Réunion ? (Part. 7)
Ma semaine s'est écoulée lentement mais vendredi a fini par arriver. Ce matin, je me suis levé de bonne humeur, heureux de savoir qu'Aaron serait là ce soir. Nous avons échangé toute la semaine à propos de tout et de rien, de ma musique, de ses écrits, des fans, de l'université...
J'aime beaucoup Aaron, il est une personne simple, qui n'est pas là pour ma richesse ou mon nom. Il se fiche bien de savoir que je suis un chanteur connu dans le monde entier, il ne se gêne pas pour me contredire lorsque l'on discute sur certains sujets et j'aime le fait qu'on ne dise pas Amen à tout ce que je dis. Je déteste par dessus tout l'hypocrisie, c'est la forme la plus répandue d'impolitesse et il en est totalement dépourvu. Il est censé arriver vers 19h30 et il est déjà plus de 18h. J'ai fais le ménage dans toute la maison et ça fait du bien de sentir le propre dans chaque pièce. J'ai rangé le salon et la cuisine pour éviter que ce soit le bazar et mon appartement ressemble actuellement à une couverture de catalogue Ikea. Je vérifie encore une fois que tous les aliments soient bien dans le frigo et que rien ne manque. Une fois assuré, je pars prendre une douche. Je profite de l'eau brulante coulant sur mon corps et ça me relaxe. Je lave mes cheveux et sors. Je prends le temps de m'habiller et enfile une sorte de très longue chemise qui m'arrive un peu au dessus du genou. J'aime particulièrement ce genre de vêtement un peu ample et androgyne. Je place mes cheveux vers l'arrière et décide de raser un peu ma barbe. J'enfile mes mocassins et le reflet dans mon miroir me convient. J'aimerais beaucoup pouvoir m'habiller comme ça au quotidien mais je dois respecter certaines limites de mon contrat même si je suis bien plus libre aujourd'hui qu'avec mon ancien management Modest!.
Après être sûr d'être présentable, je retourne dans le salon et vérifie une dernière fois que tout est okay. Quelques minutes plus tard, je reçois un message de Cameron me disant que mon invité est arrivé. Je descends dans le garage et vois une petite coccinelle se garer dans mon garage. Je souris car c'est tellement lui, cette voiture lui correspond totalement, simple, petite et sans artifices. Lorsqu'il sort de la voiture, je le vois habillé d'un jean marron et d'un polo blanc. Ses cheveux sont coiffés vers l'avant en une douce mèche barrant son front et un sourire illumine son visage. Il se penche vers le deuxième siège de sa voiture et il en sort une fleur.
Mon coeur accélère. Ça fait tellement longtemps que quelqu'un n'a pas eu ce genre d'attention envers moi. Je lui sourie et m'avance vers lui.
- Salut Aaron, lui dis-je en souriant.
- Salut Harry, tiens c'est pour toi, me dit-il en tendant doucement la fleur.
Je la saisis et la porte à mon nez. Il sourit face à mon geste et je lui embrasse la joue pour le remercier. Il rougit subitement et cela accentue mon sourire. Nous nous dirigeons vers mon salon et je lui montre l'appartement. La façon dont il s'extasie à chaque nouvelle pièce me fait sourire aussi, on dirait un petit garçon devant une montagne de pâtisserie. À la fin de la "visite" nous retournons au salon et je lui demande ce qu'il désire boire.
- Si tu as du jus de fruits je veux bien merci, me dit-il en souriant.
- Va pour du jus de fruits ! Tu as un fruit préféré ?
- Ce que tu as m'ira parfaitement !
Je sourie et retourne dans ma cuisine. En voyant mon panier à fruit, j'appelle Aaron pour être sûr que les fruits lui conviennent et il me rejoint. Il tire un peu la langue en choisissant une orange et quelques fraises. Je choisis des kiwis et sors mon blender. Nous épluchons nos fruits et faisons une sorte de course effrénée et c'est Aaron qui gagne, les fraises n'ayant pas besoin d'être épluchées. Nous rions et nous nous éclaboussons avec l'eau en rinçant nos ustensiles et j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Nous finissons par mixer les fruits et boire nos jus.
- Alors cette journée de fac ?
- Boh tu sais, j'ai des cours très intéressants comme la littérature française et d'autres beaucoup moins comme l'étude de la langue du moyen âge !
- Tu apprends la langue du moyen âge ?!
- Mais oui ! C'est affreux ! Notre prof vient littéralement du moyen âge ! Les mêmes vêtements, les mêmes coiffures ! Puis il parle des langues que personne n'utilise ! Le latin ! Le grec ancien ! Le sanskrit !
- Je te vois bien faire un éloge en latin ! Déployer à ta belle tes sentiments sur ton cheval blanc !
- Oh je ne crois pas non ! À moins que tu ne portes de jolies robes comme ce soir, dit-il en rougissant et baissant le regard.
Je rougie également à son compliment et un silence s'installe. Mais ce n'est pas un silence gênant non, c'est un silence agréable, qui dit bien plus que toutes les discussions. Je remonte mon regard vers lui, il a un léger sourire et il replace sa mèche nerveusement. Je capture sa main lorsqu'il la replace à ses côtés et il remonte ses yeux lors de notre contact.
Il est époustouflant. Il est d'une beauté simple, naturelle, sans artifice. Il a une petite cicatrice au dessus de sa lèvre que je n'avais jamais remarquée.
- Comment tu t'es fait cette cicatrice ?
- Je suis tombé à vélo...
- Et en vrai ?
- Euh... Je suis vraiment tombé à vélo.
Un blanc coupe notre discussion mais on pouffe de rire après cela.
- Quand tu penses que c'est censé être une excuse !
- Je suis juste pas doué pour les activités sportives, les activités manuelles sont plus dans mes cordes, dit-il en rigolant.
- Je serai vraiment intéressé de lire tes productions tu sais, de découvrir ton monde, tes pensées, tes idées, ton univers...
- Je serai honoré que tu me lises, je suis vraiment heureux et chanceux d'avoir fait ta connaissance.
Je sourie et je passe devant lui pour ouvrir le frigo et déposer les ingrédients sur le plan de travail.
- J'espère que tu aimes cuisiner ?
- Oui j'adore ça !
- Super !
Il m'aide à tout sortir et nous nous mettons à cuisiner en rigolant et nous discutons de nos vies. Après presque une heure de préparation, nous enfournons tout et nous nous posons sur mon canapé.
- Je vois que ta guitare ne te quitte jamais, dit-il en s'approchant d'elle.
- En effet, j'en ai une dans pratiquement chaque pièce, dis-je avant de penser que c'était peut-être assez présomptueux de ma part.
- Excusez-nous Monsieur Harry Styles de ne pas avoir les moyens d'avoir une guitare dans chaque pièce, dit-il en rigolant et j'aime beaucoup le fait que mon argent ne le gêne pas et qu'il ne soit clairement pas là pour ça.
Je pouffe en secouant la tête et je le vois hésiter.
- Tu... Tu pourrais jouer quelque chose... Pour moi ?
- Bien sûr, tu as une chanson qui te ferait plaisir d'écouter ?
- Surprends-moi, dit-il avec un sourire en coin.
Je sourie et accepte le défi. Je me saisis de ma guitare, commence quelques accords mais je suis coupé par mon téléphone qui sonne. Je regarde l'écran et avant de savoir qui m'appelle, on toque à ma porte d'entrée.
- Je... Je reviens, excuse-moi.
- D'accord...
Je me lève, un peu inquiet de ne pas savoir qui se trouve derrière la porte sans avoir été prévenu par mes gardes du corps mais j'arrive devant celle-ci. Je pose la main sur la poignet et l'ouvre doucement. Je reste sans voix face à la personne qui se trouve devant moi.
Louis, en pleure, silencieux.
- Louis... ?
- Haz'...
Je sens mon coeur bondir dans ma poitrine. Ce surnom... Il me rappelle tellement de choses et ça faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu de sa bouche, en vrai.
- Je... Je peux entrer ?
Je ne dis rien et me décale doucement. À ce moment-là, j'oublie tout, je ne pense qu'à Louis, pleurant devant moi. Louis ne pleure pas souvent, alors s'il est dans cet état c'est que quelque chose de grave s'est produit. Je pense à ses soeurs, son fils et j'espère que sa famille n'a pas subi un autre drame.
C'est lorsque je l'entends hoqueter de surprise que je réalise qu'Aaron est toujours dans le salon. J'accours dans la pièce et je les vois, ils se font face. Je sens Louis se tendre et durant un instant j'ai peur qu'il se jette sur Aaron. Mon serveur, lui, n'a aucune once de peur ou de colère envers Louis. Il me regarde, repose son regard sur Louis puis ses yeux se perdent à nouveaux dans les miens. Je sais qu'il vient de comprendre, il est loin d'être imbécile et soudainement j'ai peur de le perdre.
Je suis perdu dans mes sentiments.
D'un côté, mon corps et mon coeur sont attirés par Louis, mon seul et unique amour, même sachant que je vais souffrir encore et encore car nous sommes toujours sous contrats et que nous ne pouvons nous montrer. Et de l'autre côté, ma tête et ma raison me disent d'aller vers Aaron, de me libérer de mon passé, de découvrir de nouvelles personnes et de me lancer dans une relation saine, fraiche et qui n'est pas toxique.
Mais je n'ai pas le temps de choisir qu'Aaron s'avance vers moi. Louis le stop en lui attrapant le poignet et étonnement, Aaron lui sourit. Je reste un peu surpris de ce sourire, tout comme Louis, mais je ne dis rien. Louis l'observe aussi et il finit par le lâcher en baissant la tête. Aaron arrive devant moi et me prend la main.
- Harry...
- Aaron...
Je le vois m'observer intensément. Il scrute chacun de mes souffles, chaque regard qui oscille entre les deux hommes face à moi. Puis lorsque je sens que cette tension commence à m'étouffer, il sort ces quelques mots :
- Je ne suis pas celui qu'il te faut. Je suis extrêmement chanceux de t'avoir rencontré, d'avoir pu partager cette soirée à la réception et ce début de soirée mais on sait tous les deux que ton coeur, dit-il en posant sa paume chaude sur mon torse, bat pour une autre personne.
Je sens une larme couler sur ma joue et d'autres suivent le même chemin. Est-ce un soulagement ? Un déchirement ? Je ne sais pas, je ne sais plus.
- Ne pleure pas Harry, ne t'inquiète pas, on pourra se revoir, en tant qu'ami si tu le souhaites.
- Je ne veux pas te perdre...
- Tu ne me perdras pas, mais tu ne dois pas prendre le risque de le perdre Lui...
J'essaie de calmer ma respiration pour ne pas éclater en sanglots. Aaron est une personne extraordinaire, il est d'une bonté infinie et je souhaite à quiconque de rencontrer une personne comme lui.
- J'aurai tant voulu... Je commence, mais je ne parviens pas à sortir les mots que ma tête m'ordonne de dire. Mon coeur prend l'avantage et je me rends compte que c'est bien Louis que je désire avoir à mes côtés.
- Je sais, mais ce ne sera jamais pareil... Tu sais, j'ai étudié les contes tragico-romantiques, j'en ai écrit aussi et le triangle amoureux n'est jamais signe de bonheur. Et même si on aurait pu avoir une relation agréable, belle, sans prise de tête, elle n'aurait rien eu avoir avec celle que tu as vécu avec Lui.
- Mais comment tu... ?
- À la réception. Vous êtes exactement comme les personnages dans les tragédies que j'ai étudiées et même si je t'ai fait sourire, Lui te fera revivre. Je ne souhaite que ton bonheur Harry, tu es une personne exceptionnelle, et Lui, Louis, c'est la clé de ton bonheur.
Je reste sans voix face à ça. Je n'ose pas bouger. Le temps s'est arrêté dans mon salon et seules nos larmes, à tous les trois, bougent pour montrer que cette scène est réelle.
Lorsque je sens sa main glisser de la mienne, je l'agrippe plus fort et le serre fort contre moi. Il me rend mon étreinte et je vois Louis nous observer en pleurant silencieusement, lui aussi. Après quelques secondes, Aaron se détache de notre étreinte et il essuie mes joues rougies et humides.
- Continue à sourire et à être qui tu es Harry, ne laisse personne te changer, me dit-il en souriant.
C'est sur ces derniers mots qu'il quitte mon salon. Je relève les yeux et tombe sur ceux de Louis. C'est à ce moment-là que je me rends compte que même si les yeux d'Aaron étaient beaux, les siens sont saisissants. Mon souffle se coupe et il se jette dans mes bras. Je le réceptionne comme je peux et le serre comme si nos vies en dépendaient. Nos coeurs battent forts, il explose en sanglots dans mes bras et j'essaie de le calmer mais moi aussi, j'ai du mal à retenir mes sanglots. Nous finissons par nous asseoir au sol, lui dans le creux de mes bras, respirant de plus en plus normalement, signe que sa crise de larmes passe lentement. Je reste un peu choqué de ce qui vient de se passer quand je sens Louis trembler dans mes bras.
- Calme toi Lou'...
- Ne m'abandonne pas encore une fois...
Mon coeur se serre à ses paroles et je le serre fort contre mon torse, lui montrant que non, je ne l'abandonnerai pas, que je ne l'abandonnerai plus. Il s'accroche à ma chemise dans ses petits poings et ses soubresauts finissent par se tarir. Une odeur de bruler arrive à mes narines et je me remémore que le diner était sur le feu. Je me lève immédiatement et Louis bascule au sol.
- Désolé ! Je dois enlever ce qu'il y a sur le feu sinon tout va bruler !
Il fait un petit sourire, sachant que je ne suis pas le meilleur cuisinier de la terre et je me volatilise dans la cuisine. Une fois devant le four, je constate avec une large grimace que même dans mes rêves les plus fous je ne pourrais définitivement pas ouvrir un restaurant, ni même bistrot, voir un gîte, ou... non, rien. Je risquerais d'empoisonner des gens sans m'en rendre compte. Louis arrive quelques secondes plus tard et me regarde avec une petite moue de soutien envers mon plat carbonisé.
- Toujours aussi doué en cuisine ?
- J'imagine que toi aussi tu as fait des progrès ?
Il grimace et se gratte la nuque.
Louis et moi nous ne nous sommes pas vu depuis cinq ans, on se dispute pour rien, on se toise, on se jalouse mais là on agit comme si de rien n'était.
On agit comme avant... Dans ma tête résonnent les paroles de sa chanson Too Young que je connais par coeur malgré moi.
Face à face à la table de la cuisine...
C'est tout ce que j'ai attendu...
Maintenant nous pouvons enfin avoir cette conversation...
Sur toutes ces choses qu'on ne s'est jamais dit auparavant...
Ai-je envie de retomber dans une relation aussi belle et intense que destructrice ?
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