Halloween
*PDV HARRY*
30 Octobre 2020
Demain tout le pays fête Halloween.
Tout le pays, sauf moi.
Pour fêter ce genre d'évènement, il faut des amis et on va dire que mon style vestimentaire ainsi que le doute planant sur ma sexualité font que même en 2020 il est difficile pour moi d'avoir de bonnes relations sociales.
Alors comme chaque fête d'Halloween, demain je travaillerai à la boulangerie et regarderai tous ces enfants s'amuser et se déguiser. Parfois, l'envie d'avoir un groupe d'amis soudé me tente, mais je me rapelle bien vite qu'à chaque fois que je me fais des amis, ils finissent par ne pas assumer leur amitié.
Alors je me dis qu'être seul est peut-être mieux qu'être mal accompagné. Il faudra vraiment qu'un jour je remercie le génie qui a écrit ce proverbe, il devait certainement être dans le même cas que moi.
Ce soir, je ferme la boulangerie et je baisse le rideau de commerce. Je commence à marcher dans la rue et coupe par le cimetière pour rentrer chez moi.
Je n'affectionne pas vraiment ce genre d'endroit. Qui a eu l'idée ingénieuse de réunir en un même endroit des centaines de cadavres et d'aller les voir chaque dimanche après la messe ? Ça me fait froid dans le dos. Je déteste vraiment ce genre de lieu. Je marche un peu plus vite pour sortir rapidement de cet endroit et j'arrive enfin à apercevoir le petit portillon. Je traverse la route et continue mon chemin pour arriver jusqu'à mon petit appartement. Ce n'est pas très grand mais je m'y sens en sécurité.
C'est chez moi.
Je m'assois rapidement et regarde par la fenêtre qui donne, malheureusement, sur le cimetière. Je détourne les yeux et souffle, enfin reposé. Je prends un livre qui traine sur ma table basse et commence à le feuilleter. Je le repose à sa place, c'est à dire en vrac sur la table et retourne au coin cuisine de mon appartement.
Ce soir : pâtes aux légumes grillés.
Je souris bêtement en me rapellant les nombreuses fois où ma mère m'en faisait mais que je triais mon assiette pour ne manger que les pâtes. Il faudra que je pense à l'appeler, elle doit être au Canada en ce moment si je ne me trompe pas. Je prépare mes affaires pour la douche et en faisant couler l'eau pour la faire chauffer, je retourne à la fenêtre de mon pseudo salon. J'observe la rue, elle est calme, sereine, comme moi. J'aime beaucoup ce quartier, hormis le cimetière évidemment. Après quelques secondes, je retourne à la salle de bain et retire mes vêtements. Ces vêtements qui me plaisent tellement mais qui dérangent tant les autres... Je n'embête personne en leur disant comment s'habiller alors pourquoi se permettent-ils de le faire avec moi ? Mais comme me disait toujours Gemma, ma soeur : "tu te fous de ce qu'ils pensent ou disent, fais ce qui te rend heureux petit frère, sois toi-même et emmerde le monde ". Je souris en pensant à elle et rentre dans la douche. L'eau brûlante me fait un bien fou.
Je sens tous mes muscles se détendre, comme si toutes les tensions glissaient sur ma peau avec l'eau, s'échappant dans le siphon de la douche. Je mouille mes cheveux et laisse l'eau couler sur mon visage. Je sens la morsure de l'eau brûlante et je pourrais rester des heures comme ça à voir ma peau rougir et devenir chaude. Mais en pensant à ma facture d'eau, mon envie se coupe rapidement, tout comme l'eau de la douche. Je sors et m'enveloppe dans une serviette éponge. Je reste comme ça un petit moment, combattant le froid de la salle de bain après ma douche. Une fois habitué à la température de la pièce, je me change et vais préparer mes fameuses pâtes. Une fois mon repas englouti, madame vaisselle me tend les bras et je la rejoins. Après cette rencontre ennuyeuse, c'est ma télévision qui me fait du charme et le canapé m'acceuille à bras ouverts. Je m'installe et regarde une émission qui passe. Rien de bien intéressant. Tout à coup, un faisceau lumineux passe dans mon appartement et je me redresse.
Que se passe t-il ?
Je me dirige vers la fenêtre et observe la rue mais rien d'anormal ne pointe le bout de son nez. Je regarde en détail chaque recoin de celle-ci jusqu'à apercevoir une personne avec une veste en jean bleue foncée, face à moi, me fixant. Je recule instantanément de la fenêtre, surpris par cet échange de regard et je me penche à nouveau pour voir s'il continue de me fixer.
Rien.
Il n'est plus là.
Dommage, il ne semblait pas être comme tous les autres garçons que j'ai l'habitude de croiser. Je me couche et repense à ce que je viens de voir. Après un bon bout de temps à ressasser mes pensées, je finis par tomber dans les bras de Morphée et rêver d'étranges regards et d'étranges lumières.
Je me réveille en sursaut, me sentant observé. J'allume la lumière et le fait de ne plus être dans l'obscurité me rassure quelque peu. Je ferme la fenêtre qui était restée ouverte et je le vois. Il me fixe encore mais je ne détourne pas les yeux.
Il est magnifique. Un autobus bloque ma vision et lorsque celui-ci est passé, je ne le vois plus. Il a de nouveau disparu.
Qui est ce garçon ? Je veux lui parler.
Je décide de me recoucher et je retombe dans les bras de Morphée.
31 Octobre 2020
Je me réveille, me prépare et pars pour aller travailler à la boulangerie. Une fois arrivé, je me prends un croissant et le mange avant d'ouvrir le magasin et commence ma journée de travail. Vers midi, je prends ma pause et me dirige vers le parc pour déguster mon repas. Jeanne est adorable avec moi et me garde toujours une belle part de pizza ou de quiche maison pour mon repas. Jeanne est ma grand-mère de coeur, je la connais depuis l'enfance, c'était toujours moi qui venait chercher le pain à la boulangerie et elle me donnait souvent une sucrerie ou une brioche pour me récompenser de mon "incroyable politesse et mon adorable bouille d'ange". Elle était ravie quand je lui ai proposé mon aide à la boulangerie et de fil en aiguille, j'y ai pris goût et elle m'a embauché à plein temps. Elle sait que je n'ai pas énormément d'amis et que ma famille est très souvent en déplacement. Elle ne me juge pas pour ça, ni pour mon style vestimentaire. Un jour, elle m'a même offert un de ses foulards ! Elle a de très bons goûts ! Il m'arrive très souvent de le porter par ailleurs et elle est très fière lorsque je le porte devant nos clients. Après ma pause, je retourne à la boulangerie et une dame âgée entre dans la boutique.
- Bonjour Madame, que puis-je vous servir ?
- Une part de tarte aux pommes s'il vous plaît et un éclair au chocolat.
Je prépare la commande et je vois Jeanne sortir en trombe de la petite cuisine.
- Mary ! C'est toi ?!
- Jeanne !
Les deux vielles dames se regardent et je ressens beaucoup d'émotions. Jeanne fait le tour du petit comptoir et se met devant cette "Mary". Soudain, les deux femmes se prennent dans les bras et sont très émues.
- Harry, je te présente Mary Tomlinson, une vieille amie d'enfance.
- Enchantée Mary, je suis heureux de faire votre connaissance !
- Mais tu es revenu depuis longtemps ?
- Depuis deux petites semaines. Jay' avait besoin de moi pour cette période alors je suis revenue...
- Je comprends...
Les deux femmes continuent de parler entre elles et se remémorent des souvenirs d'enfance. J'apporte la boite remplie des deux pâtisseries à Mary et elle me remercie. Elle a des yeux époustouflants, d'un bleu profond et ils sont assez troublants. Elle finit par sourire et partir de la boutique. Jeanne revient vers le petit comptoir et je vois bien qu'elle est très émue par cette rencontre surprise alors je la prends dans mes bras.
- Mon dieu Harry... Cette femme fait partie de ma vie depuis presque 40 ans... Tu n'imagines même pas ce que ça fait de la revoir...
- Ça fait longtemps que vous ne vous étiez pas vues ?
- Presque 10 ans. Sa famille a déménagé après qu'un des enfants ait eu un accident. Jay', sa fille était démoralisée et Mary lui a trouvé une petite maison pour qu'elle puisse s'échapper du quotidien pendant cette période douloureuse. Alors toute la famille a déménagé et pendant 10 ans ils n'étaient plus ici. Mais Mary m'a dit que cette petite ville manquait à Jay et qu'elle voulait revenir pour qu'elle et ses enfants n'oublient pas. Elle voulait en quelques sortent rendre hommage à son ainé.
- Je comprends...
Jeanne efface une petite larme sur sa joue et sourit à nouveau. D'autres clients arrivent et nous nous remettons au travail. Une fois notre journée terminée, Jeanne me demande si je peux fermer la boulangerie et je lui dis qu'il ne faut pas qu'elle s'inquiète. Les rues sont bondées par des enfants déguisés en toutes sortes de monstres et certains tentent de m'effrayer. Je fais semblant d'avoir peur et ils rigolent. Je vois un groupe de garçons déguisés arriver vers moi mais malgré leurs costumes, je les reconnais et je ne me sens plus à l'aise du tout. Ils me voient et je sais qu'ils ne vont pas me lâcher. Je recule pour changer de direction et passe par une petite ruelle, tentant de les semer mais je les entends m'appeler.
- Et le travelo ! Tu devrais te déguiser en mec pour Halloween non ? Aller viens là qu'on t'apprenne ce que c'est d'être un vrai gars !
Mon rythme cardiaque augmente et je ne sais pas quoi faire pour me sortir de cette situation. Je commence à marcher plus vite mais ils me rattrapent.
- Bah alors ! En plus d'être seule t'es sourde ? Les gars ! La princesse est sourde ! Vous pensez qu'elle est muette aussi ?
- Laissez-moi tranquille s'il vous plait !
- Oh non elle parle ! Tu sais faire quoi d'autre avec ta jolie bouche princesse ?
- Ton prince ne va pas venir te secourir ce soir.
- Son prince ?! Tu crois vraiment que quelqu'un voudrait d'une pédale comme ça ?!
- Laissez-moi tranquille, je ne vous ai rien fait !
- Ouais t'as rien fait. Et tu vas faire un truc justement !
En entendant ça, une sueur froide traverse mon dos. Que vont-ils me faire ?!
- T'as l'habitude de faire des trucs de fille si tu t'habilles pareille non ?
- Je ne m'habille pas en fille...
- Il s'habille pas en fille qu'il me dit ! T'es un putain de travelo !
Je me sens assez insulté par ses propos et quand je tente de sortir de cette situation, un des gars me bouscule et je tombe à terre.
- Bah voilà, t'es à la bonne place, soumis, à genoux devant moi.
Je sens des larmes me monter aux yeux et quand je tente de me relever, deux garçons du groupe me maintiennent au sol.
- Dis-moi, tu fais des trucs de filles aussi ? Car vois-tu, moi je suis un homme et quand j'ai une petite soumise à mes genoux, ya une partie très masculine de mon corps qui se réveille !
Une envie de vomir surgit et la peur prend place dans mon corps. Lorsqu'il place ses mains sur sa ceinture, le même flash de lumière que celui de hier soir éclaire la petite ruelle et le groupe d'adolescents s'enfuit. Je reste encore un peu sous le choc de ce qui aurait pu m'arriver mais deux mains m'aident à me relever. Je me laisse guider par celles-ci et une fois sur pied, j'entends une voix un peu cassée et aiguë me parler.
- Tout va bien ? Est-ce que ça va ?
- Je... Je crois que ça va...
- Viens, faut pas rester là !
Je le laisse me guider vers la fin de la ruelle et je suis encore un peu perdu par le fait que ce groupe de garçons allaient clairement me... Me... Faire des choses contre mon grés. Après un petit moment, je sors de ma torpeur et je me rends compte que mon sauveur et moi nous nous trouvons dans le cimetière. Je lui lâche la main et c'est en levant les yeux que je le reconnais.
- C'est toi...
Il ne dit rien et m'observe.
- C'est toi qui m'a observé hier soir et cette nuit !
- C'est possible.
- Tu me suis ?! dis-je en laissant mon angoisse remonter.
- Non ! Du moins, je ne veux pas te faire peur. Tu es libre de partir, de faire ce que tu veux.
Cette situation est assez bizarre mais c'est une sensation étrange de savoir que pour une fois quelqu'un s'intéresse à moi pour autre chose que pour me faire souffrir. Je me sens de plus en plus à l'aise au fur et à mesure des minutes qui s'écoulent.
- Merci... Pour tout à l'heure...
- C'est normal, personne n'a le droit de faire subir ça à quelqu'un. Ça fait longtemps qu'ils te font subir ça ?
- Depuis que j'ai changé ma façon de m'habiller... Ils n'ont pas vraiment apprécié...
On s'assoit sur un des bancs du cimetière et étrangement, je ne me sens pas aussi mal à l'aise que d'ordinaire.
- Tu t'appelles comment ?
- Louis Tomlinson et toi ?
- Harry Styles. Je suis désolé si c'est indiscret mais Tomlinson comme Mary Tomlinson ?
- Oui, c'est ma grand-mère.
- Elle m'a dit ce qui était arrivé à ta famille... Ça aussi, personne ne devrait subir ça...
- On ne peut rien faire contre ça, mais toi par contre tu peux agir pour qu'ils cessent de t'embêter.
- Le problème c'est que je n'arrive pas à m'imposer, j'ai peur que ça les énerve encore plus et que tout empire...
- Je peux comprendre... Mais regarde toi, tu as déjà assumé le fait de t'habiller comme tu aimais le faire, tu devrais lever la tête et être fier de la personne que tu es.
- C'est plus simple à dire qu'à faire...
- J'aime bien comment tu t'habilles. Tu es différent de tout le monde et ça te rend spécial.
Je reste silencieux face à ça. Ces quelques mots me touchent beaucoup car jamais personne ne me les a dit, sauf Jeanne qui était comme une deuxième mère pour moi mais là encore, c'était totalement différent.
- Merci Louis.
Il sourit et des petites rides aux coins de ses yeux se forment et j'ai envie de passer mon doigt dessus. Je me retiens, ne voulant pas faire fuir la seule personne qui ne semble pas me rejeter.
- Tu fais quoi dans cette ville ?
- Je travaille à la boulangerie à côté du parc et toi ?
- Je passe mes journées seul, le plus souvent j'observe les gens, comment ils se comportent et j'essaie de deviner ce que le futur leur réserve.
Je suis assez étonné de cette réponse. À nos âges on pense plus à sortir entre amis et faire la fête, même si je n'ai pas d'amis avec qui sortir ni faire de fêtes.
- Tu reviens vivre ici ?
- En réalité je ne suis jamais parti d'ici.
- Oh, et ta famille te manquait ? C'est pour ça qu'ils sont revenus ?
- En quelques sortes oui, dit-il en souriant légèrement.
Quelques enfants passent devant nous et ils me demandent si je vais bien. J'hoche la tête et leur donne quelques bonbons. Ils sautillent et s'en vont un peu plus loin. Je tourne la tête vers Louis et il les observe avec un regard que je qualifierais de "protecteur".
- Je suis heureux de t'avoir rencontré.
- Même si les circonstances sont un peu étranges, je suis heureux aussi de te connaitre Harry Styles.
Nous avons discuté une grande partie de la nuit. Puis, vers les premiers rayons de soleil, Louis a posé sa tête sur mon épaule et a regardé le parc s'éveiller. Ma tête a rejoint la sienne et son parfum me chatouille maintenant les narines. J'ai l'impression de le connaitre depuis tellement longtemps alors que cela ne fait que quelques heures. Je passe mon bras autour de ses épaules pour le maintenir contre moi et à mon grand étonnement, il dépose sa tête dans le creux de mon cou et hume mon odeur. Je rougie immédiatement à son geste et il pouffe doucement. Son souffle me chatouille et je rigole aussi. Il relève le visage et nous nous fixons. C'est la première fois que je ressens de l'attirance pour quelqu'un. Jusqu'à présent, les personnes autour de moi me qualifiaient d'homosexuel à cause de mes choix vestimentaires mais je n'ai aucune idée de mon orientation sexuelle. Je ne veux pas me mettre d'étiquette, cela ne me correspond pas.
Ses yeux s'échappent des miens et il s'approche doucement de mon visage. Je ferme les yeux en attendant de sentir ses lèvres contre les miennes mais une douce caresse vient les parcourir. On aurait dit une plume tellement cette sensation était légère et tendre. Lorsque j'ouvre les yeux, je me retrouve seul, sur ce banc en face des tombes qui brillent grâce à leur épitaphes dorés. Je passe mes doigts machinalement sur mes lèvres en souriant et me lève pour retourner chez moi.
Une fois allongé sur mon lit, je repense à Louis et au fait que je n'ai pas pensé à lui demander son numéro de téléphone. Je m'endors rapidement en pensant que je demanderai à Mary la prochaine fois qu'elle passe à la boulangerie.
Vers midi, mon réveil me sort du sommeil et de la chaleur de ma couette. Je me prépare et me dirige vers la boulangerie. Lorsque je traverse le cimetière, mon regard s'accroche instinctivement vers le banc que nous avons partagés, Louis et moi, cette nuit et un sourire s'installe sur mon visage.
- Bonjour Harold, alors ta soirée ?
- J'ai fais des rencontres, une mauvaise et une exceptionnelle. Et toi ?
- Mes petits-fils sont passés me voir déguisés ! Ils étaient effrayants ! Encore plus que l'an passé ! J'espère que ta mauvaise rencontre n'a pas été si horrible...
- On m'a délivré d'un futur drame si l'on peut dire ça comme ça. D'ailleurs j'ai une question ! Tu sais où habite Mary Tomlinson ? J'aimerais lui poser une question à propos de l'un de ses petits-enfants.
Je vois Jeanne froncer les sourcils mais hocher la tête doucement. Des clients entrent dans la petite boutique et nous nous mettons au travail. À la fin de la journée, je ferme la boulangerie et en rentrant chez moi, mes yeux s'accrochent à nouveau sur ce banc. Je relève les yeux et regarde autour de moi, espérant secrètement voir Louis débarquer pour que l'on puisse avoir une autre de ces discussions interminables et romantiques. Mais après quelques minutes, je me décide à bouger, me rendant bien compte que je suis seul au milieu des tombes. Ce n'est qu'une fois arrivé dans mon salon que je me rends compte que Jeanne ne m'a pas communiqué les coordonnées de Mary.
- Demain !
Je me lave, mange et me couche en repensant encore et encore au châtain aux yeux bleus. Il est spécial, il n'est absolument pas comme ces autres adolescents que je côtoyais ou côtoie encore aujourd'hui. Il est doux, souriant, poli, rêveur... Il s'intéresse aux gens, au monde qui l'entoure. C'est en ayant mal aux joues que je me rends compte du sourire qui a prit place sur mon visage en pensant à lui. Je me mets sur le côté et m'endors en rêvant de deux orbes bleues.
Le lendemain matin, je me lève en étant bien décidé à avoir mes renseignements. Une fois arrivé au travail, je demande gentiment à Jeanne de m'écrire l'adresse de son amie et elle me tends un bout de serviette avec le numéro de rue que je convoite.
- Si ça n'a pas changé, alors c'est là-bas. Si l'adresse est erronée alors je ne peux rien pour toi mon chou.
- Merci Jeanne, lui dis-je en lui embrassant la joue tendrement.
Nous nous mettons au travail et les clients défilent toute la journée. Vers 19h, je ferme la boulangerie et me rends à cette fameuse rue, rempli d'espoir. Je me retrouve devant une petite maison avec une façade de pierres, ornée de lierre grimpant. Je sonne et un jeune couple en sort et me demande ce que je cherche.
- Bonjour, je cherche Madame Tomlinson, Mary.
- Oh, l'ancienne propriétaire !! Elle a déménagé il y a dix ans à peu près il me semble mais elle est de retour, elle nous a contacté la semaine dernière.
- Oh, je vois. Et par hasard vous savez où je peux la trouver ?
- Je l'ai vu à la poste ce matin mais je ne connais pas son adresse.
Je les remercie et m'en retourne à mon petit appartement, un peu déçu. Je n'ai plus qu'à attendre le retour de Mary à la boulangerie pour lui demander le numéro de Louis.
Deux semaines plus tard
Toujours aucun signe de vie de Louis ni de Mary. Je commence à désespérer un peu je l'avoue. Mais ma journée s'égaille lorsque l'amie de ma patronne entre dans la petite boulangerie accompagnée de son cabas. Elle nous salue en souriant et entame une conversation avec Jeanne. Je sers les clients qui arrivent et lorsque le calme revient, j'apporte deux parts de tarte aux fraises aux deux amies.
- Merci mon chou, viens t'asseoir avec nous !
Je m'assoie donc à leur côté et j'écoute silencieusement.
- Mary ! J'allais oublier ! Harry voulait te voir et te poser une question !
Les deux femmes se tournent vers moi en un même mouvement et je me sens mal à l'aise d'être le centre d'intérêt de la conversation si soudainement.
- Je t'écoute mon garçon, me dit-elle en m'observant.
- Je... Je voulais savoir si vous aviez le numéro de... de votre petit fils.
- Ernest ? Mais il n'a que 7 ans il ne...
- Non, celui de Louis.
Le silence s'installe dans la boulangerie et j'ai l'impression d'avoir dit une énorme connerie.
- Pardon ?
- Oui, je n'ai pas eu le temps de le lui demander le soir d'Halloween.
Les deux femmes se regardent et je ne comprends pas la tension qui s'installe.
- Mon garçon tu devrais avoir honte de ce que tu fais endurer à une pauvre femme âgée.
Mary se lève d'un coup et sort de la boulangerie avec son cabas. Je me tourne vers Jeanne, abasourdi mais elle me porte un regard de désapprobation.
- Jeanne... ?
- Tu me déçois fortement Harry.
Je reste choqué du revirement de situation et ma patronne s'en va vers la cuisine. Je reste assis encore quelques minutes, tentant de me remémorer notre conversation pour voir où j'aurai pu dire quelque chose qui aurait pu les contrarier mais je ne vois pas.
Après quelques minutes de remise en question, je retrouve Jeanne dans la cuisine, essuyant quelques larmes.
- Jeanne... ?
- Pourquoi as-tu dit ça Harold ?!
- Mais je ne comprends pas...
- Tu devrais t'excuser auprès de Mary.
Elle me tourne le dos et je comprends qu'elle ne me parlera pas jusqu'à ce que je m'excuse. Je décide donc de sortir de la boutique et tente de retrouver Mary. Je la trouve sur la petite place du village, assise sur un banc. Doucement je m'assois à côté d'elle et je ne sais pas comment aborder le sujet.
- Je suis désolé Madame Tomlinson.
- ...
- Je ne comprends ce que j'ai fait de mal...
Mary se tourne vers moi mais elle ne prononce pas un mot. Elle m'observe en silence, elle semble m'analyser et voir que je suis sincère.
- Tu vois les enfants sur la balancelle là-bas ?
Je me tourne et vois deux petits enfants semblant avoir le même âge s'amuser ensemble.
- C'est Ernest et Doris, mes deux derniers petits-enfants.
Effectivement, en y regardant de plus près, je remarque les airs similaires entre la dame à mes côtés et ces deux petits anges.
- La jeune fille là-bas qui les surveille c'est Charlotte, leur grande soeur. À côté, c'est Jay', ma fille, leur mère. Les deux filles collées à leur smartruc sont les deux jumelles, Daisy et Phoebe. J'ai une autre petite fille mais elle a préféré rester loin de cette ville, Félicité.
- Et où est Louis ?
- Louis est à quelques rues d'ici.
- Vous savez où je peux le retrouver alors ! Vous pourriez me donner son adresse s'il vous plait ?
Le visage de Mary se tourne à nouveau vers moi.
- Je ne sais pas pourquoi tu insistes autant, pourquoi tu veux à ce point nous faire du mal alors que nous avons déjà tant souffert. Ma fille à été dévasté et tes mots ne font que remuer le couteau dans la plaie.
- Mary... Expliquez-moi...
- Louis est décédé il y a dix années. C'est pour ça que ma fille a déménagé.
- Que... Quoi ?
Cette nouvelle n'a aucun sens pour moi.
- Non, je... Je l'ai rencontré à la soirée d'Halloween ! Il m'a sauvé d'un groupe d'adolescents qui allaient me... Il était là !
- Harry... S'il te plait. Arrête ça...
- Mais je vous jure Mary ! Petit châtain aux yeux bleus, accent très prononcé, petites rides au coin des yeux lorsqu'il sourit ! Il a une mèche sur le front et il la remet souvent en place ! Il rigole pour un rien et sa voix est aiguë et cassée !
À la fin de ma tirade, Mary me regarde comme si elle avait vu un fantôme.
- Mais comment... ?
- Il était là !
Mary pose sa main sur son coeur et je vois qu'elle a du mal a reprendre son souffle. Alerté par l'état de Mary, j'appelle sa fille qui me regarde, ne comprenant pas qui je suis. Lorsqu'elle voit sa mère, elle accourt vers nous et se pose à genoux devant elle.
- Maman ! Tout va bien ?!
- Jay'...
- Oui, je suis là, regarde moi !
- C'est Louis !
Le visage de Jay' se ferme et devient livide.
- Il l'a vu !
Jay' tourne la tête rapidement vers moi, me regarde et je me perds dans ses yeux bleus.
- Vos yeux... Il a les mêmes !
- Ne dit pas de bêtises ! J'ai perdu mon fils il y a dix ans !
Je vois Mary attraper le poignet de sa fille et lui dire fermement :
- Jay'. Il dit la vérité ! Comment il aurait pu savoir ?!
Je me retrouve à observer la scène et je comprends que j'ai vu quelqu'un de mort le soir d'Halloween. Je m'assois au sol et prends ma tête dans mes mains. Tout ceci est impossible, il était bien là ce soir-là ! Il m'a secouru ! Ce n'est pas possible que j'ai rêvé de quelqu'un que je ne connais pas avec autant de précision !?
Je me lève, titube, sous le choc.
- Harry ?
Je ne réponds pas, je suis sous le choc. Pendant deux semaines j'ai développé des sentiments pour une personne décédée depuis dix ans. Suis-je fou ? Comment aurais-je pu tout inventer ?
- Harry mon grand ?
Je me retourne vers Jay' et Mary mais leurs yeux si bleus, si profonds, me rappellent trop ceux de Louis. Je sens mes larmes couler sur mes joues et je cours jusqu'au cimetière. Je regarde chaque épitaphe jusqu'à tomber sur une tombe blanche.
> Louis William Tomlinson 1994-2010 <
Fils, petit-fils, frère aimant et aimé
Repose en paix et rejoins les étoiles
Nous t'aimerons pour toujours
Ta famile...
Je m'effondre devant la tombe et pleure toutes les larmes de mon corps. Je suis amoureux d'un fantôme, d'un mort. La seule personne qui ai réussi à m'aider et pour qui je développe des sentiments n'est pas réelle, elle n'est plus là.
Tout à coup, je sens une main se poser sur mon épaule et je sursaute.
Il est là, devant moi. Je ne comprends plus rien.
- Lou, Louis ?
- Ne pleure pas Harry...
- Je... Je ne comprends rien... Suis-je fou ?
- Non...
Il s'approche de moi et je jurerai de sentir son souffle s'abattre contre mes lèvres.
- Tu es...
- Oui. Il y a dix ans.
- Mais...
- Tu es le seul qui puisse me voir. Du moins tu es le seul à m'avoir parlé, c'est pour ça que j'en déduis ceci.
- Je...
J'approche ma main de son corps et sous mes yeux écarquillés, je ne peux ressentir son touché.
- Mais comment... À Halloween tu avais l'air si réel... Je te sentais contre moi !
- Un soir par an je suis ce qui peut ressembler de près à un être vivant. Mais dès les premiers rayons de soleil, je redeviens ce que je suis...
Mon coeur bat la chamade. Je me sens divaguer et tanguer. Je tombe au sol et mes yeux s'ouvrent en grands et mon souffle se coupe. Mes yeux le cherchent instinctivement.
- Je serai toujours là Harry, à tes côtés... J'ai hâte d'être à Halloween...
Je le vois s'approche de mes lèvres et lorsqu'il pose les siennes sur les miennes, je peux enfin reprendre ce souffle qui s'était coupé.
En inspirant fortement, je me redresse et il n'est plus là.
Fin.
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