2 | On recommence ?
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« Parce qu'ils s'étaient aimés, et qu'ils s'aimeraient encore. »
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Ce texte là est tout particulier pour moi : il change totalement de ce que j'ai l'habitude d'écrire !
Comme je fais des études de scène, j'étudie en partie le théâtre, et dans un de nos cours, on devait écrire des textes de théâtre, avec comme thème "l'amour dans le temps". On avait plein de différents sous thèmes écrits sur des petits papiers et j'ai tiré celui-ci : "On recommence". ( D'où le titre, quelle originalité n'est ce pas ? :D )
Bref, c'est à cette occasion que je l'ai rédigé ! \(・◡・)/
La mise en page est donc une mise en page théâtrale, vous verrez ;)
Je ne fais jamais ça en temps normal donc c'est tout nouveau haha, et je ne suis pas très confiante, mais j'avais quand même envie de vous partager ce petit texte qui a un début et une fin, en espérant qu'il vous touche ( ꈍᴗꈍ)
( Petite note : lisez bien et prenez bien en compte les "ellipse", sinon vous risquez peut-être d'être un peu perdus ;) )
N'hésitez pas à laisser votre avis, je serais très curieuse de savoir ce que vous en avez pensé !
Sur ce, assez parlé et bonne lecture ♡
On recommence ?
Ils se regardent. Mal à l'aise. Ils se saluent. Maladroitement. En se dévisageant, ils repensent aux derniers moments qu'ils ont échangé, à la séparation, aux colères, aux larmes, aux dernières étreintes amères. Ils ne sont pas sûrs d'avoir envie d'être là.
YEONJUN – Je ne savais pas que tu venais toujours ici.
SOOBIN – Ça faisait un moment, à vrai dire. J'avais envie de prendre un peu l'air, et quel meilleur endroit que celui-là...
YEONJUN – C'est sûr.
SOOBIN – Ouais.
Hésitations. Nervosité. Dans le court blanc qui s'installe, leurs pensées semblent absurdement bruyantes.
SOOBIN – ... Et toi ?
YEONJUN – Oh, moi ? Je suis là pour ma fille.
SOOBIN – Ah oui. J'ai appris. Je suis content pour toi.
YEONJUN – Ouais.
SOOBIN – Elle est belle.
YEONJUN – Tu trouves ?
SOOBIN – Elle te ressemble.
Sourire gêné. Le silence s'installe, et ils regardent la petite fille courir dans l'herbe encore humide après les dernières pluies. Il se passe un long moment sans qu'aucun des deux ne parle. Et puis :
YEONJUN – Toi, ça va ?
SOOBIN – Ça va. Enfin, je crois.
YEONJUN – Tu crois ?
SOOBIN – Je veux dire, si, si, ça va.
Yeonjun n'insiste pas. L'autre ne lui répond pas qu'il lui manque. Le silence est roi à nouveau.
YEONJUN – ... Et moi, tu ne me demandes pas comment je vais ?
SOOBIN – Pardon. Comment tu vas ?
YEONJUN – Et bien, ça va aussi, je crois.
La petite fille tombe, ses genoux sont couverts de boue, et elle se met à pleurer. Yeonjun s'excuse et court la voir.
[ ELLIPSE ]
Ils se regardent. Incertains. Ils s'adressent un petit hochement de tête. Poli. Autour d'eux, les inconnus marchent dans la rue, sans se douter qu'ils croisent deux personnes qui ont un jour été les plus proches, et qui maintenant ne savent plus comment se comporter face à l'autre.
YEONJUN – Ça me fait plaisir de te revoir.
SOOBIN – Vraiment ?
YEONJUN – Ouais. On était amis, après tout.
Amis. Ce c'est pas le bon mot pour désigner leur avant. Mais ça, tous deux se gardent bien de le dire.
SOOBIN – Tu veux qu'on fasse quoi ?
YEONJUN – Je sais pas. On peut marcher un peu.
SOOBIN – Tu m'as appelé juste pour marcher ?
YEONJUN – Oui, non... Enfin, pour discuter. Prendre de tes nouvelles. Tu deviens quoi ?
SOOBIN – Pas grand-chose.
Yeonjun ne sait pas comment rebondir. Soobin le voit bien. Il pourrait simplement répondre à sa question, mais il ne sait pas non plus s'il a envie de lui partager ce qu'est devenu sa vie après son départ. Alors, il détourne le sujet de lui-même.
SOOBIN – Allons marcher.
Amis. Soobin se dit fugacement que s'ils pouvaient le redevenir, ce serait déjà ça.
[ ELLIPSE ]
Ils se regardent. Réservés. Il se font la bise. Gauchement. Dans le petit café, il n'y a pas grand monde, et il faut dire que pour sortir par un tel temps, il faut être sacrément courageux.
SOOBIN – Salut.
YEONJUN – Salut.
Ils s'assoient tous les deux en face de l'autre, et fugacement, ils ne peuvent s'empêcher de se remémorer les premières fois où ils se sont ainsi assis face à face dans un café. Leurs cœurs se serrent doucement.
YEONJUN – Ça me fait plaisir que tu sois venu.
SOOBIN – Ce n'est rien.
YEONJUN – Pour moi, c'est beaucoup.
Yeonjun lui sourit. Soobin n'est pas sûr de savoir quoi faire de ce sourire. Il se racle la gorge, hésitant, puis change de sujet :
SOOBIN – Qu'est ce que je peux faire pour t'aider, alors ?
YEONJUN – Hein ?
SOOBIN – Tu m'as dit que tu avais un problème.
YEONJUN – Ah... Oui.
Yeonjun baisse le regard sur ses doigts, sans se défaire de son sourire. Mais Soobin le connaît bien assez pour savoir qu'autre chose se cache dans cette fausse joie simulée.
YEONJUN – Je t'ai menti, l'autre jour.
SOOBIN – Ah ?
YEONJUN – Oui, tu sais. Le premier où on s'est revus. Il y a deux mois.
Confusion. Soobin cherche dans sa mémoire sur quoi Yeonjun aurait bien pu lui mentir.
SOOBIN – Et c'est grave ?
YEONJUN – Oh, non, non, pas vraiment. Enfin...
Le silence s'installe à nouveau. Il ne faut pas le laisser prendre trop de place, sinon, il va tout dévorer, et ça serait trop dommage.
SOOBIN – Sur quoi tu m'as menti ?
YEONJUN – Tu sais, tu m'avais demandé si j'allais bien...
SOOBIN – Oui ?
YEONJUN – Et je t'avais répondu que oui. Je crois. La vérité c'est que non, ça ne va pas du tout. Ma fille grandit et je crains qu'elle ne puisse avoir deux parents comme il le faudrait, parce que je n'y arrive pas, tu sais ; j'essaye pourtant. Et je l'aimais, ma compagne, au début, vraiment, mais depuis quelques temps, – un an déjà peut-être –, je n'y arrive plus, et je me sens mal, dans notre couple, si mal, et encore plus d'y rester sans savoir l'aimer. J-je...
Yeonjun se prend la tête dans les mains, comme il le faisait souvent pour camoufler les émotions qui glissent sur son visage.
SOOBIN – Eh...
YEONJUN – Je suis coincé, complètement coincé. Comment ai-je fait pour te quitter ? Pourquoi suis-je incapable de le refaire avec elle ?
Soobin ne répond pas tout de suite. Il accuse le coup. Puis il lui apportera son soutien, parce qu'il ne supporte pas de le voir triste.
[ ELLIPSE ]
Ils se regardent. Simplement. Ils font un signe de main. Doucement. Dans la nuit seulement éclairée par les quelques lampadaires, Soobin serre la main de la petite fille, pour être sûr de ne pas la perdre ou qu'elle ne s'aventure pas imprudemment sur la route. Il rejoint Yeonjun, et laisse finalement l'enfant se ruer dans ses bras.
YEONJUN – Salut ma puce.
Yeonjun la porte, et la petite s'agite, toute pressée de lui raconter sa journée. Soobin écoute avec un sourire tendre.
SOOBIN – Bon, je vais y aller, je pense.
YEONJUN – Déjà ?
SOOBIN – Oui, je ne vais pas vous déranger plus longtemps.
YEONJUN – Tu déranges pas.
Il hésite, juste quelques secondes, juste un infime instant.
YEONJUN – Tu veux monter ?
C'est au tour de Soobin de sembler indécis.
YEONJUN – J'ai encore l'habitude de cuisiner pour trois, alors j'ai fais bien trop de lasagnes, et ça serait bête de gâcher.
SOOBIN – Si c'est pour tes lasagnes, alors...
Ils s'échangent un sourire, et quelques minutes plus tard, ils sont affairés dans la cuisine, tandis que la petite est partie jouer dans sa chambre en attendant le repas.
YEONJUN – Merci pour Arin.
SOOBIN – Oh de rien, c'est normal. Ce n'est pas comme si j'avais grand-chose à faire de toute façon, et puis ça me fait plaisir.
YEONJUN – Toujours aucun job ?
SOOBIN – Aucun. J'aurais peut-être dû t'écouter, finalement, quand tu me disais de pas lâcher mes études.
Il dit ça dans un petit rire, qui camoufle mal les souvenirs qui sommeillent à la mention de leurs années étudiantes. Ils se rappellent l'amour, les jeux de séduction, les étreintes passionnées, les nombreuses sorties, les baisers et tout le reste ; tout ce qui était si beau, et qu'ils ont perdu il y a de ça des années, qu'ils ont préféré laisser filer, avant que ça ne s'enlaidisse trop. Mais cette fois, il n'y a pas de douleur. Juste un pincement au cœur étrangement doux.
SOOBIN – Bon, et toi ? Comment tu vis tout ça ?
Yeonjun hausse les épaules.
YEONJUN – C'est dur, mais paradoxalement, ça fait du bien. Je me sens... Je ne sais pas. Mieux, même si ça me fait de la peine aussi. Bon, je galère un peu avec cet appart et tout ce qu'il y a à faire, mais je ne peux pas me plaindre ; c'est moi qui ai causé tout ça. Je m'habituerai. La séparation a surtout été difficile pour la petite...
SOOBIN – J'imagine.
Un silence.
SOOBIN – Ne culpabilise pas trop. Elle comprendra.
YEONJUN – Mmh.
Soobin, il ne parle pas beaucoup, alors Soobin, il ne sait pas comment le rassurer avec des mots. Les gestes fantômes l'entraînent alors, et il glisse doucement sa main dans la nuque de Yeonjun dans une pression réconfortante. Il s'éloigne dès qu'il réalise son geste, mais le contact a déjà eut lieu : bref, éphémère, comme un mirage ; et Yeonjun ne l'a pas repoussé.
[ ELLIPSE ]
Ils se regardent. Pudiquement. Ils se souviennent. Craintivement. Ils se demandent ce que ces souvenirs veulent dire de la réalité, et ce qu'ils doivent faire de ces sentiments laissés comme ça entre leurs mains maladroites. Certains ressemblent à un rêve. D'autres, à un cauchemar dont il ne sont pas sûrs de vouloir regoûter la saveur.
SOOBIN – Tu vas te choper des coups de soleil.
YEONJUN – Fais pas ton rabat-joie, je suis un grand garçon.
Soobin regarde Yeonjun marcher vers le lac, avec son dos nu et ses grains de beauté qu'il connaît par cœur. Yeonjun n'a pas besoin de voir le corps de Soobin pour deviner sa carrure élancée, sa posture maladroite, et sa peau pâle qui se camoufle derrière ses vêtements trop larges.
YEONJUN – Tu devrais venir, elle est bonne !
SOOBIN – Sans façon.
YEONJUN – T'es pas drôle.
SOOBIN – C'est cela, oui.
Yeonjun lève les yeux au ciel, et plonge sous l'eau, tandis que Soobin resserre ses bras autour de son corps. Une petite phrase, et tout revient. Un « t'es pas drôle », et les disputes résonnent à nouveau, les cicatrices le brûlent, les blessures se rappellent à lui, les douleurs vives, son cœur en sang hors de ses mains.
Et puis, au loin, Yeonjun se retourne vers lui. Un sourire, et tout revient. Les moments de joie, de complicité, les jeux stupides qu'ils faisaient à en oublier de dormir, les étreintes tendres, les baisers parfois doux, parfois chauds, parfois brûlants, les caresses, le réconfort d'une peau contre la sienne.
Soobin déglutit.
[ ELLIPSE ]
Ils se regardent. Tendrement. Ils se sourient. Timidement. Autour d'eux, le monde s'efface pour laisser place aux brumes de leur amour passé, et leurs cœurs se réchauffent silencieusement. Le Soleil brûlant de l'été n'y est pour rien.
SOOBIN – T'es sûr que c'est une bonne idée ?
YEONJUN – Honnêtement ? J'en sais vraiment rien. Mais j'en ai envie.
SOOBIN – Et si ça recommençai ?
YEONJUN – Alors j'imagine que nous nous dirons aurevoir à nouveau.
Soobin ne répond rien. Il pose le regard sur leurs mains, et timidement, du bout des doigts, il les entrelace, les laissant retrouver cette sensation à la fois si familière et si étrangère. C'est réconfortant, tendre, presque trop. Ils lâchent un petit rire.
YEONJUN – Pourquoi tu ris ?
SOOBIN – Toi, pourquoi tu ris ?
YEONJUN – Parce que tu m'as manqué.
SOOBIN – Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle à ça...
YEONJUN – Mais si. Rappelles-toi. Et regarde où nous en sommes maintenant.
SOOBIN – On est soit faits l'un pour l'autre, soit très cons...
YEONJUN – Ça te fait peur ?
SOOBIN – Qu'on soit cons ? Ouais, vraiment.
YEONJUN – Pourtant, c'est comme ça qu'on était le plus heureux, à la fac.
SOOBIN – Je sais, justement.
YEONJUN – Développe.
SOOBIN – On était heureux, et ça n'en a fait que d'autant plus mal. Le bonheur est dangereux quand il est suivi par une chute. Et je ne sais pas si je supporterai ça une nouvelle fois.
Yeonjun ne répond rien. Il ne peut pas lui promettre qu'ils resteront ensemble pour toujours, cette fois. Il ne peut pas lui promettre qu'ils ne se blesseront pas. Qu'ils ne se feront pas du mal. Mais il peut lui promettre qu'ils riront, au moins un peu, qu'ils souriront, au moins quelques fois, et qu'ils s'aimeront, au moins quelques temps. Pour lui, c'est le principal. Sauf qu'il n'est pas seul.
YEONJUN – C'est comme tu le sens, Soobin. Je ne veux pas te forcer à quoique ce soit.
SOOBIN – ... J'ai envie d'être avec toi.
YEONJUN – Alors ?
SOOBIN – Alors quoi ?
YEONJUN – On recommence ?
Un silence. Le plus beau des silences, peut-être.
SOOBIN – ... On recommence.
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