Louis a passé le week-end avec moi. 

C'est la première fois en cinq ans que nous avons dormi dans la même maison. Nous ne nous sommes pas couchés dans la même chambre mais nous nous sommes réveillés dans les bras l'un de l'autre. 

Nuit précédente

Finalement, nous n'avons pas parlés dans la cuisine. J'ai jeté ce qui était carbonisé, j'ai sorti des pâtes, les ai faites cuir, Louis a sorti un bocal de sauce tomate et l'a fait réchauffée dans une casserole. Nous avons mangés en silence et une fois le moment venu, nous avons échangé un regard et tous les deux savions ce que cela signifiait. 

Il allait rester ici cette nuit. 

Je lui ai montré une chambre d'amis, je lui ai sorti un jogging même si je savais qu'il serait bien trop grand pour lui et je lui ai fait un demi sourire en sortant de la pièce. Je me suis couché dans ma chambre mais voyez-vous, il est deux heures du matin et j'ai encore les yeux ouverts. Il est difficile pour moi de le savoir si proche et si loin en même temps. J'ai tourné et retourné le problème dans tous les sens et à chaque fois je suis parvenu à la même réponse : Je suis encore amoureux de Louis Tomlinson. 

La voix de ma conscience me dit de ne pas retomber dans cet engrenage, de ne pas me bercer d'illusions mais l'espoir en moi me pousse à y croire. C'est cet espoir aussi qui me pousse à me lever, à me diriger vers cette fameuse chambre d'amis et à m'arrêter devant la porte close de celle-ci. Je me trouve con, debout, avec ma couette sur les épaules, les cheveux emmêlés à force d'avoir tourné et retourné dans mon lit mais... L'avoir senti dans mes bras plus tôt dans la soirée m'a fait quelque chose. Je me suis senti revivre, je ressentais son parfum, la douceur de sa peau, les soubresauts de son coeur, ces sensations que je n'avais plus ressenties et qui me manquaient tellement depuis tout ce temps. Mais devant cette porte, impossible de franchir l'obstacle. Ma raison me montre tous les défauts de notre relation, les mensonges, sa trahison, et instinctivement je me protège. 

Au moment où je m'apprête à rebrousser chemin, la porte s'entrouvre sur le visage fatigué de Louis. Nous nous fixons dans le silence le plus complet et le temps semble se suspendre quand nos deux regards sont reliés. 

Je me sens à la fois vide et entier. 

- Tu...

- Je...

Un silence s'installe à nouveau. Ni lui ni moi n'osons bouger, n'osons dire quoi que ce soit. Pourtant, lui comme moi savons très bien ce qui se passe, ce qui se dit au fond de nos pensées. Je baisse les yeux et je vois sa main se diriger contre moi. Je m'éloigne d'un coup, comme apeuré par son touché et je relève les yeux vers lui. Son regard est empli d'incompréhension et de tristesse face à mon refus plus que clair. Sauf que j'ai envie, j'ai envie de me jeter dans ses bras mais j'ai peur. Tant que nous n'avons pas eu Cette discussion, je ne pourrais pas être serein avec moi même. Je veux savoir pourquoi il ne m'a rien dit pour Freddie, pourquoi il a fait ça délibérément alors que notre couple, même s'il n'était pas aussi solide qu'à nos débuts, était quand même notre pilier. 

- Tu étais mon pilier Louis...

Ces quelques mots m'échappent avant que moi-même je me mette à fuir vers ma chambre. Je l'entends me suivre, tentant de me rattraper mais je suis en panique. Je ne suis pas prêt à entendre qu'il l'a potentiellement fait de son plein grès, que cet enfant était désiré et que moi je ne l'étais plus. Je verrouille la porte de ma chambre et ma respiration se bloque lorsque je le sens toquer à ma porte.

- Harry... Harry ouvre moi...

- ...

- S'il te plait Haz'... 

J'essaie de reprendre ma respiration mais la panique s'infiltre en moi. Je dois faire face à mes démons. Je me revois en 2016, la première année sans Lui et je ressens les mêmes émotions. Je suis terrifié, je me sens seul et incompris. Pourtant je sais que je n'aurais qu'à ouvrir cette porte pour avoir toutes mes réponses mais j'ai peur de ces réponses. 

- Harry laisse moi t'expliquer...

Ma main, tremblante, se dirige vers la poignée et j'entends sa respiration rapide même au travers de la porte. J'ouvre celle-ci délicatement et nos yeux s'encrent dans ceux de l'autre. Je le vois sourire légèrement, comme pour m'encourager à sortir de la pièce et c'est ce que je fais après quelques secondes. Une fois face à face, je me maudis intérieurement de ne pas être resté au chaud sous mes draps au lieu de vouloir à tout prix avoir ces satanées réponses. 

- Suis-moi...

J'exécute sa demande et nous nous retrouvons assis sur mon canapé. Personne ne parle, le silence règne en maître dans mon salon. Je rabats le petit plaid sur mes jambes, comme si mon corps se protégeait de cette conversation et des répercussions qu'elle pourrait avoir. 

- Il y a six ans, j'ai été convoqué chez Modest! sans le groupe. 

Je fronce les sourcils à cette information. 

- Je n'ai jamais eu le droit d'en parler et même aujourd'hui mon contrat n'a pas encore expiré. Je ne suis pas autorisé à te dire ça alors s'il te plait, ne le dit à personne. 

J'hoche la tête, lui faisant comprendre qu'avec moi son secret sera bien gardé. Il inspire et semble hésiter à cacher cette bombe qui fera, peut-être, éclater mon coeur. 

- Freddie est bien mon fils. Mais ça ne s'est pas déroulé de "cette" façon. 

Je fronce à nouveau les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

- Briana et moi n'avons jamais rien fait ensemble. Le petit est bien mon fils mais je n'ai jamais couché avec elle. Elle s'est débrouillée pour me faire boire dans un club, j'étais avec toi ce soir-là. Son père était présent aussi, ce connard savait déjà comment il allait nous avoir. 

Je crois que mon front n'a jamais été aussi froncé de toute ma vie. 

- Son père connait le dirigeant de Modest!. 

Mon front se déride d'un coup et mes yeux s'écarquillent. Le chemin commence à se faire dans mon esprit car je sais très bien ce qu'il s'est passé ce soir-là entre Louis et moi et le rouge me monte aux joues.

- Il nous a vu. 

Je déglutis, m'attendant à cette révélation.

- Son père en a parlé au dirigeant et j'ai été convoqué le lendemain après-midi. 

- Voilà pourquoi quand tu es rentré des "courses" tu n'avais pas de sacs... Moi qui pensais que... 

Je ne dis plus rien, me rendant compte que j'avais tapé une crise monumentale à Louis alors qu'il aurait sûrement eu envie que je le réconforte après ce rendez-vous avec ces ordures. 

- On m'a dit que je devais faire en sorte de la mettre enceinte sinon tu n'aurais plus accès aux maisons de disque. 

Je tombe des nues. 

- Ils ont rajouté que si je n'acceptais pas, alors ils dissoudraient le groupe et qu'ils feraient en sorte de truquer tes futures promos si tu te lançais dans une carrière solo. 

Une larme coule sur ma joue. Il s'est sacrifié pour moi et moi, en retour, je l'ai quitté...

- Alors j'ai du accepter. Elle s'est fait inséminer quelques semaines plus tard et la presse a été mise au courant pour atténuer la rumeur Larry. Je ne pouvais en parler à personne, voilà pourquoi le monde entier l'a su avant toi, avant les gars. 

Je ne sais pas quoi dire face à ça. J'ai été ignoble. Pendant presque plus de cinq ans je l'ai insulté et fui alors que c'est moi qui ai mal agis.

- Alors oui, ce gosse est bien de moi mais je ne t'ai jamais trompé Harry. Puis tu m'as quitté. J'ai été anéanti, Liam m'a ramassé à la petite cuillère et pendant presque une année je n'ai été qu'une épave. Je suis retombé dans mes conneries puis ma mère et ma soeurs sont parties et Lottie m'a beaucoup soutenue. Encore aujourd'hui il m'arrive d'être dans des périodes assez compliquées. Puis je t'ai vu en couple avec Kendall. Je savais que c'était un contrat, je te connais un minimum Harry, je sais que les grande brunes ne te correspondent pas vraiment, dit-il en pouffant amèrement, mais ce serveur, chez moi, oui. 

Il baisse la tête et je n'ai qu'une envie, le prendre dans mes bras. Je me retiens, n'étant pas sûr que lui le veuille. 

- J'ai voulu tout envoyé chier il y a deux ans. J'ai menacé le management de tout révéler et ils ont stoppé ma promo. Puis ils ont rappelé les Calder et j'ai appris, par les magazines people, que du jour au lendemain je filais le "parfait amour" avec mon ex. Elle a emménagé chez moi quelques jours après l'annonce. On doit jouer un rôle à chaque sortie ou évènement mais c'est vraiment compliqué de jouer l'amoureux transi quand on l'est d'une autre personne...

Un nouveau silence s'installe dans la pièce et une partie de moi espère égoïstement que ce sous-entendu soit pour moi. 

- Quand je t'ai vu à la soirée... J'ai pété les plombs. Ça faisait cinq ans qu'on me forçait à t'éviter, j'ai regardé Dunkirk au moins un millier de fois car c'était le seul endroit où je pouvais te voir et te féliciter sans que cela soit suspect. J'ai écouté ton album une centaine de fois... Et quand j'entends la voix de Camille ça me... 

Je vois une larme s'échapper de son oeil mais il l'essuie rapidement, comme si elle n'avait jamais existé. 

- Je sais que je t'ai fait souffrir car je ne t'ai rien dit mais j'avais beaucoup trop peur Harry... J'avais peur que, par ma faute, tu ne puisses plus faire ce qui te plait le plus au monde...

À ces mots je me jette dans ses bras et il me réceptionne et me serre contre lui comme si sa vie en dépendait. Je me colle contre lui, j'ai besoin de lui et je me trouve horrible de me consoler avec lui alors que lui, au moment où il avait le plus besoin de moi, je l'ai abandonné. 

- It's hard to think you could ever hate me... me dit-il doucement.

Je reconnais Too Young et je continue sa phrase.

- But everything's felling different now...

Nous nous regardons dans les yeux et les paroles de cette chanson nous viennent immédiatement à l'esprit et nos voix s'entremêlent pour former une douce mélodie que nous n'avions pas entendu depuis au moins cinq ans.

Oh we can believe we gave into the pressure... 

When they said a love like our will never last... 

So we cut us off cause we didn't know no better... 

Now we realise, yeah we realise...

We were too young...

To know we had everything...

Too young...

To wish we could have seen it...

Et je chante les dernières phrases de son refrain...

- And all along, I'm sorry that I hurt you darling... Oh... We were too young...