Au pied de la Tour Eiffel, un combat faisait rage. Ladybug se baissa, esquivant ainsi un coup qui l'aurait assommée, feinta, roula, pirouetta. Chat Noir n'était pas en reste. Il évita son adversaire et porta un coup qui aurait du assommer son ennemi, si il n'avait pas riposté avec sa canne.

Mais que se passait-il donc à Paris ?

                                                                                  ***

Quelques jours plus tôt.

- Vous voyez, Nathalie, ce plan est parfait. Nous n'avons plus qu'à attendre le signal de Lila Rossi. Dans quelques jours, les Miraculous de Ladybug et Chat Noir seront à  moi.

Gabriel sourit. Depuis quelques semaines, Nathalie et lui élaboraient un plan pour récupérer les Miraculous de leurs ennemis. Le plan était achevé, à présent. Tout ce qui leur manquait, c'était le signal de leur alliée, Lila Rossi. Si Gabriel était convaincu de la réussite de son plan, Nathalie éprouvait des doutes. Le plan lui parassait risqué. Papillombre risquait quand même de devoir se montrer en plein jour ! La dernière fois que c'était arrivé, cela avait failli très mal tourner. Ladybug avait réalisé un Amalgame du Miraculous de la Coccinelle et de celui du Cheval. Ce jour-là, elle avait eu la possibilité de récupérer les Miraculous du Paon et du Papillon ! Heureusement, elle avait préféré s'emparer du gobelet contrôlant le Sentimonstre créé par Papillombre. Nathalie était inquiète. Si quelque chose arrivait à Gabriel, elle ne se le pardonnerait jamais.

Trois jours plus tard.

Le moment était venu.

Lila était dans une fureur monstre. Marinette avait dévoilé ses mensonges à toute la classe ! Accusée à tort d'avoir lu le journal intime de Lila, la jeune fille n'avait pas eu d'autre choix. Alors, elle avait divulgué tout ce qu'elle savait. Comment, un jour, elle avait vu Lila voler un livre appartenant à Adrien. Comment le même jour, elle passait dans le parc et avait vu Ladybug gronder Lila pour ses mensonges auprès d'Adrien. Comment Lila l'avait menacée de retourner toute la classe contre elle, si elle divulguait ses mensonges. Comment, une autre fois, Lila avait prétendu avoir une acouphène à l'oreille gauche, puis en fin de journée, s'était trahie en parlant d'oreille droite. Et, comble du comble, Alya l'avait soutenue ! Pourtant, Lila était persuadée de l'avoir mise dans sa poche, comme les autres !  

À cause d'elles, Lila n'avait plus d'amis dans la classe. À cause d'elles, les professeurs se méfiaient. À cause d'elles, Adrien ne la regardait même plus.

Furieuse, elle ferma les yeux. Son esprit se concentra et partit à la recherche du Papillon. Quand, enfin, elle le trouva, elle l'appela.

- Papillombre ? Je suis prête.

Papillombre, d'abord surpris par l'appel télépathique de la jeune fille, se ressaisit. Il créa un akuma, et l'envoya à la poursuite de Lila. Quand l'akuma la trouva, il pénétra dans ses bracelets. Aussitôt, le masque du Papillombre se dessina  sur son visage.

- Soporifique,  je suis le Papillombre. Je te donne le pouvoir d'endormir tes ennemis, pour ensuite leur arracher la vérité. Ainsi que le pouvoir de voler, pour mieux diffuser le sommeil.

Une masse sombre s'empara de Lila, laissant place à Soporifique, une akumatisée au teint blanc, vêtue des mêmes habits que Lila, à la seule différence qu'ils étaient bleu nuit. Une sacoche blanche pendait à son côté. Aussitôt, elle se lança à la poursuite de Marinette, mais Papillombre l'arrêta.

- Non, Soporifique ! Je veux que tu endormes tout Paris. Ainsi, quand Ladybug et Chat Noir se présenterons, tu n'auras qu'à les endormir, et là, je viendrais moi-même récupérer leurs Miraculous.

Soporifique acquiesça.  Elle porta la main à sa sacoche, et en sortit un flacon remplit d'une poudre bleue. Elle s'envola. Elle prit la poudre bleue dans ses mains et la dispersa dans tout Paris. Quand la poudre touchait un civil, il se roulait en boule et s'endormait. Seuls étaient épargnés ceux qui restaient chez eux. Soporifique s'arrêta auprès d'Ivan, un garçon de sa classe qui avait été touché.

- Quel est ton plus grand secret ? lui demanda-t'elle.

Ivan répondit d'une voix de somnanbule :

- Je joue toujours avec mon doudou, Monsieur Carotte.

Réprimant à grand peine une envie d'éclater de rire, Soporifique s'éloigna.

Pendant ce temps, Marinette dessinait dans sa chambre. Elle sourit. Tout était silencieux. Cela l'aidait à se contrentrer. Elle se figea, son crayon en suspension. Une minute. Tout était silencieux ? À Paris ? Impossible ! Elle se précipita à la fenêtre. Et ce qu'elle vit la glaça d'horreur. Tout le monde dormait  ! En plein milieu de la route, des personnes se roulaient en boule et s'endormaient. Marinette ne perdit pas une seule seconde.

- Tikki, transforme-moi !

Une minute plus tard, Ladybug courait sur les toits de Paris. Elle saisit son Bugphone et appela Chat Noir. Celui-ci la rejoint quelques minutes plus tard au pied de la Tour Eiffel.

- Bien le bonjour, ma Lady ! Que se passe-t'il, aujourd'hui ?

- Chut ! Regarde !

Soporifique s'approchait de Mlle Mendeleiv qui avait été touchée.

- Quel est ton plus grand secret ?

- J'ai peur des explosions, murmura la professeur.

- Plutôt étrange, pour une professeur de physique-chimie... chuchota Chat Noir. 

- Pardon ?

- Non, rien.

- D'accord... bon, à trois, on y va. Un ... deux ... trois !

Ladybug et Chat Noir se ruèrent vers Soporifique. Prise au dépourvue, la super-vilaine n'eut que le temps d'esquiver le yo-yo de Ladybug.

- L'akuma doit être dans son bracelet, lança Ladybug à Chat Noir.

Avec un hurlement de rage, Soporifique se rua sur son adversaire, bien décidée à en découdre. Mais Ladybug fut plus rapide.

- Lucky Charm !

Dans ses mains tomba un casque audio.

- Hein ? Mais qu'est-ce que je vais faire de ça, moi ?

Deux minutes plus tard, Soporifique était vaincue.

- Bien joué !

- Miraculous Lady...

Chat Noir l'attrapa par la taille et la poussa sur le côté.

- Chat Noir ! Pourquoi t'a fait ça ?

C'est alors qu'elle le vit. Dans son costume violet en queue de pie orné de ronds roses, une voilette sur son œil droit, se tenait Papillombre. La canne à la main, il s'apprêta à porter un nouveau coup.

                                                                                  ***

Dans sa chambre, Nathalie poussa un gémissement et porta la main à son cœur. Quelque chose de grave allait se passer, elle en était certaine. Elle n'aurait pas su dire comment elle le savait, mais elle en était sûre, il fallait qu'elle intervienne. Elle se leva et se mit en route.

                                                                                   ***

Ladybug se baissa, esquivant ainsi un coup qui l'aurait assommée, feinta, roula, pirouetta. Chat Noir n'était pas en reste. Il évita son adversaire et porta un coup qui aurait du assommer son ennemi, si il n'avait pas riposté avec sa canne. L'effet de surprise ayant raté, Papillombre le compensait par son expérience et son habileté au combat.

                                                                                  ***

Depuis une demi-heure, elle courait. Personne ne lui prêtait attention, tous étaient sous l'emprise du sortilège de Soporifique. Ses poumons criaient grâce, elle sentait un vertige s'installer.

- Je dois arriver à temps !

Elle accéléra.

                                                                                  ***

- Tu as pris la mauvaise décision, Papillombre, nargua Chat Noir. Nous allons te vaincre ! Ton règne de terreur prend fin aujourd'hui !

- En es-tu sûr, le chaton ?

Papillombre donna un grand coup de poing à Ladybug. Celle-ci n'eut pas le temps de l'éviter et se retrouva projetée à plusieurs pas avant de s'effondrer, inconsciente. Chat Noir se précipita à ses côtés. Ladybug ne se réveillait pas. Chat Noir ne pensa pas qu'elle était simplement assommée par la violence du coup porté par Papillombre. Il vit rouge. Sa main droite devant lui, il s'écria :

- Cataclysme !

Déterminé à en terminer avec celui qu'il pensait avoir éliminé son amie, il se rua sur Papillombre. Celui-ci, pris au dépourvu, n'eut pas le temps de réagir, ni de bouger. Il resta figé.

 - Non !

Une ombre noire et rouge se jeta devant Papillombre. Et prit le Cataclysme de Chat Noir de plein fouet.

Chat Noir stupéfait, n'eut pas le temps de désactiver son pouvoir. Quelqu'un avait pris son Cataclysme. Quelqu'un s'était sacrifié pour Papillombre. Mais qui ?  Il chercha cette personne des yeux.  Et il la vit.

Le corps parcouru de tremblements, secoué par de violentes quintes de toux, recroquevillée sur elle-même, Nathalie poussa un gémissement.

Chat Noir la contempla, stupéfait. Pourquoi avait-elle fait cela ? Les larmes lui vinrent aux yeux. Nathalie avait toujours été là pour lui. Qu'avait-il fait ?

Papillombre se précipita à son chevet. Il fut soulagé de l'entendre respirer. Une respiration faible et sifflante, mais présente.

- Nathalie...

Il la serra dans ses bras et baissa la tête. Il resta ainsi plusieurs minutes, à essayer de réfléchir sur les agissements de son amie. Quand il se releva, il fixa Chat Noir, furieux. Son regard devint froid, et quand il parla, ce fut d'une voix sans état d'âme.

- Chat Noir... Si je m'écoutais, je te taillerais en pièces. Mais elle a besoin de soins. Laisse-moi. Je te déconseilles d'essayer de me suivre, car je ne te promets pas de retenir ma fureur.

Sur ces mots, il prit Nathalie dans ses bras et s'enfuit.

Chat Noir les regarda s'enfuir. Il ne parvenait plus à retenir ses larmes. Il avait utilisé son Cataclysme contre Nathalie. L'horreur de ce qu'il avait fait lui monta à la tête. Si Nathalie s'était sacrifiée pour Papillombre, c'était qu'ils se connaissaient. Si ils se connaissaient... L'hypothèse était si terrifiante, qu'il ne voulait plus y penser. Mais était-ce possible ? Ladybug avait déjà eu des soupçons sur son père... Derrière lui, Ladybug émergea lentement. Il se précipita à ses côtés et lui tendit son Lucky Charm. Ladybug le prit dans ses mains et le lança en s'écriant :

- Miraculous Ladybug !

Les coccinelles magiques s'envolèrent, réparant les dégâts causés par Soporifique et Papillombre. Mais il était un dégât qu'elles ne pouvaient réparer.

Ladybug remarqua l'air maussade de Chat Noir.

- Chaton... que s'est-il passé ?

- Quand tu t'es évanouie,  j'ai cru que Papillombre t'avait éliminée. Pour de bon. J'ai vu rouge. J'ai voulu utiliser mon Cataclysme contre lui, mais à ce moment, quelqu'un s'est jetée devant lui pour le protéger. Elle s'est pris mon Cataclysme. Je la connaissais, cette personne... c'était Nathalie Sancoeur, l'assistante de Gabriel Agreste. L'assistante de mon père...

Choquée, Ladybug ne dit rien.  Puis, elle se jeta au cou de Chat Noir.

- Je suis tellement désolée, Chat Noir ! Ou, peut-être, devrais-je dire, Adrien Agreste.

Chat Noir approuva en opinant de la tête. Mais il ne put se résoudre à lui rendre son élan de tendresse.

- Je vais rentrer. Je veux voir comment elle va.

Sans un regard en arrière, il saisit son bâton et rentra chez lui.

                                                                            ***

Papillombre s'était détransformé en arrivant chez lui. Il déposa Nathalie dans son lit. La jeune femme faisait peine à voir. Les bras pressés contre son ventre, elle poussa un gémissement à glacer le sang. Une quinte de toux la secoua. Elle voulut dire quelque chose, n'eut pas la force. Elle s'endormit. Sans mot dire, Gabriel enleva les épingles de son chignon, pour lui faciliter le sommeil. Il la regarda attentivement. Il ne l'avait jamais vue avec les cheveux lâchés. Elle était vraiment très belle ainsi, sa mèche rouge tombant sur le côté. Il lui retira ses lunettes. Ce n'était pas bon pour elle de dormir avec.

Il étouffa un sanglot. Nathalie lui avait pourtant dit que son plan était dangereux. Il ne l'avait pas écoutée. Et c'était elle qui en avait fait les frais. Encore. Depuis le début, Nathalie s'était sacrifiée. Elle avait sacrifié sa santé, sa vie.  Elle avait toujours été là pour lui, apaisant ses peines, ses colères. Et maintenant elle était à deux doigts de la mort. Gabriel s'en voulait profondément. Tout était de sa faute. Il retira les deux Miraculous qui lui avaient coûté la santé.

- Nooroo, je renonce à toi. Duusu, je renonce à toi. Je vous libère des contraintes que j'ai posées sur vous.

Les deux Kwamis disparurent dans leurs broches. Gabriel les posa sur la table de nuit de Nathalie. Gabriel se tourna vers elle. Il avait enfin compris que les Miraculous ne lui seraient plus d'aucune utilité. Nathalie s'était sacrifiée pour lui. Il avait enfin compris que son cœur ne battait plus pour Émilie, mais pour elle, sa dévouée, sa fidèle Nathalie. Alors, dans la lumière du jour filtrée par les rideaux, Gabriel posa sa main sur celle de Nathalie. Doucement, il se mit à pleurer.                 

                                                                             ***

Adrien était rentré. Il se précipita dans la chambre de Nathalie. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant son père pleurer !  

- Père... que s'est-il passé ? Qu'est il arrivé à Nathalie ?

- Je ne peux pas te le dire, Adrien. Va jouer ton piano.    

Mais, au lieu de lui obéir, Adrien s'approcha. Et il vit les deux Miraculous sur la table de nuit. Ses yeux s'écarquillèrent sous le coup de la stupéfaction.        

- Père ? Est-ce que ces deux bijoux sont bien ce que je crois ?

Gabriel ne releva pas la tête.

- Oui. Je suis désolé Adrien. Mais si j'ai fait cela, c'était pour toi. Pour que ta mère revienne. Pour que nous soyons heureux. Maintenant, je n'en n'ai plus besoin. J'ai compris que je pourrais être heureux avec Nathalie. Si elle est d'accord, bien sûr.

- Je pense qu'il n y a aucun risque pour qu'elle ne soit pas d'accord, glissa Adrien. Maintenant, allez-vous me répondre ? Que lui est-il arrivé ?

- Elle... elle s'est sacrifiée pour moi. Chat Noir allait utiliser son Cataclysme contre moi. Mais elle est intervenue. Elle s'est jetée devant moi et s'est pris le Cataclysme à ma place. 

- Est-ce que vous êtes très fâché contre Chat Noir, père ?  s'enquit Adrien.  

-  Évidemment ! Pourquoi cette question ?     

Adrien baissa la tête. Il savait qu'il devait avouer à son père sa faute, mais il  n'en avait pas la force. Il prit une grande inspiration et dit :

- Plagg, transforme-moi.

Sous le choc, Gabriel resta bouche bée.

- Toi !  Tu es... Chat Noir !

- Je suis tellement désolé, père ! Quand vous avez assommé Ladybug, j'ai cru que vous l'aviez tuée. J'étais tellement furieux que je n'ai pas réfléchi. Je ne voulais pas faire de mal à Nathalie mais elle s'est jetée devant vous tellement vite que je n'ai pas eu le temps de désactiver mon pouvoir.  Je ne voulais pas... voulez-vous que j'aille chercher Ladybug ? Elle trouvera une solution,  j'en suis certain.

- Oui, tu vas aller la trouver, mais pas pour lui demander une solution. Tu vas lui rapporter ces deux Miraculous. Porter autrefois le Miraculous du Paon l'a un peu protégée, mais c'est ma faute si Nathalie est  dans cet état. Je veux être celui qui la soignera.

- Comme vous voudrez, père.

Il prit les deux Miraculous et disparut par la fenêtre.

Resté seul, Gabriel sourit. Si il lui fallait se battre pour Nathalie, il se battrait.

                                                           ***

Quelques jours plus tard.

Nathalie ouvrit les yeux. Il lui semblait que cela faisait une éternité qu'elle dormait. Tout était flou autour d'elle, sans ses lunettes, pourtant il lui sembla reconnaître la silhouette familière de Gabriel Agreste.

- Monsieur ?

- Nathalie !

Fou de joie, il la serra dans ses bras. Cela faisait plusieurs jours qu'elle dormait, n 'ouvrant la bouche que pour pousser des gémissements de douleur. Gabriel l'avait veillée, jour et nuit, lui avait appliqué des serviettes humides sur le front, lui avait fait boire un peu d'eau pendant qu'elle ouvrait la bouche. Elle s'était enfin réveillée.

- Monsieur... vous m'étouffez !

- Pardon, Nathalie... mais j'étais tellement inquiet ! Vous avez dormi pendant trois jours et trois nuits ! J'ai bien cru que...que...

Il se tut. La réalité de tout ce qui avait failli se passer le terrifiait.

- Ne me faites plus jamais ce genre de frayeurs s'il vous plaît. Je n'y survivrait pas. Vivre sans vous m'est impossible. Parce que sans vous la vie n'a pas de goût, pas de sens. Parce que sans vous pour me guider, je me perds. Parce que sans vous, je ne suis rien. Parce que... je vous aime.

Nathalie le fixa, émerveillée par ce qu'il venait de dire. Elle aurait voulu répondre quelque chose, elle ne parvint qu'à balbutier.

- Moi aussi, Gabriel. Moi aussi.

Gabriel la prit dans ses bras et l'embrassa. Un flot de sensations insolites se déversèrent en Nathalie. Non. Ce n'était pas un flot de sensations, mais une vague qui déferlait sur elle. Incrédule et émerveillée, Nathalie se laissa emporter.

2755 mots. J'ai enfin réussi à dépasser les 2000 mots !!!! Je le trouve bien, cet OS, en vrai. J'ai parfaitement conscience que la réaction de Chat Noir est un peu exagérée, et que le combat contre Soporifique est TRES rapide, mais bon. Je suis contente aussi, de la déclaration de Gabriel à Nathalie. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Renars.