Nostalgie
(Avec moi c'est pas "jalousie quand tu nous tiens", c'est "nostalgie quand tu nous tiens"...)
Attaquons-nous à quelque chose de complexe.
La nostalgie est quelque chose de complexe.
La nostalgie, au juste, qu'est-ce que c'est ?
D'après mon dictionnaire Larousse, c'est le regret mélancolique profond d'une chose révolue.
Je suis quelqu'un de scientifique. J'aime les définitions carrées, quand tout semble parfaitement expliqué.
Malheureusement, aujourd'hui, ça ne me satisfait pas. Ce n'est pas assez.
Pour moi, la nostalgie, c'est le monstre des cauchemars que vous faisiez en CP, tapi dans la pénombre, juste derrière votre coeur.
Il attend le bon moment pour se montrer.
La seconde où vous serez trop faible pour le repousser.
Alors, nous, en notre qualité d'être humain, on cherche à éviter ce petit monstre.
On trouve tout un tas de choses à faire, à raconter. On voit des gens, on travaille, on imagine.
Jusqu'au moment où on ne peut plus rien trouver.
C'est à ce moment précis qu'il choisit de se montrer, ce petit monstre.
Il s'accroche à votre coeur comme à un bouée de sauvetage, et, d'un coup de griffe, permet à son lent poison de s'infiltrer.
Voilà. La nostalgie est un poison.
Nostalgie, si c'était une personne, ce serait la fille qui vit éternellement dans le passé.
Qui vous parle de gens que vous n'avez pas connu, de moments auxquels vous n'avez pas assisté, sans même se concentrer sur ce qu'il se passe autour d'elle. Le genre de personne qui pense en son fort intérieur que le présent c'est surfait. Que le futur c'est surfait, et qui ressasse les mêmes images sans cesse.
Dans tout ce que j'écris, je compare souvent la vie à ne route.
Une route biscornue au cours de laquelle on se casse la gueule.
La nostalgie, c'est le souvenir des personnes qu'on traîne derrière nous.
Parmi ces personnes, il y a celles dont on ne se souvient pas vraiment, qui ne sont qu'un vague souvenir parmi tant d'autres.
Celles dont on se souvient parce qu'elles nous ont énervé, parce qu'elles nous ont blessé. Ces personnes dont on gardera toujours un souvenir terriblement négatif.
Celles dont on se souvient de façon positive. Parce que ces gens ils ont fait un bout de chemin avec nous, mais sans nous donner l'impression d'être un fardeau. Ces personnes qui étaient simplement heureuses d'être là.
Puis, parmi tous ces souvenirs, il y a celui des personnes qui ont tout changé.
Qui ont changé votre façon de penser.
Votre façon de créer.
D'imaginer.
D'écouter.
Celles qui vous ont donné une différente façon d'aimer.
Parfois, ces personnes si particulières, on a envie qu'elles restent pour toujours.
Sauf que, souvent, elles se perdent en chemin. Elles vont aider quelqu'un d'autre.
Elles changent de voie au moment où vous arrivez à un carrefour.
Ou alors c'est vous qui vous éloignez.
Durant mes assez courtes années d'existence qui me semblent filer très lentement, j'ai rencontré des gens, j'en ai perdu d'autres et j'en ai laissé plein partir.
Tout ça pour expliquer que la nostalgie, c'est simplement le souvenir des moments que vous avez passé avec ces foutues personnes sur ce foutu chemin.
Dans mon cas, la nostalgie a quelque chose de mauvais, de sournois.
Elle choisit de me rappeler uniquement les gens ou les époques dont le départ a laissé un vide immense. Un trou gigantesque dans un ciel illuminé par les étoiles.
La nostalgie, c'est toujours des choses qui me manquent cruellement.
L'époque où je pouvais jouer pendant des heures avec mon frère sans même penser une seule seconde à l'engueuler me manque.
L'époque où je collais des morceaux de carton ensemble et où je disais à mon père "Regarde, c'est la nouvelle table de ma maison de poupée !" me manque.
L'époque où ma mère ne me demandait pas toutes les deux secondes de mettre de la crème solaire et un chapeau quand il y avait trois pauvres rayons de soleil me manque.
L'époque où ma mère n'avait pas désespérément peur du cancer me manque.
L'époque où je partageais mon cookie du goûter en deux pour que mon frère en aie quand même un bout.
L'époque où, le soir après l'école, mon amie Andrea et moi, on faisait semblant d'être collées et où on disait ensuite à ma mère qu'il nous fallait un Malabar pour se décoller.
L'époque où je cachais des dessins sous les oreillers de mes parents pour qu'ils les trouvent en allant se coucher me manque.
L'époque où ma seule préoccupation sérieuse était de savoir si j'allais me réconcilier avec Clarisse me manque.
L'époque où je me mettais à pleurer le soir dans mon lit parce que je pensais que le fait d'avoir cassé une règle en plastique, c'était grave.
L'époque où mon père me lisait des histoires en faisant une voix spéciale pour chaque personnage me manque.
Mon enfance me manque.
"Le spleen n'est plus à la mode, c'est pas compliqué d'être heureux".
Mon oeil.
C'est bien plus compliqué que tout ce qu'on a pu me raconter.
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Écrit le 26/05/2019 à 20:10
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