Paranoïa (part. 4)
* PDV LOUIS *
Je reste sous le choc face à la pièce. Ma bouche devient sèche et j'ai des fourmis dans les mains.
Comment est-ce possible ?!
J'entends la porte claquer derrière moi, signe que quelqu'un vient d'entrer dans la pièce. Je me retourne et vois Liam Payne, un des infirmiers.
- Puis-je vous poser une question ?
- Je vous écoute oui, dit-il d'un air préoccupé.
- Qui a fait interner le patient Styles?
- Le docteur Grimshaw il me semble.
- D'accord..
Je sors de la salle et essaie de réfléchir à tout cela. Il faut que je relise le dossier de Styles, j'ai peut-être loupé quelque chose d'essentiel. Je me dirige vers les archives et descends au sous-sol. J'arrive à l'accueil et demande à Sophia de me sortir le dossier d'Harry. Après quelques minutes, je la vois arriver avec un dossier rose pâle et elle me sourit en me le tendant.
- Merci beaucoup Sophia, lui dis-je en souriant.
- De rien mon chou, au fait, tu es toujours disponible vendredi à 17h pour le thé ? Les filles m'ont demandé où tu étais la semaine dernière !
- Avec plaisir Sophia, lui dis-je en lui faisant un sourire charmeur.
Sophia est une femme assez âgée qui est à l'hôpital depuis au moins 35 ans, nous avons pris l'habitude d'aller boire un thé le vendredi avec ses amies du club de bridge et je suis toujours heureux d'entendre tous les ragots. J'ai l'impression de retourner en enfance avec mes grands-mères maternelle et paternelle les mercredis après-midi.
Je lui souris une dernière fois et je remonte dans mon bureau pour relire le dossier d'Harry. Une fois installé, je le feuillette et je reste un peu abasourdi par ce que je trouve dedans. Enfin, surtout par ce que je ne trouve pas... L'appel vers l'hôpital est généralement une pièce du dossier, c'est-à-dire la demande d'internement, elle constitue la base du dossier et je ne vois pas cette feuille dans le dossier d'Harry. Je continue de le feuilleter et étonnement il est plutôt vide. Ces séances avec le psy, ces traitements manquent dans le dossier.
Comment cela est-ce possible ?!
Je reste complètement sous le choc face à ça et en regardant l'heure, je me rends compte qu'il est temps pour moi de partir du centre. Je range le dossier de Styles dans un des tiroirs de mon bureau et sors de celui-ci. Je me dirige vers les chambres et avant d'entrer dans celle d'Harry, je me stoppe devant la porte. Après quelques secondes j'entre enfin dans la chambre et je le vois endormi dans son lit, les poings lâchés, signe qu'il s'est endormi calmement. Je m'approche du lit et m'agenouille vers son visage, je déplace une mèche de cheveux qui lui barre le visage et je l'observe.
- Mais pourquoi es-tu là... ?
* PDV HARRY *
- Harry ? Réveille-toi Harry...
J'entends une voix lointaine m'appeler et me sortir de ce sommeil si reposant. J'ai du mal à ouvrir les yeux et j'ai la tête qui tourne affreusement.
- Harry... Tu vas être un gentil garçon et venir avec nous...
Une sueur froide me parcourt d'un coup et mes yeux s'ouvrent et s'écarquillent. Je ne vois rien, la pièce est noire et aucune lumière ne m'aide à m'orienter. Je sens des doigts caresser ma tempe et lorsque je tente d'échapper à ce toucher, mon corps est tellement lourd que je ne parviens pas à bouger. Ma gorge se sert.
Ça va recommencer.
Ça va recommencer.
Ils vont recommencer.
Je sens ma poitrine se lever et s'abaisser rapidement et des paillettes viennent se glisser dans mon champ de vision.
J'hyperventile.
Je repense aux exercices du Docteur Sanchez mais je ne parviens pas à me calmer. Je ferme les yeux très fort et les rouvre, voulant sortir de ce cauchemar réel. Rien ne fonctionne et je sens qu'on me déplace.
- On va bien s'amuser tu vas voir...
Je tente encore une fois de secouer la tête mais rien ne se passe. Les larmes me montent aux yeux devant mon impuissance et je veux juste mourir, que tout s'arrête. Ces hommes de la lumière ruinent ma vie et ma santé mentale. Après quelques virages, je sens qu'on s'arrête et la lumière apparait, m'aveuglant complètement. Je sens mes poings se délier et avec le peu de force que j'ai, je tente d'attraper ce qui me tombe sur la main.
- Hep... Qu'est-ce que tu fais Harry ? Il faut te détendre, respire plus doucement...
Cette phrase me fait plus paniquée qu'autre chose et je ferme les yeux, la lumière me brûlant la rétine. Je sens qu'on me redresse mais encore une fois, mon corps est tellement lourd que je n'arrive pas à bouger. On m'assois et on m'attache le torse, le bas des jambes et les poignets. Après ça, mes sueurs froides reprennent et je sens des caresses qui me répugnent...
L'envie de pleurer me prend à la gorge et quand ils commencent leurs horreurs, mes larmes roulent sur mes joues et je me sens brisé, comme certaines parties de mon corps après leur passage.
* PDV LOUIS *
Ce matin, je rentre dans le centre avec des milliers de questionnements et je me dirige directement vers mon bureau. Je dépose ma veste et enfile ma blouse blanche avant de finir mon thé. Je me recule pour ouvrir le tiroir où se trouve le dossier d'Harry mais à ma grande surprise, celui-ci est entrouvert et le dossier manque. Je bloque devant cela et me repasse la soirée d'hier soir en tête. J'ai bien mis le dossier dans le tiroir que j'ai fermé avant de quitter mon bureau. Donc techniquement il devrait se trouver ici ! Je revérifie, ainsi que les autres tiroirs mais le dossier d'Harry ne se trouve pas ici.
Je sors de mon bureau et me dirige vers la chambre de mon patient pour voir si son dossier ne se trouve pas dans la pochette de service mais là encore, aucune trace de ce dossier. Je toque à la porte, attends une réponse qui ne vient pas et ouvre celle-ci. Je tombe sur un Harry, blême, avec un regard dans le vide.
- Harry ?
Aucune réponse sonore, ni physique. Je m'approche doucement mais aucune réaction ne se produit. Je me précipite vers son lit pour voir s'il respire toujours et à ma grande surprise, je ne sens pas son pouls. Je sens mon coeur s'emballer et je me précipite dans le couloir, criant à une équipe médicale d'arriver avec un défibrillateur et de l'adrénaline. Je retourne vers le lit et commence un massage cardiaque. Mes mains tremblent, je n'ai jamais été confronté à quelque chose de ce genre.
- Aller Harry ! Aller !
Je continue mes alternances entre massage cardiaque et bouche à bouche mais rien ne semble le réveiller. Je panique de plus en plus mais mes gestes restent contrôlés. Je garde une rythmique étudiée il y a des années lors de mes stages d'études et lorsque l'équipe médicale prend le relai, je vois le tee-shirt d'Harry lui être découpé pour avoir un accès au torse. Les patches y sont placés et le défibrillateur est enclenché. Son corps se soulève mais rien ne se passe, il ne se réveille pas. Mes yeux s'embuent de larmes car je me rends compte qu'Harry est mort juste là, devant mes yeux. Après une énième fois, son corps se relève et quand je vois le corps médical commencer à ranger leur matériel, je me dis que c'est impossible. Je prends la seringue d'adrénaline qui se trouve sur le plateau d'urgence et l'enfonce directement dans la poitrine d'Harry, en pleine cage thoracique. Un silence s'installe dans la pièce et je sens les regards du corps medical me brûler le dos. Après une demi-seconde, Harry ouvre les yeux et prend une grande inspiration. Je retire la seringue et nos yeux s'accrochent.
- Lou... is...
- Harry !
Le corps médical se précipite sur Harry et ils prennent ses constantes. Je reste en retrait et me demande ce qu'il se serait passé si je n'étais pas venu dans sa chambre chercher ce fichu dossier.
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