Le chemin
Et si tous nos choix pouvaient modifier radicalement notre futur? Et si, sans le savoir, chaque petite décision que nous prenons influençait ce qui advient de notre vie? Notre avenir est-il prédéterminé, ou vivons-nous l'univers que nous nous sommes nous-mêmes créé à travers chaque parole prononcée, chaque action réalisée, chaque pensée écoutée? J'ai maintenant une réponse. Une réponse claire, bien claire. En voici la raison.
Tout a commencé par un froid après-midi d'automne. Une brise fraîche venait embrasser mes joues rosées, comme une rafale de baisers empoisonnés cherchant à arracher l'âme des passants. Je marchais en bordure de la rue, mes longs cheveux noirs virevoltant autour de moi, et je tentais d'oublier. Oublier quoi? L'oublier, elle. À peine quelques heures plus tôt, Kayla était ma meilleure amie, ma confidente. Je lui partageais tout, mes joies, mes angoisses, mes peines. Parfois, j'avais même l'impression qu'elle me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. Et puis, c'est arrivé. La trahison. Le déni. La colère. La déprime. Et là, je marchais, m'éloignant de ces soucis, m'éloignant d'elle, mais son image restait ancrée en moi tel une marque au fer chaud sur une peau déjà fraîchement coupée et déchirée en mille pièces. C'est alors qu'une intersection fit son apparition devant moi. Absorbée par mes pensées et mes images, je n'avais que peu porté attention aux chemins que j'avais empruntés. Levant les yeux, je scrutai le poteau directionnel maladroitement enfoncé à quelques mètres de moi. C'était une vieille structure de bois que la pluie et le temps avaient rongée et laissée comme un cadavre d'animal en bordure de la route. Tout en haut, quatre panneaux indiquaient le nom des rues, cloués grossièrement, comme réduits au silence. Je lus les noms à voix haute. C'était des noms étranges. Des noms de rues que je n'avais jamais entendu auparavant. Ma petite voix intérieure me suggéra de jouer la sécurité et de rebrousser chemin. Or, en regardant derrière moi, le visage de Kayla vint me fouetter et serrer mon coeur dans un étau si puissant que je pus presqu'entendre son mécanisme. Je ne pouvais pas retourner là-bas, non. Je ne pouvais pas retourner près de Kayla. J'observai donc attentivement les trois routes et décidai de tourner à gauche. Cela allait bien me mener quelque part, non? Alors que je m'enfonçais dans l'inconnu sur cette route étrangère, je sentis une certaine angoisse tranquillement se répandre à travers mes veines, comme une venim insidieux paralysant peu à peu mes pensées. Je continuai mon chemin, mais une force semblait me brûler vive, de l'intérieur. Puis, les doutes s'installèrent ; aurais-je dû revenir sur mes pas? La brûlure devint de plus en plus intense, me torturant, me détruisant, me réduisant à un corps enflammé et un esprit paralysé. Repensant à Kayla, je réalisai que la douleur qu'elle m'avait infligée était bien moins pire que celle dont j'étais prisonnière à l'instant. Je décidai donc de revenir sur mes pas et ainsi, pensais-je, j'allais pouvoir revenir sur mon chemin de départ et retourner d'où je venais. Le chemin me sembla interminablement long, chaque minute, chaque seconde s'enfonçant dans mes plaies intérieures, me rappelant à quel point la brûlure était insupportable. Finalement, j'atteignis l'intersection. J'étais soulagée, certes, mais surtout anxieuse. Quelque chose n'allait pas, je le sentais. Je tournai ma tête vers la droite, vers Kayla... mais il n'y avait plus de chemin! Au loin, des montagnes s'étendaient au-delà l'horizon, formant une infranchissable frontière. Apeurée, affolée, je posai mon regard sur les noms de rues et les lis à voix haute, de nouveau. En face de moi, il y avait la rue Colère. À ma gauche, la rue Déprime. Celle que je venais de parcourir était la rue Regrets. Et à droite, celle d'où je venais, celle qui avait disparue... c'était la rue Pardon.
Nos choix peuvent modifier radicalement notre futur. Chaque petite décision que nous prenons, même si en apparence insignifiante, influence ce qui advient de notre vie. Notre avenir n'est pas prédestiné ; c'est nous qui le forgeons, qui le modifions, sans s'en rendre nécessairement compte. C'est peut-être mieux comme cela, ou pire, nous ne le saurons jamais. Mais une chose est certaine. Lorsque vous prenez une décision, gardez toujours en tête que peu importe votre choix, certains chemins vont disparaître à tout jamais.
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