Os 5- Votre Majesté
Kingdom, HwonxArthur
Je descends de cheval, mes cuisses me brûlant après des heures de cavalcade effrénée et je commence à courir dans l'immense corridor, le souffle déjà court et le regard hagard.
Je dois trouver le Roi le plus vite possible, c'est indispensable.
-Halte-là ! Pas un pas de plus.
Deux chevaliers m'arrêtent en pleine course et je peine à brandir le sceau que je cache sous ma chemise.
-Je suis un messager d'urgence envoyé par la Grande Prêtresse, déclaré-je, hors de souffle, Je dois à tout prix transmettre un message de la première importance à sa Majesté Hwon.
Les hommes hésitent, observent mon sceau et se concertent du regard.
-Son Majesté est en réunion, vous devrez attendre.
-Cela ne peut pas attendre, sa Majesté doit être informée au plus vite !
-Nous ne pouvons pas interrompre une réunion ainsi messager, elle est importante et son Majesté n'aime pas être dérangée.
-Je prendrai les responsabilités, mais par pitié, au nom de la Divinité Suprême, je vous implore de me laisser aller Le voir.
De nouveau un silence, un interminable silence, et finalement, l'un des deux hommes déclare.
-Vous prendrez toutes les responsabilités ?
-Toutes. Ce message doit être transmis.
-Je vais voir ce que je peux faire.
Le chevalier part, me laissant avec son confrère, et je m'appuie sur mes genoux pour reprendre mon souffle, épuisé. Il faut que le Roi accepte de m'accorder une audience en urgence, ou alors ce sera la catastrophe.
De longues minutes s'écoulent, durant lesquelles je me redresse et je commence à tourner en rond, avant qu'enfin, on ne revienne.
-Son Majesté accepte de vous recevoir messager. Suivez-moi.
J'en crierai presque de soulagement, mais je me contente d'emboîter le pas au chevalier pour être mené vers une immense porte semblant être celle de la salle du trône. Le battant de bois orné de sublimes pierreries symbolisant l'orage et la monarchie s'ouvre comme par magie, sans un bruit, laissant passer une folle lumière blanche.
Je vais pénétrer dans un des lieux réputés les plus beaux du monde, mais honnêtement, je n'ai pas de temps à perdre à m'extasier au luxe de cet endroit, et je rentre lorsque l'autorisation est sonnée d'un coup de gong.
Rapidement, sans regarder autour de moi, je me dirige vers l'immense trône et tombe à genoux sur les tapis de fourrures rares, au pied du Souverain.
-Votre Grande et Glorieuse Majesté Hwon, votre humble et fidèle sujet vous salue au nom de la Déesse mère.
-Parle.
La voix qui résonne est puissante, elle ne laisse pas de doute quant à l'autorité de son détenteur.
-La Grande Prêtresse m'a envoyé pour vous transmettre cette missive ainsi qu'un message oral votre Majesté.
Un geste est sans doute esquissé alors que je suis toujours incliné, tête basse, On ne m'a pas donné l'autorisation de me redresser, et un serviteur arrive près de moi pour récupérer le parchemin qu'il amène au Roi.
-Délivre ton message.
-Roi Hwon, Toi qui règne sur les terres de la foi et de la pureté, répond à mon appel, déclamé-je, prenant mot pour mot ce que m'a dicté la Grande Prêtresse, Deux de nos temples viennent d'être mis à feu et à sang par des hommes venus de l'Ouest, ils se dirigent vers les Terres Sacrées et vers la source du monde. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les ralentir mais ils sont entourés d'une aura maléfique qui lutte contre ma magie. J'ai besoin du pouvoir de la couronne. Lève tes troupes de toute urgence, chaque heure compte.
Il y a un bref flottement, durant lequel j'entends les bruissements du papier en train d'être lu, avant que je ne détecte du mouvement dans ma vision périphérique, voyant le Roi se lever.
-Allez prévenir les généraux de lancer des troupes en route vers les Terres Sacrées. Messager. Depuis quand voyages-tu ?
-Je suis parti hier au matin votre Majesté.
La distance que j'ai parcouru en si peu de temps est immense, et même si j'ai changé de monture, c'est un exploit que j'ai pu parvenir si vite ici.
-Bien. Va te désaltérer et te nourrir rapidement. Un autre cheval te sera confié d'ici une demi-heure pour ton départ vers la Grande Prêtresse. Tâche d'être aussi rapide. Tu peux disposer.
Je me lève alors, toujours profondément incliné, et je salue le Roi avant de partir hâtivement dans l'autre sens.
Je dois me reposer au maximum durant ce court laps de temps, car je ne pourrai pas fermer l'oeil avant mon retour au temple désormais.
Je me dirige vers les écuries, et un serviteur, apparemment déjà mis au courant, accourt pour me donner de l'eau et du brouet.
-Un cheval va vous être préparé messire messager. Mais prenez un peu de repos.
Je m'effondre sur une chaise, à bout de force, et remercie le garçon avant de commencer à manger et à boire à toute vitesse. Je dois remplir ma gourde avant de partir, je ne survivrai pas au trajet sans eau.
La demi-heure passe très vite, et je suis de nouveau réclamé dans la salle du trône où j'accours sans poser plus de questions.
De nouveau incliné devant le trône, je reçois la missive et le Roi me dit.
- Sois aussi prompt que possible. Qu'importe si tes montures meurent au relais, tu dois arriver rapidement.
-Je ferai ainsi votre Majesté.
-Aller ! Plus vite !
Je talonne la jument sous moi avec force, l'incitant à accélérer encore. C'est la dernière ligne droite avant le temple, et je ne puis me permettre de me relâcher. Le papier bien en sécurité contre mon torse semble me brûler la peau, rappel de la responsabilité que je porte.
Au loin, je vois déjà la silhouette du monument se dessiner, et je m'accroche à l'encolure, impatient d'y parvenir enfin après une telle chevauchée, mes jambes tremblant le long des flancs de l'animal.
Une quinzaine de minutes, c'est le temps qu'il me faut pour galoper sous le porche du temple, et je saute de selle, vacillant difficilement au sol sur mes jambes épuisées, avant de courir encore vers la salle de prières.
-Votre Sérénité ! m'écrié-je en entrant dans le lieu, m'effondrant à genoux devant elle, Voilà la réponse de sa Majesté.
Elle prend la lettre et souffle.
-Bon travail Arthur. Va te reposer, tu as fini ta mission pour aujourd'hui.
Je me relève alors sur mes appuis vacillants et souffle.
-Faites-moi appeler si Vous avez encore besoin de mes services Grande Dame.
Et je quitte la salle pour aller m'effondrer dans les dortoirs, ignorant l'effervescence tendue du temple. Tout le monde se prépare au combat à venir.
A l'instant où mon corps touche la paillasse, mes yeux se closent et je sombre dans un profond sommeil.
-Le Roi est là ! Sa Glorieuse Majesté est arrivée ! crient les gardes, accueillis par une vague de soulagement.
L'armée a fait vite, et que le Souverain soit là est signe d'une protection divine accrue, il est après tout le descendant de la Déesse mère, son Choisi.
Assis sur les remparts, je fixe la marée de cavaliers arrivées, ce sont d'abord les corps de chevalerie qui arrivent, en toute logique, l'infanterie mettra plus de temps à venir, mais ce n'est pas le plus urgent.
Nous avons des hommes pour lutter contre l'envahisseur toujours plus proche.
Deux temples à seulement quelques heures de cheval d'ici ont été pillé il y a très peu de temps, et nous savons être les prochains sur la liste. Mais nous ne nous laisserons pas faire.
Leur technique de la terre brûlée ne fonctionnera pas. Pas ici sur les Terres Sacrées, pas ici où le Roi et la Grande Prêtresse se trouvent.
La Déesse mère nous protégera.
Je me lève et descend vers la foule massée aux portes, les fidèles et les prêtes acclamant l'arrivée des militaires aux fiers étendards de notre royaume.
La Grande Prêtresse elle-même est sortie de la salle de prière qu'elle ne quitte pourtant plus depuis des jours, dans son plus simple appareil, celui de la pureté absolue pour être au plus proche de la Divinité Suprême, et elle est debout, pleine de puissance, au milieu de la foule.
- Roi Hwon, Te voilà, lance-t-elle de sa voix mélodieuse alors que l'immense homme qu'est le Souverain descend de cheval, faisant s'incliner tout le monde au sol, moi y compris même si je suis loin dans la masse.
-Je n'aurai su faire attendre un appel divin Grande Prêtresse. On m'a informé de la situation et je suis venu aussi vite qu'il me l'a été possible. Nos fantassins sont également en route, ils viennent de toutes les casernes et parcourront la région d'ici peu de temps.
-Viens avec moi, nous allons nous entretenir en privé.
Leurs pas s'éloignent dans le silence de la cours, chacun ayant profondément respecté cet échange de la plus haute importance et du plus grand sacré.
Le Roi et la Grande Prêtresse sont les deux personnes les plus importantes du royaume après tout, et ils n'interagissent directement en dehors des cérémonies que lors d'extrêmes urgences comme celle-ci, avoir pu assister à un de leurs échanges est tant un honneur qu'un malheur.
Lorsqu'ils ne sont plus avec nous, la foule reprend vie, et les chevaliers descendent de cheval pour aller directement vers l'écurie où un bon nombre d'autres montures les attendent.
Le combat est imminent, il n'y a pas de temps à perdre après tout.
Je remonte alors aux remparts, n'ayant pas été attribué à un quelconque poste depuis ma course, et je fixe l'horizon avec les gardes, me demandant comment se déroulera l'attaque.
Allons-nous prendre les devants dès le début ? Vont-ils tenter un siège ? Cela sera-t-il bref ou interminable ? Combien de valeureux perdrons-nous ?
Tant de questions auxquelles personne, si ce n'est la Déesse, n'a la réponse.
Je m'installe sur un banc de pierre en prenant mon outre pour me désaltérer quelque peu et écoute le bruit fourmillant du temple se préparant à la bataille. C'est une ambiance on ne peut plus rare sur ces terres, aucun combat n'a ici été donné depuis plusieurs siècles, mais nous sommes prêts à donner de la lame.
Ma main presse ma dague, le long de mon flanc, et je lance un appel mental à la Déesse.
"Oh Grande Mère, Oh divinité de toutes choses, vivantes ou déjà parties, animées ou inanimées. Puisses-tu mettre sur nous ta bonne étoile et nous faire triompher de ces barbares."
Autour de moi, tout n'est qu'un amas de corps et de cris alors que les lames s'entrechoquent, et je me glisse comme je le peux au milieu des combats, frappant l'ennemi dès que je le vois, le regard fou de tout le sang coulant sur mes vêtements, à mes pieds, dans l'air, partout.
Deux heures déjà que le combat fait rage dans la plaine, devant le temple, et chevaliers et prêtres se battent avec la même hargne contre les envahisseurs.
Ce sont des hommes de l'Ouest, ils sont trapus, puissants, mais lourds, intelligents sans doute et surtout sans scrupules. Ils viennent pour conquérir des terres, des femmes et de l'or, mais nous ne les laisserons pas faire.
Ma dague s'enfonce dans un poitrail et une fontaine rouge me gicle au visage, avant que je ne fasse volte-face pour engager une courte danse mortelle avec un fantassin qui se prend la lame d'un cavalier dans la nuque avant que je n'ai le temps de faire grand chose.
-HAA ! hurlé-je en plantant un ennemi de toutes mes forces, courant toujours plus dans la mêlée sans queue ni tête.
Les cris font peur aux ennemis, les cris nous donnent de la force, les cris nous rappellent que nous sommes en vie. Alors je donne autant de la voix que mes compatriotes au milieu du massacre.
Alors que je me fraie un passage entre les corps sans vie, gisant, et ceux en combat, je repère le Souverain, seul face à plusieurs ennemis, entouré de la magie de la Grande Prêtresse, épée levée, incroyablement fort.
Mais je vois aussi l'horrible lâche qui arrive derrière Lui, profitant qu'Il soit déjà seul contre trois, pour le planter dans le dos.
Je ne laisserai pas cela arriver.
Pris d'une sourde énergie, je me jette en avant, la dague brandie, et mon corps heurte celui du barbare dans un bruit sourd. Un fracas de métal résonne et ma lame rippe sur le cuir de son plastron, heurtant la ceinture en fer.
Je suis rejeté un peu en arrière mais je me redresse et fond de nouveau sur l'homme, entrant dans un dangereux duel terriblement inégal.
Mon adversaire est plus fort que moi, plus large, mieux armé, bien protégé, et mes attaques ne sont que vaines contre lui, mais je suis déterminé à vaincre pour défendre mon Souverain.
Je suis obligé de courir en tout sens pour éviter les coups de la lourde épée à deux mains du combattant, et je n'ai que peu l'occasion de me rapprocher de lui, le souffle court de cette course sans fin.
J'attends l'ouverture qui me permettra de vaincre, celle qui m'offrira une victoire décisive, mais elle ne vient pas malgré les longues minutes qui me laissent de plus en plus épuisé, et je commets un terrible imprudence.
Je me déplie vers l'avant, déterminé à en finir maintenant, mais je comprends mon erreur quand je vois la lueur de satisfaction dans les yeux de mon adversaire.
Je suis en plein dans l'axe de sa lame impitoyable, sans défense.
Je croise le reflet rouge du métal souillé de sang, et je n'ai le temps de penser à rien qu'il fond sur moi, prêt à me couper en deux.
Le fracas atroce qui résonne à mes oreilles me fait frémir, un rayon de lumière s'interposant entre la mort et moi, et je vois la haute stature du Roi s'interposer, déviant l'attaque de la sienne.
Du sang gicle brutalement sur le sol, et je vois le barbare vaciller, égorgé par le bras vainqueur du Grand Souverain.
Jamais homme n'a été plus grand et plus beau que sa Majesté Hwon en cet instant. Son visage fier et impartial éclaboussé d'une fine trainé sanguine, un rictus glorieux sur ses lèvres pleines et une lueur indescriptible dans le regard, le tout auréolé d'énergie divine, tout ça est absolument le plus beau tableau qui soit.
Mon coeur rate un battement devant une telle grandeur et je mets une seconde à comprendre quand il m'attrape l'épaule pour me tirer contre son dos.
- Fais face avec Moi, ne lâchons pas notre garde, déclare-t-il, prêt déjà à affronter les ennemis qui affluent, et je serre fermement ma dague.
Dos à dos avec le Souverain, je poursuis la lutte, les yeux fous et le corps épuisé, porté uniquement par l'adrénaline.
Nous avons vaincu !
Je suis titubant au milieu des corps alors que les derniers barbares battent en retrait, entouré de mes compagnons d'armes hurlant de joie, et ma dague tient à peine entre mes doigts gourds.
La victoire est à nous. Ô Déesse mère, merci ! Que ne puis-je pas faire pour te remercier.
Je ne sais combien de temps j'ai croisé le fer, ni combien de sang a été versé, mais le soleil darde ses derniers rayons sur des cadavres en tout genre.
Malheureusement, beaucoup sont des nôtres.
Une ombre se calque près de la mienne, et la voix du Roi résonne.
-Ce n'est pas une victoire sur laquelle nous devons nous appuyer. Elle a été hagarde, menée par beaucoup trop de civils. Mais c'est une victoire tout de même.
Je me tourne vers Lui, et m'incline profondément malgré mon épuisement.
-Redresse-toi, tu t'es bien battu.
J'obéis et relève lentement mon corps, au bout de mes forces.
-Quel est ton nom jeune homme ?
-Je suis Arthur votre Grande et Glorieuse Majesté.
-N'es-tu pas le messager ?
-Si votre Majesté, je le suis bien.
Il hoche simplement la tête avant de s'éloigner dans les restes du champ de bataille, faisant sonner le cors de repli.
La bataille est définitivement finie, l'heure est au soin des blessés et au repos.
Je viens aider à porter les brancards et marche vers le temple.
-Arthur ! La Grande Prêtresse veut te voir ! Aller réveille-toi !
Je suis farouchement secoué alors que je profitais d'un précieux sommeil, et Ivan apparait devant mes yeux ensommeillés.
-Gnié ?
-La Grande Prêtresse veut te voir je te dis ! Aller lève-toi !
Il me lève de force et je vacille sur mes jambes. La Grande Prêtresse veut me voir ?
Mon ami m'asperge soudain un peu d'eau sur le visage et je sors de ma transe d'un coup.
-Hé !
-Pas de hé, dépêche-toi ! Tu ne vas pas La faire attendre !
Je me secoue brutalement les puces et me mets en mouvement.
-J'y vais ! Où est-elle ?
-A la salle de prières.
-Je ne puis y aller couvert de sang !
-Elle a dit qu'elle ferait une exception, la Déesse mère ne t'en voudra pas.
Je me dépêche alors vers la salle de prières où je rentre après m'être annoncé et y avoir été autorisé.
-Arthur, n'es-tu pas blessé ?
-N'ayez crainte votre Sérénité, je n'ai rien qui n'entache à ma santé, soufflé-je, à genoux au sol devant elle.
-La victoire a été à nous, la Déesse a écouté nos prières. Mais de nombreux combats sont encore à venir.
Son changement de ton me surprend mais je reste assis docilement.
-Le page du Roi est décédé dans le combat, la Mère l'a rappelé à Elle.
-Oh... Cette nouvelle est malheureuse, déclaré-je, tête basse.
-Le Souverain m'a demandé de Lui trouver un remplaçant en urgence, et m'a dit qu'un Arthur était un aussi bon combattant que cavalier. Je sais qu'Il parlait de toi et que tu t'es battu avec Lui sur le champ de bataille. Alors je te l'annonce, tu vas Le rejoindre désormais. Tu es un homme digne de confiance, fort et intelligent. Suis le Roi dans son combat divin.
La surprise se dessine peu à peu sur mon visage, et je souffle.
-Bien votre Sérénité.
-Il est dans les tentes des chevaliers. Va-t'en le rejoindre, ils partent bientôt pour le nord.
Je m'incline poliment, et complètement chamboulé, je quitte la salle de prières.
Moi, page du Roi ? Je n'ai absolument pas de formations pour cela, pour être page tout court déjà mais alors de celui du Souverain...
Je traverse rapidement la cours, sous le regard curieux de Ivan qui doit se mourir de questions, et je rejoins les tentes des militaires, cherchant discrètement le Roi des yeux.
-Il t'attend, ne le fais point patienter si impétueusement, me lance soudain un chevalier en passant, La tente rouge.
Je remercie l'homme et me hâte vers l'habitacle de tissus dans lequel je rentre en m'inclinant profondément.
-Votre Grande et Glorieuse Majesté.
-Arthur, la Grande Prêtresse a fait vite. Relève-toi, nous partons déjà. T'a-t-elle dit où nous allons ?
-Non votre Majesté.
Je me suis redressé mais je n'ose pas le regarder, fixant le sol alors qu'il passe près de moi.
-Nous partons au Nord nous assurer que les troupes y affluent bien sans accroc, et après cela, nous retournerons au palais.
-Bien votre Majesté.
-Si tu t'avères être un bon page, tu resteras en tant que tel après cette expédition, sinon tu reviendras ici une fois qu'elle sera terminée.
Je hoche la tête et emboite son pas sous son ordre pour aller préparer sa monture et la mienne qui par chance est une jument que je connais.
Tout va si vite, c'est bouleversant dans mon esprit.
De messager de la Grande Prêtresse à page du Roi... Quelle étrange promotion.
J'éternue dans mon bras quand un frisson secoue mon échine. La pluie tout le long de la journée ne m'a pas réussi...
Mes mains s'activent à détacher le plastron du Roi, dénouant avec maintenant habitude chaque lacet retenant la protection sur le torse du Monarque, et enfin je peux le Lui enlever avant de m'agenouiller pour ôter ses jambières.
Il discute avec un conseiller pendant ce temps, bougeant de temps à autre un membre pour me faciliter la tâche, et après un moment je termine finalement de le débarrasser de toute son armure.
Je réunis toutes les pièces et vais les porter à leur rangement pour les y nettoyer quelque peu avant d'ensuite aller ôter mon propre équipement.
J'ai sacrément froid.
-Arthur, te rappelle-tu de ces oiseaux que nous avons vu lors de notre traversé du Fleuve ?
-Oui votre Majesté. C'était de grands hérons.
-N'y avait-il pas des grues du Printemps ?
Je m'accorde un moment de réflexion avant de hocher la tête.
-Il y en avait quelques uns si votre Majesté.
-C'est bien le signe que nous allons devoir rentré au palais, conclut-Il à l'attention du conseiller qui acquiesce en s'en allant.
-Atchoum !
J'éternue fort et m'excuse directement auprès du Roi qui tourne légèrement la tête.
-Tu prends froid.
-Je vous prie de m'en excusez votre Majesté.
-Change de vêtements, s'ils sont trempés tu empireras ton mal et nous avons une longue route qui nous attend, tu ne peux pas te le permettre.
Je m'incline docilement et me dirige vers l'endroit où ma couche de voyage a été installé pour chercher ma tenue de nuit que je n'ai pas encore eu l'occasion de porter.
Je ne sais trop où me changer, n'ayant pas encore eu à le faire avec les circonstances de guerre, qui s'apaisent tout du moins, et je sursaute presque quand le Roi me dit de me changer ici, qu'il avait de toute manière à faire.
Je me dénude donc rapidement pour me recouvrir ensuite et je m'installe sur ma couche une fois que je suis sûr qu'Il n'est plus là. Un peu de repos ne me fera pas de mal, Il ne m'a pas donné d'ordres, donc je peux me permettre ce moment de détente.
De toute manière, ce n'est que pour cinq minutes, je ne m'endormirai pas.
-Arthur. Réveille-toi.
Une main secoue fermement mon épaule et je mets quelques secondes à analyser la voix du Roi dans ma tête.
Le Roi ?!
Oh par la Déesse mère je me suis assoupi !
J'ouvre vivement les yeux et me redresse un peu précipitamment pour m'incliner maladroitement devant le Souverain.
-Je suis désolé votre Majesté !
Il esquisse un geste de la main, faisant comprendre qu'Il laisse passer la chose, et je soupire intérieurement de soulagement, avant qu'Il ne déclare.
-Tu as manqué le repas, tu mangeras demain à présent.
J'ai dormi si longtemps que cela ?! J'aurai juré n'avoir fermé les yeux qu'un instant...
-Bien votre Majesté.
-Tu vas repartir avec nous et rester mon page, déclare-t-Il calmement avant de rajouter, Tu dois savoir lire et écrire n'est-ce pas ?
-Je... Je ne dirai pas que je suis excellent en ce domaine votre Majesté, je n'ai eu que peu d'occasions de pratiquer.... Je connais bien les bases mais c'est tout.
Ça n'a pas l'air de trop Lui plaire mais Il hoche la tête et dit.
-Tu apprendras mieux lorsque nous rentrerons. Je ne t'ai jamais demandé d'ailleurs mais quel âge as-tu ?
-Vingt ans votre Majesté.
Je sais que c'est généralement trop vieux pour être page, mais les chevaliers n'ont pas vraiment relevé le fait que je ne sois pas un adolescent.
-Bien.
Il y a un bref flottement, avant qu'Il ne s'asseye sur sa couche et ne déclare.
-Tu peux te recoucher, il est assez tard.
Je m'incline de nouveau et retourne dormir.
Je suis penché sur un parchemin, concentré, dans la bibliothèque du palais, le nez retroussé et les lèvres mordillées. Ce document est plus complexe que ceux que j'ai lu auparavant et je peine un peu à le comprendre.
Je veux être à la hauteur des attentes de sa Majesté, alors en dehors des entrainements militaires, des travaux classiques de cours et de prières, je passe mon temps à la bibliothèque depuis mon arrivée au palais pour travailler et m'améliorer.
Je n'ai de cesse de lire tous les ouvrages en rapport avec ma fonction et je tente également de rédiger mais c'est bien plus dur.
Le lieu est plutôt vide ce soir, à part le scribe qui travaille ici en permanence, il n'y a personne, et j'apprécie le calme pour mieux me concentrer.
Je tourne la page du lourd dictionnaire que j'utilise pour comprendre certains mots du parchemin et hoche la tête, concentré.
Donc si on suit la règle de-
Deux mains se posent soudain sur la table et je sursaute brutalement, ne m'y attendant pas. Ma tête se relève vivement, et je me retrouve nez à nez avec un jeune homme, plus jeune que moi clairement, assez familier.
Oh c'est le frère de sa Majesté ! Je l'ai vu l'autre jour dans la salle du trône.
J'incline profondément mon buste en marque de respect et le salue d'une voix humble.
-Votre Altesse.
-Qui es-tu beau garçon ? demande la voix chantonnante du jeune homme, me prenant de court.
-Je suis Arthur votre Altesse, le page de sa Majesté.
-Le page de mon Frère ?
Je sens sa main se refermer sur mon menton, et je ne sais pas du tout comment réagir quand il relève mon visage.
-On ne m'a pas dit qu'Il avait trouvé si joli homme pour le servir. Quel dommage que je n'ai pas eu vent de ta présence avant ce soir.
Complètement déboussolé par ce garçon, qui a sans doute seize ou dix-sept ans, je ne sais que faire ou dire. Le moindre faux pas peut me valoir la mort, il est après tout un membre de la famille royale, et même si je suis extrêmement peu à l'aise, je n'ose pas esquisser le moindre mouvement.
-Tu es bien silencieux... J'aimerai entendre plus ta jolie voix ~ Arthur c'est bien cela ?
-Oui votre Altesse.
-Tu m'as tout l'air d'un homme studieux, pourquoi travailles-tu autant ? Le scribe m'a dit que tu étais là tous les soirs sans exception. Un page n'a pas ce genre de tâches pourtant.
-Je me veux d'être à la hauteur des attentes de sa Majesté, réponds-je, me sentant étouffé par son regard qui se veut séducteur planté dans le mien, bien trop proche de mon visage.
-Oh, tu es un bon petit sujet, bien docile, ricane-t-il alors, Sais-tu au moins que mon Frère se moque totalement des efforts que tu fais ?
Son pouce caresse ma mâchoire alors que je cherche quoi répondre.
-Je ne fais pas cela pour qu'Il le remarque votre Altesse.
Son visage se rapproche encore du mien et je me sens définitivement acculé. Je suis sûr d'avoir la force physique de me dégager, facilement même, pourtant, mais je ne peux pas me le permettre.
-Alors à quoi bon travailler s'Il ne le voit pas ?
-Je veux simplement pouvoir être à la hauteur de ses attentes et convenir parfaitement à mon rôle.
-Quel mouton tu fais. Mon Frère a le don de s'entourer des gens les plus ennuyeux.
Je sens son souffle contre ma bouche, me faisant me tendre brutalement et il murmure.
-Tu as de la chance d'être si beau.
Et il tente de m'embrasser.
Par réflexe, je recule brutalement ma tête, sortant de l'emprise de sa main, et la stupeur se dessine sur son visage, vite remplacée par une sourde colère.
-Comment oses-tu te reculer ainsi ? T'en ai-je donné l'autorisation ?!
Sa main part violemment sur ma joue, et le bruit de la gifle résonne dans toute la bibliothèque.
-Pour qui te prends-tu ?! Espèce de petit insolent, je ne vais pas laisser ça pass-
-Tu es le seul petit insolent que je vois ici.
Le prince est coupé en plein dans sa phrase et il se fige complètement alors que la voix du Roi résonne.
-Tu discrédites mon nom, tu tentes de forcer quelqu'un pour ton petit plaisir avant de lui faire un caprice d'enfant gâté quand il se dérobe. C'est pitoyable.
La grande silhouette du Souverain s'avance et Il se rapproche de nous avant de gifler, fort, très fort même en vu du son, son frère.
-Tu as été très patient Arthur de ne pas avoir fait ça.
L'adolescent est blême, l'air complètement humilié et furieux, mais il ne peut rien dire face à l'autorité de sa Majesté, ni même face au coup qu'il vient de se prendre.
Je l'avoue, il y a quelque chose de satisfaisant à voir cette marque rouge sur sa joue.
-Tu...Tu... bégaie furieusement le plus jeune.
Le Roi écarte son frère d'un simple coup d'épaule et se penche sur moi, observant mon visage.
-Tu sais ce qui en coûte de frapper un homme sans excuse dans l'enceinte du palais Minjoon.
-Comment ça sans raison ? Je suis le prince ! Pas un simple badaud !
-Et Moi je suis le Roi, coupe froidement le plus grand des deux en passant une courte seconde son pouce sur ma joue cuisante, Tu es soumis aux règles ici aussi puisque je suis celui qui décide de ce qui en est une enfreinte ou non. Tu auras dix coups de bâton demain en place public.
-Pardon ?! Tu ne peux pas faire ça !
-Je peux tout faire. Et cesse de me faire affront ainsi. Je suis ton Souverain.
Il claque des doigts assez forts, et des gardes arrivent, répondant à son appel.
-Emmenez-le dans sa chambre, ordonne-t-Il d'une voix ferme avant de se retourner vers moi, Je suis arrivé quand il était déjà là, a-t-il fait autre chose que tenter de t'embrasser ?
-Il ne m'a que posé quelques questions avant votre Majesté, réponds-je, assez embarrassé de cette situation.
-Hm, donc j'ai dû assister à quasiment toute la conversation, acquiesce le Souverain en tirant une chaise pour s'installer à côté de moi, Tu travailles vraiment depuis ton arrivée au palais pour un rôle auquel tu n'as jamais aspiré ?
-Oh... Hé bien oui, dis-je, surpris de sa remarque, je ne pensais pas qu'Il relèverai ça, Je veux simplement répondre au mieux à vos attentes.
-C'est amusant de voir combien tu te dévoues à chaque tâche qu'on te confie.
-Vous êtes un homme intelligent et fort votre Majesté, et mon devoir est de vous servir... Pour cela, je dois aussi être intelligent et fort.... Alors je travaille. Ce n'est rien qui n'est à être relevé...
Il a un souffle amusé du nez et prend le parchemin que je lisais avant l'arrivée de son frère.
-Tu ne choisis pas bien tes lectures dans ce cas-là. Donne-moi du papier et ta plume.
J'obéis directement et Lui tends ce qu'Il demande.
-Si tu tiens tant à étudier, lis plutôt ces ouvrage-ci.
Il dépose la feuille sur laquelle Il a écrit des titres d'ouvrage et dit.
-Quand tu les auras tous lu et étudié, fais-en Moi un compte-rendu. Tu trouveras facilement comment faire dans ce livre-là. En attendant, pour ce soir va te rincer la joue, tu as la trace de sa main, et va te reposer, tu as entrainement tôt demain.
-Bien votre Majesté... Merci beaucoup votre Majesté.
Je me lève et me mets à genoux devant Lui pour Le remercier.
-Relève-toi Arthur et va faire ce que Je t'ai dit.
J'obéis et vais ranger les affaires que j'ai prise avant de partir, la feuille de papier dans la main.
Les cris du prince résonnent sur la place du palais, et je ne peux m'empêcher de sourire, appuyé avec les chevaliers sur la barrière à observer la scène qui arrive à la fin de notre entrainement.
-Je ne sais pas ce qu'il a fait pour avoir cette punition, mais il le mérite bien, déclare Dann, un sourire aux lèvres, Ce gamin est insupportable.
C'est rare que quelqu'un ose parler ainsi d'un membre de la famille royale, mais tout le monde semble approuver ses dires.
Après, je ne suis là que depuis deux mois, et je n'ai pas trop vu le prince avant hier, alors je ne sais pas trop quelle est sa relation avec le reste du palais, mais en vue de la foule qui se masse pour assister à la scène, il semblerait qu'il ne soit pas vraiment populaire, voire plutôt le contraire.
Le Roi est extrêmement respecté et craint au sein du palais, comme du royaume d'ailleurs, mais Il n'est pas détesté, au contraire même. Tant bien qu'Il ne soit pas tendre, Il est juste et impartial.
-Et de dix, c'était son dernier. Dommage que je ne tenais pas le bâton moi-même, il se serait pris autre chose que cette bruine-là, ricane Dann, Aller c'est la fin du spectacle, il faut ranger vos affaires maintenant, l'entrainement est fini pour aujourd'hui aussi.
Je vais alors rapidement ranger mes affaires, et traverse ensuite la cours pour aller vers la bibliothèque, quand je croise les yeux haineux du jeune prince.
-Toi, gronde-t-il en avançant, boitant plutôt même, vers moi, Tu me payeras cet affront.
Je ne réponds pas, et je m'incline simplement, le saluant donc poliment, avant de reprendre ma marche. Je n'ai pas envie d'attirer l'attention et de me créer des problèmes alors autant l'ignorer le plus cordialement possible et aller travailler.
Je rentre dans les grandes salles remplies de livres et de parchemins en tout genre avant d'aller vers le scribe.
-Bonsoir Louis, est-ce que tu sais où est-ce que je pourrai trouver ces oeuvres ?
-Bonsoir Arthur, cinquième étagère à gauche au fond du.....
Je finis de relire le compte-rendu que j'ai écrit comme me l'a demandé sa Majesté et j'hésite.
Comment dois-je le Lui donner ? Je ne peux pas le faire en entrainement et je ne le vois guère autrement...
Assis dans mon lit, je fixe les pages rédigées avec application et finis par le poser sur ma table de chevet, attirant l'attention de mon voisin de chambré, le page de Dann.
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Hm ? Simplement un travail que j'ai fait sur des livres de la bibliothèque.
-Oh...C'est nul un peu non ?
-Non, c'était intéressant à faire. Ça te donne de la discipline et des connaissances.
Il plisse le nez avant de hausser les épaules.
-Si tu le dis... Tu dois le rendre à sa Majesté ?
-Oui, mais je ne sais pas quand.
-Bah tu n'auras qu'à Lui demander pendant l'entrainement de demain.
-Oui, tu as raison.
-Tu apprends très bien en autodidacte, dit lentement le Roi en posant le dossier sur son bureau, C'est un bon travail pour une première tâche, mais il y a des choses qui ne vont pas cependant.
-Je vais faire de mon mieux pour m'améliorer le plus vite possible votre Majesté, affirmé-je.
-Je n'en doute pas. Une fois par semaine, tu passeras la soirée à travailler avec Moi. Je pourrai t'apprendre ainsi.
Mes yeux s'écarquillent et je baisse humblement la tête.
-C'est un immense honneur votre Majesté, merci beaucoup de me l'accorder.
Il rit silencieusement et dit.
-Bien, disons que ta première leçon commence aujourd'hui. Prends ce livre.
Je m'effondre au sol, le souffle court alors que des coups pleuvent sur mon dos.
-Je t'avais dit que je me vengerai ! Vermine va ! Tu te croyais important parce que mon Frère a daigné t'adresser la parole ? Tu n'es qu'un simple insecte !
Je rentrais vers les dortoirs des pages dans la soirée après avoir travaillé à la bibliothèque, quand plusieurs hommes inconnus me sont tombés dessus dans un recoin sombre de la cours, et le jeune prince s'est montré alors qu'on me rouait de coup sans que je ne comprenne pourquoi.
Seul contre cinq, désarmé et absolument pas préparé psychologiquement à cette embuscade, je me suis fait très vite jeté au sol, et je ne suis actuellement que douleur sous les quolibets du prince qui marche autour de moi.
-C'est pitoyable ! Tu te dis être page mais tu ne peux même pas te défendre !
Il me crache au visage, sa salive se mêlant à mon sang, et je grimace autant de dégout que de douleur. Je n'aime pas ce prince, vraiment pas.
-Aller, laissez cette vermine ici. De toute manière il va s'évanouir !
Il a raison, c'est cela le pire. Mon corps est douloureux de partout, et je me suis pris un coup assez fort dans la tête qui me donne des sacrés vertiges. Ma vue est assez floue, et les bruits sont lointains quand je sombre dans l'obscurité.
-Arthur ! Arthur ! Par la Déesse mère Arthur !
J'entends du bruit et de l'agitation tout autour de moi alors que je reprends peu à peu conscience, chaque parcelle de mon corps me faisant atrocement souffrir.
-Écartez-vous ! tonne la voix de Dann, et j'entends la foule s'écarter avant de sentir une main se poser sur mon épaule, Putain, je ne sais pas ce qui s'est passé mais tu es dans un état toi... Mujin va me chercher un brancard on l'amène à l'infirmerie.
Quelques minutes plus tard, je quitte la boue de la cours pour être transporté dans le palais et je suis déposé sur une couche.
-Déesse toute puissante, pauvre garçon. Que s'est-il passé ? demande le médecin en commençant déjà à s'affairer autour de moi, toujours semi-conscient.
-Je ne sais pas, on vient de le retrouver à l'instant ainsi, mais les pages disent qu'il n'est pas rentré de la nuit. Il faudra lui demander quand il sera plus conscient.
-De qui est-ce le page ? C'est le vôtre sieur Dann ?
-Non point, c'est celui de sa Majesté.
-C'est le page du Roi ?!
-Oui.
-Qui aurait osé s'en prendre impunément à lui ? On ne dirait pas les restes d'une rouste ivrogne...
-Nous verrons cela après. Cessez de poser plus de questions que nécessaire et soigner-le.
Je ressombre dans l'obscurité quand la douleur se refait trop forte dans mon corps et je sens à peine mon corps être de nouveau déplacé, sans doute pour être lavé.
-Que s'est-il passé ?
Une voix colérique perce les limbes de mon sommeil alors que je sens une main passer sur ma joue blessée.
-Je ne sais pas votre Majesté. Nous l'avons trouvé ainsi il y a quelques heures mais il n'a pas été réellement conscient depuis.
Je m'agite un peu, mon corps entier me donnant l'impression d'être passé sous un cheval, et je sens des regards se poser sur moi.
-Arthur ? Est-ce que tu M'entends ?
-Votre Majesté ? soufflé-je d'une voix faible, éraillée à cause de ma gorge sèche.
-Tu te réveilles. Tant mieux. Comment te sens-tu ?
La tête dans le brouillard, j'ouvre péniblement les yeux et tente de me redresser pour laisser échapper un grognement de douleur.
-J'ai un peu mal.
-Tu minimises, dit Dann à côté du Roi, Tu es dans un sale état. C'est un miracle que tu n'ai rien de cassé.
-Qui t'a mis dans cet état ? demande le plus grand, l'air extrêmement sérieux alors que le chevalier part chercher une outre.
Que dois-je dire ? C'est assez complexe comme moment... Je n'ai aucune preuve contre son frère et si je l'accuse, ce sera ma parole contre la sienne. La parole royale l'emporte s'il n'y a pas de preuves...
-Je... Je ne sais plus.
-Mentir au Roi est un crime passable de mort. N'essaie pas de le tenter et dis-moi la vérité.
Comment pourrai-je envisager sérieusement Lui mentir de toute façon ? Je Le respecte et L'admire beaucoup trop pour cela.
-C'est le prince héritier qui est venu hier soir avec des hommes... avoué-je et je vois le Roi tiquer alors que Dann pose l'outre sur la table de chevet.
-Le prince héritier ? As-tu une preuve ? demande-t-il en m'aidant à me redresser, m'arrachant des grimaces de douleur, Non pas que je ne te crois pas bien sûr, mais c'est qu'on ne peut pas l'accuser lui sans pr-
-Je le crois sans problème, coupe le Souverain alors que Dann me fait boire, Ce gamin a la rancune mauvaise et tenace mais il n'est pas bien malin. Je le coincerai sans problème.
Il a l'air en colère, très en colère.
-Quand le médecin aura fini de t'examiner maintenant que tu es réveillé, tu seras monté dans une chambre au palais le temps de ton rétablissement.
-Je m'en chargerai votre Majesté, acquiesce Dann alors que l'on vient m'ausculter.
-Tes entrainements sont bien évidemment annulés, et n'étudie pas. Tu dois te reposer, ordonne le brun en sortant.
Je n'ai même pas le temps de protester que je suis seul avec le médecin et le le chevalier qui claque sa langue contre son palet.
-Il t'aime bien. Enfin, je vais aller faire chercher un brancard, on te monte dans le palais.
Je suis réveillé par le contact doux d'un pouce contre une des éraflures de ma joue et j'entrouvre les yeux pour croiser le regard sombre du Roi.
-Votre Majesté ? soufflé-je, la gorge sèche.
Il écarte sa main de mon visage et vient poser une outre au creux de mes lèvres. Je bois sans broncher, accueillant avec joie l'eau, et Il souffle.
- Tu as eu de la fièvre dans la nuit, tu dois te sentir épuisé.
-Un peu.
Sa main revient le long de mon visage et Il s'assied à côté de moi.
-Ne sois plus mon page.
Déconcerté, je Le regarde avec des yeux perdus et souffle.
-Ai-je fait une erreur votre Majesté ?
-Non.
Je baisse simplement la tête et acquiesce.
-Que dois-je être alors votre Majesté ?
-Sois mon second.
Il relève mon visage et son souffle s'échoue contre mes lèvres d'un coup.
-Et J'ose espérer que tu veuilles bien être mon amant.
-Votre M-Majesté ?! bégayé-je, pris au dépourvu.
Il sourit doucement et dit.
-Ne t'inquiète-pas, tu as le temps d'y réfléchir. Repose-toi et guéris en attendant, je t'ai bien assez de fois dictés ce que tu devais faire de ta vie.
Bon, c'est loin d'être un bon texte, mais après des mois de pages blanches, j'ai enfin réussi à finir quelque chose alors je vais pas être trop trop critique. Kingdom ils conquièrent de plus en plus mon coeur en ce moment, si vous les connaissez pas, allez écouter, leurs musiques sont incroyables et ils sont très attachants.
Sur ce, à je ne sais pas quand et bonnes fêtes de fin d'années pour ceux qui les fêtent si je ne reviens pas d'ici là.
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