Les oubliés | EnnoKino
Salut ! :D
J'espère que vous allez bien, aujourd'hui, un petit OS sur un couple absolument oublié de tous et que, pourtant, je trouve très cool perso : Ennoshita x Kinoshita. J'aime beaucoup Kinoshita et Ennoshita est un personnage aussi très cool, je trouve que c'est dommage de ne rien en faire en vrai. J'avais envie d'explorer un peu ce qu'ils ont à nous offrir, alors me voilà avec ce modeste petit OS.
Bonne lecture ! <3
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Le ballon claquait contre le mur à un rythme régulier, presque hypnotique. Il ne pouvait détourner le regard de l'arc de cercle que décrivait la balle avant de redescendre sur ses paumes, tournées vers le bleu cruel du ciel. Un bleu uniforme, électrique, sans nuances...
Posté devant la façade de son immeuble, Kinoshita tentait de tuer l'ennui qui l'assaillait. Les vacances d'été venaient de commencer, depuis deux semaines déjà, et il n'avait rien à faire d'autre que s'entraîner. S'entraîner encore et encore pour faire honneur à son équipe. Karasuno était en pleine évolution. Il le sentait. Le tandem formé par Hinata et Kageyama prenait de plus en plus forme.
Les deux garçons ne s'entendaient pas toujours très bien, mais leur capacité à mettre de côté l'opposition entre leurs personnalités était tout à fait bluffante. Kinoshita doutait être capable de faire preuve d'une telle abnégation. La volonté des deux garçons le surprenait de jour en jour. Elle l'inspirait et le poussait à faire plus.
Depuis toujours, il portait un amour certain pour ce sport. Mais cet amour n'était pas forgé de la même matière que celui d'Hinata. La passion de Shoyo flamboyait, dansait, rayonnait ; elle était inébranlable. Tenter de l'arrêter, c'était se brûler les ailes. Après tout, peut-on seulement arrêter le soleil de briller ?
Mais cette passion effrayait beaucoup aussi Kinoshita. Il n'y avait aucune demi-mesure dans cet amour. Souvent, au détour d'une attaque dévastatrice, Kinoshita se demandait comment il était possible pour Hinata de continuer d'être lui-même. Son désir dévorait tout ce qui se trouvait sur son passage. S'il continuait ainsi, peut-être finirait-il même par se consumer lui-même. Cette perspective laissait le joueur de seconde année très perplexe. Quelque part, cette situation l'aidait à relativiser la sienne.
Kinoshita rattrapa la balle et l'immobilisa entre ses deux mains. Il la contempla longuement, embrassa toutes les courbes, toutes les couleurs. Son amour, à lui, n'avait rien à voir avec celui de Shoyo. Il n'était ni solaire, ni même constant. Il s'apparentait à une rivière sur laquelle on aurait placé quelques barrages pour en ralentir le flux. Un long filet d'eau, froid, rafraîchissant, coupé par les difficultés qui se présentaient à lui, mais qui finissait toujours par serpenter pour reprendre son chemin.
Il y avait un monde entre Hinata et lui.
Sa passion, son talent, sa vision du jeu... Tout était différent chez Hinata. Ses convictions étaient à un tout autre niveau. Parfois, Kinoshita enviait beaucoup ce qui rendait si exceptionnel le jeune corbeau. Quelque chose qu'il avait perdu pendant un moment, et qu'il peinait à retrouver, même alors qu'ils commençaient à gravir de nouveau la montagne du succès.
La confiance.
Kinoshita ne manquait pas de confiance en ses compagnons. Mais il avait perdu de vue ce qui rendait ce sport si incroyable. Il avait perdu sa transcendance. Il avait égaré ses ailes. Et maintenant qu'il les retrouvait, l'ignoble impression de ne pas les mériter troublait son coeur.
Il soupira d'agacement. Non, il ne devait pas se laisser avoir par de telles pensées. Mettant de côté ses doutes, il continua de jouer avec le ballon. Devant chez lui, seul le ronronnement des voitures perturba le silence qui entourait le jeune lycéen.
— Y a vraiment rien à faire, grogna-t-il au bout d'un moment. L'été, c'est vraiment nul. Je peux même pas m'entraîner correctement... J'espère que les autres s'amusent bien...
— Bah alors, on parle tout seul, maintenant ?
Kinoshita sursauta et se retourna. Ennoshita marchait tranquillement vers lui. Le coeur du blond rata un battement. Aussitôt, un petit sourire timide orna son visage.
— C'est l'été, ça me rend bavard... se justifia Kinoshita d'une toute petite voix.
— Peut-être une insolation, suggéra le brun. Tu es là depuis longtemps ?
Kinoshita hésita à lui mentir. Il se sentait pathétique, seul, à jouer avec son ballon. Il se sentait un peu con, mais il ne pouvait se résoudre à inventer une histoire.
— Une petite demie-heure, au moins.
— Sous cette chaleur ? T'es pas bien ? Tu as au moins pris une bouteille d'eau ?
— Euh... Je l'ai laissée dans ma chambre, mais j'allais pas tarder à remonter de toute façon... ricana-t-il, gêné de l'emportement de son camarade.
Ennoshita, malgré son côté réservé, savait se montrer entreprenant envers ses équipiers. Il leur portait une attention toute particulière. Dans les vestiaires, les blagues sur la fibre maternelle de Sugawara fusaient de toute part, mais Ennoshita pouvait être tout aussi protecteur et attentionné. Les autres ne se moquaient jamais vraiment de la volonté de protéger leurs compagnons. Ils savaient à quel point ces liens étaient précieux.
— Tu es vraiment inconscient, grommela Ennoshita. Il fait presque trente degrés ! Tu vas cramer, à cette vitesse, idiot.
Pour toute réponse, Kinoshita se contenta de lui tirer la langue, ce qui lui valut une petite tape vengeresse sur l'épaule. Il recula sous l'impact et poussa un petit cri de douleur :
— Aïe ! Fais gaffe !
— C'est parce que t'as déjà attrapé un coup de soleil ! le réprimanda le brun. Tu ne fais vraiment pas attention à toi, idiot !
— Désolé...
— Tu es irrécupérable.
Un rire idiot échappa au lycéen. Ennoshita n'avait pas tort : il ne faisait pas assez attention à lui. Jouer tout ce temps sous les rayons brûlants du soleil relevait de l'inconscience, surtout sans avoir de quoi se rafraîchir. Quel idiot ! Il s'insulta mentalement.
— On remonte ? proposa Ennoshita.
Trop content de pouvoir tuer sa solitude, Kinoshita accepta avec un grand sourire. Les vacances étaient bien longues pour le pauvre adolescent. Le travail de ses parents les obligeant à quitter le domicile pour des voyages d'affaires, il se retrouvait seul dans ce modeste appartement.
Il n'était pas rare qu'Ennoshita lui rende visite. Une fois à l'intérieur, les deux garçons se dirigèrent dans la chambre de Kinoshita. Une pièce de taille moyenne, très sobre, à l'image du jeune homme. Tout était de taille moyenne ; son lit, son bureau, sa bibliothèque... La teinte des murs était épurée et discrète. Plus d'une fois, ses équipiers avaient tenté de redonner un peu d'extravagance au jeune homme et à sa chambre mais, comme un élastique, il finissait par revenir à sa forme initiale.
Le blond s'installa sur son lit et fit signe à son camarade de s'installer sur la chaise de bureau. Ennoshita lui tendit alors une bouteille d'eau qui se trouvait sur le bureau. Kinoshita s'en empara avec plaisir et but quelques gorgées avant de la poser. La fraîcheur de l'eau évapora la chape de plomb qui commençait à peser sur ses épaules nouées.
— T'as passé une bonne semaine ? lâcha le brun.
— Oui, oui, on peut dire ça... Un peu longue. Mes parents sont partis depuis deux jours, donc tu sais... Je traîne un peu en ville, je m'entraîne un peu et c'est tout. Le reste du temps, j'avance dans les jeux que je me suis acheté, raconta Kinoshita.
— Tu t'es pris de nouveaux jeux et tu ne m'en as même pas parlé ?
— Ils sont là.
Il désigna un meuble à côté de sa bibliothèque. Ennoshita y jeta un coup d'oeil puis reporta son attention sur l'autre adolescent.
— Cool. On fera une petite partie après, si tu veux.
— Carrément, approuva le blond. Et toi, alors ? T'étais pas censé partir dans la montagne ?
Ennoshita se gratta l'arrière du crâne, visiblement un peu mal à l'aise.
— Oui, à la base, répondit-il, mais on a dû annuler à cause du boulot de mes parents.
Kinoshita hocha la tête. Le travail passait avant les plaisirs, mais il savait que son ami devait être déçu. Combien de fois lui avait-il parlé de ces quelques jours de repos qui les attendaient ? Combien de fois ses yeux avaient-ils brillé en évoquant cette retraite en montagne ? Il attendait ces vacances avec impatience.
— C'est dommage, déplora Kinoshita. Vous avez décalé, du coup ?
— Oui, acquiesça Ennoshita. Aux vacances d'hiver.
— C'est super !
— Mais du coup, on se retrouve seuls.
— Eh oui...
Malheureusement, le reste de l'équipe s'était absenté. Tous avaient quelque chose à faire. Daichi et Sugawara s'occupaient de leurs grands-parents respectifs, Asahi et Nishinoya avaient organisé une série de randonnées en forêt, Tanaka était injoignable, la famille d'Hinata avait décidé de partir à l'autre bout du pays. Comme Kageyama se retrouvait seul, le roux avait embarqué son passeur avec lui. Quant à Tsukishima, Yamaguchi leur avait dit qu'ils partaient avec le grand-frère du blond à lunettes.
Même Narita s'était absenté.
Autrement dit, ils se retrouvaient tous les deux dans une grande ville sans savoir quoi faire. Ca aurait pu déranger Kinoshita, mais la vérité, c'était qu'il ne se sentait de toute façon pas tout à fait à l'aise avec la plupart d'entre eux. Plusieurs groupes s'étaient formés : Hinata et Kageyama fricotaient ensemble, Daichi et Sugawara sortaient ensemble — si les deux avaient d'abord voulu garder cette histoire secrète, leur relation s'était ébruitée au grand jour —, Tanaka et Nishinoya faisaient les quatre cents coups ensemble. En entraînant le plus souvent Hinata. Et c'était pareil pour les autres.
Finalement, Kinoshita s'entendait surtout avec Ennoshita et Narita. Ils formaient un genre de trio un peu à part, effacé. Aucun des trois n'était titulaire, mais ça ne les empêchait pas de tout donner à chaque entraînement. Kinoshita savait qu'ils n'avaient pas un courage aussi monstrueux que celui d'Hinata, ni même un enthousiasme comparable à celui de Nishinoya ou Tanaka.
Mais, quelque part, ils s'en contentaient. Chaque fois que la situation était catastrophique sur le terrain, Kinoshita remerciait le destin de ne pas l'avoir fait capitaine. Il le remerciait de ne pas être dans la position de Daichi. Les responsabilités, il n'aimait pas particulièrement ça. Il préférait que tout coule tranquillement.
— On est entre fantômes, rigola Kinoshita.
— Entre fantômes ? Pourtant, je suis bien là...
Pour prouver ses dires, Ennoshita tapota la cuisse de son camarade avec douceur. Puis il regarda ses mains, comme pour montrer qu'il était bien présent. En face de lui, Kinoshita le regardait avec un petit sourire, essayant tant bien que mal de cacher le frisson qui remontait le long de sa jambe.
— Non, mais j'veux dire... Entre...
— Oui, je vois très bien ce que tu veux dire, le coupa Ennoshita. Et c'est vrai que c'est plus joli que de s'autoproclamer ingrats.
— C'est pourtant ce que je suis.
L'année précédente, Narita, Ennoshita et lui avaient quitté le club, lessivés par l'entraînement du coach Ukai. Le vieil homme leur proposait un entraînement si dur qu'ils avaient fini par perdre courage et abandonner. Depuis, la culpabilité les rongeait chaque jour, même s'ils redoublaient d'efforts pour s'investir.
— Ne dis pas ça. C'est vrai que nous nous sommes montrés faibles à ce moment précis. Mais on peut réparer ça...
— Peut-être, mais... ça n'empêche... Enfin bref, désolé, on n'est pas là pour parler de ça.
Pour mettre fin à la conversation naissante, Kinoshita se leva. Il s'étira lentement, prenant tout son temps pour prendre le temps de réfléchir à un nouveau sujet de conversation. La présence de son camarade le déstabilisait au plus haut point. Sa gentillesse, son ton sérieux et bienveillant, ses yeux brillants d'intelligence... Tout semblait si parfait chez lui.
Souvent, lors des entraînements, il se surprenait à regarder dans sa direction, à observer ses faits et gestes, à l'admirer. Ennoshita dégageait une aura confiante sans être dangereux pour autant, bien loin de monstres comme Oikawa, Kageyama ou d'autres encore, avec plus de prestance encore. Le simple fait de penser au regard profond du capitaine de Seijo le fit déglutir. Son équipier, en revanche, était entouré d'une aura beaucoup plus tranquille et moins envahissante, mais jamais hésitante.
C'était peut-être pour ça qu'il était tombé sous son charme.
Kinoshita aimait beaucoup Ennoshita. Si au début, ce n'était qu'une vague attirance, cette attirance avait mué en un désir plus solide, plus profond, mille fois plus ancré. Chaque fois qu'il souriait...
— Kino ?
Le blond sursauta. Debout face à lui, il le regardait, un sourcil levé. Ses deux yeux noirs le sondaient avec une gentillesse teintée d'une préoccupation certaine. Kinoshita se mordit la lèvre. Il était près. Trop près.
— Tout va bien ?
— Hein ? Euh, ouais...
— Tu m'écoutais ?
— Euh... Non, désolé.
— Je te demandais si tu voulais aller en ville. Il fait chaud, alors je me disais que tu voulais peut-être manger une glace.
Kinoshita n'hésita pas longtemps. Il savait le prendre par les sentiments, le bougre ! Il essaya de contrôler les rougeurs qui prenaient d'assaut ses joues.
— Ouais... Pourquoi... Pourquoi pas ?
— Oh, allez, ne fais pas ton timide, lui lança Ennoshita en passant son bras autour des épaules de son ami, ce qui lui arracha une grimace. Je sais que t'es comme un gosse chaque fois qu'on en mange une.
— Eh ! protesta Kinoshita. Je suis pas si timide...
— Alors pourquoi tu te retiens de sauter au plafond ?
— C'est... C'est parce que...
L'espace d'un instant, il voulut avouer que c'était de sa faute, qu'il pensait à lui et à sa beauté. Mais Ennoshita se moquerait de lui en disant que c'était beaucoup trop mignon.
— Je me dis qu'on profite que tous les deux, ça aurait pu être cool de le faire avec les autres.
— Avec les autres ? Eh, ils nous ont oubliés. Ah bah voilà ! on n'est pas des fantômes, on est juste oubliés.
— C'est pas mieux...
— Tu ne crois pas que pour une fois, c'est à nous de les oublier un peu ? Je les adore, mais on peut profiter tous les deux. Rien que toi et moi. D'accord ?
— D'accord...
— Alors arrête de tirer une tête pareille et souris, ou je te botte les fesses.
Décidément, Ennoshita partageait bien des traits communs avec le vice-capitaine et maman de l'équipe. Kinoshita obéit, sachant parfaitement que son équipier pourrait passer à l'acte.
— Bien. T'es vraiment trop mignon.
Il déposa un baiser sur les lèvres de Kinoshita. D'abord surpris par l'attention de son petit-ami — car oui, ils étaient en couple depuis quelques semaines —, il y répondit avec douceur. Ennoshita finit par se reculer :
— On y va ?
— Ouais.
— Et ensuite, t'enlèveras ton tee-shirt, beau gosse, je te passerai un peu de crème.
En se retournant, le brun lui envoya un petit clin d'oeil qui laissa pantois le pauvre lycéen. Il finit par le suivre, en se disant que finalement, ce n'était pas plus mal d'être un peu à part dans l'équipe.
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