Who ? [Yoongi]
OS traitant de suicide, de mort, et du milieu de la mafia. Présence de Sope
Il y avait autrefois dans cette grande maison deux hommes heureux, deux amants. L'un était policier dans la brigade criminelle, premier de sa promotion et plus jeune Lieutenant de la police de Daegu, l'autre était journaliste de guerre, souvent envoyé sur le terrain pour retransmettre l'actualité.
Min Yoongi, le policier, entretenait une relation très douce mais follement amoureuse avec son journaliste, Jung Hoseok. Ils vécurent pendant un long moment, une bonne dizaine d'années de vie commune dans cette belle maison à Daegu, accueillante, dans les tons blancs et bleus à l'extérieur, crème et gris pâle à l'intérieur.
Chaleureuse, la demeure possédait une cheminée au coin de laquelle les deux jeunes hommes aimaient se retrouver pour partager un moment de tendresse, et parfois d'intimité profonde, laissant la chaude lumière du feu éclairer leurs peaux brillantes.
Hélas, cet amour ne put durer mais prit fin bien avant l'heure. Hoseok, lors d'un reportage en Irak, fut abattu en même temps que des civiles. Yoongi avait assisté à la scène en direct, à cause de la chaîne d'informations pour laquelle son amant travaillait. Il l'avait vu mourir et assistait impuissant à cette tragédie, lui qui côtoyait morts et drames tous les jours n'aurait pas dû être si choqué, il avait l'habitude de voir des corps baignant dans leur propre sang et autres horreurs mais voir que le corps en question était celui de son amant le brisait jusqu'au plus profond de son être. Le choc fut tel qu'il n'alluma plus jamais la télé après cette tragédie.
Yoongi, suite à cette perte, aurait pu se donner la mort mais préféra être courageux et respecter les dernières paroles qu'il avait échangé avec son amant :
"Tu sais..si on pouvait faire ça.. Je serai l'homme le plus heureux du monde.. Avait dit Hoseok
-Faire quoi ?
-Avoir un enfant.. J'aimerai qu'on adopte, un jour.. Quand ce sera autorisé.."
Le plus vieux n'avait répondu que par un baiser, préférant ne pas se prononcer là-dessus. Non pas qu'il n'avait pas envie d'avoir un enfant mais il ne pouvait rien promettre, alors il avait préféré ne rien dire. Il aurait peut-être dû dire quelque chose, au moins un "je t'aime" mais il s'était tût et avait achevé leur nuit par un tendre baiser avant de s'endormir. Et le lendemain, à son réveil, Hoseok n'était plus dans la maison, ayant laissé un petit post-it plein de petits conseils pour son amant, et le soir, à son retour, alors qu'il avait allumé la télévision et qu'il mangeait des nouilles instantanées, il découvrait que son amant n'était plus.
Alors, pour respecter la dernière volonté énoncée par son tendre, le noiraud avait décidé d'adopter un petit garçon de cinq ans. Il s'appelait Jungkook, était haut comme trois pommes et avait des airs de petit lapin avec des cheveux bruns souvent ébouriffés. L'enfant était très curieux mais surtout incroyablement câlin avec son père adoptif qu'il ignorait être en deuil. Jusqu'aux huit ans du petit, ils partagèrent le même lit, car Yoongi avait besoin d'un soutien psychologique et Jungkook d'une peluche.
Le garçon grandit bien vite et passa à travers différentes épreuves. Les autres enfants, devenus jeunes adolescents, l'insultaient car il était adopté et n'avait même pas de mère, que ses vrais parents n'avaient sûrement jamais voulu de lui. Il avait appris à ne pas répondre, à juste les ignorer et à garder la tête haute. Il pouvait au moins faire cela, ne voulant surtout pas inquiéter son père déjà bien occupé avec son travail.
Cependant, pour évacuer toute la frustration accumulée à force de ne pas répliquer, il avait fini par se mettre au Taekwondo, qui était devenu son exutoire. Malheureusement, les insultes se poursuivirent là bas après quelques temps, car le jeune homme progressait très vite grâce à son investissement régulier et les autres membres de son club étaient infiniment jaloux de ce combattant incroyablement talentueux.
Alors les brimades le poursuivirent jusque dans son exutoire, les autres le traitaient de "suceur de prof", de "gros fragile", de "tricheur" parfois. Et jamais Jungkook ne répondait. Cette ignorance provoquait beaucoup d'agacement chez les autres, au point que trois des meilleurs élèves lui tombèrent dessus dans la rue, le plaquant violemment contre le rideau baissé d'une boutique et le tabassant sans honte, avec toute la violence dont ils pouvaient faire preuve.
Ce soir-là, Yoongi était en patrouille dans sa voiture de police, vérifiant que tout se passait bien dans son quartier. Il freina brusquement en voyant la bagarre, n'apercevant pas encore son fils, et sortit de sa voiture pour faire cesser ce lynchage public. Voyant un officier approcher, les trois coupables cessèrent alors de frapper leur victime qui n'avait rien demandé et ne faisait que les pousser sans les blesser, voulant juste avoir la paix. Le policier écarquilla les yeux en reconnaissant son fils et courut le prendre dans ses bras, caressant délicatement son dos avant de reculer, caressant délicatement sa joue, son inquiétude se lisant dans son visage.
"Tu n'as rien mon ange..?" Souffla-t-il, faisant abstraction de son cocard et de sa lèvre fendue
Les agresseurs se mirent à rire et l'un d'eux lança à l'intention de leur souffre-douleur :
"Bah alors ? En plus de sucer l'prof, tu suces les flics ? Tu devrais faire les trottoirs, c'est ta place. Sale pute."
L'adolescent cracha aux pieds de sa victime et se prit un regard noir de la part du paternel qui vint vivement l'attraper par le col, yeux plissés.
"Parle encore une fois à mon fils comme ça et j'te fous un procès au cul. J'pourrais vous embarquer toi et tes potes, pour agression et injures mais j'vais pas le faire. Si je vous surprends encore une fois, vous avez intérêt à avoir de bons avocats, parce que je laisserai pas ça passer une seconde fois. Pigé les morveux ?"
Malgré sa petite taille et sa force visiblement inexistante, il avait réussi à soulever l'athlète sans aucun soucis, chose suffisamment intimidante pour que les trois adolescents fuient. Un long soupir passa ses lèvres et il se tourna vers son fils qu'il prit à nouveau dans ses bras, enfouissant son visage dans son cou, inquiet.
"...merci d'être intervenu, papa..merci..
-C'est normal..c'est mon travail... Allez, rentrons. Tu dois mourir de faim..ça te dit une soirée film et chocolats chauds..?
-Tout ce que tu veux qui peut me faire penser à autre chose..." Soupira Jungkook
Jungkook et Yoongi passèrent au commissariat pour que le policier y dépose sa voiture de fonction et récupère la sienne pour rentrer chez eux au plus vite. Le trajet se fit dans un silence pesant, la radio était coupée et les deux hommes ne se parlaient pas. Une fois chez eux, le plus jeune partit prendre une douche pendant que son père préparait le repas, plutôt simple, comme d'habitude : Du riz et des tranches de porc grillé, tout assaisonné à la sauce soja. Il attendit patiemment son fils qui revint vêtu d'un pyjama d'hiver, cachant son corps couvert de bleus à cause des nombreux coups. Le regard triste de son petit bébé l'interpella et il souffla en prenant sa main dans la sienne :
"Mon ange..? Qu'est-ce qu'il y a..?
-...rien.. C'est..ça va.. J'ai juste mal partout..mais ça va..
-..tu me le dirais si ça n'allait vraiment pas, n'est-ce pas ? Tu sais que je peux y faire quelque chose..
-Papa, arrête de t'inquiéter, ça va.. Tu vas avoir plus de cheveux blancs que tu n'en as déjà.. Répondit le cadet avec une pointe d'amusement, forçant un peu un sourire
-Hey..! J'suis plutôt bien conservé pour mon âge..!
-C'est quelque chose que je peux pas nier, effectivement.. Personne te tourne autour au taff, hein..?
-Qui voudrait d'un cachet d'aspirine doublé d'un spaghetti?
-Hm.."
Ils finirent leur repas plutôt rapidement et Jungkook alla faire la vaisselle, pensif, pendant que Yoongi faisait les chocolats chauds, mettant des bouts de chamallow dans celui de son fils, sachant qu'il le préférait ainsi. Puis il alla s'installer sur le canapé, laissant son enfant mettre le film de son choix et s'installer à ses côtés. Le plus âgé posa sa tête sur l'épaule du bébé lapin à qui il donna le second chocolat. Les yeux de l'adolescent se mirent à pétiller lorsqu'il vit les chamallows fondus et souffla d'une voix émue :
"Tu me connais vraiment bien, Papa... Merci..
-Hm..? Je savais qu'un peu de douceur te ferait plaisir.. Profites-en, c'est pas tous les jours que tu peux en boire, pas vrai..?
-Hm... J't'aime, Papa.. sache-le..
-Hm..? Moi aussi je t'aime mon ange.."
Yoongi se redressa pour embrasser la tempe de son fils, faisant preuve d'une grande tendresse à son égard.
Le policier ne vit pas la descente aux enfers de son fils harcelé, pourtant ce n'était pas faute de lui demander régulièrement si tout allait bien mais ce qui avait manqué à Yoongi, c'était le fait de ne pas creuser, de ne pas chercher plus loin que les premiers dires de Jungkook. Il lui faisait bien trop confiance. Il n'aurait jamais dû.
Un soir, après une intervention particulièrement difficile et périlleuse au cours de laquelle il n'avait pas eu d'autres choix que d'abattre le meurtrier, Yoongi rentra chez lui, épuisé. Il sortit du frigo une canette de bière qu'il descendit d'une traite, en ayant sincèrement besoin. Le liquide pétillant venait brûler sa gorge avec une intensité que l'homme avait appris à oublier avec l'arrivée de son fils dans sa vie. Sa présence l'avait sorti de l'alcoolisme dans lequel il avait commencé à sombrer après la mort de son amant.
Qui aurait cru que la boucle allait se répéter ?
Le quarantenaire finit par appeler son fils dans la maison, sachant bien qu'à cette heure-là, il ne dormait pas. Pas de réponse. Étrange. Pourtant ses affaires de cours étaient dans l'entrée. Inquiet, il l'appela à nouveau et se décida à rentrer dans la chambre de son fils, chose qu'il ne faisait jamais par peur de le déranger en plein plaisir solitaire. Jungkook était un adolescent de seize ans comme les autres après tout.
La lumière était éteinte mais rien qu'en poussant la porte, il eut le sentiment que quelque chose n'allait pas. Ses soupçons se confirmèrent lorsqu'il entra et alluma la lumière, découvrant son enfant, son précieux petit, pendu au plafond avec sa ceinture. Les larmes lui montèrent aux yeux et il se rua vers le corps pendu, montant sur le lit pour le décrocher, mains tremblantes et vue floue. Il n'arrivait pas à y croire, ou plutôt ne voulait pas y croire. Son fils...son petit ange..s'était tué. Et il n'avait rien vu venir.
Le souffle tremblant, il allongea son fils sur son lit, lui faisant poser sa tête sur ses genoux, sa grande main caressa le coin de la mâchoire de Jungkook. Des larmes coulèrent sur ses joues pâlies par la tristesse, aussi blanches que celles du défunt.
"..mon ange..? Allez réveille-toi..ce n'est pas drôle.. Mon ange.." Murmura-t-il, en proie au choc que lui causait cette mort injuste
Mais lui qui côtoyait les cadavres à la morgue tous les jours avec le légiste savait reconnaître un homme mort quand il en voyait un. Et son Jungkook n'était plus de ce monde. Alors il serra le corps de son enfant contre lui, brisé, sanglotant bruyamment en enfouissant son visage dans son cou violacé. Il tremblait comme une feuille et jurait intérieurement, se demandant ce qu'il avait fait pour offusquer l'univers au point qu'il le prive de ses êtres chers à chaque décennie qui s'écoulait. Lui qui avait trouvé un refuge en Jungkook, un moyen de s'accrocher à la vie malgré la perte d'Hoseok, un moyen de continuer à avancer....
Les larmes eurent raison de lui et il s'endormit dans le lit de son fils, serrant son corps contre le sien, ayant encore l'espoir que demain, il se réveillerait avec son enfant blotti contre lui, son souffle chaud et régulier se répercutant contre sa peau pâle. Cependant, encore une fois, son rêve ne devint pas réalité et ce fut le froid qui le réveilla. Jungkook n'avait bougé, hélas...
Yoongi se redressa avec tristesse et posa délicatement le corps de son fils près de lui, se levant pour aller prendre une douche froide. Il enfila tristement son uniforme puis fronça les sourcils en voyant qu'une lettre était posée sur son oreiller. Délicatement, il prit donc le papier et le déplia soigneusement, le lisant en silence.
"Mon cher Papa,
Sache que je t'aime. Tu es la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivé. S'il-te-plait, ne t'en veux pas, d'accord ? C'est pas ta faute, Papa. C'est moi, j'ai pas eu le courage de t'en parler. J'aurais dû être honnête avec toi, Papa. Mais c'est trop tard.. Et je ne t'écris pas pour parler de ça de toute façon. Je t'aime, je t'aime tellement fort, Papa. Tu as été le meilleur père du monde. Merci de m'avoir sorti de là. Merci infiniment. J'ai passé les meilleures années de ma vie, de ma courte vie, avec toi. Tu me laisses partir avec des souvenirs que je chérirais même une fois là haut. Je vais veiller sur toi. Peut-être que j'y croiserais Hoseok ? Si c'est le cas, je me permettrais de lui passer ton bonjour, d'accord Papa ? Je ne l'ai pas connu mais tel que tu me l'as décris, c'est un homme exceptionnel. J'ai eu beaucoup de chance de tomber sur toi, Papa. Je ne pouvais pas rêver mieux. Vraiment. Je suis heureux d'avoir passé tant de bons moments avec toi. Merci pour ça.
Prends soin de toi.
Je t'aime.
Ton Kookoo."
Yoongi se mit à pleurer et serra la lettre contre son coeur, le souffle tremblant, essayant vainement de contenir des sanglots. Cette lettre lui faisait mal, vraiment mal. Même si elle était empreinte d'une grande tendresse, elle lui rappelait le décès de son amant, couplé à celui de son enfant. Cependant, il décida de la garder, la mettant dans un tiroir de sa table de chevet. Peut-être que cette lettre saurait lui donner espoir et courage lorsqu'il en aurait besoin.
Le policier finit par perdre son travail : Lors d'une intervention périlleuse, à la poursuite d'un meurtrier de Busan remonté jusqu'à Daegu, Yoongi avait tiré sur son coéquipier, car celui-ci s'était malheureusement mis entre le tueur et lui. Pour finir, le veuf avait abattu le criminel. Deux morts le même jour. Une vengeance inconsciente contre la vie, certainement. Pour ce double meurtre, avec circonstances atténuantes et un bon avocat, Yoongi écopa de quelques années de prison. Il n'en avait strictement rien à faire, n'ayant de toute façon rien à perdre. Le temps n'avait plus d'intérêt pour lui, et la vie non plus. Il n'avait plus qu'à crever.
A sa sortie de prison, il n'eut personne pour l'accueillir et rentra seul chez lui. Sur le chemin, l'ancien policier croisa un petit caniche roux qui semblait triste et crasseux, certainement un chien des rues abandonné. Un long soupir passa ses lèvres, ses yeux se teintant de tristesse pour la première fois depuis longtemps.
"A quoi bon..? Il mourra dans dix ans si je le prends avec moi..."
Et il laissa le chien seul dans la rue, à errer à la recherche d'un nouveau propriétaire, mais surtout à la merci du froid et de la faim. Yoongi voulait juste rentrer chez lui et s'y laisser mourir, à quoi bon vivre sans travail ni famille ? Bientôt, il n'aurait plus de maison et l'hiver l'emporterait comme il le ferait pour ce pauvre animal abandonné.
Le premier réflex qu'il eut une fois chez lui fut de monter à l'étage pour prendre la lettre de son fils, voulant la relire une dernière fois avant de se laisser mourir dans l'alcool. La lettre contre la poitrine et une bouteille de whisky en main, il déambulait, ivre, dans sa maison avant de s'arrêter face au buffet, se saisissant d'une vieille photo prise avec Hoseok alors qu'ils étaient près d'un lac. Il eut un rire nerveux, reposa la photo avant de prendre une longue gorgée et de déposer la lettre près du cadre.
"ça fait longtemps hein..? Longtemps que j'ai plus r'sorti tes affaires.. Plus de dix piges..J'ai plus d'quarante ans maintenant.. Toi tu s'rais magnifique maintenant hein.. J'suis sûr qu't'as gardé ta beauté là haut.. P't-être que t'as croisé 'Kook..c'est un bon garçon.."
L'homme soupira longuement et décida de monter au grenier, pour ressortir les affaires de son défunt amant. Peut-être qu'avec des effluves de la présence de son amant, il aurait le courage de se laisser partir.
Il retrouva tous les cartons dans lesquels il avait enfermé les affaires d'Hoseok des années auparavant, incapable de les regarder sans se mettre à pleurer. Il ouvrit le premier carton qu'il trouva et le déballa sans gêne, posant sa bouteille sur le côté. Il y avait des articles que son amant avait rédigé, des vêtements que l'homme avait longtemps porté, des bijoux dorés qui allaient à la perfection avec le teint hâlé du journaliste.
Serrant un pull en laine blanc contre lui, il tomba sur un étrange sachet en plastique transparent fermé par un zip qu'il n'hésita pas à ouvrir. Il vit un papier froissé et jauni glisser du sachet, puis un objet en tomba. Un masque. Blanc, bordé de doré. D'au-dessus des yeux jusqu'au milieu du nez, des arabesques dorées dessinaient, par dessus le masque, la forme d'un autre masque semblable à ceux des bals masqués.
Intrigué, l'homme décida de lire la note laissée par son amant, puisqu'il en reconnaissait l'écriture.
"XVIII-XIXe siècle. Provenance : Italie.
Information essentielle : Toute personne l'ayant porté est morte mystérieusement.
Hypothèse : Malédiction ? Chantage dû à son port ?"
Hoseok devait certainement mener l'enquête sur cet étrange masque mais avait dû l'abandonner pour x ou y raison. Il n'était pas journaliste historien après tout.
Un rire nerveux passa les lèvres du jeune homme qui n'hésita pas une seule seconde à mettre cet étrange masque. Si les gens mouraient en le mettant, alors il aurait peut-être la chance de disparaître mystérieusement.
Il garda ce masque pendant plusieurs minutes mais ne sentit strictement rien de bizarre, certainement trop ivre pour s'en rendre compte. Alors il supposa que tout n'était que balivernes et retira le masque, le remettant dans le carton avec toutes les affaires d'Hoseok sauf le pull blanc qu'il garda avec lui. La nostalgie et l'alcool ne faisaient pas bon ménage, et il se mit à pleurer à chaudes larmes, enfouissant son visage dans la laine, respirant bruyamment et difficilement. Pourquoi avait-il fait ça..? Pourquoi se faire souffrir ainsi inutilement..?
Ivre de peine, de malheur et d'alcool, Yoongi balança sa bouteille à moitié pleine contre le mur en face de lui, le verre explosant en un millier de morceaux transparent teinté d'ambre. L'homme se releva en titubant, s'accrochant au mur près de lui, se cognant la tête à une poutre sans même sentir la douleur physique tant sa souffrance sentimentale était forte. Le souffle tremblant, il quitta simplement ce fichu grenier pour se laisser tomber sur son lit et ne plus jamais en sortir, sombrant dans un sommeil profond.
Comme vingt ans auparavant, ce fut le soleil qui le réveilla de ses doux baisers dans le cou, mais cette fois, il ne s'agissait pas des lèvres à la forme de coeur d'un Hoseok encore vaseux de sommeil, mais des rayons pâles et timides de l'astre qui filtrait à travers les rideaux. Un grognement passa les lèvres du veuf qui se frotta doucement les yeux, se redressant péniblement dans son lit, le regard perdu dans le vide.
Il était pensif, malgré son esprit embrumé par l'alcool et les maux de crâne insupportables liés à son délicieux whisky qu'il avait foutu en l'air sans même pouvoir le déguster.
C'est pas possible d'être aussi con... Songea-t-il avec désarroi
Il décida tout de même de se lever pour aller prendre un café, au moins pour chasser ses maux de tête. Une fois trois tasses de café remplies, il remonta à l'étage et se figea sous la trappe du grenier, sourcils froncés. Il était sobre, certes embrumé par la fatigue et les restes de vapeurs d'alcool, mais avait l'impression que le grenier l'appelait. Après tout, il n'avait pas tout déballé hier et la nostalgie avait toujours son influence sur lui.
Alors Yoongi remonta au grenier et rouvrit les cartons pour noyer sa peine encore une fois, ressasser le passé, continuer sa vie à reculons. Comme la veille, il finit par retomber sur ce masque qui l'intriguait réellement. Il était magnifique... vraiment sublime. Comme lui l'avait été autrefois. Baigné de lumière et d'amour, il avait été sublime. Mais à présent, il pourrissait dans sa grande boîte, comme ce masque. Ils étaient similaires. Mais peut-être qu'ensemble, ils brilleraient à nouveau, retrouveraient leur grandeur passée.
L'homme sembla réfléchir tout en caressant le masque. Il n'avait plus de travail, mais s'il voulait briller, il devait en trouver un. Cependant, les vieux de plus de quarante ans qui remontaient la pente en fondant une entreprise ou en grimpant les échelons de la société n'impressionnaient personne, la société ne s'émerveillait que lorsqu'un jeune s'élevait, les vieux n'intéressaient personne.
Alors, après plusieurs longues heures de réflexion en contemplant le masque, il ne vit qu'une solution à son problème : La pègre, la mafia, les affaires illégales. Il devait briller dans l'ombre. Il n'y avait qu'ainsi qu'il pouvait s'élever à nouveau, obtenir de la reconnaissance mais surtout oublier ce qu'il avait traversé. Il basculait de l'autre côté de la barrière. Après avoir puni la vermine, il faisait partie de celle-ci. Mais sa chute ne venait pas du masque mais de ses années en prison, la découverte de l'artefact n'était que l'accélérateur de sa descente vers les bas-fonds, vers ce que l'humanité faisait de pire.
Ainsi, Yoongi, le visage caché derrière son masque, dans lequel il puisait force et espoir, se lança dans tout un tas d'affaires illégales. Il décida d'abord de reprendre un réseau de prostitution dont l'ancien gérant avait été mis en prison par sa faute, faisant un pacte avec le nouveau mac. Il ne couchait pas, se contentait d'empocher vingt pourcent des revenus pour démarrer un autre business : Trafic de drogue. Et il commençait fort, avec de la très grande qualité destinée aux plus riches. Il se faisait connaître grâce à ses prostituées qui glissaient un peu de drogue dans la poche de leurs clients qui devenaient vite addicts à cette drogue, cherchant vite à s'en procurer à nouveau, sans passer par les services de ces gentes dames.
Le masqué eut rapidement soif de pouvoir. Il s'était élevé plus vite que n'importe qui et tout le monde de la pègre le connaissait sous le nom de "White Swan", le Cygne Blanc, dont les ailes étaient tout sauf innocentes. Plus le temps passait, plus ses plans devenaient obscurs. Après la drogue et la prostitution, il vendait des armes sur le marché noir, des petits bijoux de technologie fabriqués par la crème de la crème des ingénieurs de la pègre. A cela s'ajouta du trafic d'êtres humains, des pauvres gens destinés à être les esclaves des différentes mafias. Sicilienne, russe, chinoise, japonaise, toutes faisaient appel à White Swan.
L'homme était à la tête d'un empire qu'il avait jadis tenté d'endiguer. La sensation de puissance était enivrante. Et il avait fallu d'un masque, d'un simple masque retrouvé dans son grenier pour déclencher ce désir de reconnaissance qu'il avait toujours voulu avoir. Être premier de sa promotion n'avait pas suffit, et il ne s'en était jamais rendu compte. Il avait fallu qu'il perde tout pour mieux renaître. Mais ces pertes valaient-elles le coup ?
Un soir, alors que le masqué buvait dans un de ses bars, un verre de whisky à la main et son doigt en caressant délicatement le bord, un bagarre éclata à côté de lui. Une dispute entre deux hommes ivres à propos d'une prostituée.
Un long soupir passa ses lèvres et il se leva pour venir les saisir par le col de leurs t-shirts, ses yeux sombres perçants rivés sur les deux hommes.
"Pas de ça dans mon bar."
Mais ils n'avaient pas peur et ce, malgré tout le charisme que dégageait White Swan. Ils commencèrent à se battre plutôt violemment, à deux contre cette figure mythifiée de la pègre, chétif comme il était impossible de l'être lorsqu'on était aussi riche que lui. Un coup de poing sur le côté suffit à faire voler le masque de White Swan, dévoilant un visage pâle, aux joues creusées et aux cernes aussi noires que son regard. Tous les clients et même le personnel le dévisagèrent, surpris de voir le visage derrière le masque.
L'ancien masqué recula d'un pas, sourcils froncés, ne comprenant pas ce qui n'allait pas. Il passa doucement sa main sur sa joue et comprit qu'il n'avait plus le masque. Il se sentait comme nu et vide, tombant à genoux dans ce bar qui commença à se vider sans même qu'il ait eu besoin de l'ordonner. Un soupir tremblant lui échappa et il passa sa main sur son visage, ses ongles griffant légèrement sa joue pâle, sentant son os sous ses doigts fébriles.
Il ne savait plus qui il était. White Swan ? Non, plus sans ce masque. Min Yoongi ? Mais qui était cet homme..? Etait-il seulement encore en vie ? Sûrement que non. Min Yoongi était mort, et depuis longtemps déjà. Ne subsistait sur cette Terre que son enveloppe charnelle, mais celui qu'on avait nommé White Swan n'était plus que l'ombre de celui qu'il avait été par le passé. L'honnête flic était passé d'un extrême à l'autre, perdant son identité propre.
Il n'aurait pas fallu le laisser voler aussi haut.
Il n'aurait pas fallu le laisser briller dans cet enfer.
Maintenant, il était seul là-haut, et la chute faisait mal.
Une ombre, voilà ce qu'il était. Yoongi était parti en fumée à la mort de son fils, de ces cendres s'était élevé White Swan et ses ailes, trop lourdes de crimes, l'avaient fait s'écrouler si fort que le masque était tombé, se brisant, ne laissant derrière lui qu'un corps sans identité. Bientôt, ses ailes ne furent pas les seules à le clouer au sol. Tel un albatros privé de ses ailes et s'écroulant dans l'eau déchaînée de la mer, lui se noya dans le whisky, brûlant sa gorge et sa vie.
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