[Bon. Je sais que ça n'a peut-être rien à faire dans ce recueil, mais c'est ce que je ressens. C'est ce qui se passe dans ma tête. C'est mon rapport avec plein de choses que je ne compte pas expliquer dans Blessings and Flaws parce que ça n'a rien d'humoristique.]

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Je sens.

Je sens le vent sur ma peau le lundi matin quand je sors de chez moi pour aller en cours.

Je sens l'odeur des pots d'échappement quand je me rends à mes cours de danse.

Je sens les larmes couler sur mes joues quand quelque chose de mauvais m'arrive.

Je sens l'odeur de cuir neuf qui provient de mes chaussons de danse.

Je sens le parfum de ma grand-mère quand elle fait la cuisine avec moi.

Je sens le parquet craquer sous mes pieds quand je me déplace chez moi.

Je sens les touches de mon clavier d'ordinateur qui se pressent quand j'écris quelque chose.

Je sens la chaleur des copies encore chaudes de la photocopieuse quand mon père me demande d'aller les chercher pour lui.

Je sens mon dos qui se voûte quand je dessine et que je suis si concentrée que je dois me plier en deux sur ma feuille.

Je sens mes yeux se plisser quand je n'ai pas mes lunettes en cours de danse et que j'essaye de comprend si c'est à moi que la professeure parle.

Je sens le grain du papier des pages du livre que je tourne.

Je sens la dureté du sol quand je tombe.

Je sens le contact familier de mon casque sur mes oreilles.

Je sens...

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Je ressens.

Je ressens une impression immense de solitude quand je sors de chez moi le lundi matin et que je découvre les rues de ma ville totalement endormies.

Je ressens les émotions des conducteurs qui en ont marre d'attendre qu'une bande d'adolescentes finisse de traverser au rouge pour pouvoir redémarrer alors que c'était normalement à eux de circuler.

Je ressens la violente sensation d'échec quand je rate quelque chose ou bien que je me trompe. Le bonheur, avec moi, commence avec un mot, une chanson, une conversation, un mouvement ou encore une lecture, mais s'arrête avec seulement un échec. Un minuscule échec qui n'aura même pas de répercussions sur ma vie.

Je ressens la passion qui m'habite quand je danse. La passion qui m'anime et la seule chose qui m'a donné envie de me lever le matin durant certains périodes de ma vie.

Je ressens l'amour infini que je porte à cette femme qui a vécu tant de choses, qui m'a appris tant de choses et qui m'a donné envie d'en faire tant d'autres à mon tour. Tant d'amour pour la femme qui m'apprend méticuleusement chacune de ses recettes de cuisine depuis une bonne dizaine d'années. Tant de choses qu'on ne pourra jamais metre en mots pour la femme qui m'a donné envie de peindre, de me battre pour ce que j'aime parce qu'il n'y a que ça que ne vaut vraiment la peine et qui m'a un jour dit que "La vie vaut la peine d'être vécue, certes. Mais que pour en garder un bon souvenir et pour avoir l'impression d'avoir réussi, il faut bien la remplir de plein d'aventures."

Je ressens des choses simples qui me rappellent que, bien que j'aie parfois l'impression d'être totalement effacée et indifférente, je suis toujours là.

Je ressens les émotions des personnages dont j'écris l'histoire. Les émotions des dizaines de gens qui vivent dans ma tête et qui prennent un peu plus vie chaque jour.

Je ressens l'impression d'avoir été utile à quelque chose. L'impression de ne pas être qu'une étrangère habillée de noir au milieu d' une foule de personnes habillées tout en blanc.

Je ressens le bonheur de créer quelque chose seulement à partir d'une image qui prend naissance dans ma tête, pour faire passer une minuscule pièce de mon imagination dans la dimension du réel.

Je ressens l'impression d'être dans le flou. Flou qui correspond d'ailleurs très bien à l'impression que j'ai tous les jours. Au milieu des autres, je suis dans le flou parce que je ne les comprends pas, parce que je ne comprends pas leurs mimiques, parce que je n'arrive pas à prévoir leurs réactions dans telles ou telles situations. C'est pour ça que j'aime écrire, d'ailleurs. J'ai le contrôle total sur ce que les gens font.

Je ressens les mots qui me traversent comme des flèches et qui se fichent droit dans mon cœur, parce que quoi que je lise, ça m'atteint plus ou moins profondément.

Je ressens la douleur qui traverse chacun de mes membres. Mais ce qui est important, ce n'ai pas la façon dont je suis tombée, c'est la façon dont je compte me relever.

Je ressens chacune des petites vibrations que me procurent la musique à fond dans les oreilles. Comme pour m'empêcher de réfléchir durant un laps de temps relativement court. Comme pour me couper des autres. Comme pour me permettre d'oublier le poids de mes soucis quelques instants. Comme pour déranger les règlements implacables de mon cerveau et les réflexions carrées que je me fais chaque jour. Comme pour me permettre de laissé replace à une autre partie de ce même cerveau qui me serre plus que toutes les autres, au final. La musique qui donne progressivement vie au monstre ambulant, coloré, génie totalement fou qu'est mon imagination.

Je ressens....

"La logique vous mènera d'un point A à un point B. L'imagination vous mènera partout.

-Albert Einstein"

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Écrit le 16 avril 2019, à 21:53.