... tout lui semblait surfait. Et contrairement à son ami, il pouvait ressentir quelques effets de la magie noire. D'étranges ondes allant et venant çà-et-là.
Il en avait déjà fait les frais en défiant le mage noir Fumikage et son démon intérieur. Ça restait en mémoire.
- C'est une illusion. On se trouve devant un arbre centenaire avec une petite fontaine devant, révéla le dragon de scories en désactivant sa capacité.
- Tch ! Les enfoirés, geint l'explosif en mettant la main dans la poche de sa cape. La pierre doit pouvoir nous faire passer... Tête de piaf m'aura servi à quelque chose.
Fumikage lui avait, sans le vouloir, enseigné la manière d'utiliser cette étrange roche aussi obscure que la nuit.
En le renvoyant chez lui après qu'il ait "foutu un bordel sans nom" dans son logis pendant une crise de colère contre Dark Shadow qui le narguait.
Un Izuku confus l'avait retrouvé dans sa chambre, complètement furieux. Pire encore : Kirishima était resté à l'autre bout du pays car il dormait dans la cheminée du mage noir à ce moment-là. Et il lui avait donné l'interdiction de se déplacer sans lui.
Il avait parcouru des centaines de lieues en jurant et pestant contre le corbeau qui pouvait s'amuser à tester des potions (à défaut de magie noire) sur le dragon.
Depuis, il s'était tempéré en présence du sorcier.
Et voilà qu'il apprenait que cela servait non seulement à se déplacer d'un endroit éloigné à un autre, mais aussi à entrer dans une illusion ?
- Les habitants n'ont pas l'air de savoir ce qu'il se passe dans leur propre ville, observa le cracheur de feu. Leurs comportements le traduisent. Et c'est bien pis, puisque la taverne ne semble apparaître qu'une fois par an. Ou alors, c'est tout simplement autorisé...
- Quels bigleux ! Quels enfoirés ! s'irrita Katsuki en lançant impulsivement le caillou droit vers la porte de la maisonnée.
Les deux voyageurs eurent à peine le temps de cligner des yeux lorsque l'objet frappa le bois, qu'ils se retrouvèrent transporter dans un tout autre emplacement, une petite dimension créée par la magie noire.
Tandis que, pour les passants de la ville, les compagnons jetaient simplement une pièce dans la fontaine pour ensuite disparaître dans la foule.
*
- C'est quoi ce bordel ?! fut la première réaction de Katsuki.
Devant eux s'étendait un vaste terrain vague recouvert de chariots, calèches, stands ou petites cabanes en tout genre. Le ciel était d'un mauve singulier, signe que l'endroit avait bel et bien été minutieusement fabriqué de toute pièce.
Des centaines de personnes allaient et venaient, s'alpaguaient, négociaient... Bakugo reconnut même le blason des pays alliés, neutres ou ennemis.
Mais voir ses propres armoiries, des manants de sa propre terre se balader dans un lieu aussi infâme, lui donna envie d'exploser tout ce qui se trouvait en travers de son chemin. Des portails interdimensionnels menant à cette destination se situaient dans son pays ?! Comment le grand mage noir Aizawa, n'avait-il pu s'en rendre compte ?!
À son plus grand dam, tout ressemblait à s'y méprendre, à un marché forain bon enfant des plus banals.
Seulement... ce n'était pas des sucreries que l'on vendait, mais des plumes de phœnix, désormais nus tels des poulets. Les brioches avaient été remplacées par des crins de centaures dont le sang perlait encore de leurs crânes rasés.
Les rires n'étaient que cris d'agonie provenant des arrière-boutiques.
La monnaie était, non plus souillée de gras... mais de larmes des créatures torturées.
Les spectacles de marionnettes ? Balayés par les combats d'étranges chimères en tout genre.
Tout ce qui n'était pas considéré comme humain ou être pensant et doué de bon sens, était une marchandise. Un bien matériel comme un autre lâchement vendu, jeté, utilisé.
Brisé.
- Poussière de fée ! hurla un vendeur près d'eux, en brandissant fièrement une minuscule paire d'ailes fraîchement arrachée, à en juger les gouttes de sang doré tachant son tablier.
Son interpellation faite, une petite foule de curieux se rapprocha de son échoppe ambulante.
Et visiblement content de son métier, le commerçant pilonna joyeusement ce qui fut un jour, la liberté d'un être vivant. Comme si ce n'était rien de plus qu'un ingrédient de cuisine.
- Je chasse tout moi-même ! Je les débusque, les capture et les écrase ! C'est du fait maison ! triomphait l'homme véreux, appâtant une foule considérable. Approchez ! Je fais les potions de guérison, j'enchante les armes et ce, à un bon prix !
Il y avait des centaines d'autres moyens de créer potions et armes sans faire souffrir qui que ce soit. Mais la qualité et la rareté seraient moindres, et les hommes richissimes ne juraient que par l'alter. La violence justifiait le besoin de remplir le coffre.
Une petite cage contenant un être féerique terrifié, était posée bien en évidence sur le comptoir comme pour appuyer les dires du marchand. Il sanglotait, sachant très bien qu'à la fin de la journée, il subira les mêmes traitements que son peuple.
Bakugo semblait prêt à exploser la prison de fer, toxique et mortel pour les fées.
Cependant, une peau de salamandre se faisant tanner dans son dos par une femme, attira le regard du blond.
Et en l'espace d'une seconde, il crut voir la peau d'un dragon à la place.
Dans un élan d'inquiétude mêlée à de la rage, Katsuki s'empressa d'attraper l'épaule de Kirishima figé face à toute cette horreur. Il le dirigea vers un endroit qui lui parut moins bondé. Tout vrombissait autour d'eux. Les odeurs, les sons, les atrocités exhibées... Il allait péter un câble, il en était certain.
- T-Tout va bien, rassura le rouge, encore un peu sonné. Ils ne peuvent pas savoir... Sous forme humaine, ils ne peuvent pas savoir. Mon odeur est dissimulée, termina-t-il en arborant un air déterminé qui se voulait viril.
La tête brûlée n'était pas du tout du même avis, mais il se fit violence pour ne pas abandonner leur « mission ». Mais putain, qu'ils aillent quand même tous crever et cramer en enfer ! Il se fera une joie de les y expédier lui-même !
- Oyez, oyez, jeunes gens ! Voici l'évènement tant attendu chaque année ! clama une voix féminine.
Cet appel fut le signal pour la centaine de personnes présente autour d'eux. Chaque client se rendit en face de cette grande estrade d'où les toisait une jeune fille blonde coiffée de deux chignons, absolument ravie que tous les yeux soient tournés vers elle. Elle tapa dans ses mains, toute excitée de pouvoir présenter ses jouets.
Kirishima écarquilla subitement les yeux et serra le bras de son ami, tournant sa tête vers la vile personne.
Il la reconnaitrait entre milles ! La subordonnée de Shigaraki, l'un des chefs principaux des marchés noirs ! Des crapules sorties tout droit des armées de Lucifer. Même le dragon d'acier n'était pas aussi barbare et cruel qu'eux. Et pourtant, il aimait la guerre !
Heureusement pour lui, personne de l'organisation de ces gueux n'avait jamais vu sa forme humaine lors de ces sombres morceaux de sa vie. Mais les souvenirs liés à cette peste ne lui permettaient pas de réfléchir calmement. C'était elle qui avait tué son amie rose, après tout !
Secouant la tête, il grogna légèrement :
- L'odeur vient de là-bas.
Comprenant le message, l'héritier du clan Bakugo se fraya un passage jusque devant la scène. Et ce, sans lâcher ou desserrer une seule seconde la main du dragon, dont les sens en alerte lui confirmaient la présence qu'ils recherchaient ardemment depuis quelques heures.
Eijiro se sentait de plus en plus oppressé par la foule. L'angoisse d'être reconnu, découvert ou pire, chassé, lui donnait des jambes de coton. Il s'efforçait de contrôler ses tremblements, baissant la tête, ainsi que cette rage qu'il ne se croyait pas capable de ressentir.
Ce n'était pas viril du tout. Mais qu'est-ce qu'il y pouvait ? Était-ce réellement de sa faute ?
On ne sort pas de la torture indemne. Il ne faisait pas exception.
Un dragon n'a pas forme humaine. Cependant, il en a tout le fond.
Lui qui voulait donner l'impression d'être insouciant, que tout allait pour le mieux, qu'il avait tout laissé derrière lui et tourné la page... Le voilà affaibli entre ces étoffes riches, les bourses remplies d'alters et ces regards pervers.
Le voilà réduit à un être insignifiant de son propre chef. Son cœur et sa tête lui faisaient mal et sa confiance en lui durement gagnée au cours de ses voyages se voyait partir en fumée.
Ses souvenirs et sa culpabilité le hantaient déjà bien assez dans ses rêves, et voilà qu'il nageait... Non. Coulait en plein cauchemar car tout prenait forme autour de lui.
Il croyait songer de manière parfaitement lucide, se persuadait qu'il se réveillerait, que sa famille l'attendrait dans son antre de lave et que ses amis joueraient avec lui dans le magma pour le réconforter.
N'avait-on pas ouï-dire que le déni était la meilleure des protections ?
Malheureusement, la poigne de Katsuki, cette légère lueur d'espoir, lui confirmait qu'il n'y avait pas plus douloureuse réalité que celle-ci.
Le rouge pourrait pourtant, aisément se débarrasser de tout ça. Deux ou trois jets de flamme et il ne resterait rien. Son feu était plus chaud que les autres dragons de quelques centaines de degrés, puisqu'il venait d'un volcan.
Il suffirait de prendre sa forme imposante et d'ouvrir la gueule. Et ensuite, contempler les cendres, cette neige grisâtre lentement envahir l'air ambiant jusqu'à étouffement.
Il suffirait de mordre à pleine dent dans ces roulottes pour libérer la haine des prisonniers.
Il suffirait de balayer d'un coup d'aile, ces cabanes malfamées.
Il suffirait de décimer cette population enduite de mal...
Il suffirait juste... de se perdre et de devenir comme leurs bourreaux.
Et c'était exactement cela qui empêchait la bonne conscience de Kirishima de sombrer.
Il ne pouvait pas se transformer en monstre, celui que les humains désiraient apercevoir pour avoir toutes les bonnes raisons du monde de l'écorcher, de le taillader, plus qu'ils ne le faisaient déjà.
- Les enchères de cette année seront inoubliables ! Nous possédons l'une des espèces les plus rares au monde et croyez-moi, la capture ne fut pas facile ! s'excitait la blonde.
- Je ne te le fais pas dire, renchérit un homme aux cheveux noirs en montant sur scène avec elle.
Kirishima émit un couinement sans s'en rendre compte, se dissimulant un peu plus derrière Bakugo.
Pourquoi fallait-il qu'il tombe sur ce pyromane ? Même s'il était rare que Toga se rende à un endroit sans lui, pourquoi fallait-il que sa quête le conduise à eux ?
- C'est Dabi, souffla le dragon à son ami.
Et Katsuki comprit parfaitement ce qu'il sous-entendait, l'ayant déjà entendu se confier. Il lâcha des jurons qui firent tourner la tête de plusieurs personnes autour d'eux.
Dabi maintenait une corde dans ses mains. Tirant dessus comme un signal, une silhouette se présenta aux escaliers et commença lentement sa montée vers les yeux avides de ces pourritures.
Kirishima écarquilla les yeux. Une petite fille menottée de liens anti-magie spécial dragon se présenta. Des cheveux (C/C) et des écailles orangées, ainsi que des yeux jaunes lançant vacillant d'appréhension. S'il n'y avait pas eu ces cornes sur sa tête, on aurait pu la prendre pour une simple esclave.
Mais ce qui le tortura, fut de voir cette pierre sur son front.
C'était un dragon d'Ambre. L'un des dragons nobles les moins puissants dû à la présence constante de l'ambre dans certaines forêts. Si hiérarchiquement, cette petite dragonnette se situait au-dessus de lui, sa gemme en revanche, n'avait rien de précieux.
Mais en cette période où l'espèce s'éteignait, elle devenait l'une des plus chers et rares. Ils devenaient tous une propriété de l'humain.
Des murmures enjoués et des cris surpris parcoururent l'assemblée.
Katsuki jeta un coup d'œil à Kirishima, voulant s'assurer que c'était bien elle qu'il recherchait ou si ce n'était qu'un déguisement pour tromper la foule de pigeons.
Mais son visage livide lui donna confirmation.
- Je déclare les enchères, ouvertes ! chantonna Toga sous l'œil ennuyé de Dabi.
Les prix fusèrent de toutes parts et en moins de quelques secondes, les nombres comptaient plus de six zéros. Le capharnaüm ne cessait de croître, satisfaisant les deux vendeurs.
On se chamaillait, se fustigeait, se battait et s'insultait. De vrais chiens enragés prêts à tout pour une fillette qui avait eu le malheur de naître dragon.
Le rouge lui donnait cent-cinq ans pour ressembler à un être humain de dix ans. Lui-même avait mille-cinquante ans, ce qui lui donnait approximativement un âge humain de vingt-et-un ans.
L'enfant tremblait, hoquetant et sanglotant à chaque cri lancé, ayant peur que ce ne soit le dernier et qu'elle ne se retrouve aux mains d'hommes dont l'humanité manquait. Certes, Toga et Dabi étaient les pires sadiques qu'elle n'ait jamais connus, mais ne pas savoir dans quelle gueule de lion elle sera jetée, l'effrayait tout autant.
Cette situation semblait ravir les personnes sur scène. À se demander qui était vraiment le fou en charge du spectacle et de quel côté celui-ci se trouvait.
- Qu'est-ce qu'on fait ? s'inquiéta Kirishima, une boule se formant dans sa gorge.
Il ne pouvait tout de même pas l'acheter ! Il faudra donner son nom, son pays et surtout, la promesse écrite de ne divulguer à personne la moindre information sur le marché. Et ce serment se faisait sur un parchemin enchanté, coupant la langue de qui prononcerait la moindre parole compromettante.
Il avait déjà assisté à ce genre d'évènements et connaissait parfaitement la procédure d'achat, de vente et d'élimination. Jamais aucune nouvelle n'avait pu fuiter jusqu'aux hérauts ou la garde royale des pays !
Mais, et si ce n'était pas Bakugo mais lui qui signait ? Il pourrait essayer puisque la magie noire n'avait pas d'effets sur lui...
- On rentre et on défonce le putain de tas, persifla Bakugo, serrant les poings et se munissant d'une dague dissimulée dans les méandres de sa cape.
Eijiro voulut le convaincre que les deux bourreaux étaient bien plus forts que lui, étant un mage noir et de feu, et une tueuse expérimentée. Et connaissant son compagnon de route, il était capable de ne pas fuir juste pour achever ses ennemis, comme la tradition du clan le voulait.
Il allait ouvrir la bouche lorsqu'un cri strident retentit, faisant taire la foule en délire et protéger les tympans pour ne pas se les faire saigner.
- P'tain ! C'est quoi ce bordel ?! s'énerva Katsuki, qui avait dû lâcher son arme pour couvrir ses oreilles.
Eijiro et la jeune dragonne furent les seuls à ne pas avoir mal et cela n'annonçait rien de bon... Pour l'être humain en tout cas.
Un puissant tremblement de terre s'ensuivit immédiatement, faisant perdre l'équilibre de chacun. Certains se rattrapèrent mais d'autres tombèrent, emportant une ou plusieurs personnes avec eux. Les cris de peur, de surprise, de douleur allaient bon train. Les marchands tentaient de sauver leurs babioles morbides qui s'écrasaient au sol. La moindre bourse renversée était prise d'assaut par les voleurs, plus avides de richesses que de bon sens. Des badauds quittèrent la dimension avec leurs achats sans demander leur reste.
Des cabanes mal construites s'écroulèrent et les poutres vinrent en blesser plus d'un, en tuant un ou deux au passage sans susciter la moindre pitié ou compassion. La foule se mouvait pour dérober l'héritage des victimes pour se faire tuer à leur tour par le reste des décombres tombant encore.
Chacun pour soi et tant pis pour les faibles, même lors de grands dangers pour sa vie.
Les bousculades étaient violentes et ne se calmaient point, le sang tâchait progressivement le sol et la mort venait occuper les lieux. Un deuxième séisme plus féroce encore, s'abattit sur la dimension, renforçant la discorde et le chaos provoqués par l'être humain lui-même. Certains ne pouvaient même plus se relever tant les secousses les secouaient.
Katsuki, malgré son déséquilibre, rejeta d'un coup de poing un homme l'agrippant pour voler sa bourse de scories, l'envoyant valser à une centaine de pas contre les débris d'une roulotte. On ne touchait pas ce qui appartenait à son dragon.
Des hardis essayèrent de voler les créatures magiques horrifiées, étonnamment les seules rescapées des évènements.
Mais ils se brulèrent les doigts sur les laisses, les cages et les chaînes. Un bon vendeur au marché noir, ne laissait jamais un objet rare sans une petite malédiction d'appartenance.
La dragonnette en profita pour s'enfuir, mais elle fut vite retenue par Dabi qui maintenait sa corde coûte que coûte, même au sol.
- Où crois-tu aller comme ça ? se moqua-t-il en lui envoyant une boule de feu bleu dans le dos.
La petite fille émit un glapissement de douleur avant de tomber à genoux tandis que le pyromane se relevait tranquillement après que la terre se soit calmée. Les menottes anti-magie draconique empêchaient toute résistance aux magies élémentaires et inhibait lentement celle naturelle de la magie noire.
Toga reprenait ses esprits et sa colère monta lorsqu'elle vit ses enchères gâchées, capricieuse comme une enfant.
Le ciel se teinta soudainement de rouge et Eijiro sachant ce que cela signifiait, attrapa instinctivement la main de Bakugo, occupé à casser le nez de « l'enfoiré qui l'avait touché ». Il le força à aller se cacher sous un four en pierre indestructible, fabriqué par les nains, seuls alliés des dragons. Il creusa d'un coup de patte griffue dans la terre sous l'outil pour qu'un corps puisse s'y glisser et sans hésiter, il y lança le blond tel un sac de pommes de terre.
- Oï ! s'exclama le hérisson furieux en se débattant. J'allais lui régler son compte à ce fils de pute !
- Ne bouge pas ! lui hurla Kirishima d'un ton impérieux en se couvrant de ses écailles écarlates tout en gardant apparence humaine, afin de ne pas écraser son œuvre.
Il poussa encore son ami plus au fond dans la cavité, avant de bloquer l'entrée avec ses ailes, au risque de se faire repérer par les humains... Ce qui ne manqua pas.
La dragonne, quant à elle, se métamorphosa complètement, n'étant pas très grande ou large vu son âge. Les menottes n'arrêtaient pas cela ! C'était providentiel à ce moment-là.
Seuls ses bras restèrent humains et se couvrir d'écailles orange.
Le rouge s'attela à finir de s'installer pour ne laisser aucune ouverture possible, sous le regard indescriptible de Bakugo qui avait finalement compris la gravité de la situation, peu importe ce qu'elle pouvait être.
Par solidarité, l'être ailé jeta un œil en direction de l'estrade, où les vendeurs tentaient de s'enfuir à travers un portail, tirant sans succès sur la corde pour faire venir la dragonne plus imposante qu'eux. Ils avaient beau la blesser par magie ou couteaux, elle ne bougeait pas et supportait la douleur.
Leurs regards se croisèrent durant deux petites secondes.
Deux secondes où Kirishima hésita à porter secours à l'enfant de son peuple, ou rester assis pour protéger le seul humain l'ayant traité en égal.
La petite fille était couchée sur le flan, les menottes brûlant ses poignets au contact des bouts de peaux cuirassés, et cette vision suffisait à lui mettre le doute dans l'esprit.
Soudainement, des hommes lui bloquèrent la vue en sautant sur lui, épées en mains, afin de le blesser et proclamer son obtention.
Au même instant, une énorme brèche s'ouvrit dans le ciel.
Un jet de flammes se déversa sur plus de la moitié de la dimension, décimant, carbonisant quelques cinquantaines d'humains, dont les assaillants. Tout en faisant fondre la totalité des serrures et entraves à la liberté des créatures.
Ce fut l'effervescence. Les êtres capables de voler s'échappèrent dans des cris de joie et de soulagement. Les quadrupèdes et les bipèdes coururent, galopèrent vers les premiers portails visibles ou prêtaient main forte pour transporter les corps des défunts, des blessés ou individus aquatiques. Les licornes et les centaures se chargeaient d'être des montures, les fées faisaient voler les sirènes dans des bulles d'eau et les elfes aidaient les nains à se déplacer plus vite.
Contrairement aux hommes, les peuples dotés de magie s'entraidaient, peu importe les conflits entre elfes et nains ou fées et centaures.
Un impétueux rugissement rauque accompagna la cacophonie des prisonniers libérés du joug de leurs geôliers, comme pour proclamer leur insoumission. Levant la tête, Eijiro put observer un énorme dragon d'un bleu aussi pur qu'un ciel sans nuages, se mouvoir sous la fausse voûte céleste rougeâtre. Il tournoyait, comme s'assurant que tout le monde goûtait à la vengeance ou la liberté, tuant le moindre humain vivant qui avait le malheur de paraître sous son œil (C/Y) avisé.
Le feu d'un dragon. Le pouvoir de choisir la cible de son courroux était stupéfiant. La victime et la personne épargnée ne ressentaient absolument pas la même température. Cela évitait les feux de forêts inutiles, aussi.
Ce fut pour cette raison qu'il ne bougea pas d'une griffe de devant le four. Hors de question de perdre Katsuki.
Et si ce n'était pas l'un des siens qui le brûlait, mais une autre créature magique ? Se faire transpercer par la corne d'une licorne enragée, était-ce plus douloureux que de brûler vif ?
Même si le coléreux ne se laisserait pas faire, il ne pouvait gagner contre autant de mana. Et il lui avait promis de ne jamais blesser un dragon ou quelconque détenteur de magie, aussi hostile ou dangereux qu'il puisse être.
Ce qui rassura Eijiro : s'il se faisait gronder plus tard, il savait néanmoins, qu'il aura eu raison de le cacher.
D'un coup, le dragon bleu entama une descente en piquet vers la scène devenue cendres et braises, où la petite dragonnette souffrait des répercussions des menottes. Elle s'était détransformée pour s'épargner une maladie inutile, puisque ses bourreaux s'étaient enfuis sans elle.
Jambes en avant, le libérateur se saisit de sa protégée d'une patte et sans ralentir, remonta droit vers la brèche qui commençait à muter, fissurant le faux ciel dans des craquements inquiétants. La couleur rouge de celui-ci se gribouillait de noir, tel du verre se brisant.
Eijiro ne croisa les pupilles ovales de son congénère qu'un unique et court instant. Mais ce fut suffisant pour lui faire savoir parfaitement, que ce reptile l'avait "reconnu" par la forme, l'odeur ou tout simplement l'instinct.
Nul doute qu'il avait aussi senti la chair humaine empreinte d'une légère flagrance de poudre.
Alors, pourquoi les avait-il ignorés donc, épargnés ? Peut-être la confiance naturelle envers sa propre espèce ?
Il put apercevoir un bref éclat sur le front de l'animal mythique avant que la sortie ne l'avale, l'emportant loin de son champ de vision. Cependant, il ressentait cette dignité, cette souveraineté l'atteindre, l'envoûtant. Depuis combien de temps n'avait-il pas ressenti cela ?
Ce dragon l'intimait à le suivre, il en était sûr et certain !
Les créatures étaient toutes parties, il ne restait plus rien que des ruines, des cadavres tout de noir vêtu et dégageant une odeur pestilentielle, ainsi qu'un ciel prêt à s'effondrer sur leurs têtes.
Ni une ni deux, Kirishima se déplaça alors qu'une lueur vive apparaissait dans les craquelures. Il se changea entièrement en dragon et approcha sa tête du four pour se rendre compte de l'état de son ami, heureusement sain et sauf.
- Pas trop tôt ! s'exprima sarcastiquement Katsuki en s'extirpant de son trou, à moitié ankylosé. Ah ! Merde ! jura-t-il en fermant les yeux, aveuglé par la brusque présence de lumière.
Il avait toutes les raisons du monde d'être irrité ! Il avait subi un puissant coup de chaud, eu les tympans brisés, ressenti les vibrations des rescapés et ses yeux s'étaient accoutumés à l'obscurité. Que de plaisir !
Pour ne rien arranger, alors qu'il ne pouvait toujours pas voir, le dragon de scorie attrapa sa cape de sa gueule pour le lancer en l'air d'un mouvement maîtrisé, comme si ce n'était pas la première fois.
- Mais qu'est-ce que tu fous ?! s'énerva l'homme colérique en sentant la nausée monter puisque son cerveau n'arrivait pas à savoir ce qu'il se passait.
Il atterrit durement sur le dos de son compagnon et eut tout juste le temps de s'accrocher fermement par réflexe, avant que son destrier ne décolle en trombe, battant frénétiquement des ailes pour parvenir à la brèche.
L'héritier du clan Bakugo put enfin entrouvrir les yeux et immédiatement, saisir l'ampleur des dégâts en voyant l'état de la dimension.
Complètement rasée, avec des senteurs "à gerber", des monceaux de pierres, de poussières ou d'os et surtout... Il n'y avait plus personne et certains endroits brûlaient gaiement, crépitant alors que les flammes consumaient le reste de matière. Lui qui n'avait rien vu, songea de suite au pire.
- Non, mais t'as craqué ?! Le feu t'est monté à la tête ?!
Eijiro grogna d'indignation comme blessé par ses propos, en secouant la tête de droite à gauche et inversement. Il ne pouvait communiquer autrement sous sa forme dragonesque.
Katsuki se calma légèrement, soulagé -sans l'avouer- que son camarade n'ait pas succombé à la tentation de la vengeance, ô combien irrésistible.
Il se positionna correctement et s'approcha un peu plus du cou du dragon rouge.
À peine sortis de l'endroit, celui-ci implosa en emportant avec lui toutes les preuves d'un quelconque marché noir. La frustration du blond grimpa vite car, cela signifiait que le mage noir Aizawa ou même Fumikage, ne serait pas en mesure de retrouver la trace des organisateurs. Ils avaient bien manigancé leur coup, ces malfrats !
Kirishima déboussolé, ne sachant où il se trouvait et aspiré par le souffle de la violente annihilation du marché, se laissa chuter au sol pour échapper à la force qui l'entraînait et par souci de discrétion. Sans avoir la présence d'esprit d'éviter la rencontre avec plusieurs arbres, ayant pour conséquence de les déformer, de les faire tomber et de casser leur feuillage.
Il eut cependant, l'instinct de protéger son cavalier de ses ailes.
Le choc sur l'humus le sonna légèrement, soulevant un énorme nuage de sable et de terre, créant une dépression peu commune sous son poids, le salissant et le faisant tousser.
Il venait sûrement de gagner une future migraine et des courbatures sous forme humaine. Il avait certainement perdu des écailles, en plus de cela... Ils allaient devoir ratisser leur parcours pour toutes les retrouver : des scories semées sur ses "bêtises" ne passaient pas inaperçues.
- Pour la discrétion, on repassera... murmura-t-il pour lui-même, puisque le blond ne le comprenait point. Au moins, la brèche a disparu.
Eijiro se releva, titubant au vu des points noirs qui dansaient devant ses yeux et, voyant qu'ils étaient en sûreté, s'écroula de nouveau au sol pour demander du repos.
Le soleil commençait à décroître à l'horizon et la journée avait été riche en émotions et événements.
Il devait encore tout conter à son compagnon de voyage, lui partager son inquiétude quant à la suite et son espoir de revoir ce qui fut autrefois, le plus majestueux des peuples de la Terre. Il devait lui apprendre qu'il était le seul survivant du génocide ayant eu lieu il y a tout juste quelques minutes, lui dire qu'il avait lâchement hésité entre lui et la petite.
Mais pour cela, il devait dormir.
Katsuki descendit lestement de son dos avec une mine renfrognée mais il le laissa en paix. Le village semblait bien loin d'eux et tant mieux. Il ne voulait pas être dans les parages lorsque la disparition du marché sera révélée au grand jour.
Il aurait du mal à contrôler ses poings.
Bakugo décida de chasser de quoi leur remplir le ventre -assez gros pour apporter la satiété à un dragon- afin de décider avec les idées claires, les prochaines destinations à visiter pour retrouver cette dragonne visiblement perdue.
Il n'était pas stupide même s'il ne savait lire. Sa monture voudra courir après la seule survivante croisée après plus de cinquante ans.
S'enfonçant dans les bois, un battement d'aile le fit lever la tête et un rictus s'afficha sur ses lèvres, tandis que les pièces manquantes de l'énigme prenaient lentement place dans son esprit. Désormais, il avait une certaine hâte de reprendre la route.
Fermant lentement les yeux, Eijiro eut tout juste le temps d'entrevoir une silhouette dragonesque se diriger vers les montagnes au sud, vers des plaines plus hostiles, avant qu'un voile d'invisibilité ne l'entoure, la coupant du reste du monde.
Un fin sourire vint embellir le visage du dragon de scories alors qu'il reprenait doucement forme humaine.
Il le sentait. Il ne pouvait en être autrement.
Son peuple décimé se trouvait là-bas.
*
J'adore les mondes médiévaux ! Je risque de faire BEAUCOUP d'OS à cette époque !
"Lieues" est une unité de mesure. 1 lieue = environ 4,8 km.
Le mot "draconique" n'existe pas en français. En vérité, on n'a rien comme mot hormis "dragonesque" pour décrire quelque chose relatif à un dragon.
J'ai voulu me concentrer sur "comment réagirait et ressentirait Kirishima face à un traumatisme".
Comme dans l'anime, il a un moral à toute épreuve et un optimisme incroyable, je n'ai pas fait son traumatisme trop présent (uniquement face à quelque chose qui le lui rappelle, lors de rêves ou lorsqu'il se sent coupable). Il a une volonté de s'en défaire et se base sur Bakugo pour ça sans devenir toxique non plus.
Il a bien évidemment un ressentiment mais essaie de passer au-dessus par principe moral.
On a tous une manière différente de confronter nos peurs, nos phobies, nos cauchemars... Mais c'est toujours mieux avec quelqu'un sur qui compter.
Malheureusement, c'est plus facile dans une fiction que dans la réalité.
S'il y a des fautes (même minimes), vous pouvez me les signaler !
La partie deux arrive bientôt ! (Ou pas)
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