Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Arrêt Fontaine

C'est marrant, cette impression qu'on a d'être perdu, parfois.

Tu connais ce genre de sentiment, non ?

En vérité, je ne suis pas à proprement parler perdu. Je sais parfaitement où je me trouve.

Je sais parfaitement où tu es, où sont nos amis et où sont mes parents.

Je connais parfaitement le numéro de la rue.

Comme une leçon apprise par cœur, au fil du temps. On s'habitue à tout, je suppose.

Je sais aussi ce qu'il s'est passé il y a dix ans de cela, dans cette rue.

Tu dirais que le hasard fait bien les choses, et que les coïncidences sont troublantes.

Je ne crois ni en ce foutu hasard, ni en ces prétendues coïncidences.

Si je suis là, ça n'est sûrement pas dû au hasard.

Je crois juste que, si il existe une force supérieure là-haut, elle doit bien rire en m'observant, maintenant.

Revenons à ce jour-là.

Je me rappelle encore de la pluie.

Il tombait de véritables seaux d'eau. Le ciel pleurait.

Pas comme aujourd'hui. Le ciel va pleurer, peut être de la même façon. Je ne sais pas.

J'ai toujours pensé que tu avais un lien avec le temps. Tu es de mauvaise humeur, il y a de l'orage, tu es triste, il pleut, et lorsque que tu es heureuse, il faut beau.

Si j'en crois cette réflexion, tu n'as pas beaucoup été heureuse ces derniers temps.

Il pleuvait donc des cordes. Le genre de pluie qui vous fouette le visage, qui vous empêche de distinguer nettement ce qu'il se passe autour de vous. Le genre de pluie qui vous entoure d'un voile gris.

Tu n'étais pas préparée pour cette pluie.

Je me rappelle t'avoir vue, bien habillée, comme toujours, traverser la rue.

J'avais secoué la tête en me disant que les gens étaient vraiment fous de nos jours, et qu'il fallait être totalement folle pour sortir en talons par un temps pareil.

J'étais sous l'abri-bus, en train d'attendre que celui-ci arrive. Contrairement à toi, j'étais au sec.

Et je t'ai vue glisser.

Comme au ralenti.

Et puis, comme dans l'un de ces dessins animés que j'aimais regarder lorsque j'étais petit, tu t'es écrasée, face contre terre.

Tu ne t'es pas relevée immédiatement.

Et puis, tu le sais mieux que personne, les voitures ne voient pas très bien ce qu'il y a devant elles, quand il pleut de cette façon.

Alors quand j'ai vu cette voiture bleue foncer sur toi, j'ai eu peur.

J'ai de nouveau vécu au ralenti.

Comme si, tout d'un coup, j'étais plus conscient que jamais du poids de mon propre corps et de tout ce qui le composait.

Je me rappelle avoir regardé autour de moi pour voir si quelqu'un réagissait.

Sauf que personne ne semblait te voir.

Alors je suis à nouveau allé sous la pluie, je t'ai relevée en quatrième vitesse et je t'ai ramenée sous l'abri-bus.

C'était l'arrêt Fontaine.

Ça aussi, je m'en souviens.

Je me souviens aussi de la première phrase que tu m'aie dite.

Pas un merci, pas un remerciement.

- J'ai laissé mes lunettes sur la route. Elles ont sauté de mon nez au loment où je suis tombée.

J'avais trouvé ça absurde, et j'avais ri.

Ri pour évacuer l'adrénaline des derniers moments.

Ri pour enlever l'impression de stress que j'avais eue en voyant cette voiture te foncer dessus.

Ri pour me dire que j'avais fait le bon choix. Jamais je n'aurais pu supporter de voir quelqu'un, même une inconnue, se faire écraser devant moi.

Et tu avais ri avec moi.

Je t'avais trouvée jolie, avec tes cheveux mouillés qui frisotaient.

Et je me rappelle que tu ne m'avais pas remercié.

Tu t'étais simplement excusée de m'avoir fait rater mon bus.

Honnêtement, je n'avais même pas remarqué.

Puis il y a eu les nombreuses semaines où on s'est vus tous les jours.

Parce que maintenant, tu prenais le bus sur cette ligne.

On a commencé à se parler.

Puis on a échange deux numéros de téléphone.

Puis quelques informations sur notre vie de tous les jours.

Quelques anectodes sur chaque journée.

Plus le temps passait, plus j'avais envie de prendre le bus chaque soir.

Alors un jour, je t'ai demandé si tu voulais bien prendre un café avec moi.

Tu as ri.

Et tu m'as dit oui.

Et tu as même ajouté que tu avais de nouvelles lunettes que tu serais ravie d'apporter là-bas pour me voir nettement.

Apres ce café on s'est vus plusieurs fois. On est devenus amis. On est devenus plus.

Je t'aimais et tu m'aimais.

Je t'aime.

Un soir, cinq ans plus tard, tu rentrais du travail.

Il pleuvait.

Tu te rappelles de ce soir là ?

Je n'étais pas avec toi, parce que j'avais récemment changé de travail.

Il pleuvait.

Comme le jour où tu es tombée sur cette route pour la première fois.

Sauf que cette fois, je n'étais pas là.

Je n'ai pas pu te relever à temps pour éviter que la voiture ne te percute.

Dis-moi, est-ce lorsqu'on meurt, on voit vraiment toute sa vie défiler devant ses yeux ?

Je ne sais pas.

Je sais que tu ne me répondras pas.

Mais j'essaye tout de même.

On ne sait jamais.

Et tu sais quoi ?

Aujourd'hui, ça fait dix ans tout pile que je t'ai relevée face à cette voiture, ce jour de pluie.

Ça fait quatre ans que tu n'es plus là.

Du moins, plus tout à fait.

Et aujourd'hui, je suis là.

Assis à l'abri-bus de l'arrêt Fontaine.

Sans pluie.

Sans toi.

Avec une larme dans mon œil qui ne veut pas couler.

"Tiens. On dirait qu'il va pleuvoir aujourd'hui"

Cette pensée, elle était futile. Pas à mon sens.

Chaque petite goutte d'eau qui tombe est une larme versée pour toi.

Uniquement toi.

_______________________________________

"Let me let you go"
Billie Eilish, when the party's over.
_______________________________________

Écrit le 19 avril 2019 à 23:31

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro