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Os 4- Le beau et la bête

Oneus, RavnxHwanwoong (+du Seodo, du Seowoong, du Leewoong et du LeedoxRavn), lemon

Je regarde les étoiles défilées alors que la jeep avance sur la route cailleuse et je souris doucement, à la fois nerveux et heureux, je me rapproche de mon rêve.

Je suis Yeo Hwanwoong, étudiant en science, spécialisé en Fera Umbra, ou Ombre Sauvage, et je suis en route aujourd'hui pour la première fois pour le terrain. Je vais passer deux mois dans un camps de la Cordillère des Andes pour étudier ces êtres si fascinant que sont les Fera Umbra, depuis tout petit, ils me captivent, j'ai beau savoir qu'ils sont dangereux et redoutable, mon envie de tout savoir sur eux me pousse dans la voie de mes études.

Je serre contre moi ma chemise remplie de mes cours, le ciel rosissant doucement à l'horizon des pics montagneux, une brise fraiche volant dans les mèches blondes qui encadrent mon visage aux traits détendus, mon coeur bat doucement, comme apaisé, et je laisse mes yeux brillants se promener sur le paysage magnifique.

Des montagnes immenses aux sommets enneigés s'auréolent des premières lueurs du jour, la route escarpée à plus de quatre milles mètres d'altitude sur laquelle la jeep avance laisse voir les immensités naturelles qui nous entourent, dépourvues de traces humaines, un condor plane paresseusement dans le précipice, les profondes ravines semblent regorger de mystères et même si l'air est froid et que de la buée s'échappe de mes lèvres, je ne peux me résoudre à rentrer dans la cabine pour profiter du chauffage, la beauté m'entourant m'attirant beaucoup trop pour que je n'envisage de la quitter du regard.

J'ai les joues rougies par la fraicheur ambiante, un sourire qui ne me quitte pas étirant mes lèvres, mes cheveux assez longs tombant sur mes pommettes, mes yeux sont remplis d'étoiles de bonheur, je frissonne et j'ai une certaine appréhension mais tout ça est écrasé par la simple perspective de me rapprocher de mon rêve, chaque mètre parcouru m'amenant au plus près de ce pourquoi je travaille depuis ma prime enfance.

Je dois offrir un bien étrange tableau, un petit humain assis à l'arrière d'une jeep, emmitouflé dans un manteau épais qui tient une chemise rouge et qui est brinquebalé dans tout les sens alors que le véhicule, en pleine montagne, loin de tout, s'avance vers un camp à une trentaine de kilomètres de là.

- Hwanwoong ! m'interpelle un des deux scientifiques dans la cabine, le seul coréen de l'expédition en dehors de moi.

- Oui professeur ?

- Tu n'as pas froid ? Il fait deux degrés, demande l'homme en ajustant ses lunettes sur son nez.

- Non, ça va, souris je, n'arrivant pas à masquer la plénitude dans ma voix.

- Tu es plus dans ton élément ici qu'à l'université pas vrai ? rit il.

- J'aime tellement ce genre d'endroits, répondis-je en regardant doucement les pics abruptes.

- Je comprend parfaitement, acquiesce t'il en s'asseyant à mes cotés. J'ai l'impression que tu es fait pour ce genre d'endroit, tu sembles bien plus à l'aise au milieu de nul part qu'à Séoul, entouré de gens.

- J'aime le calme, et j'ai toujours rêvé d'être ici, enfin, en route pour une expédition je veux dire.

- Et l'expédition en elle-même, qu'en penses-tu ?

- Stressante mais attirante, j'ai envie d'y être, de pouvoir voir tant de choses, mais en même temps, je suis nerveux à l'idée de faire n'importe quoi.

- Tu es le meilleur élève de ta promotion et tu as toujours été irréprochable, n'ai pas peur pour ça !

Je hoche la tête et me tourne vers lui, il est vraiment surprenant, Choi Minho est un chercheur connu en Asie et dans le milieu, il est réputé pour ses découvertes sur les Fera Umbra, sa thèse, Ferox, est la référence de tout les scientifiques spécialisés sur les Ombres Sauvages, il est impossible d'être dans le milieu sans l'avoir lu.

- Soit confiant, je sens que tu as tout pour réussir, la passion et la détermination, tout se joue la dessus.

Je franchis, à la suite du professeur Choi, l'entrée du campement des scientifiques et nous sommes accueillis par des gens en tenues de survie.

- Bonjour messieurs, vous êtes les experts coréens ? Je suis Aloisa Adlerflügel, la cheffe d'expédition.

- Enchanté Aloisa, je suis Choi Minho, et voici mon élève, Yeo Hwanwoong.

Je m'incline profondément en signe de respect et souris gentiment, un peu timide quand même. Elle m'accorde un regard désintéressé, mon rang d'apprenti ou de novice, n'a aucune valeur alors ma personne n'en a pas non plus.

Minho me dit d'aller dans notre tente qu'il m'indique d'un geste, et de réviser un peu, il m'expliquera plus tard ce qui va se passer.

J'obéis docilement et m'installe sur le lit le plus éloigné de la porte d'entrée, déposant mes quelques affaires tout autour de moi, avant de m'allonger pour lire un peu.

Mais ma quiétude est vite rompue par l'arrivée d'une jeune femme qui m'est totalement inconnue et qui me salut poliment.

- Bonjour, tu es le novice coréen ?

- Oui.

- Je suis la novice norvégienne, sourit elle joyeusement, Kaia, enchantée !

- Hwanwoong, enchanté de même, répondis-je en m'inclinant par réflexe, lui faisant froncer les sourcils de perplexité mais elle ne relève pas et me propose de me faire visiter le camp.

Nous sortons de la tente, tranquille, et elle commence à m'expliquer.

- Alors, dans la grande tente centrale, c'est le "QG", c'est là qu'on se réunit, qu'on analyse les données et qu'on met en place les programmes. Derrière, tu as le coin repas, il y a des roulements pour les corvées nourritures, mais c'est principalement lyophilisé donc c'est pas compliqué, on peut pas s'encombrer quand on part en expédition donc on préfère ça.

Je hoche la tête, enregistrant les informations.

- Là-bas, tu as la tente où on range le matériel, tout ce qui est instruments de mesure, caméras, pièges photographiques et autres, y a aussi la nourriture d'entreposée en sécurité, et évidemment, les équipements d'excursion.

J'acquiesce et une fois qu'elle m'a fait faire le tour du campement, nous allons nous asseoir sur les troncs qui servent de banc, près d'un feu de camp, et nous bavardons un peu, histoire de faire connaissance, on va passer plusieurs mois ensemble alors il vaut mieux créer quelques liens pour que tout se passe pour le mieux.

- Tu as vingt-deux ans toi aussi ?

Génial, pas besoin de s'encombrer de formalité d'âge même si je crois que ça n'a pas trop d'importance dans sa culture.

- Oui, je suis venu ici pour rédiger une partie de ma thèse, expliquai-je en m'étirant un peu, j'ai les muscles endoloris après le trajet. Tu es venue faire la même chose ?

- Pas vraiment, certaines des données que je vais récolter me serviront pour évidemment, mais je suis ici pour une formation plus poussée sur le terrain comme je n'ai pas encore eu l'occasion d'étudier autre part qu'en laboratoire.

- C'est ma première fois sur place aussi, c'est excitant je trouve.

- Oui, surtout qu'avec ce panorama !

Elle englobe d'un grand geste les lieux, les pics se dessinant magnifiquement, les bois épais et le ciel lumineux.

- C'est un endroit incroyable pour étudier !

- Je suis d'accord, c'est magnifique et impressionnant, on se sent tout petit !

- C'est vrai qu'on semble minuscule face à l'immensité de la nature, acquiesce la blonde qui est tout de même plus grande que moi de facilement cinq centimètres.

Nous continuons un peu à discuter sur nos études, et j'apprend qu'elle est là pour encore six semaines, elle partira donc avant moi, à l'arrivé d'une autre équipe, il y a beaucoup de brassages vue que c'est une nouvelle zone d'études et ils cherchent encore à former la meilleure des équipes pour travailler ici.

Finalement, après cette conversation, l'heure de manger arrive et l'occasion de faire connaissance avec les scientifiques présents s'offre ainsi à moi, me déstressant un peu, j'aime le contact humain malgré mon amour de la tranquillité, c'est contradictoire mais naturel je pense, l'humain est un animal social, il a besoin de vie sociale et d'interaction avec son espèce.

- Tu es prêt pour ta première expédition ? me demande tranquillement Aloisa alors que j'attache mes lacets, elle s'est révélée assez gentille malgré ma première impression peu agréable sur sa personne.

- Oui, je suis impatient !

- Je comprend, c'est toujours comme ça la première fois, on ne part que sur une journée, mais c'est déjà une bonne trotte que nous allons faire.

- On va remonter le col et sortir du sentier pour aller relever les pièges photographiques et les marques laissées, explique un homme d'une quarantaine d'années, le professeur Kirghize, de son prénom Arman, qui vient avec nous et le professeur Choi.

- On a beaucoup d'espoirs concernant ces pièges, on pense qu'il s'agit d'un point de passage régulier d'un petit groupe de Fera Ombra dont on a pas encore recensé l'existence ! lance avec enthousiasme la cheffe en bouclant son sac. Enfin, pas les premiers, mais le dernier se trouve sur une zone qu'on a pas beaucoup exploré !

Je souris, impatient et curieux, j'ai vraiment envie de voir les images en espérant que l'on y voit les Ombres Sauvages, on n'a pas tant que ça d'images de ses créatures, elles sont extrêmement discrètes et le plus souvent, si on en voit une en vrai, on n'a pas le temps de prendre de photos, il vaut mieux fuir même, leur comportement est agressif à l'égard des humains qu'elles n'hésitent pas à tuer, mais cela reste des êtres fascinants qui ont su s'adapter à tout les milieux et à empêcher la civilisation humaine de s'étendre sur leur territoire.

Nous sortons du camp, saluant les personnes que nous croisons, nous sommes quinze sur le site, mais d'ici la semaine prochaine, on ne sera plus que dix, et je calque mes pas sur ceux de mon professeur, admirant les arbres tout autour de nous, j'aime beaucoup la nature et ici, je suis servi pour ce qui est l'absence de trace humaine si l'on excepte des gens qui m'entourent évidemment.

Rapidement, nous quittons le sentier pour nous engouffrer dans les bois et on me dit de me tenir sur mes gardes, autant pour trouver des traces des Ombres que pour prévenir d'un quelconque animal dangereux, ou même des Ombres elles même bien que se soit peu probable qu'elles s'approchent d'un groupe d'humains en plein jour.

- Le premier piège est à trois kilomètres au nord, indique la seule femme de cette sortie, On va passer par le pont de la lune, plus haut, et on devrait y être dans environ une heure si on tient la cadence, le terrain est assez facile jusqu'à là-bas, ça se corsera après.

Mis à part les arbres qui ralentissent considérablement notre progression, ce n'est pas trop accidenté ou trop pentu, nous nous trouvons sur un plateau relativement plat et praticable mais d'après les plans que j'ai vu, il y aura des obstacles compliqués une fois qu'on aura relevé le premier piège.

Nous arrivons finalement au fameux pont de la lune qui est comment dire.... Un vieux pont en bois qui surplombe un précipice de plusieurs centaines de mètres...

- Ne t'inquiètes pas, il est en état d'être pratiqué à pied, me rassure Arman en voyant mon regard clairement pas serein, Il est entretenu, on ne risque rien.

Je passe entre monsieur Choi et Aloisa, nerveux, et même si je n'ai pas le vertige, je ne me sens pas du tout à l'aise alors que les planches craquent sous mon poids. Je ne reprend mon souffle qu'une fois que je suis sur le sol qui ne risque pas de s'effondrer, une quinzaine de mètres plus loin, et je m'éloigne instinctivement du vide, me mettant en sécurité relative, à quelques pas de là.

- Le piège est à ta droite Hwanwoong, juste sous le rocher là-bas, me lance Arman qui sort juste du pont.

Je tourne la tête et repère le boitier discret calé entre le sol et une pierre deux fois plus grosse que moi. Je m'avance vers lui et le défais soigneusement pour récupérer le disque dur se trouvant à l'intérieur.

L'Allemande s'accroupit à coté de moi et prend l'objet, le remplaçant dans mes mains par un disque vierge que je glisse dans la boite avant de la refixer avec précaution dans la même orientation sous les indications de la femme qui range le précieux bloc dans son sac, à l'intérieur d'un compartiment spécialement conçu pour ça.

- Parfait, aller on y va !

Epuisé, je me laisse tomber sur un banc, reposant mes affaires au sol, et Minho s'installe à mes cotés.

- C'est plus raide que chez nous, grimace t'il en se massant la cheville.

- C'est sûr, le dénivelé n'est pas le même, répondis-je, étirant ma hanche douloureuse.

- Aller messieurs ! Venez voir les images des pièges au lieu de vous reposer ! nous lance la solide femme aux courts cheveux bruns, l'air amusé par notre épuisement, Vous vous habituerez à ça.

Je me relève en grognant légèrement sous les crampes de mon dos, je suis pourtant en bonne condition physique mais là, c'est un peu trop pour moi, et je marche, raide, vers la tente où l'on va pouvoir étudier les images.

Une fois là-bas, je m'assois aussitôt sur un siège, imité de très près par le professeur Choi qui me dit en coréen, sachant que je serais le seul à comprendre, qu'il allait falloir renforcer les entrainements physiques à l'école parce que là, ce n'était plus possible. Je ris doucement avant de pivoter vers l'ordinateur sur lequel une vidéo vient d'être, lancé, et c'est parti pour plusieurs dizaines d'heures de visionnages en accéléré.

- Oh !

Nous avons vu plusieurs animaux endémiques, des oiseaux aussi, et même un ours, et enfin, ce que nous recherchons apparait à l'écran.

Une Ombre ! Enfin, un plutôt.

- Il est magnifique, lâche Arman.

Large d'épaules, musclé, la créature a des crocs tranchants et si elle est très proche en apparence de l'humain, nous savons que génétiquement, elle présente beaucoup de similitude également, elle dégage tout autre chose avec sa carrure et ses griffes affutés, ses yeux étincelants tétanisent, même par delà une caméra.

- Nous l'avons déjà vu celui-là, annonce la femme après avoir étudier du regard le Fera Ombra. Il s'agit de Geonhak, un mâle solitaire qui vit dans les hauteurs, il est relativement timide et c'est rare d'avoir des images de lui malgré sa taille.

- Il est impressionnant, soufflai-je.

- Très oui, d'après les empruntes que l'on a relevé de lui, il mesure aux alentours d'un mètre quatre-vingt et pèse plus d'une soixantaine de kilos en muscles, c'est un carnivore et un dominant qui a déjà attaqué un braconnier dont on n'a retrouvé que l'appareil photo, c'est d'ailleurs cela qui nous a apprit son existence, il y a cinq ans.

- Vous avez réussi à savoir quel âge il a ? Il fait assez jeune, interroge l'autre coréen, analysant Geonhak.

- Nous n'avons aucune donnée précise à ce sujet, mais nous pensons qu'il a un peu plus d'une vingtaine d'années environ, des locaux nous rapportent que ça fait un moment qu'il est là mais que les plus vieux ne l'avaient jamais repéré avant 2010.

- C'est donc qu'il avait un peu plus de dix ans s'il n'était plus avec sa mère, conclus-je.

- Exactement, il doit donc avoir entre vingt-et-un et vingt-deux ans, affirme Aloisa.

- S'il est solitaire, il doit être le seul mâle dominant de la région, bien qu'il y a peut être des mâles soumis et des femelles, remarque Minho.

- Il n'y a aucune femelles dans le périmètre de son territoire supposé, ça on en est sûr, il n'y a pas trace de sang menstruel dans la région depuis belle lurette.

C'est la raison pour laquelle les femelles sont plus simples à repérer, elles perdent du sang une fois tout les mois, comme les humaines, et en laissent un peu partout, marquant leur territoire et prévenant les mâles de leur présence, ce qui permet aux chercheurs d'affirmer s'il y a ou non des femelles avec une certitude exacte.

- D'autres mâles non dominants peut-être ?

- A la limite nord, on a trouvé des empruntes plus petites qui semblent être celles d'un jeune mâle oui, elles n'appartiennent pas à Geonhak, ça c'est sûr, mais ça peut-être Woodz qui s'aventure un peu hors de son territoire de temps à autres, c'est pour ça qu'on a placé plusieurs pièges photographiques par là-bas.

- Woodz ? C'est le mâle qui a tué du bétail dans la vallée ? demandai-je.

- Oui, c'est le seul qui soit correctement fiché dans la région, tu as du l'étudier même.

Je hoche la tête, c'est un fructivore qui n'a rien contre un peu de viande comme le prouve les dégâts qu'il fait de temps à autres dans les troupeaux. Il n'est pas agressif envers les humains et n'en a jamais attaqué, même lorsqu'un berger a tenté de protéger son bétail, il s'est contenté de l'esquiver.

- Mais revenons à Geonhak, tout ce qu'on sait de lui sur son mode de reproduction, c'est qu'il a une forte tendance à avoir des ruts migratoires qui le font remonter à la limite des territoires montagneux pour se reproduire, on peut affirmer qu'il a une préférence nette pour les autres mâles également même si Woodz ne lui convient apparemment pas, sinon il ne se fatiguerait pas à rechercher des partenaires aussi loin de chez lui

Je hoche la tête, c'est intéressant ça, il n'est pas rare, voir même complètement banal, que les Ombres soient bisexuelles ou même homosexuelles, les dominants n'ayant aucune gêne à s'accoupler avec d'autres du même sexe pour un peu qu'ils ne soient pas dominants, et pour les non dominants justement, en dehors des périodes de ruts ou de chaleurs, ils ne rechignent pas à s'accoupler entre eux, surtout s'ils vivent en groupes, ce qui est courant dans les plaines, les toundras ou les océans, mais pas vraiment dans la montagne bien qu'il y en est.

- Bref, continuons, il ne semble que passer pour chasser.

Je me reconcentre sur l'écran, et hormis Geonhak qui a fait quelques passages dans la même journée avant de disparaitre à la tombée de la nuit, repassant une dernière fois avec le corps d'un guanaco (une sorte de lama) qu'il a probablement traqué durant le jour, rien n'a attiré notre attention, il en a été de même pour les trois autres pièges photographiques jusqu'à ce qu'on arrive au cinquième.

- Mon dieu ! Oui ! s'écrit Arman en voyant soudainement deux silhouettes bien caractéristique d'Ombres Sauvages omnivores et aériennes se dessiner sur l'image.

Je fronce moi les sourcils en les étudiant soigneusement, ce sont deux mâles, mais quelque chose me semble clocher.

- Ils se ressemblent beaucoup, remarquai-je alors.

- Tu as raison, c'est perturbant, ils ont les mêmes attributs, leurs ailes présentent exactement le même motif, je n'ai jamais vu ça, s'étonne Minho en zoomant sur les ailes.

- Leurs visages sont similaires aussi, il y a quelques différences, mais on voit quand même une ressemblance frappante, renchérit Aloisa.

- Ils sont peut-être frères, dis-je, sans trop réfléchir.

- Les frères ne se rencontrent jamais, les mères y veillent en bougeant énormément entre deux accouchements, et ils sont d'âge trop proche pour l'être, on voit qu'il n'y a pas dix ans d'écart entre les deux, me corrige l'autre coréen.

- J'avais oublié ça... Mais c'est perturbant...

Ils me font penser à des jumeaux, mais aucun cas n'a jamais été recensé et cela même impossible qu'il y en ai, les mères tueraient le deuxième à la naissance en vue de leur organisation de brassage des gênes, des frères et soeurs ne doivent pas se rencontrer, c'est comme ça, alors des jumeaux ou jumelles iraient à l'encontre de cet instinct.

- On ne peut rien avancer sans plus de données, il peut s'agir d'un hasard, mais on va essayer d'obtenir d'autres images et de l'ADN d'eux pour essayer de voir, c'est un cas à étudier de près, Hwanwoong, nous avons peut-être le sujet de ta thèse, déclare Minho.

Je souris doucement en réfléchissant, je pensais faire ma thèse sur autre chose, mais cela me semble être une bien meilleure idée que de simplement faire un truc banal sur une base de données.

- Salut Kaia !

- Oh bonjour Hwanwoong ! Assied-toi, je finis ça et j'arrive.

Elle termine rapidement de vérifier l'état des pistolets tranquillisants et vient s'installer en face de moi.

- Tu es prêt pour l'expédition de demain ? demande t'elle, l'air un peu nerveuse.

- Je sais pas trop, c'est assez dangereux mais en même temps, ça va être si passionnant !

- C'est sûr, une semaine en nature sauvage sur les traces de Fera Ombra inconnues au bataillon, ça va être quelque chose, acquiesce la norvégienne en s'appuyant sur ses coudes, Avec toute les traces qu'on a trouvé, ça signifie qu'il y en a plus que ce qu'on pensait.

- Ouais, mais c'est bizarre qu'il y en ai autant alors que normalement, ils sont discrets et ne laissent que peu de signes de leur passage.

- Je suis d'accord, mais toute les analyses sont claires, se sont bien des Ombres Sauvages qui ont fait ses marques, et des qu'on n'a jamais vu ! Il y a celles de Geonhak qui sont plus voyantes que d'habitude, lui qui est invisible d'habitude, mais je me disais, tu crois qu'un autre mâle dominant serait venu ?

- Il y a trop d'empruntes différentes pour qu'il n'y en ai qu'un seul, on en a recensé trois en dehors de Geonhak , et il y a également celles des deux omnivores du nord qui ont l'air de descendre vers le centre, là où il vivrait.

- C'est peu courant comme comportement, après, on sait si peu de choses sur eux et sur leurs relations intestines, il y a quelque chose qui se passe possiblement là-bas, ou ils forment peut-être un groupe qui sait ?

- Ca serait intéressant qu'ils en forment un mais pas rassurant pour les habitants du coin, un groupe est bien plus meurtrier qu'un solitaire, surtout si on prend en compte que Geonhak aurait tué bien plus d'humains que ce braconnier, il y a eu plusieurs morts dans les villages qui bordent son territoire, et les cadavres laissaient à penser que c'était son oeuvre ou celle d'un de ses congénères, alors je te laisse imaginer le danger s'il y avait d'autres carnivores avec lui.

- Parce qu'il y a des carnivores d'après les relevés ?

- Au moins un si on en croit les entailles de griffes, mais ça pourrait être Geonhak en fait, c'est compliqué à déterminer sans plus de données.

Elle hoche la tête et passe sa main dans ses cheveux blonds coupés au carré avant de dire.

- Bon, on verra bien sur place de toute manière, aller ! On va dormir, on doit être en forme demain !

- Tu as raison, bonne nuit Kaia !

- Bonne nuit Hwanwoong, à demain, première heure du jour !

Silencieux, je note les mesures des empruntes que l'on vient de relever et je lève la tête pour calculer mentalement quelle taille doit faire cette Ombre, au moins un mètre-soixante-quinze, peut-être plus, mais je ne pense pas moins.

- Viens Hwanwoong, on doit aller monter le campement avant la nuit, me lance Minho que je rejoins rapidement.

Avec lui, je rejoins les autres personnes avec qui l'on est sur cette mission, il y a Kaia évidemment, Yixing, un chercheur chinois, Kylie, une américaine, et Samir, un professeur algérien, une bonne équipe en somme, ils sont tous très compétents et passionnés, c'est formidable, en plus avec le brassage de culture, j'apprend beaucoup de chose sur le monde en discutant avec eux, c'est super agréable.

- Bon, on va monter le camp ici, c'est suffisamment dégagé et loin des empruntes pour qu'on soit en sécurité, annonce Kylie en indiquant une petite esplanade agréable, On a deux heures pour monter les deux tentes et manger un bout avant de devoir être à l'intérieur pour la sécurité, dépêchons nous alors !

Les tentes sont assez petites et faites pour accueillir trois personnes chacune, ce qui donne cette répartition-là, Minho, Samir et Yixing, et Kylie, Kaia et moi, pour une question de place, je suis plus petit que les deux femmes, et par conséquent, nous tenons dans la plus petite tente, et les autres hommes, plus grands que nous, prennent celle qui a le plus d'espace.

Avec l'aide de Kaia, je réussis plutôt bien à monter la tente pendant que Kyle prépare un système de sécurité en mettant des fils équipés de grelots tout autour de la toile, si quelque chose ou quelqu'un approche, on ne pourra pas ne pas l'entendre, et une fois cela finit, nous rejoignons les autres qui viennent de finir.

- Bonne appétit, dis-je joyeusement en mordant à pleine dent dans une galette sèche, la journée a été captivante et ça creuse de marcher !

Le repas se déroule rapidement, nous n'avons plus qu'une dizaine de minutes pour se préparer à aller dormir avant que la nuit ne tombe et que nous ne soyons en danger à l'extérieur des tentes dans lesquelles sont nos armes de défenses, des pistolets tranquillisants et des tasers, je n'aime pas l'idée de devoir potentiellement m'en servir, mais c'est vital.

Une fois ma vessie vidée, mes mains lavées et mes chaussures enlevées, je rentre rapidement dans la tente, rejoignant ma couche avec une couverture peu encombrante, un sac de couchage est peu pratique si l'on doit se lever en catastrophe, qui se trouve tout au fond, proche de celle de Kaia, ça ne me fait que trois mètres à traverser, et je m'allonge, me blottissant au chaud, l'air est frais à cette altitude, surtout le soir.

Les deux femmes entrent à leur tour et Kylie ferme la tente derrière elle, nous coupant enfin du vent qui commence à se lever et qui est franchement désagréablement froid.

- Alors Hwanwoong, cette première journée d'expédition ? me demande l'ainée en s'installant sur son "lit".

- C'était super intéressant et un peu fatiguant, dis-je, sincère, Je suis content qu'on ai trouvé autant de marques même si je trouve ça un peu bizarre qu'il y en ai autant.

- Je suis d'accord, ça m'intrigue aussi, intervient la norvégienne, profitant de pouvoir poser les questions qui nous taraudent à une chercheuse expérimentée, Est-ce un phénomène qu'on ne voit pas en cours ou est-ce vraiment étrange ?

- Hé bien pour tout vous dire, c'est la première fois que je vois ça, mais de ce que je sais, c'est déjà arrivé dans des régions moins montagneuses, après, c'est à prendre avec des pincettes, ce n'est peut-être qu'une série de coïncidences ou même la simple arrivée de proies appréciées, ce qui expliquerait que Woodz n'ai pas bougé.

- Il mange de la viande lui pourtant.

- Peu et en général quand il n'a plus assez de fruits, il ne descendrait pas sur un territoire qui n'est pas le sien alors qu'il a de la nourriture à profusion actuellement.

- C'est vrai, marmonnai-je, Je me demandais, est-ce possible que se soit un groupe qui se forme ?

- C'est l'hypothèse la plus probable pour moi, acquiesce l'américaine, Ce serait un peu particulier que des individus adultes se lient soudainement mais ce n'est pas impossible, et c'est la seule explication que je vois qui soit plausible.

Nous hochons la tête, ça se tient, et nous décidons de dormir car la journée de demain comportera pas mal d'escalade, il vaut mieux être reposé.

Je me tourne dos au deux femmes et ferme les yeux, c'est la première fois que je dors sur ce genre de couche et je suis surpris, ce n'est pas si horrible, bon, ça vaut pas un bon lit mais ça va, c'est pas immonde non plus, et puis, je suis trop fatigué pour faire la fine bouche !

Je me détend tranquillement, bercé par le léger tintement des grelots qui s'agitent un peu au rythme du vent, et je sombre dans un sommeil réparateur.

Je suis réveillé en sursaut par un violent carillonnement, tout les bouts de métal s'entrechoquant soudainement dans un bruit d'enfer, et je me redresse en catastrophe, Kylie saisissant un tasers dans la seconde où elle ouvre les yeux.

L'absence de lumière ne nous permet pas de distinguer la source du danger qui s'agite autour de notre tente, apparemment dérangé par le brouhaha des grelots, et la seule chose que je vois avant d'entendre des bruits de course et de fuite, c'est une main qui s'écrase violemment contre la toile, la lacérant un peu.

Le souffle court, Kaia et moi nous collons instinctivement l'un à l'autre, terrorisés, alors que la rousse serre sa prise sur son arme, écoutant attentivement les bruits alentours.

- Kylie ! Hwanwoong ! Kaia ! Tout va bien ?! crie Minho quand une lampe torche éclaire d'un coup notre tente.

- On est en un seul morceau oui ! Qu'est-ce que c'était ?!

- Je ne sais pas, mais on va voir ça tout de suite avec les traces, vous pouvez sortir, on va allumer toute les lampes et on a les armes.

Nous quittons, toujours sous le choc pour la norvégienne et moi, l'abri de la tente, et tremblant, je me lève péniblement, cherchant du regard ce qui a pu faire un tel boucan.

- Hwanwoong ? Tout va bien, respire, le danger est passé, me dit en coréen mon professeur, sa main se posant, rassurante, sur mon épaule.

- Qu'est-ce que c'était ? balbutiai-je, bloqué sur l'évènement.

- Bonne question, la seule chose qu'on a eu le temps de voir, c'est une branche qui se revient, ce qui a fait ça était sacrément rapide et-

- Minho... C'était une Ombre, annonce sombrement Samir, coupant le plus grand qui blanchit soudainement. Et vu la taille des traces, il y a de fortes chances que se soit Geonhak.

Kaia et moi échangeons un regard paniqué, les Ombres ne sont pas censées se rapprocher des humains, à moins qu'elles les aient pris pour proies ou qu'ils se soient retrouvé sur son chemin, hors notre présence doit se sentir de loin, donc Geonhak, si c'est lui, savait parfaitement qu'on se trouvait ici, et il est venu sciemment.

Nerveusement, nous nous groupons par instinct, repoussant d'une façon le danger par la masse, et nous nous plaçons dans la source de lumière offerte par les lampes torches. Kaia et moi nous rapprochons rapidement pour parler à voix basse, encore tremblant.

- Je vais prévenir Aloisa de ce qu'il vient de se passer, déclare Yixing, On va aviser après ça.

Il attrape son émetteur d'urgence et lance un appel à l'allemande.

- Oui ? Que se passe t'il ? demande dans un grésillement la voix inquiète de la cheffe du campement.

- On vient d'être attaqué par une Fera Ombra, probablement Geonhak en vue des empruntes, il n'y a pas de blessés, juste Hwanwoong et Kaia qui sont sous le choc et une tente qui a été salement éraflée.

- Attaqués par une Ombre alors que vous étiez dans les tentes ? s'étonne Aloisa, Il y a d'autres dégâts dans le camp ?

- Non.

- Je vois.... Vous l'avez vu arriver ?

- Pour nous, on ne l'a ni vu ni entendu avant qu'elle ne déclenche les grelots, et vous ?

- La même chose, j'ai juste vu le choc face à Hwanwoong quand elle a frappé la toile, déclare Kaia.

- Et Hwanwoong ?

- Avant de voir une main contre la toile, je n'avais rien vu, déclarai-je.

- D'accord, est-ce que tu es capable de décrire la main ?

- Pas vraiment, il y avait des griffes et elle était assez grande, mais c'est tout ce que j'ai eu le temps de voir.

-Ca peut-être celle de Geonhak, réfléchit l'allemande, Mais avec tous ceux qui sont dans le coin en ce moment, impossible d'en être totalement sûr... Bon, pour cette nuit, restez sur vos gardes, vous aller continuer la mission, et s'il y a un autre incident, vous rentrez en urgence, mais pour le moment, ce n'est pas assez alarmant pour que vous reveniez.

- Ok, on te tient au courant, acquiesce Yixing, Et on va renforcer les mesures de sécurité demain soir.

- Aller, soufflez, il a du avoir la peur de sa vie entre les bruits, les lumières et les cris, il ne reviendra probablement pas, nous rassure Aloisa, Tout va bien se passer.

Lentement, je vais m'asseoir avec Kaia alors qu'ils coupent l'appel, et installés proche des tentes, dans le faisceau d'une lampe puissante, nous échangeons quelques mots, nerveux, hors de question de se rendormir après cette frayeur.

- Ne vous éloignez pas, intime Minho, raide, Quitte à ne pas vous rassurer et à contredire Aloisa, ce n'est pas normal qu'une Ombre se soit autant rapprocher des tentes, ce ne sont pas des ours à la recherche de nourritures ou curieux, loin de là, et ce n'est pas bon signe.

- Je sais que c'est toi qui t'y connais le plus dans cette histoire, mais tu ne penses pas qu'elle, enfin il je pense, avait juste faim et qu'elle avait senti la nourriture dans les sacs ? intervient Samir, nerveux.

- Avec toutes les proies qui abondent ? Et pour de la nourriture lyophilisée qui ne sent pas ? Je ne pense pas non, tu le sais bien que ce n'est pas ça.

Je grimace et Kaia prend ma main pour la serrer fort, inquiète, elle a eu aussi une belle frayeur. Le professeur Choi a raison, c'est anormal qu'une Ombre soit venue si proche, et c'est synonyme d'un grand danger, on le sait tous, c'est une des premières choses qu'on apprend dans le milieu, et même dans la vie, une Fera Ombra qui s'approche des humains n'est pas une amie, loin de là.

Ce sont des créatures fascinantes mais oh combien dangereuse, facilement aussi intelligentes qu'un homme, elles représentent un risque non négligeable dans notre condition.

- Que fait-on alors ? demande Kylie en nous ramenant près des autres.

- Je rejoins Aloisa sur le point qu'on ne peut pas simplement revenir, déjà parce qu'il fait nuit, ensuite parce que les traces que l'on doit chercher sont d'une importance capitale, et dernièrement parce qu'aucun d'entre nous n'a été blessé ou mis en gros danger puisque l'Ombre n'a pas percé la toile, donc nous allons continuer, mais au moindre signe d'une de ces créatures plus proche de nous que de coutume, on rentre directement, décide Minho, prenant le commandement des opérations.

- Je vois, et pour cette nuit ? interroge Yixing.

- Il faut qu'on se repose un peu, il est trois heures et le soleil ne va se lever que dans quatre heures, je propose donc qu'on fasse deux tours de garde jusqu'à l'aube et on repartira à ce moment là.

J'interviens, hésitant.

- Les tours de garde devraient se faire par deux non ?

- Oui, c'est plus sûr, mais aujourd'hui, je pense qu'on va faire, moi et Kylie, et Yixing et Samir, vous deux, vous aller vous reposer et récupérer de vos émotions, demain, on fera un planning plus précis, mais cette nuit, vous aller essayer de dormir.

Je ne proteste pas malgré ma nervosité, mon instinct veut retrouver la protection, aussi illusoire soit elle, de la tente, et bien vite, Kaia et moi allons nous étendre de nouveau, sur nos gardes et très proche physiquement pour se défendre mutuellement.

- Bon, je pense qu'on va pas arriver à dormir, murmure t'elle à mon oreille.

- Sûr même.... Mais bon, essayons de nous reposer un max, on peut rien faire d'autre pour l'instant.

Elle hoche la tête et c'est enlacé que nous somnolons. Finalement, apaisé par le contact humain et par les voix basses dehors de Kylie et Minho, je replonge dans les bras de Morphée, la tête enfouie dans l'épaule de Kaia.

- Tu as pris les mesures ?

- Oui, elles sont plus petites que celle de tout à l'heure, et les traces de griffes ne sont pas du tout les mêmes, elles sont moins acérées et plus courbes, comme celle d'un herbivore.

- Tu as pris des photographies ?

- Oui, j'ai fait un croquis aussi.

- C'est bien, tu as les bons réflexes, me félicite Samir en notant les chiffres que je lui donne.

- Ils ont trouvé des trucs plus bas ?

- Pas vraiment, les traces se font plus rares à mesure qu'on les suit, à croire qu'ils s'évaporent.

- C'est plutôt bon signe non ? S'ils retrouvent un comportement plus discret, donc plus naturel, c'est que ça va.

- Je ne sais pas pour tout te dire, c'est la première fois en quinze ans de carrière que je vois ça alors je ne peux faire que des hypothèses.

- Je crois que je ne pouvais pas trouver meilleur sujet pour ma thèse après, ris-je.

- Ah ça, se sera inédit !

Je passe ma main dans mes cheveux et je descend souplement sur les traces de Samir pour rejoindre le reste de l'équipe qui s'est réuni quelques mètres plus bas.

- Alors ?

- Tout est noté, y a des photographies et un croquis, ce serait un herbivore qui est passé par là, annonce l'algérien en souriant, On a la certitude que ce n'est pas Geonhak cette fois.

- Et aucune trace d'une Ombre proche de vous ? demande Minho, depuis cette nuit, il est terriblement nerveux à ce sujet, et il se tient sur ses gardes.

- Je n'en ai pas vu, dis-je.

- Ok. Bon, il faut qu'on trouve un coin pour poser le camp, déclare le coréen en s'étirant.

- On devrait descendre plus bas avant, je sais qu'il y a un plateau praticable pour mettre le campement juste en dessous, propose Yixing.

- Ok, on y va.

J'observe la courte ravine qu'on a à descendre, c'est raide mais y a suffisamment de prises pour que se soit sécuritaire, et je me met derrière Kaia qui est douée en escalade, elle m'indiquera les bonnes prises à prendre pour ne pas tomber.

Minho descend d'abord nos affaires pour éviter qu'elles nous fassent tomber et il assure Samir qui le rejoint prudemment. Kylie et Yixing descendent à leur tour et Kaia s'engouffre sur le passage, me disant de me préparer à y aller.

Je m'accroupis pour me mettre en position quand je relève brusquement la tête, poussé par un sixième sens.

Et je croise un regard charbonneux avant de hurler.

Trop tard.

Je suis projeté en arrière, balancé dans le vide, et un corps puissant heurte le mien, me saisissant comme une proie alors que des cris résonnent et que j'entend Minho tenter de donner un coup de tasers à l'Ombre.

Je me débat farouchement, tentant de me dégager de l'emprise de fer de la créature qui a survolé d'un seul bond la ravine, se réceptionnant sur la falaise abrupte en face, et je pousse un couinement terrorisé quand elle mord ma nuque, me tétanisant sur le coup.

Je comprend que je ne pourrais pas m'enfuir et que c'est fini à l'instant où les voix ne me parviennent plus, ils ne peuvent pas tirer, le risque de me toucher ou que je meurs dans la chute est bien trop grand, et je tremble, maintenu sur le bras de l'Ombre qui escalade de plus en plus vite.

Je sais que souvent, si elles le peuvent, les Ombres emmènent leur proie vivante dans un endroit où elles sont tranquilles pour la mise à mort, et je regarde désespéré les silhouettes de mes coéquipiers disparaitre en dessous de moi, Kaia le bras levé en l'air et Minho tentant vainement d'escalader la paroi bien trop raide pour qu'il le puisse.

Le Fera Ombra monte à une vitesse stupéfiante sur plusieurs centaines de mètres, rejoignant des terrains si haut et si inaccessibles qu'un humain ne peut y monter sans machine, et encore que je ne suis pas sûr qu'un hélicoptère ai la place nécessaire pour passer avec tout les pics redoutablement serrés sur cette partie de la cordillère.

Mon coeur bat à tout rompre, je me sens heurter le torse de l'Ombre à chaque mouvement et j'ai terriblement peur, me demandant bien où il compte aller pour me tuer et me manger, parce que oui, le principe d'une proie, c'est qu'elle finit dans l'estomac de son chasseur.

Nous faisons irruption sur un plateau large et il court rapidement, ne jugeant pas l'endroit assez paisible, en direction de ce que j'identifie comme une autre paroi, d'autant plus hérissée de pics rocheux.

Il s'y hisse habilement et passe alors entre deux pierres, me dévoilant une cavité dont je n'aurai jamais soupçonné l'existence et qui est totalement invisible si on ne sait pas qu'elle est là.

Il entre dans ce creux qui se révèle être une grotte immense, à même la montagne, et qui semble être un véritable labyrinthe, et il me dépose loin de l'entrée, sur une pierre plate.

Je me recroqueville d'un coup, fermant les yeux et attendant qu'il fasse ce qu'il compte faire, et je frémis de terreur quand ses crocs frôlent ma nuque, au même endroit qu'il a mordu tout à l'heure.

Mais rien, pas de morsures mortelles ou autre, juste des effleurements rapides et attentifs, un souffle s'échouant sur ma peau, et je fronce les sourcils sans sortir ma tête d'entre mes bras, ce comportement me dit quelque chose....

- AAH !

Mes doigts se crispent alors que le sang coule dans le long de ma gorge, plus que douloureuse, l'estafilade que vient de me faire l'Ombre m'a surpris, et je décide de rouvrir les yeux, méfiant mais curieux, au point où j'en suis rendu, autant profité pour admirer ce que j'étudie depuis ma prime jeunesse.

Je croise aussitôt le regard insondable aux pupilles étroites du Fera Ombra et je me rend compte qu'il ne s'agit pas de Geonhak mais d'un mâle qu'on a jamais recensé et qui est tout aussi impressionnant que son congénère.

Il tourne la tête sur le coté et pousse un sifflement rauque, l'air presque boudeur, bon, on ne sait pas à quoi correspondent leurs expressions faciales proches en apparence de celles de l'homme, mais ça ressemble quand même à de la bouderie.

Il se rapproche d'un coup et me surplombe pour mordre de nouveau ma nuque, plus fort cette fois. Je me tend violemment, la respiration devenant sifflante alors qu'il ne relâche pas sa prise, mon sang bat dans mes tempes, je suis incapable de réagir, comme paralysé par cette morsure, exactement de la même façon que tout à l'heure, dans les airs.

Je suis soudainement décollé de la pierre par la peau du cou, littéralement, et l'Ombre se propulse aisément dans une galerie qui mène à un véritable dédale de couloirs rocheux, ses crocs toujours solidement plantés dans ma nuque, très, trop, proches de mes vertèbres cervicales.

Je ne cherche pas à me débattre, j'aimerai bien rester en vie le plus longtemps possible même si normalement, il devrait déjà m'avoir tué, quoique, je ne sais pas comment ça se passe une fois qu'ils ont embarqué leur proie.

Il s'enfonce de plus en plus dans le dédale et je me demande quelle taille fait cette grotte, ou ces grottes, car ça m'a l'air gigantesque, surtout que je n'en ai jamais entendu parler tant qu'à faire.

Soudain, nous débouchons dans un cul-de-sac et je fronce les sourcils, le passage s'est énormément étréci, je n'aime pas ça du tout. L'Ombre me fait passer d'un coup sur ses épaules et je me rend compte qu'il y a bien un chemin mais comment dire....

Au dessus de moi se trouve une galerie verticale extrêmement étroite, vraiment, de profil, on doit pouvoir passer, et encore, et si il y avait une certaine luminosité dans le reste de la caverne grâce à la proximité avec l'extérieur, par là, je ne discerne qu'une obscurité angoissante.

Les mains de l'Ombra se referment sur mes chevilles et il me pousse sur le long de ce tunnel, me forçant à chercher des prises pour ne pas tomber.

Je m'accroche à des aspérités dans la paroi et limite ma respiration à son minimum, c'est vraiment étroit, enfin ça va puisque l'Ombre passe mais quand même, les murs sont bien trop proche l'un de l'autre.

Je sens mes pieds rencontrer les épaules de mon ravisseur, on va dire ça, qui escalade sans peine, de profil, me faisant avancer et je me hisse comme je peux, m'écorchant les doigts sur les contreforts et dans les creux rugueux, grimaçant douloureusement.

Au fur et à mesure que l'on monte, la cheminée s'étrécit encore plus, et bien vite, je me retrouve le nez à moins d'un millimètre de la roche, je ne sais pas comment l'Ombre fait encore pour avancer alors qu'elle est bien plus épaisse que moi. L'obscurité augmente mon stress, je n'y vois plus rien, c'est terrifiant.

Je coupe ma respiration, trop terrifié à l'idée de rester coincé, je ne peux que continuer ma progression vers le haut de toute manière, il m'est impossible de redescendre, même si le Fera Ombra partait, car la légère inclinaison du passage ne permet qu'un aller sans retour.

Je glisse d'un coup, me rappant la joue contre la pierre et l'autre être vivant sous moi griffe ma cheville avant de me repousser de nouveau en avant, me réorientant correctement.

Le boyau monte ainsi sur plus d'une dizaine de mètres, les mètres les plus angoissants de ma courte vie, croyez moi, et je sors d'un coup sur une petite plateforme assez large pour que je puisse respirer librement mais trop basse de plafond pour que je puisse ne serait-ce que m'asseoir.

L'Ombre sort quelques secondes plus tard, s'extirpant bien plus facilement que moi de la roche, et elle me fait pivoter pour me dévoiler l'existence d'un autre boyau si je me fie au courant d'air mais ça me semble pire cette fois, car il est à l'horizontal et à l'instant où je suis poussé vers lui, une évidence m'apparait. Je vais devoir ramper là dedans ?!

En réponse à ma question intérieure, une morsure sur ma cuisse me fait avancer vers le plus étroit des passages, et je m'engouffre à contrecoeur dedans, découvrant avec une horreur sans nom que je suis obligé d'avoir la tête baissée et le bassin collé au sol tant c'est bas, et pour donner une idée de l'étroitesse, j'entend les épaules de l'Ombre frotter contre la roche.

Péniblement, je progresse dans ce conduit obscure, car oui, je ne vois absolument rien depuis une dizaine de minutes, et je me sens de plus en plus oppressé, mon coeur bat très vite et mes mains sont moites alors que je m'aide de mes bras pour me tracter, priant tout les dieux en lesquels les hommes croient ou ont crus, pour qu'il n'y ai pas une ravine ou un éboulement qui m'entraine dans le fond, car là aucune chance que je m'en sorte.

Soudainement, mes doigts ne rencontrent plus la paroi et je me fige, l'Ombre se cognant sur mes jambes, hors de question que j'avance si je ne sais pas ce qu'il y a ! Peut-être un précipice mortel qui sait !

Je reçois plusieurs griffures et morsures sur la chair qu'il a sa porté mais je refuse de bouger, explorant du bout des ongles l'espace devant moi.

C'est seulement quand je sens qu'il y a un sol qui m'a l'air stable que je consens à avancer de nouveau et je débouche enfin dans un large espace noir, avec une bonne hauteur puisque je ne sens pas de plafond en me redressant prudemment, une main au dessus de ma tête pour me prévenir d'un quelconque danger, ce n'est pas le moment de me briser le crâne contre un stalactite.

Plongé dans l'obscurité, je n'ose pas m'aventurer plus loin, attendant l'Ombre qui me rejoint sans problème apparemment, et je couine de surprise et de douleur quand ses crocs se replantent dans la peau de ma nuque.

Il me soulève de nouveau, se relevant facilement, et je suis porté comme ça sur environ une centaine de mètres, enfin, je me repère à ses enjambées donc ça peut être bien plus étend donné qu'elles sont plus longues que les miennes, jusqu'à ce que je vois une source de lumière qui fait palpiter mon coeur, une sortie ?

On se rapproche de plus en plus de la lumière et au fur et à mesure, j'analyse qu'elle semble trop étrange pour appartenir au soleil ou aux étoiles, il y a quelque chose qui cloche encore une fois....

J'entend de l'eau couler pourtant, mais je ne sens pas de courant d'air, et mes yeux s'écarquillent d'un coup.

- Omo.... soufflai-je en voyant l'endroit où nous venons d'entrer.

Une immense caverne, vraiment titanesque, aux murs tapissés de pierres phosphorescentes de plusieurs couleurs, rouge, bleu et vert, même un peu de blanc sur le haut, et au fond, une source d'eau éclairée par tout ça s'écoule, parfaitement transparente.

Des stalagmites, des stalactites et des colonnes remplissent la grotte, incrustés de gemmes luisantes, et je reste émerveillé devant la splendeur de l'endroit qui me semble juste phénoménale, je n'ai jamais rien vu de tel pas même dans les livres ou les films !

C'est quand l'Ombre me dépose sur une sorte de couche que je réalise que cette caverne doit être l'endroit où elle vit car il y a des débris d'ossements d'animaux, des entailles profondes sur les murs et des traces visibles de vie avec des nids de feuilles séchées, de plumes éparses et de pelages.

J'en oublie toute ma peur, admirant le lieu avec des étoiles dans les yeux, c'est si beau, si incroyable, si irréel, je me croirais dans un conte de fées !

Béat, je ne calcule pas mon ravisseur qui se glisse dans mon dos, et je sursaute brusquement quand une langue léchouille les traces de sang de mon cou.

Je ne bouge pas, n'osant pas émettre un son, et je cherche à me rappeler où est-ce que j'ai déjà vu ce type de comportement des Fera Ombra, dans quel cadre agissent-elles ainsi ? Je suis sûr d'avoir déjà lu des documents qui décrivaient l'acte du brun mais lesquels ?

La déglutition pénible, je réfléchis à toute vitesse alors que l'Ombre, va falloir que je lui trouve un nom avant de mourir, histoire de l'appeler autrement que Ombre, m'a rapprocher de son corps pour mordiller et lécher ma nuque, disposant de petites griffures bénignes sur mes vêtements, l'air un peu frustré de ne pas atteindre ma peau.

- Attend mais....

Il se recule un peu de mon cou, penchant sa tête pour me regarder, probablement curieux du son que je viens d'émettre alors que je comprend soudainement.

- Me dis pas que.... Non c'est pas possible....

Le comportement de l'Ombre ressemble à une parade nuptiale... Oui leurs méthodes de séduction.... Mais ça peut pas être ça !

Pourtant, ça remplit presque tout les critères de ce qu'on a pu observer de la séduction entre eux....

La traque pour commencer, il nous a suivit jusqu'à ce que je sois en position suffisamment vulnérable et éloigné de mes congénères pour qu'il puisse passer à la deuxième étape, le "rapt", c'est plutôt l'isolement du non dominant ou de la femelle, mais s'il a pu par un mystère total me prendre pour un des siens, il n'a pas pu me confondre avec une femelle quand même !

Ensuite, il m'a conduit dans une grotte, probablement dans le but de me montrer qu'il a de l'espace pour protéger mes potentiels rejetons, et il a commencé à mordre ma nuque, c'est ce que fait toujours le dominant qui veut s'accoupler, yes... pour me signaler qu'il était totalement ouvert à la paternité, re-yes....

Comme je ne réagissais pas vraiment, il a du penser que je n'étais pas assez impressionné par ses capacités ou par l'abri qu'il me proposait, et il m'a emmené dans son nid, bien plus sécurisé et protégé que le reste, pour achever de me faire "tomber" pour lui....

Et si j'en suis mon raisonnement quand même improbable bien que ça colle sur beaucoup trop de point, là il est en train de réclamer mon.... Attention sexuelle.....

Mon dieu, sortez moi de là....

Cependant, il y a quelque chose qui me turlupine et qui m'intéresse dans cette histoire, si c'est vraiment ça, comment se fait-il qu'il ai pu me confondre avec un mâle de son espèce ? Je n'en ai absolument rien, je suis plus petit qu'eux, je n'ai pas de griffes ou de crocs, pas d'ailes, de queues ou de nageoires, il a bien du se rendre compte que je ne voyais pas dans le noir et que je n'étais pas à l'aise dans les galeries contrairement à eux....

Il mord un peu plus fort mon cou, commençant à s'impatienter sérieusement, et je prend ma tête entre mes mains, paniqué, comment une Ombre lui aurait elle montré son désintérêt ?!

Déjà, il n'est pas en ruts, ses yeux n'ont pas la même couleur et je ne sens pas de problème au niveau de son anatomie reproductrice donc il y a moins de risque que je me fasse violer, mais il a l'air d'avoir de la suite dans les idées parce que ses morsures se font de plus en plus insistantes.

- Non en fait non.

Ca va pas marcher ça mais bon.

- AIE !

Il a mordu plus bas, quémandant que je réagisse et que je me mette dans la bonne position, sauf que je ne sais pas comment lui témoigner de mon plus total refus, peut-être qu'en ne bougeant pas d'un pouce, il comprendra que c'est non.

Après, prennent-ils en compte le consentement de leur partenaire ? Je ne suis pas sûr, il me semble que oui, en dehors des ruts, mais quand même e-

Ah merde il a compris le principe du bouton...

Premier réflexe quand on te déshabille sans ton accord ?

- Lâche-moi !

Je le pousse instinctivement de toute mes forces, le faisant reculer sous le coup de la surprise, et je me lève en rattachant ma chemise, détalant dans la grotte, pas trop loin parce que je ne veux pas me perdre, enfin pour se perdre, faut déjà savoir où on est de base mais bref.

Il se relève à son tour, l'air dépité, c'est dingue à quel point ses expressions sont humaines, et il se rapproche de moi, à pas de loup, une main tendue en avant comme pour me rassurer ou m'attraper, au choix, mais je m'écarte de nouveau, remarquant qu'il a bien compris que la fuite voulait dire non.

Il finit par s'arrêter à quelques mètres de moi, le nez plissé par l'incompréhension, c'est logique qu'il ne comprenne pas pourquoi je ne veux pas m'accoupler avec lui, il m'a montré sa patience, sa force en me brinquebalant partout, son nid et une bonne partie de ses capacités à faire un bon père, et toute Ombre, femelle ou mâle non-dominant, aurait tout de suite succombée à ses charmes parfaits, sans compter, mais ça c'est plus humain qu'Ombre, qu'il est loin, mais alors loin d'être laid, cette ressemblance physique avec les hommes fait que très souvent, il est dans le fantasme populaire d'avoir une Ombre pour compagnon, tant de films ont mis en place ce genre de romance irréalisable, plot twist, c'est pas possible sans crever, et pourtant je dois admettre comprendre le principe, surtout quand on voit la beauté exceptionnelle de celui-là.

Mon immobilité le temps de ma réflexion lui a permis de se rapprocher de nouveau de moi et je fais un bond de surprise en le voyant si proche. Il me rattrape délicatement par la taille et revient mordiller ma nuque, à peine forceur les dominants chez eux....

Je le repousse de nouveau, refuyant jusqu'à me cogner à une colonne, et il a l'air de réfléchir quelques minutes avant de soudainement tourner les talons pour disparaitre dans la seconde, sortant par je ne sais où, et me laissant seul, dans une caverne d'on je ne peux pas sortir et dont je ne sais rien.

Nice, j'ai pas du tout beaucoup plus peur d'être isolé...

Je souffle profondément, voyons le bon coté des choses, tant qu'il n'est pas là, il ne me courtisera plus, c'est déjà ça...

Je regarde tout autour de moi, me demandant si visiter serait une bonne idée, mais le problème, c'est qu'entre tout ses piliers rocheux, je ne suis pas sûr de pouvoir me repérer, et si je sors de la zone éclairée par les pierres phosphorescentes, je me met en danger.

Règle numéro un de l'exploration, si tu es seul, tu ne fais rien qui te mettes en danger car personne ne peut t'aider ou chercher du secours.

Donc, je vais m'asseoir là, sur ce caillou plat, et attendre de voir ce qu'il va se passer, au pire, si j'ai soif, j'ai de l'eau pas loin, je ne pense pas qu'il ne revienne pas, ce n'est pas dans leurs habitudes d'abandonner leur nid.

Installé en tailleur, je regarde tout autour de moi en me plongeant dans mes pensées, il est sorti oui mais par où ? Je ne compte pas partir seul après, c'est peut-être complètement con, mais avec le trajet de l'allée, je n'ai pas forcément envie de me perdre dans ces dédales souterrains, la chance que je meurs coincé dans une galerie étroite est bien trop forte.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule, sans le soleil c'est impossible de se repérer, et je me sens fatigué et affamé, je n'ai même pas de nourriture dans ma chemise ou dans mes poch- MAIS OUI MES POCHES !

Je fouille dans les amples poches de mon pantalon et en sors tout ce que j'y ai rangé, autant voir mon matériel sur place.

J'ai deux stylo Bic, et un crayon de bois, un paquet de post-it, mon carnet de croquis, une fourchette réutilisable en plastique, oh oui ! J'ai mon purificateur d'eau, oui ces poches sont immenses, mais elles sont faites pour ranger notre fatras, et forcément, j'entrepose tout ce qui rentre dedans.

Je découvre un couteau suisse dont j'avais littéralement oublié l'existence, un paquet d'élastiques et un nombre de trucs que je ne peux même pas vraiment définir, des bouts de souris démontées, quelques morceaux de métal, une cartouche de plume vide, et une pleine aussi, un fil d'écouteur cassé, une dizaine de punaises et un mini-tube de dentifrice. Par contre, j'ai pas la brosse à dents qui va avec, non mais tant qu'à faire.

Machinalement, je joue avec un élastique, m'occupant les mains alors que mon esprit reprend sa réflexion.

Il faut que je trouve un nom pour cette Ombre, se sera mieux que de l'appeler Ombre. Je souffle et me rappelle soudain comment j'avais appelé mon doudou étant petit, il était de la même couleur que les cheveux de mon.... Courtisan ? Ouais, on va dire ça, parce que son comportement reflète de la séduction.

Youngjo.

Mon ravisseur va s'appeler Youngjo.

Je n'ai pas le temps de m'approfondir sur ce sujet que le nouvellement dénommé arrive, maculé de sang, et je beugue en voyant le cadavre de tinamou (un piaf) qui pend entre ses crocs, il était donc parti chasser.

Il fonce vers moi, les yeux étirés dans une moue fière, et il dépose solennellement l'oiseau qu'il a tué sur mes genoux, me faisant grimacer malgré moi, je n'ai rien contre la viande et j'ai l'habitude de voir des cadavre d'animaux, je suis en études scientifiques quand même, mais c'est relativement spécial d'avoir un machin mort qui se vide de son sang sur tes cuisses alors qu'il n'est pas dans tes projets de l'étudier.

Youngjo semble tout de suite remarquer ma moue et je suis sûr de l'entendre soupirer, je me demande bien ce qu'il se dit dans sa tête, peut-être un truc comme : "mais il est jamais content celui-là, je veux faire des gosses moi !". Ah parce que oui, faire des gosses, littéralement ou métaphoriquement, oui bon y a plus poétique comme métaphore mais faites pas les innocents vous savez ce que ça veut dire, c'est en haut des priorités chez les Ombres, encore plus que chez les humains qui sont pourtant bien placés dans le "je veux baiser tout le temps !".

Il tente quand même sa chance et je couine douloureusement quand il plante de nouveau ses crocs dans mon cou, plein d'espoirs que j'accepte apparemment.

Non.

Je le pousse une nouvelle fois et redégage, ramassant mon élastique au passage et laissant involontairement tombé le piaf décédé, ce qui ne plait pas forcément à mon courtisan qui ramasse sa proie en levant des grands yeux vexés sur moi. Je ne sais pas comment interpréter ce regard, mais il réveille en moi une forte culpabilité, on ne sait rien sur les sentiments que ressentent les Ombres, surtout vis à vis de leur partenaire ou "crush", et j'ai l'impression qu'il n'aime pas que je ne témoigne pas plus de reconnaissance envers son cadeau pour le moins... Original.

- Désolé Youngjo, mais en général, on ne m'offre pas ce genre de trucs pour me séduire, grimaçai-je en maintenant une bonne distance entre lui et moi.

Le son de ma voix le fait siffler, il se demande ce que je lui raconte sans doute, et il revient pas à pas, son tinamou dans les mains, ses prunelles noires semblant me demander d'accepter son présent.

Alors, je lui explique comment je mange pas de viande crue ? Surtout si je sais pas comment il l'a buté... Oui bah je fais ma fine bouche, ou ma diva, mais voilà !

Je suis soudainement happé par le bras pour atterrir contre Youngjo qui me prend entre ses crocs, c'est un tic chez lui je crois, pour me ramener à son nid où il me dépose, m'empêchant de me relever en s'asseyant sur mes jambes de façon à ce que je ne puisse plus fuir.

Il ne remord pas nuque mais ne quitte pas sa position alors qu'il commence à manger, me reproposant la viande au passage, hors de questions, je ne suis pas encore assez affamé pour ça, et je finis par m'allonger sans réfléchir, le laissant diner ou déjeuner, mais je dirais petit déjeuner vu l'heure à laquelle il m'a enlevé.

Y a des fois où mon cerveau ne tourne pas rond... S'allonger, c'est se mettre en position vulnérable.

Youngjo abandonne aussitôt son oiseau pour mordre mon épaule, histoire de changer, ses pupilles étrécit montrant une certaine impatience et je pousse un grognement douloureux en le repoussant, ma peur à son égard a bien diminué sur le point où je ne crains plus trop d'être tué, apparemment ce n'est pas son objectif principal.

Je le repousse faiblement pour qu'il détache ses crocs de ma peau mais il ne s'arrête pas, grognant un peu, frustré, maintenant qu'il m'a montré qu'il savait ramener à manger, je devrais le considérer comme un partenaire idéal selon leurs critères, et je raffermis ma poussée, le faisant basculer sur le coté, manquant de déchirer mon épiderme.

Il soupire de nouveau mais ne revient pas à la charge, jugeant que je n'étais pas assez impressionné peut-être, et je m'éloigne un peu pour me reposer, je suis fatigué, avec un peu de chance, je vais pouvoir récupérer un peu tant qu'à faire.

Mes paupières sont très lourdes malgré mon stress et au lieu de simplement somnoler comme je l'avais initialement prévu, je m'endors comme une masse.

Un bruit sourd près de mon oreille me fait me redresser d'un bond, complètement paumé, et je met une seconde avant de comprendre, Youngjo vient de déposer un bon nombre de fraises à coté de moi, les yeux remplis d'espoirs.

- J'ai faim mais si j'accepte ton cadeau, tu vas me sauter dessus....

Mon ventre vide gargouille bruyamment et les fruits bien mûrs me font de l'oeil, l'Ombre remarque aussitôt mon intérêt pour ses trouvailles et il fait un grand sourire, vraiment très humain, en en posant une dans ma main, me montrant par la même occasion que les baies sont parfaitement intactes.

Je mange, je mange pas..... J'ai faim cela dit.... Ouais mais il va prendre ça pour un feu vert alors que non.... Mais j'ai faim.... RAH !

Son regard se remplit d'incertitude soudaine en voyant que je ne mange pas et il observe ses fruits, l'air de se demander ce qui ne va pas, c'est vrai que si je "ne suis pas carnivore", je mange forcément des plantes.

Le terrible débat de mon estomac et de ma tête prend fin quand je cède à l'appel du ventre pour avaler prudemment la fraise, attirant toute l'attention de Youngjo qui attend mes réactions, il ne sait sans doute pas si le fruit est mûr ou non, et se demande probablement pourquoi j'ai tant hésité à manger et si c'est parce qu'il n'a pas bien choisi sa récolte.

Après une seconde de réflexion, j'attrape les autres fruits, j'ai beaucoup trop faim pour jouer la carte de la prudence, de toute façon, maintenant que j'en ai manger un, autant finir et voir après les conséquences.

Pas très scientifique ?

Ouais mais je suis étudiant, pas encore scientifique et j'ai la dalle.

Donc je peux manger même si c'est pas recommandé.

Sous les yeux attentifs du brun, je dévore les baies qui remplissent un peu mon estomac vide, il y en a beaucoup, je ne sais même pas comment il a pu en ramasser et en ramener autant sans qu'elles ne soient abimées, il doit avoir une sacrée détermination, et lorsque j'ai fini, je soupire de soulagement, ce n'est pas ce qu'il y a de plus nourrissant mais c'est déjà pas mal.

Youngjo me contourne de nouveau et je sais déjà ce qu'il va faire. Je ne sursaute pas quand ses crocs se plantent dans ma chair et je le repousse encore, le plongeant dans la plus profonde des incompréhensions.

- Désolé Youngjo, c'est gentil mais non.

Il réitère pourtant sa demande, comme si il y avait juste eu un problème de compréhension, et pour bien me faire capter ses intentions, il passe ses mains le long de mes cuisses, remontant dangereusement près de mes zones sensibles.

- Alors, tu ne mets pas tes griffes là-dessus ! Partout ailleurs si tu veux mais tu me coupes pas le service trois-pièces, merci bien ! protestai-je en éloignant ses armes redoutables de cet endroit que j'aimerai bien garder intact autant que possible.

Il ne comprend pas mon geste, apparemment l'instinct de survie ça ne le connait pas pour ça, et il mord un peu plus fort ma nuque, je vais avoir le cou déchiqueté à ce rythme, non parce que je sais pas si je vous ai dit à quel point ses crocs sont tranchants mais c'est quelque chose, les vampires, c'est des petits joueurs comparés à ses canines là.

Sa langue repasse sur ma peau, peut-être suis-je plus réceptif à ça, et je passe sans réfléchir, j'ai abandonné la réflexion en chemin ça ne va plus, mes doigts entre ses dents et mon épiderme.

Par chance, il ne mord pas mes phalanges, se contentant de les lécher soigneusement, je dois avoir les mains dégueulasses en plus, bon ça il s'en fout, son système immunitaire nique le game, il peut guérir de toute les maladies ou infections presque, leucémie, malaria, rougeole, tuberculose ou même le sida, tout ça ne lui fait pas plus d'effet qu'un petit rhume pour nous.

Je le pousse aussi vigoureusement que je peux et il se recule, une moue penaude, je dois être son "crush" le plus inaccessible, en temps normal, il serait déjà en train de faire des gosses avec moi.

Je me lève et m'éloigne de lui, le faisant siffler et se relever. Collé à mes talons, il me suit jusqu'à la rivière souterraine alors que je prend de l'eau avec mon purificateur pour me désaltérer un bon coup, et il ne me lâche pas d'une semelle quand je retourne vers un pilier pour m'asseoir.

Il s'installe juste en face de moi, très proche, nos jambes se touchant, et il se met à jouer avec mes cuisses protégées par le tissu épais de mon bas, les griffant un peu et essayant d'atteindre, sans me blesser, sympa de préciser cette étonnante délicatesse, ma peau.

Je ne peux m'empêcher de prendre mon carnet et mon crayon de bois pour le dessiner rapidement, ce genre de comportement réveille le scientifique en moi, c'est extrêmement intéressant de voir une Fera Ombra agir ainsi.

Une main se referme soudainement sur le papier et curieux, Youngjo me prend l'objet des mains pour regarder ce que j'étais en train de faire. Il ne voit que son visage, esquissé rapidement, et fronce les sourcils, tournant en tout sens le livret pour tenter de comprendre ce que c'était.

Un pouffement m'échappe, pas moqueur, juste amusé, il me fait pensé à un enfant, un enfant qui veut me faire des gosses mais passons, et il se redresse d'un coup en entendant mon rire, ses pupilles s'étrécissant violemment.

Je recule vivement, surpris par son mouvement brusque, et je sursaute quand il affranchit toute distance entre nous, se collant à moi, sa poigne enserrant fortement ma taille et ses dents se posant sur ma jugulaire.

Je me raidis, la peur revenant d'un coup, il va me tuer ?

Mais il se contente de mordre doucement, n'allant pas jusqu'au sang, faisant par contre une marque profonde, et je ne sais pas comment réagir quand il me fait basculer contre la colonne, me surplombant de toute sa stature.

C'est le moment que mon cerveau choisit pour faire ce que je m'interdis de faire pour me protéger depuis le début, regarder vraiment son corps et son visage, et mes joues s'empourprent, définitivement, je comprend ce fantasme populaire d'un coup.

Les muscles saillants, la peau bronzée et les veines apparentes, sans compter des traits d'une beauté frappante, Youngjo est beau, mais clairement, ce n'est pas le moment de me laisser aller à une contemplation, engendrée par une overdose de drama et de films mettant en scène des Ombres malgré mes connaissances qui contredisent la plupart des conneries de ces fictions.

Ah, et j'avais pas précisé depuis le début ? Il est nu, normal certes mais ça prend toute son importance dans ce genre de situations.

Je tente de le repousser, mais cette fois, il n'y semble pas réceptif, ses griffes tranchants sans qu'il n'y fasse attention ma chemise, et je cherche à tirer le tissu pour cacher mon torse à ses crocs et ses yeux affamés.

Soudainement, il est fauché par une silhouette plus grande qui se réceptionne habilement en plaquant Youngjo contre une stalactite, et je me relève d'un bond pour tenter de savoir ce qu'il vient de se passer.

Je reconnais d'un coup l'attaquant, c'est Geonhak-

- Tu vas bien ?! me lance soudainement une voix humaine et je fais volte-face pour voir un jeune homme dans le plus simple pareil, couvert de marques de crocs, qui se rapproche rapidement de moi.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? bégayai-je alors qu'il n'est plus qu'à un mètre de moi.

- J'ai demandé à Leedo de te sortir de là, explique le noiraud en s'arrêtant, Je suis Seoho, au fait, enchanté, tu dois te poser pas mal de questions non ?

- Euh oui, Hwanwoong, enchanté de même, effectivement, je ne comprend absolument rien...

- C'est normal, en vue des marques sur ton cou, j'imagine que Ravn t'a fait des....Avances insistantes...

- Ravn ?

- C'est le nom de l'Ombre qui t'a emmené ici.

Youngjo s'appelle donc Ravn en vérité, d'où sort ce nom ? Bref, ce n'est pas le sujet.

- Effectivement, c'est le moins qu'on puisse dire....

- Ce sont des gros forceurs, je suis passé par là aussi avec l'autre machin qui se bat avec Ravn.

- Mais... Qui es-tu et comment tu t'es retrouvé ici ? Et pourquoi tu sembles si familier avec eux ? Et-

- Oula, doucement, une question à la fois Hwanwoong, pour commencer, je te l'ai dit, je suis Seoho, mais si tu veux que j'approfondisse, je suis coréen, j'ai... On est quel mois ?

- On est début mai....

- Donc j'ai vingt-quatre ans et je vis ici depuis dix ans. Pour te la faire courte, j'ai été séparé de mes parents durant une randonné et je me suis perdu dans la montagne, Leedo m'a trouvé et contre toute attente, il ne m'a pas tué, bon, il m'a enlevé, faut pas rêver, c'est un tic chez eux, mais il m'a aussi et surtout sauvé la vie.

Je fronce les sourcils, perturbé, j'ai entendu parler de cet adolescent déclaré mort après une disparition non-élucidée, ça a fait couler beaucoup d'encre dans le monde, et je ne sais pas quoi en penser. En regardant bien, son apparence se rapproche de celle de la photo qu'on avait de lui si mes souvenirs sont bons, et je ne pense pas qu'il mente, ce serait trop improbable qu'un humain soit juste comme ça parmi les Ombres.

- Et tu-

Des bras me tirent sèchement en arrière et je suis brusquement éloigné de Seoho, tracté par Youn-Ravn, qui m'entraine à quelques mètres de là, montrant les crocs, alors que Leedo essuie le sang qui coule de ses lèvres, rejoignant le noiraud d'un pas lourd.

L'autre humain pousse un sifflement strident, très proche de ceux qu'émettent les Fera Ombra, et un grognement agressif de la part de mon courtisan lui répond, sa poigne autour de mon corps se faisant plus forte, plus.... Possessive ?

- Bordel.... Hwanwoong, il est relativement jaloux ce con, il risque de ne pas te lâcher tout de suite, ne le repousse pas pour le moment, il faut attendre qu'il se calme un peu, sinon il risque de te blesser en essayant de te montrer que c'est un mâle dominant puissant.

Je serre les dents, gêné par les muscles qui roulent dans mon dos, et je ne me débat pas quand Youngjo me décolle du sol pour se percher sur une stalagmite plate, montrant farouchement les crocs à Seoho et surtout à Leedo.

- Bon, on va continuer la conversation dans cette position, attend deux minutes...

Il tapote l'épaule du plus grand, émettant des sons fluides, et l'instant d'après, il est assis sur une pierre voisine de la notre, confortablement installé sur les jambes de l'Ombre.

- Alors, c'est pas ce qu'il y a de plus pratique mais c'est mieux que rien, tu peux m'expliquer comment tu t'es retrouvé là ?

Je lui raconte toute l'histoire, ignorant tant bien que mal les morsures qui attaquent mon cou, décidément, il ne va pas lâcher l'affaire, c'est un peu chiant, on va pas se mentir, mais je vais bien m'y habituer.

- Ah c'est donc de toi dont il parlait l'autre jour !

- Dont il parlait ?

- Il disait qu'il avait senti un mâle non-dominant il y a environ deux semaines.

Il y a deux semaines, j'étais parti relevé les pièges photographiques avec Aloisa, Arman et Minho, c'est à ce moment qu'il m'aurait r-

- Attend... COMMENT CA PARLER ?

Youngjo sursaute et pousse un sifflement rauque en se redressant pour m'observer, l'air de se demander pourquoi je me suis mis soudainement à crier.

- Ah si je peux te donner un conseil avant de t'expliquer, évite de crier ou de pouffer, c'est soit un signe d'agression, soit une invitation à la copulation pour eux, intervient Seoho alors que, tout content, mon courtisan mord mon cou.

- Je ne vais plus avoir de peau à ce rythme...

- T'inquiète pas, c'est bien pensé la nature, comme c'est des gros forceurs et qu'ils ont tendance à demander de façon insistante et récurrente l'attention de leur partenaire, leur salive empêche les infections et favorise la cicatrisation, donc tu crains rien de ce côté-là même si c'est très chiant, je te l'accorde.

- Comment tu sais tout ça ?

- J'ai apprit à parler leur langue, crois moi que ça a pas été une mince affaire parce que ces têtes de mules ne veulent pas apprendre la notre, ils en seraient capable pourtant, mais bref, du coup je te disais, ils ont un langage bien à eux comme tout être vivant mais celui-là, un humain peut l'apprendre et le comprendre. Il est assez proche du notre dans le sens où il reprend le même ordre d'idée, ils ne parlent pas que de bouffe par exemple.

- Ils parlent de sexe aussi ? grognai-je, pince sans rire.

- Oh que oui... Ils n'ont pas la même notion que nous sur ce qu'est l'intimité ou la pudeur, pire que des ados quand il s'agit de parler de cul....

- Je ne sais même pas pourquoi je te crois ni même ce que je fous là.... soupirai-je alors en prenant ma tête entre mes mains, interrompant les morsures de Ravn qui vient frotter son nez contre ma joue en me fixant avec insistance.

- Tu me crois parce que tu n'as pas trop le choix. Et tu es là parce que monsieur Ravn a décidé que tu ferais un bon soumis pour ses ruts qui arrivent bientôt.

- Pardon ?!

- Les Ombres sont normalement très agressives et méfiantes envers les humains, je ne t'apprend rien, sauf que dans certains cas, on possède des gênes, lointain, genre vraiment lointain, de Fera Ombra, et si on a de la "chance", c'est du sang de non-dominant et ça attire ces messieurs qui ne savent pas se tenir...

- Tu te fous de ma gueule pas vrai ?

- Ah nan, tu peux le voir sur mon corps, je me suis fait bouffer plus d'une fois par ce grand machin, et c'est pas du pipo...

- Attend... Il t'a sauté dessus alors que tu avais quatorze ans ?!

- Alors... Ouais... Mais je l'ai laissé me toucher que deux ans après, et je ne te conseille vraiment pas de faire ça parce que quand ils sont frustrés et qu'ils peuvent enfin avoir ce qu'ils veulent, ils n'y vont pas de main morte... Encore que je suis pas sûr que Ravn patiente aussi longtemps vu qu'il veut t'avoir pour ses ruts....

- Rassure moi, c'est un mauvais rêve...

- Non.

- AIE !

J'aurai pas du me pincer le bras alors qu'il est écorché, c'est complètement con.....

Une langue passe sur la marque rouge qui se dessine sur ma plaie et je sursaute, fixant Youngjo qui lèche consciencieusement les égratignures de mon bras.

- Je viens de te dire de ne pas crier, il est dans un état pas possible là...

- Désolé. Mais comment je peux faire ?

- Alors, honnêtement, je ne sais pas, il est si près de ses ruts qu'il ne m'écoutera pas si j'essaye de le raisonner.

- Il n'y a aucune solution ?

- Mis à part si tu veux bien qu'il couche avec toi, nan.

- Et si je ne veux pas ?

- Je ne vois pas... Il ne devrait pas te violer, ce n'est pas dans leur nature de faire ça, mais il va te pousser dans tes retranchements, et crois moi qu'il y a des fortes chances que tu cèdes sans même t'en rendre compte.

- Je n'y crois pas.

- Oh je t'affirme que si, ils savent très bien s'y prendre pour te rendre dingue de désir quand les parades habituelles ne fonctionnent pas, et il y a un point sur lequel les dramas ne mentent pas, les Ombres ont des capacités..... Pour le moins maitrisées.

Je grimace, nerveux, en soit, couché avec une Ombre n'est pas contre-nature compte-tenu de leur proximité physique et génétique de nous, c'est un peu une espèce d'humains qui a évolué différemment en fait, mais tout de même.

- Je pense que ses ruts débuteront cette nuit, m'apprend Seoho, D'ici-là, il va être très collant, et une fois que ça aura commencé, je te souhaite bonne chance.

- J'imagine que je dois dire merci... soupirai-je.

- Tu as faim ?

- Ca n'a aucun rapport.

- Ouais, mais je pense qu'avoir le ventre plein risque de devenir important dans les prochaines heures.

- Il m'a apporté à manger.

- De la viande crue ?

- Hum, et des fraises.

- Il a réussi à te dénicher des fraises à cette altitude ? Hé bah, il est déterminé... Mais ça ne doit pas te remplir l'estomac, je te propose donc de manger des choses nourrissantes.

- Je ne suis pas contre.

Seoho se lève et descend de son perchoir avec habilité avant de trottiner, sous les yeux attentifs des deux Ombres, vers un coin que je n'ai pas exploré, sortant un peu de mon champ de vision. Il revient quelques minutes plus tard avec une sorte de petit sac duquel il sort une espèce de galette semblable à du maïs.

Je quitte les jambes de Youngjo qui pousse un sifflement en me rattrapant, mais je le repousse gentiment pour pouvoir récupérer le repas que me tend Seoho, et je reviens vers le brun, histoire de ne pas trop l'énerver.

Assis juste à coté de lui, je dévore la galette qui a bel et bien le goût du maïs, et j'entend l'Ombre soupirer.

- Il dit qu'il ne comprend pas pourquoi tu manges ce que je t'ai ramené alors qu'il a chassé pour toi et qu'il t'a déjà ramené des fraises, m'informe Seoho, de retour dans les bras de Geonhak.

- Il boude ?

- Oui, mais tu vas vite le découvrir, il est boudeur quand il n'a pas ce qu'il veut, donc t'en fais pas pour lui.

Allongé dans le nid de Youngjo, je m'éveille lentement, le repas et la fatigue avaient eu raison de moi et je m'étais laissé entrainé dans les bras de Morphée, et j'ouvre les yeux, prévenu par un instinct fort.

L'Ombre est assise à coté de moi, le souffle rapide, et il me regarde assidument, l'air d'enregistrer chaque parcelle de mon corps dans sa rétine.

Je me redresse sur les coudes, cherchant Seoho, et je le repère, allongé dans un autre nid, plus loin, avec Leedo.

J'essaye de me lever, mais la main de Youngjo me rallonge et il vient à quatre pattes au dessus de moi, la mâchoire contractée. Je n'ai aucun mal à comprendre que ses ruts viennent de débuter, et je roule sur le coté pour lui échapper.

Il me bloque aisément et ses crocs s'enfoncent dans ma nuque dans un geste qui ne me presque plus mal, je commence à avoir l'habitude au bout d'un moment. Sauf que cette fois, ses mains remontent le long de mon corps, plus éhontées qu'avant, caressant toute la peau qu'il peut trouver à sa portée et trouvant directement des points sensibles qui me font frémir.

Je le pousse un peu, rouge comme une tomate, et il se recule légèrement, léchant ses lèvres couvertes de mon sang dans un geste particulièrement sensuel, Seoho ne m'a pas menti en disant que les Ombres savaient allumer.

Youngjo ne me quitte pas du regard, étudiant chacune de mes réactions, et il bascule la tête sur le coté, contractant ses muscles à la lumière tamisée des cristaux phosphorescents. Je déglutis péniblement, ma libido réagissant bien trop à cette vue, pourquoi je n'ai pas suivit les conseils d'Eunseo qui me disait de me détendre un peu pendant mes temps libres, ça m'aurait peut-être évité d'avoir les hormones à fleur de peau.

Une main de Ravn se pose sur mon torse et descend lascivement le long de ce dernier, déchirant le tissu à l'aide de ses griffes sans que je ne proteste, perdu dans son regard animal. C'est quand sa paume brûlante entre en contact avec mon ventre que je réagis, me dégageant vivement de sa prise et me ruant hors du nid, paniqué, qu'est-ce que j'étais en train de laisser faire ?!

J'entend Youngjo se relever derrière moi mais je ne me retourne pas, courant vers la rivière souterraine pour me mouiller le visage, et je passe mes doigts trempés dans mes cheveux emmêlés.

Des bras m'entourent soudainement, l'Ombre m'a rattrapé évidemment, et au lieu de me mordre comme je le pensais, il se contente de me câliner calmement, enfin calmement, il faut excepter son érection bien présente dans mon dos, mais sinon il est calme.

Sa tête se pose sur mon épaule et je sens ses jambes passer de part et autre de mon corps, sa main caressant mes cheveux humides. Ses lèvres embrassent ma joue, très calme, il est très calme, et recouvrent ma mâchoire de baisers papillons, délicats voire tendres.

Sa main libre se pose sur mon ventre lentement, son pouce venant prudemment masser la peau sensible, et il nous pousse un peu en avant, jusqu'à ce que mes jambes entrent dans l'eau au coté des siennes, bien plus longues.

Son bassin se presse un peu plus contre mes reins mais cette fois, il est paisible, prenant son temps pour toucher mon corps, de telle manière que je ne réagis pas vraiment, trop surpris par cette soudaine quiétude pour réaliser ce qu'il se passe.

Sa bouche dérive de ma mâchoire à ma gorge qu'elle mordille un peu avant de glisser sur mon épaule droite, l'embrassant sensuellement, et je sursaute quand la main qui caressait mon ventre remonte à mes pectoraux plats quasiment invisibles.

Soudain, je perd un peu l'équilibre, n'étant pas dans une posture foncièrement stable, et je récupère brusquement mes esprits, l'eau froide me faisant prendre conscience du début d'érection qui étrécit un peu mon pantalon.

Je me jette dans la rivière par chance parfaitement calme, surprenant Youngjo qui me suit dans la seconde, et je remonte sur la rive très vite pour fuir l'Ombre, je suis en train de perdre les pédales là, ça ne va pas.

Je fonce vers le nid de Seoho et Geonhak, l'autre humain va bien pouvoir me sortir de cette situation non ?

Sauf que je pile des quatre fers en arrivant à quelques mètres de ma destination initiale, l'Ombre est en train de.....

Mes joues chauffent à la même vitesse que mon bas-ventre, qu'est-ce qu'il m'arrive ?! J'ai toujours été réceptif aux images, je crois même avoir un truc pour le voyeurisme, mais ce n'est clairement pas le moment de montrer de l'intérêt mais je ARGH !

Hwanwoong.exe a cessé de fonctionner.

Des gémissements échappent à Seoho qui ne m'a pas vu, contrairement à Leedo qui n'a pas l'air d'en avoir grand chose à faire puisqu'il continu tranquillement à.... Son partenaire...

Youngjo jaillit juste derrière moi et m'enlace de nouveau, ne me faisant absolument pas réagir, mon attention s'étant instinctivement braquée sur le couple en face de moi, j'ai chaud, beaucoup trop chaud, il faut que je me reprenne, c'est irrespectueux envers Seoho en plus de ne pas être du tout le moment.

Mais rien à faire, je me sens en transe, obnubilé par le spectacle et par le corps collé au mien, et je m'effondre au sol, tremblant d'excitation incontrôlée, mon âme scientifique en est à ce demander si les phéromones que doivent dégager actuellement les deux Ombres n'ont pas un peu d'effet sur moi en plus des cris étouffés de l'homme en train de se faire sucer.

Je ne résiste pas quand les crocs de Youngjo s'enfonce dans ma nuque pour une énième fois et il parait très satisfait de ma soudaine réactivité à ses avances, achevant de déchirer ma chemise qui tombe sur le sol, lui donnant un accès total à mon dos découvert qu'il ne se gêne pas d'embrasser et de mordre.

Secoué par un cocktail explosif d'hormones en ébullitions, je frissonne en sentant les mains puissantes empoigner mes hanches et je bascule instinctivement la tête en arrière quand Youngjo embrasse ma gorge une nouvelle fois, je suis totalement perdu au milieu de mes sensations et de mes pulsions.

J'entend Seoho crier de plaisir, mon bas-ventre fait un looping, et mon courtisan semble s'en rendre compte. Il attrape mes cheveux et tire ma tête de façon à ce que je vois parfaitement ce qui se passe devant, ce qui a totalement raison de moi.

Un couinement sort de ma bouche et je vacille un peu, fixant le noiraud qui a été retourné sur le ventre par Geonhak pour être préparé à la pénétration, c'est bien trop pour moi, et quand les yeux embrumés de plaisir de l'autre humain croisent les miens, je me laisse tomber par terre, à la merci totale de Ravn.

Le jeune homme ne semble pas dérangé que je le vois ou quoi, ça a même l'air de lui plaire autant qu'à moi et il me sourit en haletant.

- Je t'av-hmm avais d-it qu'on n-ah ~ ne pouvaiiiit paAHs leur résistER !

Il a totalement raison.

Youngjo se jette sur moi dans la seconde, venant lécher mes tétons avec une avidité délicieuse, je ne sais pas ce que je fais ni pourquoi, mais je crois que c'est trop tard pour reprendre le contrôle.

Le souffle erratique, je concentre mon attention sur l'Ombre qui mord mes pectoraux, il a vraiment un tic quand il s'agit d'utiliser ses crocs, et je gémis d'un coup quand le sol rencontre la peau de mes cuisses mise à nue par les griffes impatientes du plus grand qui n'hésite pas me débarrasser de tous mes vêtements restants, c'est à dire mon pantalon et mon caleçon, en quelques secondes.

L'inconfort relatif de cette position me fait grimacer un peu et soit il s'en rend compte soit il trouve cela désagréable aussi, mais mon prétendant me décolle du sol pour m'entrainer dans le nid de Geonhak et Seoho, le sien est trop loin apparemment.

J'ai juste le temps d'échanger un regard avec l'autre humain que Youngjo embrasse langoureusement mon bas-ventre, se dirigeant vers une zone très précise de mon corps, zone qu'avec ses crocs, je ne suis pas sûr de vouloir qu'il touche, j'y tiens quand même.

Mais quand il pose ses lèvres sur la pointe de mon membre, un râle aigu m'échappe et mes mains se referment dans ses mèches brunes étonnamment douces et propres, m'y cramponnant fortement à l'instant où il englobe progressivement ma longueur, gérant impeccablement sa mâchoire car ses crocs redoutablement acérés ne touchent pas ma virilité.

Juste à coté de moi, Seoho crie, le dos arqué et les hanches durement sollicitées par son amant, et je ne sais plus où donner de la tête, secoué entre la délicieuse chaleur autour de mon sexe et la vue purement pornographique du noiraud qui se fait chevaucher sauvagement par Leedo.

Une main se referme sur mes fesses d'un coup sec, me forçant à regarder vers le bas, et je me cambre en croisant les yeux sulfureux de l'Ombre qui m'enfonce jusqu'au fond de sa gorge, ses lèvres s'appuyant sur mon aine.

- AAANH ~!

Je ne sais pas comment la langue de Youngjo peut-être enroulée autour de mon sexe alors que mon gland est au fond de sa gorge ni comment il arrive à creuser les joues sans me blesser, mais je suis sûr d'une chose, c'est que Seoho et les dramas avaient raison sur ce point, putain ce que les Ombres savent s'y prendre sexuellement parlant.

La chaleur de mon corps est incroyablement élevée et ma peau se couvre d'une fine pellicule de sueur au fur et à mesure que je me rapproche de la délivrance, le désir se faisant de plus en plus insoutenable, jamais aucun de mes anciens partenaires n'avaient été capable de me pousser comme ça dans mes retranchements.

Mon bassin part sans prévenir en avant, heurtant le fond de la gorge de Youngjo et je hurle, me arquant au maximum, mes doigts serrant très fort ses cheveux. Il réussit à ne pas s'étouffer et il se recule juste avant que j'éjacule entre ses lèvres ouvertes, me yeux se révulsant presque tant la jouissance est bonne.

Je sens une main s'accrocher à mon épaule, de l'autre coté, et je vois Seoho chercher une prise pour ne pas sombrer trop loin alors que Leedo lui brise les cordes vocales. Je noue instinctivement nos doigts et il réussit à me dire en gémissant.

- Ac-accroche t-oAAAH ! P-pAARcEEE quEEU RAvn eeest plus violANH ! QuEEEEE LeedOOOO ~!

Les deux Ombres nous observent communiquer, Leedo en donnant de terribles coups de butoir à son amant et Ravn en léchant les dernières traces de sperme sur mon ventre, et ils semblent particulièrement satisfaits de la scène sans que je sache trop pourquoi.

Mon amant remonte pour embrasser longuement mon cou et je suis pris d'une folle envie de l'embrasser, de sentir ses lèvres contre les miennes, j'ai toujours aimé les baisers. Je tire sa tête hors de ma gorge et pose ma bouche sur ses lippes charnues.

Il se statufie complètement, l'air de ne pas comprendre ce que je fais, et même l'autre Ombre se fige pour m'observer, une moue perdue sur le visage.

Je décolle aussitôt mes lèvres et me recule, un peu paniqué, le baiser est assez humain, mais qu'en est-il pour eux ?

- Oh bordel... grogne Seoho, J'aurai du te prévenir tout de suite, ils ne s'embrassent pas pendant l'amour ou quoi, pour eux, c'est une façon de prévenir que la rivière est à sec, me demande pas pourquoi ils ont besoin de se dire ça, mais autant te dire que là, il est paumé...

What ?! La rivière à sec ?!

- Mais je....

- Ecarte les jambes, tu vas voir à la vitesse à laquelle il va passer à autre chose, ricane le noiraud avant de siffler en direction de Geonhak qui arrête de me fixer comme si j'avais fait une énorme connerie et qui recommence à s'occuper de son partenaire.

Je décide de suivre le conseil du plus vieux, mon bas-ventre restant très douloureux, et j'ouvre les cuisses en regardant Ravn avec insistance. Le brun semble oublier l'incident et se rue sur moi, mordant vigoureusement ma nuque dans une dernière demande de mon consentement.

En réponse, je viens mordre son cou sans trop réfléchir, et clairement, ce n'est pas pour lui déplaire vu la force avec laquelle il me plaque sur le ventre, enfonçant trois de ses doigts dans ma bouche par la même occasion.

Je me retrouve presque collé à Seoho et de mon point de vue, je discerne parfaitement le moindre mouvement de Leedo, me rendant complètement dingue d'excitation, j'en ai la confirmation, j'aime observer.

Soudain, j'entend les Ombres communiquer entre elle, Ravn enlevant ses phalanges à peine humidifier de mes lèvres et je vois les yeux du noiraud s'écarquiller. Il me gémit à l'oreille.

- Youngjo ~ v-veut nouuuuuus ! Voir AHNsAHble... Et LeEdOOOOOO est poUR !

- Comment ça ?!

- SEEES rUTs l'inflUENce beaucouup ! Et pUIs Ils sOnt pAArticUUlièrEmENT pervers tU saais !

Leedo attrape la main de Seoho et la dirige vers ma bouche, Ravn me la faisant ouvrir. Plusieurs doigts du noiraud se glissent dans ma cavité buccale et il me fait signe de les suçoter, au point où j'en suis rendu, je ne vais pas protester, je crois que le principe de non-retour prend tout son sens quand on ne sait pas comment on en est arrivé là.

Pendant que je suce les phalanges de Seoho, Geonhak s'est retiré de lui et Youngjo couvre mes fesses de morsures peu profondes mais qui vont sans aucun doute laisser des marques voyantes. Le plus grand des deux dominants se lève souplement pour me contourner sous le regard frustré de son amant et il écarte mon courtisan qui grogne un peu sans pour autant tenter de résister.

Les deux Ombres s'éloignent un tout petit peu, me laissant avec Seoho qui fronce les sourcils en sifflant quelque chose, et qui retire ses doigts de ma bouche, perturbé.

- Ils veulent que je te prépare un peu, parce que je cite, c'est toujours un plaisir de voir les soumis s'amuser entre eux.... Je te jure qu'ils sont tordus, je sais que Ravn est en ruts et que ça ne va pas tarder pour Leedo, mais quand même...

- On... On fait quoi du coup ?

- Bah.... Je ne sais pas...

Je m'assois lentement à coté du noiraud qui peine franchement à se redresser, son dos et son érection le faisant souffrir, et nous échangeons un regard paumé.

- Je t'avoue que y a un truc que j'aimerai bien faire, me dit-il.

- Quoi ?

- T'embrasser. Je n'ai pas pu échanger de baiser avec quiconque depuis longtemps et j'aimerai bien essayer dans un cadre sexuel... Ca pourrait peut-être même leur faire capter que c'est cool les bisous.

Je me rapproche de lui, sentant les yeux attentifs des deux dominants sur moi, et je pose mes lèvres sur les siennes. Il choppe ma nuque à deux mains et me fait basculer en arrière, m'embrassant langoureusement, il se démerde sacrément bien.

Je gémis contre ses lippes, regrettant un peu le contact de Ravn bien que celui de mon vis-à-vis soit loin d'être désagréable, et nos deux bassins se rencontrent dans un déhanché rapide. Il me murmure en reprenant brièvement son souffle.

- Ils ne comprennent pas mais ils aiment la vue, je te propose de les rendre fous ~

Je suis tellement excité et désireux, je ne pense actuellement qu'à l'acte sexuel, que je répond positivement à sa proposition.

Nos bouches se retrouvent et cette fois, je passe au dessus, collant mon membre dur aux fesses humides de Seoho, si les dominants ne réagissent pas, il y aura pénétration et il vaut clairement mieux que ça soit lui, il est préparé mais pas moi.

J'entend Geonhak gronder et Youngjo siffler, mais je ne les regarde pas et échange un regard avec le noiraud qui lève son bassin en réponse, me faisant comprendre que je pouvais. Je commence lentement à m'enfoncer dans ses chairs serrées, couinant, c'est la première fois que je suis top, ces sensations me sont inconnus et pas forcément désagréables.

Je n'ai pas le temps d'aller bien loin cependant, Leedo m'arrache de son partenaire avec force, me montrant agressivement les crocs, et je me sens attrapé par Ravn qui n'a pas non plus l'air d'avoir apprécié le coup.

- AAAAAH !

Seoho s'est fait violemment pénétré par son amant qui ne lui laisse absolument aucune seconde de répit alors que mon courtisan m'allonge sans ménagement sur le ventre à même le sol, de façon à ce que l'autre humain voit bien, comme un avertissement, ce qui va se passer.

Trois doigts s'enfoncent en moi sans prévenir et je bénis, en hurlant, la possibilité de rétraction des griffes parce que si là, ça fait mal, avec des griffes je me serais évanoui de douleur à coup sûr.

Youngjo ne s'attarde pas sur la préparation, son impatience et sa colère prenant le dessus sur sa potentielle douceur, et son membre appuie entre mes fesses après moins d'une minute de préliminaires. Je me crispe aussitôt, anticipant, négativement sur ce coup, ce qui va suivre.

Mais rien, l'Ombre a vu ma soudaine peur et s'est arrêté. Il caresse ma chute de reins dans un geste rassurant et attrape mes cheveux pour me relever la tête, observant mes lèvres, l'air de se demander quelque chose.

Et d'un coup, il m'embrasse, d'abord hésitant, il est en terrain inconnu, puis bien vite, il trouve de l'assurance et même une maitrise, soit son mimétisme est vraiment développé, soit il est doué de nature.

Je suis tellement pris de court par ce baiser auquel je répond lubriquement que je me détend et il en profite pour me pénétrer d'un coup sec et puissant, faisant sursauter Seoho que Geonhak maintient dans une position telle à ce qu'il ne rate rien des évènements.

- HMMMM !

Je n'ai pas le temps de m'attarder sur la douleur lancinante que l'Ombre cesse de m'embrasser pour s'enfoncer animalement en moi, ses coups de buttoir trouvant un rythme terriblement élevé qui m'empêche de reprendre mon souffle correctement.

La souffrance est forte, mais en même temps, mêlée à mon désir, elle n'est pas intenable, et je m'y adapte vite, le plaisir prenant le pas sur le reste. Ma main descend vers mon membre douloureux dans le but de le soulager aussi, mais Ravn la bloque violemment, m'empêchant d'y accéder.

En face, Seoho a déjà joui, ce qui n'empêche pas Leedo de continuer, et ma tête me tourne sous le nombre de facteurs érotiques qui me stimulent en même temps, comment résister ?

- ANNNNH ! hurlai-je, ma prostate se trouvant soudainement sollicitée, je vais devenir fou à ce rythme.

Les coups de reins de Youngjo sont de plus en plus fort et précis, il enfonce ses doigts dans mes hanches et mord ma nuque en même temps, me faisant totalement perdre pied, je ne sais plus qui je suis, où je suis ni pourquoi, mais je sais que le plaisir est si fort qu'il me fait mal de bonheur.

Un grognement sourd et particulièrement grave résonne dans le nid et je vois Geonhak se retirer de Seoho qu'il a rempli de sa semence pour le faire tourner vers moi, me dévoilant l'anneau pulsant du plus vieux qui n'arrive plus à respirer correctement, comme pour me faire comprendre que le noiraud est à lui, et à lui seul.

Cette vision a raison de moi en même temps qu'un coup bien placé et je viens sans même toucher à mon sexe douloureux qui recouvre mon ventre et le sol de ma jouissance.

- AAAH !

La main de Ravn passe sous ma gorge et il me redresse sans sortir de moi, s'enfonçant toujours plus loin. Je m'agrippe à son bras puissant alors qu'il me déplace rapidement, me ramenant dans le nid où il me met sur le dos, jambes relevées de chaque coté de son corps, et il plonge son regard dans le mien, ses prunelles étincelantes me faisant passer des messages salaces bien plus efficacement que tout les dirty talks.

Son corps couvert de sueur, ses longues mèches collant à son front humide, chacun de ses muscles contractés, ses lèvres charnues qui laissent passer des soupirs érotiques et ses yeux noirs d'encre, comment ne pas succomber encore ?

Je retente de prendre mon membre en main et il m'en empêche de nouveau, ramenant mes poignets au dessus de ma tête à une vitesse folle, pour lui même enserrer mon sexe tendu.

C'en est trop pour moi une deuxième fois et je me déverse dans sa main, signant la fin de la résistance de mon corps, je suis épuisé. Il le comprend car il s'arrête et sort de moi, me rallongeant délicatement, avant de se tourner vers Leedo, l'air de vraiment vouloir satisfaire ses ruts.

Devant Seoho et moi, les deux dominants commencent soudainement à se battre sans aucune raison, roulant sur le sol dans une violence inouïe et je peine à comprendre qu'ils sont en fait tout les deux en ruts, apparemment ceux de Geonhak ont commencé durant l'acte, et qu'ils cherchent juste à les soulager à leur manière, la lutte me paraissant quand même très érotisée.

- Hw-Hwanwoong.... m'appelle d'une voix complètement brisée le noiraud.

- O-oui ? croassai-je.

- Je... Crois qu'on peut dormir maintenant.... Ils vont bientôt avoir fini.... Mais je te préviens... Maintenant qu'ils sont en ruts, ça va recommencer demain...

- Quoi....? J-je po-pourrais pas y résister...

- Je pense que si... On verra ça demain de toute manière... Si tu le sens vraiment pas... J'essayerai de gérer les deux... Ok ?

Je hoche faiblement la tête et nous rapprochons l'un de l'autre pour dormir, nous collant instinctivement comme des chiots.

Je me sens vaguement décollé de la source de chaleur confortable qu'est Seoho et je proteste très faiblement dans mon sommeil avant de me retrouver contre un torse qui me plait encore plus que mon ancienne position et je ronronne de joie en me blottissant en koala dans les bras protecteurs.

Un baiser est déposé sur ma nuque, suivit d'une myriade d'autres, pendant une seconde, mon esprit ensommeillé se demande si Youngjo veut déjà remettre ça, mais les bisous qu'il parsème dans mon dos sont plus doux que sexuels, ce qui me rassure, je peux me reposer encore.

L'Ombre masse délicatement mes reins sans me déranger de ma position confortable, et elle en profite pour essuyer l'intérieur de mes cuisses avec de l'eau qu'elle a transporté je ne sais comment. Je geins un peu au contact du liquide froid, et Ravn me calme en frottant son nez contre le mien, paraissant très calme.

Peut-être que ses ruts fonctionnent par vagues et qu'il est actuellement épargné.

Ah nan...

En me tournant un peu sur son torse, j'ai frôlé une érection qui n'est clairement pas naissante, et je me raidis, je ne suis pas encore en état de supporter un autre round, mais il continue de me nettoyer doucement, sans tenter de me toucher sexuellement, et je me détend, rassuré, contre son ventre.

Il recouvre mon épiderme de baisers légers et je l'entend siffler quelque chose qui a l'air très doux au creux de mon oreille avant de me rallonger doucement au près de la place maintenant vide de Seoho.

Je rouvre les yeux, surpris de ne pas sentir l'autre humain et je lève faiblement la tête pour le voir, plus loin dans la grotte, avec Geonhak qui semble lui faire l'amour. Je referme aussitôt les paupières et je me rallonge correctement, dodo, on verra plus tard pour Seoho.

Une main secoue mon épaule et me tire du sommeil pour de bon cette fois. Je me redresse prudemment, mon dos me tirant assez sèchement, et je vois mon courtisan assis à coté de moi avec plusieurs fruits sauvages et des épis de maïs qu'il me tend dès qu'il me voit réveiller.

Je le remercie avec un grand sourire avant de me statufier en portant une pomme à mes lèvres, qu'est-ce que j'ai fait bordel ?!!

Youngjo me tire sur ses genoux, il bande encore ? Ca doit être compliqué les ruts chez eux... Et je panique complètement, me débattant d'un coup malgré la douleur de mon dos, je ne sais pas ce que j'ai fait et j'ai peur.

L'Ombre sursaute en me voyant paniquer et je me lève en boitant, tremblant et reculant, complètement perdu.

Il se hisse sur ses deux jambes d'un bond et m'attrape le bras, une moue de pure incompréhension sur les lèvres. Je reste statufié, le coeur battant très vite, mais qu'est-ce qu'il m'a pris ?! Comment ai-je pu cé-

La bouche de Ravn vient se poser sans prévenir sur la mienne, assez maladroite, on dirait qu'il essaye de me rassurer, il me rapproche de lui avec douceur, collant nos deux corps, et ses mains viennent accrocher mes épaules dans un geste très protecteur.

Ma peur redescend lentement, mon coeur se calme, et je peux réfléchir correctement, en soit que j'ai craqué n'est pas étonnant, j'ai grandi dans une société où le fantasme populaire, c'est ça, en plus de ça, plusieurs facteurs dont mes hormones ont joué dans ce sens, et en soit, je n'ai rien fait d'illégal, c'est légalement autorisé, ou plutôt, ce n'est pas légalement interdit.

Bon, maintenant, reste à savoir, ce que moi j'en pense, puis-je vraiment en dire que j'étais consentant ? Je ne me suis pas senti violé même si Ravn est un sacré forceur et je n'ai pas détesté, loin de là, donc peut-on considérer comme une agression quand même ? Nan puisque je ne le considère pas comme tel et que je suis le principal concerné.

Je répond enfin au baiser de Youngjo, savourant le goût salé de sa bouche, et je passe par réflexe ma langue sur ses lèvres, le surprenant, c'est vrai qu'il ne connait pas ça.

Et si je lui apprenais ?

Je glisse mes doigts entre ses lèvres pour qu'il les ouvre et je faufile ma langue dans sa bouche, le faisant grogner de surprise, ses crocs frôlant dangereusement mon muscle buccal, mais il comprend très vite l'intérêt de cet échange quand je me hisse sur la pointe des pieds pour approfondir.

Il vient à son tour fourrager sa langue dans ma bouche avec fougue, il se démerde bien lui, et sa main vient s'emparer de mes fesses douloureuses pour me soulever puissamment, me poussant à entourer sa taille de mes jambes.

J'oublie totalement mon repas, bien plus concentré sur mon courtisan que sur mon estomac, et je suis plaqué contre une colonne rocheuse, à la merci des crocs de l'Ombre qui ne se gêne pas pour dévorer ma gorge de centaines de baisers, abandonnant mes lèvres pour mon corps.

Je m'accroche à ses cheveux, déjà haletant et brûlant de désir, je sens qu'il a besoin de soulager ses ruts et à quoi bon me creuser la tête ? J'ai craqué une fois, pourquoi pas une autre ?

Il semble bien plus pressé qu'hier quand il ne s'attarde pas sur mon torse pour directement venir mordre mes cuisses, en léchant l'intérieur au passage, et je gémis doucement, point sensible atteint.

Il lève la tête en entendant ma voix et il m'offre un sourire carnassier, ses mains puissantes remontant le long de mes fesses. Un soupir de bien-être parvient à ses oreilles et il embrasse mon bas-ventre d'une façon pour le moins... Langoureuse qui me fait trembler, mes doigts venant serrer sa nuque.

Il détache ses lippes de ma peau et me retourne d'un coup contre la roche, chose que j'apprécie moyen.

- Aie ! Hé je veux bien, mais les cailloux, ça fait mal...

Devant le ton un peu mou utilisé, il s'arrête et mordille ma nuque, vérifiant apparemment que c'est toujours open pour les gosses.

Je le pousse un peu, le faisant grogner tristement mais il se recule sans résistance malgré l'excitation que je lui sens, et je marche plus ou moins droit vers un coin potentiellement plus confortable, me redirigeant instinctivement dans son nid où Seoho s'est rendormi au coté de Geonhak qui lui est parfaitement éveillé.

Je m'assois en fixant Youngjo qui se rapproche lentement, et je lui souris de toutes mes dents en ouvrant les jambes et en lui faisant signe de venir.

Il bondit aisément, se réceptionnant juste au dessus de moi sans aucun effort apparent, et je me blottis dans ses bras, maintenant qu'on est confortablement mis, je peux le laisser faire ce qu'il veut.

Il frotte son nez contre ma gorge et la mordille avant de planter ses crocs dans ma nuque, je crois que c'est devenu une habitude. Je répond en l'imitant plus délicatement, je suis dépourvu de ses dents pointues même si ça doit être super pratique quand même.

Youngjo comprend le message, et même si je perçois le regard lascif et clairement intéressé de Geonhak sur nous, et je me sens particulièrement détendu quand il me fait basculer pour pouvoir caresser mon entrée de deux doigts.

Je croise soudain les yeux étincelants de l'autre Ombre et je ne met pas longtemps à comprendre que ses ruts le taraudent aussi, sans doute plus que Ravn, quand il se rapproche de moi, réveillant accidentellement Seoho.

Le noiraud se contente d'ouvrir les yeux pour fixer son partenaire effleurer mon menton et je le laisse docilement glisser plusieurs phalanges dans ma bouche, totalement offert, l'autre humain m'offrant un gentil sourire, l'air soulagé que je les occupe, il va récupérer un peu.

Je suçote les doigts de Leedo sans ciller, frémissant à chaque sifflement possessif de Youngjo dans mon dos, les deux.... Hommes ? se regardent droit dans les yeux, à la façon de deux coqs, si je n'étais pas dans cette position, j'aurai éclaté de rire je pense.

Soudain, le plus grand éloigne sa main de mon visage pour me contourner et le pulpe humide de son index commence à descendre le long de mes fesses, vite rejoint par une langue qui glisse vivement sur la même trajectoire que le doigt.

- Youngjo non ! m'écriai-je, je suis sale, il ne va pas mettre son muscle buccal ici alors que je ne me suis pas lavé !

Il m'ignore, ou ne me comprend pas, et continue, jusqu'à ce que Seoho siffle, le faisant s'arrêter.

- Il te dit que ce n'est pas le genre de détail dont il se soucie avec son système immunitaire, m'apprend la voix fatiguée de mon ainé.

- Tu peux lui dire que moi ça me g- Oh putain ~

Le majeur de Geonhak vient de s'enfoncer dans mes chairs le plus tranquillement du monde, m'inondant de sensations agréables, et Seoho se moque gentiment de moi en informant Youngjo de mon refus.

Dépité, le brun obéit et je suis redressé pour qu'il embrasse mon torse à pleine bouche, léchant mon ventre plat, mordant mes tétons durcis, et passant une de ses mains sur mon sexe dressé pendant que l'autre dominant me doigte avec savoir-faire, trouvant mes zones sensibles sans problème.

- Anh ~ Hmm ~

Je couine fort, totalement pris dans les sensations exquises que me font ressentir les deux Ombres, c'est si bon...

- AAANH !

Je m'arque violemment, mes yeux se révulsant, comment a-t-il pu appuyé avec une telle précision sur ma prostate ?!

Ils communiquent alors entre eux, l'air de se chamailler, Geonhak massant ma boule de nerfs et Youngjo caressant mon membre tendu.

- Ils se disputent pour savoir qui va te prendre en premier, m'explique Seoho, apparemment amusé.

- Parce que Leedo compte...

- Il est en ruts, et je lui ai dit qu'il pouvait si tu étais consentant, il m'a bien fatigué j'avoue.

Des crocs se referment soudain sur ma nuque, mais différemment que ceux de Ravn, c'est Leedo qui me demande mon autorisation, il a apparemment battu son ami, et je m'apprête à la lui donner avant d'hésiter une seconde, mon courtisan risque de mal le prendre...

- Youngjo est moyen chaud, mais il s'est fait verbalement battre par Leedo, donc tu peux dire oui si tu veux.

Je regarde brièvement le brun avant de mordiller la nuque du plus grand dont les muscles se contractent pour me pousser en avant, ma tête atterrissant sur le torse de Seoho qui passe sa main dans mes cheveux, ensommeillé.

L'Ombre me surplombe sous le regard furieux de Ravn et j'halète doucement quand elle se glisse en moi, se frayant un passage dans mes chairs détendues, me retrouvant plaqué contre mon ainé dès le premier roulement du bassin de mon amant.

- Hmm ~

Le grognement particulièrement agressif de mon courtisan me fait un peu tourner la tête, sans pour autant la détacher de l'épiderme tiède de Seoho, et je gémis involontairement en voulant tendre mon bras vers le brun, ce qui le plonge dans une colère noire.

Leedo empoigne mes hanches pour entamer des coups profonds et je ferme les yeux, le sentant frôler ma prostate dès le début.

- AH !

Mon cri résonne dans la grotte silencieuse et j'entends Youngjo gronder de rage alors que le bassin du plus grand s'actionne avec force et précision.

Sa langue glisse sur mon oreille alors qu'il dit quelque chose de purement incompréhensible d'une voix inhumainement basse dans les octaves, et, les paupières toujours closes, j'ouvre en grand la bouche pour capter de l'air, mon souffle se faisant erratique.

Soudain, je sens quelque chose d'humide glisser entre mes lèvres et j'ouvre les yeux en hoquetant pour croiser le regard brûlant de Ravn qui guide son membre dans ma bouche avec une envie sans nom.

Je ne proteste pas et me concentre comme je peux sur ses veines pulsant contre ma langue alors que Geonhak ne ralentit pas la cadence de ses coups de buttoirs, me faisant hurler mon plaisir de façon étouffée.

Seoho regarde la scène, ensommeillé mais intéressé, et sa main exécute de paresseux va-et-vient sur son membre quelque peu durci par le spectacle lubrique que je dois dépeindre, les deux Ombres me prenant chacun par une extrémité alors que je suis arc-bouté pour tenter de résister au plaisir qui me ravage.

Les grognements rauques et sauvages des deux dominants se mêlent à mes gémissements étouffés et au claquement lubrique de nos peaux ensemble résonnent dans une mélodie purement pornographique qui me rend complètement fou, et je sens un orgasme puissant s'emparer de mes chairs, faisant remonter des spasmes de plaisir dans chacun de mes muscles.

 - HAAA ~

Je retombe inerte sur le sol, le souffle court, alors que le brun se recule en grognant sur Geonhak qui est forcé de se retirer de moi avant que je ne sois tiré contre mon courtisan qui caresse mes fesses en sifflant doucement.

- Il te demande si tu es prêt à le recevoir...

Je peine à reprendre mon souffle et je répond faiblement.

- S'il y va doucement...


Argh ! Je suis réveillé par la souffrance dans mes reins, je ne sais combien de temps j'ai passé à coucher avec les Ombres et Seoho le temps de leurs ruts mais bordel ça fait mal au dos...

- Ca va ? me demande doucement l'autre humain.

- Hmm, grognais-je laconiquement.

- Leurs ruts sont terminés.

- Vraiment ?!

Ma voix cassée attire l'attention des deux dominants qui me lancent un regard tranquille, comme pour s'assurer que je vais bien, et je marmonne, plus bas.

- Donc... Maintenant que Ravn est soulagé, je vais pouvoir partir et rentrer chez moi ?

Seoho se ferme un peu et souffle.

- Je suis pas sûr qu'il va te laisser partir honnêtement, il voudrait bien te garder...

- Mais ce n'est pas possible.... Je dois rentrer chez moi... Je dois retrouver les humains... 

- Tu... Oui je comprends.... 

Seoho commence à siffler et les Ombres se tournent vers nous, d'abord paisible, puis le visage de Ravn se durci brutalement.

- Il ne veut pas, m'avoue Seoho.

- Mais... Y a bien un moyen de le convaincre non ?

L'humain recommence à siffler et Ravn répond avec hargne, se précipitant sur moi pour m'éloigner de Seoho.

- Hé ! protestais-je, Arrête !

- Il dit que tu n'es pas en sécurité dehors et qu'il est un bon mâle dominant qui te nourrira et t'offrira une bonne caverne pour toute ta vie.... lâche Seoho, Je me doute que tu n'es guère convaincu par cette tentative de séduction affirmée.

- Non pas du tout... Ravn... Je veux rentrer chez moi...

Mon ainé soupire et reprend ses négociations avec l'Ombre qui rugit vigoureusement à chaque sifflement ou presque en me serrant très fort contre lui pendant près de dix minutes où Leedo se contente de nous observer sans un mot.

Youngjo... Enfin Ravn.... C'est très sympa de ta part mais nous n'avons pas les mêmes objectifs de vie.

- Il refuse... Mais je pense qu'on va faire autrement...Reste ici le temps de récupérer, quand il partira à la chasse, Leedo et moi te ferons sortir et te ramèneront du côté des tiens... 

- Comment réagira-t-il vis-à-vis de vous ?

- Il sera en colère mais nous lui dirons que tu t'es échappé tout seul... Il risque d'être triste un certain temps puis commencera à chercher un autre soumis. Il s'en remettra.

Je hoche lentement la tête et remercie doucement Seoho.

Il réagit un peu comme un humain au final, c'est la dernière pensée que j'ai en fixant Ravn avant qu'il ne m'emmène en fulminant à l'autre bout de la grotte.


Je ferme le dossier que je lisais, les yeux un peu humides, et fixe les étoiles, bien installé dans le jardin de ma petite maison en Corée du Sud.

Comme chaque année à la même période, un Fera Umbra mystérieux a rôdé autour du camp de recherche de la Cordillère des Andes, s'en prenant aux humains blonds de petite taille dans une tentative d'enlèvement qui se solde toujours par un abandon de sa part lorsqu'il voit correctement le visage de sa proie...

Ravn...

Seoho a dit que tu arrêterai de me chercher après quelques mois... Mais ça fait maintenant cinq ans que tu me cherches quand tes ruts se rapprochent... Je ne suis plus sur le même continent que toi depuis belle lurette pourtant, et je ne retournerai jamais par là-bas...

Mon évasion a déjà été si compliquée...

Je regarde mon diplôme, accroché au mur, et souris tristement, c'était un drôle d'épisode dans ma vie, je suis spécialiste en Fera Umbra désormais, mais je n'étudie plus que ceux déjà connu, m'interdisant de chercher plus loin ou de partir en mission.

Seule ma nuque couverte de cicatrices peu profondes mais bien présentes témoigne de ce qu'il s'est passé durant mes quelques semaines de disparation.


HEY !

Je suis pas convaincue par ma fin, ni par mon os en général, MAIS ! Fallait bien qu'il se termine à un moment.... Non parce qu'il a trainé un bail en brouillon et fait quand même 20 000 mots.

J'espère que vous avez passé un bon Noël pour celles et ceux qui le fêtent, et je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année ! 

Sur ce kiss, on se revoit.... Boh on verra bien quand ! La prochaine update sur ce compte sera probablement sur mon recueil Ateez !

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