Deux cons | KuroShou
Bonjour, bonjour !
Comment allez-vous ?
N'est-ce pas une belle journée, en ce début d'avril ? N'est-ce pas là un cadre idéal pour se retrouver pour un petit texte ?
Aujourd'hui, on part sur un petit OS entre Kuroo et Daishou ! C'est loin d'être mon ship préféré, mais ils ont des vibes intéressantes et j'aime bien leur sarcasme.
Bonne lecture !
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Quand il poussa les portes du bar nocturne de leur quartier, Kuroo sut tout de suite que c'était une mauvaise idée. Une mauvaise idée qui, encore une fois, avait été soufflée par Bokuto. Mais comme le jeune homme à la coiffure de hibou se vexait très vite, il n'avait pas su résister. Hors de question de se taper une semaine de bouderies et de reproches ! Leur colocation était déjà assez chaotique comme ça, pour en plus ne pas céder aux caprices de monsieur. Car Bokuto avait l'âme d'un enfant chouineur, et Kuroo préférait ne pas le vexer. Il l'avait donc traîné à cette petite soirée chill, selon Bokuto.
L'odeur qui émanait de la grande salle ne le rassura pas du tout. Un mélange de parfums boisés, de sueur et d'alcool lui agressa les narines, tandis que ses oreilles se faisaient charcuter par une cacophonie de rires gras et de musique populaire. Autant dire qu'on était loin de la soirée tranquille qu'on lui promettait !
— T'es pas sérieux... grogna l'ancien capitaine des chats.
— Oh, allez, Tetsu-bro ! On va s'éclater !
— J'avais prévu une soirée pépère, moi, Kotaro... Genre, je sais pas, moi... Regarder la fin de ma série, par exemple !
— Boire avec son meilleur ami, c'est pas une soirée pépère ? rit Bokuto.
Kuroo préféra ne rien répondre, se laissant tranquillement emporter par son meilleur ami, qui le traîna à une table. Visiblement, il savait où aller et comment se comporter pour être tranquille. Bien que quelques visages se tournèrent vers les deux jeunes adultes, personne ne vint les voir, à part une demoiselle aux cheveux d'or qui salua Bokuto et lorgna dans la direction du brun avec interrogation. Le hibou serra aussi la main à deux hommes et fit un signe de la main à une autre personne que Kuroo ne distingua pas de suite.
— Eh bien, t'as l'air d'un parfait inconnu, ici ! s'amusa Kuroo.
Bokuto, saisissant l'ironie de cette remarque, prit une moue boudeuse. Il détourna légèrement la tête et souffla.
— C'est là que tu vas quand tu n'es pas à la maison ?
— Je trouve que c'est un coin sympa, répondit simplement Bokuto en haussant les épaules.
Kuroo n'osa pas contredire Kotaro et se contenta d'un grognement approbateur, plus pour éviter de le vexer que parce qu'il approuvait son observation. Il n'aurait jamais imaginé que Bokuto se rendrait dans ce genre de bar. Bien qu'il n'était pas excessivement vulgaire et dépravé, cet établissement ne partageait pas non plus les caractéristiques d'un endroit où se retrouver entre potes pour discuter de la journée. Autant dire que le caractère plus sage de son ami contrastait beaucoup avec cet amas de corps dansant, éméchés, sur la piste ridicule.
— Ils servent le meilleur saké du quartier, expliqua Bokuto. Et ils ont au moins de bons goûts musicaux !
— Euh... Ah bon ?
— Quoi, comment ça, ah bon ? Tu as perdu tes oreilles ou quoi, Tetsu ? Écoute donc cette chanson !
— C'est pas celle que notre prof a écouté avant de devenir sourde ? ironisa Kuroo.
Face à cette insolence, Bokuto poussa un cri, qui ressemblait plus à un couinement indigné de hamster à qui on aurait volé des graines.
— T'es dingue ! En fait, t'es comme elle, t'as absolument aucun goût !
— Hein ?
Ce fut au tour de Kuroo de s'indigner de cette remarque. Bokuto n'écoutait donc pas lorsqu'il mettait la radio ! Quelle trahison ! Quelle disgrâce ! Ô, quelle offense lui faisait-il !
— J'ai d'excellents goûts musicaux ! répliqua-t-il, un ton au-dessus.
— J'ai du mal à y croire !
Kuroo voulut argumenter, mais il n'en eut pas le temps. Une inconnue captura l'attention de Bokuto. Lorsqu'elle disparut derrière une table, Kuroo considéra qu'il n'avait pas besoin d'aller plus loin. Il ne voulait pas se disputer avec son ami. A la place, il préféra se concentrer sur la soirée. Comme ils n'avaient pas encore commandé, Tetsuro décida d'aller chercher de quoi se désaltérer.
D'un pas nonchalant, il traversa la salle, devant parfois jouer des coudes pour passer plus facilement. Il arriva alors devant le bar, où le serveur posait un verre devant un homme affalé, recroquevillé sur son tabouret, l'air de porter tout le poids du monde. Il héla l'employé et lui commanda deux boissons. Par curiosité, en attendant, il jeta un coup d'œil au poivrot qui grommelait dans sa barbe. L'insistance du regard de Kuroo dut attirer son attention, car il leva la tête dans la direction du brun...
— Hein... Toi, ici ?!
Les deux hommes venaient de parler d'une même voix, se pointant du doigt comme des idiots.
Kuroo n'en revenait pas. De tous les endroits possibles du Japon, il fallait qu'il le retrouve ici ! Dans le bar qu'il ne côtoyait jamais d'habitude ! Il pensait être tranquille, mais c'était visiblement sans compter sur le destin qui le mettait sur sa route dès qu'il le pouvait !
L'autre ne semblait pas plus ravi de le voir, au vu de ses sourcils froncés.
— Tetsu...
— Suguru, quel plaisir ! miaula Kuroo, un grand sourire mielleux sur le visage.
Le susnommé Suguru sembla tiquer, parce qu'il se retourna complètement vers Kuroo.
— Ne commence pas avec tes grands airs, ça te casse autant les couilles de me voir que moi.
— Oh, c'est vrai ? fit faussement Kuroo. Je suis vexé.
— Arrête.
— Mais si, je t'assure ! Tu me blesses beaucoup. J'étais venu exprès pour toi, tu vois ?
— Alors que tu sais bien que je ne viens pas ici ? Putain d'hypocrite...
— Merci, répliqua Kuroo.
Daishou se détourna un instant, agacé. Kuroo profita de cet instant de répit pour commander deux boissons au barman, qui regardait les deux hommes sans comprendre la situation.
— Tu me payes même à boire ? Tu vas loin dans ta connerie.
— J'aurais bien aimé, mais t'as l'air déjà plein. Non, je suis accompagné.
— Accompagné ? Et qui est ta prochaine victime ?
— Victime ? se moqua Kuroo. Pas sûr qu'on ait la même vision de victime...
Suguru le dévisagea alors avec une froideur polaire.
— Tu te fous de ma gueule ?
La tentation de lui répondre que c'était effectivement le cas titillait grandement l'ex-capitaine des chats. Il se retint toutefois de lui répondre ; il avait décidé de passer une soirée tranquille avec Bokuto, pas de se chamailler avec Suguru. Commencer une bataille avec ce type ne pouvait finir que d'une seule manière, et certainement pas de la manière qu'il espérait.
— Je suis avec Bokuto, expliqua Kuroo. Bokuto Kotaro, tu sais, l'ancien...
— Je vois très bien qui est ce guignol, grommela Daishou.
— Bokuto n'est pas un guignol.
Kuroo ne savait pas vraiment d'où lui venait ce ton presque agressif. Daishou n'avait pas tort ; Bokuto se comportait comme un imbécile dans bon nombre de situations. Mais il ne supportait pas l'idée d'entendre ça. Surtout de la part de son interlocuteur.
— S'il sort avec toi...
— Il ne sort pas avec moi.
Pour la seconde fois, Suguru afficha un air étonné.
— Voilà qui est fort étonnant. Ou alors, tu me prends pour un idiot. Peut-être les deux.
— Je ne vois pas comment je pourrais te prendre en idiot et te dire la vérité.
— Ce n'est pas ce que tu as déjà fait ?
— Si tu veux te plaindre du passé, il doit y avoir un bureau des plaintes, qui doit être ouvert, pas très loin. Tu peux même aller aux toilettes si tu veux. Je garderai ta place.
— T'es vraiment un connard, tu le sais ça ? grommela Suguru.
Mais il ne semblait pas vraiment dans son état normal, aussi Kuroo ne releva pas. Puis il n'avait pas tout à fait tort. Oui, il s'était comporté comme le dernier des connards avec Suguru. Pour sa défense, toutefois, leur relation s'était construite autour de coups dans le dos, de sourires narquois et de répliques cinglantes. Pas étonnant que ça finisse aussi mal.
— Je sais, répliqua Kuroo, sans trop savoir pourquoi sa voix transpirait autant l'honnêteté.
Légèrement estomaqué, Suguru ne répliqua pas. Kuroo y vit là la meilleure opportunité de lui fausser compagnie.
— Tu m'excuseras, mais Bokuto m'attend. Ce fut un plaisir de te revoir. A plus.
Pour éviter de prolonger la discussion, il s'engouffra dans la foule, ses deux verres en main, abandonnant derrière lui un Suguru, médusé, les sourcils froncés de frustration.
De retour à leur table, Kuroo s'installa face à Bokuto. Ce dernier, le nez plongé dans son téléphone, ne remarqua le retour de son ami que lorsque Tetsuro posa son verre devant lui.
— Kuroo ! T'étais où ? T'en as mis du temps ! se plaignit Bokuto. Je commençais à mourir de soif, moi ! Regarde, tu vois, ma langue est toute desséchée, on dirait un cactus !
Sur ces mots, il joignit le geste à la parole en lui tirant la langue, comme s'il voulait que son compagnon de beuverie constate que c'était vrai. Kuroo esquissa un sourire et mit ses mains en avant, l'air de lui dire de se calmer.
— Oui, oui... J'ai croisé quelqu'un, c'est pour ça que j'ai un peu traîné. Tu t'es pas trop ennuyé ?
— T'as croisé qui ?
— Une vieille connaissance.
Sans trop comprendre pourquoi, Kuroo préférait rester vague quant à sa rencontre avec Daishou. Bokuto allait lui poser un tas de questions, et il n'avait vraiment pas envie d'y répondre. Avoir vu son ancien petit ami lui suffisait déjà. Le brun était déjà à deux doigts de rentrer chez lui, alors il ne voulait pas continuer à ressasser le passé.
Bokuto haussa un sourcil, un peu contrarié de ne pas pouvoir en savoir plus. Devant l'air de Kuroo, néanmoins, il décida de ne pas insister. Pour éviter toute question et toute discussion sur le sujet, l'ancien chat de Nekoma se para d'un sourire décoratif. Il espérait toutefois ne pas avoir à recroiser Daishou avant la fin de la soirée...
Mais c'était sans compter sur le destin, cet être farceur aux tendances sadiques, ce joueur d'échecs qui aime placer ses pions contraires sur un échiquier trop petit pour la démesure de l'amour. Deux longues heures s'étaient écoulées, et il n'en avait pas fallu plus pour que Bokuto, aspiré par l'ambiance de la salle, ne se mette à chanter des choses sans un mélange de japonais et d'anglais approximatif, de sa voix si caractéristique.
Si, au début, Kuroo l'avait accompagné avec joie, le fait que Bokuto chante à présent plus de yaourt que de japonais commençait à l'épuiser. Il décida, finalement, qu'il était temps de rentrer, sous les vives protestations du jeune hibou.
— Pas déjà, bro ! J'ai même pas... On a même pas monté dans les tables !
— Si, déjà. Tu ne sais même plus parler, Kotaro. Allez, on rentre.
— Quoi j'sais pas parler ? C'est même pas faux !
Kuroo resta circonspect devant les propos de son camarade. C'était clair : Bokuto était plus beurré que ses toasts le matin. Il était temps de le ramener à la maison.
— Allez, s'il te plaît. Ça va être l'heure de Hamtaro.
Kuroo espérait que ce mensonge passerait. Il n'était pas sûr qu'un tel dessin animé passe à cette heure. En fait, il comptait sur le caractère enfantin de Bokuto, qui adorait regarder des programmes pour enfants, surtout le dimanche, quand ils restaient à la maison.
Est-ce que ça allait marcher ? Pas marcher ? Non, c'était définitivement trop gros pour être vrai.
— C'est vrai, Tetsu ? Alors vite ! On doit y aller !
Kuroo ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Bordel. Ça avait marché. Ça avait totalement marché ! Comment c'était possible ? De surprise, il resta stoïque quelques secondes, si bien que ce fut Bokuto qui le rappela à l'ordre :
— Alors, Tetsu ! Viens ! On va louper les aventures de HamHam et Bijou ! Hamtaroooo...
— Oh non... Il va quand même pas...
— C'est l'heure d'Hamtarooo... chantonna alors Bokuto.
Ok, là, c'était grave. Kuroo se précipita en direction du jeune hibou, afin qu'il ne lui fasse pas honte en chantant le générique de son dessin animé préféré. Lorsqu'il posa sa main sur l'épaule de Bokuto, ce dernier, sans vraiment de raison, s'arrêta de chanter à tue-tête pour simplement fredonner la mélodie — ce qui n'était pas particulièrement mieux du point de vue du brun. Mais, au moins, il pouvait se réjouir : personne ne se retournait sur leur passage en tirant une tronche de plusieurs mètres.
Faire rentrer Bokuto dans la voiture et l'installer sur la banquette arrière ne fut pas chose aisée. Le jeune hibou ressemblait plus à un pantin prononçant des paroles incompréhensibles qu'à son colocataire.
— Bon, Bokuto. Je reviens dans deux minutes, essaie de te reposer. Et ne bouge pas surtout !
— Hein ? mais où t'vas ?
— Je dois retourner au bar deux minutes.
— Faire quoiiiiii ?
Kuroo leva les yeux au ciel. Décidément, il était vraiment trop curieux.
— Je vais aux toilettes, monsieur le curieux.
— Ah bon ? T'vas faire pipi ?
Kuroo soupira. Bonjour la discrétion !
— Oui. Je reviens dans deux minutes alors ne bouge pas !
— Ouais mais dép'che toiiii Tetsuuuu ! ça va être Hamtarooo !
— Oui, oui.
De retour dans le bar, les vapeurs d'alcool le frappèrent de plein fouet. Bon sang, qu'est-ce que ça empestait ! Il rejoignit en quelques enjambées la porte des toilettes masculines. Il devait se dépêcher. Non pas pour Hamtaro, se dit Kuroo, mais bien parce qu'il sentait bien qu'il ne pourrait tenir plus longtemps ici. C'était sans compter sur une silhouette reptilienne qui lui barra la route en sortant.
— Tiens, tiens, tiens. On dirait qu'on se retrouve là où tout a commencé...
— T'es pas encore rentré, toi ?
Daishou le regarda longuement avant de froncer les sourcils. Un petit rire vague, las, fatigué, s'échappa de ses lèvres. Il n'empestait pas particulièrement l'alcool, mais les fragrances âcres de l'établissement le suivaient comme un nuage.
— Eh ! T'crois quoi ? Je suis balèze, mon pote. J'suis du genre costaud, t'as pas oublié quand même ?
— Non, j'ai pas oublié. Mais t'es sûr que ça ne vient pas de l'habitude ?
— Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
— Pas grand-chose...
Kuroo se mordit la lèvre. La proximité avec son ex-petit ami, qu'il n'avait pas vraiment oublié depuis leur séparation, lui retournait l'estomac. Une bête immonde, rampante, pleine de plaisirs coupables, glissait le long de ses tripes. Non, il ne devait pas céder.
— En parlant de foutre quelque chose... T'as abandonné ton nouveau p'tit copain ? Il est où, l'autre guignol ?
— Bokuto n'est pas un guignol. Arrête, Sugu.
— Sugu ? hoqueta l'autre. On repasse aux petits surnoms, Tetsu ? J'savais que t'allais le larguer vite fait, mais revenir comme ça vers moi... C'est lâche. Même pour toi.
— P't'être.
Sans vraiment comprendre pourquoi, il s'approcha un peu plus. Petit à petit, l'image de Bokuto s'éloigna. Ne restaient plus que les lèvres de Suguru, s'agitant avec un charmant mépris.
— Ou p't'être pas. J'en sais rien.
— Tu ne sais pas grand-chose...
— T'as l'air d'en savoir autant que moi.
Suguru émit un petit bruit de gorge dédaigneux, haussa les épaules. L'atmosphère s'appesantissait à mesure que les secondes s'écoulaient. Il devint si lourd que Kuroo voulut fuir. Une main sauvage retint son bras.
— Suguru...
— Tetsu. Tu dis que tu savais pas grand-chose, hein ? Et que moi je sais rien ? J'en sais pas plus que toi ?
Un sourire bizarre se peignit sur le visage de Daishou. Un sourire qui n'avait rien à voir avec l'ivresse et ses joues rougies par la chaleur de la pièce. Petit à petit, ils étaient revenus dans un coin de l'établissement, à l'écart du passage.
— Et si on essayait d'en savoir plus, toi et moi ?
— Sugu... On a déjà essayé. Ça ne sert à rien.
— Peut-être parce que t'as joué au con ?
— Et si je ne joue pas au con, qui le fera ?
— Tu crois que je suis aussi con que toi ?
Kuroo se demanda s'il valait mieux être honnête. L'alcool répondit à sa place.
— Je ne le crois pas, j'en suis sûr.
Daishou resta silencieux de longues secondes. Puis il explosa de rire. Un rire incontrôlable. Un rire qui sifflait comme celui d'un serpent.
— Ah, t'as toujours le mot pour rire, toi, hein ? Eh bah tant pis. On sera deux cons, ça te va ? On sera deux cons dans le plus con des mondes. On sera deux cons dans un monde à la con entouré d'cons, c'est ça qu'tu veux, Kuroo Tetsuro ?
Tetsuro esquissa un sourire. Oui, ils seront cons. Mais ils l'étaient déjà, alors pourquoi en faire tout un plat ? N'était-ce pas là ce qui faisait leur charme ? N'était-ce pas là ce qui les rendait tout aussi attachants ? Si.
— Et pourquoi pas ?
— C'est toi qui vois...
Daishou s'avança. Kuroo voulut rester de marbre, accueillir ce désir brûlant, cette chaleur torride qui tordait ses entrailles. Mais il se sentit propulsé vers l'avant, comme si un marionnettiste un peu fou le tirait contre sa volonté. Il ne pouvait pas laisser Daishou mener la danse. C'était ainsi. Il devait réagir. Son corps l'obligeait à faire un pas.
Lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, Kuroo sentit quelque chose exploser dans son estomac. Quelque chose d'imperceptible, comme une bulle de salon qui avait volé dans l'atmosphère et qui s'était retrouvée, un peu par miracle, suspendue dans le vide avant d'être rattrapée par la réalité.
Une réalité brûlante. Volcanique. Solaire comme les mains qui galopaient sur sa peau fiévreuse. Une réalité qui consumait tout sur son passage.
Quand le baiser, brutal, puissant, impérieux, s'écrasa sur ses lèvres, Kuroo pensa qu'il n'avait rien goûté d'aussi bon. Le salaud ! C'est qu'il s'était amélioré ! Combien de personnes avait-il embrassé pour faire danser sa langue ainsi ? Combien de personnes avait-il caressé avant de faire glisser ses mains fougueuses sur sa peau ?
Kuroo sentit une montagne de jalousie émerger du tremblement de ses membres. Une montagne de jalousie, qui, bien vite, se mua en féroce mont de lave, immense géant qui pourrait tout ravager sur son passage. Cette force renforça leur baiser.
Quand, enfin, ils se détachèrent l'un de l'autre, un silence monstrueux alourdit l'atmosphère. Incapables de regarder ailleurs, ils restèrent comme deux idiots, deux idiots au milieu d'une salle remplie d'idiots, idiots qui, un peu partout comme eux, faisaient fleurir l'amour.
Kuroo ne savait pas quoi penser. Avait-il fait l'erreur de sa vie ? Avait-il eu tort de céder à l'intarissable vague de sa passion ? Aurait-il dû s'enfuir, comme il l'avait déjà fait ? Non. Son cœur le lui hurlait : non, il n'aurait jamais dû s'enfuir. Ni maintenant, ni hier, ni jamais. La fuite, ce n'était pas son truc. Ça ne devrait pas être son truc... Ça n'aurait jamais dû être son truc.
— Et voilà... C'est reparti pour un tour, on dirait, ironisa le bloqueur.
— On dirait bien. Ça ne te plait pas ?
Pour la première fois de la soirée, Kuroo sourit véritablement.
— Si. J'adore.
— Alors tu veux qu'on continue ? Tu veux qu'on continue à jouer aux cons ?
— Pourquoi pas ? T'en es un, j'en suis un, ce n'est pas un jeu.
Les lèvres de Daishou s'étirèrent en un sourire malicieux, digne d'un serpent.
— C'est pas un jeu, ouais. Alors jouons.
En sortant du bar, Kuroo soupira. Qu'avait-il fait ? Peu lui importait. Il se massa la nuque, remit sa veste correctement, arriva devant la voiture. Plusieurs heures s'étaient écoulées, et pourtant, ça ne faisait que cinq minutes qu'il était parti. Cinq minutes qui ressemblaient à toute une vie.
Un bruit de klaxon retentit, sortant le chat de ses pensées. Une sortie amère, vu le boucan réalisé par le hibou.
— Je suis là, je suis là ! grogna Kuroo en rentrant dans la voiture.
— T'étais oùùù ? chouina Bokuto. Bob l'éponge va passer bientôt !
C'était pas Hamtaro, tout à l'heure ?
Il vaut mieux ne pas chercher à comprendre, retentit une petite voix dans sa tête.
— Nulle part, répondit Kuroo.
Et c'était vrai ; si son corps se trouvait dans la voiture, son esprit, lui, voguait dans les limbes interdites de l'amour.
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