OS parlant de dépression et de suicide, suite de l'OS Trauma

«Mon cher hyung…

J'aurais aimé que tu me vois..que tu remarques à quel point j'avais mal.. Tu lis si facilement en moi, mais en ce moment, tu n'y vois plus rien.. Tu ne remarques pas que je souffre..ou du moins, c'est si habituel pour toi que tu ne différencies plus ma souffrance de mon masque… Mais je ne t'en veux pas, ce n'est pas de ta faute. Tu as toujours tout fait pour que je sois heureux et cet échec n'est pas le tien.

S'il-te-plait, dis aux membres que je les aime et qu'ils vont me manquer, que je suis désolé de partir. Mais j'en peux plus… J'en peux plus de cette vie qui se résume à être constamment harcelé par des personnes qui ne me connaissent même pas et qui me suivent comme mon ombre, partout où je vais, qui tentent de m'appeler alors que je ne les connais pas. Je peux plus faire la différence entre des fans et des fous… Cette sensation constante d'être observé, suivi, m'épuise et je ne la supporte plus… Alors je pars.. Je pourrais juste quitter l'industrie, mais ce ne serait pas suffisant.. c'est humainement que je pars..

Mon cher hyung, n'oublie jamais que tu m'as énormément aidé, que tu as été une de mes raisons de m'accrocher, de vivre.. S'il-te-plait, ne t'en veux pas.. Parce que moi je ne t'en veux pas.. Je veillerai sur toi, et sur les autres..
Je vous aime.
Je t'aime.

-Kookoo»

Il devait être dix heures lorsque Yoongi se mit à chercher Jungkook partout dans le dortoir et impossible de le retrouver. Il était inquiet, car c'était le second repas que son cadet ratait, celui-ci n'ayant pas participé au dîner de la veille, ni au petit-déjeuner de ce matin. Alors, il vérifiait chaque chambre, ainsi que le salon, la cuisine et le balcon de l'appartement, mais ne trouva rien. Paniqué, il courut voir Namjoon et demanda d'une voix tremblante d'inquiétude.

«Namjoon..! T'aurais pas vu Jungkook..??

-Hm..? Il est partit à la douche je crois..

-Oh euh...d'accord… Y a combien de temps..?

-Dix minutes il me semble.. Lui et Jimin ont fait un pierre-feuille-ciseaux pour savoir qui irait en premier.. Tu as l'air bien inquiet.

-Ça fait deux repas qu'il saute, bien sûr que je m'inquiète..

-Je suis sûr qu'il mangera quand il sortira..

-Hm...»

Yoongi soupira faiblement et retourna dans le salon, attendant le retour de Jungkook avec impatience pour bien l'engueuler et le forcer à avaler quelque chose, ne voulant pas qu'il entre dans une période d'anorexie ou même qu'il saute des repas. Ce n'était jamais quelque chose de bon…

Seulement, le rappeur eut beau attendre une heure, aucune trace de Jungkook dans les parages. L'homme décida d'aller devant la porte de la salle de bain, toqua et appela son cadet, dissimulant son inquiétude comme il le pouvait. Pas de réponse. Il essaya donc d'ouvrir la porte mais celle-ci était verrouillée de l'intérieur. Il n'entendait pas l'eau couler et la pièce lui paraissait vraiment vide, ce qui eut le don de faire croître son inquiétude au point qu'il en tremble, suppliant alors :

«J..Jungkook..! Ouvre la porte, s'il-te-plait..! Il..il faut que tu manges..!»

Toujours rien. Alors il se mit à donner des coups de pied aussi forts que possible, espérant faire céder cette maudite porte malgré ses forces plutôt moyennes comparées à celles des autres membres. Néanmoins, à force d'acharnement, il finit par défoncer la porte et courut dans la pièce, manquant de trébucher sur le tapis, se ressaisissant en s'appuyant contre le mur. Là, il découvrit, près du lavabo, Jungkook, les yeux clos, adossé au mur, parfaitement immobile et le teint pâle et près de lui, une boîte cylindrique opaque de laquelle dépassaient d'étranges pilules blanches. Le rappeur reconnut sans mal les pilules et ne tarda pas à faire le lien entre elles et Jungkook, sentant les larmes lui monter alors qu'il appelait et secouait son ami pour qu'il se réveille, y croyant encore, ayant l'illusion que ça changerait quelque chose. Après quelques minutes, il abandonna et caressa délicatement sa joue humide, probablement de larmes, la mâchoire tremblante.

«Kookoo… Qu'as-tu fait..?»

Lui-même se mit à pleurer et serra le corps froid de son ami contre lui, une main dans ses cheveux, la tête jetée en arrière et les lèvres entrouvertes pour hurler silencieusement sa peine, n'arrivant pas à y croire, ne voulant pas y croire. Il voulait sentir les bras de Jungkook enserrer sa taille et lui assurer qu'il était vivant, il voulait sentir le souffle chaud et rieur du cadet contre son oreille qui lui murmurait que ce n'était qu'une blague, mais rien de tout cela n'arriva. Il n'avait qu'un corps contre lui, vide de vie, immobile, endormi pour l'éternité.

Le corps ébranlé par les sanglots, il cria d'une voix déchirée par la douleur toute la peine qui n'avait pas pu s'exprimer à cause du déni, son poing se refermant autour des mèches brunes du jeune défunt. Ce cri alerta les autres membres qui se pressèrent, paniqués, Namjoon entrant dans la salle de bain avant de sentir son cœur rater un battement face à cette scène déchirante. Il s'agenouilla près de Yoongi et prit délicatement le poignet de Jungkook pour prendre son pouls. Après quelques secondes, le leader se recula et secoua faiblement la tête à l'intention du reste du groupe, annonçant en silence la terrible nouvelle. Le second plus âgé ne s'en remettait toujours pas et serrait de plus en plus fort son ami dans ses bras, complètement dévasté, le cœur brisé, un torrent de larmes incontrôlables se déversant sur ses joues palies par la tristesse.

Son protégé s'était tué. Il avait abandonné la vie plutôt que de venir voir ses ainés pour leur montrer sa douleur, leur parler de ses problèmes. Il avait choisi la solution qui demandait le plus de courage et qui faisait le plus de dégâts… Il ne voulait plus souffrir et son seul moyen avait été de s'offrir éternellement à Morphée…

Yoongi finit par se détacher doucement de lui, son regard encore embué de larmes se posa sur le visage de Jungkook qu'il détailla pendant quelques secondes, ses traits tendus reflétaient toute sa tristesse et pour rien au monde il n'aurait voulu croiser le regard du plus jeune au moment où il avait décidé de mettre fin à ses jours. Il devait être si...si meurtri, empreint d'un profond mal-être, aussi sombre que les idées qui l'avaient poussé à avaler ces somnifères… Non, Yoongi ne voulait pas l'imaginer, il n'y arrivait même pas…

Le rappeur, encore tremblant de choc, porta difficilement le cadet et l'amena jusque dans sa chambre, couchant le défunt dans les draps, l'oreiller encore humide des larmes qu'il avait versé la veille. Il le borda péniblement et s'apprêta à partir avant de repérer des feuilles sur le bureau, froissées mais sûrement lisibles. Il s'approcha alors, venant délicatement prendre la première feuille du tas, la lisant avec inquiétude. C'était une lettre, destinée à un hyung et au fur et à mesure de sa lecture, il comprit qu'il était le hyung en question. Puis il mit le doigt sur la raison du suicide de son ami le plus proche et sentit la rage le gagner. Les sasaengs avaient été la cause des angoisses de Jungkook, elles étaient à présent responsable de sa mort.

Yoongi ne saurait jamais quel avait été l'événement déclencheur, celui qui avait réellement poussé Jungkook à l'acte. Il ne saurait jamais que son protégé était harcelé sexuellement par une jeune femme qui se prétendait fan, ni que cette même femme l'avait traqué et attouché, ayant même tenté d'avoir un rapport avec le jeune homme qui s'était débattu comme il avait pu, ayant réussi à la repousser. Ce harcèlement était parti beaucoup trop loin mais cela, ni le rappeur, ni les autres ne le sauraient. Cependant, rien que le fait de savoir qu'il avait été harcelé enferma Yoongi dans un brasier de haine qui, gardant la lettre pour lui, alla écrire pour coucher toute sa colère sur papier, blessé jusque dans son essence.

L'homme ne s'en remit jamais vraiment et le seul moyen pour lui de vivre après cette perte fut de régulièrement rendre visite à la tombe de Jungkook sur laquelle il déposait ses brouillons de partitions et un magnifique bouquet jaune et orange, se mettant ensuite à lui parler, comme si le plus jeune pouvait l'entendre, comme s'il s'adressait à quelqu'un de vivant.

«Prends mes mains avant que je ne saute…

Tu étais la cause de mon euphorie.

Mais à présent, je ne suis qu'un bouquet flétri.

S'il-te-plait, ne crois pas que c'était de ta faute.»