Tueur à gage (Part. 1)
*PDV LOUIS*
J'arrive devant mon "client". Il est entouré d'hommes plus armés que des soldats américains et ça me fait sourire sachant que je peux, en une seule main, les abattre en quelques secondes. Je déteste mon boulot mais c'est malheureusement la seule chose que je sais bien faire. De plus, je gagne un paquet d'argent même si mon côté éthique en prend un sacré coup.
Je suis tueur à gage.
Oui, je tue des gens pour du fric.
On fait ce que l'on peut avec les capacités que l'on a ! Et même si je n'aime pas particulièrement ça, l'argent facile est un piège dont il est difficile d'échapper. Je me suis quand même posé certaines limites à ne pas franchir, je ne veux pas devenir un monstre sanguinaire même si pour certains, je le serais déjà. Mes "clients" me demandent souvent de tuer des hommes, je ne touche ni aux femmes ni aux enfants. C'est une des seules règles que je me suis fixée la première fois que j'ai du "aller travailler". Ça fait trois ans maintenant que j'exerce dans l'ombre et je ne me suis jamais fait attraper. Il faut dire qu'avec mes honoraires, je me permets d'avoir un matériel de qualité et de quoi me protéger en cas de problèmes, comme un excellent avocat par exemple. Comme je vous l'ai dit, une fois que l'on a de l'argent, il est tellement simple de mettre au second plan notre éthique. Être un avocat corrompu pour 10.000€ par mois ? Ne cherchez pas loin, les premiers à qui vous le demanderez vous serviront le monde sur un plateau d'argent.
Je me trouve donc devant mon prochain client qui semble être un trafiquant de drogues si je ne me trompe pas.
- Bonjour, dis-je pour engager la conversation.
- Bonjour. Alors ? Comment procédons-nous ?
- Règlement de moitié maintenant, en cash, non traçables et deuxième moitié une fois le contrat rempli. Si vous essayez de me doubler sachez que je vous retrouverez et je m'occuperai personnellement de vous.
- C'est une menace ?
- Plutôt un avertissement, dis-je avec un sourire narquois.
Je le vois se tendre sur sa chaise et regarder ses deux molosses, prêts bondir. Il hoche la tête et j'anticipe leurs mouvements, sortant mes deux browning 9mm, visant la tête de chaque molosse en haussant les sourcils.
- Je veux le double de ce qui avait été convenu sinon je vous butte tous les trois, dis-je d'une voix froide, lente mais calme.
Voyant ma rapidité à dégainer, mon client regarde ses molosses et après un hochement de tête de la part de leur patron, ils rangent leurs armes. Je lève les deux miennes, leur montrant que je baisse la tension et il me demande de m'asseoir devant lui. Je m'assieds donc et il sort un sac en cuir, sûrement rempli de billets.
- Silv', va chercher 75.000€.
Après une demie-heure, le dénommé "Silv'" arrive avec un sac assez gonflé et le pose à côté du premier.
- 150.000€. Le double de ce qu'on avait convenu, dit-il en serrant les dents.
Je vérifie rapidement le fond des sacs pour ne pas me faire avoir et une fois assuré que tout soit bien là, nous commençons à discuter de la proie.
- Il s'appelle Harold Styles. C'est le fils d'un de mes dealers qui est parti avec ma marchandise.
- Je ne bute pas les gosses.
- Ce n'est plus un gosse. Il a eu 20 ans cette année.
Je hoche la tête et il me donne un bout de papier avec sûrement l'adresse du-dit Harold Styles.
Je me lève de ma chaise et pars en direction de ma voiture dans une des allées derrière le conteneur. J'entends des mouvements derrière moi et un fourgon part avant moi, sûrement la bande de gigolos qui m'ont employé. Je mets mes sacs dans le coffre et me rends dans un bar pour boire un verre. Je ne rentre pas immédiatement chez moi au cas où ce crétin m'aurait fait suivre pour récupérer son fric. Vers 4h du matin, je sors du bar et me rends à l'adresse indiquée sur le bout de papier. Je me gare à proximité, éteint mes phares et verrouille ma voiture. Je regarde la petite maison et j'ai du mal à imaginer qu'une si jolie bâtisse puisse cacher un dealer et bientôt un meurtre. Je reste deux bonnes heures en planque devant la porte d'entrée mais aucun mouvement, ce qui n'est pas suspect vu l'heure. Au moment où je m'apprête à démarrer pour rentrer chez moi, je vois la porte s'ouvrir sur un homme.
Enfin, un jeune homme plutôt.
Ce doit être lui. Il a les cheveux assez long, une chemise avec des motifs douteux et un pantalon slim noir. C'est étonnant de voir que le tout s'harmonise plutôt bien. Porté par une autre personne ça n'aurait certainement pas donné le même résultat.
- Louis on n'est pas à la fashion week concentre toi, c'est bizarre de voir un adolescent sortir à six heures du matin, un mardi ! me dis-je à moi-même.
Je décide de le suivre à pied, à quelques pas pour ne pas qu'il s'aperçoive que quelqu'un le suive. Il tourne à l'angle de la rue et lorsque je tourne moi aussi dans celle-ci, il a disparu. Je reste un peu sur le cul mais je continue de marcher, au cas où il m'observerait. Je ne dois pas paraître suspect. Je rentre dans une petite boulangerie, déjà ouverte à cette heure-ci, pour avoir un point de vue sur la rue sans que cela ne paraisse suspect mais lorsque je me retourne vers le comptoir, ma surprise doit se lire sur mon visage.
Il est là, devant moi, habillé d'un tablier rouge et d'un petit chapeau avec l'enseigne de la boulangerie.
- Bonjour Monsieur, que puis-je vous servir ?
Sa voix. Elle est si enjouée et communicative de bonne humeur, même si tôt. Comment un père peut abandonner son fils, sa famille, pour de la drogue ?
- Monsieur ? Est-ce que tout va bien ?
- Euh oui, je, je vais prendre une, une baguette.
- Une tradition ? Une campagnarde ? Une fiscelle ? Une seigloise ? Une complète ? Une farine blanche ? Plutôt bien cuite ou moins cuite ?
Je reste un peu con face à sa orde de questions. Je veux juste une baguette de pain normale, pas plus compliqué que ça !
- Euh...
Je le vois sourire, attendant ma réponse mais je ne sais pas quoi choisir ! Devant un marchand d'armes, je sais exactement ce que je veux mais pas devant une multitude de baguettes de pain. D'un coup, il prend une baguette et me la sert.
- Ça vous fera 1€ s'il vous plait.
Je sors un billet de ma poche et il écarquille les yeux quand je le lui tends.
- Euh Monsieur je ne suis pas sûr d'avoir la monnaie...
Je fronce les sourcils et regarde ma main.
Un billet de 100€.
Effectivement, ce n'est pas forcément adéquat pour une baguette de pain à 1€...
- Pardon, excusez-moi.
Je range mon billet et cherche un billet plus petit. Ce sera 20€, je n'ai pas plus petit sur moi. Je le lui tends, espérant qu'il l'accepte et il me le prend, même si il continue à faire un peu la moue.
- Voilà 19€, passez une bonne journée !
Je me recule pour sortir lorsqu'il m'interpelle.
- Au fait, je vous ai servi une ficelle, bien cuite.
Je souris un peu, je sors de la boulangerie et retourne jusqu'à ma voiture. Je pose la baguette de pain sur le siège côté passager et réfléchis à ce qu'il vient de se passer.
En gros je dois tuer un caissier de boulangerie souriant ?!
Ça me paraît vraiment surréaliste. Je me suis sûrement trompé de gars. C'est peut être pas le bon fils ? Oui c'est sûrement le mauvais fils ! Je rentre chez moi et planque ma cagnotte avant de me mettre au lit. Je dors toute la journée et essaie de me reposer. Être tueur à gage n'est pas de tout repos, on vit dans un stress constant de se faire tuer, de se faire arrêter ou de se faire voler. N'ayant plus de famille, il était plus facile pour moi d'exercer ce métier. Je n'avais pas la peur qu'un jour elle soit touchée ou qu'on me fasse chanter avec cette corde sensible. Ils vivent à l'autre bout de la terre et nous n'avons plus de contact depuis des années.
Je me réveille vers quinze heures car quelqu'un sonne à ma porte. J'essaie de ne pas paniquer, je prends mon arme et la mets dans mon dos. Je souffle un bon coup et ouvre la porte. Personne. Je regarde rapidement dans le couloir pour être sûr de ne pas voir qui vient de sonner mais rien. Je regarde à mes pieds mais mon paillasson est propre, comme à son habitude. Je referme la porte et vais m'asseoir sur mon canapé. Il faut que je réfléchisse à comment atteindre le fils Styles sans que cela ne paraisse suspect. Un électricien ? Trop banal. Un vendeur ? Trop chiant, puis je n'ai rien à vendre. Un religieux ? J'ai tout sauf la tête de l'emploi.
Il va falloir que je retourne à la boulangerie... En parlant de pain, je vais vers ma cuisine et le fait griller. Je sors une plaquette de beurre et commence à me faire des tartines. C'est vrai que c'est une bonne baguette, il s'y connait. Après mon petit-déjeuner à 15H30, ce qui s'apparente plus à un goûté de ce fait, je me prépare pour sortir un peu et commencer à enquêter sur les horaires du fils Styles.
Vers 17h, je suis devant la petite boulangerie. Il est là, je le vois à travers la vitrine. Il est souriant, il a l'air de bonne humeur mais un peu fatigué. Il doit bientôt terminer son service, s'il commence aussi tôt il ne peut pas finir très tard, non ? Je rentre dans la boulangerie et je suis frappé par la bonne odeur de pain et des viennoiseries.
- Rebonjour !
- Euh oui, bonjour, dis-je surpris par le fait qu'il se souvienne de ma venue ce matin.
- Alors, vous savez ce que vous désirez ce soir ? me dit-il, le sourire aux lèvres.
- Une tarte aux fraises.
Une tâte aux fraises ?! Non mais qu'est-ce qui me prend ?! Je suis là pour recueillir des informations, par 3 kg !
- Ce sera simple cette fois, nous n'avons qu'une sorte de tarte aux fraises !
Je rougie soudainement, encore un peu honteux de ce matin.
- Oui... Désolé pour mon moment d'égarement ce matin.
- Ne vous en faîtes pas, il était très tôt !
- Oui, voilà.
Je le vois déposer la tarte dans une boite en carton, mettre des espèces de rubans en papier au dessus pour ne pas que le sirop colle et refermer la boite avec soin. Il tire légèrement la langue en appliquant un bout de scotch pour fermer celle-ci et je me surprends à trouver ce geste mignon.
Mignon ?! Je n'ai clairement pas récupérer de ma nuit blanche, ça se voit que je n'ai plus vingt ans !
- Et voilà pour vous ! Ça vous fera 8,50€ s'il vous plait.
Cette fois-ci, je sors un billet de dix euros et il semble soulagé. Il continue de sourire et je me surprends à avoir de petites crampes aux joues. Je souris moi aussi depuis tout à l'heure. Lorsqu'il me donne la tarte et ma monnaie, je lui laisse le reste des dix euros et il rougit.
- Merci beaucoup, bonne fin de journée ! Me dit-il en baissant la tête et souriant.
- Bonne journée...?
- ... Harry.
- Harry, dis-je en souriant.
Je sors de la boulangerie avec le sourire aux lèvres car je sais comment je vais pouvoir me rapprocher de lui. Je n'ai pas pour habitude de jouer avec les sentiments des gens, mais je sais reconnaitre quand quelqu'un est attiré par ma personne. Et c'est ce qui semble être le cas avec Harry, qui, en réfléchissant deux secondes, est bien évidement un surnom pour son vrai prénom : Harold.
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