Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Quand l'automne danse avec le ciel | AkiTen

Bonjour, bonjour ! Comment allez-vous ?

Aujourd'hui, on se retrouve pour un ship peu conventionnel ! Je vous avais dit qu'on se retrouverait avec d'autres personnages, un peu plus vieux que des lycéens... Eh bien, on se retrouve maintenant avec des étudiants !

Alors, petite précision : ce chapitre va un peu spoiler le personnage de Tenma Udai, ou autrement nommé "le petit géant". Ne sachant pas vraiment comment il est, je n'ai réussi à glaner que quelques infos que j'ai extrapolées. Donc, c'est à peu près conforme au manga, mais il sera peut-être un peu OOC ! Quant à Akiteru, j'ai essayé de le faire assez fidèle, mais lui aussi devrait être OOC sur certains points.

Pour ce qui est du titre, sa signification vient des caractères présents dans les noms des personnages : Aki signifie "automne" et Ten veut dire "ciel".

Brefouille, bonne lecture !

¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

— Où vas-tu ?

Akiteru se retourna, coupable d'être surpris pendant son départ. Il suspendit son geste, un peu stupide, avec une manche de sa veste enfilée et l'autre pendouillant derrière son épaule. Kei, à quelques pas de lui, le regardait de ses yeux dorés, un air pincé sur le visage.

— Au lycée, répondit Akiteru.

— Au lycée ? A Karasuno ?

La surprise remplaça un court instant l'agacement du bloqueur.

— Je ne savais pas qu'à vingt-et-un ans, tu avais encore besoin de cours du soir, se moqua Kei.

— Je n'y vais pas pour des cours, répliqua Akiteru, piqué au vif.

— Alors pourquoi tu te barres comme un voleur ? Tu pars encourager quelqu'un ?

Akiteru fixa son petit frère, livide. Kei pouvait se montrer sarcastique, ironique, piquant. Mais il ne se montrait que très rarement blessant. Très rarement aussi blessant et de façon aussi ouverte. Il sentit un déchirement dans sa poitrine. D'un geste brusque, il enfila sa veste.

— Non, je pars faire autre chose. Quelque chose qui ne regarde pas les enfants.

Cette fois-ci, ce fut au tour du blond de froncer les sourcils. Akiteru savait très bien que la maturité de Kei était un point sensible. L'insulter d'enfant, c'était le mettre au même niveau que tous ses compères, ceux qu'il peinait à supporter à cause de leur manque de réflexion.

— Tu te rends compte que tu avais dit que tu passerais la soirée avec moi ? grommela le lycéen.

— Ecoute, Kei... Je sais. Mais j'ai quelque chose d'important à faire. Promis, demain, je passe la journée avec toi.

Akiteru esquissa un sourire, comme pour adoucir sa promesse. Kei se contenta de détourner les yeux et laissa échapper un grognement dédaigneux. Le jeune adulte se rapprocha de son frère et leva le bras pour lui ébouriffer les cheveux.

— Je savais que tu comprendrais ! Je t'aime, petit frère !

— Arrête, marmonna Kei. Je suis...

Akiteru ne l'écouta pas, ayant déjà claqué la porte. En un instant, il chevaucha son vélo et sortit de la cour. Les roues crissèrent sur le bitume quand il dérapa pour descendre dans la rue, si bien qu'Akiteru s'effraya presque. Avait-il si hâte de le revoir ? Pourquoi se pressait-il autant ? Il avait vérifié cinq fois : il n'était pas en retard. Il n'était pas en retard, même plutôt en avance. Il avait tout fait pour ne pas louper cet événement.

Quand, une semaine plus tôt, son téléphone s'était allumé pour la réception d'un mail, l'aîné de la famille Tsukishima avait vaguement soupiré, se demandant bien quelle pub venait d'alourdir sa messagerie. Il avait ouvert ce courrier et était resté béat pendant de très longues minutes, au point qu'en revenant de sa pause, un client lui avait demandé s'il allait bien. Il avait tenté tant bien que mal de le rassurer. Non, il ne faisait pas de malaise.

Même si ça aurait pu être probable.

Il s'attendait à tout sauf à ça. Un mail de la part d'un de ses anciens camarades, désireux de réunir les membres de leur promotion pour une réunion d'anciens élèves. Vu le peu de temps qui s'était écoulé depuis leur sortie du lycée, beaucoup avaient refusé, prétextant ne pas être disponible. Quelque part, Akiteru les comprenait ; qu'auraient-ils à se raconter en si peu de temps ? Seulement, comme il ne faisait pas grand-chose ces derniers temps, il accepta finalement de venir. Surtout que lui aussi, allait venir. Il avait répondu tardivement, mais il avait confirmé sa venue.

En pensant à son ancien coéquipier, Akiteru pédala avec plus d'entrain. Depuis la fin des championnats, il n'avait eu aucune nouvelle. Rien. Pas un message. Pas un appel. Un silence radio qu'on lui imposait depuis plus de trois ans. Au début, Akiteru n'avait pu s'empêcher de trouver ça ignoble, même s'il ne parvenait pas à lui en vouloir. Puis il avait fini par s'accommoder de cette absence. Ou au moins faire semblant. Et ce soir ? Ce soir, il ne savait plus quoi en penser. Devait-il le haïr ? Lui sauter dans les bras en même temps ? Après tout, il pouvait sauter dans ses bras pour l'étrangler. Ce n'était pas si contradictoire... Ça devrait passer dans un tribunal, non ?

Lorsqu'il aperçut au loin les grilles du lycée Karasuno, Akiteru abandonna son ambition pavée de reproches. En réalité, il s'arrêta durant une interminable minute. Cette minute, il la passa à peser le pour et le contre de cette soirée. Continuer ou rebrousser chemin ? Le dilemme le paralysait.

Un rugissement de moteur le sortit de ses pensées. Il se décala tout juste pour laisser passer une voiture blanche surgissant de nulle part avec la furie de mille taureaux déchaînés. Akiteru poussa un cri de surprise quand le bolide citadin s'arrêta juste devant lui :

— Eh là qui voilà ! Aki-chan ! Je ne pensais pas que tu te ramènerais !

Akiteru n'eut aucun mal à remettre le nom de cette jeune femme blonde, un coude posé à la fenêtre, derrière son volant, un sourire arrogant sur le visage. Tanaka Saeko. Ils avaient partagé dans la même classe deux années sur trois au lycée. Une jeune femme extrêmement dynamique. Un peu trop pour le jeune homme calme qu'il était.

— Tu vas aussi à Karasuno, hein ? Qu'est-ce que tu fais, au milieu de la route ? Tu attends l'aube ou quoi ?

— Euh... Non... J'allais venir.

— J'espère bien ! On va bien s'éclater ! Bon, je t'avoue, on avait prévu de faire un truc ce soir avec Ryu et je devais pas venir, mais comme il m'a plantée, je me suis dit que j'allais me ramener. Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais je dois aller garer la princesse ! rigola Saeko en tapotant la portière de son engin.

Et elle repartit aussitôt, sans laisser à ce pauvre Akiteru de répondre quoi que ce soit. Il reprit donc la route et entra dans le lycée après avoir déposé son vélo dans le local dédié. Il s'arrêta à nouveau devant la porte d'entrée, une brise de nostalgie vint caresser ses cheveux. Un sourire flotta sur son visage. Si Saeko était là, alors il ne s'ennuierait pas autant qu'il l'envisageait. Il s'amusa un instant de l'ironie de ce monde. Il y allait en laissant Kei derrière lui ; elle y allait parce que Ryu l'avait laissée. Pourtant, si l'un d'entre eux aurait dû rester, c'était bien lui !

Un souffle de culpabilité lui coupa les jambes. Laisser son blondinet de petit frère l'angoissait beaucoup. Non pas que le bloqueur de Karasuno ne savait pas comment s'occuper tout seul ; au contraire, même. Mais il l'avait déjà abandonné une fois. Et il ne souhaitait plus ressentir cet affreux sentiment, cette délirante mélancolie qui lui serrait le coeur. Et il ne voulait pas non plus la faire subir à son frère.

Mais il n'avait pas le choix.

Et il avait promis à Kei de rattraper le temps perdu. Il ne doutait pas que Tadashi le rejoindrait tôt ou tard. Ou peut-être serait-ce l'inverse ? Ces deux-là passaient le plus clair de leur temps ensemble. Ce qui n'était pas étonnant. Kei avait récemment avoué son amour pour son meilleur ami. Akiteru en tirait une certaine fierté... puisque c'était lui qui avait poussé son frère à déclarer ce qu'il ressentait. Une victoire pour le grand frère qui adorait le petit couple ! Dès leur première rencontre, il avait pressenti que Tadashi tomberait certainement amoureux de Kei. Quelle surprise le heurta quand il se rendit compte que c'était Kei, qui était tombé en premier dans les pièges de l'amour !

Non, il n'avait définitivement pas à se faire du souci. Il réserverait une après-midi complète à son petit frère. Ce soir, il la consacrait à lui ; à eux.

Lorsqu'il entra dans la cour de l'établissement, la nostalgie le submergea définitivement. Combien de fois avait-il emprunté cette route ? Combien de jours avait-il passé ici ? Combien de sourires et de larmes avaient envahi son visage ? De victoires, de défaites, d'amertumes et de joies ? Un tsunami le noya. Sa main vint caresser ses lèvres, inconsciente trace qui restait des vagues du temps. Il se surprit même à avoir les larmes aux yeux, avant de secouer vivement la tête, refusant ce débordement d'émotions un peu trop précoce à son goût. Il se gifla deux fois pour reprendre ses esprits.

— Allez, Aki, c'est pas le moment ! Recentre-toi !

Un petit rire derrière lui le paralysa. Il se retourna lentement, peu désireux de découvrir qui venait de le surprendre en train de se parler tout seul.

— Tu te parles tout seul, maintenant ? Remarque, tu faisais déjà ça à l'époque...

— Très drôle, grimaça Akiteru, peu glorieux.

— Tu es stressé ? lui demanda Saeko.

Il détourna le regard. Il savait très bien de quoi parlait la grande sœur du coéquipier de Kei. Il ne pouvait même pas le nier ; ça se voyait simplement à des kilomètres. D'un mouvement de tête, il acquiesça donc.

— En trois ans, il a peut-être changé.

— S'il avait changé, j'aurais peut-être reçu un message, grommela Akiteru, peu convaincu.

Saeko soupira. C'était vrai. Mais on ne pouvait pas changer les gens comme ça. Dire de telles banalités pour réconforter son ancien camarade de classe n'avait aucun sens.

— Tu as raison. Mais tu verras bien ; ce soir, c'est l'occasion de retrouver quelque chose.

Akiteru la regarda longuement, sans trop savoir quoi répondre. Il ne voulait pas se montrer désagréable avec l'une des seules personnes qu'il côtoyait encore de temps en temps, même s'ils ne se parlaient vraiment pas souvent et n'avaient jamais pris le temps de discuter réellement, autour d'un café ou d'une coupe de saké, par exemple.

— Au fait... Tu es arrivée avant moi... Tu m'as attendu ?

Saeko, face à cette question, grommela quelques mots incompréhensibles, les joues légèrement rouges.

— Ne dis pas n'importe quoi. Allez, viens, on est en retard.

Lui collant une main dans le dos, elle le poussa légèrement pour l'aider à avancer. Il se laissa tranquillement faire, plus préoccupé par ce qui l'attendait.

Ils pénétrèrent dans la grande salle de réception... qui n'était autre que le gymnase du lycée. Aussitôt, la vague de nostalgie redoubla. Akiteru manqua de peu d'enlever ses chaussures pour se changer et mettre ses baskets, saisi par l'habitude passée. Il se retint au dernier moment, cloué au mur par un regard en biais de Saeko. Un regard qui lui disait clairement : si tu fais ça, tu passeras pour le plus gros con du monde. Et comme il n'avait pas besoin de passer pour le plus gros con du monde, il s'abstint de confondre le passé et le présent. Inutile d'attirer l'attention. Il devait rester discret. Ce serait le meilleur moyen de le mettre en confiance...

Il repéra immédiatement sa présence. Comme si ses yeux avaient ignoré le reste du monde. Il ne restait plus que lui. Lui et ses cheveux corbeaux. Lui qui se fond dans la masse. Lui et ses épaules puissantes. Lui et ses jambes solides. Lui et son aura imposante. Lui et l'abysse de ses yeux. Lui, lui, lui tout entier.

Udai Tenma.

Son nom chantait dans son esprit depuis déjà tant d'années. Coéquipiers. Tellement plus que ça et en même temps tellement moins. Son cœur vibrait chaque fois qu'il se perdait dans ses souvenirs. Il se souvenait de tout. L'aura orgueilleuse qui émanait de ses paumes lorsqu'il frappait le ballon. Ses yeux qui pouvaient lire dans toutes les âmes et s'aventurer là où personne n'avait pu se rendre.

— Alors ? le nargua gentiment Saeko. On est absorbé dans sa contemplation ?

Akiteru lui répondit par une moue boudeuse. La blonde avait le don de taper là où ça faisait mal. S'en rendait-elle seulement compte ou... A voir son sourire narquois, aucun doute : elle s'en rendait bien compte.

— Tu devrais aller lui parler.

— Je ne sais pas trop...

— Qu'est-ce que tu crains ? T'es devenu un froussard, Tsukishima-kun ?

Akiteru grimaça. Non pas parce qu'elle venait d'utiliser son nom de famille alors qu'ils avaient pris l'habitude de s'appeler par leurs prénoms, mais bien à cause de la manière dont elle le forçait à prendre une décision qu'il peinait déjà à prendre depuis plusieurs années.

— Non, mais...

— Bah alors quoi ? Qu'est-ce que...

Elle fut interrompue par l'arrivée d'anciens camarades, qui saluèrent avec entrain les deux adultes. Ils parlèrent longuement, de tout et de rien, du quotidien, de la galère des études, de leur travail, de leurs passions. Akiteru répondait avec politesse, mais ses yeux ne quittaient jamais la position de Tenma. Quand leurs anciens camarades s'éloignèrent, Saeko lui donna un coup de coude :

— Aïe ! gémit-il.

— T'es vraiment irrécupérable, toi ! On se demande bien qui est l'aîné entre ton frère et toi !

— C'est moi ! clama Akiteru.

— Dans ce cas, comporte-toi en adulte et arrête de fixer ce pauvre gars sans rien faire. Va lui parler.

— Mais...

— Pas de mais. Tout de suite.

Le regard glacial qu'elle posa sur lui suffit à le convaincre d'aller voir son ancien compagnon. Il quitta Saeko d'un pas hésitant, se frayant un chemin vers Tenma, qui attendait patiemment, assis sur une chaise, le regard tantôt dans le vide, tantôt plongé dans son téléphone.

— Salut, lança Akiteru, une fois à son niveau.

Tenma leva les yeux de son portable et les plongea dans le regard crème du blond. Akiteru marqua une seconde de pause. Tenma était encore plus beau vu de près.

— Salut, répondit-il.

— Ça... ça va ? lui demanda Akiteru.

— Oui, et toi ?

— Ouais... Tu te souviens de moi ?

Question purement rhétorique. Comment aurait-il pu l'oublier ?

— Euh... Tu me dis vaguement quelque chose...

Akiteru blêmit. Ce n'était pas possible. Comment avait-il pu l'oublier ?

Tenma laissa couler quelques secondes de silence — leur conversation ressemblait à une bulle dans un capharnaüm de discussions — avant de ricaner.

— Mais non ! Je plaisante, Akiteru. Viens donc t'asseoir.

Akiteru sentit son cœur battre et l'air rentrer dans ses poumons de nouveau. C'était une blague. Juste une blague. Il obéit donc docilement, heureux que Udai plaisante et l'invite. Il se mordit discrètement la lèvre pour s'empêcher de rougir bêtement à l'entente de son prénom. Il ne voulait pas ruiner ses chances du premier coup. Ce serait absurde.

Un léger silence se mit à flotter entre eux. Un silence que le grand frère de Kei voulut rompre à tout prix, mais il n'en eut pas le temps.

— Quoi de neuf ? Depuis tout ce temps...

— Oh, bah, ça va... J'ai étudié durant une année le commerce, et maintenant je travaille dans un konbini, depuis quelques mois, ça se passe bien, Kei va bien au...

Udai Tenma l'arrêta d'un geste impérial. Le genre de geste autoritaire qui lui rappelait ces moments où il contrôlait chaque moment du match.

— Et le volley ?

Akiteru tenta tant bien que mal de cacher combien Udai venait de le vexer. Il adorait parler de son petit frère, alors être interrompu avant même d'avoir pu dire quoi que ce soit le concernant l'agaçait beaucoup. Mais il savait comment fonctionnait son ex-camarade. Il le savait très bien, donc il se contenta d'un sourire en coin.

— Le volley ? Je l'ai repris à l'université, lui apprit-il. Et maintenant, j'en fais avec le club de la ville.

— C'est super, répliqua sincèrement Udai.

— Et toi ?

— Oh, moi... Disons que j'ai d'autres préoccupations.

Devant l'air surpris de son interlocuteur, Tenma plaça une main devant lui, l'air de se défendre.

— Le volley était toute ma vie avant, mais j'ai d'autres projets qui me prennent beaucoup de temps.

— Je vois...

Akiteru acquiesça avec politesse, mais il ne savait pas quoi en penser. Contrairement à lui, Udai Tenma aurait pu aller très loin. Il aurait pu atteindre les cieux sans aucun problème. Pourquoi avait-il abandonné ? Quels projets réalisait-il pour délaisser le volleyball ?

— En ce moment, je lis pas mal, lui révéla Tenma.

— Tu comptes te lancer dans un business littéraire ?

— Je sais pas trop. Peut-être.

Curieux, Akiteru lui demanda ce qu'il avait en tête et ce qu'il avait fait après le lycée. Tenma lui apprit qu'il avait suivi une formation mêlant apprentissage de langues étrangères et littérature. Une formation qui convenait à sa nature aérienne, lui qui était toujours prompt à rêvasser ou à avoir la tête dans les nuages — parfois littéralement.

— Et toi ? Tu as des projets ?

— Pas vraiment, avoua Akiteru, un peu gêné de l'écart qui le séparait de son ami. Ma situation me convient assez bien.

— Tu es toujours chez tes parents ?

— Plus ou moins.

— Plus ou moins ? répéta Tenma, un peu circonspect.

— Ouais.

Constatant que le blond ne semblait pas décidé à en parler, Tenma secoua la tête, l'air de dire que ça importait peu. Ils continuèrent de discuter, parlant cette fois-ci des souvenirs du club et du lycée en particulier. Une autre de leurs connaissances se joignit à eux, échangeant des anecdotes et des sourires. Akiteru l'écoutait vaguement, se concentrant sur Tenma. Tenma et sa longue chevelure.

Lorsque leur ancien camarade s'éclipsa, le petit géant se retourna vers Akiteru.

— Il fait chaud, ici, tu ne trouves pas ?

— Ah ouais, tu trouves ? Moi aussi, je trouve... un peu...

— Viens, allons prendre l'air cinq minutes.

— Ouais, bégaya Akiteru, surpris par l'étonnante proposition qu'on lui faisait.

Il suivit alors Tenma qui se dirigeait vers l'extérieur d'un pas assuré, le dos bien droit, la tête haute. Malgré sa petite taille — il n'avait pas beaucoup grandi depuis la fin du lycée —, il dominait toute la salle. Rien ne lui arrivait à la cheville. Aucun homme, fusse-t-il un antique soldat grec armé jusqu'aux dents, ne lui aurait arrivé à la cheville en cette soirée.

Akiteru sentit sa poitrine se retourner. Passer un moment en compagnie de Tenma avait déjà des allures de rêve absurde. Passer un moment seul, à l'écart, en compagnie de Tenma dépassait tout ce que son inconscient imaginait. Quand il passa la porte du gymnase, la dernière chose que le grand frère de Kei vit, fut le sourire victorieux et complice de Saeko.

Dehors, les deux garçons marchèrent un peu. Akiteru se sentait un peu à l'étroit dans cet immense gymnase, assis sur cette chaise. Infiniment heureux de pouvoir se dégourdir les jambes, il profita de l'occasion autant qu'il put. En jetant un coup d'œil à son ami, il put remarquer qu'il était à peu près dans le même état.

— C'est mieux, ici, sourit Tenma. Tu ne trouves pas ?

— Si ça te convient mieux...

— Bon, et si on parlait sérieusement ? Je vois bien qu'il y a un truc.

— Hein ? N...

— Tsukishima.

Akiteru hoqueta de surprise. Immobile. Figé par une terreur insondable. Celle qu'il avait déjà ressentie quelques fois en croisant son regard. Ce regard, terrible, profond, abyssal. Un canyon de sentiments effrayants. Akiteru essaya de reprendre son calme. Cette lueur terrifiante disparut bien vite, laissant place à un regard patient. Akiteru déglutit.

— J'ai juste une question... Pourquoi tu ne m'as jamais répondu ? Je t'ai envoyé quelques messages... et je n'ai jamais reçu de réponse.

Tenma garda la bouche fermée pendant d'interminables secondes, puis il passa la main dans sa crinière.

— Parce que je ne pouvais pas.

— C'est vrai que ça prend tellement de temps de taper sur un écran, grimaça Akiteru.

Au moment de prononcer cette remarque, il songea que son petit frère et son ironie grinçante déteignaient un peu trop sur lui.

— Ce n'est pas ça, répliqua Tenma. C'est juste que... J'ai eu besoin de laisser ma vie derrière moi. Au moins pendant un temps.

— Laisser tout ça derrière toi ?

— Quand tu as mille projets en tête, qu'ils t'obsèdent, si tu laisses le passé t'attacher, tu n'avances jamais.

— Donc tu préfères laisser le passé alors qu'il aurait pu faire partie de ton présent.

— Aki... Tu sais très bien que ça aurait pu rater.

— On n'a rien essayé, Tenma.

Tenma poussa un long soupir, comme s'il se retenait de le faire depuis toutes ces années. Comme s'il avait accumulé tant de choses et qu'il se libérait enfin d'un poids. Face à lui, Akiteru se mordait la lèvre, pris d'assaut par les mille émotions qui étreignaient sa poitrine.

— Mais si on avait essayé quelque chose et que ça avait raté ? On aurait brisé notre chance.

— Qui te dit que ça n'aurait pas marché ?

— Tu as quitté le lycée un an avant moi, Akiteru ! Bien sûr que ça n'aurait pas marché ! Avec l'université ou ton boulot... Et moi les entraînements, est-ce qu'on aurait vraiment eu du temps à consacrer à notre relation ? Sois honnête, lui intima Tenma.

Plaqué contre le mur de la vérité, Akiteru n'avait d'autre choix que d'admettre que Tenma avait raison. Tenter quelque chose à l'époque aurait eu de grandes chances d'échouer. Avec son départ du lycée, les occasions de se voir étaient drastiquement réduites. Et s'ils avaient tenté quelque chose et que tout avait mal fini, seraient-ils en train de parler, aujourd'hui ?

Au-delà de l'admiration débordante qu'il ressentait pour Tenma, Akiteru avait aussi vu germer les graines d'une affection sans limites. Lors des entraînements, il se surprenait à le regarder. Lors des matchs, c'était son nom qu'il scandait le plus fort, quand il se tenait dans les tribunes et qu'il encourageait son équipe. Lorsque le sommeil le cueillait, c'était son nom qui l'emportait dans de doux rêves.

— Peut-être... On aurait peut-être galéré, mais on aurait pu essayer.

— Au risque que tout déconne ? Qu'est-ce que tu aurais fait dans ce cas ?

— J'aurais tout fait pour que ça n'ait pas déconné.

— Et si...

— Et si tu arrêtais d'imaginer le pire ? suggéra Akiteru. Je suis là. Tu es là. C'est suffisant, non ?

— Tu veux que...

— Et pourquoi pas ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui t'en empêche ?

Akiteru plongea son regard dans celui de Tenma, essaya d'y faire briller toute sa détermination, une détermination sans faille ; sans attendre, le petit géant se rapprocha, dominant de toute son aura son interlocuteur, son ami, son amour.

— Plein de choses, reconnut Tenma. On est peut-être en train de faire une erreur, Aki.

— Peut-être pas... Ten.

Ce surnom provoqua un frisson dans le cou d'Akiteru. Voilà. Il avait osé. Il s'approcha à son tour, si bien qu'ils furent bientôt presque collés.

Et si quelqu'un nous voit ?

La conscience du blond frissonna de nouveau. La réponse de son coeur ne se fit pas attendre.

On s'en fout.

Il passa ses mains derrière le cou de Tenma, glissant ses doigts dans la crinière d'ébène qui couronnait sa tête insolente. Celles du géant se promenèrent dans le dos d'Akiteru avec passion.

— Tu as toujours réponse à tout, hein, Aki ?

— Quand il s'agit de toi...

La dernière chose que vit Tsukishima Akiteru avant de fermer les yeux, fut le sourire céleste d'Udai Tenma lorsqu'il s'apprêta à poser ses lèvres sur les siennes.

Sous une nuit lunaire, les deux jeunes hommes s'embrassèrent avec lenteur, profitant de ce baiser qui coulait dans leur esprit depuis tant d'années en une idée insensée et tant espérée. D'éternelles secondes s'écoulèrent avant que Tenma ne mette fin à ce baiser.

— Tu embrasses aussi bien que je l'imaginais, ricana-t-il.

— Merci, rougit Akiteru. Toi, tu es... exceptionnel.

Ils restèrent longtemps là, contre ce mur non loin du gymnase, là où tout avait commencé et là où tout commençait de nouveau ; ce mur fait d'insatiables recommencements, ce mur témoin de leurs amours et de leurs larmes, ce mur lézardé de passion et de rêves.

— Depuis tant d'années... murmura Tenma. Tu n'avais pas tort... Si j'avais su...

— On ne peut pas tout savoir, répondit avec sagesse Akiteru. Non seulement on ne peut pas tout savoir, mais ça ne devrait pas nous empêcher de nous concentrer sur l'essentiel.

— Tu as vraiment réponse à tout, ricana le géant une nouvelle fois.

Son regard s'assombrit alors.

— Je suis désolé.

— Pourquoi ?

— De ce qui t'est arrivé au lycée. J'aurais beaucoup aimé jouer avec toi.

— D'une certaine façon, tu sais, on a joué ensemble...

— La seule fois où on a vraiment joué ensemble, l'interrompit Tenma, c'était lors d'un entraînement. On avait fait des équipes et on s'était affrontés. Notre équipe avait battu la vôtre sans soucis.

— En même temps, vous étiez deux titulaires, on ne pouvait pas lutter.

— C'est là où je veux en venir, dommage que tu ne l'aies pas été, titulaire. J'aurais bien aimé jouer avec toi. Sur le même terrain.

Akiteru ne put s'empêcher de rougir devant le compliment de Tenma. Persuadé de ne pas le mériter mais aussi qu'il ne pouvait réfuter l'attention de son compagnon, il se contenta d'acquiescer timidement.

— Enfin, là, je crois qu'on est sur le même terrain, conclut-il.

— Je crois aussi.

Un sourire valant mille mots s'empara du visage du brun. Comme pour approuver, le destin envoya le vent faire danser leurs cheveux.

— Et si tu me montrais ta façon de jouer ?

— Avec plaisir.

Ainsi, sous les yeux complices de la Lune et sous les yeux attendris de la blonde à la fenêtre, l'automne et le ciel reprirent leur danse langoureuse, que rien, ni les regrets ni le temps, ne semblait pouvoir arrêter.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro